La chambre des secrets [PV Nozomi]

Le temps filait à une vitesse folle. Elle avait l'impression que c'était hier qu'elle avait été convoquée par sa Capitaine et s'était retrouvée à devoir la combattre de toutes ses forces pour prouver sa valeur. Ressortant de cette rencontre fière d'elle et, d'une certaine manière, plus proche de sa Capitaine. Même si elle avait manqué le défi qu'elle s'était fixé à l'époque. Celui de la vaincre afin de la forcer à venir déjeuner avec toute sa division. Une manière de la faire sortir de sa coquille.

Car oui! Peu de personnes accepteraient de croire à sa théorie mais elle voyait une certaine timidité dans le comportement de Nozomi. Elle ne croyait pas vraiment en cette image de femme hautaine et froide que la Capitaine s'était forgée. Pour elle, il s'agissait davantage d'un moyen de se protéger. Une armure en quelque sorte que la femme portait pour éviter que le monde ne puisse la blesser. Ou peut-être pour l'aider à soutenir tous les poids qui pesaient sur ses épaules. Le poids de la Noblesse. Le poids de son rang. Le poids des responsabilités. Trop de choses pour une seule personne.

Allez, nouvelle tentative! Un peu de défi dans cette journée morose!

Mais les choses avaient changé! Car aujourd'hui, la jeune demoiselle était là pour l'aider à porter une partie de ses fardeaux. A se soulager de tout ce poids. Enfin essayer, car Nozomi n'était pas des plus faciles à convaincre. Mais elle aimait les défis! C'est d'ailleurs une des raisons qui la poussaient aujourd'hui à se rendre auprès de sa Capitaine sans y avoir été convoquée pour une fois. L'occasion de prendre de ses nouvelles mais aussi de discuter de certains sujets sensibles, évocables uniquement dans un cadre restreint. Si elle ne pouvait en parler avec sa Vice Capitaine, avec qui le pourrait-elle?

Arrivée devant la porte du bureau de sa Capitaine, elle prit une inspiration, réajusta correctement ses vêtements et les rubans dans ses cheveux - autant commencer par une bonne impression - puis toqua sur le bois de la porte en s'annonçant

Capitaine Tomoe? Mayuri, votre Vice-Capitaine! Puis-je vous interrompre quelques instants? J'aurais souhaité discuter avec vous. Je pense que cela nous fera du bien à toutes les deux et nous permettra d'échanger sur les derniers évènements! Et puis...

Marquant une pause, elle réfléchit un instant à quelque chose à ajouter. Apercevant un shinigami passer non loin d'elle avec un plateau sur lequel était posées une théière fumante et deux tasses, elle lui offrit son plus beau sourire avant de le convaincre de lui donner le plateau en échange d'un service équivalent un peu plus tard dans la journée. Revenant rapidement à la porte, elle reprit:

... j'apporte du thé chaud pour toutes les deux! Cela vous permettra de faire une pause bien méritée!

Un long soupir était la marque de l’état de la Capitaine en cet instant. Il fallait dire qu’elle avait connu meilleure période que ces derniers temps. Les enquêtes étaient généralement sous sa responsabilité, pas à son encontre. Ce simple fait était un fardeau dont elle se serait bien passée. Si l’on rajoutait tout ce qui allait avec, tout ce qu’elle devait démêler afin d’obtenir le fin de cette histoire.
Laver son nom de tout soupçon était certes une volonté de sa part, mais cela restait au final bien secondaire par rapport à ce qui importait vraiment. Mettre fin à ce qui paraissait évidemment être un complot d’ampleur au sein du Seireitei.
Les ramifications étaient nombreuses. Bien trop pour elle seule. Elle ne l’était certes pas, mais cela n’arrangeait pas forcément les choses. Le Capitaine Igarashi avait des méthodes bien plus radicales et directes qu’elle et la Commandante en Chef Yane n’avait que son intérêt personnel en tête, enlevant tout possibilité de lui faire confiance.
Un nouveau soupir fut alors entendu au sein de son bureau.

Une bruit à la porte vint briser cette répétition. Par réflexe son œil se leva, fixant alors la porte. Curieuse habitude d’ailleurs que cela. Fixer une porte fermée ne permettrait pas de mieux entendre. Surtout qu’il n’y en avait nul besoin, la voix de sa Vice-Capitaine étant parfaitement audible.
Il était vrai que cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pu avoir un véritable entretien avec celle qui la secondait, en dehors de ce qui était nécessaire pour le bon fonctionnement de la division. La jeune femme était étrangère à tout ce qui se tramait dans l’ombre, ce qui était bien préférable pour son propre bien.
Ainsi, la noble ayant fait de cette histoire sa priorité personnelle, elle s’était au final quelque peu encore plus renfermée qu’auparavant. Ce qui, aux dires de certains, était difficile à croire.
Nouveau soupir. Mais bien moins lourd, démontrant que la cause était de nature bien différente. Elle savait tout simplement qu’il serait certainement bien inutile de lui demander de partir.

>> Bien, tu peux entrer.

Pourtant, ses mots avaient été assez clairs aux de la gradée. Elle serait bien surprise que la nature curieuse de la Vice-Capitaine ne la pousse pas à l’interroger à ce sujet. Que cela pourrait-il être d’autre ? Elle n’allait certes pas ouvrir elle-même ce point, mais se préparait déjà à devoir y répondre.

>> Du thé, une volonté de prendre une pause… Une raison particulière à cela ?

A sa façon, elle jouait la carte de l’innocence. Son ton restait celui que l’on lui connaissait. Celui qu’elle adoptait en tant que Capitaine afin de mettre une certaine distance.

Satisfaite de la réponse de sa Capitaine, la jeune demoiselle avait fait glisser la porte et pénétrer dans le bureau de Nozomi. D'une certaine manière, elle se sentait soulagée que cette dernière accepte la pause qui lui était proposée. Et ce n'était pas gagné au vu du "bonne chance" que lui avait adressé celui à qui elle avait "emprunté" le thé.

En effet, si elle n'avait que peu croisé sa Capitaine ces derniers temps, les rumeurs allaient bon train à son sujet. Qu'elle ne sortait plus de son bureau, que tous les progrès qu'elle avait faits depuis quelques mois semblaient s'être estompés, qu'elle travaillait beaucoup trop pour son propre bien. Mais Mayuri était ravie de voir qu'au moins une partie de ces rumeurs demeurait infondée.

Plutôt guillerette, elle s'avança donc sans se faire prier jusqu'au bureau de Nozomi, y déposant les tasses et leur servant à toutes deux une tasse fumante. Tout en s'appliquant à ne rien renverser sur les dossiers de Nozomi - au risque de se faire mettre dehors avant même d'avoir pu commencer les discussions - elle répondit à son commentaire

Je sais que vous êtes fortement occupée ces derniers temps, vous ne quittez que très peu votre bureau. Il est donc de mon devoir en tant que Vice Capitaine de vous apporter mon aide et de m'assurer que vous ne vous épuisiez pas à la tâche. Je n'ai d'ailleurs pas abandonné l'idée d'organiser un repas avec toute la division, malgré l'échec de mon défi de l'autre fois. Mais c'est une autre histoire, nous pourrons en reparler plus tard!

Marquant une légère pause pour observer la réaction de sa Capitaine, elle observa un instant la pièce, pensive. Prenant une gorgée de thé et se brulant à moitié au vu de la température encore trop forte de celui-ci, elle reposa la tasse, espérant que la Capitaine n'aurait pas vu ce raté avant de reprendre la parole.

Puis je vous demander quelles affaires vous occupent à ce point ces derniers temps? S'agit-il de cette affaire de disparition qui a été suspendue? Je sais que c'est une affaire sensible et que vous ne souhaitez peut-être pas en parler. Mais je suis votre Vice Capitaine. Si je peux vous aider sur quelques points ou simplement partager une partie de vos réflexions, cela sera avec plaisir. Cela ne me plait pas de vous voir préoccupée à ce point.

S'apprêtant à reprendre une gorge de thé, elle se retint au dernier moment pour souffler dessus et attendre des réponses de sa Capitaine. Elle savait apprendre de ses erreurs! Et elle espérait que sa Capitaine accepterait d'en faire de même.

Dire que la surprise était présente serait sans nul doute un parfait mensonge. Elle aurait presque pu dérouler dans sa tête le fil des événements avant qu’ils ne surviennent. En premier lieu, une discussion presque banale. Il fallait bien dire que Mayuri était douée pour ce point. Sa bonne humeur, les sujets semblant uniquement légers. Elle réussit même à caser un rappel à un ancien entraînement que les deux femmes avaient effectué par le passé. Et, de toutes évidences, elle était du genre obstinée lorsqu’elle avait une idée en tête.
Ce qui n’était pas particulièrement pour arranger la Capitaine.

La suite fuit en effet telle qu’elle avait pu le prévoir. De façon en apparence des plus naturelles, elle glissa sur un autre sujet, bien plus sérieux. Si elle ne s’y était pas attendue, elle aurait réellement pu croire que la conversation fut naturellement menée à cela sans nulle intention derrière. Peut-être était-ce réellement le cas d’ailleurs. Mais elle n’y croyait pas.
Le rôle même de sa division la faisait douter de ce genre de méthodes. Et la faisait également en employer. Il pouvait s’agir d’une bonne façon d’obtenir des renseignements, ce qui pouvait démontrer que la Vice-Capitaine était en effet bien taillée pour ce rôle.
Mais elle n’était pas face à n’importe qui. Il ne serait pas si facile d’avoir Nozomi à ce jeu. En premier lieu, la Capitaine revint au sujet initial.

>> Il semble bien difficile de te faire changer d’avis une fois que tu as une idée en tête. Mais ce que j’ai dit l’autre fois vaut toujours. Ce repas aura lieu si tu réussis à me vaincre.

La vaincre à un entraînement. Un objectif semblant bien difficile, mais cela donnait une motivation. Il ne fallait après tout pas oublier que Nozomi considérait tout Shinigami, elle y compris, comme un soldat avant tout, un combattant. Même si sa Division n’était pas la Onzième, grand bien lui en face, elle ne tolérait nul relâchement en la matière.
Inciter sa seconde à affiner ses prouesses martiales était donc quelque chose d’assez logique à ses yeux. Surtout que, même si elle n’avait pas employé toutes ses forces par le passé, il lui était inimaginable de se laisser faire.

>> Enfin bon… Ce qui m’occupe est à peu près tout sauf l’affaire dont tu parles. Après tout, elle n’est plus de notre ressort.

Après tout, telle était la version officielle. L’enquête n’était plus entre les mains de la Neuvième Division. Les rumeurs, elles, ajoutaient que plusieurs gradés étaient justement sous l’effet d’une enquête, dont elle bien entendu. Elle ne pouvait dire à quel point Mayuri était au courant, étant éloignée de la noblesse où cette information circulait le plus, mais cela ne l’étonnerait nullement que quelques échos lui soient parvenus.
Mais Nozomi n’était pas le genre à vouloir alimenter les rumeurs.

>> A partir de là, il n’y nulle réflexion à partager. Continuer cette affaire serait contrevenir à des ordres directs.

Bien sûr, elle ne pouvait en dire plus. Elle ne pouvait évoquer ces rencontres. Il ne s’agissait même pas d’une question de manque de confiance. Rien de bon ne pouvait être tiré à trop en dire. Qu’importe la personne.