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Sabaiba Yoko

Données Spirituelles
Grade: 3e siège de la 2e division
Sam 10 Sep 2022 - 15:39 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Aujourd’hui, je dois me rendre vers les quartiers de la deuxième division. Quittant les demeure que nous occupions, mon clan et moi. J’ai échangé quelques mots avec les autres et pris un peu de temps pour jouer avec Hokori. J’ai promis que je lui ramènerais un petit quelque chose de la ville. C’est fou comme cette petite arrive à faire plus ou moins ce qu’elle veut de moi. Vraiment… je ne sais pas lui dire non. Je pousse alors un soupir et commence mon chemin. La route est longue, nous n’habitons pas au centre des hauts quartiers, mais nous n’avons pas obtenu une demeure dans les plus mauvais coins du Rukongai.

J’ai revêtu mon uniforme de Shinigami, sombre et austère. Je ne l’aime pas. Alors j’ai rajouté quelques éléments personnels par-dessus. J’étais sobre pour une fois. J’ai simplement pris soin de passer par-dessus quelques pans de tissus de couleur vive, rouge notamment sur la ceinture. J’ai mon arme avec moi. Bien qu’elle ne soit plus nécessaire de la porter en permanence dans la cité des âmes. Mais jamais je ne sors sans elle. Les vieux réflexes ont la vie dure, très dure. Mais le dévoreur d’océans est facile à dissimuler et personne ne devrait voir qu’elle dans mes manches, prête à servir au cas où.

Je regarde un peu les différentes étales sur ma route. J’ai beau être ici depuis quelques années maintenant et je ne m’y fais toujours pas. J’ai le sable dans la peau et j’attends que tout ça ne s’écroule pour n’être que poussière à la moindre occasion. D’être ainsi toujours sur le qui-vive est éreintant pour l’esprit. Mais je n’arrive pas à me défaire de tout ça. Je n’y arriverais sûrement vraiment jamais. Je finis par trouver quelque chose pour Hokori. Un petit bracelet de perles de bois laqué. Je négocie le prix. Il n’était pas spécialement cher, mais j’ai vite appris à faire attention à ces détails-là aussi. Quand on a toujours fait avec peu, on garde ses façons de faire.

L’ambiance chance à mesure que j’avance dans les quartiers militaires. Après tout, je suis troisième siège de la deuxième division et j’occupe un rôle d’officier subalterne. On me salue sobrement ci et là. Les salutations sont plus marquées quand j’arrive dans la deuxième division. Je prends un peu de temps pour régler quelques soucis liés à ma position. Rien de bien méchant, les deux têtes de l’hydre s’occupent fort bien de la maison sans que j’ai vraiment besoin d’y mettre la main à la tâche. Et le temps me glisse entre les mains comme le sable du désert vide.

Je me relève alors, m'étire avec souplesse. Soupir un peu et je quitte cette fois mon bureau. Une idée me vient alors, celle d’un thé chaud. Plus pour la chaleur de la boisson que pour cette dernière. Je me rends alors vers l’une des pièces qui sert pour le repos de la division et en entrant, je vois que je ne suis pas la seule à avoir eu l’idée. J’y trouve, justement, l’une des deux têtes de l’hydre. Ma vice-capitaine. Voilà qu’elle aussi a eu l’idée ou le besoin de souffler dans ce travail qui est le sien. Il est loin le temps de l’académie.

« - Bonjour, vice-capitaine. Je vois que les grands esprits se rencontrent ici. »

Sabaiba Yoko

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Sam 10 Sep 2022 - 22:25 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Je me donnais un quotidien de donneuse d’ordres. Le genre de routine par quoi l’on étouffe sa propre liberté à la faveur de toutes les autres pour que se poursuivent les voies de développements derrière lesquelles on s’efface pour voir grandir les petites graines qui composent notre entourage. J’exprime cette pensée, mais à la vérité, la réalité m’amène souvent à contenir les nombreux glissements à la sortie de personnalités dont l’expérience échoue encore à échafauder ce que j’aimerais appeler du bon sens.

Les mois filant, les profils à la source de ma fatigue mentale s’additionnaient. Souvent, je me prenais à m’interroger sur moi-même. Suivais-je le mauvais chemin ? Au terme de ces réflexions, j’effaçais les bribes imparfaites de mon masque pour mieux m’approcher de la réponse qui me permettrait de lever le verrou de la frustration chez mes subordonnés les plus problématiques. Forte de ces efforts, les moments où je déviais de ce comportement prévenant à la faveur de réprimandes tranchantes déstabilisaient couramment qui m’y obligeait. Il fallait dire que m’entretenir dans une posture d’observatrice me faisait silencieusement voir les fragilités d’autrui jusqu’à posséder suffisamment de matière pour placer ma lame là où ça faisait le plus mal.

Pour autant, je ne trouvais aucun plaisir à arriver à ces extrémités. La complaisance de l’autorité rompait trop facilement le rapport de confiance essentiel à la bonne qualité des renseignements collectés et dont je prenais la responsabilité. Pour cette raison, quand je le pouvais, je désignais sous mon commandement des officiers conscients du poids de l’attitude. Si un shinigami souhaitait gravir les échelons par la violence, il pouvait s’orienter vers la onzième division. À la deuxième division, la principale qualité tenait à la faculté de taire ses émotions au bénéfice du travail bien fait.

Seulement, nous demeurions des humains avec nos propres fragilités et dont la culture empêchait de trouver des soutiens salvateurs auprès de nos camarades. Pire que cela, les premiers signes d’instabilité provoquaient de justes méfiances. Effectivement, eu égard les prérogatives de notre division, un élément incapable de maîtriser ses pulsions pouvait fort facilement entacher notre honneur vis-à-vis des autres armées du Gotei 13. Moi la dernière, je ne pouvais prêter le flanc à de telles négligences.

Ce pourquoi, à cet instant, j’évacuais ma faiblesse dans le rituel banal d’une cérémonie du thé. Un usage que je partageais volontiers avec le reste des membres de ma division. Rien ne paraît mieux aux affres de l’ego que les pratiques répétées desquelles l’instant était sanctuarisé pour soigner les corruptions de l’esprit néfaste à la lucidité usuelle de nos pensées. Dans ce schéma spirituel, j’étais interrompue par la venue inopinée de la première qui me secondait dans mes tâches habituelles. La nommée Sabaiba Yoko. À sa remarque, je lui prêtais un sourire bienveillant qui faisait mentir mon état d’épuisement moral.

– Bonjour Sabaiba-san. Une bonne occasion pour que votre tasse rencontre le thé que j’ai pris le temps d’infuser. Je souhaite qu’il vous plaise.

L’invitant à s’approcher, j’avais pris la coutume dans ces moments de pause de garder de quoi accueillir les personnes qui voulaient bien me rejoindre. Accessible par nature, la plupart des membres de la deuxième division se prêtaient désormais naturellement au jeu. Friande du thé noir, celui que j’avais choisi aujourd’hui possédait des notes miellées et boisées, associé à du thé vert torréfié, de quoi lui donner un voile gourmand. J’espérais intérieurement qu’il plaise à Yoko tandis que je m’intéressais un peu à sa journée.

– Vivez-vous bien votre prise de fonction ?

De là, je m’intéressais à ses sentiments plutôt que ses résultats. Je pouvais de toute manière deviner les seconds avec les premiers. Et puis, il était toujours plus productif de partir de la personne. C’était considérer qu’elle avait plus de chance de se connaître elle-même plutôt qu’un environnement constitué d’aléas dont personne n’était absolument protégé. Même si, pour la troisième siège, cette affirmation ne pouvait être plus fausse. Je connaissais effectivement bien ses talents en matière de survie dans des milieux sauvages pour l’avoir un peu côtoyée à l’académie. Malgré tout, je n’avais pas encore eu l’occasion de bien identifier quelle était la substance de cette expérience qui la différenciait de tous les autres.

– La vie possède un goût différent depuis que nous sommes arrivées ici, vous ne trouvez pas ?

Restait à voir ce que ce « ici » pouvait englober.
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Naoki Shiori

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Sabaiba Yoko

Données Spirituelles
Grade: 3e siège de la 2e division
Dim 11 Sep 2022 - 20:16 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

J’adresse un aimable signe de tête à ma supérieure. La véritable tête de la division. À vrai dire, le travail entre elle et le capitaine est bien réparti. Si elle incarne la tête, sage et vigilante à l’état du corps, lui, il incarne ce dit coeur dont on a besoin pour bouger. L’un ne va pas sans l’autre et c’était à moi de trouver ma place dans cette dynamique semblant bien huilé. Bien que la jeune femme assise devant moi ne me précède pas ici de très longtemps. Shiori était mon ainée d’un an à l’académie après tout. Je réponds alors à son invitation et m’installe sur mes genoux face à elle. Je pris soin de remplir ma tasse et de poser mes mains sur cette dernière, laissant la chaleur du thé brûler agréablement mes mains. Une question qui m’arracha un petit sourire.

« - Elle est semblable à bien des autres. La routine s’installe vite, quand il n’y a pas de travail… Particulier. »

Le rôle de la deuxième division était spécial et celui que j’occupais ici un peu plus encore. La police de l’armée n’est pas souvent très appréciée, d’autant plus quand certaines de ses prérogatives consistent à planter une lame dans la nuque d’une personne ne s’y attendant pas forcément. Les odeurs du thé finirent par m’atteindre. Il sentait plutôt bon. Malgré tout ce temps, j’avais encore du mal avec toutes ces nouvelles sensations, bien qu’elle ne soit plus si nouvelle que ça. Je suis toujours surprise par tout ce qui n’est pas de sable ou de boue. Je fais aussi de gros efforts pour me tenir correctement. L’étiquette n’est pas mon fort, ne pas être tout le temps sur le qui-vive également…

« - Je dois encore trouver ma place entre vous et le Capitaine, mais oui. Dans l’ensemble, les choses se passent bien. Les membres de la division m’écoutent et ne semblent pas voir mon rôle actuel trop problématique. Cela se passe bien mieux qu’à l’académie. »

Je n’aurais pas forcément besoin de lui en dire plus, elle saurait. Shiori l’avait vu d'elle-même, après tout. Je finis par porter la tasse à mes lèvres, la douleur de la chaleur me démange agréablement. Je ferme les yeux et pousse un profond soupir après avoir vidé un bon quart de ma tasse. Oui, le thé est particulièrement bon. Et je ne m'y ferais sûrement jamais. Sa question suivante m’arrache un petit rire amusé.

« - Un goût presque trop sucré oui. Contrairement à votre thé. Bon choix. »

Et le sucre engourdit. Un peu comme l’alcool que les gens d’ici aiment boire. Un luxe qu’on se permet quand on ne doit pas d’abord penser à sa survie. Oh, les différents conflits ont laissé des marqués, prélevé des vies et la paix a été payé en fer et en sang, mais ce n’est pas exactement la même chose. Le sentiment idiot de supériorité de celui qui a vécu l’enfer, qui croit toujours que ses propres souffrances sont sans commune mesure avec les autres.

« - Vous êtes tout à fait à votre place ici, Vice-capitaine.»

Sabaiba Yoko

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Dim 11 Sep 2022 - 21:56 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Pour un peu, ma vis-à-vis me donnait l’impression d’éprouver un manque, peut-être de l’ennui ? Cette observation, je la gardais pour moi, toute occupée que j’étais de souffler sur mon thé pour éviter qu’il me brûle les lèvres. Je me réjouissais malgré tout que Yoko soit mieux intégrée au Nibantai plutôt qu’à l’académie qui souffrait de l’immaturité de ses étudiants. Il fallait dire qu’aux études, les individus manquaient pour la plupart de cette expérience réelle de la vie. Nombreux étaient ceux à abandonner en réalisant quel danger pouvait les guetter s’ils arrivaient au terme de leur examen.

Ceux-là étaient toujours préférables aux malheureux qui s’en rendaient compte à leur intégration au sein du Gotei 13. Ces derniers venaient alors alimenter l’une de nos prisons. Une prison dont le commun des shinigamis ignoraient l’existence.

Par moment, je sentais une forme d’inconfort chez ma subordonnée dans l’exercice de l’étiquette. Ce pourquoi, je prenais l’initiative d’une posture plus décontractée, les genoux en tailleur. Je lui signifiais ainsi de manière subtile qu’il n’était pas nécessaire de se tendre dans des attitudes forcées même à moi qui n’avais pas grandi au sein de l’empire des bonnes manières. Quelque chose dont on pouvait douter si l’on méconnaissait mon histoire.

Seulement, je n’avais toujours eu à cœur que de me mettre à niveau de mon interlocuteur, quitte à me dépasser si je devais rencontrer une personne appartenant à une classe sociale supérieure. L’important était que les personnes avec qui j’échangeais soient les plus à l’aise en ma présence, sauf à devoir recadrer les écarts. Or, la jeune femme face à moi ne comptait guère vraiment parmi ces personnalités à problème. Au contraire, elle cherchait à bien faire et s’efforçait de trouver sa place comme me le rappelait sa dernière remarque peu assurée.

– Il faut savoir laisser le temps au temps.

Donnais-je en réponse à ses inquiétudes quant à son besoin de trouver sa place dans un ordre qui devait lui sembler bien consolidé. À la vérité, le rapport de confiance que j’entretenais avec mon capitaine était encore fragile et moi-même, je devais toujours faire mes preuves. Un état de fait qui viendrait naturellement du moment que je remplissais mon devoir. Là-dessus, je ne m’embarrassais guère vraiment de ces soucis. En ce qui concernait ce qu’elle avançait d’évolutions entre son passage à l’académie et ici, mon sourire prit une teinte plus nostalgique.

– Oui, je m’en souviens. J’y songeais tout à l’heure, justement. Vous étiez aux prises avec des oisillons qui découvraient quel frisson c’était de voler. Je dirais que la différence que vous ressentez tient à deux choses : l’expérience du terrain ainsi que la philosophie toute particulière du Nibantai qui ne porte le regard que sur les résultats. Et les vôtres ont justifié votre place de troisième siège.

Ce faisant, je la rassurais sur ses capacités. Bien sûr, je la savais ne pas se poser de question sur ses forces. Quand bien même, il était toujours motivant de voir ses réussites reconnues à leur juste valeur. À mes yeux, sa place avait déjà été gagnée et je souhaitais qu’elle l’assimile sans plus de tracas. L’inattention pouvait se révéler dangereuse en mission, même si je ne lui voyais pas ce manque de professionnalisme.

Le temps de ces brefs échanges, mon thé avait suffisamment refroidi pour que je puisse enfin en déguster la saveur. Et dans ce timing, la troisième siège sembla saisir la bonne opportunité pour provoquer un amusement qui demanda de moi que je me retins de rire tandis que je prenais une gorgée. Je sus le faire tant bien que mal, à croire que moi-même, je n’avais pas encore parfaitement assimilé les codes de la bienséance.

– Je vous remercie ! Il paraîtrait sans doute trop bon marché aux goûts des quelques puristes que je rencontre à présent… mais je suis heureuse de garder près de moi des personnes qui savent se réjouir de peu.

Le trait d’esprit à l’origine de cette plaisanterie avait été si bien placé qu’il suffit à lui seul pour désamorcer le restant de protocole qui pouvait encore nous enfermer derrière nos titres respectifs. Posant le regard sur mon thé, je prenais un air plus introspectif.

– Trop sucré, vous dites ? C’était donc cela, cet arrière-goût en bouche…

D’un bref rire contenu, j’ironisais intérieurement sur ma condition, si bien que fugacement, je tranchais ma routine d’un recul qui pouvait être blessant. Une blessure qui prit plus d’ampleur à l’instant où mon interlocutrice en vint à me confier que je me trouvais ici parfaitement à ma place.

– C’est que mon subterfuge est parfait, alors.

Rétorquais-je presque malgré moi, au tac-au-tac avec comme un voile devant mes yeux. Une faille momentanée dans mon masque que je corrigea immédiatement en venant chercher le regard de Yoko.

– Avez-vous déjà réfléchi à votre avenir ? À ce que vous aimeriez accomplir ?

Parfois, il m’arrivait de poser des questions qui pouvaient en brusquer plus d’un. Une mauvaise habitude que j’avais quand je craignais d’en avoir trop dit sur moi.
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Naoki Shiori

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Sabaiba Yoko

Données Spirituelles
Grade: 3e siège de la 2e division
Lun 26 Sep 2022 - 11:30 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Je regarde ma vice-capitaine se réinstaller subtilement. Moins guindée, moins protocolaire. Une invitation à peine déguisée. L’envie est forte de me laisser aller moi aussi mais… J’entends les voix de mes professeurs et je tiens malgré la position. Bien qu’il est visible que je me suis quelque peu détendue. L’inconfort ne vient pas de la personne face à moi, mais de ce besoin stupide qu’ont les gens de coller des étiquettes sur toutes ces choses qui n’ont, fatalement, pas beaucoup d’intérêt. À vrai dire, quand il me fallait survivre au jour le jour avec les miens dans le monde vide nous ne nous embarrassions pas de ce genre de choses. Ces codes-là sont ce qu’il y a de plus difficile pour moi à assimiler et même maintenant, il m’en manque encore certain, paraît-il.

J’adresse ensuite à la jeune femme face à moi un signe de tête. Le rôle d’officier n’est pas toujours facile et bien qu’il me soit naturel d’occuper un rôle similaire, les choses sont différentes ici. Mais si le capitaine de la division a ses propres méthodes, celle qui s’occupe de toutes les petites âmes de notre corps d’arme semble avoir à coeur que nous la trouvions tous, justement, cette place. À moi donc, en tant que troisième siège, de lui en donner simplement les moyens. C’est sûrement ce que j’avais de mieux à faire à l’heure actuelle. Être la lame qu’on attend de moi et permettre à Shiori de faire ce qu’elle sait faire de mieux.

Un petit rire s’échappe quand elle évoque la nostalgie du temps de l’académie. Une période qui ne me manque pas, à vrai dire. Mais qui m’a beaucoup apporté. Pas tant dans le temps passé avec ceux censés être mes pairs, non. Pourtant, elle a raison sur ce point. Ces petits oiseaux ont eu tout le loisir d’apprendre à voler, en ayant le luxe de tomber sans se blesser. Moi, je n’ai pas eu ce plaisir. Et forcément, des frictions ont vu le jour et le mot est faible. J’ai encore une fois fait le dos rond. C’est le propre des vrais survivants de savoir supporter l’insupportable.

« - Je donne même des ordres à certains de ces petits oiseaux maintenant oui. »

Le reste nous échangeâmes encore quelques mots autour du thé. Quelques petites plaisanteries aussi avant qu’une simple question ne prenne totalement de cours. Le silence se posa alors de suite et mon visage se ferma quelque peu. C’était une question difficile à vrai dire, que ma vice-capitaine venait de me poser là. Une question pourtant si simple… Pendant longtemps, j’avais eu simplement la réponse : vivre un jour de plus. Mais maintenant et bien, ma vie n’était plus menacée au jour le jour, enfin presque. Alors je devais me repenser, me réinventer complètement. Je me perdis quelque peu dans le silence et la contemplation de mon thé, dont le brûlant qui mordait mes mains commençait à s’atténuer.

« - Vous n’êtes certainement pas sans savoir l’accord qui a été passé me concernant vice-capitaine ? »

Si elle l’était, sûrement qu’elle trouverait ce qui s’approchait de plus à une réponse à sa question. Sinon et bien, nous aurions tous le loisir d’en parler, elle et moi. Après tout, n’avait-elle pas besoin de savoir ce genre de chose ?

Sabaiba Yoko

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Mar 27 Sep 2022 - 21:40 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Pour un peu, Yoko me ressemblait. Elle possédait ce naturel de ne pas laisser à lire le fond de ses pensées. Avec le temps et dans la marginalité, elle avait appris à faire le jeu des masques, obéir à la bienséance d’usage, s’adapter à son interlocuteur. Je ressentais alors quel genre de frustration je pouvais inspirer. Mais ainsi, je me protégeais. Je ne pouvais lui reprocher d’en faire de même. De toute manière, la troisième siège disposait de compétences intrinsèques telles qu’il ne lui était pas nécessaire d’arborer une attitude propre à tirer la couverture de son côté. Cette modestie faisait sa maturité et en cela, j’appréciais de travailler avec elle.

En effet, je consacrais trop de mon temps à traiter l’immaturité du personnel à mon service. Par moment, j’avais même l’impression de tenir une garderie, notamment à l’accueil des jeunes recrues. Une pénibilité que je ne devais pas endurer bien longtemps pour la simple raison que ceux incapables de grandir assez rapidement disparaissaient sans laisser de trace de leur passage. Ce monde était ainsi constitué. Dans la jeunesse, on s’imaginait être spécial. Mais le temps filant, on réalisait qu’on n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan. Aller contre ça, c’était gâcher le présent d’une existence fugace, quand bien même nous pouvions sembler immortels aux yeux des humains. À la vérité, c’était là une illusion. Ici bas, rien n’était éternel. La destinée était cyclique et non linéaire.

Enfin, je n’allais pas déballer ces pensées pessimistes comme ça. À la place, je préférais jouer le jeu de ma vis-à-vis qui s’efforçait de s’entretenir dans des badinages sans poids particulier. En revanche, il semblait que ma dernière question la sortit quelque peu de ses schémas convenus. Je la connaissais maintenant suffisamment pour savoir quel lourd sujet cela pouvait représenter pour elle. Demeurerait-elle sur le chemin de la résignation ? J’attendais davantage d’elle. Et lorsqu’elle voulut se réfugier par un renvoi de politesse, j’insistais.

– Peu importe ce que je sais. Je veux l’entendre de vos mots. Comme je veux discerner le regard que vous posez dessus.

Sirotant un instant mon café, je préservais mon air bienveillant. Au pire, elle esquiverait encore la question. Alors, je me résignerais à mon tour dans ma curiosité. Toutefois, je ne le souhaitais pas. Pour bien diriger, il me fallait comprendre ceux qui me suivaient.

– J’entends bien que le Nibantai promeuve la discrétion. Aussi, il est bien naturel que vous cherchez à vous entretenir dans l’ombre. Pourtant, vous restez une personne. Même pour vous, il est permis d’être égoïste. Vous n'êtes pas une machine.
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Naoki Shiori

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Sabaiba Yoko

Données Spirituelles
Grade: 3e siège de la 2e division
Mer 26 Oct 2022 - 12:23 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Je lui réponds d’un sourire et d’abord d’un silence. Je prends le temps de boire quelques gorgées de thé et de poser mon regard sur le liquide ambré. Il est ce problème des gens trop bienveillants. Ceux qui veulent toujours vous mettre face à vous-même, ceux qui pensent bien faire. Mais il n’y a pas pire adversaire que soit même. Pas pire vérité à affronter que celle qu’on se cache à soi-même. Alors, devais-je vraiment lui dire la vérité ? Celle froide et violente que j’ai acceptée depuis longtemps. Que mon avenir n’a pas d’importance. Que je n’ai pas d’importance. La seule chose qui compte, ce sont les miens. La petite fille qui ne connaît pas les horreurs qui ont été notre quotidien. N’est-ce pas déjà ça, la pensée égoïste ? Un dernier soupir et je lui réponds finalement :

« - Je porte sur mes épaules des fautes oubliés, pour lesquelles je dois toujours payer. Mais cela ne m’intéresse pas vraiment. Mon futur, c’est la sauvegarde des miens. Voilà ce qui me motive tous les jours. »

Je reste néanmoins pensive et c’est quelque chose qu’elle pourra sans mal lire sur mon visage, sans masque. Une motivation égoïste ? Sa question continuait de résonner en moi assez fortement. Comme les vibrations sur une surface plane qui ne s’arrête jamais. Qu’est-ce que je pourrais trouver pour moi-même ? Monter les échelons de la division ne m’intéresse pas vraiment, si ce n’est pour l'assurance que cela pourrait me garantir. Je n’ai pas vraiment d’ami et encore moins d’amant. Mais ça ne m’intéresse pas vraiment, pas du tout même. À vrai dire, je crois… je suis sûr non, qu’une partie de moi est encore dans les sables vides du désert. Je n’ai pas encore appris à vivre. C’est un chemin très long.

« - Pour le reste… je ne sais pas. »

Et je ne savais pas quoi lui répondre d’autres. Je ne sais pas. Les meilleurs mots à mettre sur cette situation étrange. Il est plus facile de manœuvrer avec quelqu’un comme le capitaine qui ne s’intéresse pas vraiment à tout ça qu’elle. Mais je lutte suffisamment avec mes propres démons comme ça. Peut-être ne peut-on pas toujours gagner tous les combats seuls ?

Sabaiba Yoko

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Ven 4 Nov 2022 - 20:22 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

De la culpabilité. De la fatigue. De la résignation. Voilà tout ce que m’inspiraient les mots de mon interlocutrice à l’instant où je la vis prendre la parole. Son propre avenir l’indifférait. Elle n’y croyait pas. Elle avait cessé de rêver. Et pour mieux le supporter, elle s’en remettait à l’énergie désintéressée investie chez ceux qui comptaient à ses yeux. Yoko souhaitait offrir à d’autres ce qu’elle ne possédait pas. Cela ne rendait-il pas l’entreprise impossible ? Intuitivement, je sentis que ce serait une mauvaise idée de lui faire remarquer cette contradiction. Simplement, parce que je percevais bien qu’elle-même doutait, à l’instar d’une somnambule que les agitations extérieures pouvaient réveiller.

Au final, j’étais posée devant une réalisation fort triste. Cette shinigami ne savait pas, de son propre aveu. Comme si sa vie ne possédait aucun sens. Mais comment était-il possible de vivre ainsi ? Comment le supporter ? Sans doute, du fait que précisément, l’énergie lui faisait défaut. Et sans énergie, on cessait de penser. Sans énergie, on cessait de croire. Sans énergie, on se faisait une raison. Pour une raison qui m’échappait, je sentais un énervement m’attraper.

– Cette réponse est inacceptable.

Je me surprenais moi-même de mes propres mots. Ils étaient sortis naturellement, presque malgré moi. Comme si la troisième siège venait de réveiller quelque chose d’inconscient chez moi. Quelque chose contre quoi je luttais, sans m’en rendre compte.

– Si vous avez cessé d’espérer, c’est que vous êtes déjà morte.

Comment pouvait-elle avancer en demeurant passive, prisonnière d’un passé qui la tétanisait ? Dans ma main, je serrais ma tasse, faisait apparaître à la surface du thé les vaguelettes de mes tremblements.

– Même si votre expérience vous a mis les genoux à terre, vous ne devez pas vous abandonner. Le monde entier peut bien vous cracher au visage. Que vous n’êtes qu’une marginale. Vous ne devez pas le laisser vous effacer. Si vous cessez de lutter, alors oui, votre vie n’aura eu aucun sens. C’est ce que vous voulez ?

Je la sentais, cette balance. Celle qui nous faisait tomber dans cette complaisance derrière la souffrance. Celle qui nous arrêtait dans notre élan, menaçant de nous faire reculer de deux pas en avançant d’un seul.

– Je veux vous entendre dire que vous allez vous battre. Quitte à vous blesser. Quitte à vous épuiser. Quitte à en crever. Peu importe que l’on vous juge. Peu importe que l’on vous prenne de haut. Peu importe que l’on ne voit en vous qu’un échec. Ce qui fera votre valeur, c’est cette énergie irrationnelle vous faisant défier la logique d’une expérience traumatisante. Le sens ne nous tombe pas tout cuit dans le bec. Il se fabrique au prix de la sueur, des larmes et du sang. Ainsi seulement, vous serez assez forte pour diriger.

Fermant quelques secondes les paupières, je calmais les tremblements de ma main. Pourquoi m’étais-je emportée, à cet instant ? Probablement, parce que je me sentais concernée par le désespoir que je lisais chez ma vis-à-vis. Mais cela justifiait-il pour autant ces remontrances ? Après quelques secondes, je réalisais que non. Aussi, rouvrais-je les yeux, plus calme, sans regarder ma subordonnée.

– … Je vous demande de m’excuser. J’ignore ce qu’il m’a pris. Au final, du moment que vous remplissez vos devoirs, vous êtes libres de vos choix.
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Naoki Shiori

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Sabaiba Yoko

Données Spirituelles
Grade: 3e siège de la 2e division
Jeu 10 Nov 2022 - 11:46 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Un léger mouvement de surprise sur mon visage quand sa voix sonne comme un couperet. Presque comme une réprimande. Non, plus qu’une réprimande. Quelque chose qui touche à ses convictions profondes. Mais la suite fut plus violente encore. Et peut-être de tout ce qu’elle avait me dire et qu’elle allait me dire, c’est ça, qui me fit vraiment mal. Morte, non jamais. Vivante, non plus. Survivante, oui, toujours. Une lutte éternelle pour un jour de plus. Et pendant aussi longtemps que je me souvienne, avant mon arrivée ici, cette journée supplémentaire avait toujours eut le goût de victoire. Une victoire amère, tant les conditions de cette vie étaient difficiles, mais un triomphe malgré tout. Alors, ici, on avait le luxe inestimable de penser à autre chose qu’à demain. Mais c’était une chose que je n’avais jamais appris à faire. Demain me suffisait, et celui d’après et celui d’encore après. Pour que les miens, eux, puissent apprendre ce qui semblait m’échapper.

Mais je n’étais pas morte. La suite de sa diatribe me laissa un goût particulier dans la bouche. Oui, quelque chose de sensible en elle s’était réveillée. Quelque chose d’étranger pour un militaire. Quelque chose que je n’avais pas beaucoup rencontré, dans cette vie ou dans l’autre. Non, jamais on ne m’avait renvoyé ce genre de chose en plein visage… la sensation produite était particulière. Je ne saurais pas vraiment dire si c’était douloureux ou triste. Peut-être un peu le deux. J’étais moins indifférente à ma situation que je voulais me faire croire. Les mensonges qu’on se raconte à soi-même sont toujours les mieux tissés. Non, la vérité est plus simple encore. Mon âme est toujours dans le désert vite. Je n’ai pas surmonté le traumatisme et je ne sais pas si j’en serais un jour capable.

La sueur, les lames et le sang… me propose-t-elle de combattre le mal par le mal ? C’est sur tout ça, pourtant, que c’est construit le traumatisme. Dois-je donc les défaire avec les mêmes armes ? Pourtant, je ne lésine pas à la tâche. J’ai sué pour plusieurs vies pour avoir mes demain. J’ai pleuré plus que mon âme ne peut le supporter, ici et dans le désert. J’ai mélangé mon sang au sable si souvent qu’il fait partie intégrante de moi. J’ai tant saigné que le carmin est maintenant l’incarnation de la faim d’une partie de moi, de mon sabre, de la moitié de mon âme. Alors, vraiment ? Est-ce armé de tout ça que je pourrais combattre mes propres démons ? Arrêter de voir mon sommeil secoué par des cauchemars horribles et de revivre pour toujours les mêmes événements ? Demain, c’est ça mon objectif, et ça ne va jamais plus loin. Je ne sais trop quoi visé, si ce n’est après, mais pas pour moi, pour les miens et les voir grandir.

« - Je… ne sais pas trop quoi vous répondre. Encore fois. Mais vous n’avez pas à vous excuser. Il faut parfois savoir sortir de son rôle pour mener à bien sa mission. On n’avance pas en restant figé pour toujours. Les dunes, d’un jour à l’autre, ne sont jamais les mêmes. »

Je me tais ensuite et contemple le thé, froid maintenant. Je n’ose pas vraiment replanter mes yeux dans les siens. Pas l’affronter elle, non, mais m’affronter moi. Finalement, je ne me suis pas trompée sur elle. L’empathie dont elle fait preuve est rafraîchissante, bienfaisante même. Mais… je ne sais pas.

« - Et qu’espérez vous alors ? »

Je me suis alors redressé vers elle, la regardant de nouveau. Je n’étais pas certaine du pourquoi de cette question. À vrai dire, elle m’avait quelque peu échappé. Je ne l’aurais jamais posé si j’avais dû y réfléchir. Il faut aussi savoir écouter son instinct.

Sabaiba Yoko

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Dim 20 Nov 2022 - 14:24 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Mes paroles avaient jeté un froid. Ce n’était pas là quelque chose d’étonnant, à se demander ce qui m’avait pris. Pourquoi, à cet instant, j’avais ressenti de cette colère. Sans doute, parce que ces démons, je les affrontais moi-même. Je refusais de les regarder dans les yeux. J’avançais, aveugle. Je m’épuisais pour ne pas avoir à penser. Me distraire, constamment. En me disant que la douleur s’évanouirait toute seule, en parallèle. Pourtant, intérieurement, je le savais. Que ce n’était pas si simple. Que je me dirigeais irrémédiablement vers un point de rupture duquel je ne me relèverai plus jamais. Peu importe, car tant que j’étais à chaud, alors l’adrénaline me permettait d’ignorer cette crainte silencieuse et distante.

Seulement, c’était ma peine. Je me savais au fond avoir tort. Et j’avais conscience de l’injustice des mots que je venais d’adresser à ma subordonnée. Son expérience l’avait mise à terre. Et dans tout ça, je lui demandais de foncer dans le mur malgré tout ? En espérant quoi, d’ailleurs ? C’était justement la question qu’elle me posait, confuse.

– J’espère ne plus me voir en vous. Cela m’est insupportable.

Finissais-je par admettre égoïstement. Car oui, je ne lui apportais pas de solution. Tout au plus, avais-je déclenché quelque chose pour qu’elle se brise plus rapidement. Peut-être que ce faisant, si elle lâchait avant moi, je tiendrais plus longtemps. Ou bien, le total inverse. En outre, une parole indigne d’une supérieure. Des mots que moi-même, je ne voulais pas affronter, lâche. Aussi, entrepris-je de me lever sans terminer ma tasse.

– Oubliez tout ce que je viens de vous dire. Cela vaut mieux pour tout le monde.

Et là-dessus, de quitter les lieux. J’avais fait suffisamment de mal comme ça.
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Naoki Shiori

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Sabaiba Yoko

Données Spirituelles
Grade: 3e siège de la 2e division
Sam 26 Nov 2022 - 21:06 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Je n’ai jamais été bousculée à ce point dans mes rapports aux autres. À vrai dire, ils ont toujours étaient particulier. Les liens qui sont tissés dans la survie ne sont pas les mêmes que ceux qu’on peut construire dans un environnement plus paisible. Je ne savais pas vraiment comment réagir, surtout devant elle. Devant cette vice-capitaine qui prend sur elle beaucoup de problèmes. Celle qui se noie dans l’empathie. Moi je suis l’inverse de ce qu’elle est et pourtant, elle semble secoué dans ses fondations par ces considérations qui sont les miennes… les nôtres. C’est peut-être au final ça qui m’a le plus affecté. De la voir elle-même touchée. J’étais indifférente à mon propre sort. Pour survivre, on apprend à se détacher de beaucoup de choses et trop souvent de soi. Le chemin est encore long avant de se retrouver.

Je n’ai pas tout de suite su quoi faire. Comment réagir face à cette vague profonde et inexplicable qui m’a balayé de l’intérieur. Des abysses d’un genre nouveau, bien différent de celles dans lesquelles je noie mes ennemis, dans lesquels je nage. J’ai senti mon souffle se faire plus court, et mon coeur se serrer. J’ai senti une profonde tristesse s’emparer de moi. Un sentiment étrange, inexplicable. Quelque chose que je n’avais pas vraiment ressenti. Jamais. Je ne m’étais jamais intéressé à moi et à ce qu’il était possible de faire. Je n’avais plus à survivre, je devais apprendre à vivre. Et cette vérité m’a emporté, comme une digue qui se brise. J’ai revu mes cauchemars, mes nuits troublés par mes réveils et les ombres qui me hantent. Au moment où elle va pour sortir de la salle où nous partagions le thé je me suis levé.

Rapide, dans un mouvement presque agressif pour lui retenir le poignet. Pour ne pas qu’elle parte. Pour ne pas qu’elle me laisse face à moi-même, face à tout ça, pour qu’elle ne me laisse pas seule. C’est la force de l’habitude qui m’empêche de pleinement craquer, mais elle devrait pouvoir le voir. Je doute de toute façon qu’elle soit dans un meilleur état. Mais nous avons toutes les deux des façons différentes de gérer nos émotions. Je déglutis alors lourdement, espérant qu’elle s’arrête, espérant qu’elle ne parte pas. Alors, je lui lâche quelques mots, d’une voix étouffée :

« - Qu’est ce que je dois faire alors ? Qu’est-ce que nous devons faire ? »

Un appel à l'aide noyer dans l'oubli. Et il ne faudrait pas grand-chose pour que l’équilibre se brise et que la chute soit longue. Un adage dit que ce n’est pas la chute le pire, mais l’atterrissage.

Sabaiba Yoko

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Sam 17 Déc 2022 - 14:50 - [Quartier de la 2ème division] - Autour d'une tasse de thé [PV : Naoki Shiori]

Je renonçais à mes responsabilités de supérieure. J’y renonçais, car je réalisais que je manquais trop de force. Je choisissais la voie de la facilité. Celle de laisser à l’abandon les canards boiteux pour m’arrêter sur les produits en série, sans défaut, qui ne lâchent pas du moment qu’on leur donne à manger ce pour quoi ils ont été préparés. Des machines humaines qui manquent d’adaptabilité mais qui, au moins, demandent le même traitement que tous les autres. En outre, le Nibantai pouvait parfaitement être défini de cette manière. D’autres divisions permettaient mieux des profils déviants. Mais ici ? Où nous nous retrouvions à assumer des missions susceptibles de fragiliser notre moral à tout instant ?

Pour faire partie de la deuxième division, il fallait être capable de ne rien ressentir, à l’instar d’automates sans émotion. Or, et c’était là mon paradoxe, voilà exactement ce que j’avais reproché à Yoko. D’être un tel automate. De ne pas écouter ses sentiments. Simplement parce qu’elle m’avait laissé sentir le faux derrière son masque. Non pas comme la plupart de mes subordonnés qui se contentaient de traduire ce qu’ils avaient appris. Elle se faisait violence. Allait contre sa véritable nature. Luttait véritablement. Sans doute, pour cette raison, me rappelait-elle comme cette grande machine d’organisation ne broyait pour nous changer. Nous presser comme des citrons et faire sortir de nous ce que constituait notre identité.

J’en souffrais. Et je ne supportais pas de lire cette souffrance dans les yeux d’une autre personne. Le problème tenait au final certainement à cela. Si mon entourage banalisait cette douleur, alors je pouvais la supporter. Autrement, au premier signe de fragilité près de moi, je pouvais perdre la raison. Alors, je m’éloignais, lâchement. Et dans mon pas pressant, la surprise marquerait mes traits tandis qu’une main désespérée viendrait capturer mon poignet. Me tournant vers cette soldate, je la dévisageais, bien obligée de regarder en face la cruauté que je lui infligeais alors. Comme si elle pouvait se contenter de mourir dans l’ombre sans que je n’ai à constater par moi-même le mal dont je me rendais responsable. Sa première question me démunit. Mais la seconde parut me rentrer dans la chair comme un poignard.

Le tremblement fugace, je l’étouffa en même temps que je fermais les paupières pour recouvrer mon calme. Mon comportement était indigne. Et je n’avais pas le droit de fuir comme je le faisais. Je pourrais lui dire de faire comme tous les autres. Mais alors, ce serait le serpent qui se mordrait la queue. Car c’était justement ce qu’elle faisait jusque là. Et je n’avais pas le droit de jouer ainsi avec ces sentiments. Ce pourquoi, je mûris rapidement une réponse. Ce qui prendrait de longues secondes à se réaliser avant que je n’accepte de la regarder dans les yeux à nouveau.

– Je sais que je ne serai jamais en paix avec moi-même. Que rien ici ne me fera me sentir à ma place. Que ma disparition ferait le bonheur de dirigeants embarrassés d’avoir un jour eu besoin de personnes comme toi et moi. À ces individus, je leur ai énormément donné. Beaucoup trop.

Je me souvenais de la folle course qui m’épuisait inéluctablement. Celle qui me retenait de penser. De songer à mes tabous et qui leur était bien utile. Une vie intenable qui ne rendait finalement service qu’à eux. Quant à ma vie, j’avais d’autres aspirations pour elle. Des espoirs égoïstes. Parce que je ne pouvais pas vivre éternellement pour les autres. J’en étais incapable. Et Yoko aussi.

– Si tu suis toujours le ligné que l’on a tracé devant toi, alors tu ne remarqueras jamais les murs qui te fera tourner en rond jusqu’à ta mort. Il faut foncer dans le mur au moins une fois pour espérer sortir de ce cycle, quitte à te blesser. Moi-même, je l’ai fait quelques fois et si je n’ai pas encore réussi à m’échapper de là… je le sens moins indestructible.

Une métaphore qui finalement dessinait bien ma vie depuis que j’avais rejoint le Gotei 13. Aiderait-elle ma subordonnée ? Je l’ignorais. Mais si elle ne me donnait pas de réponse absolue, je me disais qu’au moins… au-delà, pouvait se trouver quelque chose qui valait la peine de me blesser.

– Ce que je pense, c’est que passée de l’autre côté, je vivrais pour moi. Et sans doute qu’arrivée là, je ne serai pas au bout de mes peines. Seulement, je sais aussi que je ne me découvrirais pas sans me mettre en danger. Et si ce n’est pas là une parole très sage pour une vice capitaine, c’est tout ce que je te souhaite, Yoko. Tout ce dont tu as toi-même besoin, si tu veux mon avis.
https://www.before-tomorrow-comes.fr/t231-shiori-naoki

Naoki Shiori

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