La traque continue ~ Ft Mamoru

Le pas est tranquille. Dans les rues des quartiers militaires, se presser est toujours mauvais signe. Le signe d'une alerte, d'un message prioritaire. Bref. Des choses que certains aimeraient qu'elles restent « exceptionnelles ». Les temps troublés ne font pas les bonnes affaires de tout le monde, il est vrai. Mais il existe une règle importante à connaître au Seireitei : une armée ne peut pas exister sans conflit militaire. Une règle simple, n'est-ce pas ? Après tout, la Onzième Division est bien la preuve que les autorités sont prêtes à toute situation. Pour la Douzième Division ? La règle existe. Alors autant profiter de cette tranquillité relative. Un simple mouvement et celle-ci peut disparaître dans des profondeurs insondables.

Yūko Seiichi avance donc tranquillement dans ces rues. Seul ? Non. Une jeune femme aux cheveux courts, sombres, l'accompagne. Membre de sa Division ? Non. C'est bien là un moyen de respecter les règles du jeu qui existent entre le patient et son médecin. Pour le moment, le Capitaine n'a pas eu l'autorisation d'être pleinement dans ses quartiers et de retourner à ses affaires. Pour le moment, oui. Car il compte bien modifier cela. Donc, pour le moment, les règles sont simples. Peu de sorties. Et celles-ci se font en compagnie d'un membre de la Quatrième Division.
La crainte ? Personne ne sait encore ce qui a été injecté durant ces derniers mois dans les veines de Seiichi. Lui-même ne sait pas – bien qu'il soit moins inquiet que les autres. Voilà le premier point. Le second point est qu'avec toute la puissance d'un Shinigami, rester … greffé à un organisme, immobile, pendant une longue période, laisse des séquelles naturelles. Quelle image ce serait pour les deux Divisions si l'Araignée venait à s'écrouler, incapable de porter son propre poids.

Par chance, jamais cela n'est arrivé.
Mais la logique existe. Et si la logique existe, des règles existent pour la respecter.

Le pas s'arrête. Les deux silhouettes font face aux portes imposantes menant à la Troisième Division. « Quand je serai avec lui, je vous demanderai de nous laisser. » La demoiselle tourne le visage vers l'Araignée, surprise, au départ. Il est rare que l'homme prenne le temps de parler et de prévenir. La surprise passée, sa réponse ne sera finalement qu'un hochement de tête. Sans doute aurait elle dû refuser. Mais les affaires entre Divisions – et principalement entre deux officiers – ne doivent en aucun cas être dérangées. Là aussi, c'est une règle qu'il faut apprendre à connaître et à maîtriser.

De nouveau, ce pas tranquille donc. Jusqu'à ce qu'un soldat n'arrête la silhouette en haori en se mettant au garde à vous. Peu doivent ignorer qui il est dans cette Division. Membre du Centre de Recherche en Histoire Évolutive des Hollow, Capitaine de la Douzième Division et partenaire de leur – actuellement – ancien Capitaine, disparu. Il a travaillé avec plusieurs d'entre eux à la traque de n'importe quel indice menant à Nagatsuki Aizome – avant de lui-même disparaître. Alors. Oui. Les présentations ne sont pas à faire. Mais ce qui est à dire, par contre, est important.

« Je viens voir le Vice-Capitaine de la Troisième Division, Hinotori Mamoru. » Un silence de quelques micro-secondes. Simplement une occasion de lui laisser le temps de réfléchir à la présence ou non de la personne en question. « Puis-je être mené à lui ? »

Une question cordiale. Prononcé avec la nonchalance habituelle du Capitaine.

« Par ici. »

Ces deux mots brisent le silence de l'attente. Un simple hochement de tête adressé comme réponse et les silhouettes suivent de ce pas tranquille le guide de la Troisième Division. Ces quartiers ne lui sont pas inconnus. Pour avoir souvent rencontré le Capitaine Nagatsuki entre ces murs. Mais la visite était officielle et devait respecter quelques codes. Ces mêmes qui régissent la vie militaire. Ce n'est pas parce qu'un homme est Capitaine qu'il peut se diriger comme il veut dans toutes les Divisions.
Finissant par arriver devant une porte, Yūko Seiichi remercie d'un nouvel hochement de tête leur guide, avant d'entrer dans la pièce. Le Vice-Capitaine est déjà présent et ne lui fera pas suivre l'épreuve de l'attente. Présent. Et dans un état que l'Araignée pourrait comparer au sien il y a quelque temps de cela.

Un mouvement. Celui d'une main qui se lève légèrement pour faire signe à son accompagnatrice. Sous la manche un peu longue de l'uniforme, quelques bandages, restes de certaines cicatrices qui prennent du temps à se refermer. Sans un mot, il congédie la jeune femme, qui s'incline alors devant le Vice-Capitaine et devant le Capitaine avant de passer la porte. Quelques mouvements. Des pas qui s'éloignent. Puis. Plus rien. Alors. Yūko Seiichi regarde Hinotori Mamoru. Des yeux doux. Et pourtant, derrière cette douceur, quelque chose de présent. Des yeux aux lueurs de l'automne. Qui regardent. Fixent les blessures couvertes. Jugent le visage. Le regard. Un calcul peut-être ? Mais au moins est-il totalement à l'écoute de celui qu'il est venu voir.

Il écoute. Sans le couper. Alors qu'il ressent cette froideur se mélanger avec cette idée qu'enfin des réponses pourraient apparaître. Sans le moindre doute, Seiichi aurait voulu lui offrir autre chose que ce qui vient dans son esprit aux questions que se posent le Vice-Capitaine du Désespoir. Enfin, quand le silence règne de nouveau, le Capitaine quitte son observation. Ses mains glissant dans son dos, l'individu semble regarder quelques secondes à l'extérieur. Avant de laisser entendre de premiers mots.

« Je l'ignore. »

Une réponse. C'est bien cela qu'il recherchait. Sans doute pas la bonne, oui. Mais, aussi bon inventeur qu'il pouvait l'être, Seiichi n'irait pas imaginer une autre réponse que celle-ci à lui donner. Directe, l'Araignée retrouve le regard du jeune homme sous le sien. « La Troisième Division et moi-même avons poussés les recherches au-delà de nos zones de recherches habituelles, mais c'était là il y a plusieurs mois de cela. » Nagatsuki Aizome est doué pour beaucoup de choses. S'il ne souhaitait pas que la faune locale du Hueco Mundo ne le retrouve, alors il est normal que même des Shinigami ne pouvaient le retrouver. Un sourire invisible s'étire dans son esprit. Oui. Si Nagatsuki Aizome voulait disparaître, il était bien celui sur lequel pouvait parier Seiichi pour réussir. Mais est-ce surprenant ? Il a été formé pour cela, après tout. Maintenant les raisons de cette disparition. Une nouvelle énigme que voici. Que l'Araignée préfère garder pour elle. Pourquoi, oui ? Et si le pire était à prévoir ? Alors son corps ne serait sans doute, à l'heure actuelle, plus qu'un lointain souvenir.

« Je ne pourrai pas vous en dire plus, malheureusement. » Une vérité qu'il n'a pas de mal à avouer. « J'ai moi-même eu à subir les colères du Monde Creux. À mon retour, votre Capitaine n'était toujours pas revenu. » Toujours cette même clarté dans les propos, dans les faits. Des vérités difficiles à entendre, sans doute. Où sans doute se fait-il lui-même à cette idée. À l'heure actuelle, Hinotori Mamoru est bien plus qu'un Vice-Capitaine. Il doit gérer administrativement sa propre Division, sans avoir toutes les responsabilités et les droits que procure une telle charge. Le temps est-il à s’apitoyer ? Sûrement que non.
Mais le temps d'oublier n'est toujours pas arrivé. Après tout, un Capitaine a disparu, alors qu'il ne devrait pas l'être. Dans une mission qui concernait directement le Capitaine de la Douzième.

« Je suis venu jusqu'à vous pour cette raison. Après votre propre question, il me semble inutile de demander si vos propres équipes ont fait une découverte pertinente à ce sujet. Mais j'aimerai connaître l'actuelle situation de vos recherches. »

Le jeune Vice-Capitaine avait les questions. Il lui manquait, comme à tous finalement, les réponses. Silencieux, le Capitaine de la Douzième Division vint se poser au sol, devant la tasse qui lui est offerte. Remerciant d'un mouvement de tête, c'est avec une certaine nonchalance qu'il vient prendre l'objet, buvant une gorgée. « Vous avez dit le plus important. Le Capitaine Nagatsuki est capable de se cacher des années. Le rechercher est ainsi la chose la plus difficile que nous ayons eu à faire. » Même avec ce système qu'il lui avait laissé avant qu'il ne décide de continuer la mission. Déposant la tasse, le Capitaine reprend de sa même voix tranquille. « Il n'y a pas de réponses à vos questions. Ou plutôt, il en existe une. Mais celle-ci ne nous est pas, pour le moment, accessible. Mais une énigme n'est jamais sans réponse. » Encore faut-il savoir où chercher. Et c'est bien là le problème. Le Monde Creux est aussi vaste qu'il est dangereux. En plus d'être bien plus labyrinthique que sa surface ne laisse le croire. Pour beaucoup, le monde des Hollow se résume à ce vaste désert immaculé, dominé par une nuit éternelle.

C'est là le premier piège du domaine des Hollow et des Arrancar. Car bien vite viennent les profondeurs. Qui enlacent. Avalent. Et jamais ne relâchent. Du moins, dans une grande partie des cas. Aizome est capable de survivre à cela, oui. Mais les raisons qui le poussent à faire cela. Nul doute qu'il en possède une.

« Moi ? » Doucement, ses mains viennent se glisser dans ses manches, avant que sa voix ne reprenne, sur le même ton. « J'ai dirigé plusieurs semaines de recherches dans le Hueco Mundo. Mais j'ai fini par tomber dans une embuscade. » Aucune honte à ses propos, pour tout ce qui a déjà été expliqué, et pour plus encore, il n'est pas rare que de tels incidents arrivent. L'adversaire était préparé, il avait su utiliser une opportunité et une connaissance de l'information et du territoire. « J'ai été capturé et séquestré. » Un fait. Simplement. Il pourrait même être dérangeant de voir à quel point il semble détaché de ce fait. « J'ai fini par être libéré de plusieurs mois d'enfermement. Une expédition avait été envoyée à ma recherche, comme nous le faisions pour Nagatsuki Aizome. Je suis techniquement encore sous convalescence, bien que je compte reprendre mes affaires sous peu. » Il serait regrettable de laisser un Capitaine inactif trop longtemps.
De nouveau, un léger silence, alors qu'il s'est lui-même expliqué sur la raison de son absence. Une explication brève, mais somme toute parfaitement claire. Il pourrait préciser que l'enfermement était de nature scientifique – qu'il avait reconnu, dans le comportement de son geôlier, des manières de chercheur. Mais cela n'avait guère d'intérêt.

Une nouvelle gorgée de thé, alors que le Vice-Capitaine Mamoru ne reprenne la parole. Oh. Oui. Bien entendu, le Centre de Recherche. Le petit bijou imaginé par Aizome. Il ne devait pas être oublié, lui aussi. Même sans leur directeur, les organismes de ce genre tournent toujours. Ils s'adaptent à cette absence. En tant que directeur de l'IRDS, lui-même comprenait très bien cet aspect des choses.

« Je tiens toujours à collaborer avec le CHREH. Il n'y a aucun changement là-dessus de mon côté. Donc si mon aide peut vous être utile. »

Opportunité.
N'ayez pas peur de le dire très cher, nous sommes entre gens civilisés.

Une gorgée de thé. Yūko Seiichi écoute avec intérêt son interlocuteur. Ses questions sont pertinentes, surtout dans la Division qu'il occupe. Une opportunité. Voilà ce que c'est. Une opportunité d'apprendre sur certaines pratiques des Hollow dans le cadre de séquestration. Oh, sans doute a-t-il d 'autres questions en tête. La principale étant : pourquoi une séquestration et non pas un meurtre ? La réponse qui conviendrait serait que la nature du Hollow n'était pas celle d'un meurtrier. Mais cette réponse serait inexacte, ou au mieux incomplète.
Sourire. Alors que la tasse est déposée avec délicatesse. De nouveau, les mains qui viennent se cacher dans les manches de son haori. Un silence de réflexion, comme pour laisser le temps à l'esprit de se souvenir. Ah. Laisser le temps de se souvenir. Absurde. Totalement absurbe. Il se souvient de chaque détail comme si cela ne faisait qu'une semaine.

« Si vous cherchez un nom, je n'en ai aucun à vous donner. Je peux déterminer toutefois que cet être n'était pas un Hollow ordinaire. Un Menos, de cela j'en suis certain. Loin d'un Gillian. Adjuchas ou Vasto Lord, je ne pourrai en être certain, mais il était capable d'une réflexion soutenue. » Là encore, des faits. La Douzième Division ne fait guère preuve de bons sentiments lorsqu'il s'agit de raconter quelque chose d'important. « J'ai tenté de communiquer avec lui, bien entendu. Mais il ne répondait qu'avec des sifflements. Il en avait de toute sorte. » Sa main gauche qui vient caresser son menton, une réflexion. « Son mode de communication certainement, étrangement peu développé mais composé de nuances particulières. À force de le côtoyé, j'ai pu déterminer certains états émotionnels selon la variation et l'intensité des sifflements. Je ne peux dire comment il échange avec les autres Hollow – son mode de vie était assez solitaire. »

Le regard se pose de nouveau sur Mamoru. « Du moins, lorsqu'il ne faisait pas participer certains de ses congénères à certaines expériences, ainsi qu'à un phénomène d'absorption. J'ai eu l'opportunité dans l'ombre de son antre de voir ce phénomène. Je ne pourrai dire s'il s'agissait là d'un comportement basé sur une envie biologique d'évolution ou si cela faisait partie de ses propres expériences. Il a parfois absorbé des Hollow sur lesquels il avait travaillé avant. » Fascinant hollow. Une foule d'énigmes. « Concernant ma propre séquestration … » Un nouveau silence. Une nouvelle gorgée de thé. « Bien que j'ai été victime de malnutrition, il m'a gardé en vie. J'ai été greffé à un système organique dont je ne connais ni les dimensions, ni l'objectif premier. » Faits. Faits. Toujours des faits. Aucune hésitation. Aucun sourire. D'ailleurs, pourquoi devrait-il y en avoir ? Voyons. Qui apprécierait d'être ainsi utilisé ?

« Des injections régulières. Nutriments, substances. Il recherchait quelque chose. Quoi précisément … ? Résistance du corps à des toxines établies ? Observation de la dégénérescence d'un organisme au fil du temps ? Peut-être testait-il l'organisme auquel il m'a greffé. Son mode de penser n'était pas celui d'une bête tueuse. Mais bien basé sur une réflexion et un intérêt à la survie d'un cobaye. » Fascinant. Bien entendu, les Hollow ne sont pas tous des bêtes sans cervelles, l'évolution est une porte vers une foule de comportement. Mais s'il s'avère capable de produire ou de donner naissance à des systèmes organiques, ainsi qu'à voir les opportunités d'utilisation de tels dispositifs, cela lui offrait une place de choix.

À nouveau, la main qui vient caresser le menton. Une réflexion silencieuse. « Je pense avoir tout dit. Malheureusement je n'ai que peu d'informations sur ce que mon corps a subi. » Pour le moment. Oui, il compte bien altérer cette réalité. Son sang et les prélèvements réalisés sur ses blessures forment déjà un bon vivier sur lequel faire quelques recherches.

« Le plaisir de collaborer de nouveau est partagé. »

Zones d'ombres. Encore heureux. Il est dans la nature des énigmes de ne pas avoir de réponses simples. Alors, oui. Des zones d'ombres existent. Mais pas dans le sens recherché par le Vice-Capitaine de la Troisième. Les visions de l'un comme de l'autre sont similaires et à la fois différentes. Complémentaires serait-il juste de dire. En effet, dans son rapport des événements, le Capitaine de la Douzième avait évité de parler d'une partie importante. Comment en est-il sorti ? Erreur, qu'il tâche de corriger rapidement.

« Votre Division. » Une gorgée de thé, alors que les mots résonnent avec la même douceur. Déposant la tasse, le Capitaine expire doucement. « Je faisais un rapport des événements passés lors de ma séquestration. Mais vos doutes et votre interrogation sont nécessaires et appréciés. Ainsi, voici la réponse. Votre Division a été ma clé de sortie. Tout le mérite vous revient. Je n'étais pas en capacité de me libérer seul de ma prison. Jamais je ne l'aurai été. Selon ma propre estimation, l'organisme auquel j'étais greffé me maintenait dans un état précis. » Ses yeux se ferment un instant.

« Le rapport de l'intervention vous en dira plus que moi. Je sais qu'il y a eu une attaque, mais je ne pourrai pas dire à quel point elle a été intense. Je n'ai pas pris connaissance moi-même du rapport. » Mais cela pourrait bien changer, la question demeure. « Je ne sais pas si mon geôlier a été tué lors du combat. Je sais qu'à mon réveil à la surface du Hueco Mundo, certains des nôtres étaient blessés, mais je n'étais pas dans un état suffisamment clair pour connaître l'intensité de l'affrontement. »

Laissant la vapeur du thé venir danser entre eux deux, le Capitaine de la Douzième ouvre alors les yeux. « Mon sang et mes tissus ont été prélevés pour des analyses poussées. Les résultats seront d'une aide précieuse pour découvrir les objectifs de cet Hollow. Lorsque j'aurai possession de tous mes moyens, je compte passer une batterie d'examens supplémentaires. Je ne compte pas laisser cette affaire de côté. Cela vous rassure-t-il ? » Le rassurer n'est bien entendu pas la priorité de Yūko Seiichi.

« Quant à moi, j'aimerai que l'on réponde à une question. C'est là l'objectif de ma venue, entre autre chose. Un rapport à sans doute été réalisé. Et dedans l'état de mon geôlier après l'attaque y a été notifié. Dans l'objectif de mes recherches sur sa propre existence, j'aurai besoin de connaître l'état dans lequel il a été laissé suite à la mission d'exfiltration. »

Oh. Aucune trace ? Voilà une zone d'ombre à laquelle ne s'était pas préparé le Capitaine. Observant le Vice-Capitaine, Yūko Seiichi reste silencieux. Il écoute. Garde en mémoire ce qui est prononcé. Il n'était pas là … ? Si cela n'est pas impossible, cela reste tout de même … surprenant. Et dommage. Les données d'un combat auraient déjà été suffisantes à une quelconque observation du sujet. Mais cette absence laisse ensuite l'espoir d'une nouvelle rencontre. Deux esprits qui pourraient échanger peut-être autrement. Une opportunité. D'en apprendre plus. D'observer. De découvrir. Mais aussi, peut-être, de lui offrir le même présent qu'il lui avait tant offert durant ces derniers mois.

Toujours cette douceur, qui cache les expressions et les pensées. Une main qui vient chercher la tasse de thé. Les yeux qui observent le liquide à l'intérieur. « Je vois. Il semble que nous aurons encore l'occasion de parler de ces événements en tout cas. Si mes propres recherches aboutissent sur des données importantes, je m'occuperai de transmettre ces dernières. » Ah, Aizome, où es-tu donc passé ? Tu aurais été intéressé par ce sujet, j'en suis certain. Mais qu'importe. Devoir accomplir les choses sans le Capitaine de la Troisième Division est maintenant un fait pour tout les acteurs du CRHEH.

Mais surtout pour le Vice-Capitaine. Qui occupait maintenant une fonction bâtarde. Celle de diriger, sans avoir accès aux arcanes complètes de celui-ci.
Oh qu'il ne s'inquiète pas, même un Capitaine n'a pas accès à toutes les informations. La Chambre et le Conseil Militaire sont autant des zones d'ombres que peuvent l'être certains Hollow. Ces énigmes possèdent leur propre charme, bien entendu.

Déposant la tasse, maintenant vide, de thé, le Capitaine écoute la suite. Une légère surprise – anodine et sans doute fausse – apparaît sur son visage. Portant sa main à son menton, Seiichi reprend doucement la parole. « Eh bien. C'est la rumeur, en effet. » Un sourire. Une rumeur, oui. N'est-ce pas le rôle de la Douzième Division de réaliser les vœux de l'Armée du Seireitei ? Certains pourraient rappeler que sans le génie des deux premiers directeurs de l'IRDS, la Division est loin d'être à son plein régime. Mais au moins les choses continuent de fonctionner. Sinon, eh bien … seul le Roi sait ce qu'il adviendrait de la Division et de son Capitaine. Sourire, donc. Avant de poursuivre.

« Il est normalement à notre Division de jouer ce rôle. Mais si un esprit souhaite s'offrir les moyens de comprendre et d'inventer par lui-même, qui suis-je pour l'en empêcher ? » Et il est toujours intéressant de converser avec un esprit qui a à cœur d'utiliser tous les moyens qui lui sont offerts pour servir une cause. « Quels sont vos projets – ou au moins quelles sont vos demandes ? Il va me falloir un peu plus que des mystères pour pouvoir vous aiguiller. » Le mystère à son charme. En faire trop ? Eh bien … L'excès est lui aussi amusant. Mais il peut être contraignant.

Faut-il donc savoir le doser.

Pouvoir échanger sur des projets d'inventions avait quelque chose d'appréciable. Cela donnait à l'impression au Capitaine de ne pas être définitivement mis de côté en attendant sa sortie de l'hôpital. Ainsi, il ne refusait pas la présence d'un de ses subordonnés dans sa chambre d'hôpital, à échanger sur les différents projets en cours. Et ne refusait pas de pouvoir parler avec le Vice-Capitaine de la Troisième Division et son intérêt pour la chose scientifique. L'écoutant donc, l'imagination du troisième Directeur de l’Institut de Recherches et Développement Shinigami imagine assez facilement le dit dispositif.
Quelque chose d'assez résistant, capable de ne pas se détacher au premier mouvement, et qui pourrait absorber les chocs avec une certaine aisance. Un système de défense, qui comportait tout de même quelques difficultés pour celui qui voudrait l'inventer sans avoir accès à toutes les technologies du Seireitei.

« La première chose à laquelle vous devez penser est la mise en action de votre dispositif. Les combattants dont vous parlez sont des personnes entraînés et qui font preuve de réflexes intéressants. Il ne sera donc pas chose aisé d'appliquer le dispositif. Quelques options s'offrent à vous. Par exemple, vous pouvez appliquer le système déjà sur vous, pour qu'il réagisse à une pulsation de Reishi lors de l'impact et se colle à votre adversaire. Ou pousser le combattant à attaquer une zone en particulier et agir en réflexe à cette attaque. Par exemple en ouvrant votre défense. » La mise au point est importante. Concevoir signifie aussi imaginer la mise en application.

Viens l'aspect technique le plus précis. Et pour cela, Seiichi laisse quelques secondes de silence s'installer. Son regard, perdu en direction de la tassé de thé vide, ne laisse aucun doute sur sa capacité à actuellement réfléchir à la démarche technique face à laquelle devra se trouver Mamoru.

Puis, après ce silence. « Il faudra produire une pâte concentrée en Reishi, pour que celle-ci ne devra pas se sécher, ni perdre sa viscosité, sinon vous perdrez l'effet recherché. Certaines poudres existent et peuvent faire de bons liants avec le bon dosage. Vous avez aussi la possibilité de solutions qui se transforment au contact de l'air. Un peu de chimie ne vous fait sans doute pas peur, j'imagine. » Un simple regard dans sa direction, qui s'estompe tout aussi rapidement. « Car ce que vous demandez n'est pas une invention mécanique, mais bien une matière. La première option vous permet de préparer à l'avance la matière en question. La seconde vous permet de réagir sur le vif. Je pourrai vous fournir des échantillons pour que vous testiez quelle option vous semble la plus intéressante. » Silence, à nouveau. Il ne le regarde toujours pas, semblant plutôt perdu dans sa propre réflexion. Son regard, tout de même, se lève, pour observer un peu l'extérieur.

« Les deux options vous demanderont des tests en laboratoire, ainsi que sur le terrain pour évaluer la densité correcte de la gangue à appliquer, ainsi que sa résistance. Une gangue pourrait très bien fonctionner sur un adversaire, mais pas sur un autre. » Dans des laboratoires plus poussés – et avec des produits bien spécifiques – il est possible d'arranger ce problème grâce aux données en temps réel. Des bactéries peuvent exister dans la gangue et s'adapter grâce à des micro dispositifs développés et fonctionnant en symbiose avec la gangue. Mais les moyens du Vice-Capitaine ne sont pas énormes, il doit donc faire des concessions et développer selon ses besoins. « Vous avez la possibilité de travailler avec un expert en Hakuda, cela vous permettra de produire une gangue qui aura une haute résistance. » C'est une idée.

Enfin, le regard se pose de nouveau sur lui. L'observant quelques secondes. « Voilà ce que je peux vous proposer pour ce projet. N'oubliez jamais que votre invention doit servir un objectif précis, selon une mise en application. Ce sont les bases même de la stratégie. Pourquoi dois-je utiliser un dispositif ? Quelles sont mes chances d'utilisation du dispositif en question ? Comment l'utiliser efficacement pour produire le résultat souhaité ? » À nouveau, le silence. Les mains – qui bougeaient au rythme des explications – retournent dans les manches et se font plus discrètes.

« En bref … connaissez votre dispositif. Ses forces. Mais aussi ses faiblesses. » Car il en aura.

Un instant de réflexion. La main portée à son menton, l'Araignée garde un certain silence à la première question de son interlocuteur. Puis, après ce court instant, une réponse. « Je ne peux vous promettre une aide directement à mon retour. Je n'ai pas encore assez de visibilité sur les travaux en cours dans ma Division. » Loin d'être un refus, cela ressemblait à une invitation à attendre. Celle-ci pourrait d'ailleurs être productive, rien n'empêchait le jeune homme de travailler sur les concepts de son invention avant la mise en place de la production. Cela revenait à ce qu'il lui avait déjà expliqué : préparer et réfléchir au dispositif, pour mieux connaître son application. Mais nulle doute que l'homme connaissait déjà cette règle. Non pas pour avoir été répétée il y a de cela quelques minutes, mais bien parce que le nom de famille du Vice-Capitaine restait Hinotori.

Pas besoin d'être un membre de la noblesse pour connaître les forges de la famille Hinotori.
Inventer, forger. Ces arts sont similaires. Il a donc sa part du travail à accomplir.

Au moins avait-il de l'inspiration et des idées de mise en application. L'Araignée écoute. En silence. Ses mains de nouveau dans ses manches – plus pour longtemps, il le savait. Un intérêt dissimulé parvint jusqu'au Capitaine de la Douzième Division lorsque le Vice-Capitaine vint à parler d'un Hollow ayant la capacité de couper le lien entre un Shinigami et son Zanpakutō. Voilà qui était fascinant. La relation symbiotique qui existe entre les Dieux de la Mort et leurs armes n'est pas une chose qui peut se briser facilement. Réussir à le faire, même si cela s'avère sur un temps très court, est une prouesse qui aurait valu une certaine analyse.

« Intéressant. Une telle capacité est rare et demande des ressources indéniable. Compréhension. Manipulation des énergies. Un instinct poussé aussi. Vous avez fait face à un sujet fort fascinant. J'imagine que l'Institut ne pourra apprendre de sa dépouille ? » Il n'a pas besoin d'entendre vraiment la réponse. Il se doute déjà de celle-ci. Il n'est pas dans la nature d'un Shinigami de conserver les corps. Ils sont des fossoyeurs avant tout. Tous n'ont pas les réflexes de garder en mémoire que l'ennemi s'adapte et qu'il est nécessaire de s'adapter avant lui. « Il me semble essentiel, pour le Centre de Recherche en Histoire Évolutive des Hollow, de faire un rapport détaillé sur cette créature et ses capacités. Je compte sur vous. » Ce n'était pas un ordre. Mais bien une suggestion importante.

Le Centre de Recherche fonctionnait ainsi. Si le corps n'est pas disponible à analyse, il reste la mémoire et l'expertise. L'administration oblige les Divisions à rédiger des rapports sur toutes les situations qui peuvent avoir lieu. Alors pourquoi ne pas profiter de cela pour faire vivre le CRHEH ? Alors, oui. Il comptait sur lui. Car il était lui aussi un chercheur en chef de cet organisme.

« Concernant le reste … Altérer l'environnement n'est pas chose aisée. La seule technologie que je connaisse qui est capable de créer une modification à ce niveau là est celle qui fait fonctionner les salles d'entraînements. » Et la vérité est que Kurotsuchi Mayuri n'a guère laissé d’annotations sur le concept même de ces salles prodigieuses. Un euphémisme pour dire que ses secrets sont partis avec lui dans la tombe – ou qu'importe l'endroit où il se trouve. « Altérer les compétences martiales de l'adversaire est quelque chose, par contre, de faisable. Nerfs, énergies. Il faut savoir ce que vous ciblez et avec quel médium vous allez l'atteindre. Un piège spirituel qui permet de produire des ondes qui perturbent par exemple le Reiryoku ou les capacités physiques de votre cible. » Ce n'était qu'un exemple parmi d'autres. Lui-même profitait de ce genre de choses. Mais combattre – bien qu'il soit lui aussi un militaire – est moins impératif pour lui que pour le Vice-Capitaine de la Division de Traque aux Hollow.

« Avez-vous d'autres questions ? »

« S'en remettre au temps. Voilà une chose compliquée. » Les mots sont prononcés avec une certaine douceur. Compliquée, oui. Cette chose l'est. Mais elle est parfois essentielle. Même si. Ah. Un ami disparu, cela n'inspire pas à l'attente. Mais les recherches ont déjà été effectuées. Les risques ont été pris – ils ont même été vécus. Maintenant, il fallait faire cela. S'en remettre au temps. Pas uniquement à lui. Il fallait s'en remettre à Eux, aussi. Les puissants. Les rois en ces terres. Mais parler des autorités en place ne ferait que lancer un débat stérile. Ils prendraient la décision si une nouvelle recherche doit être effectuée.

Écoutant tranquillement les propos, un léger rire vint résonner hors des lèvres de Seiichi. Observant le Vice-Capitaine. Oui. L'administration ne semblait pas être une grande amie de cette personne. Mais … « Là sont vos responsabilités maintenant. Enfin, elles l'étaient déjà lorsque votre Capitaine était présent. Mais ne vous inquiétez pas, là est le lot de tous les officiers supérieurs de cette armée. C'est une tâche parfois amer, mais nécessaire. Pour le bon fonctionnement de tout. » Silence. Alors qu'il observe l'extérieur un instant. Lui ? Quels sont ses projets ? Nombreux. Ils sont nombreux.

Puis. Doucement, reprendre la parole. « Je dois justement observer et détailler tout ce qui a pu être réalisé durant mon absence. Comme je vous l'ai dit, je n'ai que peu de visibilité sur ma Division à l'heure actuelle. » Quelques rapports ici et là, mais surtout sur le temps présent. Non sur la période qui s'est écoulée. Portant ses doigts bandés sur le bord de la tasse, il en fait le tour avec délicatesse. Poursuivant. « Mon Vice-Capitaine, Komamura Shingetsu, s'est occupé comme vous des affaires de la Division durant mon absence. Mais cela ne veut pas dire que je ne dois pas observer ce qui a été fait. Non pas par manque de confiance. Mais bien pour suivre les projets. » Sensibles, certains. Il fallait espérer que ce cher Shinjiro n'était pas venu, une nouvelle fois, jouer les faux rats de laboratoire pour en apprendre plus. Glissant de nouveau ses mains dans ses manches, il hausse alors légèrement les épaules.

« J'ai beaucoup de retard à rattraper. Que ce soit sur les projets de ma Division, mais aussi sur le suivi des demandes des autres Divisions. » Et cela, en un certain sens, ne lui plaisait guère. Pas car cela l'obligeait à lire les dossiers. Mais parce que le temps perdu ne se rattrape pas. Mais au moins avait-il des projets en tête. Dont sa propre étude. Voilà qui sera particulièrement intéressant. Nouveau regard, vers l'extérieur. « Mais je vois que le temps passe. Je vais faire attendre mes médecins. » Eh oui. Toujours en convalescence. Cela demandait quelques impératifs.

« Merci pour votre temps, mais je vais devoir vous quitter. » Il s'incline. Avant de se redresser. Remontant le col de son haori. « Bonne chance avec vos obligations, Fukutaichō. Je vous tiendrai au courant de mes disponibilités concernant les travaux que vous projetez d'accomplir. » Une nouvelle salutation. Avant de passer la porte. Bien vite, la représentante de la Quatrième Division vint le rejoindre, demandant comment il allait. Un hochement de tête, pour signaler son état, avant de prendre la route vers l'hôpital.

Fin du RP pour moi ici.
Merci pour ce RP !