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Hyakurai Yasuzake

Données Spirituelles
Grade: Capitaine de la 13e Division
Jeu 1 Déc 2022 - 12:22 - Shuenaijin fuhengi hatago [Acquisition bankai]

    7 août 2022, 17h24, à l’ouest du Rukongai
    Yasuzake inspire, expire. Il laisse l’énergie glisser vers ses mains et la comprime sous la forme d’un noyau de flammes mortelles. Inspire de nouveau, gonfle ses poumons sans relâcher la sphère. Il ne doit même pas laisser la forme s’altérer.
    Il laisse l’air remonter sa gorge, la transforme en alcool et le souffle dans le Shakkahō. L’alcool s’embrase alors et se fracasse sur les rochers plus loin. Yasuzake ne s’arrête pas là et entame de déplacer le souffle vers la gauche pour atteindre d’autres cibles.
    Enkaikaen !

    Le feu continue un instant, pas suffisamment au goût du vice-capitaine. Une fatigue intense fracasse Yasuzake à peine sa technique interrompue. Il tombe, ne pense même pas à mettre ses mains devant lui pour amortir la chute. La douleur est directe, absolue. Elle lui force à fermer les yeux et ne fait que compléter toutes celles dont le corps du shinigami est perclus.
    C’est qu’il s’entraîne presque tous les jours. Tous ceux où il ne doit pas gérer sa division sans capitaine. Oh la Kuchiki l’aide parfois, évidemment. Mais son siège au conseil lui interdit de réellement gérer la 13e division. Les quatre conseillers ont déjà beaucoup à faire, Yasuzake le sait.
    Il inspire lentement, essaye de rassembler son énergie.
    « Tu sais, mon petit Yasu, tu n’es pas obligé de te donner autant de mal… »

    Pas lui, pas maintenant. Yasu râle d’avance. Il sait comment cela va se finir : Shuenaijin va lui dire de boire, il ne va pas vouloir, Shuenaijin va insister, il va refuser, Shuenaijin va lentement trouver les mots et activer son pouvoir, Yasuzake finira par céder.
    « Eh bien, si tu le sais déjà, pourquoi ne pas céder directement ?
    T’es vraiment obligé de lire dans mon esprit ?
    Je suis dans ton esprit, crétin. »

    Errrr. Il a raison. Yasu rouvre les yeux, voit Shuenaijin devant lui. Et n’importe qui comprendrait ce que cela signifie. N’importe quel shinigami verrait l’opportunité devant lui, voire un signe du Roi des Esprits… Mais la fatigue et les vapeurs d’alcools altèrent trop son jugement.
    Le Zanpakutō sourit, tend une main à Yasu pour l’aider à se relever. Le shinigami refuse et s’assoit simplement.
    « Qu’est-ce que tu veux ?
    Oh tu sais, rien d’exceptionnel. Te faire boire, principalement. »
    Yasu soupire, par avance lassé par la joute orale à venir.
    « Arrête un peu... Tu y as bien droit, non ? Je veux dire, après autant d’efforts à gérer la division à la place de son capitaine tu…
    Elle n’est plus capitaine.
    Pourtant tu ne l’es pas non plus. Alors qui l’est ? Qui dirige dans le fond ? »
    Yasuzake hausse les yeux au ciel. Il dirige effectivement. Il le sait, mais ne veut pas le reconnaître, pas dans sa pleine valeur, pas dans l’idée qu’il ne lui manque plus que le Bankai pour porter le fameux haori blanc. Il ne le veut pas de toute manière.

    Le shinigami essaye de se lever, mais ses jambes se dérobent sous lui. Shuenaijin tend la main pour l’empêcher de tomber et Yasu les revoit tous. Tous ceux qui se sont dressés entre lui et l’ennemi à un moment où à un autre. Non. Il ne veut pas. D’un mouvement du bras, il repousse celui du Zanpakutō.
    Tombe en arrière et la douleur remonte, encore.
    « Oh tu veux jouer à ça, mon cher Yasu ? Tu crois que tu peux te passer de moi ? » Une pause dramatique s’il en est. Yasu va répondre, mais Shuenaijin lui coupe la parole. « Tu n’as pas la force de te passer des autres. Regarde-toi, un simple entraînement t’épuise et te saoule. À chaque fois. »
    Yasuzake plante ses yeux dans ceux dorés du Zanpakutō, le fusille du regard.
    « Arrête ton cirque Yasuzake. Tu ne veux pas devenir plus fort. Tout ce qui t’anime, c’est la simple idée de pouvoir t’oublier dans l’alcool à la fin des missions.
    C’est faux.
    Oh vraiment ? Je suis toi pourtant. Un fragment du moins… Et je sais combien tu aimes la boisson. Souviens-toi ta réaction après la mort de Shiba Kaien.
    Tu me l’as soufflée.
    Et tu l’as acceptée. »

    Yasuzake grince des dents. Shuenaijin a raison. Il a accepté. Il a passé son existence à accepter.
    Accepter son reiatsu si particulier à l’orphelinat, accepter la treizième division au lien de persévérer vers la huitième, accepter la toute-puissance des acolytes d’Aizen et Ywach… Il ne sait faire que cela finalement, accepter la réalité du plus fort, celle qui lui permet de ne pas avoir à porter trop de responsabilités.
    Il inspire, une glaire sanguinolente se bloque dans sa trachée et l’étouffe. Shuenaijin rit, forcément. Yasu se racle la gorge et crache au pied du Zanpakutō.
    « Ohoh, tu te rebelles ? Contre moi ? Je suis pourtant Shuenaijin, l’amant du banquet, le reflet de ce que tu ne peux pas être. » Les mots pénètrent les côtes du shinigami comme autant de poignards. « Je suis l’avenance sous sa forme véritable, le plaisir de la soirée et la joie de l’ébriété tandis que toi… Toi, tu n’es rien de plus qu’un addict dont le lui profond ne s’exprime que lorsqu’il a assez bu pour oublier sa peur des autres. »

    Des tremblements commencent à prendre Yasuzake. Il serre les poings à s’en blanchir les phalanges, contracte tous ses muscles pour en limiter les tressauts. Il voudrait faire terre le Zanpakutō, mais n’en a pas la force. Ils le savent tous les deux.
    Il n’est rien sans lui, rien sans tous ces autres dont il refuse de trop s’approcher. La Kuchiki elle-même, sans mourir, s’en est allée. Et la tempête d’arguments du Zanpakutō ne faiblit pas. Il s’approche de Yasuzake lentement et diminue la puissance de sa voix en même temps.
    Sur les genoux, les bras ballants, l’œil à la fois terrifié et résigné, Yasuzake ne peut que regarder Shuenaijin venir. Il sait ce qu’il va se passer.
    « Tu sais… » Sa voix n’est plus qu’un murmure que seul Yasuzake pourrait entendre s’il y avait du monde. « Juste une gorgée et le feu reviendra en toi. Une deuxième et tes doutes se dissiperont. » Il pose l’index droit sur la lèvre inférieure du shinigami, lui entrouvre la bouche. « Trois et tu n’auras plus rien à craindre. »

    Je vois combien tu as peur Yasuzake… Un écho passé de la voix du capitaine Ukitake ressurgit dans l’esprit du shinigami. Mais je vois aussi comment tu observes les autres. Je vois l’attention que tu leur portes. Ce qui compte vraiment, c’est qu’ils ne soient pas rien à tes yeux.

    Il n'est pas sûr de pourquoi cela lui revient, mais Yasuzake se souvient de ces mots, de cette fois où l'ancien capitaine l'avait pris à part, tard dans la nuit, alors que tous avaient abusé du pouvoir de Shuenaijin et dormaient paisiblement. Il se rappelle le regard rassurant du capitaine et son sourire doux comme une nuit de printemps. Il se souvient qu'il n'avait rien dit de plus, une simple phrase pour apaiser les maux de son âme et sa hantise de voir les autres tomber à sa place. Ce soir-là il avait compris qu'il pouvait y avoir une force en lui, même s'il ne la voyait pas, même s'il croyait que le capitaine se fourvoyait à son égard.

    Une larme coule le long de la joue de Yasuzake tandis qu’il reprend possession de son corps. Le capitaine Ukitake a toujours cru en lui. Son regard se déplace sur Shuenaijin, dont la main gauche est désormais telle une coupe. Non. Quelques gouttes de sake glissent entre ses doigts. Non, il ne l’accepte pas.
    « Six et l’ennemi ne pourra que te…
    La ferme. » Yasuzake a levé le bras pour renverser l’alcool. « Je t’ai dit que je ne voulais pas boire. »
    Le shinigami se lève, le Zanpakutō recule.
    « Et que feras-tu si je refuse de te prêter mes pouvoirs à l’avenir ? »

    Et soudain le monde s’éclaire sous le regard de Yasuzake. Ceux qui l’ont protégé ne l’ont pas fait parce qu’il était faible ou incapable. Ils l’ont fait parce qu’ils étaient forts, parce qu’ils en avaient le pouvoir et l’envie. Parce que leur âme, même remplie de peur, ne leur permettait pas de reculer devant la menace.
    « Mais tu vas obéir, Shuenaijin. Tu es mon Zanpakutō. Tu n’existes que par moi.
    C’est trop…
    Facile ? » Yasuzake sourit, Shuenaijin recule. « J’en conviens… Mais que feras-tu sans moi ? Que feras-tu si plus aucun être ne peut goûter ton alcool ? Que seras-tu lorsque je t’aurai définitivement scellé sous les quartiers de la treizième division ou donné au capitaine de la douzième pour qu’il te paramètre ?
    Tu n’oserais pas. »

    Et le sourire de Yasuzake grandit un peu plus, une arrogance absolue – telle qu’il n’en a jamais connu – emplit son regard.
    « Je peux exister sans toi, Shuenaijin. Ce serait un inconvénient majeur, j’en conviens. Plus d’un siècle évaporé à l’instar la part des anges… Mais je peux exister sans toi. Je peux me développer sans toi. Tu n’es qu’un esprit d’alcool, un tavernier au mieux… Et comme tous les commerçants, tu n’es rien sans tes clients. »

    Shuenaijin fronce les sourcils retrousse la babine, mais Yasuzake avance vers lui.
    « Tout ton arsenal dépend de moi.
    Je sais.
    C’est mon pouvoir qui t’a permis de leur faire oublier leur peine.
    Je sais.
    Tu aimes beaucoup trop boire.
    Je sais Shuenaijin. Je sais. » Ils sont maintenant à distance de bras. « Et jee ne veux pas te sceller, Shuenaijin. Je ne veux pas me passer de toi… » Il soupire. « Mais tu as raison : que je le veuille ou non, je suis aujourd’hui ce qu’il y a de plus proche du statut de capitaine de la treizième division. Je ne le serai jamais, mais je dois m’assurer que la division fonctionne et remplisse son rôle. » Il inspire, penche légèrement la tête sur le côté. « Je ne peux plus me permettre de te laisser agir à ta guise, Shuenaijin. Pas au risque de te voir détruire ce que les capitaines Ukitake et Kuchiki ont construit. » Il tend alors le bras vers son Zanpakutō. « Deux choix s’offrent donc à toi : m’obéir, avec toute la latitude que tu me connais, ou refuser. » Il fronce les sourcils. « Et, non, il n’y en a pas d’autres. »

    Le temps semble alors se suspendre autour d’eux. Yasuzake y est plein d’une assurance que Shuenaijin ne lui connaissait pas. Dont Yasuzake lui-même ne se savait pas capable. Le shinigami hausse un sourcil, le Zanpakutō soupire et pose sa main sur celle de son maître.
    Il se transforme alors de nouveau en hache et susurre trois mots dans l’esprit du shinigami.
    Shuenaijin fuhengi hatago.

    Le shinigami fronce les sourcils sans comprendre et s’effondre.
    Rien n’est encore fait, mais Shuenaijin sait la suite. Yasuzake portera le haori blanc qui le rebute tant. Il n’y a plus d’autres options.

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Hyakurai Yasuzake

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