Tournoi #1 CO#2

Le tournoi des Espadas.
Il avait longuement hésité à y prendre part.
Après tout, comme il l'avait indiqué à Borick, il n'avait pas d'intérêt à y rentrer. C'était parfaitement vrai et il n'avait pas changé d'avis depuis. Ce qui l'intéressait, en revanche, c'était de voir de quoi étaient faits les Espadas en question.
Et si leur « numéro un » avait su se montrer à la hauteur, il n'avait pas encore réussi à mettre la main sur ceux portant les autres chiffres. Or, c'était pour ce faire la meilleure des occasions : tous ceux déterminés à garder le leur seraient ici rassemblés... De même que ceux déterminés à combler les places restantes.
Quelle qu'ait été l'Espada d'hier, elle ne serait pas nécessairement celle de demain. S'il n'aimait pas ce système basé uniquement sur la puissance brute, au moins aurait-il le mérite d'être aux premières loges pour voir qui seraient les nouveaux « soldats d'élite » du Hueco Mundo.

Et si observer aurait pu lui suffire... Tant qu'à y être, pourquoi ne pas y participer ?
Bien sûr, il n'avait aucune intention de se montrer sous son vrai jour, surtout face à tant de monde. Mais ses sens spirituels n'étaient pas très développés ; s'il voulait vraiment se faire une idée du niveau de quelqu'un, le meilleur moyen pour lui de le faire était encore de l'affronter en face à face.
Et puis, il n'était personne ; rien qu'un autre membre de l'Escoria et de ses moins-que-riens. Il pouvait bien être exclu dès le premier tour s'il le désirait, quelle importance ? Strictement personne ne comptait sur lui, n'attendait quoi que ce soit de sa part. C'était juste pour essayer.

Les combats commencèrent rapidement. L'on sentait que c'était une mécanique bien huilée, affinée et mise au point au cours des éditions précédentes. Que les participants étaient pressés de voir s'ils avaient la moindre chance de s'élever au-dessus de la masse - de devenir plus que les misérables insectes qu'ils avaient été jusqu'alors. Hélas, beaucoup d'appelés mais peu d'élus : la plupart d'entre eux ne survivraient sans doute même pas à la compétition.

Bientôt, ce fut à son tour d'être appelé à se présenter. Drapé dans sa large cape, il descendit dans l'arène comme d'autres l'avaient fait avant lui. Bien qu'il soit anonyme, la clameur se fit entendre à l'idée d'un nouvel affrontement.
Le public avait soif de sang. Il se moquait bien de savoir par qui il serait versé.
À moins que ce ne soit son adversaire qui suscite un tel enthousiasme ? Elle, après tout, avait apparemment une réputation à défendre en tant que membre de La Cámara, même si elle n'avait pas été chiffrée jusqu'alors. Un nom qu'elle entendait certainement faire respecter.

Un nom qui, malgré ses problèmes de mémoire, lui était extrêmement familier. Et s'il ne la connaissait pas sous cette forme, sa démarche lui assura rapidement qu'il ne s'agissait pas d'une erreur.
Contrairement à lui, elle n'avait que peu changé. Tout au plus avait-elle désormais un peu plus de peau à l'air libre... Celle de son visage, pour commencer.

▬ Ça faisait longtemps, pas vrai, Aviela ? la salua-t-il aussitôt d'une voix qu'elle aurait peut-être du mal à reconnaître tant elle paraissait jeune - d'autant plus maintenant qu'elle n'était plus étouffée par un masque. De même n'avait-elle jamais vu le sourire qu'il lui adressa en sortant la tête de son col. Tu as l'air en forme. Je suis content de te revoir...

La question avait longuement été posée dans son esprit. A peine l’annonce faite, l’hésitation fut présente. Elle l’avait déjà affirmé, la simple démonstration de puissance n’avait nulle valeur à ses yeux. Reliquat de leur nature bestiale, elle s’était détachée d’une telle mentalité et son avis sur le principe même de l’Espada n’était pas forcément glorieux. « Se pavaner avec un chiffre ». Voilà comment elle avait présenté la chose auprès d’Asteria.
Et puis, si elle n’était pas forcément en admiration devant les membres de cette élite, leur aura restait malgré tout indéniable. Le jeu de puissance impliqué dans la composition de ce groupe était bien présent. Elle l’avait dit après tout. Elle n’envisageait pas le poste de Primera occupé par un autre qu’un représentant de La Cámara.
Quel pouvoir aurait-elle sur ce point si elle restait en retrait ?

Telle était la raison de ma participation. Il n’y avait pas à voir plus loin. Je ne visais nullement le sommet de ce classement. Peu importait le numéro, du moment que j’en possédais un. Être la Primera n’était pas pour moi, mais multiplier les représentants de notre clan ne faisant qu’autant plus de chance que l’un des nôtres le soit. Peut-être pourrai-je même réussir à œuvrer pour que Borick conserve cette place. Après tout, je n’avais nul intérêt à ce qu’un autre s’y installe.
Epauler de la sorte l’un des miens, s’il était possible de présenter les choses ainsi, ne serait possible que par la suite. Il fallait déjà réussir à passer les premiers affrontements. Une pure démonstration de puissance propre, nul aide ou subterfuge ne pouvant venir m’aider. Je n’étais pas une combattante, cela ne serait pas forcément surprenant que je m’incline à ce moment.
Je restais malgré tout une Vasto Lorde. Il était impensable que je me soumette aussi facilement.

Son imposante cape sur les épaules, elle s’avança dans l’arène. Les membres de La Cámara étaient sans nul doute les plus distingués des leurs, il n’était donc pas surprenant de voir autre chose que des guerriers assoiffés de sang, vivant pour le frisson du combat. Pourtant, même ainsi, elle se considérait comme particulièrement éloignée de cette représentation.
S’il fallait utiliser ses poings, elle serait presque prête à se placer d’office en dernière position. Elle utilisait bien d’autres méthodes pour se défendre. Méthodes qu’elle n’avait pas prévu de déployer dans leur intégralité en ce jour.

Pourtant, il n’était pas toujours aussi facile de faire selon ses plans. Les imprévus arrivaient bien trop souvent et, il fallait bien avouer, celui qui se présentait à elle était d’une ampleur qu’elle n’aurait pu imaginer.
Déstabilisée ? Légèrement. La surprise était là. Elle avait beau être un exemple que les morts ne le restaient pas forcément, elle ne s’était pas attendue à cela.
Contrariée ? Pas vraiment. Si elle s’en serait bien passée, elle voyant en cette occasion un moyen de régler les choses une fois pour toutes. Elle n’était plus celle qu’elle fut il y a bien longtemps de cela.
Motivée ?Très certainement. Le tournoi en devenait presque un souvenir. Voir un prétexte. La place d’Espada n’était plus vraiment le but premier en cet instant. Cela devenait bien plus personnel.
Alors qu’elle se plaçait sur l’arène, son unique œil visible se posa sur son adversaire du jour. Elle aurait pu ne pas le reconnaître. Cette apparence. Ce nom. Tant de détails avaient changé. Tout comme dans son propre cas à elle.
Mais une chose ne variait jamais. L’aura. Elle la reconnaissait sans faillir.

>> Eh bien… De tous les adversaires possibles, il fallait que je tombe face à toi. Cela promet un spectacle plus intéressant que prévu. Je n’ai jamais douté que nulle divinité n’était présente à l’époque. Il sera toujours bon de le démontrer.

Durant sa première vie, elle ne s’était jamais fait d’illusion. S’opposer à lui aurait été du suicide, ses capacités étant bien inférieures aux siennes.
Aujourd’hui ? Elle n’était certaine de rien à ce sujet. Mais, clairement, elle avait envie d’y croire.

Même s'il n'en avait pas eu connaissance, Artemio n'aurait eu aucun doute quant au fait que son ancienne protégée se soit enrôlée au sein de La Cámara. Tout en elle respirait l'arrogance dont ce groupe avait choisi de faire sa carte de visite - et qui ne leur valait que du mépris de sa part.
Ce n'était pas nouveau dans son cas : aussi loin que portent ses souvenirs, elle avait toujours été empreinte d'une certaine vanité. De toute évidence, les années n'avaient rien arrangé. Il n'en fut ni surpris, ni déçu : après tout, si ce n'est physiquement, lui aussi n'avait que peu changé.

▬ Et bien, quelle arrogance ! fit-il sans perdre son sourire. Je suis désolé de te décevoir, mais tu ne vas rien démontrer du tout. Je suis juste là pour passer le temps. Et puis... Tu ne vas quand même pas te battre à pleine puissance contre un pauvre membre de la pathétique Escoria ? De quoi aurais-tu l'air, dis-moi ? Allons... Tâchons plutôt de nous amuser.

Les vivats de la foule avaient heureusement noyé ce dialogue, mais ils n'en devaient pas moins être prudents sur ce qu'ils échangeaient devant tant de spectateurs. Après tout, ces vieilles histoires ne concernaient qu'eux, et elle n'avait sans doute pas plus envie que lui de les partager avec le Hueco Mundo au grand complet.

Il n'en fut pas moins disposé à lui donner ce qu'elle désirait : une confrontation. C'était la raison de leur présence, et s'il aurait au vu de ses motivations préféré affronter quelqu'un qu'il ne connaissait pas déjà, maintenant qu'il y était, il fallait bien donner le change. Enfin, autant que faire se peut.
Ainsi Aviela put-elle sentir une aura terriblement familière - celle-là même qui lui avait permis de l'identifier - s'abattre sur elle, brûlante et étouffante, identique à ce qu'elle était dans son souvenir alors pourtant qu'il n'avait pas encore changé d'apparence. Il n'avait pas l'intention de le faire, ni ici, ni maintenant. Et là encore, de quoi aurait-elle l'air si elle s'y sentait obligée la première ?

▬ Je n'ai pas eu l'occasion de manger, avant de venir. Tu ne m'en voudras pas si je me sers ?

Sans attendre de réponse, il fit mine d'inhaler l'air ambiant, mais ne se contenta pas d'absorber ce dernier. Les spectateurs les plus proches purent sentir un malaise s'emparer d'eux alors que leur âme était comme attirée par cette soudaine aspiration - quand bien même cette dernière était essentiellement dirigée vers Aviela. Bien qu'elle n'ait pas encore pris le temps de déployer sa puissance, la pression spirituelle qu'elle dégageait naturellement devrait pouvoir lui servir de repas. Et puis, si cela pouvait convaincre leur public de s'éloigner, ils n'en seraient que plus à l'aise pour parler tranquillement...

Cette attitude. A la fois différente et Ô combien familière. Aviela serait de nature plus proche de la bête sommeillant en chaque Hollow, il était fort probable qu’une seule envie ne naisse en elle. Lui faire mordre la poussière. Ou du moins, pour être plus exacte, elle aurait du mal à la contenir et se laisserait aller à cette bestialité.
Mais elle valait bien mieux que cela. Après tout, elle était certaine que c’était peu ce qu’il cherchait. Comme une méthode afin de témoigner sa supériorité. Celle-là même qu’il devait penser toujours posséder.
Elle serait bien surprise qu’un être comme lui ne se considère réellement comme pathétique.

>> Il est amusant de te voir mettre en avant ton clan alors que déjà tu t’en démarques. Un Arrancar au sein de la Escoria. Cela seul ne te démarque-t-il pas de tes pairs ?

Elle pourrait lui demander pourquoi il avait décidé de se joindre à eux. Pourquoi rejoindre la vermine. L’ancienne divinité reléguée au sein des plus misérables du Hueco Mundo. Il avait forcément une raison.
Mais elle ne voyait pas pourquoi il l’admettrait ainsi. Pas face à elle. Pas au milieu de la foule. Peut-être pourrait-elle le forcer à avouer après l’avoir vaincu. Cela serait encore mieux s’il pouvait révéler ses véritables intentions devant témoin.
Elle n’était simplement pas idiote. Si elle ne doutait pas qu’il devait cacher quelque chose, elle savait bien que même le vaincre ne pourrait le faire avouer. Elle se contenterait donc de l’écarter de sa route.

Alors que la chaleur se faisait ressentir, elle prenait une profonde inspiration. Le feu était son élément, mais cela ne la rendait pas insensible à celui des autres, hélas. D’un geste, elle généra une barrière devant elle, bloquant l’inspiration qui avait accompagné l’aura étouffante.
Pensait-il réellement que cela aurait le moindre effet sur quelqu’un comme elle ?

>> Dévorer ses fidèles. Stratégie payante, je dois l’avouer. Tes anciens fanatiques m’ont bien servi afin de devenir ce que je suis. Mais désolée de te décevoir, je n’ai jamais été de ceux-là. Je me doute que cela te prive d’un mets des plus exquis, mais il va falloir t’y faire.

Ce léger sourire sur mon visage démontrait une chose. S’il prenait les choses à la légère, tel était mon cas également. Cet affrontement ne serait possiblement pas le combat le plus impressionnant que les êtres présents auraient l’occasion d’observer ce jour. Tant pis pour eux, je n’étais pas là pour assurer le spectacle.
Ma protection estompée, je croisais les bras sous ma poitrine. Mes pieds n’avaient pas bougé d’un pouce depuis que j’avais pris position, je comptais bien que cela reste le cas. Et, à priori, nulle intention combative. Pourtant, malgré le Reiatsu de mon opposant, et sans esquisser le moindre mouvement, deux Cero furent utilisés coup sur coup.

>> Mais en effet, je ne vais pas utiliser toute ma puissance. Tu ne vaux au final pas une telle peine.

Elle était bien consciente que si son adversaire devenait sérieux, elle serait certainement obligée de l’être également.
En attendant, autant s’amuser quelque peu.

▬ Ce n'est pas comme si j'y étais le seul Arrancar, même si je dois admettre que nous sommes très peu nombreux. Et de toute façon, je ne peux pas non plus revenir en arrière. rétorqua-t-il en haussant les épaules.

Et comme elle pouvait s'en douter, ce n'était pas non plus comme s'il avait grand chose à faire de ces histoires de clan. S'il avait rejoint l'Escoria, c'était avant tout car c'était plus pratique pour lui d'y obtenir des informations et de se fondre dans la masse.
Aucune des autres factions n'était à même de l'accueillir - ou plutôt, elles lui seraient très rapidement devenues insupportables. À la rigueur, peut-être aurait-il pu se faire une place au sein de ces étranges Arrancars qui avaient élu domicile dans la cité rupestre, mais il n'était pas sûr que leurs tendances isolationnistes s'accordent avec son besoin de réponse... Ou, pour tout dire, sa soif de violence.
Sans être une bête sanguinaire comme ces sauvages de Las Manadas, sa séance d'entraînement avec Riful n'était pas sans lui avoir rappelé qu'il aimait se dégourdir les jambes de temps en temps, d'autant plus maintenant qu'il pouvait le faire de face plus discrète qu'à l'époque tant qu'il n'avait pas recours à sa libération. Toutefois, il le ferait selon ses propres termes et pas en l'honneur d'un quelconque seigneur de guerre, fut-il baptisé « roi panthère ».

Sans surprise, cette chère Aviela se montra capable de résister à son inspiration. Le contraire eut été étonnant. Il s'agissait moins d'une véritable attaque que d'une simple boutade destinée à voir si elle n'était pas rouillée après tout ce temps passé à se pavaner dans sa tour d'argent. Mais à défaut d'avoir su garder une certaine modestie, il fallait croire qu'à défaut d'avoir gardé un semblant de modestie, au moins avait-elle su se maintenir en forme.

▬ Quel dommage... Je suppose que je vais devoir attendre qu'on en ait terminé pour me nourrir de toi. fit-il d'un air moqueur.

Il n'en avait pas réellement l'intention : il avait depuis longtemps dépassé le stade où l'on avait encore besoin de se nourrir... Même s'il admettait le faire parfois par simple gourmandise.

Ce fut son tour de s'en prendre à lui, au travers de ce qu'il estima être tout autant un coup de semonce que sa propre attaque. Elle n'espérait tout de même pas réellement pouvoir lui causer du tort avec un Cero aussi dérisoire ?
Un Bala dévia la trajectoire du premier pour l'envoyer se perdre dans le décor, avec force cris de terreurs de la part de ceux rassemblés autour de l'arène qui, pour la plupart, n'avaient sans doute pas prévu de venir des dommages collatéraux.
Quant au second... Il lui fit l'affront de le repousser d'un simple coup de poing, de cette main d'enfant qui paraissait à peine capable de brandir un sabre - lequel n'avait d'ailleurs pas quitté son fourreau, à peine visible sous les larges étoffes qui cachaient son corps chétif. Quand bien même elle aurait tenté de l'exposer au grand jour, jamais n'aurait-on pu croire que cette maigre carcasse cachait en vérité une existence millénaire.

▬ Tu m'avais habitué à mieux. ne put-il s'empêcher de commenter, en voyant son gant à peine éraflé. Et d'ailleurs... Pourquoi une telle hostilité ? Que je sache, je n'ai rien fait pour mériter un tel traitement. Est-ce que c'est parce que j'ai disparu sans prévenir ? Si c'est le cas, je peux t'assurer que ce n'était pas volontaire de ma part... Mais bien sûr, je ne peux pas t'obliger à me croire.

Non qu'il s'en soit senti coupable. Il ne leur devait rien, au contraire. Après ce premier échange fort peu productif, il parut de bon ton d'accélérer un peu les choses. S'ils voulaient du spectacle, il allait leur en donner. Maintenant en place la chaleur de son aura, il fit naître un Cero tout à fait conventionnel au creux de sa main, baignant son visage d'une lueur écarlate.

À mon tour, maintenant. Tu es prête, j'espère ?

Rieur, il n'attendit pas plus longtemps pour faire feu en direction de son buste, sans finesse particulière. Pour elle qui avait déjà eu l'occasion de contempler sa puissance, il devait être facile de sentir qu'il était loin d'y avoir mis tous ses moyens ; comme l'aurait-il pu, alors qu'il n'était pas même sous sa forme véritable ?
Qui plus est, avec une telle trajectoire, il serait très certainement facile à parer... Ou du moins l'aurait-il été s'il n'avait pas bifurqué brusquement pour la contourner, essayant plutôt de venir éclater au creux de son dos dès qu'il eut légèrement tourné la main et focalisé dessus toute son attention.
Et aussi faible soit-il en comparaison de ce qu'il pouvait faire de mieux, il n'était jamais bon d'être frappé en pleine échine... Le petit papillon gracile qu'elle était sous ses grands airs allait-il se cacher encore longtemps ?

En voyant ce duel, il était difficile de se dire que l’enjeu était une place au sein de l’Espada. L’un comme l’autre semblait prendre cela quelque peu à la légère, comme s’ils y participaient pour des raisons autres que la plupart de leurs congénères. C’était certainement le cas d’ailleurs, sinon le but aurait pris les devants sur le passé qui pouvait venir interférer.
Mais il semblait surtout s’être mis en place une sorte de jeu entre eux. Du moins c’était ainsi qu’elle l’interprétait.
L’un voulant probablement montrer qu’il était toujours supérieur à l’ancienne chose fragile, obligée de rejoindre un groupe par la force.
L’autre démontrant que cette vie était loin derrière elle et qu’elle avait depuis bien longtemps dépassé ce stade.

Il serait idiot de croire qu’elle eut un seul moment considéré que les Cero puissent réellement mettre à mal celui qui pouvait paraître comme un gamin face à elle. Elle savait bien qu’elle n’avait pas non plus affaire au premier Hollow venu incapable de faire face à une technique aussi basique.
Elle n’eut même pas de réaction particulière en voyant la facilité avec laquelle il s’en protégea. Bien sûr, elle ne s’était pas attendue à ce que cela soit aussi simple pour lui, mais elle était bien consciente qu’utiliser l’attaque emblématique des Menos de la sorte ne pouvait se faire sans perdre de la puissance en contrepartie.

>> Est-ce si surprenant de se battre en un tel lieu ? Je pensais pourtant que là était le but de ce tournoi. Il aurait fallu me prévenir qu’il s’agissait normalement d’une simple discussion. De quoi j’ai l’air maintenant…

Bien entendu, elle n’était pas aussi idiote. Il restait cependant amusant de voir qu’il lui reprochait une quelconque hostilité tout en étant celui ayant ouvert celles-ci. Certes, là encore, elle voyait où il voulait en venir. Mais, là encore, elle ne pouvait aller en ce sens.
Certes, elle se doutait bien qu’il cherchait simplement à prendre un ascendant psychologique, certainement véritable plan où ce jouait l’affronter. Ou, au moins, se présenter en pauvre victime, ce qui correspondait à sa mention de la Escoria. Pourtant, elle était d’une grande retenue dans ses mots.
Si elle voulait se montrer hostile envers quelqu’un, même verbalement, il était évident que cela se ferait autrement.

Le Cero qu'il utilisa en réponse ne fut pas plus impressionnant que ceux utilisés par elle-même, bien au contraire. L’usage en était cependant quelque peu ingénieux, modifiant leur trajectoire afin de frapper plus efficace. Bien entendu, il était normalement plus difficile de se protéger d’une attaque dans son dos lorsque l’adversaire était face à nous.
Pourtant, quand la poussière soulevée par l’impact se dissipa, il était possible de voir que la blonde était presque indemne, une barrière l’entourant complètement. La Negación se dissipait tandis qu’elle avait redressé une main, les bras toujours croisés, comme si elle regardait ses ongles en raison d’un profond ennui.
Son œil gauche se releva alors, fixant de nouveau son opposant.

>> Quant à ta disparition… Et bien dommage que cela soit involontaire, car c’est certainement la meilleure chose que tu aies pu faire de toute ton existence. Ton image en était même plus grande que jamais. Après tout, je m’y suis attelée afin de donner une utilité aux imbéciles te vénérant. Sans moi, tu aurais sans nul doute sombré dans l’oubli le plus total.

Il y aurait presque de quoi regretter. Si je n’avais pu atteindre mon évolution actuelle, cela aurait certainement été le cas. Entretenir une image à laquelle je n’avais jamais cru et ne pas en tirer profit, c’était une définition d’un plus grand échec encore que ma mort passée.

>> Mais bon, la réalité est bien souvent en deçà des légendes. Je n’ai donc nulle raison de m’épuiser à la tâche.

De sa main redressée, un claquement de doigts. Ce qui était déjà bien plus que précédemment. Presque simultanément, trois Cero furent utilisés, de nouveau presque sans le moindre chargement de l’attaque.
S’il voulait impressionner, encore fallait-il qu’il soit capable de la faire bouger. Pour l’heure, il était bien difficile de croire qu’elle était en plein affrontement.

▬ Bien sûr, mais rien n'empêche de rester courtois. Nous pouvons échanger des coups, mais les mots...

Dramatiquement, il porta une main à son torse, feignant d'avoir été frappé en plein cœur. S'il se moquait bien en vérité qu'elle se montre aussi hostile, les raisons n'étaient pas sans l'interroger - surtout après si longtemps.
Qu'est-ce qui pouvait bien avoir eu tant d'importance à ses yeux pour qu'elle lui en veuille encore après tout ce temps ? Cela faisait plus de mille ans.
Si pour lui ceux-ci étaient passés en un battement de cils, elle avait pour sa part - jusqu'à preuve du contraire - eu tout le temps de passer à autre chose. Pourtant, tout portait à croire que son inexplicable rancune était encore tenace.

▬ Ça fait mille ans, tu sais. Je ne sais pas que tu imagines que je t'ai fait, mais il serait peut-être temps de tourner la page.

Il l'avait bien fait de son côté, pourquoi n'en serait-elle pas capable ? Après tout, à son sens, il ne possédait rien de valeur - ne laissait rien derrière lui. Les regrets et lui n'avaient jamais fait bon ménage, aussi veillait-il à n'en garder aucun. De toute façon, ceux-ci n'étaient-ils pas l'apanage des faibles ? De ceux qui sont incapables de faire tout ce qu'ils veulent sans avoir à craindre les conséquences ?

Une nouvelle fois, l'offensive d'Artemio rencontra une résistance immédiate, sans qu'il s'en inquiète outre-mesure... Après tout, ils ne faisaient qu'échanger des amabilités, chacun refusant de montrer les cartes qu'il cachait encore dans sa manche. Plutôt que d'encore dévier sa riposte, il choisit de l'encaisser de front, sans broncher, ni même reculer ne serait-ce que d'un pas. Si sa cape s'en trouva partiellement déchirée, son corps, lui, était presque intact ; tout au plus avait-on pu voir apparaître quelques égratignures sur sa peau pâle. Contrairement à elle, il n'avait rien à gagner à se prétendre intouchable, bien au contraire. Briller, mais pas trop.

▬ Je n'ai jamais rien demandé à personne. Ni à toi, ni à personne d'autre. Ne me tiens pas responsable de ce que tu étais incapable de refuser, je n'y suis pour rien.

Ce qui n'était pour eux que des attaques triviales étaient déjà plus qu'il n'en faut pour valoir des exclamations de part et d'autre de la foule. Ils ne faisaient peut-être qu'employer les armes inhérentes à leur espèce, mais même sans se prendre au sérieux, le faisaient avec plus de brio que nombre de leurs congénères. Certains n'étaient qu'à peine capable de former un Cero - et encore.
Néanmoins, il devait bien admettre qu'il y avait plus passionnant à regarder qu'un combat de tourelles. Et s'il n'avait aucune ambition quant à sa performance et à la manière dont elle serait évaluée, il préférait aussi profiter un peu de sa mobilité retrouvée pour faire quelques acrobaties. Ainsi se lança-t-il dans les airs, s'élevant rapidement au-dessus de l'arène, une sphère d'énergie apparaissant déjà dans chacune de ses mains.

▬ Mettons-y un peu d'enthousiasme, suggéra-t-il haut et fort avant de faire pleuvoir sur elle une nuée de Ceros, lâchés en rapide succession.

Si elle voulait s'aventurer sur le terrain des tirs en rafale, son ancien maître allait lui montrer qu'elle n'était pas la seule à pouvoir le faire. Et s'il n'était déjà pas vraiment rassurant de se retrouvé bombardé de la sorte, sans doute l'était-il encore moins de voir les faisceaux se regrouper en plein vol, rassemblant leur puissance.
Maigre, certes, mais pouvait-elle pour autant les sous-estimer ? D'autant plus quand Artemio se laissa tomber du ciel à la suite, chutant parmi ses propres rayons pour foncer droit sur elle, se préparant déjà à saisir son aura à pleines mains, avec la ferme intention de goûter ce repas qu'elle lui avait refusé un peu plus tôt.
Au fond, ce serait cela, sa vraie victoire ; lui prouver qu'elle pouvait encore être dévorée.
Qu'aussi haut qu'elle ait pu s'élever, elle n'était pas à l'abri de ses crocs retrouvés.

>> Ah, il était temps.

L’échauffement se devait de toucher à sa fin à un moment. Ce dernier était visiblement arrivé. Les attaques sans conséquences semblaient terminées. Impatience ? Constat que cela ne mènerait à rien ? Il était difficile d’affirmer quoique ce soit. Là encore, elle n’était pas idiote et voyait bien qu’il ne donnait pas non plus tout ce qu’il avait. Après tout, il était encore sous cette forme enfantine au lieu de faire ressortir celle qu’il possédait autrefois.
Les assauts étaient cependant bien plus virulents. Avait-il une quelconque volonté de montrer que lui aussi savait utiliser les Cero en succession ? Il était possible de le croire. De nouveau, elle pourrait élever sa barrière en opposition. Ne pas bouger d’un centimètre, rester intouchable ou presque.
Mais elle n’en fit rien.

Coup sur coup, les attaques touchaient. En ce compris ce dernier coup, cherchant non pas à la blesser physiquement, mais à l’affaiblir. Il pourrait penser réussir à démontrer sa supériorité, elle avait autre chose en tête.
Comme pour signifier ce regain d’intérêt dans ce combat, elle se mit également en mouvement afin de remettre de la distance entre eux.

>> Tu sais, tu n’es pas le centre du monde. Je n’ai jamais dit que tu avais fait quelque chose, que tu étais responsable. Bien au contraire.

En un sens, c’était son inaction qui fut responsable de tout. Il n’avait jamais demandé un culte, mais n’avait rien fait pour l’empêcher. Il n’avait jamais exigé de ses fanatiques de me tuer ou me recruter, mais il n’avait jamais fait en sorte que je garde ma liberté. Sa passivité était l’origine, mais il se trompait à croire que je lui en tenais quelconque rancune.
La vie que j’avais obtenue par la suite fut à mon goût. Celle que j’avais maintenant également. Il n’aurait pas été mon adversaire désigné, je n’aurai nullement cherché à l’affronter.
Il n’en valait tout simplement pas la peine.

>> Bien, maintenant que tu as décidé de t’y mettre, autant accélérer les choses, non ? Virevolte, Bruja Carmesi.

Avant de réciter ses mots, la Sorcière extirpa la dague constituant son Zanpakutō de son manteau et s’entailla le poignet. Nul sang n’en coula, mais des papillons enflammés, venant se regrouper autour d’elle en grand nombre, la masquant totalement à la vue de quelconque spectateur avant de se disperser sur l’ensemble de l’arène, révélant la forme retrouvée de la Bruja Carmesi.
Portant alors une main à la partie gauche de son masque, elle en brisa une partie, révélant son œil tandis que le fragment dans sa main s’enflamma, donnant naissance à un Mariposa Infernal plus imposant que les autres et se plaçant à ses côtés.

>> Que dirais-tu d’une danse afin d’élever le spectacle pour ceux nous observant ?

Son sourire démontrait un certain amusement. Si quelques instants auparavant elle évitait le moindre geste, il n’en était rien. Semblant flottant au-dessus du sol, elle glissait sur le côté en maintenant ses distances.
Puis, d’un geste, son essaim se regroupa en totalité autour d’elle. Une première partie fut alors mise en mouvement en mouvement, accompagné de celui issu de son masque, déferlant telle une vague sur le Vasto Lorde face à elle. L’instant d’après, un nouveau Cero fut tiré sans préparation, accompagné du reste des créations de l’Arrancar.

Certains Mariposa Infernal furent détruits dans l’assaut, affectant directement leur génitrice. Voir une partie de son être se consumer n’était que rarement agréable. Pourtant elle n’en laissa rien paraître, effectuant un nouveau mouvement du bras, entraînant ainsi les insectes enflammés dans une valse chaotique autour de l’adversaire dans le but de maintenir l’assaut.
De son côté, elle se contenta de faire comme lui auparavant. Une profonde inspiration dans leur but supposé de se nourrir d’âme, mais l’objectif principal étant bien entendu de drainer ses forces comme lui venait de le faire.

▬ Alors pourquoi une telle amertume ? Et moi qui me faisais une joie de revoir un visage familier...

Enfin, façon de parler. Il n'avait jamais vu son vrai visage, au propre comme au figuré - et, à vrai dire, s'en fichait éperdument. Ce n'était pas comme s'il tenait à ce qu'il avait essayé de construire, pour la bonne et simple raison qu'il ne l'avait pas fait. Tout ce qui avait existé autour de lui s'était fait malgré lui, sans qu'il l'ait souhaité, sans qu'il en ait voulu. Pas plus qu'il n'avait voulu d'elle, d'une certaine manière...

Refusant elle aussi de s'enfermer dans une guerre des tranchées, Aviela choisit d'encaisser son attaque, mais aussi de procéder à sa libération. Il esquissa un sourire, ne s'estimant pas mécontent d'avoir pu l'y forcer sans avoir lui-même eu l'intention de le faire à aucun moment. Malgré toutes ses provocations, elle savait à qui elle avait affaire : il était normal qu'elle se donne les moyens de faire face.

▬ Oh, tout ça pour moi ? Il ne fallait pas...

D'une certaine manière, les représentants de l'Escoria étaient l'exact opposé de ce que ceux de La Cámara espéraient être. Misérables et miséreux, faibles et méprisables - de leur point de vue, tout du moins.
Le simple fait qu'elle recoure à sa vraie puissance pour abattre l'un d'entre eux - et surtout, un qui ne l'avait pas fait lui-même, justifiant de se mettre à niveau - pourrait ne pas plaire aux plus rigoureux parmi ses estimés confrères. Enfin, ce serait à elle de s'en préoccuper...

Pour sa part, Artemio préféra se concentrer sur le déluge d'attaques qui lui étaient adressé. Manifestement, ils avaient tous les deux fini de s'échauffer et allaient enfin pouvoir passer aux choses sérieuses.
Il n'en sortirait pas intact, il en avait parfaitement conscience et ne chercherait pas à le faire, préférant dresser une barrière autour de lui pour parer au plus urgent.
Aussi robuste que soit le sien, le Negación - originellement une technique de Menos Grande - n'était pas conçu pour encaisser une telle puissance ; il ne fallut pas longtemps avant de voir apparaître les fêlures à la surface, avant qu'il ne cède sous la pression.
Débordé, Artemio n'eut que le temps de grimacer avant que le reste de la salve déferle sur lui, sans pouvoir mieux s'en protéger que ce n'était déjà fait. Le sang était versé, enfin. C'était une bonne chose de faite, même si c'était le sien.
Après tout, comment donner l'impression qu'ils se battaient sérieusement s'ils s'en sortaient l'un et l'autre en parfait état ? Ce ne serait pas très convaincant...

▬ Pas mal. Amusé, il trempa les doigts dans le filet de sang qui lui avait couvert une partie du visage, né d'une légère blessure au niveau du front. Il n'avait pas souvent l'opportunité de voir ce qui coulait dans ses veines, c'était une occasion à célébrer. Pourquoi pas avec une danse, en effet. Je n'ai jamais été un très bon danseur, mais je vais voir ce que je peux faire.

D'un mouvement rapide, il passa derrière elle, un Bala déjà matérialisé au bout de ses doigts. Et s'il le jeta dans sa direction comme il l'aurait fait de n'importe lequel d'entre eux, celui-ci s'anima une nouvelle fois avant de l'avoir atteinte pour plutôt la frapper de part et d'autre, l'érafler ici et là en tournoyant autour d'elle avant d'éclater comme il aurait dû le faire...
Contrairement à elle, il n'avait pas la chance de pouvoir produire de petites créatures pour lui rendre service, mais ses techniques spirituelles le servaient tout aussi efficacement. Moins jolies, très certainement, mais tout aussi efficaces. Avant qu'il n'explose enfin, elle pourrait toutefois le sentir brusquement gagner en puissance - se gorger d'envie de nuire.
Et pourquoi pas d'en finir.

>> Oh, à d’autres. Tout le monde sait bien que tu n’as d’intérêt pour d’autres que toi-même.

Du moins, c’était ainsi qu’elle l’avait toujours compris. Il se moquait de ce que pouvaient bien faire des Hollow en son nom, car il n’accordait nulle importance à leur existence même. Il fut un Vasto Lorde bien avant elle et, dans un sens, elle pouvait comprendre cette mentalité. Elle ne la partageait nullement, considérant que même la vermine pouvait se révéler utile, bien souvent à ses dépens.
Son cas à lui était bien différent. Du moins à l’époque, mais cela ne semblait pas avoir changé. Etait-ce pour cette raison qu’il avait décidé de se placer au sein de La Escoria ? Se disait-il que les misérables pourraient de nouveau se mettre à le vénérer ? Si ce fait ne semblait que peu l’intéressait à l’époque, il ne serait pas étonnant que cette absence ne représente un manque pour lui.
Elle serait bien curieuse de le voir face à l’un des quatre chefs du Hueco Mundo. Le sien n’étant pas non plus celui inspirant la plus grande faiblesse, même sans être un Arrancar.

La danse n’était cependant pas terminée. Avant de s’occuper du futur, il fallait déjà régler le présent.
Si le début de ce duel fut calme, la suite s’accéléra quelque peu, les participants passant d’une position très défensive à de pures actions offensives. D’indemnes, les blessures commencèrent à se manifester sur l’un comme sur l’autre.
Dans son cas, son sang se transformait bien vite en nouvelles créatures pour la servir, illuminant l’arène de leurs ailes embrasées. S’il y avait bien une chose dont elle ne doutait, c’était d’offrir à leurs observateurs un spectacle d’une grande beauté.
La nouvelle attaque qu’elle subit fut surprenante qu’il fallait bien dire. Un simple Bala, de nouveau à la trajectoire surprenante, mais devenant soudainement d’une puissance bien plus grande. L’être face à elle avait de toute évidence grandement perfectionné l’art des techniques propres à leur race.

>> En plus de tout ramener à toi, tu n’écoutes que ce que tu veux. Quelle tristesse. Comme je l’ai dit, le spectacle n’est pas pour toi, mais pour eux !

Elle écarta les bras, désignant la foule tandis que l’essaim se regroupait une nouvelle fois autour d’elle, toujours plus nombreux. Sa mise en scène était de toute évidence grandement théâtrale, ses sortilèges ayant pour but d’également envoûter les témoins.
Mais penser qu’elle ne donnait que dans les effets visuels serait une bien grande erreur de la part de quiconque lui faisant face. D’un doigt, elle traça une ligne face à elle. Après tout, son opposant n’était pas le seul à avoir sublimé cet art.

>> Il va pourtant falloir travailler tes pas si tu souhaites tenir face à ça.

De nouveau son sourire, pouvant être vu comme l’expression de l’assurance de sa victoire. Ce n’était pas la réelle raison de sa présence, et ne le serait jamais. Même vaincre son ancien geôlier, aussi involontaire que cela ait pu être de sa part, ne serait qu’un simple bonus appréciable plutôt qu’un objectif.
Un geste de la main et la ligne se brisa en morceaux, formant un grand nombre d’aiguilles spirituelles, se dirigeant droit vers leur victime. Certaines transpercèrent quelques papillons entourant la Vasto Lorde, les détruisant au passage, tandis qu’une grande partie de ceux encore intacts se mit en mouvement également. Certains pour détruire, d’autre pour simple se poser sur Artemio dans le but de gêner ses mouvements et le rendre plus vulnérable.

▬ Je suppose que c'est vrai, oui... Que veux-tu, on ne peut pas tous se contenter de ramasser les miettes.

Il ne chercha pas à la contredire : Aviela avait certainement raison. Non pas au sens où il était obnubilé par sa petite personne - pas si petite, contrairement aux apparences -, mais plutôt qu'il n'avait aucun intérêt pour autrui, dans la plupart des cas.
D'une certaine manière, sa résurrection l'obligeait à se pencher davantage sur son entourage, bien plus qu'il ne l'avait fait de son vivant - si le terme avait encore le moindre sens. Il n'aurait su dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose, du moins pas encore, mais il était certain qu'il ne pouvait plus se permettre d'évoluer avec la même apathie.
Oh, il aurait pu révéler qui il était, tenter de remettre sa légende au goût du jour - mais n'en avait pas la moindre intention. Les temps avaient changé : le Hueco Mundo avait de nouveaux héros, de nouveaux épouvantails remplissant le même rôle que celui qu'il avait tenu autrefois.
S'il voulait se refaire une place au panthéon des légendes, ce ne serait pas sans d'abord devoir jouer des coudes, et c'était une démarche qu'il ne projetait pas d'entreprendre. S'il devait à nouveau être révéré, ce serait sans avoir cherché à l'être ; il trouvait cela de mauvais goût.
Bien sûr, ce n'était pas quelque chose qu'elle pourrait comprendre...

▬ Pour eux ? Ne me fais pas rire, railla-t-il, profitant que l'altitude les place à l'écart des oreilles indiscrètes. Tu dis ça comme si tu en avais quelque chose à faire. Tu ne vaux pas mieux que moi...

Ils n'étaient que des pions, des outils qu'ils mettaient à profit pour manipuler l'opinion à leur avantage - pour être leurs nouvelles vedettes, les garants de la paix fragile qui régnaient entre les différents clans.
De même qu'eux ne seraient que les laquais de leurs chefs respectifs s'ils devaient arriver à leurs fins ; de précieux soldats placés judicieusement pour accroître leur influence... Était-ce vraiment ce qu'il voulait ?

Le temps d'y réfléchir, il se trouva à nouveau sous le feu ennemi. Par réflexe, il érigea cette même barrière qui, si elle lui avait déjà fait défaut, ne l'en avait pas moins protégé d'une bonne partie des dégâts qu'il aurait dû subir. De toute façon, ce n'était pas comme s'il avait mieux à sa disposition.
Après quelques secondes de vaillante résistance, le Negación se trouva broyé à nouveau, mais pas sans d'abord avoir épongé une bonne partie de la puissance de l'attaque et ce malgré la tentative de limiter ses mouvements. La déflagration n'en produisit pas moins un vaste nuage de fumée, laissant planer le doute sur les conséquences de cet énième assaut.

▬ Ce petit jeu commence à me lasser, put-elle néanmoins entendre de l'autre côté de cet écran, confirmant - au risque de la décevoir - qu'il était encore en état de parler. Pire encore, comme elle s'en rendrait bientôt compte : qu'il s'attelait à se soigner, gommant peu à peu les dégâts considérables qu'elle avait réussi à lui causer. Je pense qu'il est temps qu'on en finisse. Qu'est-ce que tu en dis ?

Et soudain pourrait-elle sentir à nouveau cette sensation de traction s'appliquer à son énergie, à ces réserves qui commençaient à cruellement lui manquer. D'un simple geste de la main, il semblait vouloir arracher l'aura qu'il lui restait - et y parvenir, s'attelant d'ores et déjà à attirer cette portion intangible vers ses lèvres pour s'en gorger, si elle ne faisait rien pour s'en protéger. C'état après tout tout ce qu'elle était : un avant-goût de ce qui l'attendait après.
Pourquoi lui accorder plus de considération, alors ?

>> Encore une preuve que tu es bien incapable de comprendre autrui…

Sa vision qu’il pouvait avoir de ceux l’entourant était possiblement encore plus déformée que celle de son ancienne prêtresse. Il s’agissait certainement d’une conséquence logique à son histoire, sa montée en puissance le plaçant à un niveau autre, mais surtout l’isolement qu’il s’était lui-même imposé. Seul, avec du monde autour. Il n’avait jamais cherché plus loin. Il n’en avait jamais ressenti le besoin.
Et il partait certainement du principe que les autres étaient comme lui. Pourtant, par le passé, la blonde avait rejoint le groupe qui s’était formé derrière lui. Par la contrainte, mais cela ne changeait pas se fait. Elle avait évolué en son sein, se l’était accaparé et, contrairement à lui, l’utilisa de façon active.
Et, par la suite, même durant son errance, elle avait toujours fait en sorte de se faire remarquer. Elle n’avait jamais existé seule, car à quoi bon avoir le pouvoir si personne ne pouvait l’observer ?

Le spectacle qu’elle offrait ne pouvait passer inaperçu. Bien sûr, cela devait également être son cas à lui. Si sa Resurrección était bien ce qu’elle devait représenter, un géant de feu n’était pas le genre à être discret. Mais ses Mariposa Infernal offraient un spectacle sans nul autre pareil, elle en restait persuadée.
A défaut de victoire, elle espérait au moins avoir su ensorceler la foule. C’était le minimum à attendre de la part d’une Sorcière après tout.

>> Mais il serait bien trop long, et surtout vain, de tenter de t’expliquer un concept que tu es bien incapable de saisir. Mettons en effet fin à tout cela.

Une nouvelle fois, ses créations se réunirent autour d’elle. Jusque là signe d’attaque, leur but cette fois fut de protéger leur Reine, lui épargnant la nouvelle action de son adversaire, restant étonnement immobile dans l’action. Puis, de nouveau, leur danse reprit. Peut-être un peu plus rapide cette fois, mais surtout sans s’éloigner de leur maîtresse.
Par deux fois, elle en attira plusieurs à elle, les réintégrant littéralement à son être et régénérant certaines de ses blessures. Et, une nouvelle fois, il fut impossible de la voir derrière l’essaim l’enveloppant en totalité.
Contrairement à précédemment, ce dernier ne se dispersa pas, se réunissant au contraire dans ce qui formait de nouveau son Zanpakutō qu’elle rangea dans sa tenue retrouvée. La Resurrección n’était plus et la blonde retrouvait son apparence d’Arrancar.
Un vaste sourire s’inscrivit alors sur son visage.

>> Eh bien, il semblerait que je ne sois pas de taille face à l’ancien Dieu du Feu revenu d’entre les morts. Je suis bien obligée de m’avouer vaincue.

Ces mots furent prononcés suffisamment fort pour que l’assemblée et surtout les chefs présidant cet affrontement puissent l’entendre. Afin que la fin de ce duel soit effectivement marquée. Le tout accompagné d’une révérence bien trop exagérée pour être sincère, à l’attention de l’ensemble, y compris son opposant qu’elle fixa un instant de son unique œil avant de se retourner et quitter l’arène.
La victoire à ce tournoi n’avait après tout jamais été un objectif. Au mieux elle espérait avoir suffisamment marqué les esprits. Au pire ? Et bien elle se moquait de rester une simple Fracción.