After hours [PV Hanae]

Tu aurais pu rester à l’Arcānum et passer la nuit dans cet appartement qui est le tient, situé au même étage que vos laboratoires. Et c’est même généralement ce que tu fais, ton attention rarement appelée ailleurs qu’ici. Ou alors c’est que tu ne la laisses pas être appelée ailleurs qu’ici ? C’est très possible. Dans tous les cas, tu aurais pu, et c’est sûrement ce que tu aurais fait, si tu n’avais pas besoin de prendre un peu d’air. Devant une impasse depuis quelques temps, à toujours relire les mêmes lignes et formules, tu t’es dit que de passer une journée ou deux loin des laboratoires pour ainsi pouvoir revenir avec un regard plus objectif ne te ferait pas de tort.

Sortant alors de votre base opérationnelle, direction ta voiture, tu es forcée de ralentir le pas tandis qu’une berline sombre s’arrête à ton niveau. Tu hausses alors un sourcil, surprise, tentée de continuer ta route sans t’y intéresser davantage, avant que la vitre ne s’abaisse et que tu puisses alors reconnaître le passager. - Oh, bonsoir Junichiro. Tu réponds à son sourire, bien que ton regard toujours aussi curieux, plus encore lorsqu’il te propose de te raccompagner. - Ce n’est pas une ou deux heures supplémentaires qui changeraient grand chose, vous savez.

Et sans doute qu’il sait.
Tu n’es que très rarement en dehors de ton laboratoire.

Le tout dit sur le ton de l’humour, tu hoches doucement de la tête avant de monter dans la voiture, te disant que tu n’aurais qu’à prendre un taxi la prochaine fois pour revenir ici, laissant alors ta voiture dans le stationnement de la place. - C’est concernant quelque chose d’important ? Et la question mérite de se poser.

Après tout, vous vous êtes vus aujourd’hui. Vous avez discuté, travaillé et tu lui as rendu quelques rapports. De quoi pouvait-il bien vouloir te parler là, tout de suite, qu’il n’avait pas abordé aujourd’hui et qui ne pouvait pas attendre le lendemain ? Tu t’installes alors confortablement sur ton siège, te disant que sa voiture est largement plus confortable que la tienne, bouclant ta ceinture avant de ramener tes prunelles sur lui. Pas que ça te surprend, de le voir à bord d’une telle voiture, installé à l’arrière qui plus est.

Ce qui te surprend, c’est de le voir à l’extérieur de l’Arcānum.

Un peu d’humour, alors que pourtant il n’a pas vraiment tort. Tu n’as même pas besoin de l’inviter à te donner plus de travail pour te tuer à la tâche : tu le fais déjà toute seule, comme si tu craignais d’avoir trop de temps libre. Tu réponds donc seulement par un sourire teinté d’amusement, secouant doucement la tête de droite à gauche. - Il paraît que je dois me ménager, si je veux rester en poste encore longtemps. Il paraît, oui, que te soucier de ta santé est important.

Enfin, là n’est pas le sujet et tu t’intéresses donc à savoir quelles sont les raisons qui l'ont poussé à t’inviter à te raccompagner chez toi. Dans ce petit appartement où tu habites depuis une bonne dizaine d’années désormais, n’ayant jamais quitté ton trop petit studio étudiant minable dans lequel tu ne passes plus beaucoup de temps, restant plus souvent qu’autrement dans tes quartiers que t’ont offerts l’organisation.

Les raisons qui t’ont mené à te dévouer de la sorte pour l’Ultima Necat.
Voilà ce qu’il veut savoir.

Il s’est souvenu de ton cruel besoin d’argent et tu grimaces légèrement lorsqu’il te rappelle cette période de ta vie. - Parce que j’étais une étudiante fauchée qui n’arrivait pas à jongler un travail minable avec un salaire tout aussi pourri et mes études et il me fallait tout de même payer mon logement et de quoi manger. Tout simplement.

Tu as toujours eu une situation financière assez précaire, tes parents assez pauvres qui n’ont pas eu les moyens de payer tes études. Et vers la fin de ces dernières, tes économies devenues inexistantes, il t’a fallu prendre une décision et des tests cliniques te semblaient assez simples et peu demandant pour le montant d’argent offert. - Et maintenant, j’ai l’opportunité de faire plus que tout ce que j’aurais pu m’imaginer faire ailleurs, en ayant accès à une technologie que je n’aurais jamais cru possible avant d’arriver ici. Ton regard s’éclaire de cette flamme passionnée qu’on te connaît bien. La raison pour laquelle tu n’as aucun mal à travailler autant.

- J'aime ce que je fais et je suis curieuse de savoir ce que je pourrais faire, avec un peu plus de temps, d’expérience et de connaissance. C’est ce qui me motive à continuer. Et tu pourrais aussi partager le fait que tu penses que ta grand-mère a été une Fullbringer de son vivant, que c’est ta façon de lui rendre hommage. Or, c’est souvent un sujet que tu gardes sous silence.

- Au fait, vous avez mon adresse ?
Constatant que tu n’as rien eu à dire pour vous approcher du quartier peu recommandable dans lequel se trouve ton appartement.

Est-ce que tu avais d'autres alternatives ? Oui, sans doute. - Sûrement. Tu fais mine de réfléchir quelques instants. - J’étais épuisée, submergée je manquais de temps, et d’argent, alors j’ai pris la première solution qui s’est présentée à moi. Celle qui t’apparaissait, à l’époque, comme la plus facile. Celle qui te demandait le moins d’engagement en terme de temps pour l’argent offert, te permettant alors de respirer un peu et de dormir plus qu’une poignée d’heures par nuit. - Avec du recul, j’ai conscience d’à quel point ça aurait pu mal se passer et le danger dans lequel j’aurais pu me retrouver, mais j’étais désespérée. Et tu refusais d’abandonner tes études. De leur donner raison, à ceux qui croyaient en ton échec.

- Mais finalement, je suis contente de comment les choses se sont passées. Contente d’être ici. D’avoir rejoint l’Ultima Necat. Contente de ce que tu fais et des projets auxquels tu participes. Contente aussi de ton avancement, du titre qui est le tien finalement, de la façon dont tu t’es démarquée. Ça aurait pu être bien pire, surtout en sachant à quel point tu as signé rapidement, sans porter attention aux notes en bas de page. Heureusement que tu t’en es bien sortie.

Qu’aujourd’hui tu as ce travail dont tu as toujours rêvé.
Tu as des connaissances que tu ne te serais jamais imaginé.

Il cherche à en savoir plus, rebondit sur ta réponse pour s’intéresser à ce que tu penses, de toutes ces informations sur ces mondes invisibles dont tu n’as jamais eu conscience avant ces tests faits sur toi. - C’est justement les aliens interdimensionnels mangeur d’hommes qui rendent les choses plus intéressantes encore.

Il y a l’esquisse d’un sourire amusé sur tes lèvres. - Lors de mes études, j’avais comme objectif de voir jusqu’où il serait possible les limites de la technologie… Tu cherches tes mots, ton regard toujours dirigé vers lui. - Et maintenant, je sais que je n’aurais jamais pu atteindre ces limites. Pas si tu étais restée dans l’ignorance. - Et plus important encore… C’est de l’humain, maintenant, dont je veux surpasser les limites. Parce qu’il y a cette guerre qui se déroule avec comme champ de bataille notre monde et je pense qu’il est temps d’affirmer notre place. De ne plus être que spectateur. De faire votre place sur ce grand échiquier que vous aviez rejoint que très tardivement par rapport aux autres.

Un rire s’échappe finalement de tes lèvres tandis que tu jettes un regard au travers la fenêtre. - Je sais, très beau, très animé, aussi. Et pas le genre d’animation très rassurante. - Je n’ai jamais déménagé hors de mon studio étudiant.

Ce n’est pas comme si tu y passais beaucoup de temps, de toute façon.

Tu as eu de la chance et tu le sais. Les conséquences auraient pu être désastreuses. À la place, ton regard s’est ouvert sur un monde t’étant jusqu’alors inconnu et tu as pu t’épanouir au travers ces projets concernant des enjeux que tu n’aurais jamais pu suspecter. - Avec plaisir. Je n’y ai jamais mis les pieds, ce sera l’occasion. Parce que tu ne sors pas beaucoup ou parce que tu n’as jamais eu l’argent pour le faire ?

Sans doute un peu des deux.

Lui partageant tes raisons d’être restée à l’Ultima Necat, tu es rassurée de constater que vous semblez avoir des idées similaires sur le sujet, ne serait-ce que sur votre place dans ce monde. Tu veux que l’humanité puisse s’affirmer, transcender l’Homme pour pouvoir faire face à tous ces êtres qui ont l’avantage de l’expérience. Vous êtes jeunes, dans tous ces enjeux, et c’est aussi ce pour quoi tu te montres prudente. Ce pour quoi tu veux en savoir plus et les étudier. Pour ainsi savoir à qui est-ce que tu as à faire. Tu lui adresses donc un sourire ainsi qu’un hochement de tête, appréciant de savoir qu’il vous serait sans doute possible de travailler ensemble là-dessus.

- Les vieilles habitudes ont la peau dure, alors je mets de côté tout ce que je peux, au cas où. Ne jamais te permettre d’excès, rien qui ne serait pas nécessaire. Car c’était ça que d’avoir grandi dans la précarité. - Et il y a aussi une partie de mon salaire qui va à mes parents. Tu parles rarement d’eux. Encore moins de ta relation avec eux. De cet argent que tu leur verses tous les mois, qu’eux aussi aient droit à une meilleure vie.

Le remerciant tandis que tu ouvres la porte de la voiture, prête à en sortir, tu te surprends à quelques secondes d’hésitation. - Vous voulez monter ? Je vous offre le café. Une invitation comme tu en adresses que très rarement, tes relations souvent inexistantes en dehors de la base d’opération de l’Ultima Necat.

Or, tu te dis que ce n’est pas une mauvaise idée.
Qu’il serait bien d’apprendre à connaître qui est ton nouveau King.

Il y a ce sourire sur tes lèvres, tandis qu’il te suggère fortement de profiter du salaire que t’offre ton poste au sein de l’Ultima Necat. - Je me suis achetée une nouvelle voiture ! Oh, tu sais très bien que ce n’est pas ce à quoi il fait référence, cependant, il y a ce trait d’humour accompagnant ton sourire tandis que tu essaies de faussement te justifier. Tu sais que tu passes tout ton temps dans les laboratoires, si ce n’est pas dans ton bureau. Que tu n’as pas vraiment de vie, en dehors de ton travail. Alors ton argent ne te sert pas vraiment, sauf pour ce qui est nécessaire.

Il te dit de vivre un peu.
C’est, du moins, ce que tu comprends de ses paroles.

Tu l’invites pour un café, la porte entrouverte, prête à sortir, et il négocie pour de l’alcool. - Va pour l’alcool dans ce cas. Par contre, je préviens, je doute que ce soit à votre goût. Ce que tu as n’es pas d’excellente qualité et tu n’es donc pas certaine de si lui, qui doit sûrement avoir l’habitude de produits plus luxueux, puisse en apprécier le goût.

Sortie de la voiture, tu l’observes s’éloigner quelques instants avant de lui faire signe de te suivre, te dirigeant alors vers la vieille porte d’entrée menant à l’intérieur du bâtiment. Tu t’approches de l’ascenseur, vieil appareil grinçant en lequel tu n’as pas spécialement confiance, cependant, il n’a jamais lâché en la dizaine d’années que tu as passé ici donc tu imagines que ça va. Tu invites l’homme à rentrer à ta suite dans l’espace exigu, regrettant presque en le voyant si richement vêtu dans ce décor qui crierait presque la pauvreté.

Tu gardes alors le silence, légèrement mal à l’aise, jusqu’à ce que les portes s’ouvrent au cinquième étage et que tu puisses le guider jusqu’à ton appartement. Ce dernier est petit, un peu en désordre, un sofa qui fait aussi office de lit meublant le salon avec une table basse sur laquelle traîne une bouteille d’eau abandonnée et un sac de chips refermé. - Ne faites pas attention au décor.

Alors que l’endroit semble beaucoup plus vivant que ton bureau.
Plus personnel, surtout.

- J’ai de la bière ou sinon je pense que je dois avoir de la vodka ou du whisky quelque part… Ayant retiré tes bottes avant de te diriger vers le semblant de cuisine du l’appartement.

Bon, finalement, tu aurais peut-être dû lui proposer un bar du coin.
Enfin, non. Ça aussi ça aurait été une mauvaise idée.

Tu pourrais déménager et peut-être que ce serait la bonne chose à faire. Tu as les moyens de déménager, en plus, de te prendre plus grand et plus confortable. Le seul problème ? Ça te demande du temps que tu n’as pas, pour déménager toute cette vie qui fut la tienne ces dix dernières années. Puis il y a un certain confort dans la stabilité. C’est rassurant.

Un sourire en réponse à son commentaire, puis un regard presque désolé. - Je pense que je n’ai que vieux de neuf ans. La vérité est que tu n’as pas de vin chez toi, encore moins vieux de quelques années.

Le chemin jusqu’à ton appartement n’est pas bien long, montant les quelques étages avant d’arriver dans un petit studio en désordre, avec des piles de bouquins ici et là, des vêtements qui s’entassent sur une chaise et un ordinateur portable en équilibre précaire sur la petite table basse. - Disons que je suis plus assidue lorsque ça concerne mon environnement de travail. Avec un petit rire gêné tandis que tu attrapes un verre et ta vieille bouteille de whisky. - Mais pour ma défense, c’est que je manque d’espace de rangements. Et qu’en dix ans, tu as accumulé pas mal de choses.

Servant son verre avant de prendre une bière pour toi-même, tu constates qu’il a déjà pris place sur ton sofa. Tu déposes alors vos breuvages sur la table basse pour te permettre de libérer la chaise, amenant rapidement les vêtements dans ta chambre pour finalement y prendre place. - Hélas, non. Il n’y a rien d’aussi intéressant ici. Que des livres de cours, ou de recherches, avec ce vieil ordinateur qui ne me sert plus vraiment. Puis bon, même si ça ne paraît pas trop… J’aime bien ne pas trop penser au travail, quand j’ose finalement en sortir le temps d’une soirée. Donc pas de laboratoire caché dans lequel te perdre trop d’heures, réservant ça à celui que tu avais dans votre base d'opérations. C’était suffisant, et largement mieux équipé que ce que tu aurais pu avoir ici.

- Vous me permettez une question ? Que tu lui demandes, portant ta bière à tes lèvres. - Vous vous êtes intéressés à mes motivations sans me partager les vôtres, et je dois admettre être curieuse. Pourquoi l’Ultima Necat ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi directement King, aussi ? Pourquoi la branche scientifique ?

Car au final, tu ne sais pas grand chose de lui.

Même pour toi, ça te semble presque impossible, une Hanae qui ne travaille pas. Une Hanae loin de son bureau. Or, c’est possible, bien que rare, nécessaire même que tu dirais, lorsque tu sens la fatigue t’accabler. - Hmm… Un quotidien assez tranquille que je dirais. Un bon roman, du thé et un peu de musique. Très tranquille, donc. - Je vais parfois au spa, lorsque j’ai vraiment besoin de me reposer et que les entraînements ont été rudes. Car même si tu aimes être dans ton bureau ou dans les laboratoires, tu n’en oublies pas les autres tâches qui accompagnent le fait d’être une Fullbringer.

Considérant avoir assez parlé de toi, une fois confortablement installée, tu lui retournes l’une des questions qu’il t’a adressé. Pourquoi l’Ultima Necat ? La réponse t’intéresse et tu gardes donc le silence, espérant ainsi en apprendre un peu plus sur lui. D’apprendre un peu plus à connaître celui avec qui tu travaillais désormais.

Tu apprends donc rapidement qu’il est de ceux nés avec leurs pouvoirs. Que, contrairement à toi qui les a reçu en laboratoire (tout ça pour un peu d’argent), lui a toujours vécu avec ceux-ci. Avec la capacité de les voir, surtout, ces monstres à faire froid dans le dos, menace surnaturelle invisible au commun des mortels. Et si tu n’y as jamais vraiment réfléchis avant, à ce que ça pouvait vouloir dire pour ces enfants, tu constates avec surprise que ça n’a pas dû être évident. Que ça a même dû être assez difficile à vivre, surtout en l’absence de capacité de s’en défendre, restant simple témoin impuissant.

Ça renforce aussi l’idée que ta grand-mère en savait plus que ce qu’elle a bien voulu te dire.
Elle aussi s’est-elle sentie impuissante ?

- J’espère au moins que tu avais un masque et un surnom cool. Rebondissant sur ses paroles, le ton léger, t’osant à te montrer un peu plus taquine, avant d’hocher doucement de la tête, un peu plus sérieuse, comprenant un peu mieux son parcours. Tu acceptes aussi la pique, non sans un sourire un peu plus timide, un peu plus mal à l’aise. - Touché. Semblant cependant mieux le venir que quelques semaines plus tôt.

- Tu as fait des études sur le sujet ou tu as appris sur le tas ? Concernant la conception de son équipement. Sans aucun jugement dans ta voix, simple curiosité quant à d’où tenait-il ses compétences.

- Quant au poste… Oui, j’aurais bien aimé le récupérer, et je suis désolée d’avoir été injuste à ton égard. J’ai jugé un peu trop rapidement je pense. Tu n’as aucun mal à accepter tes torts, pas plus de te montrer honnête vis-à-vis de ces derniers. - C’était puéril et manquait clairement de professionnalisme, mais j’imagine que tu peux comprendre que c’est un peu vexant, qu’un inconnu arrive de nulle part pour prendre la tête d’une section dont il ne connaît rien. Et il n’y a aucune accusation à la fin de ta phrase, qu’une plaisanterie plus légère. Tu as eu le temps de te faire une raison. De laisser l’impulsivité redescendre pour ne pas l’accabler de quelque chose qui n’était en rien sa faute.

La seule personne à qui tu peux en vouloir, c’est toi-même.
Il n’y a que toi qui n’a pas eu les compétences pour te voir offrir le poste.

- Je me contenterai d’être la meilleure Jack que tu aurais pu espérer avoir et aider à ce que tu puisses avoir un véritable poids dans ces affaires. Ton sourire est sincère, tandis que tu prends une gorgée de ta bière.

Tu espères sincèrement pouvoir faire une bonne équipe avec lui.

Tu entends à quel point son enfance a dû être difficile, confronté à ces visions que nul ne pouvait voir, témoin d’horreurs face auxquelles il ne pouvait rien faire. Et c’est parce que tu ne sais pas trop quoi dire face à ça que tu adoptes un ton plus léger lorsqu’il évoque sa carrière de héros au travers les rues de Tokyo. Peut-être que tu aurais dû lui dire que tu es désolée pour lui ? Tu ne penses toutefois pas qu’il cherchait quelconque pitié de ta part. Que tu ne peux que t’imaginer ce qu’il a traversé ? À quoi bon ?

- Ça manque un peu d’originalité, Joker, non ? La blague est mauvaise, très, mais ça t’arrache un sourire amusé.

Des études, donc, mais pas que. Né Matsui, tu ne peux que t’imaginer l’expérience qu’il a pu avoir droit avant même de fréquenter les meilleures écoles du pays. Ou même du monde ? Tu ne serais pas surprise qu’il ait étudié à l’étranger. Tu te demandes vaguement s’il a eu le loisir de choisir sa carrière ou si cette dernière lui a été imposée par la pression familiale. Or, tu ne te sens pas de poser la question maintenant.

Pas alors que vous vous connaissez si peu.
Pas alors que la question te semble indiscrète.

- Tch. Seule réponse de ta part face à sa suffisance, bien que ça ne te semble pas très surprenant. Il s’agit d’un homme fortuné dont le nom est important, bien évidemment qu’il a dû dérober des places par la force des contacts et quelques liasses données aux bonnes personnes.

Or, tu as envie de croire que ce n’est pas que ça. Que l’Ultima Necat n’a pas autant besoin que ça et que les compétences sont importantes, surtout lorsque vient le temps de choisir Queen ou King.

Tu lèves ta canette dans sa direction, hochant de la tête. - Tu peux me faire confiance. Tu penses être quelqu’un de fiable. Quelqu’un sur qui il peut compter. Une ingénieure compétente, une chimiste toute aussi compétente et un bras droit infaillible. C’est, tout du moins, ton objectif. Tu n’es peut-être pas Queen mais ce n’est pas pour autant que tu ne peux pas être une excellente Jack. Une Jack qui se moque de son King, aussi, un rire s’échappant de tes lèvres tandis que tu le vois grimacer. - Tu sais, mon temps libre est limité et je préfère éviter de le gâcher en me perdant en cherchant la salle de bain. Toujours très peu sérieuse, bien qu’évoquant la possibilité d’être intimidée par son milieu de vie, surtout en sachant à quel point son bureau à lui seul déborde de luxe.

- Sinon tu peux me dire ce que tu aimes boire, j’essaierai de m’arranger d’en tenir. Une proposition comme ça, une considération à son égard. - Lorsque j’aurai déménagé, j’entends.

Et ça, tu pourrais commencer à l’envisager plus sérieusement. - J’ai juste jamais vraiment pris le temps de chercher, en fait. Des conseils, concernant les quartiers ? Et tu pourrais lui dire que tu ne viens pas de la ville et que même après autant d’années à vivre ici, tu n’as jamais vraiment connu autre chose de Tokyo que la route entre ici et ton université.

Ça ne date pas de maintenant, ton absence de vie.