Tournoi #2 CO#3

Même s'il n'y accordait qu'une importance toute relative, Artemio s'était attendu à devoir défendre son titre - ou, du moins, à ce que ce soit ce que l'on attende de lui.
Au lieu de cela, voilà qu'on l'envoyait jouer les médiateurs dans un duel qui, plus que de la mise à l'épreuve relevait de la mesure disciplinaire.
Hethna, cette « nouvelle » Arrancar qu'il avait récemment rencontré, avait apparemment attiré suffisamment l'attention - et pas de la meilleure des manières, pouvait-on en déduire - pour que les têtes couronnées est estime qu'une punition était de rigueur.
Quant à savoir jusqu'où ils allaient pousser le vice... Et bien, la consigne disait bien qu'il ne devait que s'assurer qu'elle ne meure pas ; celle-ci étant on ne peut plus limpide, faire du zèle n'était pas dans son intention.
D'autres se seraient certainement sentis flattés - voire auraient été aux anges - d'être sollicités directement par l'un des illustres personnages qui présidaient l'événement ; de pouvoir servir l'Acuerdo et se faire bien voir auprès d'une de leurs idoles.
Lui s'en moquait, évidemment, quand bien même Yrronos n'était pas celui envers lequel il se sentait le plus réfractaire - sans quoi il n'aurait pas choisi de se ranger sous ses ordres ; ce qui ne l'empêcha toutefois pas d'accéder à sa demande.
Avoir été « relevé de ses fonctions » par la tenue de ce nouveau tournoi ne voulait pas dire qu'il ne devait pas préserver les apparences - d'autant que l'identité de celle avec laquelle l'accusée avait maille à partir ne manqua pas d'attiser son intérêt envers un litige qui ne le concernait que trop peu.
D'un Sonido, il descendit donc dans l'arène pour y rejoindre les participantes.

▬ Mesdemoiselles, les salua-t-il d'un air jovial, semblant descendre des marches invisibles, les bras croisés dans son dos. Je crois comprendre que vous avez quelques comptes à régler.

Non que ce soit très surprenant : l'une comme l'autre avaient réussi à provoquer son irritation, chacune à leur façon. Si les griefs qu'il avait envers Aviela étaient évidemment plus profond, il n'était pas non plus sans comprendre comment sa « camarade » de l'Escoria avait pu être la cause d'un incident.
Après tout, lui-même n'était pas passé loin de lui régler son compte, même si - quelle que soit la dureté qui avait pu être la sienne sur le moment - elle n'avait sans doute même pas conscience que l'idée l'avait ne serait-ce qu'effleuré. Non que cela fasse d'elle un cas isolé : l'on s'en apercevait rarement avant qu'il soit trop tard...

▬ Loin de moi l'idée de me mêler de vos affaires, reprit-il, placide, quand bien même c'était exactement ce que l'on attendait de lui, mais je serais curieux de savoir ce qui a pu mener à cette situation. Qui sait, peut-être pourrai-je alors vous aider à régler vos différends. Qu'en pensez-vous ? C'est une proposition raisonnable, non ?

Une proposition qu'il se serait bien gardé de faire s'il pensait qu'elle puisse avoir la moindre chance d'aboutir à quoi que ce soit.
Si Aviela lui tenait encore rigueur de quelque chose qu'il avait fait - ou plutôt n'avait pas fait - il y a de cela plus de mille ans, il n'y avait aucun doute quant au fait qu'une offense vieille d'à peine quelques jours soit encore loin d'être pardonnée.

Et qui sait ? Peut-être serait-ce pour l'une d'entre elles - qu'importe laquelle - l'occasion de fournir un argument convaincant pour faire pencher les chances en sa faveur avant le début des hostilités.
Ou peut-être pas. Tout dépendait de ce qu'elles avaient à dire - qu'elles aient seulement envie de lui parler avant de laisser leur animosité prendre les devants.
D'une manière ou d'une autre, il serait bientôt fixé. Et, il en était persuadé, quelle que soit la tournure de cette rencontre, cela ne manquerait pas d'être divertissant.

Le tournoi était l’occasion de rebattre les cartes au sein de l’Acuerdo, tout le monde le savait. Si elle-même n’avait pas forcément la plus grande volonté d’occuper un numéro élevé au sein de l’Espada, elle n’ignorait pas l’importance que La Cámara ne s’en sorte mieux que précédemment. Cela ne pouvait que lui être bénéfique également. Cette fois, elle avait donc décidé d’y aller plus sérieusement. L’abandon ne serait notamment pas une option et, même sans être la plus grande des combattante, elle ne se laisserait pas tomber sans se défendre.
L’ambition était assez claire, mais les choses ne tournaient pas toujours de la façon dont on pouvait l’espérer.

L’imprévu sonnait à sa porte et prenait encore une fois la forme de la vermine. Celle-là même qui, à ses yeux, ne devraient pas avoir sa place en ce tournoi. Ne plus la recroiser aurait été quelque chose qu’elle aurait apprécié. Voir cette imbécile disparaître, de façon malencontreuse bien entendu, et que plus jamais quelqu’un n’entende parler d’elle. C’était plus ou moins ce qu’elle avait espéré. Ou qu’au moins sa trahison dans un moment critique soit véritablement prise au sérieux.
A la place, voilà qu’elle avait une chose d’obtenir une place de choix au sein de l’Acuerdo. Si cela ne s’apparentait pas à un suicide, nul doute que la sorcière aurait pu traiter les décisionnaires de purs imbéciles de la laisser de la sorte.

Voilà que je devais moi-même m’en occuper. En public. Et sous la surveillance de quelqu’un qui n’aurait certainement nulle autre envie que de me voir morte. Comment dire ? Les chances que ce tournoi ne se solde par un quelconque résultat qui me soit appréciable disparaissaient aussitôt.
Ma tâche ne serait donc plus celle-ci, mais simplement de sauver les apparences. Si la victoire n’était pas envisageable, il était nécessaire de faire en sorte que la défaite ne soit nullement humiliante. Ce qui, dans ma situation, était bien plus facile à dire qu’à faire.

Celui venant de perdre son rang de Primera s’exprima en premier. Un peu plus et Aviela pourrait réellement croire que les faits l’intéressaient réellement. Elle parierait pourtant plutôt sur le fait que lui-même assurait les apparences. Si on l’avait nommé en tant que pseudo arbitre, il faisait style de remplir ce rôle avec attention.
S’il voulait jouer à ce sujet, elle aussi allait le faire. Peut-être ce dernier pourrait-il y prendre goût ?

>> Rien d’autre que la trahison d’une personne préférant s’en prendre à ses alliés plutôt qu’aux humains, ces derniers allant même jusqu’à la défendre de l’évidente réplique. Une responsable non négligeable de la défaite que nous avons donc subie.

Elle ne s’adressait pas à Hethna. Elle n’en valait pas la peine. Et il était fort possible que la bête qu’elle soit ne puisse de doutes façons pas raisonner convenablement, rendant toute discussion inutile.
Ces mots étaient destinés à Artemio, mais également au reste de l’auditoire. Le sentiment d’échec devait être présent chez d’autres des membres de cette alliance, et affirmer cette trahison au grand jour pourrait donc raisonner dans plus d’un esprit.
Ceux qui suivirent par contre furent dirigés spécifiquement à l’attention de sa plus ancienne connaissance.

>> Je pourrais dire être quelque peu surprise qu’on laisse à celle-ci une chance de s’en sortir, voir même de devenir Espada, mais qui tromperai-je ? Nous savons comment cela fonctionne…

La politique au sein de l’Acuerdo. Chaque clan défendant sa place, en dépit du bon sens. Elle ne doutait pas que cette situation ne pouvait exister qu’à défaut d’accord au sein des têtes pensantes. Ni qu’Artemio devait également avoir conclu quelque chose de similaire.

Hethna ne comprenait pas.
Elle ne comprenait pas comment ou pourquoi elle s'était tirée vivant des installations humaines. Elle ne comprenait pas pourquoi son bras ne se régénérait pas correctement. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait été foutue dans un combat avec deux personnes au lieu d'une seule. Elle ne comprenait pas pourquoi ces deux personnes dans l'Arène étaient d'une part le Primera Espada, et de l'autre la personne que l'Arrancar avait probablement le plus envie d'éviscérer dans le Hueco Mundo.
Bon, seconde personne qu'elle avait le plus envie d'éviscérer. Si le forgeron humain était encore dans cette dimension, il gardait la première place dans son petit cœur haineux.

Bref. Tout cela la dépassait. Hethna savait qu'elle n'était pas la plus chanceuse, ni la plus maligne. Mais même elle pouvait sentir qu'il y avait un truc pas nette dans cette organisation. Même si cette pensée anxieuse trainait bien dans un coin de sa tête, elle ne s'en souciait pas outre mesure. Si on lui donnait une occasion de dire ce qu'elle avait à dire, et faire ce qu'elle avait à faire, cela lui suffisait.
Et si elle pouvait au passage montrer ce qu'elle savait faire dans ce tournoi, peut-être cela lui ferait-il aussi passer la frustration de ne pas avoir pu participer au précédent.
Mais bon, c'était peut-être là un peu trop en demander.

Lorsqu'elle entra dans l'arène, l'Arrancar de l'Escoria tirait une sale gueule. Ses traits étaient tirés, et transpiraient l'irritation qui se dégageait d'elle comme une aura malsaine. Immédiatement, son regard se verrouilla sur l'aristocrate masqué qui était déjà là. Elle se détourna cependant vite fait de sa cible pour hausser un sourcil interrogateur aux mots d'Artemio. Comment savait-il ça, lui? Et une arène de combat était-il vraiment un bon endroit pour une tentative de médiation?
Avant qu'elle ne puisse envisager l'idée cependant, Aviela Garaitz -puisque c'était le nom de la pute aux papillons- se lança dans un grand récit tout à fait objectif -non- de leur précédent mission.
Il va sans dire que la réaction de Hethna laissa comprendre à tous à quel point elle était d'accord avec son ex-partenaire.

« Non mais... TU TE FOUS DE MA GUEULE??! »

Le cri de la jeune fille résonna dans l'arène alors qu'une hostilité pure se dégageait de son petit corps où déjà le son Reiryoku montait en flèche. Elle s'était attendue à entendre beaucoup de chose de sa part, dès lors qu'elle avait compris l'identité de son premier adversaire dans ce tournoi. Mais là? Un tel déversement de fausses vérité? Tellement irritante qu'on aurait dis que chaque mot était désigné pour la mettre hors d'elle? Elle n'était pas prête.
Pas prête, mais pas conne non plus.

Une grimace de douleur traversa le visage de Hethna, l'empêchant de complètement céder à ses pulsions sauvages. Le signal du début du combat n'avait pas encore commencé, après tout. La pugiliste prit une profonde inspiration, avant de laisser un souffle bestial s'échapper de ses lèvres. "Pas tout de suite", se répétait-elle mentalement.

« OK. Ok ok ok... J'espère que tu tiens pas à ton bras, parce que je vais de faire subir ce qu'ils m'ont fait au centuple. »

Alors qu'elle disait cela, Hethna détacha le poncho élimé qu'elle portait pour révéler son Zanpakutō à la lame écarlate dans sa main droite... Et son bras gauche, les chairs à vif, qui ne se régénérait pas malgré les jours passés depuis l'assaut sur les installations des Fullbringers. Sa peau semblait se déliter et se reformer en permanence, comme si de l'acide était en train de le dévorer. Un rappel permanent de la conséquence de l'abandon de la blondasse en face d'elle. Et désormais, le regard assassin de Hethna se posait sur son objectif : son bras à elle, fin et ganté, qui ferait surement très bien suspendu à un crochet dans sa tanière, à côté de la tête d'Adamas.

Alors qu'elle s'avançait vers le cercle intérieur de l'arène, l'Arrancar eu quand même un geste dans la direction d'Artemio. Même s'ils appartenaient tous les deux à l'Escoria, elle ne s'attendait pas à une quelconque aide de sa part. Elle lui avait à peine parlé, mais Hethna devinait que ce n'était pas son genre. Sa présence ravivait la flamme dévorante et douloureuse en elle, c'était déjà bien suffisant.

« Bon. Désolé Numéro Uno, tu fais ce que tu veux, mais laisse moi le temps de mettre une branlée à cette salope avant de tout incinérer. »

Elle aurait préféré l'affronter lui, pour le tester, pour se tester. Peut-être une autre fois.
Pour cette fois, Hethna n'avait d'yeux que pour le morceau de viande en face d'elle.

Pas à pas, fulminante de rage et de douleur, Hathna s'avançait vers Aviela. Elle ne payait pas de mine, avec ses vêtements déchirés et son bras en dissolution. Mais elle fulminait, dans tous les sens du terme. Malgré la rage palpable, qu'elle dégageait, ce fut avec un contrôle inattendu qu'elle exprima son ressenti au conte plutôt imaginaire d'Aviela, en maintenant son regard meurtrier rivé dans le sien.

« Toi... Que tu m'en veuilles parce que ya une de mes attaques qui t'a touché, je veux bien. J'aurais assumé, même si je m'en souviens pas. Dans ce combat, j'étais pas vraiment dans mon état normal. »

Son poing blessé se serra, ses dent se mirent à grincer alors que la colère commençait à déformer son visage, comme le flot commençant à filtrer au travers d'un frêle barrage sur le point de céder. Son ton se mit brusquement à monter, assez fort pour que toute l'arène, combattants et spectateurs, puissent l'entendre.

« Mais ce dont je me souviens, ce sont de TES PUTAINS DE PAPILLONS qui partent tous sur moi pour essayer de ME cramer, puis de TON GROS CUL qui disparait du combat dès que les Humains profitent de ça pour prendre l'avantage! »

Un léger tremblement la secoua alors qu'elle cria le mot de libération de son Zanpakutō. Avec une déclaration d'extinction de qui lui faisait face, son corps fut recouvert d'une familière tenue blanc armurée, dont le point le plus voyant étaient les deux épaulières pointues où deux larges pupilles bougeaient, se portant sur la foule autour d'elle. Seule exception : son bras gauche semblait être entre deux états, ne pouvant prendre sa forme complète en raison du poison inoculé par les Humains. Mais habitée par la rage comme elle l'était, Hethna ne s'en souciait guère. Sans ressentir la douleur, elle l'agita devant elle, comme pour balayer l'illusion de droiture et d'intégrité dont se parait Aviela.

« Mais le pire... c'est QU'EN PLUS de m'abandonner à la mort, FAUT QUE T'ESSAYES DE FOUTRE TOUTE LA MERDE QUE T'AS PROVOQUÉ SUR MON DOS?!! »

Dans un monde de Bêtes comme le Yermo, Hethna n'avait aucun mal à concevoir que chacun puisse poignarder dans le dos. Cela demandait rétribution, bien sur, mais dans une société comme la leur il n'y avait presque rien de personnel à ça... Par contre, qu'elle tente de se dédouaner de toute responsabilité pour l'accuser de tous les maux de la terre?
Sa réputation, l'Arrancar de l'Escoria s'en foutait. C'était le principe-même de cette stratégie qui lui donnait envie de vomir. Quel intérêt y avait-il pour quelqu'un qui se prétendait de l'Espada de recourir à des artifices comme celui-là?
Les gens comme ça, ça ne méritait que de finir en combustible.

Comme pour faire de cette pensée une réalité, les multiples pupilles de Hethna se focalisèrent toutes sur le corps de l'Arrancar aux papillons, et immédiatement une chaleur immense l'entoura, au point de d'enflammer l'air et la chair du point où portait le regard de la fille vindicative.
C'était les insectes qu'on faisait bruler avec des loupes pour s'amuser, non?
Une attaque appropriée, donc.

« Si t'imagines qu'après ça, ça finira bien pour toi... Tu rêves. »

La poigne de l'Arrancar sauvage se raffermit sur son arme, avant de finalement la lever pour se mettre en position de combat. La haine et le dégout portés dans sa voix suffisaient à retranscrire les profondeurs de son estime dans laquelle l'ex-numéro Huit avait chuté. Non pas que le chute ait eu lieu depuis les sommets, bien évidemment.
Maintenant, ne restait qu'à s'appliquer à lui faire passer le moment le plus désagréable possible, ce afin d'alléger cette rage qui lui agitait les entrailles.

Comme il pouvait s'y attendre, le simple fait de demander une explication raviva instantanément les tensions existantes entre les deux jeunes femmes.
Tant mieux : c'était le but de la manœuvre.
Sans doute n'avaient-elles pas besoin de lui pour se sauter à la gorge, mais ça ne lui coûtait rien de s'assurer qu'elles le fassent avec toute la motivation qu'il leur était possible de trouver.
S'il ne souhaitait pas forcément leur mort, il n'avait pas non plus d'intérêt particulier à s'assurer de leur préservation - et, s'agissant du cas d'Aviela, il était très bien placé pour savoir qu'une correction n'était pas la pire chose qui puisse lui arriver, si cela devait prendre cette tournure.
Ce ne serait hélas pas suffisant pour lui inculquer la modestie qui lui faisait cruellement défaut - rien ne le serait, c'était à craindre -, mais il se satisferait de son indignation.
Concernant Hethna, et bien... S'il était rare que les membres de l'Escoria sachent se battre - surtout assez pour être une nuisance envers un Espada en activité -, ils étaient assez nombreux au sein du clan pour qu'une perte ne soit pas irremplaçable.
Oh, certes, on lui avait confié la tâche de s'assurer qu'elle ne meure pas au combat, mais qu'y pouvait-il si elle succombait des suites de ses blessures ? Il n'était pas soigneur. Tout au plus pourrait-il alors abréger ses souffrances.
D'autant que tout portait à croire qu'elle avait quelques problèmes avec sa régénération, au vu de son bras et de son aspect peu ragoûtant. Serait-ce encore là un stigmate de l'attaque des humains ?

▬ Je vois, je vois. fit-il donc posément après qu'on lui eut raconté - chacune à sa façon - quels événements avaient pu mener à ce règlement de compte. Il ne dit rien de plus, s'assurant de ne pas révéler le fond de sa pensée tant sur leur querelle que sur la façon de la régler. Après tout, on ne lui avait pas demandé son avis ; simplement de limiter la casse. Un sourire détendu étira ses lèvres. Bien ! Je vais donc vous laisser « discuter tranquillement ». Je serai un peu plus loin si vous avez besoin de moi.

Et sur ces bonnes paroles, il bondit en arrière dans un froissement d'étoffes à l'instant-même où Hethna passait à l'attaque, sonnant sans plus attendre le début des hostilités.
Ce serait l'occasion où jamais de voir comment Aviela se débrouillait contre un adversaire autre que lui ; s'il avait pu voir une fraction de ce dont elle était capable, il n'était également pas sans savoir qu'elle avait fait exprès de le laisser gagner - et avait, à ce titre, pu ne pas révéler toutes ses capacités. Pour peu que la furie soit capable de la mettre en difficulté, observer cet échange ne manquerait pas de lui apprendre quelques détails supplémentaires.
Se trouvant un caillou confortable sur lequel s'asseoir, il s'assura de ne rien manquer du spectacle pour lequel on lui avait offert une place aux premières loges - ce qui ne voulait toutefois pas dire qu'il n'allait avoir aucune incidence sur le combat ; pour preuve, sa seule présence faisait peser sur elles l'aura qu'il ne cherchait pas à retenir, sans même qu'il n'ait à la rendre plus dense qu'elle ne l'était déjà naturellement.
Même sans volonté de sa part de la rendre plus agressif qu'elle ne l'était déjà, la gêne qu'elle constituait pourrait vite s'avérer inconfortable - d'autant plus s'il s'amusait à la renforcer. Observer, c'était bien beau, mais il allait bien falloir qu'il s'occupe ! Même si tout portait à croire, au vu de la violence d'Hethna, que le ton n'allait pas tarder à monter, et la situation à s'envenimer.
Levant une main, il y fit apparaître un embryon de Cero, le faisant rouler entre ses doigts plus qu'il ne cherchait à le lancer - pour le moment.

▬ Allons, allons, mesdemoiselles, tâchons de rester courtois... Nous sommes entre amis, ici, n'est-ce pas ?

>> Mais c’est qu’en voulant se défendre, elle ne fait que confirmer ce que je dis…

L’imbécile entra en scène et tout s’enchaîna. La démonstration de son idiotie, en premier lieux. Comme voulant accuser la représentante de La Cámara d’être à l’origine de tout, elle ne faisait pourtant que reprendre ce que la blonde avait dit. L’attaque qu’elle avait effectué, la réplique, la fuite de la concernée se retrouvant en infériorité numérique. Bien sûr, elle omettait la défense de l’humaine. Cela serait jouer grandement contre elle.
Mais à la réflexion, la défense ne devait pas être son but, étant certainement bien trop limitée pour cela. Un simple déversement de haine, grandement exagérée si elle devait s’exprimer par ailleurs. Sur ce point, il était amusant que les deux autres individus la détestaient bien plus qu’elle ne pouvait ressentir à leur égard. En particulier cet Hethna, qui n’était de toute évidence pas digne d’autant d’attention.
Pourtant, même à défaut d’une telle haine, elle n’avait d’autre choix que de composer avec les faits.

L’assaut débutait, d’une façon similaire à l’attaque ayant tout déclenché. Cette sensation de brûlure, la concernée l’ignora presque. C’était bien trop léger pour véritablement poser un soucis. En lieu et place, et alors que l’ancienne « divinité » ne prenait la parole, elle se contenta de sortir sa propre arme, s’entaillant le bras.
La suite, les deux individus en avaient déjà été témoins. Le sang qui se transformait en papillons enflammés l’enveloppant, elle qui en ressortait transformée et, d’un geste, arrachait une partie de son masque. Rien de bien surprenant donc, se préparant donc à répliquer.
Et ce même si, de façon bien peu surprenante vu l’individu, Artemio se décida à interférer à sa façon, faisant peser son aura sur la scène de combat. Cette simple suffisance qu’il arborait, dans une situation où il était très clairement avantagé, était la raison même pour laquelle elle aimerait bien le corriger une bonne fois pour toute.
Hélas, ce n’était guère le moment de le provoquer inutile. Contrairement à son opposante, l’idiotie n’était pas l’une de ses caractéristiques.

>> Eh bien Artemio, je t’ai connu t’entourant d’amis présentant beaucoup moins un tel manque d’intelligence. Je suis presque déçue.

Bien sûr, je ne supposais pas réellement qu’il la comptait comme une amie. Si ses paroles étaient sincères, cela serait également mon cas, et s’il y avait bien un point sur lequel je ne pouvais douter, c’était le fait que cela soit impossible. Mais entrer dans ce petit jeu avait au moins l’avantage de présenter un aspect distrayant à cette situation qui ne l’était pas.
Non pas car je ressentais le moindre danger. Il s’agissait même du contraire. Le jeu qu’avaient décidés nos dirigeants ne m’amusait que peu, réunissant deux choses n’étant nullement de mon goût. Côtoyer la vermine et être un pion dans les plans des autres.
Mon esprit était plus tourné vers une façon de s’en sortir que le combat, il fallait le dire.

L’ensemble de l’essaim ardent, en ce compris le fragment de son masque, se positionna autour de leur Reine, attendant ses ordres. Ces derniers n’allaient pas tarder mais, auparavant, un sourire se marque sur son visage. D’un ton extrêmement calme, elle s’adressa pour la première fois à la furie.

>> Cette attaque devrait te parler. Simplement, j’espère que cela ira sans humain pour te défendre. Je suppose d’ailleurs que c’est par suite d’un accord avec eux que tu as pu aussi facilement te sortir de la terrible mort dans laquelle je t’ai abandonné.

Toujours appuyer ses dires. Toujours placer le doute. Le vrai combat, elle ne le jouait que rarement sur le plan physique. Dans un sens, c’était ainsi qu’elle avait fait au précédent tournoi. Elle avait perdu en apparence, pourtant l’issue ne s’était pas retrouvée être si dérangeante que ça.
Certes, elle espérait situation similaire en cet instant, mais ce n’était pour autant qu’elle allait se laisser vaincre. D’une simple volonté, les morceaux de son âme qu’elle contrôlait sous cette forme se mirent en mouvement telle une vague déferlante sur sa victime. Pas aussi intensément qu’elle l’aurait voulu, la présence d’Artemio ne se faisait pas oublier.
Mais suffisamment pour que cela soit plus difficile à ignorer que l’assaut ayant ouvert ce combat.

« Mais... T'es vraiment CONNE en fait?! Ou tu fais exprès d'entendre que ce qui t'arrange?? »

Si cette blondasse pensait réellement que "Je t'ai peut-être touché par accident" signifiait "J'ai trahis l'Acuerdo en t'attaquant volontairement" et "T'as pris la fuite après avoir offert la victoire aux humains" voulait dire "Tu as effectué une retraite stratégique tout à fait logique", il n'y avait malheureusement plus grand chose à faire pour elle. Autant abréger les souffrances de cette personne à l'encéphalogramme plat et séparer sa tête du reste de son corps. Son cerveau ne lui était plus d'aucune utilité!
Ça tombe bien, c'était dans les projets à plus ou moins court terme de Hethna, désormais.

Artemio avait beau demander de rester "courtoises", lui même savait clairement que les deux adversaires étaient bel et bien passé le point de non-retour. Se moquait-il de leur querelle, insignifiante depuis son niveau? Peut-être. Hethna n'avait pas assez d'attention à lui consacrer pour répondre à sa boutade. Son aura écrasante et étouffante aurait pu en d'autres circonstances la pousser à l'interpeller, mais dans la situation présente... Cette chaleur ne faisait que nourrir celle de la rage qui l'animait. Et ce poids sur ses épaules lui ne lui donnait qu'envie de pousser d'avantage pour se libérer de cette entrave.
Il soufflait sur les braises, assez littéralement.

En parlant de braises... Le retour de flammes arrivait. Là aussi, un peu trop littéralement.
Les nuées incandescentes dont Hethna se souvenait toujours de la brulure déferlèrent sur elle, à partir du sang et du corps de l'Espada. La vagabonde se retrouva enfermée dans cette vague, qui virevolta pour la consumer par tous les angles. Elle ne fit en apparence aucun effort pour esquiver et se protéger de cette attaque, autrement que vainement lever son bras en proie à la corrosion pour protéger son visage.
La morsure des flammes n'était de toute évidente étrangère à aucune des deux femmes. Il allait falloir trouver autre chose pour porter un coup plus décisif. Fort heureusement, la petite teigne avait d'autres options.
Depuis l'intérieur du tourbillon d'insectes en combustion, la voix de Hethna s'éleva pour répondre à la énième accusation de la nobliotte incapable.

« Je suis encore là parce qu'ils ont fait la connerie d'essayer de me chopper vivante! Pourquoi? J'en sais rien. Mais ça m'a permis de leur échapper. Ils auraient dû me tuer quand ils en avaient l'occasion. Et je vais leur faire regretter cette erreur... »

Puis, tous purent entendre une détonation, et le nuage se papillon se faire proprement éventrer. Un trait de flamme à une vitesse invraisemblable traversa l'intégralité de l'Arène en moins d'une seconde. Le projectile lumineux percuta Aviela dans sa nouvelle forme, qui pu sentir un coup de griffe au passage essayer de lui soutirer une partir de ses tripes. La course du projectile se termina dans le mur derrière l'Arrancar de La Cámara, le détruisant partiellement sous l'impact.
Sous couvert de l'attaque de son adversaire, Hethna avait accumulé son Reiryoku sous la plante de ses pieds pour lancer sa technique la plus puissante et prendre sa proie au dépourvu. Elle l'avait ainsi concentré jusqu'à ce que des fissures lumineuses apparaissent sur sa carapace, pour surchargé son attaque et faire le plus de dégâts possible. Mais elle ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin!

La pugiliste s'était réceptionné sur le mur avec ses pieds, et sitôt le choc de l'impact encaissé dans ses jambes, et utilisa l'énergie spirituelle qui subsistait de sa technique pour repartir dans les direction opposée. A peine Aviela avait-elle eu le temps d'essayer de se retourner qu'une nouvelle attaque la frappa. L'assaut s'enchaina ainsi, perdant progressivement en vitesse mais demeurant pourtant toujours dangereux, alors que Hethna bondissait tout autour d'elle pour la frapper, parfois de ses doigts semblables à des griffes, parfois de son Zanpakutō. Ses coups dispersaient sans distinction le corps de l'ancienne Espada et ses papillons. Les deux, en vérité, puisqu'ils ne semblaient faire qu'un. Et ce qu'il restait, le feu que le regard de l'étincelle vivante concentrait sur Aviela le consumerait.
Pendant cet enchainement, la voix enragée de l'Arrancar de l'Escoria sonna aux oreilles de sa comparse, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre.

« COMME À TOI! T'AURAIS DÛ M'ACHEVER TOI-MÊME SI TU VOULAIS FAIRE EN SORTE QUE PERSONNE PUISSE RAPPORTER A QUEL POINT T'AVAIS MERDÉ!! »

Mais elle avait préféré fuir, en laissant tout inachevé. Lâche, ou incapable? Le résultat était le même. Et se trouvait dans la multitude de coups qu'elle était en train de subir.
Hethna finit par terminer son enchainement en laissant une dernière charge l'éloigner de sa cible. Elle se retourna vivement, mais ne repartit pas immédiatement à l'assaut. Comme sa lourde respiration en témoignait. L'intense lumière qui s'était échappé de son corps brisé s'était tarie, et son corps était désormais fumant tant en raison de la précédente attaque de son ennemie que de sa propre surchauffe. Elle avait besoin de quelques secondes pour reprendre ses forces, et reprendre l'offensive.
Hethna ne se faisait pas d'illusion. Si cette attaque n'avait pas assez fait de dégâts pour incapaciter Aviela, elle n'aurait pas l'occasion de souffler. Consciente du danger, elle se prépara à la contre-attaque.

Et bien, oui, n'étaient-ils pas tous amis au sein de l'Acuerdo ? Rien qu'une grande famille, certes un peu dysfonctionnelle, mais néanmoins unie ? N'était-ce pas là l'illusion, le mensonge qu'on essayait de leur vendre ?
Oh, certes, ce n'était jamais dit à voix haute - encore heureux -, mais c'était l'impression qui ressortait de situations comme celles-ci, où leurs « meneurs » s'efforçaient de présenter un front soudé.
Hélas, pour qui y prêtait réellement attention, ces « réunions de famille » ne faisaient que mettre en évidence leurs différences ; à quel point tout le monde n'attendait que de se sauter à la gorge - l'aurait sans doute déjà fait, s'il n'en allait pas de leur survie.
Tous n'avaient peut-être pas le même empressement à assassiner leur prochain, il voulait bien l'admettre - pour autant qu'il puisse en juger, les étranges habitants du Ziggurat étaient bel et bien pacifistes, si ennuyeux que ce soit -, mais certains n'attendaient qu'un prétexte pour mettre un terme à cette mascarade.

Malheureusement pour eux, ces inéluctables trahisons et autres querelles intestines devraient attendre, maintenant qu'ils avaient des humains sur le feu, et pas de la manière qui leur aurait ouvert à tous l'appétit.
En leur accordant un permis de séjour, leurs « maîtres » - seigneurs, rois ou qu'importe - ne s'étaient sans doute pas attendu à ce qu'ils puissent représenter un tel danger ; pas plus qu'ils n'avaient eu l'air pressés de reconsidérer la question, même après que leurs « pensionnaires » aient ouvert un trou noir au beau milieu du Yermo. C'était un peu tard pour se rendre compte qu'ils pourraient être un problème.

Ce pourquoi Artemio n'éprouvait non seulement aucune honte à avoir battu en retraite lorsqu'il s'était trouvé confronté à deux humains beaucoup trop forts pour ce qu'ils étaient censés être, mais commençait en plus à se lasser qu'on les prenne - lui et les autres - pour plus stupides qu'ils n'étaient ; d'avoir à subir les conséquences de décisions qui n'étaient pas les siennes et dans lesquelles il n'avait pas eu son mot à dire. Si leurs vénérables chefs tenaient tant que ça à copiner avec la nourriture, c'était à eux de s'occuper d'elle maintenant qu'elle se rebiffait.

Tout cela pour dire que la situation dans laquelle il se retrouvait était loin de lui déplaire ; ainsi n'aurait-il pas à se donner en spectacle - ou du moins pas tout de suite -, à la différence des autres participants. Yrronos aurait-il senti son mécontentement d'une manière ou d'une autre ? Ou peut-être lisait-il dans son esprit ?
Il n'avait, après tout, pas la moindre idée des pouvoirs que pouvait détenir l'énigmatique Vasto Lorde. Ce n'était pourtant pas faute d'être « à son service » - officiellement - depuis quelques années déjà. Si ce devait être le cas, il fallait s'attendre à ce que l'on vienne lui demander des comptes, voire tente de l'exécuter pour oser remettre en question leur autorité, mais qui savait vraiment ce qui se tramait sous le masque impassible du régent de l'Escoria ?

Voilà le genre de choses auxquelles il pensait tout en observant le duel qui se jouait sous ses yeux. Un combat de chiffonniers avec lequel il comptait garder ses distances jusqu'au dernier moment, n'ayant aucune envie de se mettre entre elles et le soulagement qu'elles espéraient sans doute toutes les deux trouver à l'issue de cette vendetta réciproque.
Tout ça ne le concernait que trop peu ; qui avait raison, qui avait tort, le vainqueur en déciderait. Ce sont eux qui écrivent l'histoire, après tout. Et qui plus est, il prenait bien plus de plaisir à superviser leur affrontement qu'il n'en aurait à influer sur son cours directement - quand bien même savoir qu'il en avait la capacité n'était pas une idée désagréable.

▬ Allons, Aviela, ne te rabaisse pas de cette manière ! Il est vrai que ton intellect n'a jamais été ton point fort, mais tu as d'autres qualités... Enfin, il me semble. répliqua-t-il avec une innocence feinte, ne s'estimant pas trop bien pour ce genre de puérilité - et puis, il n'avait rien de mieux à faire en attendant son heure.

Si ce n'est peut-être lentement drainer leur énergie à leur insu, faisant mine de bâiller pour mieux grignoter lentement les parcelles d'auras les plus proches de lui - sans distinction ; une fois encore, il ne prenait pas parti.
Les invectives qu'elles s'échangeaient n'étaient toutefois pas entièrement dépourvues d'intérêt, contrairement à ce qu'il avait pu croire. À travers elle, il pouvait en apprendre un peu plus sur les circonstances exactes dans lesquelles avait eu lieu leur différend, mais aussi et surtout sur la façon dont les humains s'étaient comportés de leur côté.
Ainsi donc, ils avaient essayé de la capturer ? Pourquoi ? Et surtout, pourquoi elle ?N'était-ce que parce qu'ils n'avaient rien d'autre sous la main, ou y avait-il une raison pour que ce soit elle - elle et personne d'autre ?
Se doutant que se racler la gorge ne suffirait pas à attirer leur attention, pas obnubilées comme elles l'étaient par leur aversion mutuelle - et ce malgré la chaleur qui se dégageait de lui et qu'il ne cessait d'accroître -, il décida de se faire remarquer autrement.
Ainsi un maigre Cero fusa-t-il depuis sa main où il le tenait prêt depuis quelques instants pour forcer les deux combattantes à se séparer, forçant Hethna à mettre un terme prématuré à son enchaînement et l'empêchant de se montrer aussi féroce qu'elle l'aurait souhaité. Ce n'était rien de vraiment dangereux ; juste de quoi se rappeler à leur bon souvenir.

▬ Un instant ! s'exclama-t-il. Je suis désolé de vous interrompre, mais je serais aussi curieux d'en savoir plus à ce sujet... Tu étais aux prises avec plusieurs de ces humains, entièrement seule sur leur territoire, et tu prétends avoir réussi à t'enfuir ? Comment ?

Ce n'était pas tant pour lui qu'il posait la question que pour tous les yeux et les oreilles dont l'attention était rivée sur ce combat - à commencer par les plus illustres d'entre elles. Qu'elle ait pu déjouer la vigilance des humains alors qu'ils étaient en supériorité numérique - et qu'Aviela n'avait, à l'entendre, pas fait grand chose pour l'aider à les estropier - était pour le moins surprenant.
S'ils n'étaient certes probablement pas tous du niveau de ceux que Borick et lui avaient eu à affronter, qu'elle ait pu s'en sortir aussi facilement - un bras n'était pas si cher payé - méritait que l'on se pose quelques questions. Et si elle savait ce qui était bon pour elle, elle en aurait déjà soigneusement préparé les réponses.
Sans forcément parler de collusion, il n'était pas non plus impossible qu'elle ait été piégée à son insu et relâchée volontairement. Savoir si elle avait ou non le droit de prétendre à une place dans l'Espada serait alors le cadet de leurs problèmes.
Pour s'assurer d'avoir une réponse avant qu'elles ne se volent à nouveau dans les plumes, il fit encore monter la température de quelques crans. Manier elles-mêmes les flammes ne les mettait assurément pas à l'abri de ce pic de chaleur soudain, qui, à ce rythme, ne tarderait pas à causer quelques malaises dans les gradins...

>> C’est que cela commence à devenir intéressant…

Ces mots n’étaient adressés à personne d’autres que moi-même, et nul ne devait les entendre. Mais il fallait bien dire que la tournure des événements commençait à se profiler de la façon dont j’aurai pu l’espérer.
Bien sûr, ce qui pouvait attirer mon attention n’était nullement l’assaut de la folle. Il était puissant bien entendu. Après tout, même en me protégeant avec mon essaim, la morsure de ses attaques dans ma chair était tout sauf négligeable. Forcément, j’évitais de trop le montrer. Autant que possible, mon visage n’arborait pas grand-chose d’autre qu’un léger sourire. Ce qui changeait de l’expression désintéressée, au moins.
Mon corps ne pouvait cacher l’efficacité des coups adversaires, ce n’était pas pour autant que je devais personnellement le reconnaître.

Non, ce qui m’intéressait déjà bien plus n’était rien d’autre que l’intervention d’Artemio. Non pas son aura omniprésente, comme pour tenter de rappeler sa position. Ni même le Cero qui vint pourtant à mon avantage. Encore une fois, le combat physique n’était que le cadet de mes soucis.
Ce que j’appréciais bien plus, c’était la question posée à l’imbécile. Comme une pierre ajoutée à l’édifice qu’étaient mes propres mots. Semer le doute dans l’esprit des témoins sur les actes de la responsable de cette situation était ce que je faisais depuis le début, et voir quelqu’un d’autre évoquer une chose en ce sens ne pouvait que renforcer ce sentiment.
Qu’importe l’issue, je me voyais difficile sortir perdante.

>> Répliquer à un assaut n’est nullement une erreur. Fuir dans une situation impossible à gagner non plus. Quand bien même tu dirais vrai et que ton agression était involontaire, cette incapacité à discerner ses alliés et mettre en péril les ordre en étant incontrôlable n’est guère mieux. Et cela n’empêche que les humains t’ont protégé, ce qui explique certainement cette survie.

Ces derniers morts précis furent adressées en fixant Artemio. Elle ne pouvait réellement dire à quel point il le percevrait, mais il n’y avait véritablement nulle volonté de tromperie dans ces derniers. Elle pensait réellement que tout cela n’était pas un hasard et qu’un quelconque accord avait du être passé.
Elle restait persuadée que cette Hethna était au pire une véritable traîtresse, au mieux un danger dont l’Acuerdo ne pouvait s’embarrasser en pareille situation. Et si l’éliminer ne pourrait être possible en cet instant, rien ne l’empêcher de la punir comme il se devait.

>> Ça, ou cet humain que tu connaissais. En tous cas, fu final, celle qui a merdé ne peut qu’être celle qui a porté le premier coup non ? Le reste n’est que de la légitime défense.

De nouveau un sourire, bien plus prononcé encore. De nouveau son essaim se concentrait, plus imposant que jamais en raison des blessures subies.
L’assaut qui suivi, tous le connaissaient puisqu’il s’agissait du même que précédemment. Dui moins dans son amorce. Si la vague déferlait de la même façon, elle ne se contenta pas de cela. Arrivée à destination, au lieu de continuer leur chemin, les Mariposa Infernal se mirent à frapper de façon aléatoire, bombardant en quelque sorte l’emplacement où devait être leur cible.
Et détournant également l’attention du Cero que la Sorcière tira sur la même victime. Si elle pouvait aimer prendre son temps, elle en avait déjà bien trop accordée à la vermine et il était temps de faire en sorte d’en finir.

Son souffle retrouvé, l'Arrancar blessée s'apprêtait à repartir à l'assaut, mais un Cero filant devant ses yeux l'en empêcha. Qu'Artemio prenne part au combat n'était pas surprenant en soi : Hethna s'y attendait, et il le faisait déjà en faisant mine de rester innocent de toute ingérence. Mais qu'il interrompe sa vengeance légitime pour s'intéresser à détail sans importance de cette histoire la mettait en rogne. Un grondement colérique monta de son torse alors que le visage de la vagabonde se tournait vers l'ex-Primera.

« Sérieusement? Vous allez me faire chier avec ça, ici et maintenant? J'ai déjà expliqué a un des larbins d'Yrronos. Il a pas fait passer le mot? »

Un regard échangé avec Artemio et son air affable, qui contrastait fortement avec la pression étouffante qu'il relâchait pour appuyer sa demande, lui confirma qu'elle n'avait pas vraiment le choix. Ses bras s’affaissèrent légèrement et Hethna monta les yeux au ciel avec un soupir désabusé. Non pas que la question la mettait en difficulté, car l'autre papillon carbonisé aurait beau gueuler qu'elle était une traitresse cela resterait toujours faux, mais cette pure perte de temps au milieu d'un combat qui lui tenait à cœur la dégoutait. A contrecoeur, elle répéta ce qu'elle avait déjà dis aux autres de l'Escoria lorsqu'elle était rentrée, estropiée, sur leur territoire.

« Ils m'ont mis KO et quand je suis revenue à moi, j'étais isolée dans une pièce avec un seul type pour me surveiller. Il s'imaginait me connaitre, alors j'ai profité de sa naïveté pour lui- »

Hethna ne sentit le danger que trop tard. Elle avait entendu la pouffiasse essayer de parler, mais ne lui avait prêté aucune attention et avait parlé par-dessus elle pour s'adresser à Artemio. Peut-être pour lui faire payer cette impolitesse, ou simplement pour profiter que son attention soit partagée, Aviela fit pleuvoir un déferlement de papillons explosifs sur son adversaire. Hethna fit son possible pour lever ses bras et renforcer son Hierro pour soutenir l'assaut, et essaya à plusieurs reprises de sauter sur le côté pour esquiver une partie des dégâts, ce ne fut pas suffisant.

La douleur qui saturait son corps et la lourdeur imposée par l'aura d'Artemio poussèrent le corps de l'Arrancar à ses limites, et son bras gauche, rongé par le poison des humains, céda. Lorsque ce membre tomba désarticulé son son côté, le souffle de Hethna fut coupé par un Cero qui lui perfora le torse, profitant de l'ouverture de sa garde. Tombant sur le dos, l'Arrancar laissa échapper un cri de douleur. Dans un grognement bestial, elle essaya toute de même de se redresser, mais si sa rage était encore intact, son corps, lui, n'était plus capable de la soutenir. Dans un souffle, elle adressa une ultime insulte à son adversaire.

« Salope... J'avais pas fini... »

Au moins, elle pouvait admettre que cette Aviela savait faire autre chose que raconter de la merde et prendre des décisions à chier.
Cela ne l'empêcherait pas de réclamer son dû en temps et en heure.

Dans un faible soubresaut, Hethna s'agita, peut-être dans une vaine tentative de se retourner pour au moins ne par rester allongée et vulnérable sur le sol de l'Arène. Entre conscience et inconscience, elle ne parvint pas à réaliser si elle y était parvenue ou non. Avec le gout du sang et de la défaite dans la bouche, elle sombra.

▬ Et bien, puisque c'est la raison exacte pour laquelle tu te retrouves dans cette situation... Oui, j'aurais tendance à croire que c'est dans ton intérêt d'y répondre. Et le plus vite sera le mieux.

D'autant que si, pour sa part, Artemio ne le faisait pas par grandeur d'âme, cherchant surtout à assouvir sa curiosité personnelle, le volume auquel parlait Hethna rendait difficile d'ignorer ses paroles, même pour les spectateurs.
Et si tous n'étaient pas assez dégourdis pour prendre la mesure de leurs implications, certains ne manqueraient pas de lui demander des comptes si elle n'apportait pas d'éclaircissement ici et maintenant.
D'une certaine manière, c'était lui rendre service que de lui demander d'apporter du détail à son histoire - avant qu'on l'oblige à le faire, d'une manière ou d'une autre.
Mais effectivement, si Yrronos en savait quoi que ce soit, il n'avait pas jugé bon de s'en ouvrir auprès d'eux - pas même lui, pourtant Primera Espada et issu de son propre clan.
Et s'il n'avait pas pour lui l'admiration aveugle que lui vouaient certains de ses pairs, il avait peine à croire qu'il aurait omis de mentionner ce « léger détail » si ce n'était pas absolument volontaire.
Peut-être estimait-il lui aussi, sans oser l'avouer, qu'elle méritait une punition ; peut-être ne se prononçait-il pas avant de connaître également la version d'Aviela, qui lui était ici livrée sur un plateau d'argent. Ou peut-être était-ce encore autre chose. Qui pouvait vraiment savoir ce qui se tramait sous ce masque imperturbable ?

Hélas, avant qu'Hethna ait pu arriver au bout de son explication, un assaut vicieux d'Aviela l'envoya au tapis - pour de bon, cette fois. Blessée comme elle l'était déjà, il était clair qu'elle ne se relèverait pas. Mais elle respirait encore - entre deux borborygmes sanglants -, et n'était-ce pas tout ce qu'on lui avait demandé ?
Cette abrupte conclusion ne suffit pas à faire broncher le Primera sortant. Il se contenta de trottiner mollement jusqu'au corps inerte et de l'attraper par les cheveux pour la jeter hors de l'arène, où Hollows et Arrancars se sentirent obligés de la rattraper sans qu'il ait besoin d'en donner l'ordre.

▬ Elle est vivante, préféra-t-il préciser, avant que les charognards présents dans la foule ne soient tentés de se partager ses restes. Que quelqu'un se charge de la soigner.

Qui, quoi, comment, peu importe, pourvu que ça soit fait.
Car s'il était décidé qu'elle avait malgré tout mérité sa place dans l'Espada, encore faudrait-il qu'elle puisse tenir debout pour recevoir son titre. Ainsi donc, tout le monde avait eu ce qu'il voulait ; Aviela avait pu exercer sa vengeance, et Yrronos n'avait pas eu à perdre l'un de ses précieux pions. Quant à lui, et bien... C'était maintenant qu'il allait pouvoir y trouver son compte.
Faisant volte-face, il fit glisser son sabre hors de son fourreau et le posa nonchalamment sur son épaule, jaugeant une Aviela déjà diminuée. Il était clair qu'elle avait négligé sa propre protection pour neutraliser le plus vite possible celle qu'elle tenait responsable de son récent échec - pour lui faire payer. Pour avoir lui-même été la cible de ses griefs imaginaires, il n'était cependant pas surpris de la voir aussi vindicative.

▬ Bon, et bien, je suppose que je finirai de l'interroger quand elle se réveillera. conclut-il d'un air fataliste. À nous deux, donc ! Je pourrais te proposer de gentiment descendre du ring pour t'éviter une humiliation, mais je suppose que tu n'es pas disposée à me donner raison, alors... Sa lame se mit à luire intensément. ...Tu ne m'en voudras pas de ne pas perdre de temps. Calcine, Resplandor !

Sa silhouette adolescente disparut un nuage de fumée. Lorsqu'il en émergea, c'était sous l'apparence d'un colosse enflammé, qui, encore maintenant, devait paraître autrement plus familière à son ancienne prédicatrice. Et s'il ne prit cette fois pas la peine de gagner en taille pour rivaliser celle qu'elle lui avait connu autrefois, il n'en était pas moins impressionnant pour autant.

▬ Par souci de discrétion, je n'avais pas pu m'en servir la dernière fois, mais tu t'es assurée que ce ne soit plus un problème. Vois ça comme un remerciement ! Il pointa vers elle un doigt métallique, affûté comme une lame de rasoir. À son extrémité, un Cero se mit à enfler - et si les siens étaient naturellement d'une splendide couleur écarlate, y ajouter ses flammes le dota de mille et une nuances incandescentes. Alors qu'il n'en finissait plus de croître, sa chaleur devint telle qu'elle parut mettre à mal jusqu'au tissu de la réalité. Déjà bien mal en point, Aviela aurait sans doute du mal à ne serait-ce que bouger face à une telle pression. Ne t'en fais pas, je n'ai pas l'intention de t'achever. Tu as encore ton utilité. Mais... Je serrerais quand même les dents, si j'étais toi.

CERO INFERNO !

La fin tant espérée arrivait.
Toute cette mascarade était lassante dès son début. La prolonger n’avait fait qu’accentuer ce sentiment. L’issue avait été écrite dès le début de la pièce après tout. La vermine allait tomber la première, non sans montrer les crocs et mordre la Sorcière. Le prétendu dieu, lui, se contenterait du minimum, préservant ses forces et achevant celle qui tiendrait encore debout. Espérer un autre résultat aurait été idiot.
Bien sûr, nul n’était à l’abri d’un événement perturbateur, une parole modifiant le jeu d’un des acteurs et mettant ainsi en scène un tout autre spectacle. Aussi improbable soit-il, il ne fallait jamais exclure d’entrée l’imprévu.
Cependant, sans surprise, il ne se montra pas et le script se déroula tel qu’il devait être.

L’imbécile tomba la première sous les coups de la représentante de La Cámara. La réponse qu’elle commença à présenter fut à peine écoutée. Vu ses paroles jusque là, il aurait été étonnant que le moindre mot intelligent ne sorte de sa bouche. Et surtout qu’une défense cohérente soit présentée. Au pire elle était une traîtresse, au mieux elle était une pure idiote ne sachant pas se contrôler et représentant une épine dans le pied de l’Acuerdo plus qu’autre chose.
Officiellement, Aviela continuerait de présenter la première version. Officieusement, elle ne doutait pas un seul instant de la véracité de la deuxième. Un pion incapable d’être joué n’avait nulle valeur.

L’épine enlevée, elle se retrouvait seule face à son plus vieil « ami ». Il n’y aurait pas eu leurs précédentes retrouvailles dans cette même arène, peut-être la suite aurait-elle pu prendre une autre tournure. Après tout, Artemio n’était pas forcément connu pour faire preuve d’une grande implication dans ce genre de situation. Se dire que sa tâche était accomplie et qu’il était temps de rentrer aurait peut-être pu être possible.
Mais pas là. Pas face à elle. Surtout pas face à elle. En vérité, l’imprévu qui aurait été le plus probable à ses yeux était justement le fait qu’il décide de s’épauler la vermine afin de faire payer la Sorcière. Pire scénario possible, et qui aurait été grandement probable.
Cela n’avait certes pas eu lieu, mais aucune chance qu’il ne s’exécute pas maintenant.

En fait, il le fit même d’une façon théâtre. Libérant sa véritable forme, il redevint ce que les plus faibles d’esprits avaient pris pour un Dieu du Feu il y a bien longtemps. Il redevint la raison l’ayant poussée à s’écraser, et ayant donné lieu à ce petit jeu lors de leur précédent passage dans cette arène.
Consciente de l’assaut qui allait venir, elle ramena ses papillons à elle. Il aurait été possible de croire à ce qu’ils servent à la protéger. Cela aurait été la réaction la plus logique. Pourtant, le sourire qu’elle afficha pouvait être un signe que ce ne serait pas forcément aussi simple.

>> Eh bien, il n’était nullement nécessaire d’un tel spectacle pour vaincre une blessée. Tu as donc si peur de moi ? Je n’ai pourtant jamais prétendue être une grande combattante...

Malgré son état, malgré le peu de force qui pouvait lui rester, elle se tint droite. Les papillons n’étaient plus présents, sa forme scellée ayant laissée place à l’incarnation du feu qu’elle même était. Pourtant, son aura était toujours présente, s’opposant à celle lui faisant face, s’assurant qu’elle ne flanche pas et reste maîtresse de ses actes.
Plus par principe qu’autre chose, elle éleva une protection, atténuant ainsi l’impact. Pas de quoi pleinement encaisser, bien entendu. Simplement assez pour, une fois la déferlante passée, qu’elle se tienne debout, son sourire satisfait aux lèvres. Du moins un très bref instant, avant d’à son tour mettre genou à terre. Ou, plus exactement, tomber inconsciente.