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Sabaiba Yoko

Données Spirituelles
Grade: 3e siège de la 2e division
Dim 11 Sep 2022 - 12:28 - Noyée dans l'océan du désert [Acquisition de Bankai]

Je me réveille de nouveau en sursaut dans mon lit. Cette fois, la petite ne s’y est pas glissée. Heureusement… Le cauchemar était bien trop vivant cette fois. Un moment qui ne m’a jamais quitté depuis que je suis passée au travers. Un moment que je ne fais que revivre en permanence ou presque. C’est cette même sensation qui me saisit à chaque fois que je lâche la bride du dévoreur et qu’il dévoile ses véritables intentions. J’ai du mal à calmer ma respiration. Elle est toujours saccadée, secouée. J’essaie de me calmer en m’asseyant en tailleur sur mon lit. Au moins cette fois, je n’ai pas sorti la lame de son fourreau et je n’aurais pas à nourrir ce maudit glouton.

Après un temps, je retrouve un semblant de calme. Rien à voir, je ne retrouverais pas le sommeil alors autant mettre ce temps-là à profit. Je quitte ma maison pour les bureaux de la division au moins, je pourrais occuper mon esprit à autre chose que de ressasser ce moment détestable. Peut-être que je devrais simplement cracher ce souvenir et qu’il ne me hantera plus… si seulement c’était aussi simple. Alors à défaut, je laisse mes pensées vagabondes sur la route, toujours dans cette direction précise que je voudrais éviter. Parfois, il faut apprendre à laisser passer la houle plutôt que d’y faire simplement face.

Je suis dans mon bureau à la deuxième division. J’enchaîne quelques paperasses destinées à ma vice-capitaine. Je me lève et m’assois sur mes genoux sur le sol, dans le noir. Je ferme les yeux et je laisse le passé m’emporter dans ses bras cruels. Les souvenirs ne me quittent pas. Je suis de retour dans le désert. Dans le monde vide où rien n’existe vraiment. Laissons donc la tempête me traverser. Un frisson me remonte l’échine. C’est exactement comme si j’y étais… Les miens et moi sommes de nouveau face à ce monstre du désert à figure animal.

Loin des monstres stupides et idiots, ce dernier pense. Il réfléchit trop pour notre propre bien. La chose nous a traquée comme des animaux, des proies, voilà ce que nous étions simplement. Alors, quand il nous a acculé, nous a épuisé et que nous ne pouvions plus lui échapper, nous avons dû faire face. Nous étions plus nombreux alors que les survivants qui sont rentrés avec moi et c’est lors de cette rencontre que notre nombre a ainsi diminuée. Je déglutis alors et laisse le souvenir continuer son chemin. Le combat s’engage, la danse commence.

Rapidement, nos armes et nos pouvoirs sont insuffisants. Notre expérience du combat venait des monstres que nous avions déjà affrontés, rien de similaire. Quand on cherche à survivre, ne pas savoir, bien souvent c’est mourir. Et pour en apprendre plus, certains des nôtres ont dû mourir. Je revois le premier se faire proprement couper en deux par les gros acérés de cette chose monstrueuse. Les frissons qui secouent mon corps se font plus fort encore. Je peux presque encore sentir l’odeur du sang et de la peur dans mes narines. Je sens mon coeur battre plus vite et j’essaie de garder mon calme.

Le combat continue pourtant. Le deuxième à être tombé a été emporté par un rayon d'énergie brute que la créature lui a craché à bout portant quand il a tenté de s’approcher de trop près. Je sentais la peur de ceux qui étaient restés en arrière et surtout, leur regard sur mon dos. C’est ce qui m’a donné le courage de battre ma peur alors et de rentrer dans la danse. Nous n’étions plus que deux. J’y suis allé la première pendant que j’achetais une fenêtre pour mon compagnon d’armes. J’ai réussi, à moitié. La chose m’a brisé le bras d’un violent coup de patte. J’ai fini ma course brutalement contre une dune, mon membre brisé ayant amorti le choc. Je vois des étoiles et je m'évanouis. Je ne sais pas ce qui a pu se passer ensuite, c’est peut-être mieux…

Je me réveille alors et je sens l'haleine de mort de la créature. Je vois sa bouche maculée de sang. Visiblement, elle a commencé son repas et je suis la suivante. Je ne suis pas vraiment morte et je sens la peur s’emparer de mon coeur. J’ai envie de hurler, de courir, de bouger. Mais je n’y arrive pas. Le corps se bloque, parfois, dans ses situations de stress extrêmes. Quelque chose a cependant attiré mon attention. Une forme humaine, que je crois avoir déjà vue, mais je n’arrivais pas vraiment à m’en souvenir. Oui… Un homme à la peau basané, aux yeux d’un vert perçant sans pupille et à l’iris rouge, bardé de nombreuses cicatrices. Il m’a donné un nom. Un mot simplement. Je l’ai alors prononcé : Okui Sakenomi Kaiyō.

Nous quittons alors le désert pour une autre forme de vide. Un vide qui m’est familier et penser à cette sensation de pouvoir calle ma respiration et le rythme de mon coeur sur autre chose. La peur a changé de camp. Pourtant, le vide dans lequel nous nous trouvions, la chose et moi, n’est pas bien différent du désert sans âme. L’océan profond, voilà le domaine qui était maintenant le mien. Je ne savais pas exactement ce qu’était l’océan à ce moment, mais je le compris rapidement plus tard. J’avais l’instinct, et les pulsions du sabre qui avait repris sa forme de dague entre mes mains.

J’ai contrôlé ma force spirituelle alors et relâché sur la chose le poids implacable des milliards de tonnes d’eau pesant sur sa tête. La pression l’a immobilisé. J’ai chargé des lames de fond de le lacérer et son sang, rapidement, se mélangeait à la mer. D’un geste de la main j’ai commandé au courant océanique pour le ramener vers moi et j’ai enfoncé profondément dans sa gorge la lame du buveur d’océan. Il a porté dignement son nom à ce moment-là. Sa soife ne connaît aucune limite et la chose qui nous avait tant blessés est rapidement tombée en poussière. L’eau nous a ensuite quittés et le désert à retrouver ses droits. Ne restait plus maintenant qu’à fuir et à continuer d’avancer. J’ai rassemblé les autres, récupéré ce qui pouvait l’être sur les cadavres et nous avons repris notre éternelle marche.

J’ouvre alors les yeux, seul dans mon bureau, loin de tout ça et machinalement je porte la main à mon bras. La douleur est vive, présente comme s’il venait d’être brisé, mais ce n’est qu’un tour de mon esprit. J’ai appris plus tard à replonger dans cet océan. C’est un tour maintenant que je maîtrise à volonté et plus simplement quand le dévoreur à décidé qu’il était tant pour lui de manger. J’ai mis du temps à perfectionner tout ça sur les bancs de l’académie mais je sais maintenant que je peux compter sur lui. Il en serait presque content, je peux le sentir.

Mon coeur se calme, les frissons également. La douleur sur mon bras recule, ne restant plus qu’une lointaine pulsation. Je sens le froid alors s’emparer de moi et l’air commencer à me manquer. La nausée me manque et une douleur vive cette fois saisit ma poitrine. J’essaie de me calmer mais je ne fais que tomber sur le sol, là, en position foetal à attendre que le chaos passe et que la tempête se calme. Ce qu’elle finit par faire après un temps que je ne suis pas capable de compter. Le soleil se lève et il est temps de remettre le masque. Je range ma lame dans mes vêtements et me dirige vers les quartiers de la division, l’eau chaude me fera du bien. J’aurais peut-être l’air plus vivante pour commencer ma journée ou plutôt, la continuer…

Sabaiba Yoko

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