Sèche le loup [PV Jinro]

Il paraît que, quelque part au Seireitei, un type qu'on surnomme secrètement "le loup sec" aurait à la fois d'excellentes compétences en combat rapproché et en Kidō, incorporées harmonieusement en un seul style cohérent.

"C'est quoi, ces conneries? Qu'il soit mouillé ou pas, quelle importance?" Yoru a demandé autour d'elle, des bruits de couloir lui ont répondu : le type en question serait vraisemblablement l'un des instructeurs de l'Académie. Un Komamura aux airs patibulaires, que certains disent strict dans son enseignement. Voilà donc qui lève le mystère sur ce sobriquet.

Mais pourquoi parle-t-on de lui, au juste? Eh bien, parce que la Nécromancienne est précisément en route pour aller s'entretenir avec lui. Son affrontement avec Shinjiro le lui a démontré : elle a encore beaucoup de progrès à faire. Non pas que la défaite la dérange; c'est surtout son manque de compétence en combat rapproché qui la préoccupe. Elle se croyait forte, elle qui est en avance sur toute sa Division à ce sujet - et, au final, le colosse lui a remis les pieds sur terre. Une affinité pour les sorts à courte portée, sans la maîtrise qui va avec : voilà ce qui pourrait, à terme, causer sa perte. Sa convalescence, toujours en cours, le lui a bien fait comprendre. Couvertes de bandages sous son hakama, ses jambes n'ont pas encore tout à fait recouvré leur pleine mobilité - une question de temps, bien sûr.

Si elle a déjà entendu parler de techniques mêlant Kidō et combat à mains nues, ce style de combat semble être l'apanage de la Deuxième Division - et pas question d'aller demander conseil au ninja en chef. Déjà, parce qu'elle n'a pas forcément envie de voir sa tronche plus souvent qu'elle ne le fait déjà - bien malgré elle ! - ces derniers temps. Ensuite, parce qu'elle sait très bien qu'elle se ferait jeter avant même d'avoir fini sa question. Bref, ce n'est pas une option.

En revanche, le Komamura ne la connaît pas. Du moins, elle l'espère : le fait qu'elle a partiellement rasé l'Académie, plusieurs décennies auparavant, n'est pas tout à fait un secret - et, si plus personne n'en parle vraiment, il n'est pas exclu qu'un instructeur ait déjà entendu raconter cette petite histoire. Bien que, de nos jours, la plupart s'en fichent, ceux qui ont vécu l'événement (en tant que professeur, ou en tant qu'étudiant) ont toujours tendance à la garder à l'œil d'un air inquiet lorsqu'elle se trouve dans les parages. Espérons que le haori qu'elle porte sur les épaules suffira à le mettre dans de bonnes dispositions.

Reste à savoir si la rumeur au sujet des talents de l'homme-bête se vérifiera.


- Euh, bonjour. Je cherche l'un de vos instructeurs. "Le loup s-"... pardon, "Komamura", il s'appelle. Vous pouvez lui dire que la Commandante en chef Yane du Kidōshū le cherche pour, euh... parler techniques de combat?


Le Shinigami qu'elle vient de charger de la commission s'incline brièvement, puis file en direction des dojos. Au moins, il a l'air de savoir de qui on parle.

Plus qu'à croiser les doigts...

Spoiler:

Le cours était terminé depuis une heure maintenant mais Jinro n'avait pas arrêté pour autant. Il le sentait jusqu'au bout des griffes : il approchait de sa fameuse technique. Il ne lui manquait finalement plus grand chose pour parvenir à gérer le flux d'énergie avec les mouvements imposés. Seulement cela restait difficile, ce n'était pas sans raison que cette technique était si particulière.

Pour le coup, il avait laissé tombé la veste pour ne pas être entravé de vêtements superflus. Ceux de l'Académie s'y étaient fait, de voir ainsi leur Troisième siège "à poil". Littéralement parlant le concernant d'ailleurs. Il ne porta qu'une attention minime alors qu'un envoyé arrivait dans sa direction. Ce dernier eut au moins l'intelligence d'attendre que le Komamura lui fasse un signe de s'avancer avant de prendre la parole.

- Désolé de vous interrompre. La Commandante en Chef du Kidōshū vous demande.

Alors qu'il étirait ses membres, il se redressa, visiblement curieux. Il connaissait le nom du Capitaine récemment promus à ce titre. Cela avait d'ailleurs fais parler parmi les anciens du coin et pour cause. Yane Yoru s'était rendu responsable il y a une époque pas si lointaine de très gros dommages au sein de l'Académie, tant humains que matériels. Et elle avait été jugé pour cela. La rumeur voulait qu'elle s'en était sortie seulement grâce au contexte actuel. Et voilà qu'elle avait atteins ce poste prestigieux.

Attrapant sa veste sans manche au passage, il l'enfila alors qu'il replaçait également son Zanpakutō sans son dos, se dirigeant vers l'endroit ou Yoru l'attendait. Que lui voulait-elle ? Il n'en savait rien encore mais la visite d'un si haut gradé n'était jamais simple. Plutôt que de se perdre en conjecture, il préférait entendre cela de la bouche même de la jeune femme.

Arrivé jusqu'à elle, il lui adressa un petit signe de tête pour la saluer. Son oeil unique rendait souvent mal à l'aise ceux qui le voyaient pour la première fois. Faut dire que s'il était moins imposant que son frère, il restait tout de même une belle bête. Et les nombreuses cicatrices n'étaient certainement pas là pour rassurer. L'on disait de lui qu'il était rigide et stricte dans son enseignement. C'était effectivement le cas. Cette mission d'importance avait à son sens plus de valeurs que n'importe laquelle. S'il préparait mal ses élèves, ils mourraient lors de leurs premières missions.

- Pardonnez mon retard. Je suis Komamura Jinro.

Se rappelant qu'il sortait d'entraînement, il farfouilla dans sa veste pour en sortir le brassard de Troisième siège qu'il replaça à sa place, parfaitement visible.

- Je dois admettre que je suis curieux de savoir pourquoi la Commandante en Chef souhaite me voir. Suivez-moi, si vous le voulez bien. Nous allons nous rendre à un endroit plus calme.

Déjà des visages curieux se tournaient vers eux. La scène avait de quoi faire jaser, il faut dire. Surtout que parmi le lot, un ou deux des "anciens" étaient présents. Tout en écoutant ce qu'elle aurait à lui dire, il l'accompagna jusqu'à un petit havre de paix, un peu à l'est des terrains d'entraînements. Une zone au calme mais à l'air libre, qui permettait d'ordinaire de s'entrainer à la méditation et aux sorts de Kidō nécessitant de l'espace et du calme.

Et hop ! Quand on parle du loup, on en voit la queue. En regardant arriver le Komamura en question, la brune le scrute de haut en bas. On le dit intimidant - et elle peut le comprendre. En revanche, elle le trouve surtout... mignon? C'est sa première entrevue avec l'un des représentants de la caste d'hommes-bêtes dont la lignée s'est illustrée à l'époque du Capitaine Komamura Sajin, et devant le pelage touffu du spécimen, elle ne peut s'empêcher de se demander s'il est doux et tient chaud, l'hiver, devant la cheminée. En tout cas, une chose est certaine : il ferait une super mascotte. De quoi lui faire une proposition. Mais plus tard - des sujets plus sérieux les attendent.

Emboîtant le pas à son hôte, elle traverse le bâtiment sur ses talons, se laissant guider jusqu'à un petit espace extérieur fort charmant, à l'abri des oreilles indiscrètes. Joli cadre. Mieux que son bureau. Il faudrait qu'elle y installe un jardin zen d'intérieur, tiens. Idéal pour faire des miracles sur les nerfs, entre deux rapports. Un petit râteau, et hop, on fait des ronds dans le sable jusqu'à se vider la tête. Y en a qui ont de la chance.


- Merci de me recevoir. Avant toute chose, donnez-moi un instant...


Sans en dire plus, elle retrousse ses manches.

De ses doigts jaillit un fin rai de lumière blanche, crépitant d'énergie électrique, qui file en diagonale au-dessus des toits et va se perdre dans le lointain. Immédiatement à sa suite, un Shakkahô surgit, tournoyant dans les airs pour exploser au-dessus de leurs têtes en une gerbe de flammes écarlates. Enfin, les gestes de la Nécromancienne s'accélèrent, presque de façon surnaturelle; dans un flou cinétique difficile à suivre à l'oeil nu, ses mains s'agitent avec une précision parfaite, et en une fraction de seconde jaillit un triangle doré qui file vers le firmament.

Si le Komamura est si calé en Kidō que le prétendent les gens, il l'aura remarqué : informulés, les trois sorts auxquels elle a donné vie ont été formés avec une technique absolument impeccable, signe d'une très haute expertise des fondamentaux. S'il fallait encore douter du talent de Yoru dans ce domaine, en dépit de son titre, la rapide démonstration aura dissipé tout questionnement. Quant à elle, elle espère qu'en tant qu'instructeur, son interlocuteur sera sensible à ce point fort - après tout, un combattant est comme une maison : pour ajouter des étages et s'élever davantage, il faut d'abord construire des fondations d'une robustesse à toute épreuve.

Elle se tourne vers Jinro.


- Voilà. Maintenant que vous me connaissez un peu mieux, j'aimerais vous expliquer mon problème. Vous voyez, la plupart des spécialistes en Kidō favorisent le combat à distance. Ils bombardent leurs cibles, essaient de rester insaisissables. Bien sûr, il y a des exceptions. La famille Kuchiki, par exemple, dont l'expertise, à la fois en Kidō et à l'épée, n'est plus à prouver. Mais je parle plutôt de véritables maîtres du Kidō, qui ne comptent que là-dessus et le font mieux que quiconque. Dont mes prédécesseurs, au poste que j'occupe.


Elle hausse les épaules. De l'intérieur de sa manche, son kiseru glisse dans sa paume. Elle prend un instant pour le porter à ses lèvres et l'allumer, par le biais d'un début de Shakkahô qu'elle forme du bout des ongles avant de le dissiper d'un claquement de doigts.


- Là où je colle pas avec la tradition, c'est que je lance mes sorts au contact. Je prends les coups pour mieux les rendre. Mais un récent entraînement me l'a fait comprendre : je perdrai toujours au corps-à-corps face à un réel expert du combat rapproché. J'ai beau avoir bossé les sorts informulés pour les rendre plus immédiats, un sort sera toujours plus lent qu'une lame quand on est à portée de bras, vous voyez? Alors je crois qu'il faut que je développe une nouvelle façon de me servir du Kidō. Une façon plus directe.


Elle fixe l'œil valide de l'homme-loup.


- Je pense que vous voyez où je veux en venir.


Pas la peine d'y aller par quatre chemins : désormais, on entre dans le domaine de compétence du Komamura.

L'exécution était parfaite et Jinro ne pouvait douté de la compétence de celle qui occupait le poste le plus important de la division des Nécromanciens. Si certains doutaient de ses compétences, ils auraient déchantés en la voyant enchaîner ainsi plusieurs sorts. Il n'était pas aisé de lancer des sorts informulés car cela nécessitait de les connaître parfaitement mais aussi et surtout de savoir doser la quantité d'énergie qu'il fallait pour ne pas que cela blesse le lanceur.

Elle était douée. Ce fut plutôt la suite qui l'intéressait néanmoins. Si elle connaissait la faiblesse et la force principale des guerriers de sa division, il en était de même pour lui. Pour enseigner depuis plusieurs années maintenant, il avait toujours cherché à mettre en garde sur une sur-spécialisation. Certes, il était utile de bosser sur ses forces principales mais justement, il était indispensable de savoir combler la faiblesse qui en résultait forcément.

Si l'on ne pouvait pas être expert en tout, on pouvait néanmoins être très bon dans plusieurs discipline, au point de faire de sa faiblesse principale un simple "mauvais moment".

- Ce que vous mettez en avant est précisément le point sur lequel j'insiste le plus lors de mes cours. Développer sa force et en faire son atout principal, c'est permettre aussi à ceux qui sont nos opposés de nous atteindre plus facilement une fois que l'on entre dans leur champ d'action. Il en est ainsi de tout les corps spécialisés.

Il l'observait. Au vue de ce qu'elle venait de démontrer, elle avait du s'opposer à un shinigami réellement expert dans son domaine pour que la Commandante en personne admette ainsi sa faiblesse. Il était intéressant alors de voir qu'elle cherchait alors à s'adapter. C'était une preuve d'intelligence. Beaucoup n'aurait alors qu'essayer de s'améliorer plus encore dans le seul domaine qu'il maîtrisait. Elle, elle cherchait des solutions de traverse.

- Lancer ses Kidō au corps à corps est déjà une excellente façon de surprendre. Seulement une fois passé l'effet de surprise, cette force se transforme en désavantage. Pour combler le fossé entre un expert au sabre ou au Hakuda et un expert en Nécromancie, il faut pouvoir allier un autre élément. Plusieurs options existent. Tout dépend de la personne.

Les deux étaient proches l'un de l'autre. Ainsi pourrait-elle aisément analyser ce qui allait suivre. Autour du Komamura venait d'apparaître une énergie crépitante. Alors que son poils se hérissait et que l'énergie se déployait autour de lui, il disparut. Littéralement parlant. Seuls des flash lumineux apparaissait là où il reprenait forme, avant de se dissiper l'instant d'après. Il cessa son petit jeu quelques secondes après et braqua son bras vers le ciel lui aussi. Pendant ses déplacements, il avait eu le temps de formuler le sort qui allait suivre.

Des flammes violettes fusèrent alors vers le haut, une attaque que l'experte reconnaitrait aisément comme le Haien. Un sort puissant, qui paraissait renforcé par l'énergie qui crépitait autour du Troisième siège. Ce dernier brisa alors le premier sort et l'énergie se dissipa.

- Ceci est une technique qui mêle le Kidō au Hakuda. Je peux alors me mouvoir plus facilement, mes attaques sont plus puissantes, et je peux reprendre l'avantage face à quelqu'un qui essaierait de m'atteindre au corps à corps. Une technique de famille que j'ai amélioré.

Le Shunkô bestial. La rumeur voulait que d'illustres capitaines de la Seconde division aient utilisés des techniques semblables à celle-ci. La sienne lui permettait de combler le fossé qui le séparait des meilleurs combattants. Jinro n'était un vrai spécialiste en rien. Mais il maîtrisait les bases de chaque catégorie de combat jusqu'au bout des griffes. Lui donnant une adaptabilité parfaite.

- J'ai opté pour la vitesse. Mais vous pourriez tout aussi bien allier l'énergie du Kidō à une arme, se qui renforcerait vos attaques au corps à corps. Une fois encore, cela dépend de la personnalité et des aptitudes de chacun.

Le professeur donnait sa première leçon. Restait à écouter ce qu'elle aurait à en dire, notamment concernant ses propres forces. Car difficile de conseiller si l'on n'en connaissait pas un minimum sur la personne qui était demandeur.

Avec attention, elle écoute les premières impressions du Komamura, et observe sa petite démonstration. Très clairement, il a mis le doigt sur les besoins exacts de la Commandante en chef. Lorsque jaillit la gerbe de flammes, elle frappe dans ses mains, offrant un applaudissement poli à son interlocuteur, comme si elle avait assisté à une sorte de spectacle. De fait, la technique est impressionnante. En serait-elle capable, même avec beaucoup d'entraînement?

Saisissant au vol l'occasion d'en dire un peu plus, comme le souhaite manifestement Jinro, elle saisit machinalement son menton entre ses doigts et perd son regard dans le vague, l'air songeur.


- Hmmm. La vitesse, on peut oublier. J'ai développé de quoi compenser cette faiblesse, mais c'est seulement une mesure temporaire, qui en demande beaucoup à mon corps si j'en abuse. Je fais plutôt dans la force de frappe - idéalement, chacun de mes coups doit être potentiellement décisif. Vibre, Yanari !


Dégainant sa lame d'un coup sec, elle récite la formule permettant de lever le sceau retenant son Shikai. S'allongeant rapidement au creux de sa main, l'arme prend, en un éclair, les dimensions d'une longue lance, dont l'extrémité se termine en deux pointes formant une sorte de fourche.

Frappant dans le vide, elle effectue une demi-douzaine de katas et répète quelques techniques simples, apprises à l'époque où son Zanpakutō lui a révélé son nom. Chaque fois qu'elle change sa posture, le gravier crisse sous l'épaisse semelle compensée de ses bottes en cuir noir. Si sa main est sûre, il est évident que sa forme est imparfaite, que les coups manquent de précision; les pointes de l'arme virevoltent, mais la fluidité de l'enchaînement laisse à désirer.

Cette nouvelle démonstration finie, la brune se retourne vers l'homme-loup, avec un sourire d'excuse.


- Mon style de combat me permet de travailler mon physique, mais j'ai peu d'occasions de me servir de mon arme. J'ai... disons, un problème de synergie avec mon Shikai. Je suis spécialiste de la destruction, c'est une arme de neutralisation. J'ai besoin d'une main libre pour incanter, elle se manie bien mieux à deux. Pourtant, son pouvoir m'a déjà sauvée plus d'une fois, et je me vois mal y renoncer pour autant...


De fait, le contrôle du son offert par Yanari lui permet de se créer de belles ouvertures. Si la forme de l'arme ne la rend pas très pratique à manier lorsqu'on incante, ses capacités de neutralisation et de diversion lui donnent une utilité certaine, qui agit de façon complémentaire vis-à-vis des compétences de sa propriétaire.


- Du coup, j'imagine que votre dernière suggestion est peut-être la piste à privilégier, conclut-elle simplement.


Sans conviction, comme le trahit sa voix - une hésitation que ne manquera sûrement pas de saisir Jinro. Elle qui ne rechigne jamais à coller un bon coup de poing pour lâcher un sort à bout portant, cette option lui irait bien mieux. Mais alors, que faire de Yanari, qui deviendrait un fardeau plus qu'une aide? Et puis, elle est moins familière avec le combat à mains nues qu'avec l'affrontement armé. Si seulement elle avait trois ou quatre bras, les choses seraient plus simples...

Le fait de vouloir opter sur la force était clairement une solution évidente pour la Commandante en chef et il pouvait le comprendre. Tous n'étaient pas taillés pour la vitesse et il ne fallait pas aller contre nature pour rester le plus opérationnel possible. Il restait important d'accentuer ses forces et de résister un peu plus facilement à ses faiblesses. Le reste était superflu.

Il reconnut aisément le type d'arme utilisé par Yoru lorsque celle-ci libéra son shikai. Il ne la connaissait même que trop bien tant cette dernière était utilisé pour neutraliser les prisonniers notamment. La laissant à sa démonstration, il l'observait. Il était amusant pour lui de constater à quel point elle différait de ce que l'on pouvait attendre d'une cheffe Nécromancienne. Bien que sa dextérité soit clairement impressionnante.

Elle mentionnait les faiblesses de son arme, comparée à ses capacités martiales. Il comprenait le problème. Cette arme ne lui permettait visiblement pas d'accentuer son emprise technique. Curieux alors qu'elles soient ainsi assorties.

- Je le crois, en effet. Disons que cela serait le plus efficace vous concernant. Votre dextérité et votre forces devraient au moins vous permettre de faire contre-poids dans un combat compliqué. Surtout dans un combat où l'on attend autre chose d'une Nécromancienne.

L'entraînement devait donc se concentrer sur cette partie. Mais il était plus facile de le dire que de le faire. Et visiblement, Yoru avait constaté le problème qui ressortait de ce point. Quid de son arme ? Une telle allonge n'avait plus d'intérêts en combat rapproché. Ses deux mains seraient prises, neutralisant le fait de lancer des sorts ou simplement de porter un coup.

- Et pourquoi pas tout simplement l'alternance ? Est-ce réellement utile pour vous de libérer le pouvoir de votre Shikai en combat ? Regardez-moi. Je ne l'utilise que très peu mais si je le fais, c'est pour m'adapter à la situation. Il m'arrive fréquemment de ne même pas le sortir. Vous pourriez faire de même. Ne le libérer qu'en dernier recours, pour surprendre. Et du coup, même si cela neutralise vos compétences au corps à corps, vous pourriez quand même opter pour un style hybride. Le Kidō à distance, le Kahuda au corps à corps. Et votre lance pour un style qui mélange les deux.

Cela paraissait évident mais il était bon de le rappeler. Lui qui n'utilisait son shikai qu'occasionnellement, il savait comme cela pouvait surprendre l'adversaire.

L'homme-loup analyse, puis se prononce. Avec beaucoup de justesse, il identifie le point problématique, avant de proposer une solution. En l'entendant, elle esquisse un sourire. Sa conclusion est à la fois cohérente et raisonnable, d'une logique implacable... et c'est justement là le souci. C'est bien là ce que répondrait quelqu'un qui ne la connaît que très peu. Parce que Yoru se veut volontairement paradoxale. Est-ce là la raison pour laquelle son Zanpakutō a adopté une forme si peu pratique?


- L'alternance pourrait fonctionner, bien sûr, mais... (Elle marque un temps d'arrêt.) Disons que mon Shikai fait presque autant partie de mon style de combat que mes sorts. Passez outre sa forme...


La phrase se coupe. Si ses lèvres continuent de remuer, plus aucun son n'en sort. En revanche, sa voix se déporte dans le dos du Komamura, tournant autour de lui comme si animée d'une volonté propre.


- ... et vous comprendrez vite que son pouvoir est un très bon outil de diversion, d'illusion et de confusion. Je m'en sers pour me créer des ouvertures et contrôler l'espace. En plus, même si sa forme n'est pas super pratique, son apparence est très importante parce qu'elle est inattendue tout comme j'essaie de l'être. Vous aurez compris que je ne suis pas le genre de Nécromancienne qui reste en seconde ligne pour faire étalage de son répertoire de sorts. M'amputer de mon Shikai, c'est m'amputer non pas de mes capacités au corps-à-corps, mais de ma flexibilité.


Tapant du talon sur le gravier, le cliquetis métallique des boucles de ses lourdes bottes vient bercer sa réflexion. Non, se passer de Yanari serait trop risqué - trop contre nature... du moins, pour son style qui l'est déjà sensiblement, si l'on veut le comparer à la norme attendue d'une Nécromancienne.

Clic, clic, clic. Le métal lui répond, à intervalles réguliers, comme pour lui dire quelque chose.

Elle fixe le cuir noir de ses chaussures.

Plus qu'un cliquetis dans ses oreilles, c'est peut-être plutôt un déclic dans son esprit. Elle lève une jambe, estime sa souplesse. Supérieure à la moyenne des Nécromanciens, à n'en pas douter - elle est très rigoureuse sur ses exercices physiques. Un peu au hasard, mais inspirée par cette soudaine idée, elle prend son élan, effectue quelques pas. La pointe de Yanari se fiche en terre et lui sert d'appui, tandis que son pied fend l'air en un large arc de cercle. La forme du coup est assez mauvaise, trahissant ses connaissances plus que rudimentaires dans le domaine du combat désarmé, et pourtant...

Elle se retourne vers Jinro.


- Dites-moi. Est-ce que votre technique marche seulement avec des coups de poing?


Et si c'était ça, sa meilleure chance d'apprendre de nouveaux tours sans devoir renoncer aux anciens?

Il comprenait le raisonnement et en réalité, il n'y avait pas réellement de chose à dire là dessus. La flexibilité était importante dans un combat. Primordiale même s'il se basait sur son expérience personnelle. Il aurait alors été très mal avisé de la reprendre sur ce sujet. Etant parti prit, il n'eut alors qu'un simple grognement approbateur.

Il l'observait alors qu'elle effectuait son petit manège. Appliquée, elle paraissait également en proie à une intense réflexion. Ce qu'il comprenait au regard des questions qu'elle lui posait depuis le départ. Apprendre à s'adapter et à améliorer son style n'était pas une chose évidente et il fallait pour la plupart de nombreuses années pour y parvenir. Yoru devait certainement s'en douter. Il lui faudrait du temps et pas mal d'énergie pour corriger certaines choses.

Lorsque sa question vint alors, il eut un signe de négation de la tête. Si seuls ses poings devenaient utiles lorsqu'il déployait sa technique, cela l'aurait handicapé plus que de raison. La flexibilité qui avait été mis en avant précédemment prenait ici tout son sens.

- Non. L'énergie se déploie dans tout mon corps et je suis alors capable d'agir autrement qu'avec mes poings. Mon arme peut aussi en bénéficier, sans compter le reste de mon corps. D'ailleurs cette aura renforce également le Kidō que je manipule lorsque les conditions sont toutes réunies.

En sommes, elle était coûteuse en énergie, sans le moindre doute, mais lui permettait d'impacter le reste de ses techniques. Temporairement évidemment. Mais c'était toujours ça. D'ailleurs cette technique lui avait permis de vaincre un autre Capitaine. Celui de la Seconde Division.

- Pourquoi cette question ? Avez-vous une idée particulière ?

Très certainement, sans quoi elle ne l'aurait pas interrogé. Si l'idée venait d'elle, alors il lui serait plus facile de s'adapter. Qui mieux qu'elle connaissait son style finalement ?

"Dans tout son corps", donc. Y compris dans une arme, chose dont Yoru avait déjà entendu Jinro parler un peu plus tôt - ce qui a du sens, un Zanpakutō étant l'extension de l'âme de son porteur. Dans son esprit, une chose est claire : voilà exactement le genre de flexibilité dont elle cherche à tirer profit.

L'homme-loup lui demande de détailler davantage son raisonnement. Il aura sûrement compris ce qui lui donnait tant matière à réfléchir - alors autant lui donner quelques informations supplémentaires, qu'il ne pourrait pas deviner tout seul.


- Je vous ai parlé de mon style de combat très direct. Pour une lanceuse de sorts, j'ai de très bons appuis et un super équilibre. Je peux aussi compter sur mon Shikai comme renfort pour me mouvoir. Alors...


Elle frappe le sol, d'un coup sec du talon. Le cliquetis métallique de ses chaussures se fait entendre, en trahissant le poids.


- Si j'essayais les coups de pied? Mains libres, pas de soucis de stabilité... Si je peux canaliser le Kidō dans mes jambes, ça me fera une arme supplémentaire pour le combat rapproché. La partie Kidō elle-même ne me fait pas peur, mais le vrai problème, c'est que j'ai jamais eu besoin de travailler le Hakuda. J'ai de grosses lacunes là-dedans.


Elle n'aurait jamais pensé avoir à apprendre de telles techniques un jour, mais il faut le reconnaître : si une discipline liée au Kidō lui échappe, elle voudra absolument s'y essayer. En dehors de l'intérêt évident que ce genre de compétence représente pour elle, c'est une question de principe.


- J'ai toujours dit que parfaire les fondamentaux, c'est l'essentiel, peu importe la discipline. Mais là, je dois déjà les acquérir. Et il me faut un instructeur pour me donner des devoirs... et une formation accélérée. D'abord le Hakuda, ensuite la méthode pour... eh bien, faire ce que vous faites.


Quelques idées se forment déjà dans son esprit, mais il lui faut avant tout le bagage technique pour pouvoir appliquer ce qu'elle imagine. Plus facile à dire qu'à faire, donc. D'autant plus qu'elle cherche un apprentissage express - un rythme soutenu lui conviendrait, pourvu qu'elle parvienne à des résultats concrets en quelques mois plutôt qu'en quelques années. Elle n'aura bien sûr rien d'une experte, et ne cherche de toute façon pas à devenir Bruce Lee en trois semaines; ce qui compte à ses yeux est d'obtenir un niveau assez satisfaisant pour que le combat désarmé devienne une option viable - et fiable - lors d'un affrontement réel.


- N'allez pas penser que je vous donne un ordre. Mon grade n'existe plus. Je vous demande cette faveur en tant qu'élève potentielle.


Si les techniques du Komamura sont très personnelles, il rechignera peut-être à enseigner son art - encore plus à une Shinigami qu'il ne connaît que depuis vingt minutes à peine. Mais Yoru est déterminée, et ce dernier ajout de sa part sert à le montrer : si elle doit se dédier à l'apprentissage d'une nouvelle discipline, pas question de faire les choses à moitié.

Que l'on ne puisse être une experte dans tout les domaines était logique. Mais Yoru cherchait véritablement à améliorer sa maîtrise afin de combler ses faiblesses. Une telle débauche d'énergie mènerait forcément à la réussite, il ne pouvait pas en être autrement.

Jinro comprenait la demande. Devoir l'aider à mieux maîtriser son corps, le Hakuda notamment, était la clé de la réussite. Surtout si elle désirait ensuite atteindre ce que lui était capable de faire. Un court instant, quelque chose retint sa réponse. Son art était sans doute l'une des choses dont il était le plus fier. Et à dire vrai, il ne voyait pas vraiment ce qu'il avait à y gagner ici.

Certes, en temps normal il ne se posait pas la question. Les jeunes recrues avaient besoin de ses talents pour survivre. Et cela lui suffisait. Mais la commandante en chef du Kidōshū pouvait agir autrement. Sa force était réelle. S'il ne lui enseignait pas, elle saurait toujours apte à se défendre et à vaincre. Alors pourquoi enseignerait-il une telle chose ? Il eut un sourire carnassier avant de se reprendre. Elle était une des plus hautes représentantes du Pouvoir au sein du Gotei. Il n'avait pas le droit de penser ainsi.

- Et bien j'accepte. Le devoir d'un professeur est d'enseigner. J'ai toujours pris mon rôle très au sérieux. Je vous enseignerai ce qu'il est nécessaire d'apprendre pour améliorer votre maîtrise du Hakuda. Pour renforcer votre corps et vous permettre d'employer ensuite des techniques qui seraient aujourd'hui dangereuses pour votre être.

Car déployer cette puissance n'était pas sans risque et Jinro se blessait lui-même pour atteindre cette perfection. Et elle paraissait motivée. Elle allait en avoir besoin d'ailleurs.

- Mais ce sera pénible, je préfère vous prévenir. Les Komamura sont nettement plus résistants physiquement que les Shinigamis. C'est là une de nos forces premières. Et ce n'est pas quelques semaines qui changeront cette donnée. Toutefois nous pouvons faire en sorte de combler ce fossé par quelques exercices utiles.

Mais pas de suite. Il avait encore des choses à faire avant. Et cet enseignement ne pourrait se faire à la légère.

- Rejoignez moi demain sur le terrain d'entraînement n°3. Votre enfer débutera alors. En attendant, si vous voulez bien m'excuser.

Il inclina légèrement la tête alors qu'il se détournait déjà d'elle. Il avait distillé ses conseils et avait accepté sa demande. Pour autant, les choses sérieuses ne débuteraient que le lendemain. Lui, simple Troisième Siège, allait avoir une drôle d'élève pendant quelques temps...

J'estime le rp terminé. Par logique, on pourra donc dire que Jinro t'enseignera et cela te permettra donc de justifier le power up que tu vas/as chopper xD

Merci pour le rp

La différence de rang a-t-elle pesé dans la balance, alors que l'homme-loup réfléchissait à sa réponse? Difficile de le dire, en dépit du fait que Yoru a expressément souligné ce point comme n'étant pas digne d'être pris en considération. Toujours est-il que la réponse semble positive, peu importe la motivation du Komamura : après tout, pour un instructeur, existe-t-il plus grande fierté que de voir le grade s'effacer au profit de l'expertise, plier face à l'expérience?

L'entendant évoquer la pénibilité du programme qu'il lui réserve, la Nécromancienne a un sourire en coin. Ce n'est pas l'endurance qui lui fait défaut, en dépit de ce que pourrait laisser penser son affinité pour le Kidō - elle a déjà abordé ce point, la faute à son approche personnelle qui nécessite une certaine capacité à pouvoir encaisser les coups. Pour toute réponse, elle porte une main à son uniforme et en écarte les pans, révélant en dessous les bandages qui enserrent son buste.


- Je me suis fait ça en allant chercher le Vice-Capitaine de la Onzième au corps-à-corps. Si j'avais peur des coups et des blessures, ça se saurait. D'ailleurs, c'est en bonne voie de guérison. Pas de quoi m'empêcher de m'entraîner.


Lorsqu'il évoque son enfer à venir, elle se contente d'exprimer le fond de sa pensée, haussant les épaules :


- Le seul enfer, ce serait d'arrêter d'apprendre. La difficulté me fait pas peur. Je sais dans quoi je m'embarque... alors à demain, sensei, et merci.


Et elle s'incline légèrement, yeux clos, marquant sa gratitude alors que l'homme-loup s'éloigne de son côté. Les prochains mois vont être difficiles, c'est certain. Avancer sur ses recherches, s'entraîner au Hakuda, effectuer ses lancers de sorts quotidiens et tenir sa Division, voilà un planning bien rempli... Pour autant, la charge ne lui fait pas peur. Après tout, si elle aime bénéficier d'un peu de temps libre, elle est également parfaitement capable de se donner une discipline lorsqu'il s'agit d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés.

Parce que l'alternative, c'est l'échec - et ça, il n'en est pas question.