La 11ème.. comment ca marche ?

Son palanquin avançait lentement vers les quartiers de la Onzième Division. Quelques jours auparavant, il avait eu le loisir de discuter avec Shinjiro San et leur discussion sur le titre de Kenpachi avait éveillé son attention. Il lisait les données que la Troisième avait sur ses derniers, pas grand chose en fait. Plus de Kenpachi depuis le grand Zaraki. C'était un peu triste et cela confirmait le Sanbantai Fukutaichō que Shinjiro pouvait gravir cette marche.

Les murs étaient d'ailleurs pour. Cela éviterait bien des chutes ! Ce souvenir le fit sourire alors qu'il continuait ses lectures. Des noms apparaissaient aussi dans les rapports mais rien d'important. Il ferma son son rouleau et prit un kaki afin de manger. Levant le voile, il entendait déjà les cris à moins de trente mètres. Son palanquin se posa sur le sol et il remercia ses serviteurs.

- Allez vous amuser un peu à l'auberge que nous venons de croiser. Mais... par pitié, pas d'esclandre avec les gars de la Onzième, hein ?
- Oui, Hinotori Dono, nous ferons attention !
- Tenez, cinquante kokus et amusez vous !

Mamoru considérait que ses serviteurs avaient le droit de profiter lors de ses absences. Il n'était pas de ses Grands Nobles à regarder les manants comme des esclaves à venir. Selon certaines rumeurs, ce n'était pas le cas de la Capitaine de la Neuvième Division, elle était aussi hautaine que belle. Et, surtout, de la très haute noblesse... Il eut un sourire narquois mais cela passa rapidement.

Entrant dans le bâtiment de la Onzième Division, les hommes le regardaient comme s'il était un pestiféré. Quelques chuchotements se firent entendre jusqu'à qu'un des hommes interpellent le Vice Capitaine. Une main se posa en même temps sur l'épaule de Mamoru.

- Hey le Blondinet, tu vas où comme ça ? T'as perdu ta mère ?
- Je cherche le Sixième Siège Shinjiro...
- Il est pas là ! Si tu veux voir des chefs, y'a Shirahime ! Elle est dans la salle d'entrainement là ?

Il remercia d'un geste de la tête le Shinigami et chuchota un mot, ce dernier s'écroula sur le sol en hurlant qu'il pouvait plus se lever. Mamoru le regarda un instant, haussa les épaules et entra dans la salle d'entrainement du Siège Shirahime. Il ne savait pas à qui il aurait à faire.

- Bien le bonjour ! Je suis le Sanbantai Fukutaicho Hinotori Mamoru. Je voulais voir Shinjiro mais on me dit qu'il est absent. Puis je m'entretenir avec vous un instant pour discuter de quelque chose, le titre de Kenpachi !

Il chercha la jeune femme de ses prunelles ambrées, une fois fait, il fit une légère révérence de salutation.

Il y a une chose qui est apparue comme une évidence, dernièrement : tu n’es pas assez forte. C’est quelque chose que tu savais déjà, ce n’est en rien une révélation, et pourtant… Et pourtant, ça suffit à t’ébranler un peu. Il te faut devenir plus forte. Tu pensais déjà avoir atteint un certain niveau, avoir franchi un palier, lorsque ton Zanpakutō t’a révélé son vrai nom et pourtant, face à Yuta, tu as été surprise de voir la puissance qu’il a pu déployer en si peu de temps. Le combat a été bref. Expéditif. Mais suffisamment long pour t’envoyer au tapis avec sans doute quelques côtes de cassées ainsi que le visage en sang.

Et il ne faut pas que ça se reproduise.
Ce pour quoi tu dois devenir plus forte.

Arme à la main, tu t’entraînes. Encore. Car c’est ce que tu sais faire de mieux. Tu attrapes ton marteau, ce dernier presque plus grand que toi, et tu frappes le sol d’un geste vif et rapide. L’impact suffit à envoyer une vague sur quelques mètres, pouvant ainsi voir la roche se fissurer. Un peu. Pas assez. - Tch. Agacée, tu recommences l’enchaînement. Tu prends l’arme. Inspire profondément. Puis tu bondis dans les airs, soudainement plus légère, entraînant avec toi ton arme qui ne pèse rien… Avant que la gravité ne revienne, te faisant chuter à toute vitesse vers le sol. À nouveau, l’impact. Cette fois-ci beaucoup plus violent que le précédent. Et ce, pas que sur le sol. Tu entends ta propre jambe craquée, retombée sans doute un peu trop lourdement.

Pestant contre toi-même, tu lâches ton arme le temps de quelques instants, te laissant tomber sur le sol. - P’tain. Tu étires ta jambe, d’abord pour vérifier que tu n’as rien de casser, avant de la bouger un peu pour t’assurer de sa mobilité. Et c’est dans cet état que tu te trouves, assise à même le sol, ton kimono tombant sur tes épaules, ce dernier mal ajusté, faute de ton entraînement, lorsque quelqu’un décide de faire son interruption dans ces lieux. Tu lèves des yeux, un peu agacée, ayant bien fait savoir aux autres de ta division de ne pas venir te déranger. Et vu les sillons et crevasses se traçant dans le sol, il est possible de rapidement comprendre pourquoi.

- Hm ? Tu clignes des yeux, surprises. - Sanbantai… Oh ! T’es le vice-capitaine d’Aizome ? Il t’a dit être de la troisième division, si ta mémoire ne te fait pas défaut. - Tu lui diras bonjour de ma part. Oh, et que j’attend qu’il me donne ton poste. Dans le plus grand des naturels tandis que tu te relèves, reprenant ton marteau dans tes mains pour lui redonner sa forme classique, un sabre que tu viens ranger dans ton fourreau.

- Asano Shirahime. Prenant le temps de te présenter. - Huitième siège. Un truc comme ça, t’es plus certaine. - Et sinon oui, que puis-je pour toi concernant le titre de Kenpachi ? J’imagine que t’es pas sans savoir que personne n’a actuellement ce titre.

Et si ce n’est pas le cas, t’es franchement pas la meilleure personne pour un rapide cours d’histoire.

Mamoru dodelina de la tête à la réflexion de la jeune femme. Comment... Comment ça Aizome voulait lui filer sa place ? En soit, il n'était pas attaché à un poste, c'était le Conseil militaire qui décidait et certainement pas lui. Ses prunelles observèrent l'énorme marteau dans un coin. Dans un sens, il était heureux de ne pas se prendre ce machin sur la gueule.

- Enchanté Asano San. Si Aizome Taichō souhaite vous nommer, il proposera votre nom au Conseil de Guerre. Vous aurez alors votre réponse après cette procédure. Pour le reste, pas moi qui décide.

Sa main s'était posée nonchalamment sur son menton alors qu'il répondait. Cela allait l'embêter évidemment mais... Bref, il était curieux de savoir quelque chose. Nagatsuki San était attaché à ses recherches sur les Hollows. C'était même sa raison de vivre. L'intrigue était amusante qu'il veuille une telle femme à sa place, ou, alors elle démontrait une certaine ambition. C'était louable.

- S'il a cette volonté, c'est que vous êtes une experte dans la recherche sur les Hollows ? Je serais heureux de partager nos connaissances plus tard, si vous le voulez évidemment...

Ses yeux se tournèrent à nouveau vers le marteau. Mamoru faisait pâle figure avec ses deux Wakizashis, à la droite de son hakama-himo blanc. Les talents de Bushido de cette Division représentaient bien la réputation qu'on se faisait d'eux. Il n'en doutait pas. Shinjiro San n'étant pas là, il allait simplement posé quelques questions à la jeune femme mais avant...

- J'ai amené quelques boulettes de riz au Curry avec des Kakis. Ainsi qu'une bouteille de saké. Vous souhaitez un peu vous requinquer après un tel entraînement. Enfin si vous le souhaitez ? Il tendait un panier à Shirahime. A elle de décider. Il continua. Pour vous éclaircir, je me demandais quelles étaient les règles pour devenir Kenpachi ? J'imagine qu'il y a quelques règles dans un duel de la sorte ? Je sais que le plus fort mérite alors ce titre mais c'est un peu court. Voilà, puis bon, Shinjiro m'a énormément parlé de cette Division lors de notre soirée, pour cela que je me suis décidé à venir.

Il s'asseyait tranquillement, se mettant à niveau de la guerrière.

Tu clignes des yeux en le fixant, semblant consternée par ses propos. Ayant fait preuve de cette désinvolture que tous te connaissent, tu ne pensais pas qu’il te prendrait de la sorte au premier degré. Et si tu as l’envie de lui demander jusqu’où s'enfonce le balai qu’il a dans le cul, tu te dis qu’il pourrait être amusant de continuer sur cette lancée. - C’est lui-même qui me l’a proposé et ma demande est déjà à l’étude. Sous ses recommandations, bien évidemment. Absolument pas, mais bon.

Ça t’amuse, de te moquer des autres.
Tu t’excuseras à Aizome plus tard.

- Oui, absolument. Une experte. Et quoi encore ? Tu dis pourtant ça avec aplomb, comme s’il n’y avait absolument aucun doute sur la question. Pour la journée, tu serais une prétendue experte des hollows, quitte à devoir mentir et inventer tu ne sais trop quoi pour que ce que tu avances soit crédible. - Avec plaisir. Pour ce partage de connaissance.

Pour ça aussi, tu t’excuseras à Aizome plus tard.

Mais bon, ça n’est pas le sujet du moment. Non, d’abord, il t’offre à manger. - Oh ! Bonne idée ! Je commençais à avoir faim en plus. C’est que ça creuse l’appétit, un entraînement de cette intensité. Tu t’approches donc jusqu’à t’asseoir à ses côtés, à même le sol, le panier désormais entre tes mains. Tu continues ensuite de l’écouter, ayant déjà une boulette de riz d’enfoncer dans ta bouche. - Les ‘ègl-...? Articulant difficilement, prenant finalement le temps d’avaler ta bouchée avant de reprendre. - Comment ça les règles ? Assez surprise, tant par la nature de la question que la raison qui le pousse à vouloir une telle information. Était-il intéressé par le titre ?

- Je suis pas étonnée de lui. Tu sais que Shinjiro accorde beaucoup d’affection pour la division qui l’a accueilli. - Mais sinon eh… Tu reprends une boulette de riz, gagnant ainsi un peu de temps. - Bah, comme dit, c’est le plus fort qui gagne. Après j’en sais pas vraiment plus, ça m’a jamais vraiment intéressé, d’être capitaine de la onzième… T’aimes pas les responsabilités et t’as pas envie d’en avoir.

T’es bien ici, sur ton huitième siège, à prétendre pouvoir faire ce que tu veux.
- Pourquoi ?

Le clignotement des yeux lui donna quelques réponses. Il était amusé par l'insolence de la jeune femme mais ne s'en formalisait pas. Les liens entre elle et son supérieur ne concernaient qu'eux et Mamoru n'était pas du genre à creuser dans les histoires des autres. Cela conduisait souvent à ce que les creusent dans les siennes.

Alors qu'elle mangeait, Shirahime prit la peine de lui répondre sur ses connaissances sur sa Division. Mamoru fut déçu de la réponse mais restait de marbre. Evidemment, depuis Zaraki Kenpachi, personne n'avait accompli de rite de passage. Et rares devaient être les survivants de cette époque. Pensif, il prit un kaki et croqua un morceau.

- Oh je parle pas de devenir Capitaine de la Onzième... Y'a tellement d'hommes et de femmes fortes dans cette Division qui le pourraient, notamment Kiryū San. C'est surtout le "Comment" qui m'intéresse ? On fait pas non plus une bataille royale et on voit ce qui se passe, donc il doit exister une tradition, une règle si vous préférez...

Il reprit un morceau de kaki afin de gagner quelques secondes. Maintenant, il convenait de répondre au "pourquoi". Donner des informations sur cette question n'était pas d'actualité, il était certain que la jeune femme ne serait pas intéressé par ses motivations profondes de toute façon.

- Je suis curieux des coutumes de nos Divisions et Kiryū San m'a rappelé votre tradition, mais, sans plus de détails... Vous avez connu Zaraki Kenpachi ?

Il ne savait rien de Shirahime. L'espoir qu'elle soit assez ancienne pour avoir connu cette période était possible après tout.

C’est un sujet auquel tu n’as jamais vraiment accordé d’importance. À quoi bon ? Tu n’aspires pas à devenir capitaine de ta division et tu n’en as donc pas vraiment grand chose à faire, de comment est-ce que les autres vont faire pour l’obtenir. De toute façon, est-ce vraiment nécessaire que d’avoir un capitaine ? À quoi ça sert ? Vous vous portiez bien pour le moment et pourtant vous n’en aviez même pas.

Une perte de temps, que tu te dis.

- Shinjiro ? C’est ça son nom, Kiryū ? Tu sais même pas. Mais il t’a parlé de lui, donc tu supposes que c’est encore de lui dont il parle lorsqu’il aborde le sujet de tous ces gens forts dans ta division. - Ouai, bon, il est pas mal, ouai. Les jeunes de sa génération semblent savoir tenir un combat. Et tu parles en connaissance de cause. Parce que si tu ne connais sa force que de réputation, tu as eu tout le loisir d’en affronter un autre ayant terminé à l’Académie en même temps que lui. Yuta. Et ton corps a eu du mal à se remettre de cet affrontement.

- Mais il est encore jeune. Pas assez formé, donc, que tu sous-entends. Même si ça ne change sans doute rien, pour le titre de capitaine de la onzième division. Vous êtes pas connus pour faire les choses comme les autres, et ça concerne ça aussi. - Par contre c’est pas mal, l’idée de la bataille royale. Tu prends une autre boulette que tu mets dans ta bouche, faisant au moins l’effort d’avaler avant de poursuivre. - Faudrait que je glisse l’idée…

C’est le genre de spectacle auquel t’aimerais bien assister.

- Y’a sûrement des règles. Je pense. T’es même pas sûre. Vous êtes la onzième, après tout. Et les règles, c’est pour ceux qui n’ont pas la force de les briser. - Je pourrais pas te dire. Il n’a pas demandé à la meilleure personne pour ça. Définitivement pas la plus intéressée.

- Non. Réponse simple à sa question. - Ils m’ont envoyé en prison avant que je sorte de l’Académie et il était déjà mort lorsqu’on m’en a sorti. T’hausses des épaules, continuant de manger tranquillement, partageant le tout sur le ton de la discussion, presque comme si tu parlais de la pluie et du beau temps. - Et toi, t’étais là avant que tout le monde crève ?

Le tact.
Bien digne de toi, ça.

Un silence suivit.

Une ancienne prisonnière ? Encore. Le Sanbantai Fukutaichō avait eu connaissance de cette politique afin de regarnir les rangs. Il n'avait juste pas vraiment constater qu'ils pouvaient être aussi nombreux. La montée en grade de la Vice Capitaine de la Seconde Division en était la preuve. Prenant un nouveau kaki, il croqua le fruit avant de répondre.

- Cela pourrait être rigolo... Imagine une bataille royale entre les membres du Gotei XIII avec, je sais pas moi, un anoblissement à la clé ou de la nourriture gratuite pour toute ta vie... Ce serait fun !

Dans un premier temps, il avait décidé de parler de ce qui semblait intéressé la jeune femme. Et... Mamoru admettait bien qu'il était amusé lui aussi de pouvoir voir un jour un tel combat. Il n'était pas le meilleur dans ce domaine, loin de là. Mais il savait se défendre.

- Faudra que je le propose au Capitaine, je vous tiendrais au courant si vous le voulez. Hésitez pas à passer un de ces quatre aussi, j'ai besoin d'entrainement, je m'enrouille.

Il avait pas combattu depuis des années, c'était une évidence mais en même temps, pourquoi se battre quand on est en paix ? Il fallait tenir son rang après tout. Cette invitation future permettrait aussi à Shirahime de revoir Aizome Taichō. Maintenant, il prit la décision de passer à la question la plus épineuse.

- Dans quelle prison ?

L'ancien Sixième Siège de la Seconde Division se réveillait. Il y avait deux types de prison dans le Seireitei. Celle des condamnés, disons normaux, et celle des condamnés à l'oubli éternel. Cette dernière était sous la garde de Sora San désormais. Pensif, un peu ailleurs, nostalgique peut-etre de cette époque, il se reprit vite. Il fallait bien avouer que si la récupération d'anciens prisonniers avait pu regarnir les troupes, moralement, c'était très discutable sur bien des aspects.

Tu n’es pas la seule enthousiaste à l’idée d’un battle royal entre shinigamis. Ce qu’il propose te fait doucement rire, manquant peut-être même de t’étouffer avec ce que tu essaies de manger. - Je pense que la nourriture serait le mieux. Que tu dis avant de poursuivre avec toutes cette désinvolture qu’on te connaît, sans même te soucier d’à qui est-ce que tu pourrais manquer de respect en cet instant précis. - C’est pas comme si ça servait à grand chose d’être noble, sauf d’avoir l’occasion de se sentir supérieur grâce à un titre pas mérité.

Voilà ton opinion sur la question.
Noble ou pas, au final, la mort les a tous emporté de la même façon.

Tu hoches alors de la tête, lorsqu’il te dit qu’il va proposer l’idée au capitaine. - Ouai, laisses-moi savoir. Si un jour ça se fait, je veux être aux premières loges. L’envie de tous les voir dans une même arène est très forte. Quoique… Peut-être que t’aimerais y être aussi, dans l’arène. Pas spécialement pour revendiquer quoi que ce soit, seulement parce que ça te semble terriblement amusant.

- T’as besoin de t’entraîner ? Question assez sincère, voir même peut-être proposition ? T’aimes bien te battre, donc s’il a besoin… Peut-être que tu pourrais lui filer un coup de main ? Pour le dérouiller ou alors pour lui offrir un aller direct à la quatrième division. Comme il préfère.

Évidemment, parler de la prison ouvre la porte à des questions. Un soupir s’échappe alors de tes lèvres tandis que tu gardes le silence quelques instants, sous prétexte que tu as la bouche pleine et qu’il vaut mieux donc que tu ne parles pas. - L’Ujimushi no Su. J’en suis sortie assez récemment. Il y a quelques années tout au plus. Ce dont il doit se douter, s’il connaît un minimum l’histoire des dernières années. Et tu ne peux que le supposer, ce dernier ayant complètement ignoré ta question quant à savoir s’il avait été là avant.

Avant que le Gotei 13 ne subisse de lourdes pertes.

- Mais bon, c’est de l’histoire ancienne, ça. La prison.
Parce que tu n’as pas l’intention d’y retourner.

S'entraîner. Il n'avait pas fait ça depuis... Bien. Il ne savait pas depuis combien de temps en fait. Devenu Vice Capitaine, il avait plus arpenté les auberges et passé de longues heures à dormir et à lire. La jeune femme l'intrigua et il opina à sa question.

- Vrai que ca ferait du bien. Si le coeur vous en dit un jour, passez à ma Division et vous pourrez alors profiter d'un séjour tout frais compris !

L'invitation était lancée, il la laissait décider du futur. Soudain, il entendit quelque chose exploser dans la salle d'entrainement d'à côté. Les Shinigamis de cette Division ne plaisantaient pas avec leurs entrainements. La mauvaise réputation les concernant était donc lourdement exagérée. Un sourire aux lèvres, il reprit son propos après ce gros bruit.

- En effet, c'est de l'histoire ancienne. Loin de moi l'idée de creuser plus loin mais cela m'a surpris sur le coup. Personnellement, à la base, j'étais contre la libération des prisonniers afin, surtout, de les laisser entrer dans le Gotei XIII. Posant un silence. Cependant, entre vous et la Nibantai Fukutaichō, je dois bien m'avouer que je revois ma position de plus en plus.

Shiori San l'avait impressionné par son flegme et son courage au travail. Une vraie administratrice de sa Division alors que Sora San devait glander à droite et à gauche, pour montrer ses gros muscles. La scène était tellement évidente qu'il souriait sans s'en rendre compte.

- Même mieux, cela m'a ouvert les yeux sur le fait que les plus humbles devaient avoir accès aux mêmes droits que les autres... Mais ça... Ce n'est qu'un doux rêve après tout.

Il avait donné son sentiment là dessus, sans trop y réfléchir. Depuis sa discussion avec Shinjiro San, il y allait plus à l'instinct certainement. Il tendit de nouveau les biscuits à la combattante.

- Resservez vous hein, c'est pour vous !

Un hochement de tête pour répondre à son invitation. Il est vrai que tu pourrais bien aller faire un tour par la troisième division, éventuellement. Surtout si ça te permet de te dégourdir les jambes. Et puis, ce n’est pas comme si vous n’alliez jamais être amené à travailler ensemble. Sans doute qu’une traque aux hollows particulièrement coriaces pourrait vous amener à devoir faire équipe, entre eux qui s’y connaissent largement plus que vous et vous… Qui savez frapper. Fort.

Le sujet de ton séjour en prison est un sujet qui, si tu n’as pas de problème à l’aborder, comme tu as passé là-bas la grande majorité de ta vie ayant suivi ta mort, n’est pas non plus le sujet sur lequel tu aimes le plus t’attarder. Encore moins lorsque celui que tu écoutes parler te fait savoir qu’il n’était pas vraiment d’accord à la réinsertion de criminels comme toi dans les rangs du Gotei 13. Malgré toi, sans même que tu puisses le retenir, tu laisses échapper un rire amer, presque mauvais, d’entre tes lèvres. Et ce, même s’il admet voir sa vision changer, grâce à des gens comme toi ou encore grâce à Shiori.

- C’est sûr que tu as eu suffisamment de temps pour te faire un avis de ma personne. Il y a un peu de mauvaise foi, dans tes propos. Un peu d’animosité. Tu te refermes, toi qui jusqu’à maintenant était assez détendue. - Bien heureuse par contre d’apprendre que ça t’a ouvert les yeux et que tu comprennes finalement que tous ont droit aux mêmes droits. Un claquement de langue agacé.

- C’est sûr que ça aurait été bien, à l’époque, d’avoir le droit de se défendre. Un droit que tu n’as pas eu. - Ou juste de nous dire pourquoi est-ce qu’ils nous enfermaient. Ça aussi, tu n’as pas su. Tu n’as pu que deviner, au fil du temps, sans que tu parviennes à avoir de réponse officielle, sur le sujet.

Et ce n’est pas de sa faute à lui. Et tu le sais. Mais tu ne peux pas t’empêcher de te sentir piquer, de bouillir aussi, face à tant d’ignorance. Et sans doute qu’il ne veut pas de mal et sûrement que ça lui vient seulement de son éducation… Mais c’est aussi ce que tu déplores. Cette façon que tous ont de tout accepter sans jamais questionner. De trouver ça acceptable, d’enfermer des shinigamis sans jamais leur dire pourquoi ni leur donner la chance de se défendre. De les enfermer pour des peut-être que, plutôt que des actions.

Alors oui ça t’énerve. Peut-être plus que ça ne le devrait.
Tant pis.

Mamoru observa la Shinigami de la Onzième Division. Non pas qu'elle avait tort, loin de là, mais c'était plutôt sa naïveté qui le surprit. Elle savait pourquoi on informait certaines personnalités sans procès... Un soupçon, rien qu'un soupçon, et on pouvait disparaître de l'histoire pour toujours. Ce n'était pas si simple évidemment mais accepter cela était le meilleur moyen de se préserver, en quelque sorte.

Il croqua dans un Kaki alors que la langue de son interlocutrice se faisait de plus en plus acide. Attendant quelques instants que la colère de Shirahime baissa, si tant était qu'elle pouvait baissée, il prit enfin la parole avec un petit sourire.

- C'est naïf. Ses yeux se tournèrent vers le plafond. Oui, c'est naïf. Tu connais les règles du Gotei XIII, concernant le soupçon. Si tu es une menace, le Nibantai s'en occupe. Il n'y a pas là dedans de bien ou de mal, c'est juste comme ça.

Et cela pouvait recommencer à tout instant. Mamoru évita de préciser ce fait mais il était évident qu'ils étaient surveillés. La moindre incartade contre les intérêts du Gotei XIII pouvait signifier un retour en prison, sans procès. Croire que s'élever dans l'armée allait les protéger était une illusion aussi. Un sourire mélancolique apparut sur le visage du Shinigami alors que ses pensées le traversaient. Avalant les restes du Kaki, il continua froidement.

- Tu penses sincèrement être libre ? Que ferais tu de réellement sérieux pour rester libre ?

Il n'y avait aucune animosité dans ses paroles. Juste deux interrogations froides sur la réelle situation de l'ancienne prisonnière. Selon le Vice Capitaine, elle ne voyait pas qu'elle était que de la chair fraîche afin de regarnir les troupes du Gotei XIII. Pas plus. Pas moins. Ceci dit, la seconde question avait aussi une autre portée dans son esprit. Il voulait savoir ce qu'elle pensait vraiment sur sa situation.

- Ne le prend pas mal hein, je t'apprécie. Mais là dessus... Je le répète, tu te fais des illusions.

Sa langue claqua dans l'air comme un couperet. La société de la Soul Society n'était après tout qu'une illusion.

Mauvais est le rire qui s’échappe de tes lèvres. Un rire qui n’a rien d’amusé. Qui a tout de brisé. Un rire qui pourrait presque être menaçant. De ces rires jaunes qui prennent naissance dans la douleur et l’incompréhension. Tu le dévisages, avec cette flamme dans le regard. Celle-là même que tu étouffes bien souvent, pour canaliser le feu qui brûle en toi. Pour ne pas exploser. T’embraser. Pour garder le contrôle. De toi-même. De tes pensées.

Pour ne plus être cette menace qu’ils ont vu en toi.

C’est toutefois difficile de garder ce contrôle devant de tels propos. Devant l’ignorance dont il fait preuve. Ou alors c’est qu’il ne fait que se fermer les yeux ? Témoin silencieux des horreurs qu’il n’approuve pas mais qu’il ne dénonce pas non plus. Dans tous les cas, peu importe sa position, il n’est pas que spectateur inactif d’injustices qui ponctuent votre quotidien à tous les deux. Il est celui qui ne voit aucun mal, dans ces mêmes injustices. Rien de bien, certes. Mais aucun mal. Qu’une triste réalité factuelle à laquelle il vous faut simplement vous soumettre. - T’es pathétique. Les mots sont plus rapides que ta pensée, lors de cette accusation venimeuse.

- Rien de mal, vraiment ? Presque crachées, ces quelques paroles. - Il n’y a rien de mal à enfermer des innocents ? Des gens qui n’ont absolument rien fait ? De les enfermer sans procès, sans voix et sans même leur dire ce qu’ils n’ont pas fait ? Tu es consternée. Consternée de tels propos venant de celui que tu appréciais, jusqu’à maintenant. - Bien évidemment que c’est juste comme ça, quand on garde les yeux fermés. Claquement de langue agacé.

- Comme ça doit être facile, la vie d’un ignorant. À nouveau, une accusation. - La vie de celui qui ignore le mal qui ronge l’organisation. Bien évidemment que c’est juste comme ça, si personne ne dit rien. Si personne ne s’insurge. Rien va jamais changer, si tous ces connards qui se croient supérieurs grâce à leur nom ne disent jamais rien.

Tu t’emportes. Le fusilles du regard. - T’en fais pas. Lorsqu’il te dit de ne pas le prendre mal. Qu’il t’apprécie. - C’est pas réciproque. Ça l’était, jusqu’à quelques instants plus tôt. Jusqu’à ce qu’ils te révèlent une position que tu ne peux tolérer, sur le sort de ceux qui n’ont rien demandé. - Et pour répondre à ta question, oui je me considère libre. Pas exactement. Toujours prisonnière d’un système injuste. Cruel. Qui se targue de vouloir ce qu’il y a de mieux mais n’a aucun regret de faire le mal. Mais tu te sens libre. Plus que lorsque tu étais en prison.

- Faut vraiment être complètement à côté de la plaque concernant la réalité de la chose pour comparer notre vie ici, au sein du Gotei 13, à la prison. Tu le dévisages avec mépris. Car peut-être que tu n’es pas aussi libre que tu le voulais. Mais tu as une certaine liberté de mouvement. La liberté de vivre.

Et tu as retrouvé ton Zanpakutō suite à une cruelle séparation de près de cent ans.

La réponse le surprit. Mamoru dodelina de la tête en l'écoutant. Mais... Elle l'avait entendu où bien ? Quand avait-il dit que c'était bien ou mal ? Posant les mains en arrière, son corps se pencha un peu en soupirant. Ses paupières se baissèrent encore un instant et il prit quelques secondes de réflexion. Si en soit, il comprenait ses propos, il la trouvait encore plus naive qu'il ne l'aurait cru.

Tout sourire, il lui répondit.

- Je te l'ai dit, il n'y a pas là dedans de bien ou de mal. C'est la loi qui est ainsi, c'est comme ça. Est ce juste ? Est ce que notre société est juste ? Pourquoi un enfant a le droit de manger et pas un autre ? Nos lois sont ce qu'elles sont.... Il soupira derechef. Il en est de même pour la loi du soupçon. Qu'est ce qui est pathétique ? Admettre l'existence de la loi ? Non.

Il connaissait lui même cette loi. Combien de fois il n'avait pas été amené à l'exécuter pour le bien commun ? Bien trop souvent. La Soul Society était née avec ses traditions et de ses coutumes. L'injustice était sa loi primordiale, la Noblesse, les Castes, la Division entre Seireitei et Rukongai... Tout était toujours une affaire de division. Ensuite, se rajoutait des lois afin de protéger ces coutumes, fruits amers de l'injustice, elles ne pouvaient être qu'encore plus terribles.

L'arrivée des Ryokas et toute l'histoire autour d'Aizen avaient libérés en partie les moeurs du Gotei XIII. Mais c'était bien la seule organisation à avoir été si loin. Les plus riches gouvernaient en dehors de l'armée. Quelques grandes familles bourgeoises avaient pu gagner des places au sein du Conseil des Sages mais c'était peu de choses... Ces dernières acceptaient encore plus les lois avec cette garantie d'évolution sociale et politique. Finalement, rien n'avait fondamentalement changé.

- Et pour te rassurer. Je n'ignore en rien le mal de la Soul Society. Bien plus que tu ne pourrais le croire.

A une monotonie douce, son ton devint très sombre. Le visage du Sanbantai Fukutaicho dessinait une certitude, une volonté. La rage de Shirhime, il la comprenait bien mieux qu'elle ne pouvait l'estimer.

- Pour combattre quelque chose, il faut admettre son existence. C'est ainsi que ca marche...

"Si un jour tu veux combattre cette injustice, tu pourras venir avec moi si tu veux..." Il aurait continuer son propos de cette manière mais s'en garda. Comme un marteau tombant sur un clou imaginaire, il estimait qu'il n'était pas temps de préciser ses pensées. L'instinct de Shirahime lui plaisait. Elle sentait dans sa chair spirituelle l'iniquité de ce monde. Comparé aux humains, ils restaient tellement enfermés dans des lois rigides et insultantes pour toute forme de vie. Il regarda à droite et à gauche, et, se rapprocha de l'oreille de la princesse au coeur sauvage.

- Si un jour, tu dois te battre pour tes convictions... Le ferais tu ? Au risque de retourner d'où tu viens, voir, de mourir.

Il était curieux de savoir jusqu'où elle pourrait aller. Etait-elle une supercherie comme les autres ?

Tu as envie de lui faire ravaler son sourire. Parce que ça t’agace. Parce que tu y vois une forme de moquerie, à ce sourire qui répond à tes derniers propos. Tu as aussi envie de lui faire ravaler ses paroles. Parce que tu as l’impression qu’il ne t’écoute pas. Qu’il n’écoute pas ce que tu dis. Ce que tu as envie d’hurler. - Tais-toi. Que tu lui dis alors que pourtant, il continue. - Ce qui est pathétique, c’est d’oser dire qu’il n’y a rien de mal dans tout ça. Ce que tu lui as déjà dit, mais à croire que tu as besoin de te répéter. - C’est de ne pas voir le mal dans tout ce que tu décris. La loi. L’injustice de cette dernière. Les horreurs qui peuvent être commises au nom de la loi.

- Tu réalises quand même à quel point c’est aberrant ce que tu dis, non ? Il y a de l’hésitation dans ton regard. Pas concernant tes propos, là-dessus tu es très convaincue de tout ce que tu avances. Non. Le concernant lui. Si c’est qu’il préfère fermer les yeux ou s’il est vraiment si ignorant. - Te méprend pas hein, je sais comment est-ce que ça fonctionne et j’ai pas besoin d’un noble privilégié pour m’expliquer les choses. Tu n’es pas débile. Tu as vite compris comment les choses se passent, ici.

Est-ce une raison pour ne pas espérer que les choses changent ?
Absolument pas.

- Je pense juste que c’est pas déconnant d’espérer d’un système de justice, et bien, qu’il soit juste. Tu roules des yeux, exaspérée. Exaspérée par lui. Par son incapacité à comprendre ce que tu lui dis. Tu admets l’existence des lois. Tu sais qu'elles existent. Tout comme tu as très rapidement eu très vite conscience de toutes les injustices qui existent dans le système actuel. Tu le sais. Le sais très bien.

Et c’est ça que tu déplores.
Que tu dénonces.

L’incompréhension vient ensuite se dessiner sur tes traits. Rien de bien ni de mal, qu’il t’a dit, se refusant alors de voir que le mal existait bel et bien dans ce système fautif où la voix d’un individu possiblement innocent n’a aucune importance. Pour après te parler d’admettre son existence ? Puis il s’approche et tu recules, mouvement instinctif alors que tu te redresses. Mieux vaut ça que de le repousser avec un peu plus de violence. Shiori te l’a dit, demandé, que d’apprendre à te maîtriser. - Je crèverais pour elles. Sans même un instant d’hésitation.

- Et je crèverais avant de retourner là-bas. Arme rangée à ta taille, tu lui jettes un coup d’oeil, à celui qu’on t’a arraché pendant près d’un siècle. À ce soutien que tu as perdu, envoyée seule dans loin de la surface pour un crime que tu n’avais pas encore connu. Puis il y a un soupir qui s’échappe de tes lèvres, fermant des paupières quelques instants pour t’éviter d’exploser davantage. Une main qui se glisse sur ton visage pour préserver ton calme.

- Tu sais quoi ? T’as eu les infos que tu voulais et je n’ai plus faim. Je vais reprendre mon entraînement.

En d’autres mots : tu n’as plus envie de poursuivre cette discussion.

Mamoru prit soin de ne jamais l'interrompre. Son attention allait plutôt vers l'entrée de la salle d'entrainement. Il était clair que tout le monde l'entendait, au moins sur les mots les plus tranchants. Il soupira et se leva lentement. Le silence était devenu à ce moment là un manteau dont le Shinigami aimait se parer quand il avait des décisions à prendre.

Il ne pouvait s'opposer à ses paroles. La compréhension de la situation était claire. Cependant, il craignait que son côté impulsif lui apporta plus de danger qu'autre chose. La Onzième Division était aussi pleine de membres de la Seconde Division, du moins on en avait compté beaucoup en peu de temps. Tapotant se cuisses afin de redonner du sang à ses muscles, il se pencha un instant vers elle.

- Tiens, si tu as la Foi dans tes paroles.

Un billet de papier l'accompagnait, une adresse et une date mentionnées dessus. C'était un hameau dans le Second district du Rukongai. Le geste avait été rapide et couvert en grande partie par sa position. La jeune femme méritait de plus amples informations sur ses pensées mais... qu'en était il de sa résolution ? Il avait toujours un profond doute.

Se relevant, son visage léger et doux devint froid et glacial. Comme un masque qui parait ses traits.

- Vous devriez faire attention à vos paroles. De telles paroles pourraient vous valoir votre retour en prison, sans discussion et encore moins d'un procès. Je m'en vais donc... Bonne continuation.

Le Sanbantai Fukutaichō se tourna alors et fit signe aux témoins de se retirer de sa vue. Désormais, la question était de savoir si elle serait là le lendemain vers minuit ? Mamoru n'en savait rien mais, pour une fois, il avait peut-être trouvé une personne attachée à ses valeurs, plus qu'à sa vie. Il aurait vite la réponse.

- Fin -