La chambre des secrets [PV Nozomi]

Le temps filait à une vitesse folle. Elle avait l'impression que c'était hier qu'elle avait été convoquée par sa Capitaine et s'était retrouvée à devoir la combattre de toutes ses forces pour prouver sa valeur. Ressortant de cette rencontre fière d'elle et, d'une certaine manière, plus proche de sa Capitaine. Même si elle avait manqué le défi qu'elle s'était fixé à l'époque. Celui de la vaincre afin de la forcer à venir déjeuner avec toute sa division. Une manière de la faire sortir de sa coquille.

Car oui! Peu de personnes accepteraient de croire à sa théorie mais elle voyait une certaine timidité dans le comportement de Nozomi. Elle ne croyait pas vraiment en cette image de femme hautaine et froide que la Capitaine s'était forgée. Pour elle, il s'agissait davantage d'un moyen de se protéger. Une armure en quelque sorte que la femme portait pour éviter que le monde ne puisse la blesser. Ou peut-être pour l'aider à soutenir tous les poids qui pesaient sur ses épaules. Le poids de la Noblesse. Le poids de son rang. Le poids des responsabilités. Trop de choses pour une seule personne.

Allez, nouvelle tentative! Un peu de défi dans cette journée morose!

Mais les choses avaient changé! Car aujourd'hui, la jeune demoiselle était là pour l'aider à porter une partie de ses fardeaux. A se soulager de tout ce poids. Enfin essayer, car Nozomi n'était pas des plus faciles à convaincre. Mais elle aimait les défis! C'est d'ailleurs une des raisons qui la poussaient aujourd'hui à se rendre auprès de sa Capitaine sans y avoir été convoquée pour une fois. L'occasion de prendre de ses nouvelles mais aussi de discuter de certains sujets sensibles, évocables uniquement dans un cadre restreint. Si elle ne pouvait en parler avec sa Vice Capitaine, avec qui le pourrait-elle?

Arrivée devant la porte du bureau de sa Capitaine, elle prit une inspiration, réajusta correctement ses vêtements et les rubans dans ses cheveux - autant commencer par une bonne impression - puis toqua sur le bois de la porte en s'annonçant

Capitaine Tomoe? Mayuri, votre Vice-Capitaine! Puis-je vous interrompre quelques instants? J'aurais souhaité discuter avec vous. Je pense que cela nous fera du bien à toutes les deux et nous permettra d'échanger sur les derniers évènements! Et puis...

Marquant une pause, elle réfléchit un instant à quelque chose à ajouter. Apercevant un shinigami passer non loin d'elle avec un plateau sur lequel était posées une théière fumante et deux tasses, elle lui offrit son plus beau sourire avant de le convaincre de lui donner le plateau en échange d'un service équivalent un peu plus tard dans la journée. Revenant rapidement à la porte, elle reprit:

... j'apporte du thé chaud pour toutes les deux! Cela vous permettra de faire une pause bien méritée!

Un long soupir était la marque de l’état de la Capitaine en cet instant. Il fallait dire qu’elle avait connu meilleure période que ces derniers temps. Les enquêtes étaient généralement sous sa responsabilité, pas à son encontre. Ce simple fait était un fardeau dont elle se serait bien passée. Si l’on rajoutait tout ce qui allait avec, tout ce qu’elle devait démêler afin d’obtenir le fin de cette histoire.
Laver son nom de tout soupçon était certes une volonté de sa part, mais cela restait au final bien secondaire par rapport à ce qui importait vraiment. Mettre fin à ce qui paraissait évidemment être un complot d’ampleur au sein du Seireitei.
Les ramifications étaient nombreuses. Bien trop pour elle seule. Elle ne l’était certes pas, mais cela n’arrangeait pas forcément les choses. Le Capitaine Igarashi avait des méthodes bien plus radicales et directes qu’elle et la Commandante en Chef Yane n’avait que son intérêt personnel en tête, enlevant tout possibilité de lui faire confiance.
Un nouveau soupir fut alors entendu au sein de son bureau.

Une bruit à la porte vint briser cette répétition. Par réflexe son œil se leva, fixant alors la porte. Curieuse habitude d’ailleurs que cela. Fixer une porte fermée ne permettrait pas de mieux entendre. Surtout qu’il n’y en avait nul besoin, la voix de sa Vice-Capitaine étant parfaitement audible.
Il était vrai que cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pu avoir un véritable entretien avec celle qui la secondait, en dehors de ce qui était nécessaire pour le bon fonctionnement de la division. La jeune femme était étrangère à tout ce qui se tramait dans l’ombre, ce qui était bien préférable pour son propre bien.
Ainsi, la noble ayant fait de cette histoire sa priorité personnelle, elle s’était au final quelque peu encore plus renfermée qu’auparavant. Ce qui, aux dires de certains, était difficile à croire.
Nouveau soupir. Mais bien moins lourd, démontrant que la cause était de nature bien différente. Elle savait tout simplement qu’il serait certainement bien inutile de lui demander de partir.

>> Bien, tu peux entrer.

Pourtant, ses mots avaient été assez clairs aux de la gradée. Elle serait bien surprise que la nature curieuse de la Vice-Capitaine ne la pousse pas à l’interroger à ce sujet. Que cela pourrait-il être d’autre ? Elle n’allait certes pas ouvrir elle-même ce point, mais se préparait déjà à devoir y répondre.

>> Du thé, une volonté de prendre une pause… Une raison particulière à cela ?

A sa façon, elle jouait la carte de l’innocence. Son ton restait celui que l’on lui connaissait. Celui qu’elle adoptait en tant que Capitaine afin de mettre une certaine distance.

Satisfaite de la réponse de sa Capitaine, la jeune demoiselle avait fait glisser la porte et pénétrer dans le bureau de Nozomi. D'une certaine manière, elle se sentait soulagée que cette dernière accepte la pause qui lui était proposée. Et ce n'était pas gagné au vu du "bonne chance" que lui avait adressé celui à qui elle avait "emprunté" le thé.

En effet, si elle n'avait que peu croisé sa Capitaine ces derniers temps, les rumeurs allaient bon train à son sujet. Qu'elle ne sortait plus de son bureau, que tous les progrès qu'elle avait faits depuis quelques mois semblaient s'être estompés, qu'elle travaillait beaucoup trop pour son propre bien. Mais Mayuri était ravie de voir qu'au moins une partie de ces rumeurs demeurait infondée.

Plutôt guillerette, elle s'avança donc sans se faire prier jusqu'au bureau de Nozomi, y déposant les tasses et leur servant à toutes deux une tasse fumante. Tout en s'appliquant à ne rien renverser sur les dossiers de Nozomi - au risque de se faire mettre dehors avant même d'avoir pu commencer les discussions - elle répondit à son commentaire

Je sais que vous êtes fortement occupée ces derniers temps, vous ne quittez que très peu votre bureau. Il est donc de mon devoir en tant que Vice Capitaine de vous apporter mon aide et de m'assurer que vous ne vous épuisiez pas à la tâche. Je n'ai d'ailleurs pas abandonné l'idée d'organiser un repas avec toute la division, malgré l'échec de mon défi de l'autre fois. Mais c'est une autre histoire, nous pourrons en reparler plus tard!

Marquant une légère pause pour observer la réaction de sa Capitaine, elle observa un instant la pièce, pensive. Prenant une gorgée de thé et se brulant à moitié au vu de la température encore trop forte de celui-ci, elle reposa la tasse, espérant que la Capitaine n'aurait pas vu ce raté avant de reprendre la parole.

Puis je vous demander quelles affaires vous occupent à ce point ces derniers temps? S'agit-il de cette affaire de disparition qui a été suspendue? Je sais que c'est une affaire sensible et que vous ne souhaitez peut-être pas en parler. Mais je suis votre Vice Capitaine. Si je peux vous aider sur quelques points ou simplement partager une partie de vos réflexions, cela sera avec plaisir. Cela ne me plait pas de vous voir préoccupée à ce point.

S'apprêtant à reprendre une gorge de thé, elle se retint au dernier moment pour souffler dessus et attendre des réponses de sa Capitaine. Elle savait apprendre de ses erreurs! Et elle espérait que sa Capitaine accepterait d'en faire de même.

Dire que la surprise était présente serait sans nul doute un parfait mensonge. Elle aurait presque pu dérouler dans sa tête le fil des événements avant qu’ils ne surviennent. En premier lieu, une discussion presque banale. Il fallait bien dire que Mayuri était douée pour ce point. Sa bonne humeur, les sujets semblant uniquement légers. Elle réussit même à caser un rappel à un ancien entraînement que les deux femmes avaient effectué par le passé. Et, de toutes évidences, elle était du genre obstinée lorsqu’elle avait une idée en tête.
Ce qui n’était pas particulièrement pour arranger la Capitaine.

La suite fuit en effet telle qu’elle avait pu le prévoir. De façon en apparence des plus naturelles, elle glissa sur un autre sujet, bien plus sérieux. Si elle ne s’y était pas attendue, elle aurait réellement pu croire que la conversation fut naturellement menée à cela sans nulle intention derrière. Peut-être était-ce réellement le cas d’ailleurs. Mais elle n’y croyait pas.
Le rôle même de sa division la faisait douter de ce genre de méthodes. Et la faisait également en employer. Il pouvait s’agir d’une bonne façon d’obtenir des renseignements, ce qui pouvait démontrer que la Vice-Capitaine était en effet bien taillée pour ce rôle.
Mais elle n’était pas face à n’importe qui. Il ne serait pas si facile d’avoir Nozomi à ce jeu. En premier lieu, la Capitaine revint au sujet initial.

>> Il semble bien difficile de te faire changer d’avis une fois que tu as une idée en tête. Mais ce que j’ai dit l’autre fois vaut toujours. Ce repas aura lieu si tu réussis à me vaincre.

La vaincre à un entraînement. Un objectif semblant bien difficile, mais cela donnait une motivation. Il ne fallait après tout pas oublier que Nozomi considérait tout Shinigami, elle y compris, comme un soldat avant tout, un combattant. Même si sa Division n’était pas la Onzième, grand bien lui en face, elle ne tolérait nul relâchement en la matière.
Inciter sa seconde à affiner ses prouesses martiales était donc quelque chose d’assez logique à ses yeux. Surtout que, même si elle n’avait pas employé toutes ses forces par le passé, il lui était inimaginable de se laisser faire.

>> Enfin bon… Ce qui m’occupe est à peu près tout sauf l’affaire dont tu parles. Après tout, elle n’est plus de notre ressort.

Après tout, telle était la version officielle. L’enquête n’était plus entre les mains de la Neuvième Division. Les rumeurs, elles, ajoutaient que plusieurs gradés étaient justement sous l’effet d’une enquête, dont elle bien entendu. Elle ne pouvait dire à quel point Mayuri était au courant, étant éloignée de la noblesse où cette information circulait le plus, mais cela ne l’étonnerait nullement que quelques échos lui soient parvenus.
Mais Nozomi n’était pas le genre à vouloir alimenter les rumeurs.

>> A partir de là, il n’y nulle réflexion à partager. Continuer cette affaire serait contrevenir à des ordres directs.

Bien sûr, elle ne pouvait en dire plus. Elle ne pouvait évoquer ces rencontres. Il ne s’agissait même pas d’une question de manque de confiance. Rien de bon ne pouvait être tiré à trop en dire. Qu’importe la personne.

Un léger sourire sur le visage, elle attendait les réponses de sa Capitaine. Si évidemment le sujet de l'enquête qui avait fait grand bruit l'intéressait tout particulièrement, sa relance quant au déjeuner avec la Neuvième Division n'avait pas grand chose à lui envier. Ou presque. Après tout, il ne fallait pas oublier les objectifs qu'elle s'était fixés lorsqu'elle avait rejoint la Neuvième Division et rencontrer sa Capitaine pour la première fois. Des objectifs qui n'avaient pas leur place au second plan!

Ainsi, lorsque Nozomi lui rappela que son offre de la vaincre en duel tenait toujours, Mayuri ne put dissimuler une légère grimace amusée. Non pas que l'idée ne la tentait pas. Rien que pour revoir le Bankai de sa Capitaine, elle était prête à retenter l'expérience. Mais pas aujourd'hui. Elle n'était pas d'humeur à combattre mais davantage d'humeur à discuter. Et puis, elle était venue pour tenter de soulager quelque peu sa Capitaine, pas pour simplement satisfaire ses propres désirs.

Je n'ai pas oublié en effet. Et je vous promets de revenir à la charge. J'espère que vous ne vous retiendrez pas le moment venu car je donnerai tout ce que j'ai! J'ai rencontré des personnes intéressantes, je devrais pouvoir m'améliorer grâce à eux. Mais ce sera pour plus tard. Aujourd'hui, j'ai juste envie de boire le thé avec vous et discuter un peu. Si vous êtes d'accord.

Souriante, tentant de retenir ses pensées qui déjà commençaient à s'éparpiller devant les différentes issues qu'un combat lui offrirait, elle écoutait les explications de Nozomi quant à la fameuse enquête. Ou plutôt les non-explications. Car d'après la Capitaine, cette enquête était terminée. Il était vrai que la Neuvième Division avait reçu l'ordre de stopper toute recherche à ce sujet. Ordre confirmé par leur Capitaine. Mais... elle ne pouvait pas se contenter d'une telle réponse. Ainsi, la demoiselle prit elle un regard plus sérieux

Capitaine. Je connais effectivement cet ordre et je ne compte pas y contrevenir, ne vous inquiétez pas. Je ne compte pas courir vers les ennuis, je déteste ça. Néanmoins, j'imagine que l'interdiction de poursuivre l'enquête ne m'empêche pas de m'informer sur ce qu'il s'est passé et d'en discuter avec vous n'est ce pas? J'aimerais comprendre. Et puis...

Hésitante, le regard de la demoiselle avait soudainement changé. Non pas de la crainte ou du doute, mais plutôt de l'inquiétude.

Il y a des rumeurs qui circulent. Des rumeurs qui disent qu'une enquête à votre encontre aurait été lancée. Je ne sais pas s'il s'agit simplement de rumeurs ou de la réalité. Je n'ai pas suffisamment de contacts pour le savoir. Mais il y a un point sur lequel je n'ai aucun doute, sans avoir besoin de personne pour me le confirmer: il n'y a rien à vous reprocher. Alors pourquoi lancerait-on une enquête à votre encontre? Que se passe t'il? Je ne devrais probablement pas mais en tant que Vice-Capitaine, je m'inquiète pour vous.

Fallait-il vraiment être surprise ? La demande de sa Vice-Capitaine sur le fait de ne pas se retenir la prochaine fois n’avait rien de surprenante. Il suffisait de repenser à son caractère et à sa réaction en voyant le Bankai de sa supérieure pour s’y attendre. Ce n’était pourtant pas dans sa nature de ne pas jouer à jeu égal avec un adversaire. Vaincre trop facilement ne procurait nul satisfaction et elle préférait de loin les duels plus serrés.
C’était ce qui avait rendu le précédent intéressant à ses yeux d’ailleurs. En se contentant de son Shikai, elle avait du jouer y mettre plus de sérieux pour tenter de mettre à genoux la jeune Vice-Capitaine. Ce qui avait donné cette issue aussi serrée, sans véritable vainqueur. Ou s’il fallait en désigner un, peut-être Mayuri était plus légitime, ayant au moins obtenu satisfaction de voir la forme libérée de sa Capitaine.

Pourtant, si cette entrée de discussion fut faite, le principal n’en était pas là.
Elle ne pu réprimer un soupir. Les mots de sa seconde n’étaient qu’une façon détournée de redire la même chose. Sa phrase précédente résonnait de nouveau. « Impossible de te faire changer d’avis une fois que tu as une idée en tête ». Cela semblait de nouveau bien véridique. Pourtant, s’il y avait des points où Nozomi pourrait céder par facilité, tel n’était pas le cas à ce sujet.
Trop creuser n’apporterait rien de bon.

>> Des disparitions ont eu lieu. Un mort a été confirmé. Et c’est à peu près tout ce qu’il y a à résumer.

Elle avait les yeux fermés en prononçant sa réponse, se frottant légèrement le front. Le genre d’attitude que l’on pouvait avoir en répondant à un sujet anodin ne méritant pas pleine attention. Et, surtout, celui lui évitait de fixer trop durement son interlocutrice, ce qui lui ferait comprendre plus fermement qu’il n’y avait pas plus à savoir.
Pourtant, elle allait plus loin, bien entendu. Insistant, sans surprise de nouveau, sur les rumeurs lui étant parvenues. Se voulant rassurante. Si ses paroles avaient un quelconque poids dans la balance, la noble serait persuadée d’être lavée de tout soupçon sur le champ tellement elle semblait convaincue. Mais rien n’était aussi simple.
Lentement, elle rouvrit les yeux, la fixant de nouveau.

>> Moi et d’autres étions présent lors de la mort. A partir de cela, il est normal de m’inclure dans l’enquête. J’aurai fait exactement pareil.

Une façon possiblement abrégée d’expliquer la chose, mais possédant un avantage indéniable. Ne dire aucun mensonge. Ces points étaient véridiques et la laisser en dehors de tout cela sans élément concret serait une erreur qu’elle même n’aurait pas fait.
Bien entendu, c’était tout ce qu’il y avait autour qui était plus suspicieux. Tout ce qu’elle ne pouvait pas dire. Que ce soit officiellement ou même volontairement. Sa position ne changerait pas. Sur ce point, elle pouvait se montrer bien plus obstinée que Mayuri.

>> Mais je te rassure, je ne suis nullement inquiète. Je ne doute pas que les choses seront faites correctement.

L’auto-persuasion était quelque chose de puissant en un sens. Plusieurs idées étaient en place et elle ne doutait réellement pas que, peu importe la forme, la vérité finirait par se faire savoir. Cela ne serait très probablement pas évident, et même dangereux.
Mais elle était confiante en leur réussite. En douter maintenant serait le meilleur moyen d’échouer.

Si elle ne pouvait se permettre de le faire ouvertement - même elle avait ses limites quant à sa capacité à trop parler - tout son être était empli d'une gigantesque envie de soupirer. Connaissant sa Capitaine, elle ne s'était point attendue à ce qu'elle accepte de partager ouvertement son opinion sur cette affaire et encore moins ses sentiments quant à l'accusation qui pesait sur elle. Mais quand même!

Une petite part d'elle avait gardé espoir que sa Capitaine pourrait se confier un minimum. Ne serait-ce que pour lui prouver qu'elle lui faisait confiance. Mais visiblement ce n'était pas pour aujourd'hui. Au moins se réconfortait-elle en pensant que Nozomi faisait ça pour la protéger, lui éviter de s'impliquer dans une affaire qui ne la concernait pas ou pouvait lui attirer des ennuis. Affichant un instant une mine légèrement ennuyée, elle se reprit rapidement pour répondre, fixant sa Capitaine dans les yeux

J'espère en tout cas que vous n'hésiterez pas à faire appel à moi si le besoin s'en fait sentir. Vous savez que vous pouvez compter sur moi pour vous apporter mon aide et vous décharger d'une partie de tout ce poids qui pèse sur vos épaules.

Elle aurait aimé insister plus directement, lui dire qu'elle ne lui en disait pas suffisamment et qu'elle voulait l'aider à laver son honneur. Qu'elle ne pouvait pas la laisser à l'écart d'un évènement aussi important et étrange. Qu'elle devait faire confiance à sa Vice Capitaine. Mais elle ne le pouvait pas. Elle devrait se contenter de ses dernières paroles, espérant qu'elles étaient suffisamment claires. Resservant un peu de thé, elle décida donc de changer de sujet

J'ai participé récemment à une mission au sein du 72ème district. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler mais le maitre du dojo, Morimoto Kokan, a été retrouvé assassiné. Un jeune homme qui s'était opposé à sa famille pour agir avec honneur. Une triste affaire. Cela n'augure rien de bon pour l'avenir de ce district.

Soupirant légèrement, se souvenant de ces corps étalés dans ce grand bâtiment, elle ajouta

Lorsque de nouvelles pistes seront trouvées, je participerai à la suite de cette affaire. Je veux avoir le fin de mot de l'histoire. Et leur faire comprendre que ce genre de crime ne demeure pas impuni. J'y étais d'ailleurs, entre autres, avec un ami, Kiryū Shinjiro, de la Onzième Division. Le connaissez vous?

Un sujet plus léger, elle était curieuse de savoir ce que sa Capitaine pensait de la Onzième Division. Après tout, leur style était plutôt éloigné de celui de Nozomi. Et encore, il s'agissait là d'un bel euphémisme.

>> Le jour où il y aura un poids à décharger, je ne manquerai pas d’y penser.

La déception était visible, les mots ne firent que confirmer. Pourtant, la Capitaine croyait également en la véracité de sa réponse. Elle n’avait pas de poids à décharger, simplement une menace à régler. Si de l’aide était certes nécessaire, elle n’était déjà pas seule dans cette croisade de la vérité, d’autres Capitaine oeuvrant également en ce sens.
Bien entendu, peut-être que le jour viendrait où une opération de plus grande envergure serait nécessaire. Cela serait surprenant, mais pourrait arriver. Auquel cas sa jeune seconde serait l’un des premiers noms auxquels elle penserait. Tel était, après tout, le rôle d’un Vice-Capitaine.

Pourtant, ce sujet semblait clôt. Mayuri l’aurait toujours en tête certainement, et tout ce que Nozomi pouvait espérer était que le message soit bien passé et qu’elle ne cherche pas à enquêter de son côté, risquant ainsi de faire plus de mal que de bien.
Pour le moment, au moins, elle passa à une autre actualité, une mission à laquelle elle avait récemment participé. Une histoire que la Capitaine avait suivi aux termes de rapports, même si sa propre Division n’avait pas participé à toutes les étapes et que certains éléments restaient lacunaires.
La seule conclusion à laquelle elle semblait pouvoir arriver était que cette histoire aurait du mal à véritablement connaître une fin.

>> Les troubles au Rukongai n’ont rien de surprenant, surtout dans des districts aussi éloignés. Mon avis est qu’il est vain d’espérer une quelconque stabilité dans de tels lieux.

En son âme, nous esquissâmes un sourire. S’il y avait bien des choses à redire sur notre hôte, son avis au sujet des habitants du Rukongai n’était pas de cela. Il s’agissait probablement du point sur lequel elle était le moins en désaccord avec ses origines nobles depuis le début, et il s’était même affirmé avec le temps.
Le fait que sa seconde en provienne était déjà quelque chose qui fut délicat à l’époque, il ne fallait tout de même pas espérer qu’elle ressente la moindre compassion pour ces lieux livrés à eux-mêmes où l’ordre n’était pas présent.
Si nous pouvions exprimer notre avis, la solution serait la purge pure et simple. Heureusement pour l’héritière des Tomoe, elle seule pouvait nous entendre et jamais elle ne transmettrait telle pensée.

>> Bien sûr, cela reste à surveiller. Même là bas il est nécessaire d’intervenir lorsqu’il y a besoin, et je compte en effet sur toi pour représenter la Division en cas de trouble futur à ce sujet.

Ne pas être étonnée ne voulait pas forcément dire laisser passer, même si elle se doutait bien que d’autres risquaient de reproduire le cycle, quand bien même les troubles étaient étouffés. Les criminels restaient espèce à proliférer dans ce genre de viviers.
Pourtant, elle sembla un peu plus intéressée par la fin de la prise de parole de la Vice-Capitaine, s’appuyant un peu plus sur le dossier de son fauteuil.

>> Il a déjà fait une apparition remarquée dans la Division, et même dans ce bureau, donc je le connais en effet. Je suis un peu plus étonnée que cela soit ton cas, au point qu’il soit un ami. Je ne t’imaginais pas traîner avec des membres de la Onzième.

Bien sûr, elle avait eu l’occasion de se faire un avis sur cet individu. Elle était cependant curieuse d’en savoir un peu plus sur celui de Mayuri.

Rares étaient les moments où le Zanpakutō de la demoiselle prenait la peine de se rappeler à ses bons souvenirs. Dans les moments les plus ennuyeux généralement, pour qu'elle se souvienne que la mélancolie n'était jamais loin pour celui qui ne prenait pas la peine de rechercher des moments excitants au sein de son existence. Ainsi, à l'instant où sa Capitaine avait prononcé la phrase au sujet de l'absence de poids à décharger, Taikutsu suraisā n'avait manqué de réagir, le regard de la demoiselle prenant soudain une apparence plus las, fatiguée.

Mais si Mayuri partageait effectivement une partie de ses sentiments quant à la réaction de sa Capitaine, il y avait certains sujets où elle refusait catégoriquement de jeter l'éponge. Et celui-ci en faisait clairement partie. Certes, elle n'avait pas réussi à la convaincre de s'ouvrir quant à l'enquête qui la concernait, mais il y avait bien d'autres sujets qui lui permettraient d'ouvrir davantage sa Capitaine au monde qui l'entourait! Ainsi, se reprit elle rapidement pour passer à d'autres sujets, pensant à l'attention de son Zanpakutō

Je n'ai pas dit mon dernier mot, ma mission sera un succès! Je la sortirai de l'ennui qui l'habite elle-aussi, tu verras!

Un moyen de s'auto-persuader? Pas vraiment. La Vice Capitaine croyait fermement en ses capacités à y parvenir. Aucun mur n'était impossible à détruire, aucun. Il fallait juste trouver la bonne manière de faire. Peut-être que parler de sa dernière mission pourrait y contribuer. D'autant que l'avis de sa Capitaine à ce sujet pourrait peut-être lui apporter une perspective à laquelle elle n'avait pas pensé jusqu'à présent. Plus expérimentée qu'elle, elle devait avoir l'habitude de ce genre d'affaires.

Écoutant ses commentaires quant à l'instabilité des districts éloignés, elle se remémora avec une certaine tristesse la vision du corps du jeune Kokan, inerte sur le sol. Assassiné. Ce genre d'évènement était-il réellement inévitable? Non, elle ne pouvait l'accepter. Requinquée par les paroles de sa Capitaine quant à la nécessité d'intervenir dans ce genre de situations, elle répondit rapidement

Je n'y manquerai pas, vous pouvez me faire confiance! Je ne peux pas accepter que les ambitions démesurées de certains nuisibles conduisent ainsi à la mort de jeunes gens honorables. Tôt ou tard, la Justice fera son office et ils paieront, j'en suis certaine. J'y veillerai.

Tant de perfidie, il n'était pas possible de l'accepter. Cette pensée en tête, une autre idée lui vint alors que les paroles de sa Capitaine résonnaient en écho dans son esprit. Hésitante, ne voulant pas s'attirer les foudres de cette dernière, elle s'aventura quand même sur ce chemin

Capitaine Tomoe, permettez moi une question. Je n'ai pas de réelle connaissance de la Noblesse et de tout l'univers qui l'entoure. Alors j'espère que vous ne prendrez pas mal cette question. Mais comment se passe la vie au sein de la Noblesse? Y a t'il aussi des...hm...intrigants prêts à tout pour gagner du pouvoir? Je me rends compte que je ne connais rien de votre famille. Serait-ce indiscret de vous demander de me parler de la famille Tomoe? J'ai un peu honte en tant que Vice Capitaine de ne rien connaitre à ce sujet.

Mayuri n'était pas de la Noblesse. Même de son vivant, aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir, jamais n'avait-elle côtoyé de personnes d'un rang aussi élevé que Nozomi. Etait-ce un regret? Pas vraiment. Elle aimait la simplicité de sa vie, plus encore depuis qu'elle était une Shinigami. Pouvoir dire ce qu'elle pensait sans devoir se soucier du regard des autres. Pouvoir vivre ses désirs sans qu'on les lui impose. Peut-être était-ce pour cela qu'elle s'entendait aussi bien avec le colosse argenté, lui qui semblait partager cette vision de l'existence. Quand sa Capitaine évoqua sa rencontre passée avec Shinjiro, se montrant un peu plus intéressée par le sujet, les yeux de Mayuri s'illuminèrent et elle ne put se retenir de murmurer

La Taureau est vraiment capable de briser tous les murs... Trop fort!

Remarquant que ses pensées avaient à nouveau franchi trop rapidement le seuil de sa bouche, elle fit des yeux ronds avant de se reprendre rapidement, tentant de se rattraper aux branches.

Pardonnez-moi, je m'égare. Je l'ai rencontré il y a quelques temps déjà alors qu'il se rendait très rapidement à un rendez-vous. Pour éviter de me renverser, il a fini tête la première dans un mur. Nous avons alors échangé quelques minutes et nous nous sommes rapidement liés d'amitié. C'est un homme simple, franc, sûr de lui. Avec des capacités impressionnantes. Je trouve que c'est une bouffée d'air frais de discuter avec lui, et c'est un allié de valeur sans le moindre doute. Les gens voient souvent la Onzième Division comme des barbares mais je n'aime pas les préjugés. Il faut savoir se faire son propre avis. Puis-je vous demander ce que vous avez pensé de votre rencontre?

Si Nozomi ne doutait nullement de l’obstination de sa seconde, elle ne doutait pas non plus de l’intelligence dont elle pouvait faire preuve en ce but. Même si la Capitaine repoussait toute tentative pour elle d’en savoir plus, elle trouvait une façon de revenir à la charge d’une nouvelle façon, inlassablement.
Le Taureau n’était pas forcément ce qu’elle évoquerait ensuite. Dans le cadre des attributions de leur division, un tel tempérament était bonne chose. A condition de savoir le contrôler. Ce qui n’était pas forcément le cas ici, entraînant ainsi des discours pouvant facilement être mal perçus.

Comme celui-ci.
La noble voyait où elle voulait en venir en évoquant le statut social de sa supérieure, et sa méconnaissance du sujet. Mais il y avait une autre façon de l’interpréter. Une façon bien moins agréable dans l’accueil qu’elle pouvait avoir.
Ce qui offrait alors une carte à jouer pour faire comprendre que la curiosité n’était pas toujours une bonne qualité quand irréfléchie. L’expression de Nozomi changea quelque peu, sourcils légèrement froncés, comme si elle n’appréciait pas ce qu’elle venait d’entendre.

>> Parler d’intrigants prêts à tout pour gagner du pouvoir et évoquer ensuite ma famille… J’ose espérer que tu n’es pas en train de sous-entendre qu’un des miens serait derrière tout ça ?

Bien sûr, elle se doutait que ce n’était pas ce que voulait dire la Vice-Capitaine. Pourtant, il pourrait y avoir une certaine forme de logique. Les rumeurs à son sujet pouvaient déstabiliser la position de la cheffe de famille et quelqu’un pourrait alors vouloir en profiter pour la renverser.
De la part de quelqu’un n’ayant qu’une faible connaissance du sujet, cet argument pourrait tenir la route. Ce qui permettait alors à la gradée de jouer sur ce point.

>> Ce seraient là de graves suppositions. S’il est évident que chaque famille essaye de gagner en influence, cela reste dans certaines limites. D’autant plus qu’il n’est pas si simple de briser les barrières sociales. Surtout alors que le Yondai Kizoku existe. Cela est pareil au sein de ma famille. Si je ne vais pas prétendre être adorée de tous, nul ne se risquerait à agir à mon encontre. Ils auraient bien plus à perdre.

L’expression dans ses yeux était, à ce moment, à la hauteur de son rang, donnant plus de force à ses paroles, faisant comprendre que le terrain sur lequel elle s’était engagé était glissant.
Nulle remontrance direct, mais pourrait clairement arriver en insistant trop. Ce qui n’était pas si éloigné de la vérité. Si elle jouait un rôle, il n’empêchait que la patience de la Capitaine avait ses limites. Dans un autre contexte, elle aurait volontiers pu donner plus d’information sur sa famille et le fonctionnement de la noblesse. Ce n’était pas forcément ce qu’elle préférait, mais rien n’était secret après tout.
Ici, la façon de faire ne lui donnait pas réellement envie, les véritables intentions étant bien trop lisibles.

Ce moment passé, elle sembla alors quelque peu se relâcher, reprenant l’autre sujet, bien plus inattendu dans une telle conversation. Un membre de la Onzième Division. La rencontre entre le colosse et la frêle jeune fille était bien plus à l’image de ce qu’elle pouvait s’attendre du corps des brutes de la Soul Society. Pourtant, en répondant à la question posée, elle se devait bien de reconnaître une chose.

>> Je ne serais pas surprise qu’il confirme la plupart des préjugés. Rien que votre rencontre le fait. Mais je dois avouer que ce n’est pas le cas de certains. Il semble notamment avoir suffisamment de tenue pour se comporter comme il se doit en présence d’un Capitaine. Même si les trois qualificatifs employés semblent coller. Simple, franc, sûr de lui. Et plein d’ambition à n’en pas douter.

Il était persuadé d’avoir de quoi devenir Capitaine. En temps normal, elle aurait pu en douter. Mais Kenshirō, qui lui ressemblait quelque peu, bien que moins au point sur le comportement, était la preuve qu’elle pouvait être surprise.
Si ce dernier avait pu devenir Capitaine au sein de la Cinquième Division, alors en ce qui concernait la Onzième. La seule question était de savoir s’il en avait les compétences. Sur ce point, elle ne pouvait nullement se prononcer.

Si la jeune demoiselle n'était pas parvenue à pousser sa Capitaine vers le sujet qui l'intriguait le plus, elle n'en était pas pour autant abattue au vu de la multitude d'autres thèmes qui s'offraient à elle. L'opportunité d'en apprendre davantage sur la famille Tomoe et sur la Noblesse du Seireitei, mais aussi sur sa vision des autres divisions. Divers sujets qui lui permettraient de mieux connaitre sa Capitaine et donc d'atteindre plus aisément ses objectifs! Si tant était qu'elle ne le prenait pas mal et qu'elle ne la jugeait pas trop indiscrète dans ses questions.

Pourtant, parmi toutes les réactions qu'elle avait envisagées, à aucun moment ne s'était elle attendue à ce qui s'apprêtait à lui tomber dessus. Lorsque les sourcils de Nozomi se froncèrent, l'excitation dans le regard de la Vice Capitaine s'éteignit sur le champ. Et lorsqu'elle entendit les premiers propos de sa supérieure, elle comprit alors l'impair qu'elle venait de commettre

Mais non... Ce n'est pas ce que je voulais dire... Je ne me permettrais pas...

Elle cherchait ses mots, quelque peu confuse et déstabilisée. Elle qui voyait souvent les choses avec beaucoup de simplicité se rendait compte que le jeu pouvait parfois tourner à son désavantage. Préférant pour une fois prendre le temps du recul, elle demeura silencieuse, écoutant les explications de sa Capitaine quant au fonctionnement de la Noblesse et l'impact de ce qu'elle avait laissé supposer. Aussi prit elle quelques instants pour supporter le poids de la leçon qui lui était donnée et admettre que pour cette fois, elle s'était trompée. Les yeux baissés, telle une enfant grondée, elle répondit finalement

Pardonnez-moi Capitaine, je n'aurais pas du prononcer de telles paroles. A aucun moment je n'ai voulu remettre en cause l'intégrité de votre famille et j'en suis désolée. J'ai seulement voulu en apprendre davantage sur vous et sur un univers qui m'est inconnu. Mais d'une façon bien maladroite je le conçois. Je comprends votre colère et je vous prie d'accepter mes excuses.

Se maudissant intérieurement d'avoir potentiellement brisé une partie de la confiance qu'elle s'efforçait de gagner, il y avait néanmoins un point qui la dérangeait et qu'elle se devait d'éclaircir. Une ombre qu'elle ne souhaitait en aucun cas voir grandir. Ainsi prit elle une profonde inspiration avant de relever finalement les yeux pour les plonger dans ceux de sa Capitaine.

Capitaine Tomoe, permettez moi néanmoins d'éclaircir un point. Vous me connaissez suffisamment maintenant. Je suis une personne qui a tendance à dire sur qu'elle pense. Parfois même un peu trop. Surtout quand ma langue agit plus vite que ma raison. Parfois cela m'ouvre des portes, à d'autres moments cela m'en referme mais j'essaie toujours d'apprendre de ce qui en sort. C'est ainsi que je suis. Je peux essayer de m'améliorer mais d'un chien on ne fera jamais un chat!

Une petite grimace pour accompagner ses propos, elle reprit rapidement avant de perdre le fil

Il m'arrive aussi parfois de faire preuve de subtilité évidemment. Je ne pourrais pas faire partie de la Neuvième Division et encore moins en être la Vice Capitaine si je n'en étais pas capable, certaines enquêtes demandant forcément de la finesse. Néanmoins, une chose est certaine: j'ai trop de respect pour vous pour m'essayer à une telle stratégie sur un sujet si important. Si je devais vous accuser d'une telle chose, soyez sure que je le ferais directement. Quitte à encourir votre courroux. C'est aussi mon devoir en tant que votre Vice Capitaine. Je vous le dois.

Elle soupira alors de soulagement, comme si elle venait de se libérer d'un poids qu'elle avait sur le coeur, avant de conclure, reprenant le sourire qu'elle avait au début de la discussion

Mais comme je vous l'ai dit, je n'ai aucune raison de le faire, j'ai une confiance entière en vous! Et vu que vous m'avez dit que vous n'hésiterez pas à faire appel à moi si besoin, je n'ai plus de raison de m'inquiéter.

Heureux les simples d'esprit certains pourraient dire car déjà la demoiselle semblait avoir oublié la tension des instants précédents alors que sa Capitaine avait répondu à ses interrogations quant à sa vision de la Onzième Division et du colosse argenté. Devant ce qu'elle considérait comme un compliment caché à l'égard de Shinjiro, Mayuri ne put retenir un sourire enthousiaste auquel elle ajouta rapidement

Et de ce que j'ai pu voir, il a les moyens de ses ambitions. Je pense qu'il ira loin, qu'il fera parler de lui dans quelques temps. En bien évidemment car je n'ai aucun doute qu'il est un homme de bien. En dehors de ça, je suis contente de pouvoir croiser des Shinigamis d'autres divisions. Je n'ai pas acquis une immense expérience et je pense que rencontrer les autres divisions me permet d'avoir une vision plus globale de notre fonctionnement. Et de partager, de comprendre d'autres façons de penser. Cela pourra m'aider dans certaines enquêtes. J'ai même eu la chance d'échanger avec plusieurs membres du Clan Komamura, c'était très intéressant! J'imagine que de votre côté, en tant que Capitaine, vous devez avoir des contacts au sein de la plupart des Divisions, non?

Un silence inhabituelle. Telle fut la réaction de la jeune fille. Il n’était en effet pas des plus fréquents de la voir se poser ainsi dans la réflexion. Ce qui démontrait que la réaction de Nozomi était la bonne. En ayant agit ainsi, elle donnait une leçon bien importante à sa seconde. Pour les conclusions tirées n’étaient pas forcément aussi complètes que la gradée l’aurait voulu. Bien sûr, Mayuri reconnaissait sa maladresse. Celle-ci était difficile à nier après tout.
Mais elle semblait ne pas totalement en saisir la portée que cela aurait pu avoir. Cela lui ouvrait parfois des portes, et dans d’autres cas en fermait ? Nozomi serait quelque peu surprise que, dans les moments importants, cela soit la première possibilité. Mais si elle affirmait être capable de subtilité. Ce qui était sans nul doute véridique. Dans certains cas.

>> J’aurai tendance à dire qu’en effet tu es capable de subtilité, sauf lorsque tu as une idée fermement ancrée en tête et que tu souhaites y arriver, quand bien même serait-elle erronée. Comme aujourd’hui par exemple.

Ses lèvres formèrent un léger sourire, démontrant qu’elle n’en tenait pas rancune à sa Vice-Capitaine. Et même qu’elle n’en pensait possiblement pas un mot.
Savoir analyser les réactions était important pour un membre de la Neuvième Division après tout, et à cet instant elle ne cachait pas réellement ce point. Nombre de secrets continuaient à être gardés, mais elle ne souhaitait pas que Mayuri puisse durablement penser qu’elle avait été véritablement mal compris. Ce qu’elle appuya de la façon la plus claire possible avec des mots.

>> Et en effet, je te connais. Mais peux-tu m’assurer qu’un tel impair n’aurait pu arriver face à quelqu’un te rencontrant pour la première fois ? Que tu ne pourrais pas froisser de la sorte la mauvaise personne, avec les conséquences que cela peut avoir ? Tu souhaitais en savoir plus sur la noblesse ? Voici le plus important à savoir. Les mots sont leurs armes et il convient de les utiliser avec prudence face à des nobles.

Si plusieurs nobles étaient également Shinigami, ce n’était pas le cas de tous, bien au contraire. Ces derniers se complaisaient donc dans un grand jeu bien différent à base de lutte d’influence et de relations. Un champ de bataille tout autre nécessitant des outils biens différents.
Chose qu’elle n’appréciait pas réellement à l’origine d’ailleurs, mais qu’elle avait été obligée d’apprendre à utiliser. Elle n’en restait pas la plus grande maîtresse, préférant de loin l’usage de son arme pour faire face à des ennemis, mais cela ferait désordre au sein des soirées sociales.

>> Je pense cependant que tu ne serais nullement à l’aise dans un tel milieux et qu’il est préférable pour toi d’en rester éloignée autant que possible. Il serait des plus fâcheux qu’une maladresse ne t’entraîne dans une situation difficile.

Il y avait du vrai dans ce qu’elle disait. Si elle ne doutait pas des compétences de Mayuri pour l’assister au sein de la Neuvième, il était évident que la noblesse n’était pas un environnement fait pour elle et que les risques que cela ne dérape d’une façon ou d’une autre était bien présents.
Mais ces mots avaient aussi pour but de la maintenir éloignée autant que possible de la raison initiale de cette conversation. Autant qu’elle se tienne à l’écart et ne se mette pas en tête de creuser à la source même. Pour le coup, il était difficile de croire que celui puisse bien se passer.

>> Il est important d’avoir une vision assez large en effet, surtout dans notre spécialité. Mais je ne suis pas persuadée que la Onzième Division puisse t’enseigner grand-chose de bon. Si ce n’est pas déjà fait, je t’invite plutôt à essayer de voir auprès de la Seconde. Leurs méthodes sont bien différentes, et généralement plus secrètes, mais non pas exemptes de liens.

Un but assez proche, des méthodes différentes. Elle avait déjà eu l’occasion de le dire, mais la Deuxième et la Neuvième Division étaient en quelque sorte les deux faces d’une même pièce et se complétaient en bien des points.
Simplement, même si elle le respectait, elle aurait préféré avoir moins de points communs avec le Capitaine Igarashi qu’en ce moment.

>> J’ai bien entendu eu l’occasion de croiser la plupart des Capitaines, certains plus que d’autres. Mais je ne me permets pas de me mêler aux autres divisions et si je peux connaître certains membres autres, je ne saurais réellement dire qu’il s’agisse de contact.

Si elle ne sociabilisait que peu avec ses propres hommes, il était difficile de penser que cela soit le cas avec les autres.

Devant la réponse de sa Capitaine, la jeune demoiselle s'était contentée de sourire. Un sourire franc et amical, preuve qu'elle appréciait de pouvoir converser pour une fois avec sa supérieure. Non pas que celle-ci était inaccessible, elle savait qu'elle pouvait la contacter quand elle le souhaitait en tant que Vice Capitaine. Mais les barrières qu'elle dressait sans cesse ne lui permettaient pas toujours de pouvoir parler comme elle le souhaitait. Et pas forcément de n'importe quel sujet. Mais aujourd'hui, la situation était différente. Aujourd'hui, elle avait vraiment le sentiment de partager un moment avec Nozomi.

Le léger sourire affiché par cette dernière avait permis à Mayuri d'oublier totalement les tensions ressenties quelques minutes auparavant. Une petite leçon qui resterait ancrée dans son esprit, à n'en point douter, mais qui était reléguée au second plan pour le moment. Fidèle à ses principes, la vie pouvait parfois être tellement ennuyeuse qu'il fallait savoir saisir à pleines mains une opportunité quand elle se présentait. Sans forcément se soucier des conséquences. Bonnes ou mauvaises.

A la question de sa Capitaine, la jeune femme répondit sans vraiment réfléchir, comme s'il lui était inutile de vouloir se justifier ou de trouver une quelconque excuse

Vous avez totalement raison, je ne peux malheureusement pas vous l'assurer. Néanmoins, je peux vous promettre que je ferai mon possible pour qu'un tel impair ne se produise pas lorsque je vous accompagne. J'assume totalement les conséquences de mes actions sur moi-même mais je ne souhaite nullement vous mettre vous, Capitaine Tomoe, dans une situation délicate. Vous avez ma parole.

Ecoutant attentivement les conseils et explications de sa Capitaine quant à la Noblesse et à leurs armes, la demoiselle demeura un instant pensive. Cet univers semblait effectivement bien différent de celui qu'elle avait l'habitude de côtoyer. Même si, depuis qu'elle s'était mise au service de sa Capitaine, elle avait le sentiment d'avoir pu en avoir un léger avant-goût. A la fois sucré et piquant! Néanmoins, elle ne pouvait remettre en cause le jugement fondé de Nozomi. Ainsi, acquiesça t'elle à nouveau.

Je vous remercie pour vos conseils et je suis d'accord avec vous Capitaine. Je ne suis pas la plus à même, actuellement, de survivre dans un tel milieu. Je ne souhaite pas m'attirer des ennuis inutiles ou, comme je l'ai dit, vous en attirer à vous. Alors je ne m'en approcherai pas.

Prenant une gorgée de thé, elle observa un instant Nozomi avant de reprendre

Cependant, cet univers me semble particulièrement subtil et j'ai l'impression que je n'aurai pas d'autre choix que de m'y confronter, tôt ou tard. Alors, si cela ne vous dérange pas, j'aimerais que vous m'en parliez davantage lors de nos futures discussions, quand vous aurez un peu de temps. Que vous partagiez vos expériences personnelles et vos connaissances afin que le moment venu je sois capable de me débrouiller sans commettre d'impairs! Je pense que vous êtes la personne idéale pour m'enseigner. Et je ferai mon possible pour ne pas me montrer trop indiscrète dans mes questions!

Si une personne normale aurait prononcé cette phrase sans y placer le mot "trop", Mayuri savait quand il fallait se fixer une limite réaliste. Nulle arrière pensée derrière cette demande - elle semblait même avoir oublié l'objectif initial de sa venue - mais seulement une volonté d'en apprendre davantage sur cet univers étrange. Et de mieux comprendre sa Capitaine. Mais une autre fois! Car sa curiosité du moment demeurait sur les relations que sa Capitaine entretenait avec les autres divisions. Peu surprise par sa réponse - mais pas moins déçue pour autant - elle chercha dans sa mémoire si elle avait déjà rencontré des membres de la Deuxième Division comme le lui conseillé Nozomi, énumérant sans s'en rendre compte les différentes divisions qu'elle avait pu croiser.

Première, Troisième, Quatrième, Cinquième, Septième, Neuvième, Onzième... Je n'ai effectivement jamais eu l'occasion de croiser des membres de la Deuxième Division. J'essaierai de me renseigner. A moins que vous n'ayez un nom à me conseiller? J'ai aussi eu la chance de rencontrer plusieurs membres du clan Komamura au sein du Seireitei. Des personnes intéressantes. Je ne sais pas si vous en avez vous-même déjà côtoyé?