Le petit dragon - l'Histoire de Liao - Partie 1 [Chronique]

Liao se trouvait dans son antre, à l’abri. On pourrait s’attendre à de l’extravagance, mais il n’en était rien. Hormis de la paille précieuse qui servait de matelas, il n’y avait qu’une simple porte aux recoins ouvragés. Des symboles et des sculptures dans le bois qui rappelait les passe-temps étrange du Hollow. Une faible bougie permettait d’éclairer la table de verre qui se trouvait dans le coin de cette modeste pièce. Accoudé sur cette dernière, il fixait intensément un tableau qu’il avait ramené du monde des vivants. Un amour pour l’art, rare étaient ses pairs qui accrochaient la moindre importance à ces choses.

Le tableau dépeignait un chemin empli de verdures. Quelques fulgurantes touches d’huiles apportaient du relief à ces tâches bleues sur lesquelles reposaient de somptueuses fleurs de lotus. Le ciel était lumineux. Lentement, mais sûrement, on se laissait bercer par ces herbes aux feuillages délicat. Petit à petit, doucement et tendrement, on se laissait bercer par la caresse du vent qui parvenait jusqu’à notre visage. Dans la félicitée, on se laissait bercer par l’odeur de ces fleurs qui savaient apaiser notre âme. Une âme qui ressentait de la quiétude, où on se laissait bercer par la beauté de ce tableau pour vous rendre nostalgique et vous accorder un instant pour se perdre dans ses pensées…

Il fallait remonter dans le passé, loin dans le passé. Dans un monde où les êtres vivants pouvaient être considérés comme des primates pour le XXI° siècle. Les relations avec l’au-delà étaient pourtant au coeur des mœurs des individus. Certains prêtres et personnes touchaient par la sainteté étaient capables de converser avec l’au-delà. Une relation qui était beaucoup plus fusionnelle qu’aujourd’hui. C’était dans une campagne similaire à celle du tableau que devait débuter cette histoire. Celle d’un personnage qui allait devenir cruel, une cruauté insondable à l’égale qui n’avait d’égal que l’abîme dans laquelle notre regard était plongé lorsqu’on le croisait. Liao était né dans une famille noble, dans l’empire de Chine. Le parfum du printemps s’amenait jusqu’aux maisons bâties aux couleurs chatoyantes. L’enfant avait alors déjà cinq ans. La noblesse connaissait un système de caste et se regroupait par familles. La seigneurie était modeste, mais il y faisait bon vivre. La guerre ne semblait pas toucher ce peuple qui se trouvait pourtant proche de la frontière de l’empire. Il fallait résister à l’ennemi, la muraille de plusieurs milliers de Li qui traversait une partie des frontières n’avait guère servie.

La capitale était cependant le point fort du comté. Situé près des montagnes, des portes colossales assuraient une dissuasion efficace. Il était nécessaire de passer au travers de forêts hostiles où un homme fatigué par des heures de marches n’était point prompte à l’affrontement. Les chevaux étaient ralentis et leurs bruyants galops ne pouvaient passer inaperçu par les avants-postes qui avaient des flambeaux allumés jours et nuits pour assurer la transmissibilité d’un quelconque danger potentiel. Des murs puissants qui permettait le développement d’une population éduquée et riche. Cette capitale était le premier objectif de Liao. Il y était destiné, dans l’ordre des choses, sa mère avait été mariée à son père afin que sa riche famille marchande puisse accéder à la noblesse. Son père quant à lui avait une seigneurie en déclin du fait des nombreuses expéditions qui étaient menées. Le banditisme avait déjà ravagé villages et récoltes. La reconstruction coûtait toujours cher. C’est par le fruit de cet amour pratique que le jeune garçon incarnait le devenir de sa famille. La renaissance d’une histoire qui devait se perdre dans les limbes de l’Histoire. Sous les cieux cependant, il avait toujours une place à conquérir. La voie de l’Administration et de l’épée lui étaient destinées.