Déambulations nocturne [Intervention #6]

La nuit est tombée depuis longtemps déjà et la Shugoshin n’a terminé de gérer ses dossiers que lorsque la majorité des personnes sont déjà profondément endormies. Comme d’habitude. Ce qui change de l’ordinaire, c’est que normalement, elle se couche dans l’une des meilleures chambres de sa division. Ce soir-là, elle a une affaire importante à régler dans le quartier des nobles. Quelques jours plus tôt, son frère est venu la voir pour lui parler de la disparition des membres de la treizième division. Ou plutôt, de leur désertion des thermes publics donc leur famille a la gestion.

La Troisième siège a mené l’enquête et a découvert une étrange auberge, source du problème. L’établissement incongru, particulier puisqu’il s’agit d’un Bankai, a nécessité qu’elle rédige un rapport détaillé qu’elle a fait parvenir à ses collègues de la Deuxième et de la Neuvième. Probablement que cela n’aura pas de suite, mais au moins, ils sont au courant. Ceci ayant été fait, il lui restait une dernière personne à prévenir, celui-là même qui est à l’origine de son enquête. Son frère.

Akemi n’aime pas particulièrement avoir à croiser ses parents, alors se rendre à la demeure familiale où il vit encore, en pleine nuit, est une option parfaite pour elle. Pas de risque de tomber sur l’un d’eux au détour d’un couloir. Évidemment, il pourrait être en train de dormir lui aussi, mais cela ne l’inquiète pas. Elle se contentera de déposer la lettre qu’elle a prévue en la faisant glisser sous la porte de sa chambre. Pas question qu’elle entre sans permission ou qu’elle le réveille. Il pourra toujours venir la voir s’il a des questions suite à sa lecture.

La voilà donc à arpenter les rues du beau quartier, tendant l’oreille par réflexe, au cas où, sait-on jamais. Tant qu’à être là, elle pourrait même faire un petit tour devant la demeure de son suzerain, juste pour être certaine que tout va bien.

Les horaires de bureaux, ce n’était pas vraiment dans le quotidien des Capitaines. Cela semblait idiot à présenter, mais il était pourtant évident que les responsabilités pouvaient bien souvent entraîner de rester bien plus longtemps qu’on ne le souhaiterait dans les quartiers de sa division.
Une fois n’était pas coutume, ce fut le cas de la noble. L’administratif semblait ne jamais avoir de fin, surtout lorsqu’il s’agissait d’une division comme la sienne. Plus d’un en serait découragé. Le sérieux qu’elle avait était de nature à faire en sorte qu’elle s’y était bien vite habituée.

Pourtant, aussi sérieuse qu’elle pouvait être, le moment de quitter les quartiers militaires et retourner dans la demeure des Tomoe était toujours des plus agréables. Le confort de la noblesse avait des avantages que la rigueur militaire ne possédait pas, même s’il serait grandement exagéré de dire que les différents quartiers des divisions étaient généralement bien mal aménagés.
Même en appréciant son travail, il était toujours agréable d’arriver à la fin d’une journée et retrouver son foyer. Nozomi ne faisait nullement exception à ce fait.

A la lueur de la nuit, elle marchait ainsi au sein des quartiers nobles, sans forcément presser le pas. Cet instant était l’un des rares où elle n’était ni vraiment Capitaine, ni cheffe de son clan. Un moment n’appartenant qu’à elle, les rencontres nocturnes restant relativement rares, même si les rues n’étaient que rarement réellement désertes.
Par moment elle croisait d’autres Shinigami, les saluant d’un simple signe de tête. Sans y prêter plus d’attention, surtout s’il s’agissait de visages inconnus. Parfois, cela pouvait s’avérer un peu plus, certains êtres étant de nature bavarde même lorsque ce n’était pas réellement le moment. Elle y coupait généralement bien vite court.

Un visage familier retint pourtant rapidement son attention ce soir là. Il serait exagéré de dire qu’elle connaissait réellement la jeune femme croisant son chemin, mais elle avait déjà eu l’occasion de la rencontrer. Une membre du clan Shugoshin, vassaux des Ogasawara. Donc proches d’une des grandes familles.
Signe de respect envers une consœur noble, ce fut elle qui la salua la première. De la même façon que d’autres ceci dit. Une simple signe de dite, un mot de politesse et déjà ses pas continuèrent.
Les simples discussions mondaines n’étaient pas de nature, encore moins au détour d’une rue en pleine nuit.

▬ Tu sais que tu n'es pas le bienvenu ici.

Face à la tombe, Sora se redressa calmement de toute sa hauteur. C'était étrange, d'une certaine manière, que l'on prenne la peine de dresser une sépulture à un Shinigami. Leurs corps étaient voués à se dissoudre, à ne rien laisser derrière eux mis à part des souvenirs ; n'était-ce pas égoïste de leur part, de les retenir au travers de ces symboles alors qu'ils n'avaient plus leur mot à dire ? Enfin.

▬ Ouais... Et alors ?
▬ Et alors ? Tu oses...
▬ Je suis Capitaine de Division, trancha Sora. Je vais où bon me semble. Alors et seulement alors daigna-t-il regarder par-dessus son épaule - un regard noir à faire frémir, ce que fit son interlocuteur lorsqu'il se posa sur lui. Si ça vous pose un problème, vous êtes libre d'adresser une lettre à la Chambre des 46. On verra ce qu'ils trouvent à en dire.

Le brave homme en resta tétanisé. Tant mieux ; cela éviterait qu'il jette de l'huile sur le feu. Tempérant tant bien que mal son humeur massacrante, Sora cracha dans l'herbe, comme si cela lui permettait d'en évacuer une partie.

▬ Tss. Vous en faites pas, je me casse. J'ai fait ce que j'avais à faire.

Ce qu'il fit. Dans son dos, des bâtonnets d'encens finissaient de se consumer, leur senteur emportée par le vent. La nuit était tombée ; depuis quand était-il assis dans l'herbe ? Combien de temps s'était écoulé, avant que le maître des lieux s'aperçoive de sa présence dans son domaine ?
Assez, jugea-t-il ; il ne faisait pas bon trop s'éterniser. Quelques heures chaque année, cela suffisait - et éviterait que l'intéressé le prenne au mot. Il y avait peu de chances que la Chambre prête attention à une lettre émanant d'une noblesse aussi dérisoire, mais on ne sait jamais.

Le Capitaine du Nibantai n'aimait pas traîner dans les quartiers nobles, encore moins à des heures aussi avancées. On ne savait jamais ce que ces snobinards pouvaient bien être en train de manigancer, en particulier lorsqu'ils avaient les ombres pour se cacher. Ainsi, il préférait en laisser la surveillance aux membres de sa Division ; tout ce qu'il y avait à savoir finissait par lui revenir aux oreilles sans pour autant qu'il doive les côtoyer.

Ce n'était rien de dire qu'il ne s'y sentait pas le bienvenu. Et s'il n'avait que faire de leur avis, force était de constater que son manteau blanc n'arrêtait ni dédain ni mépris. À croire qu'ils sentaient d'instinct qu'il n'était pas des leurs ; que la misère et la pauvreté lui collaient à la peau comme une marque dont il ne pourrait jamais se débarrasser. Et s'ils ne le diraient jamais tout haut, leur attitude parlait pour eux. Aussi n'avait-il pas l'attention de s'attarder en chemin tandis qu'il se redirigeait vers les quartiers plus populaires du Seireitei.

Hélas, il ne pouvait pas non plus ignorer tous ceux qu'il rencontrait, en particulier lorsque ceux-ci se trouvaient être l'un de ses homologues Capitaines - et, auprès d'elle, ce qu'il supposa être l'une de ses vassales ou de ses subordonnées, peut-être les deux.
Il se retint de grimacer ; s'il entretenait avec elle des rapports cordiaux, il n'était pas vraiment enclin à discuter... Par chance, s'étant déjà assez éloigné de son lieu de visite, il ne leur laisserait pas l'occasion de déterminer d'où il venait. Il se fustigea néanmoins intérieurement pour n'avoir pas pensé à se faire plus discret, un comble étant donné sa fonction première.

▬ Ah, Tomoe-Taichō, prit-il le parti de la saluer le premier, certain de ne pouvoir l'éviter. Tant qu'à être obligé d'interagir, sa présence en ces lieux ne pouvant pas ne pas interroger, autant tâcher de faire bonne figure. Si quelques banalités pouvaient lui éviter d'avoir à répondre à des questions déplaisantes, il pouvait bien en faire l'effort.

▬ Je ne pensais pas que vous étiez le genre de personne à trainer encore dehors à cette heure... Dure journée ?

À une telle heure, la Shugoshin ne s’attendait pas vraiment à croiser qui que ce soit. Pourtant, c’est bien la belle Nozomi qui passait par là prenant une direction opposée à la sienne. L’Immaculée répond alors au salut de cette dernière d’une façon identique, son visage ne traduisant rien d’autre que du respect. Pas de surprise, car après tout, une noble, Capitaine de surcroît, il n’était pas difficile de s’imaginer qu’elle avait eu une longue journée et qu’il était certainement tout juste le moment pour elle de rentrer enfin se reposer.

L’autre individu par contre… Akemi hausse légèrement un sourcil. Les Capitaine, elle les connaît au moins de vue. S’est fait un devoir de savoir les reconnaître, sans attendre que l’inverse soit vraie. Il s’adresse à la Tomoe uniquement et la Troisième siège espère donc s’en tirer avec un simple « Bonsoir. » avant de poursuivre son chemin, leur discussion ne la regardant pas a priori.

À peine a-t-elle fait un pas que le bruit d’un objet tombant au sol attire son attention. Décidément, ils s’étaient passé le mot pour être tous dehors au même moment. Simple coïncidence évidemment, mais qui lui extirpe une remarque, formulant tout haut ses pensées.

- Eh bien, eh bien. Que de monde ce soir. Mais il semblerait que celui-là n’ait pas envie de croiser qui que ce soit. C’est quand même curieux...

Ses yeux bleus scrutent les deux Capitaines tandis qu’elle tend toujours l’oreille. Ce n’est probablement rien, les nobles n’aiment pas être dérangés, c’est bien connu. Mais si c’est un vieillard qui a perdu sa canne, il peut être en difficulté. De toute façon, en service ou pas, son instinct de protectrice du Seireitei lui dicte d’au moins aller voir de quoi il retourne. Elle ne propose pas aux autres de l’accompagner. Libre à eux de vaquer à leurs occupations, après tout, ce n’est peut-être rien.

Un simple événement anodin peut briser un quotidien dont on ne retiendrait rien de particulier en temps normal.
Même à cette heure, croiser des nobles n’était pas étrange. Comme elle, chacun vaquait à ses occupations. Elle se gardait bien de leur demander. Cela ne la regardait pas, ni même ne l’intéresser. Par contre, il pouvait en être de même lorsque l’on croisait un Capitaine. Même lorsqu’elle-même en était un. Ou bien était-ce justement car elle possédait le même garde et n’avait donc juste pas à se contenter des saluts respectueux ?
Cela aurait pourtant pu. Elle se serait même attendue à ce qu’il soit le premier à ne pas chercher à aller plus loin que les simples formalités d’usage. Pourtant ce fut lui qui posa la question. Bien que purement de principe, elle n’en doutait pas. Cependant, la conversation entamée, il serait bien malpoli, et indigne de son rang, de l’ignorer purement et simplement.

>> Les tâches se moquent de l’heure, je pense que vous le savez bien. Même s’il est bien rare que ce lieu soit autant rempli à cette heure.

Le regard porté vers la troisième personne présente. Par rapport à d’habitude, les rôles étaient presque inversés. Accompagnée de deux Capitaines, c’était elle, la « simple » Shinigami qui pouvait se démarquer. La situation avait tout pour être bien brève, cette dernière ne s’étant pas arrêtée aux côtés des deux gradés. Cela aurait en effet pu faire étrange.
Jusqu’à ce bruit. Pas de quoi y faire attention en temps normal. Si eux-mêmes étaient présents, pourquoi pas d’autres, moins discrets ? Non, ce n’était pas cela qui avait attiré l’attention de la Capitaine.
Pourquoi quelqu’un chercherait -il particulièrement à être discret ? Errer dans la nuit n’était pas interdit, nul couvre-feu quelconque n’étant en vigueur. Peut-être était-ce par habitude par rapport à ses attributions, mais l’idée qui lui vint en tête était bien simple.
Quelqu’un ne cherchant pas à être remarquée avait bien souvent quelque chose à cacher.

>> Curieux est en effet le mot. Et je n’aime guère rester dans l’inconnu.

Si elle était initialement détendue, il en était maintenant autrement. Quiconque faisant un minimum attention pouvait le percevoir. Légèrement sur ses gardes, observant les alentours. Non pas comme si elle était consciente d’un réel danger et cherchait à s’en protéger. Simplement qu’elle s’y préparait.
Un regard porté vers les deux autres présents, peut-être un peu plus appuyé à l’attention de l’autre Capitaine. Quoiqu’il arrive, elle doutait que ce qui se trouvait non loin puisse présenter un véritable danger pour le groupe présent. Bien entendu, rien n’obligeait les deux autres à la suivre, même le signe de tête qu’elle adressa montrait que cela restait possible. Et, si agitation il y avait dans les instants qui suivraient, ils resteraient bien peu éloignés.
Ainsi, sans même forcément attendre de voir s’ils la suivaient, déjà la noble se dirigeait vers l’origine de cette perturbation afin de constater de ses yeux ce qu’elle pouvait être.

Sora n'était pas noble. C'était un fait connu.
Il était arrivé que l'on s'en serve pour le dénigrer, affirmant que si la « nouvelle garde » allait chercher ses Capitaines au fin fond du Rukongai - puisqu'il avait été l'un des premiers nommés -, ils en étaient déjà à racler les fonds de tiroirs.
Il s'en moquait ; ses faits d'armes parlaient pour lui, comme ils l'avaient toujours fait.
Mais il était dès lors étonnant qu'aucune des deux jeunes femmes ne s'interroge sur sa présence dans les quartiers nobles, ou du moins ne prenne la peine de l'exprimer.
Si une « simple » Shinigami n'était pas en position de faire une telle remarque à un Capitaine, rien ne retenait à priori sa collègue de la Neuvième, si ce n'est peut-être la politesse. Quoi qu'il en soit, il n'irait pas s'en plaindre.

Avant qu'il ait pu poursuivre l'échange de politesses qu'il avait lui-même entamé - faute de meilleure option - avec la ferme intention de l'abréger, une autre présence se fit connaître malgré elle.
S'il n'avait pas douté une seconde qu'ils puissent être épiés, il n'était pas dans les habitudes des nobles de se cacher - comment s'y prendraient-ils alors pour leur faire savoir qu'ils les prenaient de haut ? Non, cela ne leur ressemblait pas...

Le Commandant en Chef de l'Onmitsukidō se tendit aussitôt, aux aguets ; étant déjà méfiant de nature, il l'était plus encore dans cet environnement qui se saisirait de la moindre de ses erreurs et ne lui ferait aucun cadeau.
Vive comme l'éclair, sa main se leva en direction de la source du bruit et de l'énergie spirituelle se concentra entre ses doigts... Jusqu'à ce qu'il réalise où il se trouvait et le scandale que ce serait d'y lancer un sort de Kidō, si ce n'était pas absolument nécessaire.

▬ Merde, pesta-t-il. Attrapons-le.

Car plus que la canne - ou quoi que cela puisse être - à l'origine du bruit, il s'intéressait pour sa part à celui qui l'avait laissée tomber.
Car si un certain nombre de Shinigami habitaient les quartiers nobles, il osait croire qu'aucun d'entre eux n'aurait pour premier réflexe de se cacher aux yeux de ses supérieurs... D'autant que même parmi ceux-ci, tous n'en avaient pas la capacité.
À défaut de pouvoir se contenter d'un sortilège, il s'élança d'un Shunpo dans la bonne direction, n'entendant pas laisser au fuyard l'occasion de prendre plus d'avance que ce n'était déjà fait.
Quoi qu'il ait à cacher, il allait devoir en répondre - et il n'était assurément pas tombé sur les meilleurs témoins pour avoir à le faire.

Finalement, tous se rendent là où le bruit s’est fait entendre. Il y a bien une canne qui traîne au sol, mais aucun signe de son propriétaire nulle part. La Shugoshin ramasse l’objet avec précaution. C’est tellement étrange qu’il n’y ait plus aucune trace énergie spirituelle autour d’eux. La personne, ou les personnes recherchées, ne sont plus là. Elle jette un coup d’œil aux traces de sang, mais n’est pas des plus expertes en la matière, tout ce qu’elle voit, c’est qu’il n’y a pas de piste visuelle à suivre de ce côté-là. Quant à la canne, elle en reconnaît le kamon et sans dire le moindre mot, le montre à Nozomi. Cette dernière devrait elle aussi savoir à quel clan il appartient et donc tirer toutes les conclusions qui en découlent. Pour l’autre Capitaine qui ne doit pas être très au fait de ces choses-là, elle fait un bref résumé. Au passage, elle en profite pour se présenter, faisant l’impasse sur le siège, de toute façon, ce n’est pas l’information capitale en cet instant.

- Shugoshin Akemi, Huitième division. Je pense que cette canne appartient au patriarche Shimura Ashido. Ce sang est certainement le sien d’ailleurs.

Et l’Immaculée est persuadée qu’il vient d’être enlevé. Mais que faisait-il dehors à cette heure ? Akemi observe les alentours pour localiser leur position, sont-ils loin de la demeure du clan Shimura ? Il ne faut pas fermer la porte à toutes les pistes, l’objet a peut-être été volé, ou emporté pour une raison ou une autre. Ses prunelles bleutées se fixent sur la Tomoe. Peut-être faudrait-il s’assurer que le vieux Ashido est bien chez lui. Ne voyant pas où chercher d’autres de toute façon…

- Peut-être devrions-nous tenter de rapporter cet objet à la résidence de son propriétaire ? Nous verrons ainsi s’il a bien disparu. À moins que vous n’ayez d’autres propositions ?

Elle pourrait tout aussi bien y aller seule, mais elle attend de voir quel sera l’avis des experts.

Dire que la situation n’était p as appréciable serait bien faible. Le problème n’était pas dans la compagnie nocturne qu’elle avait trouvé. Même si elle ne l’avait pas particulièrement cherchée et aurait pu s’en passer, cela pouvait n’être au pire perçu que comme un léger contretemps.
Non, le soucis était bien cette volonté de se cacher de la part de l’inconnu. Il était bien rare que faire preuve d’une telle discrétion en pleine nuit soit de très bon signe. Et encore plus lorsque des éléments inhabituels étaient laissés sur les lieux.
Bien sûr, la canne fut la principale source d’intérêt. La deuxième noble de ce groupe improvisé attira particulièrement l’attention dessus, et sur l’identité de son très probable propriétaire. Propriétaire dont l’absence sur les lieux du crime était véritablement anormal.

Car oui, il n’en fallait pas plus que ces éléments, et l’autre élément ayant attiré son attention, pour que la Capitaine n’ait pas de doute sur la nature de ce qu’il s’était passé. Les projections présentes laissaient clairement penser à une attaque.
Ou plutôt un assassinat. Une volonté de rester discret ? De limiter les preuves ? Il ne serait même pas surprenant que le fait qu’il y ait soit uniquement en raison de la surprise d’avoir attiré des passants indésirables.

>> Une présence invisible, une canne abandonnée et des traces de sang ? Je crois qu’hélas il n’y a que bien peu de chances que la conclusion ne soit pas la première venant à l’esprit. Par conséquent, cet objet devra être analyser avant de le restituer à la famille. Cependant, il conviendra de bien aller les prévenir, en effet.

L’instant d’après un Jigokuchō fut adressé à sa Division. Si un crime avait eu lieu, il était nécessaire de ne pas perdre de temps.
En un sens, le hasard avait bien fait les choses sur les divisions représentées. La Huitième était chargée de la protection du Seireitei, la Neuvième des enquêtes, et s’il s’agissait bien d’un assassinat nul n’était mieux placé en la matière que la Seconde Division.

>> Mes hommes vont être prévenus et devraient arriver sous peu. Je vais cependant jeter un œil aux alentours, même si je pense qu’il était déjà trop tard. Le simple fait que nous n’aurions rien remarqué sans le bruit de la canne démontre la précision du travail.

Un coup d’oeil vers le Capitaine de la Seconde Division. Bien sûr, il serait aisé de se dire que la Deuxième Division était liée à tout cela. Même sans avoir le détail de leurs activités, c’était le genre de choses auxquelles il était possible de penser en se les imaginant. Pourtant, il serait bien étrange de le voir traîner aussi près d’un lieu sensible.
Sans perdre plus de temps, elle se mit en route, allant faire une inspection rapide si la moindre trace était visible dans les rues proches. Et après, si nul aurait ne l’avait fait, elle pourrait se charger de la famille.
Vu le statut de la victime potentielle, il était certainement attendu de ne pas envoyer le premier subalterne venu annoncer la triste nouvelle.

Malgré la vitesse à laquelle il avait comblé la distance séparant son précédent emplacement du lieu de l'attaque - car il y en avait eu une, à n'en pas douter -, Sora ne trouva personne qu'il puisse pourchasser.
Sa besogne effectuée, le coupable s'en était allé ; savait-il qu'ils étaient-là ? L'avait-il fait exprès pour les narguer... ?
L'avantage à avoir deux Capitaines sur place - et des Divisions parmi les plus qualifiées, qui plus est - était qu'ils pouvaient réagir tout de suite, sans avoir à attendre que l'information remonte la chaîne de commandement.
L'Onmitsukidō pouvait certes se targuer d'acquérir très vite ses renseignements, mais l'on faisait difficilement mieux que d'être aux premières loges.
Quoique frustré de n'avoir personne sur qui mettre la main - pour le moment du moins -, Sora prit à son tour les mesures qui s'imposaient.

▬ Je vais faire boucler le quartier, prévint-il en faisant lui aussi appel à un papillon noir. Pour au moins m'assurer que personne n'entre ou ne sorte, s'il n'est pas déjà trop tard.

Il précisa cependant à ses hommes d'être discrets, de manière à ne pas alerter la population plus que de raison - le passage devrait de toute façon être minime à cette heure tardive et il ne serait pas étonnant de se retrouver confronté à un contrôle, même en temps normal.
Les nobles n'aimaient pas être dérangés, préférant pouvoir compter leurs billets en tout tranquillité...
Ce qui rendrait toute personne circulant à cette heure - hormis ceux qui, comme la Capitaine Tomoe, venaient seulement d'être libérés de leur journée - d'autant plus suspecte.
Spécialisés dans la discrétion et la célérité, les soldats de la Deuxième Division ne mettraient qu'une poignée de minutes à se déployer - mais même cela ne serait peut-être pas assez.

Son message envoyé, il se pencha sur les taches de sang restées au sol, s'accroupissant pour y regarder de plus près. Y passer les doigts lui suffit à confirmer que celui-ci était encore frais ; que le mal - quel qu'il soit - venait seulement d'être fait.
Pourtant, comme il le confirma en regardant encore une fois autour de lui, il n'y avait pas trace d'un corps auquel il aurait pu appartenir.
Comme si une éventuelle victime, à l'instar de son agresseur, s'était subitement volatilisée - ou que sa disparition avait été assez bien maquillée pour que même deux Capitaines qualifiés ne trouvent aucune trace, malgré la vitesse à laquelle cela s'était déroulé.
Dire qu'un tel niveau de compétences était difficile à trouver serait en-dessous de la vérité.
En somme, il n'aimait pas ce qu'il voyait.

▬ Pas de corps, pas de traces, marmonna-t-il, plus pour lui-même qu'autre chose. Il n'a jamais touché le sol.

La mine sombre, il se redressa brusquement de toute sa hauteur et se tourna vers la Shinigami de la Huitième Division - Akemi ; il allait essayer de s'en rappeler.

▬ Gardez-la précieusement. Si crime il y a eu, c'en est peut-être l'arme.

Que le vieillard lui-même l'ait utilisée ou qu'elle ait été retournée contre lui.
Cette morose fin de soirée s'annonçait finalement plus intéressante qu'il n'aurait pu le prévoir.

Les deux demoiselles discutèrent la possibilité d'aller prévenir la famille, et il ne vit pas de raison de s'y opposer. Faute de piste à suivre ou d'autres indices à analyser, les proches du propriétaire de l'objet étaient encore les plus susceptibles d'avoir quelque chose à se reprocher - ou à leur dire ; ce serait déjà un bon début.

▬ Nous n'avons rien à perdre à aller les voir. C'est encore la meilleure manière de savoir si quelque chose a pu se passer...

Et lorsque Nozomi eut fini ses ultimes vérifications - et, supposa-t-il, transmis le contrôle de la scène à ses subordonnés -, ils purent donc se mettre en route.

▬ Qu'est-ce que vous pouvez me dire sur eux ?

Bien sûr, il devrait y avoir un dossier qu'il pourrait consulter, mais il imaginait mal se le faire apporter ici en pleine nuit - et si elles avaient une expérience personnelle avec les membres de cette lignée, il serait toujours bon d'en être informé.