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Damian Lola Vinny Cecilia Matryona
L’air devient nauséabond, il empeste le roussi. Comme pour accompagner sa gêne olfactive Matryona se laisser aller à un renvoi guttural accompagné du spasme qui précède une régurgitation. Ce n’est pourtant pas le contenu de son estomac qu’elle éjecte mais un œuf de taille singulière, lequel s’écrase immédiatement au sol pour en dévoiler le contenu. Vinny s’extirpe des débris de soie, et peste comme à son habitude sur la cruauté du monde avant de s’envoler péniblement.
Le regard multiple de l’araignée regagne alors toute l’attention nécessaire et se plante vers l’autre bout de l’arène. Une douleur sourde chemine au plus profond du corps meurtri par les flammes, mais pour autant sa volonté ne fléchit pas. Des mots résonnent comme une litanie : le chasseur jamais ne s’impatiente, il doit attendre le bon moment pour frapper. En plus d’un millénaire jamais sa survie ne fut remportée par la force brute. Cela ne changerait pas aujourd’hui.
La tempête ardente s’intensifie. Cette fois ce sera probablement la dernière, et la plus rude à encaisser. Il paraît hautement improbable de pouvoir sacrifier autant d’énergie sans en payer le prix, d’un coté comme de l’autre. Quant à savoir qui de la prédatrice ou de sa proie en sortira victorieuse, rien n’est moins sûr.
- Encore un peu de patience. La muraille peut encore tenir, ayez confiance. Un nouveau jour se lève. Avec lui, un air de déjà-vu. Solide sur ses appuis Matryona relève péniblement ses bras et répète inlassablement cette pose insolente qui doit certainement agacer sa rivale. Elle accuse une énième fois le coup, sent le souffle arracher par endroits le mortier de sa défense qu’elle imagine suffisante pour ne pas avoir à flancher complètement.
Ses pieds glissent, elle n’est plus très loin du bord. Le flash l’aveugle un temps puis tout reprend forme, exception faite du masque impassible qui ici se tord dans une grimace silencieuse. De part et d’autre de son torse fumant elle constate avec amusement que la carapace de porcelaine a souffert. Elle est constellée de fissures et de brèches desquelles ne ressortent que le vide abyssal, comme si sous cette peau souillée par la suie ne se cachait rien d’autre que les ténèbres qui habitent son âme.
Elle se redresse, tente de garder la tête haute. Ses quatre bras fumants pendent le long du corps, inertes. Elle tend une paume tendue vers le ciel, et Damian s’y pose aussitôt. Les deux savent. Ils comprennent. Aux grands mots, les grands moyens. Mère et fils s’échangent un sourire entendu, avant que la progéniture comme son frère avant lui ne se fasse dévorer.
Un soubresaut l’électrise, la barrière redouble d’intensité tandis que dans un concert de craquement l’Arrancar voit sa chrysalide refermer les trous çà et là. Elle prend, enfin, une pose plus agressive qu’auparavant. Ses six pattes déployées, prêtes à arracher les ailes de la petite mouche de feu, elle braque l’intégralité de ses yeux teintés d’une couleur mauve éclatante à l’horizon.
Une voix moqueuse s’insinue dans le crâne de l’adversaire, jouant au passage avec ses dernières forces mentales.
- Inutile de te débattre, ce petit jeu sera bientôt terminé. Il faut parfois accepter son sort, lorsqu’on est prise dans la toile.