Une histoire de vitesse

La rumeur était arrivée jusqu'à lui. Si d'ordinaire il n'y prêtait aucune attention, il en était tout autre de celle-ci. Et la raison en était évidente : il s'agissait ici des rumeurs concernant les anciens capitaines de la Seconde division, incluant l'actuel dirigeant qui répondait au nom de Sora. Il en avait parlé avec son frère il y avait quelques semaines maintenant et le Loup trouvait amusant que l'information lui arrive maintenant.

La situation ? Le fait que ces capitaines possédaient la vitesse la plus élevée de tous les combattants du Seireitei. Une technique que connaissait parfaitement Jinro pour l'avoir élevé lui même au rang d'art. En effet, parmi le clan Komamura, son propre père était parvenu à développer une capacité particulière qui répondait au nom de "Shunko Bestial". Une capacité propre à leur famille mais que seul lui et son paternel étaient parvenus à employer. Il l'avait perfectionné de son côté, afin de personnaliser et de cadrer à ses propres dons.

L'égo n'était pas une chose développée dans la personnalité de Jinro. Mais concernant le sujet de la vitesse, il mettait un point d'honneur à ne pas avoir de rival. Comment réagirait le Capitaine de la Seconde division en voyant le Troisième siège arriver ? Il n'en savait rien, surtout étant donné le sujet. Mais qui ne tente rien n'a rien.

C'est ainsi qu'en arrivant, il se fit connaître pour qu'on le conduire à l'homme qu'il recherchait.

- Pardonnez-moi. Mais pourriez-vous m'annoncer au Capitaine Igarashi je vous prie ? Je suis le Troisième Siège de la Septième division, Komamura Jinro.

Sa veste shinigami, sans manche, était ouverte à moitié sur son torse. Son sabre était visible dans son dos. Et les cicatrices nombreuses qui étaient visibles sur lui était en contradiction avec son statut de Professeur à l'Académie. Il avait désormais sa réputation comme enseignant, officiant désormais depuis de nombreuses années. Nombre de Shinigamis étaient passés entre ses pattes.

La manière dont l'enquête s'était terminée lui laissait en bouche un goût amer. Terminée étant ici une façon de parler, puisqu'il était persuadé qu'ils n'avaient pas encore trouvé le fin mot de l'histoire.
D'une manière ou d'une autre, ils avaient été piégés en beauté. Il refusait de croire qu'un pauvre estropié - de surcroit lui-même considéré comme victime jusqu'à cette « révélation » - ait pu orchestrer une manigance de cette ampleur.
Bien sûr, les soupçons qui planaient désormais sur eux allaient limiter leur liberté de mouvement - la sienne mais aussi celle de toutes les personnes impliquées ; même ses propres troupes, inévitablement au courant de par leurs attributions, étaient partagées sur le sujet.
Si cela ne les empêchait pas d'obéir aux ordres, respectant encore son autorité, il n'était pas sans saisir les messes basses et les regards en coin auxquels ils se livraient dès qu'il était à proximité.
Tout irrité qu'il soit, il ne pouvait pas les en blâmer ; il n'était pas sans savoir à quoi tout cela pouvait ressembler d'un œil extérieur. Et encore ! C'était une chance que la plupart d'entre eux n'aient pas d'affinités avec les familles nobles, ou les choses n'auraient fait qu'empirer.
En dépit du fait que la Chambre leur ait dit de se tenir à carreau, il n'avait pas l'intention de cesser ses activités. Il ne pouvait pas même s'il l'avait souhaité, de toute façon : il était Capitaine de l'une des Treize Divisions - et n'avait plus de Vice-Capitaine sur lequel se reposer.
Et est-ce que faire profil bas ne serait pas admettre une culpabilité qui n'avait pas lieu d'être, qui plus est ?
Son premier instinct était évidemment de poursuivre l'enquête, mais il ne pouvait pas s'y prendre n'importe comment : il lui fallait d'abord aviser. Ce pourquoi il faisait mine de suivre les recommandations du conseil judiciaire, restant la plupart du temps enfermé dans son bureau - faisant qu'il était facile de l'y trouver.
Notamment lorsqu'on vint lui annoncer qu'il avait un visiteur.

▬ Je vais y aller. répondit-il simplement au subalterne venu l'en alerter.

N'ayant pratiquement pas quitté son bureau depuis cette histoire, il pourrait en profiter pour se dégourdir les jambes - et était curieux, qui plus est. Les rumeurs n'avaient sans doute pas manqué de se répandre ; il y avait fort à parier qu'is soient - lui et les autres - persona non grata tant que lumière n'aurait pas été faite sur cette situation. Que l'on vienne le voir personnellement avait donc de quoi s'étonner.
En revanche, il n'était pas d'humeur à s'encombrer de la façade de politesse qu'il portait d'ordinaire. S'il tâchait la plupart du temps de bien paraître devant les représentants des autres Divisions - de démontrer que même un « misérable du Rukongai » comme lui pouvait faire preuve de quelques manières -, ce n'était pas pour autant dans sa nature, et il n'avait pour l'heure pas la tête à jouer la comédie. Le visiteur devant lequel il vint se poster devrait donc se contenter de son lui véritable ; au moins avait-il daigné se parer de son Haori.

▬ Ouais ? C'est pour quoi ?

Il savait à quoi s'attendre : le nom de Komamura était indissociable de l'ancien Capitaine de la Septième Division, tombé au combat pendant la guerre contre le Wandenreich. D'autres membres de son clan étaient depuis apparu et avaient intégré les troupes du Gotei. Sora n'y trouvait pour sa part rien à redire, aussi son vis-à-vis ne trouverait-il dans son attitude aucune trace du rejet auquel il devait encore trop souvent être confronté.

Le Capitaine ne tarda pas à arriver jusqu'à lui. Cela suffisait au Loup pour ne pas s'offusquer de sa manière de s'adresser à lui. Déjà parce qu'il avait fais le déplacement et ensuite parce qu'il apparaissait évident que son apparence ne suscitait aucune réaction particulière. Il aurait été évidemment dommageable qu'un Capitaine de division puisse réagir autrement mais le Komamura préférait s'attendre à tout.

Etant donné le côté direct de son approche, Jinro se détendit. Il respectait la hiérarchie et son statut de Troisième siège lui imposait une certaine rigueur dans les échanges entre lui et ses dirigeants de chaque division. Seulement certains apparaissaient comme ampoulés là ou d'autres, comme Sora, privilégiait une approche plus commune. Cela ressemblait un peu plus à sa propre façon de travailler.

- Je ne veux pas vous faire perdre votre temps, ainsi vais-je me montrer direct. Je souhaite m'opposer à vous au cours d'un combat d'entraînement.

S'il y avait eu des témoins, nul doute qu'ils auraient été surpris de cette demande. Il n'était pas rare de voir des entraînements communs inter division mais qu'un Troisième siège vienne défier directement un capitaine, cela ne devait pas se voir si souvent. Déjà parce que la différence de niveau entre eux était titanesque. Ne serait-ce que dans l'utilisation du Banaki que chaque Capitaine maîtrisait.

Mais de cela, Jinro n'en avait cure. Un seul sentiment prédominait dans son esprit. Le fait de pouvoir vérifier qui était le plus rapide des deux. Lui et sa technique familiale ou bien le Capitaine et la tradition liée à son poste de Commandant de la Seconde division. D'illustres prédécesseurs étaient passées avant lui. Et les deux en questions possédaient une capacité proche du divin.

- Des bruits courent quant à votre capacité à vous déplacer. Il se dit que vous êtes le plus rapide de tout le Gotei 13. J'aimerai donc pouvoir opposer ma technique à la votre. Afin de savoir si la rumeur est vraie.

Et de savoir surtout s'il restait lui-même le plus rapide comme il l'avait toujours supposé. Il faut dire que sa technique récente méritait le coup d'oeil. Et le Komamura n'avait qu'une envie : voir la différence entre lui et un Capitaine réputé dans ce domaine.

Ambitieux.

▬ Hein ?

Sa surprise était sincère. S'il ne s'attendait déjà pas à recevoir de la visite, il s'attendait encore moins à ce que ce soit pour le défier en duel - fut-ce un duel amical.
Surtout de la part de quelqu'un qu'il n'avait jamais rencontré, n'ayant - à sa connaissance - pas une seule fois côtoyé de Komamura par le passé.
Non pas qu'il l'ait particulièrement souhaité encore une fois, mais « feu » l'ancien Capitaine de la Nanabantai - sans aucun doute le plus illustre d'entre eux - ayant longtemps été le seul à avoir sa place au sein des Armées de la Cour, il n'en avait pas non plus eu l'occasion.
Dès lors, inutile de dire que les raisons que pouvait avoir celui-ci de vouloir se mesurer à lui lui échappaient, avant qu'il daigne s'en expliquer.
Une histoire de vitesse, donc. Voilà qui apportait un peu de sens à cette soudaine demande.

▬ Oh. Je vois. S'étant bien rendu compte qu'ils étaient observés de toutes parts après que les soldats alentours aient entendu leur conversation, et n'ayant aucune intention de leur donner un prétexte supplémentaire pour ne pas se concentrer sur leur travail, Sora fit brusquement volte-face. Suis-moi.

Partant du principe que leur visiteur lui emboiterait le pas sans prendre la peine de le vérifier, il avança d'un pas vif dans les quartiers de la Division. Après tout, s'il n'arrivait déjà pas à le suivre pour une marche rapide, pourquoi se fatiguer avec une confrontation ?

▬ Tu le sais peut-être déjà, mais cette réputation nous vient à l'origine de la Capitaine deux générations avant moi. Yoruichi Shihōin, aussi appelée « Yoruichi à la Rapidité Divine », entre autres titres du même acabit.

Laquelle avait déserté pour être ensuite réhabilitée ; toute une histoire sur laquelle il préféra ne pas s'étendre. Jusqu'à il y a peu - où nécessité avait fait loi -, les amnisties étaient rares au sein de la Soul Society, en particulier envers les Capitaines ayant déserté.

▬ C'est sous son règne que l'Onmitsukidō a pratiquement fusionné avec la Deuxième Division. Ce qui a donné lieu à la nécessité d'entretenir cette fameuse « rapidité ». Avant d'accéder au poste, la Capitaine Soi Fon, ma prédécesseure, était son apprentie ; elle a donc veillé à lui transmettre ses compétences en la matière...

Ce n'était d'ailleurs pas la seule à en avoir bénéficié.
Avant que Yoruichi ne déserte, un très jeune Kuchiki Byakuya avait lui aussi été formé en partie par ses soins lorsqu'elle était encore des leurs, et, une fois en âge, était devenu également l'un des combattants les plus rapides du Gotei 13.
Les Capitaines de la Deuxième et de la Sixième Division ne s'étaient - officiellement, du moins - jamais mesurés l'un à l'autre, fut-ce uniquement sur le plan du Shunpo, mais s'ils s'en étaient donné la peine, il y avait fort à parier qu'ils auraient eu du mal à se départager.
En somme, quelles qu'aient pu être les méthodes d'enseignement de la précédente cheffe du clan Shihoin, elles avaient indéniablement fait leurs preuves.
Arrivé devant les terrains d'entraînement d'ordinaire réservés aux membres du Nibantai, il se retourna vers son interlocuteur.

▬ Je n'ai pas eu cette chance. Je ne peux pas dire que la Capitaine Soi Fon ne m'a rien enseigné, mais je n'ai pas appris d'elle plus que les autres membres de la Division. Je n'ai bénéficié d'aucun traitement de faveur, d'aucun entraînement particulier ou quoi que ce soit d'autre. Il croisa les doigts et fit craquer ses phalanges. Je ne dis pas ça pour me chercher des excuses. Je ne sais pas si je suis le plus rapide des Shinigami, je ne me suis à vrai dire jamais posé la question... Mais ma vitesse, au même titre que tout ce que je sais faire, je ne la dois qu'à moi-même et à personne d'autre. D'un geste qui tenait désormais du réflexe à l'approche du combat, il passa le pouce sur sa cicatrice, se parant d'un sourire féroce. Si ça te convient malgré tout, je me ferai une joie de te donner une leçon !

Il avait entendu les histoires concernant ces deux femmes. Deux légendes, dont l'une d'elle avait créé une technique qui ressemblait énormément à la sienne, s'il prêtait attention aux rumeurs. Seulement il était difficile d'être plus précis sans l'avoir vu de ses propres yeux.

Alors qu'il suivait le Capitaine, son attention était tourné sur les propos qu'il tenait, ignorant superbement les différents regards qui se portaient sur eux. Sur lui d'ailleurs, il ne fallait pas nier l'évidence. Si déjà la présence d'un Komamura pouvait questionner, l'apparence de ce dernier prouvait qu'il n'en était pas à son premier combat. Et pour ceux qui auraient eu la chance de le côtoyer en tant que professeur, sa sévérité était légendaire. Ainsi que la particularité de ses enseignements.

- Je connais ces deux noms et les légendes qui les entourent. Je n'ai malheureusement pas eu la chance de pouvoir croiser leur route mais nul doute que j'aurai adoré cela. Comprenez-moi bien, Igarashi-Taichō. Je ne sais pas si ce genre de technique se transmettent au sein de votre division ou même s'il ne s'agissait que de talents uniques. Ce qui m'importe, c'est de me tester avant toute chose. Et cela passe par cet échange avec vous.

Quoi qu'il en dise, des bruits de couloirs circulaient sur Sora. Et il n'en restait pas moins le Capitaine d'une des divisions les plus mystérieuses de toute la Soul Society. Cela ne pouvait qu'attiser la curiosité, sans compter l'envie de s'opposer et d'apprendre auprès d'un tel homme.

- Finalement, que vous teniez votre vitesse de vos propres compétences ou d'un enseignement quelconque, cela m'importe peu. Pour évoluer, je dois m'opposer à meilleur que moi. Je ne suis que le Troisième siège de ma propre division mais je ne pense pas craindre grand monde sur le terrain de la vitesse.

Peut-être de la prétention mais si l'on tendait l'oreille, on sentait une formidable confiance en ses capacités. Que seules des années et des années de pratique pouvait apporter. Il croyait en sa vitesse au point qu'il demandait un entraînement avec un des meilleur capitaine actuel du Gotei.

- Comme j'ai coutume de dire à mes élèves... "La meilleure leçon, c'est celle qui vous force à vous remettre en question". Si vous y parvenez, alors j'aurai grandement appris aujourd'hui.

Et comme pour lui signifier qu'il était prêt, il abaissa sa veste, découvrant son torse et ses bras. Combattre sans veste étant une chose qu'il faisait en permanence.

▬ Comme tu voudras, je t'aurai prévenu. Bakudō numéro 9, Geki !

Sans plus attendre, Sora passa à l'attaque, expédiant dans la direction de son adversaire un sort qui, s'il était peut-être rudimentaire, n'en serait pas moins gênant s'il atteignait sa cible, surtout avec la puissance qu'un Capitaine pouvait lui insuffler.
De surcroît, cette simplicité lui permettait d'éviter à la fois l'incantation et les gestes que son lancement aurait dû exiger - de le lancer sans signe avant-coureur, sans laisser le temps à son adversaire de se mettre en garde.
Si c'était de la vitesse qu'il voulait, il allait en avoir, oui, mais peut-être pas sous la forme qu'il aurait espéré.

De par sa spécialité, il était facile d'oublier que le Commandant en Chef de l'Onmitsukidō était plus que capable en matière de Nécromancie tant celle-ci était généralement incompatible avec la notion de furtivité, à l'exception de quelques rares sorts qui y étaient spécifiquement dédiés.
Or, non seulement n'était-il pas en reste, mais il y avait en plus fort à parier que son niveau de maîtrise soit bien classé parmi ceux de l'ensemble des Capitaines, sa technique ayant exigé de lui qu'il continue de le développer pour en user à son plein potentiel.

Avant même que la lumière écarlate du sortilège ait fini de se dissiper, il mit sa vitesse à profit - celle-là même que son adversaire était venu examiner - pour foncer droit vers lui, en profitant au passage pour se débarrasser de son Haori avant qu'il puisse le gêner.
Certes, l'on aurait pu s'insurger de le voir le jeter à même le sol, négliger de la sorte le symbole de tout ce qu'il était, mais n'était-ce pas toujours mieux que de le pulvériser ?

Si tout laissait supposer qu'il allait porter son attaque en ligne droite, il dévia au dernier moment pour plutôt arriver par le flanc - juste au cas où le Komamura aurait eu le temps de se défaire du cadeau empoisonné dont il l'avait gratifié.
Fort de cet angle d'attaque, il projeta sa paume en direction de ses côtes et, tout « amical » que soit ce combat, ne modéra en rien la force qu'il y mettait, s'assurant de les fêler - voire pire - si cette abrupte entrée en matière portait ses fruits.

À un moment durant sa charge, il avait apparemment pris la peine de dégainer son Zanpakutō de l'autre main - lequel avait, sans un mot de sa part, pris l'aspect d'un curieux poignard plutôt que celui d'un katana.
Toutefois, plutôt que d'utiliser ses pouvoirs pour l'attaquer, ou ne serait-ce que sa lame aiguisée, il préféra lui asséner deux coups de pommeau à toute allure ; un dans le ventre et un à la mâchoire.
Cela fait, il se recula d'un large pas de côté, adoptant une posture de combat inspirée d'un des nombreux arts martiaux faisant partie du cocktail qu'était le Hakuda.
Tout cela avait pris moins d'une seconde.

▬ Il n'est pas trop tôt pour regretter, provoqua-t-il, son sourire ne l'ayant pas quitté.

Il était venu pour ça et devait admettre ne pas être déçu. L'enchaînement à proprement parler était impressionnant et dès le premier sort, Jinro sut qu'il était en partie à la merci du Capitaine. Certes, ses talents auraient pu lui permettre de se soustraire en partie à l'enchaînement mais le Komamura était venu ici pour voir à l'oeuvre la fameuse vitesse dont ces Shinigamis étaient si fiers.

Reculant sous les coups, il sentit les effets de la paralysie restreindre sa propre énergie. Logique pour un sort qu'il connaissait finalement sur le bout des griffes. La seconde lui parut être une éternité alors que le coup à la mâchoire et au ventre achevait de lui faire cracher de la bile sur le sol. Mais en entendant ses propos, il se redressa, les canines visibles.

- Regretter ? Alors même que je suis venu pour cela ? Non, rassurez-vous Igarashi-Taichō. Il en faut bien plus pour terrasser un des professeurs de l'Académie.

Marmonnant alors dans une langue inconnue de Sora - un dialecte de la Terre dont il était issu - il libérait déjà la technique dont il était si fier. Une spécialité de sa propre famille qu'il avait intégré et développé. Le Shunkô bestial que son paternel utilisait en son temps et qu'il avait assimilé. Son aura grandissait, l'enveloppant dans une sorte de manteau d'énergie. Seulement cette technique n'était pas sans l'atteindre physiquement lui même. Mais ainsi recouvert de cette énergie Kidō, ses attaques et ses déplacements passaient à un autre niveau.

Et il allait en faire la démonstration. Profitant de son sort précédent, il passa à l'attaque. D'un bond, il disparut pour se retrouver au dessus de Sora. Profitant de sa position et de sa vitesse, il comptait bien mettre à profit sa technique pour surprendre son adversaire, bien qu'il sache à qui il ait à faire. Malgré le Kidō qui restreignait ses mouvements, il avait suffisamment de vélocité pour frapper.

Dans sa main droite, son Zanpakutō avait été dégainé. Et il frappa dans sa direction, se servant de l'arme comme d'une continuité de ses griffes. Si l'assaut lui même ne valait pas grand chose, associé à son Shunkô il paraissait autrement plus redoutable. D'un bond en arrière, il se remit sur ses gardes, le manteau d'énergie toujours présent.

- Je compte bien tout donner pour vous montrer ce dont je suis capable. J'espère ne pas vous décevoir.

▬ Je n'ai pas de très bons souvenirs de l'Académie, rétorqua-t-il d'un air narquois. Je n'aime pas trop l'autorité...

Ses excellentes notes dans presque tous les domaines n'avaient pas empêché son comportement de le desservir. Et s'il n'était pas assez mesquin pour le reprocher à l'homme-bête alors que celui-ci n'y était pas encore enseignant à l'époque où il y faisait ses classes, il était difficile de ne pas y voir une forme de revanche.
Issu de la racaille du Rukongai, il était devenu Capitaine, premier de la nouvelle génération, alors que ceux qui s'étaient escrimés à le discipliner en étaient encore à distribuer des heures de colle. Certains pourraient prétendre que c'était un choix de leur part, mais la vérité était surtout qu'ils ne méritaient pas mieux ; il avait épluché assez de leurs dossiers pour le savoir lorsqu'il y avait obtenu l'accès.
Et lui, qu'en était-il ? Le Komamura avait encaissé son premier assaut - raisonnablement bien ; d'autres auraient déjà du mal à s'en remettre - et prépara aussitôt une réponse de son cru.
Les yeux de Sora s'écarquillèrent sous la surprise en le voyant réaliser un rituel familier, pour la bonne et simple raison qu'il en était lui-même pratiquant. Non, ce n'était pas tout à fait vrai ; la méthode n'était pas exactement identique - qu'est-ce que c'était que ce langage ? -, mais ils en arrivaient à peu de choses près au même résultat.
Et lui qui pensait la technique perdue à sa seule exception... À l'évidence, il y avait eu quelques fuites.
Brièvement déconcerté par cette révélation, il n'eut pour seul réflexe défensif que de lever son bras en bouclier, laissant le coup de sabre de son adversaire le taillader. Par chance, il avait le cuir assez solide pour que la lame s'arrête après avoir causé une entaille certes profonde mais pas d'une extrême gravité ; d'autres que lui en auraient été tout bonnement amputés.

▬ J'avais entendu des rumeurs, dit-il en baissant son avant-bras ensanglanté, laissant voir par la même occasion qu'il n'avait pas perdu son sourire, mais je ne pensais pas que c'était vrai... Et encore moins que ce serait aussi proche.

Nombre de on-dits entouraient le clan des hybrides depuis que leur existence était officiellement reconnue. Nourries par l'imagination, les plus folles théories continuaient de voir le jour à leur sujet ; celle selon laquelle ils maîtriseraient l'une ou l'autre technique secrète n'était pas forcément plus crédible qu'une autre. Mais maintenant qu'il en avait lui-même été témoin, il lui serait difficile de nier qu'elle pourrait avoir un fond de vérité.
Et si ce n'était pas sans lui inspirer un certain respect, chose assez rare chez lui, ce n'était pas pour autant qu'il allait le ménager. Au contraire, il ne demandait qu'à en voir davantage - et pour cela, le mieux à faire était encore de le pousser à continuer.

▬ Takamikura ! s'annonça-t-il donc avant de passer à l'offensive, ses mains disparaissant l'une après l'autre dans un habile - et pourtant instantané - procédé de réflexion de la lumière lui permettant d'invisibiliser une partie de son corps, le temps pour lui de porter une attaque.
Cela tendait à la rendre imprévisible - d'autant plus quand, comme dans le cas présent, il en profitait pour faire passer le couteau exotique de son Shikai d'une main à l'autre au beau milieu de son assaut afin de brouiller les pistes.
Et si l'homme-loup ne pouvait en revanche pas manquer le faisceau lumineux qui en résulterait, fonçant droit sur lui, sans doute serait-il déjà trop tard pour s'écarter du tracé oblique qu'il menaçait de lui creuser en travers du torse.
De l'autre main, celle qu'il s'attendrait à trouver armée mais qui ne l'était donc plus, Sora le visa à nouveau au niveau du visage - fallait-il dire museau ? -, lui assénant l'une de ces pichenettes à la force démultipliée dont il avait le secret pour le projeter en arrière.
Prenant lui aussi ses distances au cas où il reviendrait au contact plus vite que prévu, il put néanmoins constater que l'énergie occulte amassée autour du « professeur » ne semblait pas vouloir diminuer ; c'était là plus qu'un simple résidu. Sans rien perdre de sa confiance en lui, il lui concéda donc un aveu :

▬ Oh. Tu arrives à le maintenir ? Impressionnant. Je n'en suis pas encore tout à fait là, pour tout avouer...

- De nombreuses années d'entraînements m'ont permis d'atteindre ce niveau de vitesse. Même si je dois admettre que vous êtes aussi impressionnant.

D'ailleurs, son adversaire était disposé à lui rendre coup pour coup. Il était capitaine et cela se ressentait dans son aura et dans ses capacités martiales. L'enchaînement était assez impressionnant. Mais en revêtant cette énergie particulière, le Komamura était capable de réagir plus rapidement à ce qui arrivait. Sa véritable fierté résidait évidemment dans sa capacité à se mouvoir, ce qui était la motivation principale du combat du jour.

Le Shunshin, couplé à son shunpô bestial, lui permettait alors de littéralement disparaitre de la vue de son adversaire, ne laissant qu'une image rémanente. Certes, certaines des attaques parvinrent à l'atteindre alors qu'il se déplaçait, mais ce n'était franchement pas grand chose en comparaison de ce que Sora avait déployé. S'arrêtant en face de lui, il cracha sur le sol et d'un geste de la main essuya le sang qui coulait le long de sa gueule.

- J'arrive à le maintenir en effet et à le coupler avec le Shunshin que je viens de vous montrer. Même si je dois admettre que cela est très éprouvant pour le corps et l'esprit.

Et c'était précisément pour cela qu'il devait monter d'un level. Afin d'essayer de mettre à mal la propre défense de l'homme face à lui. Le Capitaine était lui aussi rapide, c'était peu de le dire. Alors qu'il se mettait à incanter, Jinro leva le bras très rapidement.

- Hadō #54. Haien !!

Le rayon violacée quittait rapidement la paume de sa main tandis qu'il se précipitait dans la seconde vers l'adversaire, juste à la suite de l'explosion qui suivrait. Enveloppé de l'énergie spirituelle, il s'apprêtait à libérer sa danse martiale. Ses griffes entraient en action, martelant la position du capitaine de la Seconde Division. Finalisant le mouvement en cherchant à l'atteindre avec sa mâchoire.

Le combat battait son plein. Les premières passes d'armes pour se jauger n'avaient pas été longues à se transformer en quelque chose de beaucoup plus sérieux.
Si Sora ne savait pas trop à quoi s'en tenir concernant sa propre vitesse - comme il le disait, il ne s'était jamais posé la question -, force était de constater qu'à ce niveau, le Troisième Siège se défendait mieux que son grade ne le laissait supposer. Pouvoir maintenir cette technique sur la durée était un avantage énorme sur le plan de la célérité, mais il n'était pas en reste, même dans son état normal. Sans doute fallait-il au moins cela pour pouvoir prétendre l'enseigner.

▬ Je dois dire que ça m'intéresse. Le mien est un peu plus long à la détente...

C'était là l'inconvénient d'avoir dû le développer par ses propres moyens. S'il pouvait en être fier, cela voulait aussi dire qu'il n'avait personne pour le guider, lui dire comment le perfectionner. Tout ce qu'il en savait se basait sur ses propres observations et le peu de notes qu'il avait pu trouver, et ce n'était pas faute d'avoir cherché.
Ainsi était-il condamné à refaire ce que d'autres avaient fait avant lui, à redécouvrir ce qui l'avait déjà été. Mais peut-être avait-il devant lui un élément de réponse quant à la meilleure manière de procéder s'il voulait véritablement pousser sa technique à un plus haut niveau.
Sans que ce soit pour lui une priorité, ses récents déboires lui ayant donné à réfléchir à plus de choses qu'il ne l'aurait souhaité, savoir dans quelle direction chercher - fut-elle approximative ; chaque Shunkō était différent - était déjà un apport non-négligeable.
Pour un peu, il aurait presque été tenté de le remercier.

▬ Je n'ai pas de technique de Hohō aussi raffinée, tu vas devoir m'excuser...

S'il n'avait pas à rougir de son Shunpo tout ce qu'il y a de plus ordinaire, il n'avait jamais ressenti le besoin d'en créer des versions dérivées. Il savait que feu sa Capitaine en possédait quant à elle, pour l'avoir vue y faire appel plus d'une fois, mais il n'en voyait pas l'intérêt. À son sens, vouloir les faire plus complexes qu'elles ne l'étaient, c'était surtout risquer de se rendre plus voyant, ce qui n'avait pas de sens dans leur corps de métier. S'il pouvait trouver un moyen de coupler vitesse et furtivité, en revanche, ce serait une tout autre affaire.

Quant à se défendre, ses muscles lui suffisaient - comme il s'empressa de le démontrer en repoussant le Haien de son adversaire d'une seule main, l'envoyant s'écraser aux pieds d'un des mannequins d'entraînement comme si c'était un vulgaire moucheron.
Pourtant, la déflagration qu'il produisit au contact du sol put confirmer à l'homme-loup qu'il n'avait aucun défaut et avait bien été lancé à la puissance espérée ; c'était juste le Capitaine du Nibantai qui n'était pas inquiété par un Kidō de ce niveau, assez pour ne pas même hésiter à le repousser à mains nues.

Son assaut au corps à corps porta davantage ses fruits, labourant le torse du Capitaine de ses griffes - au point que l'on puisse légitimement se demander pourquoi avoir sorti son sabre si c'était pour ne pas l'utiliser. Sora serra les dents sous l'effet de la douleur sans toutefois perdre sa concentration, n'ayant accepté de subir tant de dégâts que pour mieux pouvoir contre-attaquer.

▬ Tesshō !

Car s'il n'avait pas pris la peine de se diversifier en matière de Shunpo, il avait à l'inverse bien après la leçon en ce qui concerne le Hakuda. Et si ses mouvements précédents n'avaient pas déjà réussi à le prouver au Komamura, peut-être que sentir ses deux paumes - devenues de fer sous l'effet du reiryoku - s'abattre sur ses côtes de chaque côté saurait l'en persuader. Et s'il n'avait pas l'intention de les fracturer, et bien, ce n'était pas comme s'il pouvait anticiper à quel point il y serait résistant...

Esquiver sous cette forme pouvait paraître simple. Seulement face à un Capitaine capable lui aussi de se mouvoir de la sorte, alors cela devenait de suite plus complexe. Le problème, c'est que Sora venait de démontrer sa force physique en repoussant aisément un Haien parfaitement maîtrisé. Se déplaçant avec son shunpo ne fut donc pas suffisant et le Loup grimaça en sentant l'impact lui secouer le corps.

Nul doute que s'il n'avait pas lui même des prédispositions physiques liées à sa race, il serait au sol en train de cracher ses poumons. Cet homme était dangereux, Jinro le sentait. Et sa dextérité était absolument incroyable. Il devait faire appel à toute la maîtrise de son propre Shunko pour pouvoir lui tenir la dragée haute. Et il sentait cela lui peser. Il faut dire que sous cette forme, son poil se hérissait, son oeil s'obscurcissait. Et ses muscles étaient tendus au maximum.

- Je n'ai pas souvent connu de Shinigami capable de telles prouesses physiques. Si vous n'avez pas encore ma vitesse, vous compensez avec l'expérience et l'astuce. Je vais devoir en montrer plus, visiblement.

Levant la patte, alors qu'il marmonnait une incantation inconnue, une sphère apparue et s'éleva dans les airs. Un Kidō personnel qui ressemblait à s'y méprendre à la pleine lune. Sora en ressentirait les effets très rapidement s'il n'agissait pas. Pour la suite ? Et bien le Loup préparait son arcane la plus puissante, associé à sa vitesse particulière. Une véritable spirale de crocs, de dents et de poils allait se propulser en avant pour le prendre dans un tourbillon aussi dangereux qu'impressionnant. Car sous cette forme, les attaques allaient littéralement pleuvoir de toute part.

Une terrible association. Sa technique "Croc de Lune" ne laissait pas la place au moindre relâchement.

En plus de la vélocité, le lycanthrope se montrait redoutablement efficace sur le plan offensif. La meilleure maîtrise qu'il avait de cette arcane lui permettait de ne pas avoir à économiser ses mouvements comme le faisait Sora lorsqu'il employait la sienne, et d'être d'autant plus à l'aise dans son maniement.
Ses propres essais étant généralement aussi brefs qu'explosifs, il n'avait pas vraiment l'occasion de s'entraîner de manière à y adapter sa gestuelle ; quand il en faisait usage, sa force débordait de lui, et seul comptait le fait de l'expulser le plus tôt possible - ou il finirait par éclater.

Et être confronté à des assauts aussi rythmés - quand bien même il faisait de son mieux pour en fuir une partie, jouant sur la luminosité ambiante à l'aide de son Zanpakutō et de rapides pas de côté - ne faisait que lui montrer comme l'usage qu'il en avait été limité. Il suffisait qu'il soit acculé pour ne plus rien pouvoir en faire.
Et s'il ne faisait certes pas usage de tout son répertoire - son Bankai n'avait pas sa place dans ce contexte, pour ne citer que lui -, constater à quel point ce qui était censé être l'une de ses meilleures armes était criblé de défauts avait de quoi faire réfléchir.
Bien que sur la défensive, le Capitaine du Nibantai continuait d'accroître son énergie, laquelle se faisait de plus en plus lourde et chargée, à la manière d'un orage sur le point d'éclater. Jusqu'au moment où, ayant pris suffisamment de distance, le corps bardé de blessures, il finit par la faire exploser. L'air parut immédiatement envahi d'une intense humidité alors qu'une masse liquide se formait autour de lui, jaillissant du néant.

▬ Désolé de t'avoir fait attendre ! Comme je le disais, le mien est un peu plus long à se déclencher... Celui de la Capitaine Soi Fon était lié au vent. Celui de Shihoin Yoruichi était lié à la foudre. Je ne l'ai jamais vu en personne, mais on raconte que celui de son frère l'est au feu... Moi, et bien... Il leva le bras, le corps auréolé de manifestations aqueuses. Si l'on avait fermé les yeux pour écouter son reiatsu, l'on aurait cru entendre les vagues d'une mer déchaînée. Je suppose que le plus simple est encore d'en faire la démonstration.

Ce qui pouvait littéralement se traduire par « cri de guerre aquatique » ; voilà qui finirait de vendre la mèche, si les torrents apprivoisés qui tourbillonnaient autour de ses membres n'étaient pas déjà assez éloquent à ce sujet.
Avec toute la fureur des flots de son côté, il se projeta en direction de son adversaire, galvanisé par ce « manteau de pouvoir », qui, s'il avait en effet mis son temps à se déployer, surpassait celui de l'homme-bête en terme de puissance.
Il ne pouvait certes pas le faire durer et c'était un problème, sa durée n'excédant pas la poignée de secondes, mais s'ils devaient confronter leurs deux techniques, il aurait le dessus à n'en pas douter.
Projeté par son propre pouvoir - surfant dessus littéralement -, il anéantit la distance qui les séparait et se retrouva face à son adversaire, le poing levé pour lui faire ressentir toute la force de ce halo ensorcelé.
Plutôt que de le diriger vers lui directement, il préféra cependant frapper le sol à ses pieds ; et si le coup en lui-même n'avait rien d'exceptionnel dans sa technicité, le déluge qui l'accompagnait, lui, fracassa le terrain d'entraînement sous leurs pieds, projetant poussière et débris de tous les côtés.
Lorsqu'il y vit plus clair, Sora constata avoir creusé de ses phalanges un cratère profond de plusieurs mètres ; la Quatrième allait avoir du boulot pour tout réparer...

Voir les effets de sa propre technique se déployer était réellement impressionnant. Si Jinro avait déjà entendu par le passé que certains de ces utilisateurs étaient capable de lier cette aura à un des éléments naturels, il n'avait jamais eu l'opportunité de le voir de ses yeux. Lui même n'en était pas capable. Le sien le rendait seulement plus sauvage, plus animal, même si de par son statut de Komamura les autres ne le voyaient pas réellement.

Ainsi, lorsqu'il le vit arriver sur lui, il sut qu'il n'était pas question de subir le contre-coup de cette prodigieuse attaque. Cette vague ne lui disait rien qui vaille et il savait que seule sa vitesse poussée à son paroxysme pourrait lui permettre de se soustraire. Pas étonnant alors qu'au moment de l'impact entre le poing et le sol, le Loup puisse se ruer vers l'arrière.

Usant de son shunko bestial, mêlée à la technique héréditaire de son père, il disparut purement et simplement alors que la technique déferlait autour du lanceur. Malgré sa vitesse, il fut aux premières loges pour voir l'étendue des dégâts, comprenant que subir aurait été autrement plus délicat que fuit le concernant. Il aurait largement été en capacit" lui même de contre attaquer mais il n'en voyait plus l'intérêt. Savoir analyser la situation étant indispensable pour un bon professeur, il se savait déjà gagnant si le combat poursuivait.

Ce n'était pas le but premier de ce combat. D'un simple déplacement, il se replaça proche du capitaine. Plus de manteau d'énergie autour de lui. Simplement son apparence normal, en dépit de quelques blessures et de son poil hérissé.

- Le vôtre est lié à l'eau. Je n'en avais jamais vu de pareils auparavant. Le mien et celui de mon père étant plus sauvage. Pardonnez moi mais je ne trouve plus d'intérêt à poursuivre ce combat. Je souhaitais opposer mon art au vôtre, c'est désormais chose faite.

Et il pouvait aisément garder le titre de plus rapide pour le moment, même si Sora n'était pas en reste évidemment. Il venait de s'opposer à un véritable capitaine, même s'il ne se faisait aucune illusion sur le niveau réel de l'Igarashi. Ce dernier n'avait usé de son arcane qu'en dernier lieu et il n'avait pas vu la couleur de son Bankai également. Seul le plan de la vitesse comptait ici.

- N'est-il pas plus difficile de manier cet élément ? L'eau n'est pas réputé pour être l'élément le plus docile.

▬ Ouais... C'est pas vraiment ce qui me convient le mieux. déclara-t-il en se redressant brusquement, retirant son poing des gravats du sol éventré. Mais bon, c'est pas comme si j'avais le choix. Je suppose que c'est pour ça que j'ai du mal à le contrôler...

Observant sa main, il plia et déplia les doigts pour tester sa mobilité. S'il était devenu rare qu'il s'abîme une phalange en oubliant de se contrôler, il restait préférable de vérifier qu'il n'en garde aucune séquelle avant d'en avoir à nouveau l'usage.
Surtout au moment délicat où n'importe qui autour de lui pouvait être un ennemi - et collaborer avec ceux qui semblaient vouloir sa chute. Il ne savait pas si c'était lui en particulier ou s'il avait juste été au mauvais endroit au mauvais moment, mais maintenant que le mal était fait, autant s'assurer de pouvoir se défendre si quelqu'un avait le malheur de vouloir s'en prendre à lui.
Oh, l'attaque n'était pas physique - du moins pas encore -, mais il ne pouvait pas faire grand chose pour aller fouiller l'administratif dans l'immédiat, pas alors qu'il était surveillé de près au prétexte d'un crime qu'il n'avait pas commis.
Alors autant se préparer au cas où les choses devraient se corser ; c'était encore le mieux qu'il puisse faire en attendant. Il ne serait pas la victime de cette sinistre plaisanterie plus qu'il l'avait déjà été.

▬ Y'a pas de mal, c'était sympa le temps que ça a duré. Il sourit, un brin plus détendu qu'il ne l'était à l'arrivée de l'homme-bête dans ses locaux. Je ferai mieux la prochaine fois.

Il joignit les mains et fit craquer ses phalanges. Cette session d'exercice aurait au moins eu le bienfait de lui permettre de se défouler un tant soit peu, en plus de lui donner quelques pistes de réflexion.

▬ Avant d'en écoper, je savais même pas qu'on pouvait faire de l'eau avec du Kidō, déclara-t-il, passant une main dans ses cheveux pour les décoller de son visage ensanglanté. Ce qui, maintenant qu'il y songeait, était idiot : on pouvait potentiellement tout faire avec le Kidō. Peut-être même un peu trop. Ou plutôt, je m'étais jamais posé la question. Ça fait pas partie des sorts numérotés. J'ai toujours été assez doué avec sans devoir trop forcer, alors j'ai pas vraiment eu l'occasion de sortir du programme prévu. J'aurais peut-être dû, ça m'aurait évité une surprise. Enfin, j'ai encore du boulot si je veux le peaufiner...

Il haussa les épaules : c'était de toute façon un peu tard pour changer. Du moins, si ses prédécesseurs - que ce soit Soi Fon ou Yoruichi - avaient trouvé un moyen d'altérer leur Shunko, le peu de renseignements qu'il avait pu trouver à ce sujet n'en faisaient aucune mention. S'il détenait ce genre de secret, il était à peu près sûr qu'il l'aurait emporté dans la tombe ; il ne serait pas surprenant qu'elles aient fait la même chose.

▬ Je suppose que tu vas aller faire un tour à la Quatrième ? Tant que t'y es, pourras en profiter pour leur demander de venir arranger ce foutoir ? dit-il en désignant du pouce le terrain d'entraînement ravagé - principalement par sa faute - où ils s'étaient affrontés. Rapidement, si possible. Ça fait désordre.

Quant à lui, il fit craquer sa nuque, s'étira, cracha au sol un peu du sang qui lui restait encore dans la bouche ; ses blessures étaient superficielles - selon sa propre définition du terme -, il n'aurait besoin de l'aide de personne pour s'en remettre.
C'était tant mieux : étant donné les circonstances actuelles, il n'était pas sûr de vouloir savoir ce qu'un tour à l'infirmerie maintenant pourrait faire naître comme rumeur supplémentaire à son sujet.

- C'est souvent l'erreur que font nos recrues. Ne pas essayer de creuser par eux même et se contenter des leçons.

Un autre professeur que lui aurait certainement été ravi d'entendre que les élèves suivaient scrupuleusement les leçons sans chercher à faire n'importe quoi. Seulement Jinro appréciait l'esprit d'aventure et de découverte chez les apprentis. Ils apprenaient alors plus rapidement et pouvaient développer leur propre capacité, leur propre technique, en se servant des bases. C'est ainsi que l'on s'améliorait réellement.

Toutefois le Capitaine n'avait sans doute que faire de ce genre d'allusion. Ils n'étaient pas si fréquents, les shinigamis capables d'atteindre un tel rang. Sans doute n'avait-il rien à lui apprendre. Il tirait déjà les conclusions qui s'imposaient de lui même d'ailleurs. C'était logique.

La conversation semblait arriver à son terme, ce qui était sommes toute logique. Effectivement, il avait raison de supposer qu'il irait faire un tour à l'infirmerie. Ne serait-ce que pour s'assurer que tout allait bien. Un combat contre un Capitaine, qu'importe que ce soit un entraînement ou non, était éprouvant pour le corps. Sans compter que sa technique était gourmande en énergie également. Ainsi fit-il un simple signe de tête lorsque la question fut posée.

- Je ferai passer le message, Igarashi Taichō.

Il était logique de respecter les ordres d'un capitaine, même si ici il abusait un peu. Mais le Komamura s'en moquait finalement. Il avait eu un objectif en venant ici. Un seul. Et il avait prouvé que sa vitesse dépassait celle d'un Capitaine réputé pour cela. En partie. Satisfait, il fit demi tour et prit la direction de la division des Soins.

Il savait aussi qu'il pouvait faire mieux.

Soin.
Fin rp