Before Tomorrow Comes :: Chroniques & Intrigues :: Chroniques


Keshinohana Kūsō

Données Spirituelles
Grade: Troisième Siège - 4ème Division
Dim 2 Oct 2022 - 11:46 - Le village de l'oubli (Terminé)

Spoiler:

I. Une rencontre régulière

Une tasse de thé vert à la main, le Shinigami de la Quatrième Division observait le feu qui crépitait devant lui. La journée avait été longue, le nombre de malades était un flot qui ne s'arrêtait jamais. Désormais, le dispensaire était calme, les rixes à l'extérieur n'étaient plus de son ressort. Le danger était réel à cette heure là et même, si sa volonté ne manquait pas, il n'aurait pu faire quoi que ce soit contre les "traditions" de ce district. Ses mains approchèrent le thé de ses lèvres quand une voix se fit entendre.

- Toujours ici, à la même heure.
- Ah c'est toi ?


Le regard de Kūsō se tourna vers un petit râtelier d'armes dans un coin de la pièce. Un katana y était posé avec soin et des bâtons d'encens de chaque côté se consumaient. Quelques pas devant, un magnifique ibis bleu était présent. L'oiseau dodelinait de la tête en observant Kūsō. Un sourire s'esquissa sur les lipes de ce dernier et il posa sa tasse de thé sur la petite table.

- Heureux de te voir mon ami. Que me vaut cette visite ?
- Tous ces morts... Si tu m'avais laissé faire, ils seraient morts paisiblement.
- Je vois, le village... Non. Je ne veux plus jamais y mettre les pieds.
- Tu as tort, je suis prêt à enivrer le monde pour toi. On en reparlera.


Il avait déjà disparu. Le village ? Un frisson parcourut l'échine de l'ancien médecin de la famille Tomoe. Ses rapports avec Inochi no kioku avaient toujours été complexes. L'un et l'autre avaient un même but, une même vision. Toutefois, les moyens d'y parvenir différaient complètement. C'était la raison pour laquelle le Shinigami n'avait jamais été dans les tréfonds de l'âme de sa lame. Pas faute que ce dernier ne l'y invite pas mais il savait la menace même de cette contrée. Quelques années auparavant...

Lors de l'ouverture de ce dispensaire, dans les bas fonds du 65ème district, il avait eu la visite d'une troupe de vingt hommes. Leur chef, un baron local du crime, voulait que le Shinigami paie sa taxe ou quelque chose de ce genre... Kūsō n'avait rien eu contre. C'était une "loi" locale et si payer permettait d'avoir une garantie de protection du dispensaire, il n'allait pas refuser la proposition.

II. Un rêve impur

Cette nuit là... Tout était frais, parfumé avec les cerisiers du printemps. Trois heures plutôt, Kūsō avait rencontré Gamao-Ren. Cet homme avait été insupportable, le mot était faible et il était rare que le Shinigami s'agace aussi vite. 350 Kokus. Il avait cru rêver en entendant la paiement demandé pour l'installation du dispensaire. Habituellement, le simple fait de son établissement valait plus une protection qu'un vol aussi honteux. Fatigué et éprouvé, le Troisième Siège s'allongea sur sa paillasse avec sa mine des mauvais jours.


Les pétales blanches tombaient, telle une légère pluie, sur des rizières sinueuses. Elles entouraient un village de quelques dizaines de masures. Tout y était calme et les fumerolles sortant des cheminées indiquaient que la vie y était présente. La nuit était douce et le ciel se nimbait des couleurs florales du printemps. Kūsō ouvrit les yeux et vit les étoiles qui brillaient par devers lui. Ce parfum enivrant, entêtant même, il l'avait tellement senti qu'il comprit où il était.

Il s'asseyait lentement et observait le lointain jardin de pavot aux corolles blanches et écarlates. Un Ibis au plumage bleu marchait lentement en son sein, coupant de son bec les feuilles fanées ici et là. Le Shinigami aimait l'atmosphère du monde de son Zanpakutō. Tout y était si paisible, si doux. Pourtant... Le Village... Un profond soupir s'échappa de lui alors que l'Ibis se tournait vers l'étranger qu'il était ici.

- Tu es venu ?
- Non. Mon inconscient peut-être, mon désir... Je ne sais pas.
- Tu veux rencontrer des Villageois ?
- Non. J'entends encore leurs cris parfois... Leurs larmes alors que le manque les détruit lentement...

L'Ibis bleu ne comprenait pas. Tout était normal pour lui. Le Village avait été puni à cause de la cupidité d'un Homme, et pas les leurs. Ce qui pouvait soigner pouvait détruire. C'était là la plus terrible des punitions et le Shinigami avait toujours rejeté tout cela. Il ne voulait pas faire du mal, il.... Alors pourquoi était il ici ? Sa mémoire lui revint lentement, comme si la réalité du dehors pénétrait dans ses pensées oniriques. Le chef des brigands. Son comportement. Sa colère. Cette impunité qu'il s'était octroyé.

- Le Voisin n'était pas mieux, lui aussi voulait être riche sans rien respecter.
- Tu l'as rendu fou. Tu l'as détruit.
- Non. Il lui suffisait d'arrêter. Les fleurs ne décident pas, ce sont les hommes...

Les fleurs ne décident pas. Kūsō resta interdit. Il avait toujours jugé que l'Ibis n'avait pas fait de preuve de sagesse. Mais avait il tort finalement ? Si les Villageois n'avaient pas été aussi cupides.... Ils auraient vécu dans la joie, sans douleurs ni colères. Les fumerolles des toits du Village étaient comme un avertissement. Tout pouvait partir en fumée en si peu de temps. L'Ibis avait l'art de donner des indices subtils sur ses pensées et il avait fallu des années au Shinigami pour les comprendre.


Ses paupières se levaient. Deux Pupilles émeraude regardait le toit au-dessus de lui et un nouveau soupir s'échappa. Des centaines de fleurs de pavot étaient présents sur le sol et avaient grimpé aux murs. Un léger parfum marquait tout le dispensaire et les râles des malades avaient disparu. Inochi No Kioku était sur son râtelier, à côté de lui et luisait d'une aura laiteuse.

III. La main de Ko-no-Hana

Inochi No Kioku apparaissait de plus en plus régulièrement dans le monde des vivants. Dans un sens, cela voulait dire que le lien entre le Shinigami et son Zanpakutō n'avait jamais été aussi fort. A part cela, le nombre de malades rendait le travail de plus en plus difficile. Ce chef mafieux était le pire qu'il n'avait jamais croisé. Les exactions étaient devenues monnaie courante, au point de mettre en danger son dispensaire.


Ce matin là, l'aube naissait dans le ciel. Gamao-Ren vint à nouveau pour demander son dû. Si ce n'était que cela, le Shinigami aurait payé mais une autre demande le courrouça plus que de raisons. Il demandait à prendre un des malades afin de le punir. Kūsō refusa immédiatement et une mêlée générale débuta. Evidemment, le médecin ne fut pas de taille. Il fut plaqué à un des murs et, pour une rare fois, son envie de punir une injustice prit le relais. Il monta le ton et le chef des bandits percuta son oeil droit avec son couteau...

Une giclée de sang vola dans les airs, alors que Kūsō hurlait de douleurs. Sa main sur le côté gauche de son visage, il se sentait démuni. Son Zanpakutō n'était pas assez fort pour repousser ces ennemis, le dispensaire était en danger. Son poing droit se serrait sur la garde de son arme quand il prit une décision.

- Inochi No Kioku, je te demande de m'obéir.... Ces hommes sont comme ceux du Village, obéis moi et j'appliquerais ta punition.
- J'accepte ton commandement, quand des Villageois abusent de nos bienfaits. Le serment des deux fermiers n'a jamais changé. Voici ce que je suis :


INOCHI NO KIOKU. ARIENAI KAIRAKU NI KURUSHIMU


Le sol se tapissa alors de centaines de fleurs, se mélangeant à autant de sarments qui empêchaient quiconque de sortir de la punition. Un léger vent dansait dans les airs, apportant de la joie, de l'amour, un sentiment parfait de plénitude. Puis, soudain, le vent se brisa pour laisser le pollen retomber sur le sol. La plénitude laissa place à un manque profond, les brigands voulaient retrouver cela et approchèrent du Shinigami en le menaçant.

- Si vous voulez vous libérer.... Demandez à votre chef.

Quelques fleurs entouraient le chef des brigands et lui continuait à vivre dans la béatitude. Ses compagnons, jaloux, l'attaquèrent et une orgie de sang et de cris de rage se firent entendre. Tombant sur ses genoux, l'oeil gauche en sang, il constatait l'horreur qui se dessinait devant lui. La cupidité... Non, c'était le manque de tout ce qui rendait heureux. Les gens faisaient tout alors pour trouver cette panacée... Inochi No Kioku venait de lui apprendre ce que voulait dire de le dominer. Des larmes de sang et de sel coulaient sur ses joues, l'horreur était là. Le Village avait donc fini par venir à lui dans un immense jardins de béatitude.

- Fin -

https://www.before-tomorrow-comes.fr/t530-keshinohana-kuso

Keshinohana Kūsō

Revenir en haut Aller en bas


 
   Permission de ce forum:

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum