Raconte moi une histoire! [PV Bai-Long]

Qui aurait cru qu'un entrainement au combat au sein de la Onzième Division aurait pu la mettre de si bonne humeur? Assurément pas elle si on lui avait posé la question il y a quelques semaines encore. Et pourtant... On les disait brutes sans cervelles, férus de combats et de violence inutile. Que de venin que toutes ces mauvaises langues pouvaient ravaler car il suffisait de les fréquenter un minimum pour savoir qu'il en était tout autre.

S'il était plutôt évident que ses membres faisaient des efforts en sa présence pour se montrer courtois et polis - l'effet de la présence d'une Vice Capitaine ou simplement d'une demoiselle - elle avait pu profiter pleinement de leur véritable nature en les affrontant au fil de quelques passes d'armes. Car s'il y a bien une situation durant laquelle ils ne faisaient pas de compromis, c'était bien le moment où ils devaient montrer de quoi ils étaient capables. De véritables experts martiaux qui lui permettraient sans le moindre doute d'améliorer ses compétences et pourquoi pas de tenir tête à leur nouveau Kenpachi. Après tout, il était hors de question de se laisser distancer. Hors de question de risquer de perdre le respect de celui qu'elle appréciait tant.

Perdue dans ses pensées, la demoiselle avait marché sans véritable but. Repensant aux progrès qui l'attendaient si elle poursuivait dans cette perspective. Et cette promenade aurait pu durer bien longtemps si la Vice Capitaine n'avait point trébuché sur un pavé, heurtant légèrement le mur qu'elle longeait. Une grimace de douleur alors qu'un des bleus dissimulés sous son uniforme venait de se rappeler à elle, elle leva les yeux pour observer le bâtiment qui lui faisait face.

La Cinquième Division? C'est tout de suite moins exotique...

Le regard las, comme si l'ennui venait soudainement de la rattraper, la demoiselle observait les quartiers de la Cinquième Division. Non, rien d'excitant ne l'attendait en ce lieu. Mieux valait pour elle continuer son chemin. Puis, soudain, alors qu'elle s'apprêtait à repartir, une petite lueur apparut dans les yeux de la Vice Capitaine, une idée ayant vraisemblablement germé dans son esprit.

C'est vrai que nous n'avions pas terminé nos discussions la dernière fois... Et je pourrai toujours justifier que je devais debriefer notre dernière mission. Allez, c'est parti! J'ai hâte de ressentir à nouveau le regard réprobateur de ce Zanpakutō!

Bifurquant donc pour pénétrer les quartiers de la Cinquième Division, elle observa un instant les alentours se demandant comment elle pouvait rapidement mettre la main sur celui qu'elle recherchait. Apercevant quelqu'un, elle s'approcha de lui pour l'interpeler

Pardonnez mon intrusion mais je suis à la recherche d'un membre de votre division, Lee Bai-Long. Pourriez vous l'informer que la Vice Capitaine Shiro Mayuri souhaiterait s'entretenir avec lui. Pour raisons personnelles!

Un petit clin d'oeil sur la dernière phrase afin que son interlocuteur puisse s'imaginer tout ce qu'il souhaitait. Un peu d'animation au sein de la Cinquième Division!

Du travail, encore du travail. Bai-Long s’acharnait depuis des semaines déjà à organiser des patrouilles et à en classer les rapports, sans discontinuer. Remarquant son investissement, ses supérieurs lui avaient attribué quelques recrues à la volonté cependant bien faible, et le Lee le comprenait parfaitement : ces nouvelles têtes n’avaient pas rejoint le Gotei 13 pour jouer les secrétaires. Il n’exigeait ainsi d’eux que quelques heures journalières de travail à ses côtés, les laissant accomplir d’autres tâches plus satisfaisantes le reste du temps. Il venait par ailleurs tout juste de les congédier lorsque l’un d’eux revint en courant, passant la tête à l’intérieur de la pièce avec un sourire narquois. Bai-Long ne s’interrompit pas pour autant, et continua de ranger les rapports reçus en vue d’une antérieure classification.

“Oui ?”

Le subordonné du Lee, trop occupé à pouffer comme un adolescent, se garda bien de répondre, jusqu’à ce que l’officier ne le fixe avec un regard inquisiteur qui promettait de longues heures de paperasse s’il ne passait pas vite à table.

“Une dame veut te voir, chef. La vice-capitaine de 9ème, je crois. Elle avait l’air euh… impatiente. A ta place, je me dépêcherais.”

Bai-Long arqua un sourcil. Que pouvait donc lui vouloir Mayuri ? Il n’avait pas le souvenir de lui avoir promis quoi que ce soit. Le Lee analysa un instant l’expression narquoise de son subordonné, puis se leva et s’en approcha à pas las avant de l’écarter d’un mouvement de bras. Il s’engagea ensuite dans le couloir, et son collègue lui emboîta immédiatement le pas. La lumière du jour ne lui était pas flatteuse, et mettait en valeur ses cernes profondes et sa barbe de 3 jours. Les quelques pans dévêtus de sa peau révélaient en revanche que les nombreuses blessures issues de son combat “d’entraînement” contre Metsudai ne seraient bientôt plus qu’un lointain souvenir. Intense et douloureux, certes, mais précieux tant il lui avait apporté.
De Mayuri, il ne gardait pour l’heure que de chaleureux souvenirs. Bai-Long se rappelait de son étonnante humilité face à l'agressivité de Kirinketsu, de ses manies espiègles et de l’aisance qu’elle avait à sembler moins dangereuse qu’elle ne l’était sûrement. Après tout, on ne devient pas vice-capitaine, encore moins celle de la redoutable Tomoe Nozomi, sans avoir de quoi impressionner ses pairs. Pour autant, le Lee ne considérait pour l’heure pas Mayuri comme une menace, mais plutôt et surtout comme un atout qui semblait s’être glissé bien volontiers dans sa manche. Restait encore à savoir ce qu’elle gagnait à entretenir cette connexion, au delà peut-être d’un simple instinct grégaire.

“Vice-capitaine Shiro ! Quel bon vent vous amène ?”

Son sourire insouciant revenu, Bai-Long effectua un rapide salut formel avant de se rapprocher de sa collègue, sous les regards indiscrets de ses hommes. Désormais plus proche de Mayuri, il abaissa sa voix.

“Et plus important, qu’avez vous bien pu leur dire pour les exciter à ce point ?”

Toujours en forme de shikai à sa ceinture, Kirinketsu se montrait cette fois-ci moins hostile envers la lieutenante, bien que pas tout à fait neutre non plus, émetant cette fois-ci un "regard" spirituel plus curieux que menaçant.

Alors que l'homme s'éloignait pour trouver le siège de la Cinquième Division, le léger sourire qu'elle avait pu discerner au coin de ses lèvres ne laissait aucun doute quant à ses pensées. Dire qu'il avait poussé la porte qu'elle avait entrouverte aurait été un euphémisme. Il fallait plutôt considérer qu'il s'y était jeté la tête la première. Amusant. Que sa Capitaine ose encore dire qu'elle n'avait pas sa place dans les réunions de la Noblesse! Bon, il était fort probable que ces derniers soient nettement moins réceptifs à ce genre de petites manipulations. Mais il fallait bien commencer quelque part.

J'espère quand même qu'il ne m'en voudra pas... Sans quoi je n'aurai jamais la fin de l'histoire de son Zanpakutō...

Personne n'aimait lire le début d'un livre sans en connaitre la fin, et surtout pas elle. C'était là une des raisons pour lesquelles elle avait stoppé sa route en ce lieu. Il valait donc mieux éviter de se mettre l'écrivain à dos. Enfin, Bai-Long ne lui avait pas donné l'impression d'être quelqu'un de susceptible. Elle ne pouvait l'imaginer prendre la mouche pour si peu. Non, il n'y avait rien à craindre à ce sujet, elle en était certaine.

Pensive, la jeune demoiselle déambulait lentement dans la cour, attendant que son messager revienne avec sa réponse. Et celle-ci ne devait pas tarder bien longtemps puisqu'elle entendit rapidement quelques bruits de pas revenir dans sa direction. Tournant sa tête vers leur origine, elle aperçut Bai-Long qui s'approchait d'elle, un léger sourire sur son visage. Heureuse de pouvoir échanger à nouveau avec lui, elle lui rendit son sourire, amusée d'apercevoir quelques membres de sa Division les observer de loin. Un pointe d'espièglerie dans le regard, elle répondit

C'est drôle, je pensais que nous avions déjà vécu et passé l'étape du vouvoiement et du Vice-Capitaine Shiro la dernière fois! Si tu as peur pour mon image devant tes hommes, ne t'inquiète pas, cela ne me pose aucun problème.

Alors que Bai-Long arrivait finalement à ses côtés, lui murmurant une question, elle répondit avec amusement, une fausse innocence clairement affichée

Leur dire que je souhaitais te voir pour raisons personnelles les a peut-être un peu...

Avant d'avoir terminé sa phrase, elle remarqua les lourdes cernes sur son visage et ne put s'empêcher de s'interrompre pour laisser s'échapper ses pensées, fidèle à elle-même

Houla, ses journées ont l'air difficiles, j'arrive peut-être au mauvais moment...

Avant d'afficher - comme cela se produisait bien trop souvent - une mine contrite devant cette énième erreur d'étiquette. Finalement, peut-être que sa Capitaine avait raison, il était encore un peu tôt. Un livre ouvert n'avait pas sa place devant la Grande Noblesse.

Pardonne moi Bai-Long, je parle trop souvent plus vite que je ne pense. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur... Je passais dans les environs et j'ai saisi l'opportunité de m'arrêter prendre de tes nouvelles. Et puis, en toute honnêteté, nous n'avions pas eu l'occasion de terminer notre discussion l'autre fois, au sujet de ton compagnon d'aventure ici présent. Cette histoire a éveillé ma curiosité et je me suis dit que vous accepteriez peut-être, tous les deux, de la partager avec moi?

Une curiosité palpable sur le visage, elle avait tourné un regard bienveillant en direction du Zanpakutō de Bai-Long avant de le reporter vers ce dernier.

Bai-Long s'amusait des quelques rafraîchissantes indiscrétions de Mayuri. Rares étaient les shinigamis qui parvenaient à se montrer directs sans sembler vulgaire, et c'était particulièrement vrai à la 5ème division, comme à la 11ème.

"J'en serais ravi. Tu tombes à pic, pour être honnête. La Vème tourne à plein régime depuis notre dernière mission commune. On paye le prix de siècles de laxisme administratif."

Il s'interrompt un instant, faisant signe aux quelques ahuris les entourant de retourner à leur poste, puis se retourne vers la vice-capitaine, l'entraînant d'un signe de tête dans un couloir.

"Enfin, inutile de t'embêter avec nos soucis.

Le Lee s'installe sur l'un des bancs de la cantine de la 5ème, parfaitement vide à cette heure-ci, et encourage son invitée à en faire de même. Il dépose Kirinketsu sur la table lui faisant face.

"Tu dis être venu pour parler de Kirinketsu, alors faisons cela."

Le nunchaku étonnait souvent les pairs de l'officier par la simplicité de son apparence. Une chaîne grise, deux manches noirs en acier et rien de plus. L'arme rudimentaire ne comportait aucune tâche de couleurs vives, aucun ornement noble. Il s'agissait là d'une arme des plus rudimentaires mais il émanait pourtant d'elle, pour qui savait observer, une aura tantôt douce comme les vaguelettes qui dansaient sur les plages et tantôt glaciale et oppressante comme les profondeurs des océans.

"Ta division est responsable des affaires judiciaires. C'est elle qui confisque et enferme les zanpakutos des exilés. Il y a deux cent ans, ce fut au tour du clan Lee d'être soumis à la justice de la Soul Society. J'étais jeune, mais on m'avait déjà confié un asauchi, et Kirinketsu fut enfermée avec ses frères et soeurs dans un local sans nom."

Bai-Long marque une pause, les yeux rivés sur son arme afin d'en évaluer le ressenti. Elle semblait pour l'heure afficher une sorte de pudeur, comme si elle se refusait à réagir trop fortement au risque de démontrer par la même combien ces souvenirs lui faisaient du mal. Bai-Long avait bien des difficultés à s'imaginer deux siècles d'obscurité et de silence, lui qui avait passé ce temps à se démener dans le Rukongai.

"Nul doute que ceux responsable de notre exil l'ont bien mérité, mais j'ai toujours du mal à comprendre en quoi le crime de mes aïeux concernait l'enfant que j'étais. Quoi qu'il en soit, les Lee se sont dispersés dans le Rukongai, et je suis le seul à être revenu à l'époque où les dojos ont été ouverts. J'ai récupéré Kirinketsu peu après, en échange de quelques services rendus à la Soul Society à l'époque où j'étais exclu du Seireitei."

Tous les déserteurs vaincus n'étaient pas du niveau de celui exécuté par Thoki et lui, mais le Seireitei avait sans doute pris en compte les quelques autres traîtres stoppés nets dans leurs ambitions par Bai-Long lorsqu'il avait choisi d'accepter son retour. Ou peut-être était-il simplement trop désespéré. Impossible d'en avoir le cœur net.

Soulagée que son interlocuteur ne prenne pas mal les remarques un peu trop directes qu'elle avait pu lui faire, la jeune demoiselle demeurait souriante. Sans hésitation, elle avait accepté de le suivre au sein des couloirs de la Cinquième Division, curieuse d'en apprendre davantage sur l'histoire de son Zanpakutō. Après tout, si elle y réfléchissait bien, elle ne connaissait de façon générale que peu de choses à ce sujet. Si elle avait eu la chance de voir le Bankai de sa Capitaine, il n'y avait qu'avec Shinjiro qu'elle avait eu l'opportunité de discuter plus profondément de monde intérieur et de Zanpakutō. Ironique diraient certains que ce soit la Onzième Division qui l'aide à appréhender un sujet si vaste et intéressant.

Pourtant, si la curiosité de Mayuri demeurait centrée sur l'histoire du Zanpakutō de Bai-Long, elle conservait évidemment un peu de place pour d'autres sujets! Aussi, ne put elle s'empêcher de répondre alors qu'ils progressaient dans les couloirs.

Avez-vous pu progresser dans cette affaire? Si cela ne te dérange pas, j'aimerais que tu m'en informes si vous découvrez quelque chose de nouveau. Je garde encore un goût amer de cette mission et je ne la considère pas comme terminée.


Pensive, repensant aux différents évènements de la dite mission, elle revoyait les images des corps qu'ils avaient découverts à son terme. Prenant une lourde inspiration pour évacuer la colère qui l'assaillait en cet instant, elle soupira finalement. Non, elle n'était pas ici pour repenser à cette frustration. Et tôt ou tard, les conspirateurs paieraient pour leur crime. Elle se l'était promis, elle vengerait ceux qui avaient été assassinés et rétablirait la justice à laquelle le jeune homme aspirait de son vivant.

Silencieuse, elle s'installa au sein de le Cantine de la Cinquième Division, laissant la parole à son interlocuteur. Le regard fixé sur l'arme qu'il venait de poser sur la table devant eux. Pleine de curiosité, elle l'observait, ressentant presque le regard que celle-ci devait lui rendre au même moment. Au moins, cette fois, elle ne ressentait aucune animosité à son égard. Pour le moment.

Ainsi, écouta t'elle avec attention les explications que Bai-Long lui offrait, acquiesçant par moments, alternant son regard entre l'arme et son porteur, comme observant leurs réactions au fil de ce récit. Lorsque la mention de l'enfermement dans un local sans nom fut faite, Mayuri ne put s'empêcher de ressentir une certaine compassion pour le Zanpakutō. Seul. Dans le noir. Sans personne à qui parler. Sans autres compagnons que l'obscurité et la solitude. L'ennui. Pendant un instant, le regard de la Vice Capitaine se fit plus sombre. Les yeux légèrement clos, comme si une chape de plomb venait de tomber sur ses épaules. Une lassitude évidente sur le visage.

Puis soudain, elle rouvrit les yeux, prenant une inspiration et posant une main ferme sur la garde de son Zanpakutō. Quelques secondes après, son sourire bienveillant réapparaissait sur son visage alors qu'elle prenait la parole pour s'exprimer

Pardonne-moi, je crois que Taikutsu suraisā a un peu trop réagi à certains passages de ton récit. Après tout, l'ennui est son domaine et elle se plait parfois à me rappeler ce qui m'arrivera si je ne prête pas attention, rien de bien méchant. Mais je te remercie pour ton récit. Par contre, il demeure quelques zones d'ombre mais n'hésite pas à me dire si certaines choses ne me regardent pas. Je ne connais pas toutes les affaires qui ont frappé le Seireitei par le passé. Peux-tu me dire pourquoi le Clan Lee a dû être puni par la Justice? Quel a été le crime de ton clan?

Elle marqua alors une courte pause avant de planter son regard dans celui de Bai-Long

Quel que puisse être ce crime, il y a bien une chose que je sais. Un enfant ne devrait pas payer pour les crimes de ses aïeux. Malheureusement, la Justice est parfois aveugle. Je dirais même que parfois, elle peut se montrer injuste, même si cela parait contraire à la logique. C'est pourquoi je pense qu'il ne faut jamais l'appliquer bêtement et qu'il faut être capable de l'adapter à chaque situation.

Détournant le regard de Bai-Long, elle le reporta sur son Zanpakutō

C'est aussi ça le rôle de la Neuvième Division, selon moi. Appliquer la Justice est une chose plutôt facile, mais savoir être juste peut parfois s'avérer bien plus difficile. Vous ne pensez pas?

Bai-Long hoche la tête à la première requête de Mayuri. Il ne voyait aucun mal à la tenir informée des développements de l'affaire Morimoto, bien au contraire. Plus le reste du Seireitei se sentira concerné, et plus la 5ème aura de quoi compter sur de puissants et nombreux alliés en cas de résurgence.

Il observe avec étonnement le changement d'expression de son interlocutrice, alors qu'il arrive au bout de son récit. Les thèmes de celui-ci semblent trouver en son âme, et en celle de son arme, un écho bien particulier. Elle ne tarde pas à confirmer sa suspicion, provoquant chez le Lee une moue peinée. Quel bien triste pouvoir pour une femme si débordante de vie. Peut-être était-ce justement lié d'une façon ou d'une autre.

Bai-Long et Kirinketsu entretenaient depuis leur retrouvaille une forme de fraternité protectrice, mais le 10ème siège avait déjà eu affaire à des shinigamis aux visions bien différentes. L'exemple de l'effrayant Metsudai de la 11ème lui revenait en mémoire. L'antagonisme que Bai-Long semblait décerner entre Mayuri et son arme était quant à lui plus conceptuel que concret, mais il était intéressant pour le Lee de noter ça et là les différents rapports qu'entretenaient les siens avec leurs armes afin d'en apprendre plus sur la sienne.

A nouveau, Bai-Long hoche la tête devant les propos de la vice-capitaine. Elle ne s'est à l'évidence pas retrouvée dans sa division par hasard.

"Tout le monde peut abattre un marteau, mais peu savent à la fois viser juste et mesurer la puissance d coup. Hélas, je crains que la décision prise il y a deux siècles ne soit venue de plus haut encore. Du peu qui m'ait été révélé, c'est la Chambre des 46 qui a prononcé notre sentence. Pour ce qui est de notre crime..."

Bai-Long hausse les épaules, l'air parfaitement ignorant.

"Aucune idée. Je ne suis pas vraiment certain de vouloir m'y intéresser non plus. Il semble que la menace se soit allégée dans les dernières années, mais il est des forces au sein du Seireitei dont la puissance, officielle ou clandestine, outrepasse de loin les lois ordinaires. Je ne tiens pas à les provoquer."

Il s'attendait à ce que la vice-capitaine d'une division judiciaire habituée à traiter avec les nobles voit se frayer quelques exemples dans son esprit. Le groupe dont se méfiait Bai-Long était en revanche bien plus redoutable que l'égo de quelques effrontés au sang bleu, mais il aurait de toute façon bientôt à traiter avec celui-ci sur un tout autre sujet.

En revanche, et bien qu'il tentait à chaque seconde de convaincre,ses interlocuteurs et sa propre personne du contraire, le Lee réalisait bien à quel point sa curiosité quant au péché du clan le dévorait un peu plus chaque jour. Seulement voilà, il savait aussi qu'il n'avait ni la force, ni l'autorité nécessaire pour s'enquérir de la vérité pour l'heure. Alors, il prenait son mal en patience.

Comme si son échange avec Taikutsu suraisā était déjà de l'histoire ancienne, la jeune demoiselle avait reporté toute son attention sur son interlocuteur. Peut-être avait-elle pris l'habitude que cette dernière ne profite de chaque instant propice pour se rappeler à elle. Ou bien était-ce du à sa curiosité qui pouvait dépasser n'importe quel autre sentiment lorsqu'elle se mettait en route. Et à cet instant, celle-ci était totalement concentrée sur l'histoire de la famille de Bai-Long et de son Zanpakutō.

Pourtant, à son grand malheur, ce n'était visiblement pas aujourd'hui que sa curiosité allait être assouvie. Contre toute attente, Bai-Long semblait ignorer les détails des crimes commis par sa famille. Plus encore, il ne semblait même pas intéressé par une volonté d'en apprendre davantage sur ces évènements. Etrange. Etait-ce vraiment ce qu'il ressentait ou bien simplement une apparence qu'il souhaitait afficher en la présence d'un membre de la Neuvième Division.

Pendant quelques secondes, la Vice-Capitaine demeura silencieuse, observant Bai-Long suite à son explication. Non, elle était persuadée qu'il ne lui mentait pas, il ne semblait pas être homme à vouloir jouer à ce genre de manipulations mesquines. Ainsi, Mayuri répondit avec le naturel dont elle avait l'habitude.

Je ne sais pas comment tu tiens sans savoir, cela doit être difficile. Souffrir d'une punition sans en connaitre l'origine, je crois que je ne pourrais pas. Je pense que je chercherais par tous les moyens à savoir.

Alors qu'elle prononçait cette phrase, l'image de sa Capitaine apparut soudainement dans son esprit ainsi que leurs derniers échanges au sein de son bureau. Lorsqu'elle avait une idée en tête, elle pouvait en oublier toute subtilité et risquait de se mettre dans les pires situations. Elle avait raison. N'était-ce pas envoyer Bai-Long dans une mauvaise direction que de l'encourager à en savoir davantage? Le risque en valait-il la chandelle?

Mais je comprends tes réticences. Il est gens qu'il vaut mieux parfois éviter de froisser, voire même tout simplement de croiser, on me l'a encore rappelé il n'y a pas si longtemps. Cela peut s'avérer dangereux, même pour nous.

Mais y avait-il réellement un risque si elle ne dépassait pas les limites autorisées? Affichant alors un léger sourire, teinté à la fois de bienveillance et de malice, elle poursuivit

Néanmoins, je ne vois pas ce qu'il y a de mal à vouloir en savoir plus sur sa propre famille. Si tu le souhaites, je peux me renseigner auprès de la Neuvième Division au sujet de cette condamnation. Voire même auprès de ma Capitaine. Après tout, s'il y a des traces de cet évènement, cela doit se trouver au sein de nos archives. Évidemment, seulement si tu le souhaites. Je ne chercherai pas plus loin si ce n'est pas ce que tu veux. Tu as éveillé ma curiosité mais je ne voudrais pas me mêler ce qui ne me regarde pas. A toi de choisir!

Même si le choix était réel, la demoiselle espérait assurément que Bai-Long accepte sa proposition. Une telle sanction et si peu d'informations, il y avait vraiment de quoi s'interroger. Et quelque chose en elle lui donnait envie d'aider cet homme. Mais ce dernier avait-il seulement des raisons de lui faire confiance? Après tout, la réputation de sa Division n'était pas toujours parmi les meilleures, comme elle avait pu le constater par le passé.

Si beaucoup dans la situation du Lee auraient acquiescé à l’empathique proposition de Mayuri, ce n'était pas le cas de Bai-Long. Lui avait eu deux siècles pour relativiser et observer de lui-même l'état décadent de son clan. Il s'était bien sûr renseigné sur celui-ci, et avait pu constater à bien des reprises combien les siens n'avaient pas attendu de chuter de leur position de pouvoir pour sombrer dans la dégénérescence éthique. Les plus humbles d'entre eux lui avaient raconté les péchés de leurs pairs, et le jeune Lee en était presque parvenu à croire qu'ils auraient bien mérité leur exil, si tant est que l'on puisse oublier ô combien il s'agissait là d'une perversité tristement banale dans les hautes sphères du Seireitei.

Et pourtant, ce serait mentir de dire que ce péché secret ne le hantait pas. Les Lee méritaient le pire, c'était certain, mais ses recherches lui avaient fait comprendre qu'un simple crime n'engendrait jamais rien de bien similaire au Seireitei. Les siens avaient brisé un tabou. Bai-Long voulait simplement savoir lequel, et pourquoi. De ce qu'il en savait, il était probablement le dernier membre de son clan encore en vie, et savait qu'il ne trouverait ses réponses que dans les archives les mieux gardées du Sereitei, au cœur de celui-ci. Mais il ne pouvait pas se résoudre à impliquer Mayuri, aussi volontaire soit-elle.

"J'apprécie vraiment ta sollicitude, mais je n'oserais impliquer aucun de nous deux tant que nous ne serons pas capitaines. Fouiller les archives de la 9ème est parfaitement dans tes prérogatives, j'en ai conscience, mais le Seireitei est une terre de secrets, de tabous et de non-dits, pas de loi. C'est un lieu ou un regard, même inintentionnel, peut attirer beaucoup d'ennuis, alors imagine seulement ce qui pourrait découler d'une recherche active."

Bai-Long s'interrompt, remarquant l'ambiance lugubre qu'il a installée de ses murmures.

"Enfin, je ne fais que spéculer. Inutile de trop t'en faire non plus. Comprends juste que je préfère garder cette discussion pour plus tard. Je peux me contenter d'apprécier ce que j'ai récupéré sans chercher plus dans l'immédiat."

Il pose la main sur Kirinketsu, qui émet en réponse une aura discrète mais chaleureuse, comme un soupir de contentement. Plus encore que lui-même, son arme avait fait part d’un attachement peu commun depuis leurs retrouvailles, tant et si bien qu’il en venait à s’inquiéter un peu par moment. Aucun de ses échanges à ce sujet ne lui avait rapporté le mot d’un Zanpakutō si possessif, mais là encore, le Lee se savait hors-normes dans bien d’autres domaines, quand bien même il aurait si longtemps tenté de le cacher. Les quelques aspérités de Kirinketsu demeuraient simplement plus visibles que celles de son maître, voilà tout.

“Il est rare pour moi de croiser le chemin de zanpakutos aussi expressifs que Kirinketsu, alors je dois t'avouer que je ne m'attendais pas à voir le tien agir comme il vient de le faire. Puis-je te demander, sans indiscrétion, de m'en dire un peu plus ?"