Nagoyaka Tetsuya – Sous la Lueur de la Lune [Terminé]

Spoiler:

Kitsune, la Démone Renarde représentant le Zanpakutō, est à l'origine même du pouvoir de l'épée. Il s'agit d'une démone guerriere extrêmement combattive ayant toujours souhaitée prendre part au combat, sans que l'on ne sache véritablement d'où provienne son aversion pour les Hollow. Ainsi, le porteur de Kitsunetsuki est un outil pour Kitsune, capable de servir ses objectifs les plus hostiles envers ses ennemis... ainsi qu'envers ceux du Shinigami possédant son arme. Cela se voit concrètement : le style de combat du Shinigami sera destiné à montrer dans ses combats des parties du corps de la Démone Renarde, soit sous forme restreinte, sous sous sa forme la plus destructrice.

Ainsi, plus l'utilisateur du Zanpakutō est faible, plus celui-ci sera incapable de générer des parties importantes du corps de Kitsune. A son plus bas niveau, il ne pourrait qu'exhiber quelques griffes, quelques crocs (qu'il pourra envoyer sur ses cibles ou entourer son arme avec) ou de petites pattes, des queues de petite taille qu'il pourra faire sortir de son corps, tant qu'il est en contact avec son épée, pour frapper ses adversaires.

A l'inverse plus l'utilisateur du Zanpakutō est puissant, plus il pourra invoquer en combat des parties du corps de la Démone Renarde. De sa gueule immense pouvant dévorer de grands corps entiers à des parties du corps de taille titanesque, très puissantes et destructrices, il pourra les faire apparaître sur lui ou à proximité de son corps avant de les envoyer frapper ses cibles.

Il sera ainsi capable d'attaquer ou de se défendre à partir du corps de Kitsune, d'une efficacité équivalente à celle de la puissance de Tetsuya.

Visuellement, l'apparence du Shinigami n'est pas bien impressionnante. Sa carrure est parfaitement basique, sans artifice, elle reflète l'allure d'un jeune homme encore dépourvu de toute expérience et encore en proie à ses démons. Il n'est pas frêle, il reste étrangement droit, étrangement assuré. Ce n'est pas sa stature qui crie ses peurs, c'est son regard. Lui n'est pas fort. Lui est dépassé par la vie, dépassé par les faibles pouvoirs qu'eu exhibé Kitsunetsuki en des décennies, soumis à sa condition d'être spirituel incapable, progressant dans ses ambitions au rythme de son courage et de sa culpabilité.

Car lorsqu'il n'avance pas, il ère. Et lorsqu'il ère, il est tourmenté par le poids de son inactivité.

Sa confiance en son arme est fébrile, rampant sous poids des paroles de la Démone Renarde qui domine son Zanpakutō. Son caractère plie contre celle qui rêve d'exterminer des masses. Il se sent incapable de l'égaler, de s'estimer digne de la hargne de la Démone, de se hisser à ses côtés, aux côtés de celle qui se fut associé à lui en toute conscience de ses potentialités.

Alors c'est par la violence que Kitsune eu toujours tenté de lui enseigner.

Bien que cette même violence soit à l'origine de son effacement.

« Chère Lune, », démarra t'il sur son modeste carnet, armé de sa plume.

Elles étaient fréquentes, les occasions dans lesquelles il s'adressait à celle qui le choyait le plus depuis la disparition de ses parents. Le calepin, qu'il tenait dans ses mains, était gorgé de ces pages noircies par son encre qu'il avait tâché d'entretenir assidument depuis cet événement, gavé de ces mots qui contaient répétitivement les noirceurs de son cœur meurtrit par la Guerre Sanglante Millénaire.

« Aujourd'hui encore, ils me manquent. Je revois ces ruelles nouvellement jonchées de corps, colorées par le sang des nôtres et des miens. Je revois ces visages figés, blanchis par la mort, ces expressions gelées dans le temps que leurs muscles ne pouvaient plus animer. Je revois mes pas, traversant les quartiers, évitant les macchabées pour ne pas les insulter davantage. Car pendant tout ce temps, alors que tous défendaient les terres, je ne voyais que le blanc des murs qui m'entouraient. Je ne voyais que la peur de l'effacement, l'effroi de la mort... la crainte de l'extinction. »

Ses doigts se crispèrent le long de la tige qui formait son outil. Sa culpabilité était immense, inextinguible. Pourquoi était-il incapable de cerner le pouvoir de Kitsunetsuki ? Pourquoi n'était-il pas capable de fuser dans l'espace, de frapper avec hargne, de lutter avec fougue et de trancher avec conviction ? Pourquoi, alors que tout le monde avait pu trouver sa raison dans la foi, lui n'avait été capable que de défendre ses quelques affaires qu'il avait silencieusement dissimulé sous ses vêtements, une fois son corps tassé sous des masses de tissus ?

« Je veux te promettre que je vois le monde bouger. Je veux te promettre que leur mort n'a pas été vaine, qu'elle aura su, tardivement – et tu sais aussi bien que moi que la faute ne leur appartient pas, faire luire en moi cette étincelle d'espoir, cette bribe d'envie. Je suis en retard, je le sais. Mais je ne suis plus aveuglé. Je te promets que je souhaite en découvrir plus sur mon Zanpakutō, que je saurai développer plus que ces petites âmes ridicules qui ne peuvent que mordiller ou encaisser de faibles caillasses. »

Il résumait parfaitement la peine de son existence. D'une inaction qui lui avait coûté la perte de sa famille au désir de se repentir, voilà quelle était la nouvelle ligne directrice de sa vie. Progresser aveuglément jusqu'à côtoyer les sommets, inconscient des responsabilités qu'ils incombent, par le simple caprice de corriger l'erreur qu'il fut.

« Laisse moi te rappeler qu'un jour, à mon tour, je serai tellement craint que nul n'osera perturber l'équilibre des mondes. »

Avec l'espoir que son Zanpakutō puisse s'éveiller jusqu'à rivaliser avec ceux des plus grands, avec la peur qu'il ne soit capable que d'extraire quelques infimes parties de la Renarde qui habitait son arme, il lançait une nouvelle fois son message au ciel.

Plus jamais le Gotei 13 ne songerait à se moquer de lui. Un beau jour, lui aussi deviendrait craint et respecté.

Même si jamais ne s'imaginait-il retrouver la paix qu'il se retira irrémédiablement ce jour-là.