Taira Serena [Terminé]

Mais que fait une jeune femme aussi frêle dans les rangs de la septième division, historiquement marqué par une recherche exubérante de la masculinité  ? Inutile de lui poser la question, elle ne vous accordera qu'un sourire franc en guise de réponse. Même lorsqu'elle était encore qu'un siège de la division et professeur d'une classe optionnelle de musique au sein de l'académie, Serena développa cette envie profonde de contribuer à la réussite et surtout à l'épanouissement de ces étudiants qui, certes, avaient la chance de vivre dans une période de paix … mais qui connaissaient également les douleurs liés à la reconstruction du Seireitei et aux larmes de leurs aïeux ayant parfois tout perdu dans les récents affrontements.

Les bruits circulent rapidement et se déforment au gré des échanges entre les étudiants de l'académie. Serena a entendu tout et son contraire la concernant mais votre vision dépendra sans doute de votre classe sociale, pour un noble, elle paraîtra dédaigneuse, pour les autres, humble et respectueuse. D'une sobriété exemplaire, tant sur le plan de son apparence que de son comportement à l'égard de ces élèves, seuls ses passe-temps quelque peu exotiques viennent alimenter les rumeurs sordides des amphithéâtres. Entre les instruments de musique, collectés lors de ses rares visites du monde des humains, soigneusement exposé dans son bureau, et les sculptures représentant les étudiants gradués ayant obtenu un siège dans une division, certains se demandent même si ces statues ne dissimulent pas des corps d'anciens académiciens ayant échoué dans leurs cursus … Quelle imagination !

En tant que directrice de l'académie des arts spirituels, elle se refuse de porter son haori de capitaine dans l'enceinte du bâtiment. ''Cette tenue ne ferait qu’accroître l'écart qui peut exister entre les autres professeurs et moi ! Je m'y refuse!'' Répétait-elle dès lors qu'on lui reprochait ce faux-pas vestimentaire. Serena met un point d'honneur à distinguer clairement ces deux fonctions. L'académie représente pour elle le symbole même de l'égalité des chances entre les habitants du Rukongai et les enfants des familles nobles. En ce sens, elle ne supporte pas quand les grands noms du Seireitei viennent lui quémander des privilèges au niveau de la graduation cependant, pour ne pas créer plus de problèmes dans une période suffisamment délicate, elle répond à ces exigences et si elle peut balancer un pique ou deux en passant, elle n'hésitera pas. Elle ne porte même pas son Shihakushō mais laisse la liberté aux autres shinigamis enseignants de garder leur tenue. A la place, elle revêt l'uniforme blanc de l'académie ainsi qu'un haori bleu portant le symbole de l'académie dans son dos. Il va sans dire qu'elle laisse également son Zanpakutō dans son bureau lorsqu'elle se déplace dans les couloirs.

Dès qu'elle quitte l'école, que ce soit pour retourner dans les quartiers de la septième division ou pour se promener dans le Seireitei, elle pense bien à remettre sa tenue de capitaine. Le fait de ne pas vouloir brouiller ses activités ne signifie pas qu'elle ne doit pas prendre les responsabilités qui incombe à sa fonction. Sur son Shikakusho de shinigami, elle porte une fine ceinture aux reflets d’améthyste. Excepté cette note colorée, rien ne dénature avec l'uniforme classique d'un capitaine.

N'ayez crainte ! Même si elle peut se montrer stricte, envers les étudiants et les membres de sa division, vous pourrez toujours trouver une oreille attentive en frappant à la porte de son bureau. Elle risque cependant de prendre quelques tasses de thé noir durant la discussion si vous êtes du genre ''futur sauvage de la onzième'' ou ''chiard pourri-gaté de la noblesse'' La compassion reste un des symboles de notre division et il faut bien de tout dans ce haut monde.

''Hokuan, le troisième district de la zone Est du Rukongai … à la frontière entre l'hégémonie des grandes familles du Seireitei et l'anarchie régissant les quartiers plus éloignées du cœur de la Soul Society. Durant mon enfance, j'ai pu observer tous les versants de ce monde, de notre monde et ceux qui le gangrène le plus ne sont pas forcément ceux auxquels vous pensez. Mais je m'éloigne du sujet, je vous prie de ne pas inscrire ma dernière phrase dans vos notes ! L'essentiel à retenir est que j'ai grandis avec ma mère et mon jeune frère dans ce district et que jusqu'à mon entrée à l'Académie, je n'ai rien d'intéressant à vous raconter.

L'époque était bien différente vous savez ! Nous étions dans une période de quiétude pérenne et le fait de devenir Shinigami était perçu comme un privilège, un moyen de trouver un but pour occuper les siècles qui nous attendaient. Une simple chimère pour beaucoup, une lointaine lumière pour d'autres, une aspiration vitale pour moi ! Cela va vous paraître égoïste de ma part mais, je voulais me prouver que la graduation et l'intégration n'étaient pas un privilège de la noblesse et par dessus tout … démontrer à ma mère, elle qui n'avait jamais connu le nom de son Zanpakutō, que j'en étais capable !

Avant que vous me posiez la question, non, je n'avais aucun problème avec ma mère et encore moins avec mon frère mais la redondance quotidienne me pesait ! Mais sans prédisposition ou relation quelconque au-delà des Seireimon, pour qu'un enfant du Rukongai, dont la famille était étrangère aux divisions du Gotei, puisse intégrer l'Académie, il fallait qu'il se fasse remarquer, peu importe l'artifice utilisé ! En partant de ce postulat, j'ai pu comprendre le comportement de certains de mes camarades, puis des mes élèves même si, les évolutions récentes du processus de recrutement de l'Académie a garantit une meilleure hétérogénéité des promotions. En ce qui me concerne je percevais une fine porte d'entrée grâce à ma mère mais rétrospectivement, je conçois que j'aurai dû également attendre de … me faire remarquer. Sans le vouloir, durant les semaines qui ont suivi mon adhésion, j'ai été cataloguée avec les privilégiés, ceux ayant profité de la renommée de leurs aïeux pour se faire une place dans l'Académie.''

''Comme je vous l'ai indiqué, les classes s'organisaient en caste et durant les premiers mois, je me contentai de suivre les cours et les entraînements de mon côté. Je n'étais pas très douée en Hakuda et mon niveau en Zanjutsu se trouvait être dans la moyenne basse mais je me rattrapai en Kidō et Hohō. C'est pour cette raison que je suis restée six ans à l'Académie, je ne fais pas parti de ces prodiges qui ont réussi leur test de graduation aux termes de deux voir d'une seule année. A vrai dire, je ne regrette pas ces années ici en tant qu'étudiante. Même si les premiers mois furent imprégnés d'un sentiment incessant de solitude, je me suis rapproché d'un garçon, Tora, purement platoniquement je tiens à préciser.

Fils unique d'une famille de la noblesse basse de la Soul Society, il voulait profiter de l'Académie pour s'éloigner des préceptes rigides de ses aïeux. C'est d'ailleurs lui qui est venu à ma rencontre, au départ pour discuter des cours, des bases de l’entraînement, des livres et puis, de fil en aiguille, de nos objectifs, des raisons de notre présence à l'Académie, de nos attentes en tant que futur Shinigamis, de nos vies tout simplement ! Et le temps s'est écoulé si rapidement. Le Professeur Hirokotoba m'a également beaucoup aidé, durant mes derniers moments sur les bancs de l’amphithéâtre mais surtout après ma graduation … Je doute que vous l'ayez connu, il a quitté ses fonctions il y'a plus de cinquante ans. En ce qui concerne ma vie académique, je ne peux rien vous dire de plus. Les événements qui m'ont aguerri sont arrivés peu de temps après.

Un … ''accident'' a au lieu, environ trois ans après mon intégration dans la septième division. Je ne suis pas en mesure de vous en parler mais si vraiment vous voulez en savoir plus à ce sujet, les archives de la sixième division doivent avoir des traces de cet événement. Pour faire simple, j'ai tout perdu en quelques minutes, ma famille, ma volonté, mon avenir en tant que Shinigami. Je suis restée dans la division mais sans ambition ni désir d'évoluer en son sein. Pendant près de quinze ans, je n'ai pas libéré mon Zanpakutō et mon niveau a stagné … non, j'ai même régressé !

Puis un jour, lors d'une mission qui se voulait des plus banales, mon équipe et moi nous sommes retrouvés dans une situation critique, je me rends compte à présent que nous avons été piégé. Je ne l'ai pas réalisé à l'époque mais il s'agissait sans doute d'une expérimentation d'Aizen. En tout état de cause, j'ai du me confronter à mes craintes du passé et retrouver le lien perdu avec Naminageku. Suite à cette renaissance, je suis même parvenue à obtenir un siège auprès de la septième.''