look at how they crawl around (vaccio)

La solitude. C’est un sentiment qui t’a longtemps habité et dont tu as pourtant perdu l’habitude de ressentir. Dès lors que tu as abandonné cette vie solitaire pour te joindre au culte, tu as appris à vivre en communauté. À dépendre des autres mais aussi à ce que d’autres dépendent de toi. Ils t’ont guidé. Puis tu les as guidées. Et au fil de l’importance que tu es parvenue à gagner, eux sont devenus de plus en plus présents. Attirés par cette puissante lumière qui se détache de l’obscurité dès lors que tu déploies tes ailes.

Cependant, c’est différent, depuis que tu as rejoint La Cámara. Ils sont toujours là mais… C’est différent. Ils sont là sans pour autant s’accrocher à toi. Là où autrefois ils refusaient presque de te lâcher, leur prise ferme, quasi désespérée, aujourd’hui… Aujourd’hui elle se fait plus fragile, cette prise. Tout comme l’emprise que tu as sur eux se fait moins puissante. Parce qu’ils ont perdu foi en toi ? Non, pas vraiment. Parce que tu t’es lassée. Tu t’es lassée de cette position de pouvoir. De ce piédestal sur lequel ils t’ont placé. Tu t’es lassée d’eux. De cette poignée d’hollows incapable d’avancer par eux-mêmes. Tu en es voulu à vouloir plus. Tellement plus. Au travers cette guerre de puissance qui a ébranlé le Hueco Mundo, tu en es arrivée à vouloir une nouvelle place.

À vouloir cette place sur le trône.

Et pour ça, il te faut donc réapprendre à vivre. À vivre seule. Sans eux. Sans leur présence constante. Pas que ce soit vraiment difficile, après tout, voilà longtemps, des siècles mêmes, que tu n’as plus besoin d’eux pour exister, que tu n’as plus besoin d’être guidée pour avancer. Mais ça ne t’empêche pas de trouver un inconfort dans cette solitude pourtant artificielle, n’étant pas la seule Fracción de La Cámara. C’est seulement différent de tout ce que tu as toujours connu. Un nouveau chapitre qui s’offre à toi.

Un chapitre qui s’écrit beaucoup de tes voyages dans le Hueco Mundo. Sans trop t’éloigner du palais, tu aimes bien le calme que tu peux parfois y entendre. Aimes bien l’idée de voir plus loin. De peut-être découvrir de nouvelles choses. Alors tu t’y balades, seule. De cette démarche presque altière, la tête haute et débordante d’une assurance évidente. Tu es chez toi, ici.

Et tu es prête à faire brûler quiconque dirait le contraire.

Plus loin du palais où tu vis désormais, auprès des autres membres de la faction, tu es toujours surprise lorsque tu aperçois de nouvelles personnes. Un visage inconnu. Plus surprise encore lorsque tu as l’impression de voir cette âme… Errer ? Ne pas trop savoir où est-ce qu’il va, du moins. C’est le sentiment que tu as, lorsque tu le regardes. Un peu comme ces âmes encore confuses, dans le monde des vivants. Celle que tu as été, à une époque.

- C’est rare de voir si peu de vie dans le regard d’une forme aussi évoluée. Annonçant ainsi ta présence tandis que tu t’approches de lui, le bas de ta robe traînant sur le sol et effaçant tes pas. Tu l’observes, entre la curiosité et la surprise, sans sourire ni autre salutation. Ta voix n’est pas menaçante, tes gestes non plus, mais il n’y a pas de chaleur, dans ta façon d’être.

Qu’un vague intérêt.
De quoi chasser un peu l’ennuie.

Le Hueco Mundo est un étrange endroit, remplis d’âme en peine refusant obstinément leur destin. Et j’étais des leurs, bien que j’ignore ce qui me rattachait encore à ce monde dénué de sens. Les factions de ce monde me laissaient pareillement perplexe. Si Las Manadas et Les Escorias occupaient les places naturelles de prédateurs et de proies, La Cámara quand a elle venait se gargariser d’une quelconque supériorité vide de sens dans un monde comme le notre.

Qu’ils se croient supérieurs, qu’ils laissent leur confort émousser leurs griffes et leurs crocs. Bien assez tôt la véritable nature de ce monde leur rappellera au combien il est stupide de chercher à vivre dans un monde vide …

Alors que je levais ma visière osseuse en direction du pic rocheux, où je pouvais sentir nombres flammes s’activer et s’agiter, je me demandais combien de temps cette mascarade allait encore durer, avant d’être interrompus par une voix venus m’interrompre, et commenter le manque de vie dans mon expression.

Je me tournais ma visière osseuse vers la voix en question, découvrant qu’elle appartenait à une flamme rougeâtre, plutôt vive et crépitante. Je fixais cette flamme avec une expression impassible et inexpressive quelques secondes avant de répondre a ses commentaires.

« … Si la mort et le vide vous semble rare, c’est que vous êtes encore plus aveugle que je ne le suis … Il serait plus correct de dire que la vie est … une erreur … dans l’immensité de ce monde. Rien ne survit au sable blanc … Tout finiras un jour par y retourner, alors a quoi bon ? »

Sa réponse te surprend, te forçant à hausser un sourcil. Puis c’est un rire qui s’échappe de tes lèvres. Un rire avec une pointe de moquerie. Amusée, certes, mais plus par lui que par ce qu’il te partage. Tu l’écoutes, avec ce vague sourire sur tes lèvres, un peu de jugement dans le regard tandis que tu prends la peine de la détailler de la tête aux pieds.

Tu secoues la tête avant qu’un soupir ne traverse tes lèvres. - Blabla, la vie est futile et ne sert à rien, blabla nous ne sommes que fraction d’existence dans l’infini de ce monde… Le ton est las lorsque tu dis ça, roulant des yeux avec une exaspération non feinte. - Je vais devoir te contredire sur plusieurs points. Le premier étant que, le vide n’est pas si présent chez les autres, tu sais. Tu fais un pas vers l’avant, toujours aussi calme. - Même chez les formes les moins évoluées, ils sont animés de cette vie qui brûle en eux. Par la faim. Les besoins.

Tu continues de le dévisager, ton regard curieux posé sur ses traits. - Et pour ceux qui, comme toi et moi, ont évolué… Ils ont toutes sortes de façon de rester animer. De prendre plaisir à l’éternité qui s’offre à eux. Tu souffles du nez, toujours avec cet amusement presque moqueur. Il n’est rien de plus qu’une âme perdue. Voilà ce que tu te dis. Une âme qui s’est perdue dans l’obscurité du Hueco Mundo, dont le sable a effacé les traces.

Est-ce l’âge qui crée autant de lassitude ?
Ou au contraire, trop jeune pour apprécier l’infini ?

- Mais j’ai une question pour toi. Que tu reprends finalement. - Si la vie est une erreur, pourquoi continue-t-elle de se répéter sous toutes ces formes différentes ? Les humains. Vous, les Hollows, Arrancars, qui vivez ici. Les Shinigamis, aussi.

L’éternel cycle des âmes.
De la vie.

Je fixais cette flamme qui, décidément, ne voyait pas la cruauté du monde qui nous entourait, combien nous avions tués des notre pour préserver notre existence, aussi dénuée de sens que celles que nous avions fauchés. Celle qui se tenait devant moi semblait croire qu’il y avait un but sacré à cette vie qui ne faisait que subsister dans ce désert blanc.

Je penchais la tête sur le coté, gardant mon expressions neutre et impassible alors que je répondais a sa question d’une autre question.

« … Et qu’en est-il de tous ceux que vous avez tué pour prolonger votre existence, qui atteindra inexorablement sa fin un jour où l’autre ? C’est bien là toute la futilité de la vie dans ce désert. Nous tuons, pour vivre plus longtemps et tuer toujours plus jusqu’à ce que nous soyons nous même tuer. L’Escoras se cache en attendant une fin pacifique, Manadas se débat comme un poisson sur la berge. La Cámara préfèrerait l’ignorer sans doute, mais ils sont comme nous voué a disparaitre dans les sables, qu’ils en aient conscience ou non. »

Je me redresse écartant les bras pour désigner le désert qui nous entourait.

« Rien ne survit au sable blanc … Ni nos constructions, ni nos noms, ni nos exploits … Ce que vous célébrez n’est qu’une erreur contre-nature pour ce monde. Une erreur insignifiante face a la volonté du désert … Une erreur que nous incarnons tous … »

Il y a un long soupir qui s’échappe de tes lèvres tandis que tu l’écoutes parler. Une lassitude évidente vis-à-vis de ses propos, te retenant cependant de lui couper la parole pour ainsi le laisser terminer son idée. Ça ne t’empêche toutefois pas de lui donner ton avis, une fois sa longue tirade terminée. - Ah. T’es chiant, en fait. Les paroles s’échappent de tes lèvres tandis que ton regard ne le quitte pas. - Est-ce qu’on t’a déjà dit que tu es rabat-joie ? Une question rhétorique à laquelle tu n’as pas vraiment besoin de réponse.

- Si ton existence est une erreur, pourquoi alors est-ce que tu n’y mets pas fin ? Celle-ci, par contre, tu espères une réponse de sa part, et ce, même si tu poursuis un peu pour préciser ton idée. - Non parce que je veux dire, si ton existence n’a aucune importance, si ta vie n’est qu’une erreur et que le sable aura tôt fait d’effacer toute trace de ta personne… Pourquoi pas simplement te donner la mort, si c’est si futile ?

Pourquoi s’entêter à avancer, jour après jour ?
À continuer sa route, dans ce désert blanc s’étendant tout autour de vous.

- Et puis, je ne peux que te donner tort. Il y a des existences dont les autres se souviennent. Le Porteur de Flamme. Un nom qui a marqué ton esprit et celui de d’autres. Un titre qui a été usurpé à quelques reprises, mais dont le souvenir reste le même. Cette vive lumière dans la nuit. Douce chaleur des flammes au travers un froid mordant.

Un nouveau soupir de ta part. - Au final, il y a les forts et les faibles, ceux qui survivent et ceux qui sont écrasés pour créer cette route que les autres empruntent. Il n’y a pas plus sincère comme façon d’exister que celle-ci. La loi du plus fort. Parce que ce sont ceux qui s’accrochent à la vie qui survivent. Ceux qui sont prêts à tout sacrifier pour un souffle de plus. Car il n’y a pas de combat plus difficile que celui de sa propre survie. Et vous tous l’avez affronté, à plusieurs reprises. Vous tous qui avez su autant évoluer.

- Alors dis-moi… Pourquoi est-ce que tu vis encore ?
Pourquoi as-tu tué si ta vie est aussi insignifiante ?