Loin du troupeau [Pv : Riful]

Autrefois, lorsque je levais les yeux vers le ciel, je me demandais pourquoi est-ce que l’on s'infligeait ça ? Certes, la lune est belle et la contempler ne cessera jamais de me rassurer, de m’apaiser l’esprit. Mais pourquoi ? Pourquoi rester enfermé dans un monde si fade, si déprimant. Dénué de souvenirs, habité par la colère et l’incompréhension, j’aspirais à un autre genre de seconde vie, quitte à devoir la passer dans un corps que je détestais. Au moins avoir le plaisir de m’offrir les paysages que je souhaitais admirer, pas un éternel désert de sable blanc et quelques pics de quartz. Dans ce temps-là, j’aurais pu donner beaucoup pour quitter le Hueco Mundo à la recherche d’autre chose. Mais j’ai fini par comprendre…
Ce qui m’a si longtemps retenu ici et la même chose qui fait qu’aujourd’hui, je n’estime pas notre espèce méritante de vivre. Des êtres affamés, incapables de se contrôler et de se civiliser, de se mélanger aux autres races vivantes. Pourquoi vouloir qu’un peuple aussi primitif et barbare sorte de cette prison nocturne ? Autant garder ces bêtes sauvages ici, qu’elles s’entretuent entre elles si la chance le veut bien. Pour ma part, je n’espère plus de miracle de ce côté-là.Seuls ceux de mon clan méritent encore à mes yeux un minimum d’intérêt, la Grande Prêtresse ayant réussi ce que je n’aurais jamais cru possible un jour, nous rendre humains. Enfin, presque.

Nos attributs physiques nous différencient évidemment des mortels, mais le prix à payer est bien maigre pour ne plus être esclave de ses propres pulsions. Même s’il reste quelques parts en moi qui regrettent comment les choses ont tourné, je me sens en paix avec moi-même, plus que je ne l’ai jamais été depuis si longtemps. Et c’est l’esprit serein et le pas léger que je me plonge dans les forêts souterraines, ne venant pas ici pour une partie de chasse comme beaucoup de mes semblables aiment le faire. On dit ce territoire habité par ceux qui veulent se tenir éloignés des conflits, ceux qui cherchent à se préserver de la violence caractéristique de notre race. Yrronos, le Vasto Lorde n’ayant jamais arraché son masque et qui pourtant, est respecté de tous par sa puissance.
La Escoria m’apparaît comme le clan qui se rapproche le plus du mien, celui le plus à même de nous comprendre, de partager notre vision des choses. Inutile d’aller converser de paix et de civisme avec un soldat de Grimmjow, ce serait comme tenter de se faire entendre d’un sourd.

Est-ce une conversation que je cherche en venant ici ? Je ne sais pas trop, probablement, sans doute même. Si j'apprécie grandement la solitude, elle peut parfois devenir pesante lorsque l’on prend le risque de se renfermer dedans trop longtemps. Apparaissant d’abord comme une chaleureuse carapace de laquelle on ne voudrait jamais sortir, on finit par avoir l’impression d'étouffer à l’intérieur, de dépérir à petit feu.
Offrir à mes yeux une autre vision que celle du Ziggurat et des habitations aux alentours, changer d’air l’espace d’un instant, découvrir autre chose. Ne cherchant pas à couvrir mes traces ou ma signature énergétique, je me contente d’avancer, de marcher et profiter de la vue. Je n’ai jamais mis les pieds dans la Forêt des Menos, même du temps où je n’étais encore qu’un Hollow en proie à ses bas instincts, et je dois avouer que l’apparente tranquillité du coin n’est pas pour me déplaire.

Elle était une chasseresse. Un danger pour les créatures plus faibles qui osaient arpenter le territoire qui était le sien. Mais au sein de la Forêt des Menos, les choses étaient plus tranquilles. Elle laissait alors ses plus bas instincts au dehors pour profiter de la quiétude et de la sécurité relative des lieux. Pour ceux et celles de son engeance, cet endroit représentait une sorte de maison. Et c'était assez rare pour être entretenu.

Riful sentit la présence proche d'elle et leva le regard, intriguée. Certes, elle ne pouvait évidemment pas se souvenir de toutes les créatures qui étaient autorisées à venir ici mais cette odeur lui rappelait autre chose. Et c'est donc curieuse qu'elle rappelait à elle ses nombreux tentacules afin de partir en direction de la source.

Se propulsant du sol vers la cime des immenses "arbres", elle fit appel à ses membres pour se projeter vers l'avant. Il ne lui fallut que quelques instants pour atteindre son objectif. Ses premières constatations donnaient raison à sa curiosité. Il était différent des autres Arrancars. Portait sur lui une odeur proche de celle de Cimériès, l'Arrancar de la Lune. Un autre membre de son espèce ? Ce n'était pas impossible. Et si elle se trompait... Et bien elle le déchirerait.

- Tu es bien loin de ton troupeau, petite luciole.

Deux de ses tentacules s'approchaient de la créature, comme pour humer son odeur et l'enregistrer, sans pour autant le toucher. Instinct de protection évident au regard de la situation particulière.

- Que fais-tu ici et que veux-tu ? Sache que tu te tiens face à Riful, celle que l'on appelait la Destructrice fut un temps.

En sommes, selon ce que tu diras, la réaction de Riful variera grandement.

Comme je m’y attendais, je savoure le moment. Certes, je n’oublie pas que je ne suis pas sur le territoire de mon clan, que la forêt grouille de bestioles capablent de m’arracher les membres en un claquement de doigts, mais jusqu’à présent, je n’ai rencontré rien d’autre que le calme et la solitude. Et ça fait du bien, je dois le reconnaître, que de pouvoir changer de décor tout en préservant cet état de tranquillité et de paix que j’aime tant par chez moi. Contrairement à ce que cherchent à démontrer bon nombres de hollows ou arrancars sauvages, notre espèce n’est pas que destruction, bagarre et mort. Nous ne cherchons pas tous les ennuis, nous ne souhaitons pas tous faire couler bain de sang après bain de sang, nous pouvons contrôler notre faim.
Fallait-il craindre, dès lors, que je sens la présence de cet être qui se rapproche, dans l’intention probable de m’intercepter ? Non. Tout d’abord car je ne ressens pas d’intention hostile lorsqu’elle se dévoile à moi, et tout simplement car je ne suis pas sur mes terres, mais probablement sur un territoire qu’elle défend, surveille. Aussi, lorsque nos regards se croisent, je veille à bien faire part de mes intentions pacifiques, de cette envie de préserver le calme ambiant à la forêt, de ne pas créer de conflit. Petite luciole, qu’elle me nomme. Si j’en avais encore le cœur, j’aurais pu esquisser un sourire, mais ce genre de démonstration ne fait plus partie de mon répertoire. La joie n’est plus un sentiment que je connais, que je suis capable d’éprouver.

Toutefois, en mentionnant mon appartenance à un troupeau, je la soupçonne d’avoir déjà compris à quel clan j’appartiens. Si tel est le cas, alors ça joue probablement en ma faveur, il est de notoriété publique que nous autres, Arrancars de la Lune, sommes dépourvus d’intention hostile. — Veuillez me pardonner si je dérange en faisant ainsi irruption sur votre territoire, Riful la Destructrice. Le ton est respectueux, l’attitude tout autant. Je ne suis pas venu jusqu’ici chercher les problèmes et ce nom ne m’est pas inconnu, Riful n’est pas le genre de Vasto Lorde resté dans l’ombre du Yermo. Sa réputation présente comme passée la précède, et je dois dire que j'espérais ne pas avoir à croiser le chemin d’une entité aussi puissante ici. — Je me nomme Nataniel Fausto, Fracción au sein d’El Rebaño, comme vous l’avez si justement deviné. J’effectue un léger inclinement de tête, comme pour saluer mon interlocutrice dont les tentacules semblaient vouloir se rapprocher au plus près de ma silhouette animale.
Un procédé que je reconnais pour en user d’une façon similaire via les antennes qui pendent de chaque côté de mon faciès, juste devant mes oreilles. Des antennes qui s’activent lorsque les tentacules s’approchent, allant à leur encontre sans réellement chercher à entrer en contact. — Je dois avouer ne pas avoir d’intention particulière quant à la raison de ma présence en ces lieux… Je cherchais seulement à voir autre chose, tout en me préservant de la nature trop… belliqueuse de nos semblables. Une réponse tout ce qu’il y a de plus honnête, j’observe le titan sans laisser paraître mes émotions. Ce n’est pas que je ne le veux pas, c’est que je n’ai rien à exprimer. Je ne ressens rien.

L’appendice caudal dont je suis pourvu vient s’enrouler tout autour de mon corps, remontant jusqu’à mes épaules. — Je crois que je cherche seulement à tromper une journée ennuyeuse. Le ton ne paraît pas très convaincant car moi-même je ne suis pas certain de ce que j’avance, je ne sais pas réellement pourquoi je suis venu jusqu’ici. Je crois que je me questionne, que je cherche des réponses… je crois. Alors face à Riful, ma curiosité me pousse à essayer de chercher d’éventuelles réponses. — Est-ce que cela vous est-il déjà arrivé de marcher sans savoir pourquoi ? De vous tenir debout sans être persuadé de la raison primaire qui vous maintient bien droit ?

Elle eut un léger sourire alors que la réponse arrivait. Rien qu'à sa posture et au ton, elle sut qu'elle avait visé juste. Ce n'était pas un de ces Arrancars écervelés. Elle se détendit donc, même si elle ne se séparait pas encore totalement de sa réserve. Prudence était en ce monde une garantie de survie non négligeable, ce pourquoi elle portait quasiment ce nom elle même.

En un sens, elle comprenait le dénommé Nataniel. Son clan n'était pas ennemi du sien et s'il n'était pas venu ici avec des intentions malveillantes, alors elle n'avait aucune raison de le dépecer ici et maintenant. La Chasseresse savait se tenir après tout et l'envie de dévorer les autres lui était passé. Seule sa volonté de protéger son territoire restait toujours très présente mais son statut lui permettait bien souvent de gérer aussi ce genre de situation.

- Oh, je comprends parfaitement ce genre de sentiment. Je ne souhaite rien d'autre que préserver la tranquillité de ce territoire. Si tes intentions sont louables, alors tu vivras.

A ses yeux, il n'y avait pas de juste milieu. Le monde était en noir et blanc. Sans nuance. Un ennemi devait mourir. Les autres pouvaient simplement passer leur chemin.

D'ailleurs en écoutant sa dernière question, Riful ne put s'empêcher de repenser à un passé assez lointain. Ces décennies à parcourir le Yermo seule, à détruire sans réellement savoir pourquoi. A ne pas savoir quoi faire d'autre. Oui, elle connaissait le sentiment de Nataniel. Et cela lui était passé, fort heureusement.

- Il y a bien longtemps de cela, j'ai ressenti cet étrange sentiment que tu viens de mentionné. Je n'avais alors nul but. Nulle envie. Je laissais seulement mes instincts primaires prendre le relais, m'épargnant la difficulté de la réflexion. Vivre par habitude. Cela m'est resté bien des années, d'ailleurs.

Puis elle s'était alors aperçue que cette sensation n'était plus digne d'elle. Qu'elle possédait la force et la volonté nécessaire pour construire son futur.

- J'aime ta façon de penser, ma petite luciole. Et j'ai bien envie de t'aider à tromper ton ennui. Tu dis fuir la nature belliqueuse de nos semblables. Je suis intriguée. A qui fais tu référence ? A moins que ce ne soit notre espèce complète dont tu fais mention ?

L'un dans l'autre, il aurait raison. Les monstres s'entretuaient depuis que ce monde existait. Certains pour évoluer, devenir plus fort. D'autre, simplement pour survivre. Puis il restait les fous. Les Sanguinaires. Ceux qui prenaient plaisir à tuer. Un temps, elle avait été de ceux là.

La Destructrice n'avait clairement pas gagné ce titre en chantant des chansons après tout.

De se tenir face à une créature aussi puissante qu’ancienne imposait un profond sentiment de respect, obligeant à surveiller ses mots mais aussi son comportement, afin d’éviter de froisser ou offenser la Vasto Lorde. Pas uniquement par peur d’être broyé en deux à la moindre parole de travers, également car une telle entité représentait une part importante de l’histoire de notre espèce. Qu’on aime ou que l’on déteste les Hollows sous toutes leurs formes, se tenir face à Riful la Destructrice et pouvoir échanger avec elle était un privilège que tous n’avaient pas eu. Rien que le fait qu’elle ne semble pas souhaiter ma disparition représente beaucoup, à moi de ne pas gâcher cette chance. — Soyez sans crainte, je ne souhaite en aucun cas nuire à ce territoire, pas plus à ses occupants. J’incline légèrement la tête, en guise de respect.
Je me perds un instant en contemplation de la Vasto Lorde, étrange ressemblant avec un humain tout en conservant sa part de monstruosité, à y regarder de plus près elle pourrait déjà être considérée comme un Arrancar de la Lune. D’apparence, je ressemble tout autant à un humain qu’à un monstre, moi aussi. Plusieurs de mes attributs physiques, la couleur de ma peau, autant de choses qui rappellent mon ancienne forme, celle que je possédais avant d’être sauvé par la Grande Prêtresse.

— J’ai aussi connu cette sombre période dont vous parlez, à ma façon… Des années à errer dans le Yermo à la recherche de réponses qui ne sont jamais venues, à arpenter le désert de sable blanc à la recherche d’âmes à détruire afin de passer ma rage sur quelque chose, quoique ce soit de vivant. Laisser ses instincts primaires guider le reste du corps, comme l’avait si bien dit Riful. Ne penser à rien d’autre, ne vouloir rien d’autre que semer mort et destruction, trouver un exutoire dans la violence. Bien sombre période, laquelle est derrière-moi désormais, pour mon plus grand plaisir. — Comment en êtes-vous sorti ? Contrairement à moi et mes frères Arrancars de la Lune, vous n’avez trouvé personne pour vous ramener sur un chemin plus paisible, je me trompe ? Être Vasto Lorde ne souhaitant pas prêter allégeance ni sans aucun clan d’appartenance condamnait bien souvent à la solitude, aucun Rey devant lequel ployer le genou mais aucun soutien en contrepartie.
Le surnom qu’elle semblait m’avoir trouvé ne me dérangeait pas, cela ne correspondait pas exactement à ce que j’étais, mais je n’avais pas envie de la reprendre pour si peu de choses. Bien peu de choses qu’un surnom dans une vie aussi longue que la mienne, même si en terme de longévité, je n’arrivais pas à la tentacule de Riful. Quant à savoir à que je pense quand je parle de l’agressivité de mes semblables… — Malheureusement, c’est un constat global concernant les nôtres… Beaucoup sont ceux de notre race, qu’ils soient Hollows ou Arrancars, à ne pas être capables de contrôler leur agressivité, pas mal d’entre eux l’embrasse même, l’étale à foison. Bien peu irait les blâmer, violence et démonstration de force semblant être les maîtres mots d’une majorité d’entre nous.

— Si nous sommes capables, vous comme moi, de nous contrôler et d'empêcher cette faim de nous diriger, de nous réduire en esclave, pourquoi pas eux ? Je ne comprends pas pourquoi ils ne voient pas tout l'intérêt qu’ils y gagneraient à se montrer plus… mesurés et civilisés. Nous ne sommes pas que des monstres, n’est-ce pas… ?

Dire qu'elle avait finalement emprunté un chemin plus paisible n'était pour autant pas tout à fait exact. Mais elle comprenait clairement où il voulait en venir. Après tout, il avait raison sur le principe de mettre en avant la chance que lui avait eu. Les Arrancars de son espèce paraissaient autrement plus soudés que ceux qu'elle avait déjà croisé. Sans doute méritaient-ils qu'elle s'y intéresse à un moment donné.

- Je me suis laissée entraîner dans les ténèbres avant de pouvoir remonter. C'est ainsi que je m'en suis sortie. A une époque de mon existence, je n'étais finalement guère plus qu'un animal enragé, attaquant chaque créature se trouvant sur mon territoire. Apaisant une rage de sang et de carnage qui était plus grande de jour en jour. Jusqu'à ce que je comprenne que ce n'était pas une solution et que ce mode de vie me conduirait à l'annihilation.

Cela était presque arrivé d'ailleurs mais elle se gardait bien d'en parler. Après tout, un Arrancar avait failli mettre un terme définitif à son existence et cela avait remis les compteurs à zéro, en quelque sorte. Mais si Riful avait gagné le titre de "Destructrice", ce n'était évidemment pas sans raison. Et son caractère aujourd'hui plus apaisé n'était pas une chose sur laquelle il fallait se fier à 100%. Elle restait une Vasto Lorde, habituée au combat. De fait, il était logique de penser qu'elle possédait une force suffisance pour écarter tout danger d'elle.

- Or, je ne pouvais l'accepter. Je devais agir pour m'éviter de mourir. Car ma survie primait sur tout le reste. C'est ainsi que je me suis hissée au dessus de cet instinct. Sans doute que certaines de ces personnes arriveront comme moi, comme toi, à se canaliser un jour ou l'autre.

Cela répondait à ses questions, à ses doutes. Quant à la notion de monstre, sans doute qu'ils partageaient son point de vue. Aucun ne se considérait comme tel, sauf exception évidemment. Seulement certains avaient soif de combat, simplement parce qu'ils aimaient cela. Difficile à comprendre ? Peut-être pas tant que cela à dire vrai.

- Beaucoup aspire à la liberté, à la tranquillité. Mais dans un monde où la violence fait foi, il est difficile d'atteindre cet objectif sans se salir les mains, je pense. J'en suis la preuve vivante : plus d'une fois j'ai du tuer pour maintenir la tranquillité sur mon territoire.

Elle poussa un simple soupir. Elle le savait : cette époque était aujourd'hui révolue. Même elle avait été contrainte de rejoindre un groupe pour se sortir de cette spirale infernale. Pour éviter de se faire submerger par les forces de ces Arrancars qui s'étaient peu à peu regroupés.

- Je ne sais pas quel destin sera le tien. Mais sois prudent quoi qu'il en soit. Je crains que ta façon de pensée ne soit pas du goût des puissants de ce monde. Je vais partie d'ici maintenant. Mais j'espère pouvoir recroiser ta route un jour ou l'autre, petite Luciole.

Déjà ses tentacules se contractaient, comme si elle s'apprêtait à se donner une nouvelle impulsion pour quitter la zone. Seules les réponses de Nataniel retenaient pour le moment son geste. Elle était prête à partir, estimant que ce rendez-vous surprise touchait à sa fin.

Mais qui sait ?

Si tu relances pas, Riful quittera alors la zone.

Il est important pour comprendre un problème, de poser les questions, de chercher les réponses. Si je n’ai jamais réussi à comprendre le comportement purement animal et sauvage de mes confrères, je pense pouvoir donner un sens aux paroles de Riful. Elle aussi est passée par là, tout comme moi, tout comme eux, par cet état de bête assoiffée par le sang, avide de violence et de combat. Beaucoup n’en sont encore jamais sortis, mais tous deux sommes la preuve qu’il existe une solution, une porte de sortie. Mieux encore, qu’il en existe en réalité plusieurs. Si je dois mon salut à l’intervention d’Isielle-sama, à ce processus douloureux mais ô combien salvateur que représente el Ritual de Luna, c’est tout autre pour ce Vasto Lorde qui doit son nouvel état qu’à sa propre volonté. Même seul, il est possible d’apaiser ses pulsions. Même seul, rien n’est perdu d’avance, il suffit d’une volonté assez forte. Riful la Destructrice en est cette preuve vivante.
— De la volonté… c’est de cela qu’il s’agit, de la volonté. De vouloir survivre, de vouloir se libérer de ses chaînes, de vouloir devenir quelque chose d’autre. Il faut simplement le vouloir… Et s’en donner les moyens ensuite, mais le plus gros du travail réside tout bêtement à le vouloir. Un vulgaire prédateur qui se complait dans la barbarie ne cherchera jamais à se tourner vers la paix. Seulement une fois encore, Riful soulevait un problème pertinent concernant ce changement. Le Hueco Mundo n’est pas un monde apaisé, apaisant. En proie aux luttes incessantes, la violence y règne en maître, quand bien même l’Acuerdo a su diminuer ce fait. Tous n’ont pas accepté leur domination, tous ne se sont pas rangés au sein d’un clan ni ont reconnu la légitimité du Pacte, tous ne veulent pas de la paix ici. Comment en vouloir à un être baigné dans la violence, qui n’a rien connu d’autre, de ne pas réussir à faire la transition ?

— Je conçois que parfois, l’usage de la violence se révèle être la seule solution à notre disposition, tout particulièrement en ce monde… Pour tout vous dire, si nécessaire, je serai capable d’utiliser la force. Je préfère simplement éviter d’en arriver là. Raison pour laquelle je souhaite rejoindre l’Espada, ses membres sont les agents sur le terrain destinés à maintenir ce Pacte, maintenir cet accord fragile qui unifie les clans et bon nombres de mes semblables. Ils s’assurent que les consignes, les ordres soient respectés et que les choses ne dégénèrent pas, ils sont essentiels ici et je veux moi aussi apporter ma contribution. Pacifiquement, toujours autant que possible, mais je ne suis pas sans défense pour autant. Le katana a ma ceinture n’est pas ici pour de la décoration, bien qu’il ne sorte de son fourreau que très rarement.
— Je saurai faire attention à ma personne, ne vous en faites pas. Merci pour cette discussion, elle était la bienvenue. Je vous laisse repartir, Riful la Destructrice, en espérant que si nos chemins se croisent à nouveau, ce sera dans des circonstances similaires. J’entends par là que je ne souhaiterai pas devoir l’affronter, je n’ose imaginer son niveau de puissance et je n’aimerai pas le découvrir par la méthode directe. J’ai d’ailleurs ma petite idée quand à l’issue de ce combat, s’il devait avoir lieu… Inclinant une dernière fois la tête en guise de respect, je fais volte face et m’éclipse, laissant le soin à la Vasto Lorde d’en faire de même.

Fin du RP de mon côté aussi ! Merci pour le RP °°