going back (miyu, mickael)

Ton agacement est évident. Palpable. Mais plus que ça, c’est ta déception qui est plus frappante encore. Déçue par ceux sous tes ordres. Par les membres de ta section. Déçue par ceux en qui tu avais confiance. Ou presque. Par Miyu, évidemment, que tu as amené avec toi parce que tu as fait l’erreur de croire en elle. Croire plus qu’en ses compétences. Croire en sa bonne volonté.

Par Mickael aussi. Par son comportement loin d’être à la hauteur que ce à quoi tu t’étais attendue de lui. Parce que plutôt que de chercher à calmer le jeu et de simplement continuer sa route, il a préféré envenimer la situation. Et la conclusion de tout ça ?

Un combat si près du phénomène.
Celui-là même qui venait de vous exploser à la gueule.

Et des blessés en prime. Un plus que l’autre. Et pourtant, tu ne le prends pas en pitié. Tu n’en as pas envie. Tout ça aurait pu être évité s’il n’avait pas provoqué. Tout comme tout aurait pu être évité si elle, elle ne s’était pas comportée comme la connasse que tu as déjà pu entrevoir. Peu importe au final. Il y a bien des façons dont la situation aurait pu être évitée or, ce n’est pas comment les choses se sont passées et tu ne peux désormais que déplorer les conséquences de tout ça. Celles que tu allais devoir toi aussi assumer.

L’ordre avait donc été sans appel, pour ceux de ta section. On rentre. C’est ce que tu leur as dit, sans leur donner l’occasion de s’obstiner. Oh, tu aurais aimé que quelqu’un reste derrière parmi vous, que quelqu’un garde un oeil sur les installations, cependant… Ça me serait pas eux. Parce que de toute évidence, tu ne peux pas leur faire confiance.

À l’un comme à l’autre.

C’est donc en silence, avec le regard plus sombre, loin d’être aussi agréable que tu l’es d’ordinaire, que tu as rejoint votre portail vous permettant de rentrer sur Terre. - Pour le moment, considérez-vous retirés de tous les projets auxquels vous participez. Adressé aux deux membres de ta section.

- Si je ne peux pas vous faire confiance avec quelque chose d’aussi important que ce qu’on venait faire ici… Alors tu ne leur faisais pas confiance pour qu’ils continuent de travailler.

Et pour le reste ? Tu verrais avec Junichiro. Après tout, il allait être mis au courant dès l’instant où tu te retrouverais de l’autre côté du portail, malgré ta folle envie d’aller simplement te reposer pour calmer ce mal de tête qu’ils avaient fait naître. Un dernier regard vers eux, une signe pour qu’ils passent le portail et tu leur emboîtes le pas. Tu ne leur dis plus rien, n’ayant rien de plus à leur dire, pas même une fois de retour sur Terre. Tu verrais plus tard mais, pour le moment, tu as simplement envie d’aller t’écraser dans ton lit et d’y dormir pour les deux prochains jours. Tu as grand besoin de repos.

Très certainement ce que tu allais faire, une fois l’arrêt bureau de ton King fait et votre discussion terminée.

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Nous étions dégagés de nos responsabilités à la suite de cet incident « malencontreux ». Pour l’heure, à ce sujet, je ne disais rien. Car je comprenais les formes de crispations que cela pouvait susciter au regard des derniers événements. Quand bien même, je m’étais fait un joli bilan de mes actions pendant la durée de l’expédition et je savais, au fond de moi, que j’avais raison. Ressentais-je alors de la culpabilité ? Pas vraiment. Le mal était fait. À ce titre, l’impact semblait bien moindre à côté de tous les conflits désamorcés avec les autochtones. Mais voilà, je possédais mes limites. Et à la fin, j’avais été celle à – encore une fois – mettre un terme à l’escalade de violence.

Enfin, inutile de tergiverser quarante ans dans mes pensées. Je gardais les mains dans les poches tandis que je suivais la Jack of Cups. L’autre ? Je faisais comme s’il n’existait pas. Il faudrait qu’il se mette à plat ventre devant moi pour que je songe vaguement à lui pardonner. À mes yeux, il était dès à présent un ennemi mortel. Je le considérerais donc comme tel dès à présent. Un de plus, un de moins, qu’est-ce que ça pouvait changer, au final ?

Je ne réagissais pas particulièrement aux mots de ma supérieure. Démise de mes fonctions ? Si ça lui chantait. Pour ma part, je me contentais de regarder ailleurs en veillant à dissimuler l’indifférence que ça m’inspirait. Sur la confiance, là encore, je laissais passer. De toute manière, cette femme n’était plus en état d’écouter ce qu’on lui disait, beaucoup trop braquée. Je me contenta de soumettre une unique chose.

– Du moment qu’on me donne l’occasion de m’expliquer à la fin, alors je l’accepte.

Une réponse donnée sans grande émotion dans la voix. Ils pouvaient bien à la fin décider de me châtier sans s’intéresser à ma version des faits en considérant que tout ce qui ressortirait de ma bouche ne serait qu’un ramassis de mensonges. Grand bien leur en fasse. Même ainsi, je savais qu’à la fin, c’était toujours moi qui avais raison. Au fond, ils étaient tous aussi pourris que moi. Merci par avance de me le confirmer. En attendant, mes dernières plaies se refermaient grâce à mon petit traitement. Sur mon corps, cet incident n’était déjà plus que de l’histoire ancienne.

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