Le nouveau Kenpachi ? [Pv : Matsukaze]

— Allons bon, il fallait bien que j’y passe un jour… C’était même plutôt attendu vu ma position dans la hiérarchie de la division, mais j’avoue que j’aurais espéré avoir un peu plus de temps que cela, quand même. Je savais bien que de gagner des sièges allait me causer plus de tort que de bien, le dix-neuvième était parfait pour ça, ne pas trop en faire sans devoir se taper toutes les corvées des petits soldats de moindre importance. Passer dans le top dix des sièges c’est une étape, ça apporte de la visibilité sur vous, commence à vous faire un nom auprès de vos collègues. Et comme le sort semblait vouloir s’acharner, en plus de me confier de nouvelles responsabilités, ils venaient d’élire un nouveau Capitaine pour reprendre le commandement de la Onzième.
Une nouvelle accueillie de façon mitigée par nombre d’entre nous, la façon dont cela avait été fait ne collait pas vraiment aux valeurs de la Jūichibantai, plus ancré dans une tradition d’une passation de pouvoir à la dure, plus sanglante. Ces conditions n’auraient jamais pu être respectées puisqu’il n’y avait plus de Capitaine ici depuis des années maintenant. Personne à qui arracher dans un duel à mort le titre de Kenpachi, pouvait-on réellement en vouloir au conseil militaire de chercher à réparer ce problème ?

Ce n’était pas mon cas en tout cas, même si la nouvelle ne m’emballait pas franchement, il s’agissait de raisons plus personnelles et égoïstes. Bien que nous avions récupéré un Vice-Capitaine récemment, avec un Capitaine en supplément, la dynamique de la division ne serait définitivement plus la même. J’imagine déjà que mon temps de flemmardise va être diminué, si ce n’est carrément divisé de moitié. J’espère que le nouveau Taichō ne comptera pas trop sur moi pour s’approprier la division, parce que j’ai aucune envie de dépenser mon énergie de cette façon.
C’est dans cette optique de savoir ce qui m’attend que je me rends dans le bureau du Capitaine, après avoir reçu le courrier des mains d’un de mes camarades. Même si le sort qui m’est réservé est au centre de mes préoccupations, je dois admettre une certaine excitation à l’idée de rencontrer cette nouvelle figure d’autorité. La curiosité est un défaut qui anime mon esprit, souvent en éveil, toujours avide de découvrir les petites facettes qui composent la personnalité d’une personne, d’aller chercher ce petit quelque chose qui le rend unique. Ogasawara Matsukaze, rien que de par son nom, j’ai envie de savoir quel genre de personne il est.

Et puis qui sait, si l’entretien est intéressant, cela pourra constituer une base pour un article dans le Seireitei News Magazine. Je suis certain que les autres divisions veulent en apprendre plus sur celui à qui l’on a confié la lourde tâche de passer après l’illustre Zaraki Kenpachi. Est-ce grâce à son nom de famille et d’éventuels liens familiaux dont il a profité qu’il est parvenu à récupérer ce haori, ou le mérite-t-il vraiment ? Doit-on soupçonner un jeu politique entre les clans et le Gotei 13 ou seulement un nouveau talent émergent ? Je suis persuadé que cet article ferait un malheur. Cela mérite d’être creusé et bien fourni en renseignements, mais cet entretien en sera un bon point de départ.
Arrivé devant la porte donnant sur le bureau du Capitaine, je m’annonce auprès du Shinigami responsable qui disparaît un moment à l’intérieur avant de réapparaître, me donnant la permission d’entrer. Respectueux des lieux et soucieux de faire bonne impression, passer pour le bon petit soldat n’est jamais aussi important qu’auprès de ses supérieurs directs, je m’incline respectueusement devant l’homme à la chevelure aussi flamboyante que son regard.

Si à côté d’un Shinjiro, il n’a rien d’impressionnant physiquement, je dois admettre que ses iris dorés ont un quelque chose de captivant, presque inspirant. — Mes respects, Ogasawara-Taichō. Je suis le Dixième Siège, Utsunomiya Thoki. Et je ne pense pas avoir besoin d’en rajouter, je ne suis pas ici pour prendre d’initiative, après tout. Je me contente d’attendre sa réponse et surtout, ses directives.

Un soupir profond, long. La lassitude s'installait de plus en plus, rébarbativité d'une tâche qui lui paraissait sans fin. Au fond il le savait, ce n'était qu'une passade, un moment donné et obligatoire. De passage en somme. Il avait à prendre connaissance d'un tas d'informations immense tout en traitant les choses plus quotidiennes. En tout cas, dans sa volonté de vouloir faire les choses bien. Il devait connaître les évènements passés, au moins les plus récents, pour pouvoir comprendre sa Division et ainsi décider de comment adapter ses décisions pour que tout se passe au mieux... Sur le papier en tout cas.

Eh bien le papier, justement. C'était LUI le problème. Matsukaze n'en pouvait plus. Lire encore et encore, indéfiniment pour rattraper des mois d'absence... Un travail épuisant mentalement qui pouvait même mener à la folie. Il sortait s'aérer souvent, envoyant valser tout ce qui se trouvait dans son passage pour trouver un rocher sur lequel se poser, profiter du soleil tout en entendant les beuglement plus ou moins lointains de ses contemporains. Le calme restait rare dans les quartiers de la Onzième mais il s'en accommodait.

- Okomi ! Je veux voir le Dixième Siège Utsunomiya !

Un brin excédé il avait porté sa voix haut et fort pour que l'homme devant son bureau puisse l'entendre et ainsi faire passer le message pour que l'intéressé soit prévenu. Il en profita pour jeter le rapport sur le côté du bureau avec nonchalance. Il tapota ses doigts contre son bureau en levant les yeux aux ciels, comme pour rechercher une réponse à une question qu'il se posait lui même. Prendre une décision.

Il haussa les épaules, son visage affichant une petite moue qui affichait clairement un certain je m'en foutisme ; Il attrapa son Zanpakutō posé sur le mur derrière lui pour mieux le sortir de son fourreau tout en se levant. Quelques moulinets du poignet. Une prise ferme de la main dominante accompagnée, peu après de la seconde. Il fit glisser un pied pour mieux encrer sa position. De son regard de feu il parcourut la pièce, insistant sur chaque élément présent un à un avec attention. Au final il ne bougea pas, restant derrière son bureau. Ses pupilles tombèrent aussi lentement que son souffle s'échappait de son corps. La concentration. Sans rouvrir les yeux il leva ses bras lentement pour que son sabre se tienne au dessus de sa tête. Sa respiration s'arrêta. Une seconde. Deux seconde. Et à l'instant où il expira ses deux bras tombèrent brusquement dans un sifflement net. La lame s'arrêta pile avant de toucher l'arrête du meuble devant lui.

- Ogasawara-Tai...chō...

Nasega Okomi, un des homme qui avait pour charge de garder l'entrée de son bureau - en gros un travail de secrétaire plus que de gardien - venait de rentrer pour annoncer quelque chose lorsqu'il vit le meuble se scinder en deux nettement à l'endroit où le sabre l'avait frôlé. Les deux parties s'effondrèrent alors dans un léger brouhaha.

- Oui Okomi ?

- Euh... Le Dixième...

- Oh parfait ! Fais-le entrer ! ... Eh bien, vas-y !

L'homme face à lui semblait un peu déboussolé mais reprit ses esprits avant de s'incliner et de quitter la pièce. Matsukaze se sentit alors soulagé. Était-ce du à l'arrivée de son invité ou alors le fait que sa technique semblait toujours aussi affinée ? Impossible de le savoir mais au moins il avait désormais le sourire. L'Utsunomiya fit son entrée tout en se présentant avec un certain sens de l'étiquette. Les hommes de la Onzième étaient - contrairement à ce que les croyance populaires le laissaient penser - des Shinigami bien plus attachés aux règles que les autres. Leurs règles, certes. Mais des règles quand même.

- Tu tombes au bon moment ! Merci d'être venu.

Il regarda autour de lui, au sol comme pour chercher quelque chose. Il fronçait les sourcils jusqu'à ce qu'il pose son regard sur un des tas de papiers. Il les embrocha alors de la pointe de Fumihazusu avant de les relever, les montrant du doigt avec un air satisfait.

- Il se trouve que j'en ai un peu marre de lire ces derniers temps. Ça c'est ton rapport sur les derniers évènements. J'aimerai, plutôt que de me faire mal au crane à le parcourir, l'entendre de ta bouche.

Il était vrai que le Capitaine était excédé. Mais il savait aussi que le Shinigami face a lui avait été promu suite à cette mission. Quel meilleur moyen pour connaitre un de ses hommes que de le voir s'exprimer juste après un tel évènement ? Ses pupilles d'or et de feu revinrent alors sur le visage du Dixième Siège.

Allez, vas-y Thoki. Montre moi qui tu es.

Je n’avais pas fait attention en entrant, mais maintenant que je me suis présenté et que mes yeux ont balayé la pièce afin d’avoir un aperçu du bureau, je remarque ce bleu étrangement coupé en deux. Style de décoration unique en son genre ou résultat d’une frustration évacuée sur le mobilier ? J’avoue que la réponse m’intrigue, quel genre d’homme est le Capitaine Ogasawara ? Le genre à passer ses nerfs sur des meubles ? Le genre à vite monter en pression ? Cela pourrait parfaitement coller au profil de la Onzième Division, nerveux et amoureux des combats. — Vous n'avez pas encore terminé d'aménager ?. Je lâche ça sur un ton amusé, faisant réflexion à l'état du meuble découpé en deux morceaux. Une façon comme une autre de tester la personnalité du nouveau dirigeant de la Onzième, savoir comment il réagit, tenter de cerner le personnage. Que je tombe au bon moment il paraît, clair que je n’aurais pas souhaité arriver trop tôt, comme par exemple au moment où les nerfs étaient encore à vif.
De la pointe de son Zanpakutō, il déniche ce qui semble être un rapport de mission. A en croire les déclarations de son supérieur, il s’agit de la mission d’infiltration au Rukongai. Cette fameuse mission… Je laisse s’échapper un léger soupir, un brin ennuyé, c’est donc bien de cela qu’il s’agit. Je ne peux pas cacher que cela m’ennuie de me plier à cet exercice, mais soit, s’il juge nécessaire d’entendre ma version plutôt que celle du Fukutaishō. — Je vois. Que je lâche simplement, restant immobile à quelques pas de la porte, adoptant une posture militaire au repos. — Eh bien… pour commencer je dois dire que cette mission me laisse une étrange sensation, comme si elle n’était pas réellement achevée. Il faut dire que la fin laisse à désirer, bien que cela semble avoir été considéré comme une réussite de la part du Gunjiseiken.

— Sous les ordres du Vice-Capitaine Kiryū Shinjiro, nous sommes allés en renfort au niveau du soixante-douzième District Est du Rukongai. Là-bas, le dojo du Shinkage-ryū sollicitait l’aide de nos armées afin de les aider à reprendre le contrôle du dojo. Nous devions retrouver le Vice-Capitaine de la Cinquième, Kyoakusei Kenshirō, à la tête de l’opération visant à reprendre le dojo des mains des criminels. Une équipe réduite composée de quatre membres, sous infiltration, l’idée étant de frapper en plein cœur en prenant directement la tête de l’homme dirigeant cette organisation. Je prends le temps d’avaler ma salive, reprendre un peu mon souffle, laisser le soin au Capitaine d’assimiler les premières informations.
— Dans un certain sens, notre infiltration a été une réussite. Déguisés en vulgaires hommes de main, le Vice-Capitaine Kyoakusei a profité de sa couverture pour nous faire passer comme de potentielles recrues. En y repensant, ils n’y ont vu que du feu, si le vieillard étrange n’avait pas été là… — Un type dénommé… Nanashi… ? Satashi… ? Quelque chose dans le genre, nous a conduit directement vers celui qu’ils appellent "Le boss", dans leur organisation. Une mission toute tranquille qui jusqu’ici filait droit, malgré les quelques soucis imposés par la carrure démesurée du Colosse de la Onze. — A ce moment-là, j’avoue m’être fait la remarque que ça se révélait beaucoup plus simple que je l’avais imaginé. Qui a dit que la Onzième pouvait pas la jouer incognito, hein ? J’adresse un sourire amusé au Capitaine Ogasawara, pas peu fier de notre performance. La filouterie, c’est un truc qui m’amuse presque autant que de donner des beignes.

— Bon, le Vice-Capitaine Kiryū a fini par se faire griller dès l’instant où on s’est retrouvé face au boss. Un vieillard qui me semblait à peine pouvoir tenir debout, il a d’ailleurs même pas cherché à combattre, se rendant dès que ses hommes se sont fait neutraliser. Ce qui a été rapide, avec un bankai claqué dans la foulée… De mon avis, les moyens employés pour quelques vulgaires bandits étaient un poil disproportionnés. De mon point de vue de type flemmard, en tout cas. — On a vite fait le nettoyage donc, mais au moment de se rendre, le vioque s’est fait dégommer d’un sortilège qui l’a frappé pleine tête. C’est arrivé si vite, à travers une fenêtre, je suppose que le meurtrier attendait bien sagement depuis sa position. Probablement qu’il était prévu qu’il intervienne si ça devait mal tourner pour eux ? Mais si c’est vrai… Je laisse la fin de ma phrase en suspens, détournant les yeux de mon supérieur, réfléchissant un instant à ce que je m’apprête à avancer. Je finis par relever les yeux pour les braquer de nouveau sur le Capitaine. — Si c’est vrai, alors ça veut dire qu’on nous a vu venir à des kilomètres et que notre infiltration était déjà grillée avant même qu’on la lance. Probablement même que celle du Vice-Capitaine Kyoakusei l’était déjà aussi… Peut-être même que je me trompe sur toute la ligne, je dois dire que c’est juste une conclusion tirée de longues séances à ressasser le bordel dans ma tête, entre deux siestes dans les jardins. — M’enfin, ça doit être autre chose ! J’en sais rien moi au final, vous savez je suis que le Dixième Siège… J’ai pas tellement envie de me faire chier avec tout ça, en vérité. C’est juste que ça me travaille, tout ça, de pas savoir le fin mot de l’histoire.

Les premières phrases prononcées par son subordonné intriguèrent immédiatement le Capitaine, ouvrant un peu plus grand ses paupières pour le fixer avec plus d'ardeur. Il prit le temps de ranger Fumihazusu dans son fourreau tout en écoutant avec attention les paroles du dixième siège. Il hochait la tête légèrement parfois, captivé par le récit. Sans le lâcher des yeux il replaça son arme contre le mur derrière lui, profitant du petit pas en arrière pour se rapprocher de son fauteuil et ainsi poser son séant dessus, adoptant une position d'écoute un peu plus active. Les doigts croisés devant sa bouche, les coudes posés sur ses genoux, le buste légèrement penché vers l'avant.

Les troubles du Rukongai ne l'intéressaient guère pour des raisons assez évidentes : ce n'était pas le travail de sa Division déjà - bien que cette dernière puisse y intervenir pour soutenir la Cinquième Division, la preuve - mais aussi bien évidemment par son statut. En allant un peu plus loin, même sa précédente affectation reflétait bien cet état d'esprit à savoir la défense et protection du Seireitei. Uniquement le Seireitei. Aussi, laisser ce genre d'affaire en charge de ses sièges allait être un des mesures qu'il allait appliquer et cette entrevue avec Thoki allait en cette direction. Qui de mieux que des agents de terrain, ayant pour la plupart vécu dans ces bas-fonds, pouvaient défendre les intérêts des habitants et les protéger ? Qui saurait reconnaitre les talents à faire rentrer dans les armées de cour pour renforcer rangs de la Onzième Division.

Cette affaire, il ne s'y intéressait guère. Elle était étrange, oui, mais elle concernait surtout la Cinquième Division et son tout nouveau Capitaine devait certainement se charger d'enquêter sur cet assassinat troublant.

- Je vois, merci pour ton rapport plus que complet et ton avis sur ce qui a pu se passer. Je te nomme désormais Siège en charge des affaires du Rukongai, tu seras l'agent de liaison privilégié de la Cinquième Division. Le Capitaine Kyoakusei te connait déjà, ce poste t'ira donc comme un gant. Je te charge, par la même occasion, de surveiller ces Dojo et tenter d'y trouver des perles rares pour venir grossir nos sections. Metsudai et moi nous chargerons de les dresser convenablement.

Il était souriant, satisfait. Mais un autre point avait été révélé et il lui fallait en savoir un peu plus... Etait-ce lui ?

- Tu as dit qu'un Bankai avait été libéré durant l'intervention ? Etait-ce le tien ?

Le fraichement promu Capitaine de la Cinquième Division devait en posséder un, pour sûr. Shinjiro était connu pour avoir obtenu le sien très tôt, s'en était même les première lignes de son dossier... Alors, Thoki parlait-il de ces deux là ou de lui même ? Une information qu'il ne possédait pas. Pour le moment...

J’ai la désagréable impression que je viens de me faire avoir. Et je me demande si c’était pas le but en me faisant venir jusqu’ici pour prétendument écouter la version orale du rapport de mission. Cette l’impression, je l’ai depuis que mon tout récent Capitaine a cru bon de me refiler des responsabilités supplémentaires. Siège en charge des affaires du Rukongai, agent de liaison privilégié de la Cinquième Division, chargé de surveiller les Dojo en question et tenter d'y trouver des perles rares pour venir grossir nos sections. A chacune de ces énonciations, c’est comme s’il m’administre un coup de massue, ma flemme menaçant de ployer sous le poids des responsabilités. Je sais pas pourquoi il croit bon de me confier tout cela, mais je sais une chose, je n’ai aucune vie de m’y coller. Quelle poisse quand même…
Je laisse échapper un soupir ennuyé, grimaçant légèrement, ne sachant pas trop comment réagir aux mots de l’Ogasawara. Si je me doutais bien que d’être propulsé au Dixième Siège allait me demander d’être un poil plus impliqué dans les affaires courantes de la division, je ne m’attendais pas à devoir en faire autant. C’est trop pour moi, clairement. Moi qui ne cherche qu’à pioncer tranquillement dans un coin, participer à quelques entraînements et combats avec les copains et approfondir ma relation avec Hakaiteki, je vois déjà mes belles journées à lézarder au soleil dans un coin des jardins s’envoler… Et tandis que mon Capitaine me sourit, visiblement satisfait de cette nomination, je me demande sérieusement si je peux refuser.

— C’est… je… je m’éclaircis la gorge, comme pour chasser un petit quelque chose qui coince, sans trop savoir quoi exactement. — Votre confiance m’honore, Ogasawara-Taichō, c’est une lourde responsabilité que vous m’attribuez, je n’imaginais pas cela du haut de mon Dixième Siège… Je ne peux pas refuser, c’est l’affirmation qui me martèle le crâne tandis que mes yeux se perdent dans les siens. — Pour tout vous dire, je ne sais pas si je serai à la hauteur… mais je ferai de mon mieux. Faire de mon mieux, c'est-à-dire le strict minimum, comme je l’ai toujours fait. Quand je repense à mes années dans le Rukongai, à espérer devenir un Shinigami pour quitter mon quotidien misérable, à jurer de tout faire pour devenir quelqu’un, je me demande ce qui est arrivé à ce gars depuis. L’impression que les ambitions d’antan ont foutu le camp durant mon passage à l’académie.
Je ne sais plus vraiment pourquoi ni comment, mais quelque part entre ces années passées entre les murs de la Shinōreijutsuin, je me suis perdu. Et le gars qui en est sorti n’est plus qu’un shinigami comme un autre, avec un certain potentiel mais qui ne veut absolument pas le montrer, de peur de finir par se retrouver à une place trop élevée au sein du Gotei Treize. Un fainéant pas méchant, quoique sournois et vicieux sur les bords, avec un penchant pour les ragots et la recherche des petits secrets enfouis dans la boîte crânienne des gens. Mais clairement, se taper des siestes reste son activité favorite. Pas le genre à briller, à trop en faire, alors quand la question sur le Bankai tombe, je ne peux retenir un léger sourire amusé quand à l’idée qu’il puisse venir de moi.

— Moi ? Maîtriser le Bankai ? Oh non Capitaine, ça ne risque pas d’arriver. Je ne suis même pas capable d’atteindre le premier stade de libération… Affichant un air faussement gêné de dévoiler cette information, faisant évidemment référence au Shikai, je détourne quelques secondes le regard. Ce n’est que pur mensonge naturellement, puisqu’il y a déjà un moment de cela que je l’ai acquis, le Shikai. Mais je préfère que cela reste ainsi, ne mettre personne au courant et continuer de prétendre ne pas être en mesure de libérer mon Zanpakutō, me rendre plus faible que je le suis réellement. Moins j’en dévoile, mieux je me porte. Principe de base. — Il s’agissait du Bankai du Capitaine Kyoakusei. Et il était redoutable, que je m'abstiens de commenter.