Mission #2 : "Voyons Oscar, sois mignon !"

Dès les premiers instants sur place, il réfléchit déjà aux mesures qui devront être prises afin de transformer cet incident en une explication rationnelle. Il faudrait également s’assurer que les différents témoins oublient vite, ou bien qu’ils disparaissent d’une manière ou d’une autre. Un travail ingrat, mais qui demeurait on ne peut plus nécessaire. Et après tout, il fallait bien fournir de nouveaux cobayes quitte à ce qu’ils servent à nourrir les festins plus tard. Dans cette organisation, aucune ressource ne devait se perdre bêtement…

Première réflexion : les témoins avaient vu un ours de feu. VU. Avec leurs yeux, du coup. Ça pouvait n’avoir l’air de rien, mais cela restait une information de premier choix. Cela voulait donc dire qu’il ne s’agissait pas là d’un Hollow, à moins que tous les bavardages qu’il pouvait entendre en laissant traîner ses oreilles provenaient d’humains spirituellement éveillés ? Aucune chance…

D’après les premières informations recueillies avant de partir de l’Arcānum, l’Agent sur place serait un Cups, et des forces de cette section seraient dépêchées. Autant dire qu’il pouvait se permettre de ne pas s’encombrer d’un interrogatoire, laisser cette piste à d’autres, tandis que mentalement il additionnait les visages, les faits, les versions, tentait de n’en perdre rien afin d’être sûr que tout serait « propre » lorsqu’ils en auraient terminé. S’il n’excluait pas d’intervenir d’autres manières bien sûr suivant les besoins, le ménage restait le cadre des fonctions des Coins, n’est-ce pas ?

Les champs de bataille sont son habitat, l’ambiance urbaine déjà moins. Les conflits ne toquent que rarement aux portes d’une cité aussi développée que Tokyo et devoir faire avec les civils n’est pas forcément ce qu’il préfère.
Pourtant, lorsque la mission lui fut proposée, pas un instant il n’hésita. L’action restait bien plus préférable à l’attente que l’ordre idéal ne survienne, et les informations rapidement partagées ne furent pas de nature à le faire regretter. Si tout dans ce contrat était en un sens nouveau pour lui, faire face à un ours fait de flammes semblait également être une première pour ceux déjà un peu plus habitués au milieu spirituel.
Un ennemi inconnu ? Avec un peu de chance, cela constituait un adversaire valable.

Arrivé sur place, il resta à l’écart des témoins. Les interroger n’était clairement pas son point fort, et il serait surpris que cela soit ce que l’on attendait de lui. A quoi bon demander à plusieurs sections d’intervenir dans le cas contraire ?
Mais telle n’était pas la raison principale. Si cela s’était avéré nécessaire, il aurait pu participer à la prise de renseignement. Cependant, on lui avait vendu une mission de terrain et il était donc venu en tenue complète. Bien sûr, rien n’empêchait de retirer le casque présent sur son visage, mais le garder lui permettait également de garder un œil sur les alentours en profitant des différents capteurs de sa tenue.

Ne connaissant de vue qu’un seul de ses équipiers du jour, pour avoir déjà eu une affectation à ses côtés, il ne se mêla au reste du groupe qu’une fois le dirigeant de la section scientifique sur place. D’ailleurs, une fois encore, il était le moins gradé du lot. Deux King, une Jack. Les rangs au sommet des différentes sections. Il avait beau être Ace, dont en théorie à peine en dessous, il avait bien compris qu’une certaine différence était malgré tout présente.
Les mots adressés par le chef des intellos confirmaient l’idée première. La nature de la menace était inconnue et l’existence même de témoins était un véritable mystère à percer. Tournant la tête vers le jeune homme aux cheveux blancs, sa voix légèrement déformée par le masque s’éleva à la suite de ce dernier.

>> Une nouvelle traque, mais cette fois avec une cible inconnue ? On s’ennuie jamais au moins. L’avantage, c’est qu’un ours de feu, ça doit être bien moins discret que des monstres invisibles…

Moins discret, et peut-être plus dangereux. Pour la ville, mais également le secret qu’était l’Ultima Necat. D’où la présence du rouquin qui, par déduction, était forcément le dirigeant de la section logistique. Il pouvait presque voir la logique de cette formation. Les deux scientifiques pour la recherche et déterminer la menace, lui pour l’élimination et la force, le nettoyeur pour s’assurer que tout reste en ordre. Il se proposerait presque à faire le travail physique, s’il n’avait pas déjà eu l’occasion de constater qu’il était loin d’être le seul compétent en termes d’affrontement.
Surtout qu’un point faisait que foncer dans le tas n’était certainement pas une bonne idée. D’où l’absence de son propre chef de ce qu’il supposait.

>> Par contre, si un animal fait de flammes, ça paraît déjà étrange, que dire de la disparition d’une gamine… Je suppose que les lieux ont déjà été suffisamment fouillés pour qu’on puisse déduire que cela a forcément un lien avec notre affaire non ?

Cette dernière phrase était bien entendu adressée à l’agent sur place à leur arrivée. Encore une fois, disposer d’un maximum d’informations était capital.

Il y a quelques temps de ça, suite à une discussion avec un certain membre des Coins que tu ne portes pas trop dans ton coeur, tu t’étais dit que renforcer la sécurité, ou, tout du moins, la surveillance d’endroits forts en émotions négatives, comme les hôpitaux, ne serait pas une mauvaise idée. Quelques capteurs d’énergies spirituelles en plus des caméras de surveillance lambda et voilà que vous auriez une meilleure couverture du territoire sur lequel vous étiez supposés veiller.

Et comme de fait, les derniers événements t’ont donné raison.
Une attaque sur l’hôpital de Tokyo.

Un ours de feu a été aperçu. Étrange. Aperçu par des humains, voilà ce qui rendait la situation plus étrange encore. Aux côtés de ton King, il ne vous faut pas beaucoup de temps avant de retrouver sur les lieux l’un de vos agents et, d’un hochement de tête, tu fais comprendre à Junichiro que tu as compris. Sortant alors de ton sac une tablette, tu t’occupes de te connecter à différents appareils qui se trouvent tout autour.

Caméras de surveillance, notamment. N’importe quoi qui aurait pu avoir aperçu le phénomène. Après tout, si des humains lambdas ont pu en être témoins, tout porte à croire que des appareils classiques tels que des caméras peuvent avoir enregistrer ce qu’il s’est passé.

Tu te tiens non loin de Junichiro, lançant aussi un scan de la zone, deux de tes drônes s’élevant à la recherche d’énergie spirituelle, ou, enfin, une anomalie dans celle-ci dans les environs. Tu écoutes la discussion entre le King et l’agent, en plus de porter une attention aux paroles du Sword qui est venu compléter votre équipe d’intervention. - Je me demande surtout si c’est qu’elle a été enlevée ou si elle a été perdue de vue en tentant de fuir ce qu’il s’est passé ici. Ton regard retombant sur l’écran devant toi, pour amener tes drônes à porter une attention particulière aux sources de chaleur, d’humains, donc, dans les environs.

Et qui sait.
Peut-être que tu pourras détecter l’animal du même coup.

Alors que la discussion avec l'Agent sur place avait débuté, le Roi des Pièces s'était approché afin d'en écouter un peu du contenu. Juste ce qu'il lui était utile pour mener à bien la suite de sa mission. Et à entendre le témoignage, une question lui vint immédiatement à l'esprit : est-ce que la créature était réellement sortie au moins ? Cela donnait un axe de recherche supplémentaire. Il était en effet étonnant qu'il n'y ait pas, à première vue, d'autres ravages dans le quartier. A moins qu'ils avaient loupé cette information pour le moment ?

- J'ai toujours eu un faible pour les infirmières, si vous permettez...

Réplique-t-il seulement avant d'aller s'intéresser au témoignage qu'elles pourraient faire. Bien qu'avant de s'éclipser il se retourne tout de même avant d'ajouter.

- Au pire on peut se les partager... Quoi qu'il en soit, il serait intéressant d'avoir une idée plus précise de ce qu'il s'est passé aux alentours de ce fameux mur brisé. Y a-t-il quoi que ce soit qui soit détruit dans la zone à l'extérieur de l'hôpital ou bien notre monstre se cache-t-il toujours en nos murs ? Brrrr, ça fait peur !

Bien que disant cela il semble plutôt s'en amuser. Avec les plus hauts gradés des Cups dans les parages, ils ne manquaient pas de matière grise à disposition, et ils n'avaient sans doute pas réellement besoin de ses indications à lui. Quoi qu'il en soit, c'était tout de même préférable de partager ses idées même si elles devaient faire redite, plutôt que de passer à côté de quelque chose d'important. Sans plus attendre, au rouquin de rejoindre les infirmières ! N'empêche... des experts scientifiques et un rouquin, ça filait des idées...

Spoiler:

- Attention gentes dames et nobles sers, ça va commencer. Votre spécialiste est arrivé ! Je pense qu'il est bon dans un premier temps que nous vidions notre bac. Ce que vous avez vu semble... hors du commun, j'imagine que vous avez toutes et tous une version à donner. Et vous allez voir, en mettant tout ça à plat, je suis certain que je vais pouvoir vous aider à y voir beaucoup plus clair ! C'est mon travail, faites-moi confiance !

Les choses se mettaient en place. Quelques informations supplémentaires, mais au final tout autant dans le noir. La raison même de leur présence était de ne pas réellement savoir à quoi ils avaient affaire. Et déjà les différentes têtes pensantes du groupe se mettaient en action. Le roux fit preuve d’une détente qu’il pourrait presque être surprenant de constater s’il n’avait pas déjà vu à l’oeuvre son propre supérieur.
Ce début de comparaison pouvait cependant s’arrêter là. S’il semblait vouloir mettre une certaine légèreté dans ses paroles, il semblait qu’il prenait déjà un peu plus les choses au sérieux que la brute portant le titre de King of Swords. Difficile de faire pire en même temps…

En parlant des différents Kings, la remarque que Junichiro adressa au mercenaire eut pour seule réponse un sourire apparaissant sur l’écran de son casque. Le militaire n’était pas vraiment persuadé que celui l’ayant posé souhaitait obtenir la réponse à sa question. Ou du moins, il était certain qu’il avait ce genre d’idée en supposition et il valait mieux ne pas les confirmer. Au pire, cela correspondait à du secret professionnel non ?
Au moins, les choses semblaient commencer à bien se mettre en place, les rôles s’attribuant presque naturellement. Trois groupes distincts afin de couvrir plus de terrain, chaque section s’occupant au final de ce qui approchait naturellement de ses affectations.
Certains allaient interroger, d’autres…

>> Aller sur le terrain plutôt qu’interroger ? Pas besoin de me prier, ça me va.

Une symbole de pousse levé illumina son casque alors qu’il se mit en mouvement à la suite de chacun, faisant donc le tour du bâtiment pour sa part, à l’abri des regards. Son trench-coat avait beau masquer en partie sa tenue, un passant apercevant un individu masquer avait de quoi être interpellé, autant éviter les contretemps inutiles.
Sur ses gardes, il ne mit pas bien longtemps à arriver sur le lieu concerné. Un hôpital qui se respectait n’avait bien entendu aucune raison d’avoir une mur brisé, cela faisait désordre. Le fait que la cible soit passée par là n’était donc nullement un doute dans son esprit.
Une seule question subsistait donc principalement à ses yeux.

>> Alors, t’as pris ce chemin pour entrer ou pour sortir ?

Il ne s’attendait bien entendu pas à une réponse, mais les remarques des deux Rois n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd. D’un côté, la possibilité que la source de ce grabuge soit encore à l’intérieur. De l’autre, celle que la disparue et ce fameux ours aient un lien encore à établir.
C’était donc avec ses interrogations en tête qu’il mêlait ses connaissance du terrain et les capteurs de sa tenue afin de faire en sorte de ne louper aucune indication lui permettant de trouver une piste. Et de la suivre, tant qu’à faire.

Tu avances l’idée qu’elle ait pu être enlevée, ou encore qu’elle ait pu tenter de fuir, le tout en analysant les données et résultats apparaissant sur ton écran, ces derniers ne t’offrant pas les informations recherchées. Tout au plus, tu peux espérer avoir une meilleure idée de la chronologie des événements mais rien qui vous permettre de savoir exactement où aller maintenant ou encore élucider le mystère de ce qu’il s’est passé.

Surtout que Junichiro amène une autre théorie.
Celle d’un Fullbring.

Tu hausses un sourcil, d’abord surprise, mais prenant tout de même le temps de réfléchir à cette éventualité. Orias étant assigné aux infirmières (que tu plaindrais presque) et Jabberwock au mur (lui évitant ainsi sans doute d’attirer l’attention), suivre les traces de la créature vous revient donc, à Junichiro et toi, et tu n’ajoutes rien avant de lui emboîter le pas.

Un peu plus loin, tu laisses échapper un rire presque silencieuse, discret, avant de secouer doucement de la tête. - Tu sais que je suis plus vieille que toi ? Jeune recrue pour ta part et inspecteur prodige pour la sienne. - Je ferais une très bonne inspectrice prodige, tu sais. Sur un ton léger, pas très sérieuse pour le coup, répliquant pour la forme en semblant tout de même accepter ce rôle qu’il t’impose. Continuant d’avancer, tu gardes tes prunelles azurées rivées sur ton écran. - Je ne capte rien. Pas d’anomalie, si ce n’est que notre présence, lors des lectures d’énergie spirituelle et même les caméras déjà présentes dans l’hôpital n’ont rien capté. Une grimace qui se dessine sur tes traits. - On n’a pas vraiment d’information quant à où chercher. Rien de plus, si ce n’est que la cage d’escalier.

Celle vers laquelle vous vous dirigiez. - Tu penses quoi, toi ? Qu’il est rentré ou sorti par le trou dans le mur ? Tu observes le couloir devant toi, te demandant le trajet à emprunter entre la cage d’escalier et ce mur démoli vers lequel s’est dirigé Jabberwock. Tentant de faire un sens de tout ça.

De trouver réponses à tes questions, tout en continuant d’analyser la zone.
Bien décidée à le repérer s’il se rapproche.

- Et pourquoi pas voir apparaître des singes et des serpents qui se mettraient à danser tout autour de vous ? Ça fait peur hein ? Vous savez ce qu’il s’est passé ? Je vous le donne en mille. C’est tout simplement une hallucination collective ! Huhuhuhuuuu !

Il pianote un peu sur l’appareil qui lui permettait de communiquer avec les autres. C’est maladroit, même après quelques années la technologie et lui ne sont toujours pas très amis. De quoi transmettre aux autres la version donnée par les infirmières, mais aussi à côté missionner à un de ses agents de venir faire oublier à ces dames ce qu’elles savent. Ou du moins leur imposer une autre version à l’esprit, quelque chose de plus classique de type « suite à une malfonction, un appareil a explosé mais heureusement l’on ne déplore que des dégâts matériaux ». Il faudrait d’ailleurs qu’il aille voir ça sur place, afin de se faire une idée. Parfois on laissait tel quel si cela collait à l’explication, et d’autres fois il fallait camoufler un peu plus.

- Bien, j’ai fait appeler un confrère, qui pratique l’hypnothérapie. Vous allez voir, il fait des miracles. Ne vous en faites pas, c’est juste une très bonne manière d’évacuer le stress, et je ne doute pas que vous y verrez plus clair ensuite. Et si dans la foulée certaines d’entre vous souhaiteraient arrêter de fumer, ça peut s’arranger !

Bizarre le psy. C’est sûr que pour des infirmières qui plus est, elles auraient de quoi se poser des questions sur les compétences du rouquin. Mais elles auraient tôt fait de tout oublier, alors qu’importait cette première impression. On leur demanda donc de rester là, groupées. Peut-être que la version qu’il avait donné lui-même leur donnerait de quoi réfléchir. Une porte de sortie en tout cas pour celles qui le désireraient. Une hallucination collective pouvait peut-être, pour certaines, être plus facile à digérer que ce qu’elles avaient vu réellement, et qui n’était pas supposé être quelque chose pouvant se produire ? Qu’importait à présent. Il rejoindrait la zone entourant le mur détruit afin de voir s’il pourrait en apprendre plus. À première vue, ils n’avaient toujours aucune piste claire pour suivre la bestiole, tout du moins suivant les infos reçues pour l’heure. Pas un pro de l’enquête pour sa part, il espérait bien qu’il finisse par se produire de nouvelles destructions afin d’avoir une direction claire à suivre pour « régler le problème ».

Sous son casque, un bref sourire. Pas besoin d’être un génie comme les autres pour comprendre ce qu’il s’était passé. Un simple coup d’oeil à la scène permettait de se rendre compte que quelque chose avait bien voulu sortir. Quelque chose ayant une connaissance visiblement toute relative dans le fonctionnement d’une porte. La subtilité n’était pas dans la nature de la proie, mais qu’attendre d’autre de la part d’une créature faite de feu et ayant laissé nombre de témoins derrière elle ?
Alors qu’il se penchait afin d’observer un peu plus la scène, essayant de trouver un éventuel indice supplémentaire, le compte rendu du roux lui parvint sur l’affichage de son écran. Le sourire laissant alors place à une plus profonde réflexion.

>> Ou bien c’est carrément la gosse.

Il n’était pas expert en la matière, côtoyant depuis bien trop peu de temps le monde spirituel. Pourtant, ce fut la première réflexion qui lui vint à l’esprit. Une gamine disparue et un ours sortant directement de sa chambre ? Puis une volonté de sortir de l’hôpital ?
Il n’en mettrait pas forcément sa main à couper, mais une hypothèse lui vint alors à l’esprit.

>> Y aurait pas moyen que l’ours ce soit juste elle ? Elle éveille des pouvoirs, elle a peur et fait n’importe quoi. Puis si elle est hospitalisées, y a moyen qu’elle ne souhaite qu’une chose. Sortir. D’où le départ précipité.

Sa tenue traduisant directement ses paroles en messages, l’hypothèse fut partagée à ses compagnons de circonstance. D’un coup, la mission prenait une autre tournure, bien différente et bien moins plaisante. Ses capacités n’étaient pas véritablement de nature à permettre une élimination non létale, mais il n’y avait que peux de chances qu’on lui dise d’arrêter la créature même au prix de la vie d’une enfant, si cela s’avérait bien le cas.
Il regrettait presque d’avoir partagé cette idée. S’il l’avait gardée pour lui et que nul autre ne l’aurait eu, il aurait été plus facile de faire ce pourquoi sa présence avait été requise en ce lieu.

>> Je peux continuer à m’enfoncer dans le bâtiment, mais si l’hypothèse est juste, je suis pas convaincu d’y trouver quoique ce soit. Je vais déjà faire le tour si je trouve des traces.

Au pire, ça laissera le temps de se regrouper un peu et de réfléchir à la suite.
Les différents capteurs de sa tenue activés afin de repérer la moindre trace, il se mit donc à fouiller un peu plus le périmètre. Un simple indice permettant d’écarter ou non la possibilité que la créature traquée soit retournée à l’intérieur. Et, alors qu’il vit le King of Coins rejoindre le périmètre, une nouvelle idée lui vint.

>> D’ailleurs, elle habite loin la gamine ? Elle pourrait tout simplement vouloir rentrer chez elle…

Une enfant perdue, voulant fuir l’hôpital n’évoquant rien de bon et rejoindre la chaleur de son foyer et de ses parents. L’histoire était presque trop belle pour être vraie.

Jeune. Tu grimaces, amusée, sans pour autant rien ajouter de plus, te concentrant rapidement sur ton environnement. Et, tout aussi rapidement, ton sourire en vient à s’effacer, la réalité de votre situation te rattrapant. L’hôpital. Les enfants. Des innocents. Tu jettes un coup d’oeil au message que tu viens tout juste de recevoir de la part du King of Coins pour prendre le plus d’informations possible avant que finalement ton attention ne tombe sur la touffe de poils que désigne ton King.

Tu t’approches tout en dirigeant l’attention de ton drône sur les quelques poils pour ainsi les scanner et tenter d’obtenir plus d’informations que peuvent vous offrir vos yeux. - Si c’est vraiment d’elle, aucun doute qu’elle possède une puissance considérable. Très peu de contrôle, certes, mais à voir les dégâts… Un soupir s’échappe de tes lèvres.

Tu n’aimes pas ne pas savoir.
Ne pas avoir assez d’informations.

Ton regard revient au message d’Orias. - Tu penses qu’elle aurait pu avoir peur des traitements ? Et que l’ourson l’aurait protégé ? C’est l’idée qui traverse ton esprit. - Ou y aurait-il autre chose, dans l’hôpital, qui aurait pu l’effrayer ?

Quelque chose que seule elle aurait pu voir.

D’un hochement de tête, tu lui fais signe que tu le suis, envoyant ton drône plus loin devant vous, ton regard passant de devant toi à ton écran. Tu espères voir l’incendie maîtrisé, ne serait-ce que pour limiter les dégâts, bien que tu te dis que peut-être que tes capteurs pourraient y voir quelque chose, dans ce feu qui n’a sûrement rien de naturel. Plus de questions, toujours aucune réponse, que quelques suppositions n’ayant rien de concrètes pour le moment si ce n’est que votre instinct.

En espérant que sa chambre pourra vous donner plus d’indices et que les autres aient des résultats plus concluants.

Eh bien, il suffisait de demander ! Orias était quelqu’un d’assez pragmatique, et bien souvent pour trouver une cible qui n’avait pas laissé une piste assez importante, il suffisait d’attendre que d’autres méfaits soient commis pour qu’à force une traînée suffisante pour l’alpaguer soit laissée. Rien de bien sorcier en somme, c’était le B.A.BA de l’enquêteur feignasse qui à défaut de connecter suffisamment de neurones comptaient plus sur les erreurs de l’autre que sur ses propres compétences. Très humains au fond, n’était-ce pas ainsi que tous faisaient ? Les promotions n’étaient-elles pas données aux moins pires pour remplacer ceux qui avaient eu le tort de faire une erreur ? Enfin, ces tergiversations ne mèneraient pas bien loin. Contrairement à son Bringer Light qui, par définition, le ferait bien avancer.

La destination est simple, une volonté de rejoindre le théâtre de l’explosion. Contrairement à ses confrères, il ne se pose pas trop de question sur ce que c’est réellement. Le roux n’avaient même pas spécifiquement pour ambition de sauver la jeune fille. Si c’était possible, bien sûr il ne s’en priverait pas, mieux valait sauver le plus d’âmes possible. Mais dans son « secteur d’activité », on s’habituait aux pertes collatérales. On s’habituait aux sacrifices, à viser un résultat plus qu’un idéal. Et le résultat recherché aujourd’hui c’était de régler les problèmes que causaient cette créature et d’étouffer l’affaire. Peut-être le Roi des Pièces devrait-il en venir aux mains cette fois-ci ? En tout cas il se lance vers la fumée clairement visible en espérant y trouver leur cible pour la stopper rapidement.

Fouiller l’hôpital, retrouver où elle habitait. Deux voies possibles qui étaient, aux yeux de l’agent de Sword, les plus intéressantes à explorer. Du moins jusqu’à ce que de nouvelles données viennent entièrement modifier la situation.
Si un ours de feu était quelque chose de notable, la discrétion qui avait suivi son apparition première pouvait sembler étrange. Pourquoi agir de façon aussi remarquable en premier lieu pour de plus se manifester ensuite ? La réponse arriva bien rapidement.
Deux sources de désordre. Ce qui semblait être un accident, puis, ailleurs, une explosion. Dans les deux cas, les capteurs démontraient une origine liée à ce nouveau monde qu’il avait rejoint. Au moins, cela accélérait les choses.

Deux choix possibles.
Le parc Yoyogi, premier avènement à survenir. Plus léger, mais possiblement plusieurs témoins si l’accident probable n’était pas mortel.
Du côté de Harakuju par contre, la source semblait bien plus destructrice. Et donc intéressante. Etant le deuxième à se produire, suivre cette direction augmentait donc les chances de tomber face à leur cible.
Cible qui se confirma être comme eux selon les retours de Junichiro. A quel point, c’était une autre question. Et puis, la réponse à la question qu’il avait soulevée n’était pas encore obtenue. L’animal enflammé était-il un simple pouvoir ou bien également l’utilisateur ?
Il était donc grand temps d’enfin obtenir des réponses à ces interrogations.

>> Je sais pas si l’un de vous veut voir ce qu’il se passe du côté du parc, mais pour mon cas l’explosion paraît bien plus intéressante. Je me mets en mouvement.

D’une rapide course, il se dirige en effet vers le deuxième lieu d’intéressant, espérant ne pas se faire distancer par la source. Bien entendu, il avait entendu les consignes du King of Cups. Garder les cibles vivantes était un classique. Les questions à poser aussi, bien qu’il ne pouvait affirmer si la façon dont cela serait fait ressemble également à ce qu’il avait connu en mission.
Le fait que ce soit une enfant pouvait permettre d’en douter. Le fait que les gens pour qui il travaillait n’étaient certainement pas le genre à laisser des risques comme une simple gamine en liberté allait au contraire en ce sens.
La réponse, il supposait qu’il ne l’aurait jamais. Les informations qu’il était habitué à avoir étaient généralement celles strictement nécessaires.
Mais encore fallait-il que le fameux ours ne les oblige pas à ne laisser aucun survivant. Et ce n’était pas forcément gagné.

Il y a mille et une questions qui traversent ton esprit lorsque tu vois la seringue. Des inquiétudes, aussi. Comment ? Qui ? Tu as souvenir des expériences qui ont été faites sur toi, des tests, au début de l’organisation, jusqu’à ce qu’ils perfectionnent leur recette et que tu rejoignes leur rang.

Mais pourquoi une enfant ?
Pourquoi ici ?

Tu n’as pas la réponse et ça t’agace. Or, tu n’as pas le temps de vraiment y réfléchir, du changement se faisant voir sur l’écran que tu tiens entre tes mains. Et au même moment, ailleurs, une explosion. - Tch. Tu espères que les Coins sont prêts à gérer tout ça, car aux vues de la situation, les témoins semblent être nombreux. Tu emboîtes alors le pas de Junichiro, le suivant comme à ton habitude, avant de ralentir un peu, ton regard rivé sur ton écran. Il y a un moment d’hésitation, avant d’aviser ton King.

- Il n’y a plus rien. Tu lui fais signe de te suivre, lui demandant silencieusement de te faire confiance. - Au niveau de l’explosion, il n’y a plus rien. Alors que tu accélères le pas, lui tendant ton écran qu’il puisse constater par lui-même. - Et il y a une source d’énergie qui s’éloigne. Il pourra le voir, au niveau du parc, l’individu qui s’éloigne.

- Je pense qu’on peut laisser l’explosion à Orias et Jabberwock. Et que, de votre côté, vous pourriez partir à la poursuite de la source d’énergie, récupérant ta tablette tout en t’efforçant de faire disparaître votre propre énergie spirituelle des capteurs.

Au cas où votre cible puisse vous sentir venir.

Spoiler: