Qui a peur du Grand Méchant Loup?

Tranquillement, Mayuri progressait dans les rues du Seireitei, réfléchissant au déroulement de sa journée à venir. Aujourd'hui, elle avait trouvé un moyen de se rendre utile à sa division tout en lui permettant à la fois d'éviter l'ennui mais aussi de se retrouver confrontée à des situations trop complexes. Aujourd'hui, elle avait informé la Neuvième Division qu'elle se rendrait au sein de la Grande Prison Centrale afin d'obtenir quelques informations. Quel genre d'informations? Des détails sur le comportement des prisonniers, sur la manière dont ils étaient traités au sein de la prison, sur leurs possibilités de libérations. Bref, tout ce qui pouvait bien se passer une fois le travail de leur Division terminé. Et pourquoi pas entendre les Légendes de certains prisonniers dont elle ne connaissait rien, qui sait?

Parce qu'aussi étrange que cela puisse paraître, bien que cela fasse presque un an qu'elle était devenue Vice Capitaine et le triple qu'elle travaillait au sein de la Neuvième - en incluant ses deux dernières années en tant qu'étudiante de l'Académie - elle ne s'était jamais rendue au sein de la prison. Non pas qu'elle ne l'avait jamais envisagé mais les autres l'en avaient à chaque fois dissuadée. Parfois en lui expliquant que cette étape ne la concernait plus et qu'il y avait suffisamment à faire avec leurs propres tâches. Et d'autres fois en la prévenant que les autres Divisions n'aimaient pas forcément qu'on mette son nez dans leurs affaires, surtout quand il s'agissait d'une tâche aussi sensible. Et s'il y avait bien une division qu'il fallait éviter de se mettre à dos, c'était bien la première.

Mais ça c'était avant! Aujourd'hui, la seule personne à qui elle devait rendre des comptes était sa Capitaine. Et il s'avérait qu'elle avait justement oublié de l'informer de cette "mission". Quel dommage qu'elle soit si distraite! Alors qu'elle souriait face à cette pensée et cette nouvelle aventure qui s'offrait à elle, elle leva les yeux pour constater qu'elle était arrivée devant sa destination.

Première étape franchie avec succès! Et sans croiser le moindre noble sur mon chemin, double réussite! Pas de courbettes, pas de mépris, pas de reproches, la journée commence plutôt bien. Reste à voir si l'étape suivante sera aussi facile. On dit que la Première Division est inflexible sur... à peu près tout. En même temps, on m'avait dit que la 11ème n'était composée que d'imbéciles mais ma dernière rencontre était agréable. Alors c'est probablement encore une rumeur stupide!

S'auto-convainquant qu'il n'y avait aucune raison que cette visite se passe mal et qu'on lui refuse les réponses à ses questions, elle reprit son avancée pour pousser les portes de la bâtisse. Elle y était, elle était entrée dans le hall des lieux. Maintenant, que devait-elle faire? Qui contacter pour obtenir des informations? Peut-être aurait-elle du se renseigner davantage avant de venir. Bon, une seule solution. Ainsi s'exprima t'elle à haute voix alors qu'elle faisait dos à la majeure partie de la pièce, observant l'architecture des lieux et réajustant les rubans de ses cheveux pour faire un minimum bonne impression.

Il y a quelqu'un? Pardonnez mon intrusion mais je viens de la Neuvième Division et je suis à la recherche d'informations. Y a t'il quelqu'un pour me renseigner?

Il remonte les marches, l'esprit encore embrumé par les hurlements qu'il a entendu un peu plus tôt. Ses pas sont lents, lourds, bien plus que d'habitude. Il vient de vivre sa première descente au Homare, le quatrième niveau du Shin'ōchikadaikangoku. Lorsqu'il a appris qu'Ōtokage y est enfermé, déjà, son esprit s'est retrouvé assailli de questions auxquelles il n'allait avoir aucune réponse. Mais la suite, elle...

Combien d'années ? Jinro était à l'époque à peine capable de comprendre ce qu'il se passait. A dire vrai, Niji n'a jamais réellement abordé le sujet avec lui avant sa mutation à la Première Division, autant dire donc toute sa vie. Mais aujourd'hui l'ancien membre du Kidōshū vient de voir son père, de le revoir pour être plus précis et ce depuis des décennies. Et pourtant...

Impossible de ressortir de cette courte entrevue avec un souvenir stable, tout s'embrouille dans sa mémoire. La masse impressionnante - plus encore que la sienne - est la seule chose sûr. Des chaines. Des sceaux. De la lumière diffuse... Et puis rien d'autre de précis alors qu'il y est resté une bonne heure. Est-ce du aux protocoles ou bien juste un mécanisme défensif de son esprit ?

Il retrouve la - faible - lumière en posant son pied sur la dernière marche, saluant les deux gardiens présents derrière les piliers. Ses deux confrères lèvent alors les barrières pour qu'il puisse avancer et le voilà donc dans le grand hall central. Une grande pièce vide, sans aucune décoration. Des murs semblent sortir quelques blocs de pierre carrés ça et là, mais rien de plus. Quant à leur utilité, ça... Autant dire que le lieu n'est pas des plus accueillant, mais en même temps quelle personne seine d'esprit compte s'y rendre de son propre chef..?

- Shiro-Fukutaicho, que nous vaut votre venue au Shin'ōchikadaikangoku ? Ce n'est pas un endroit convenable pour un Vice-Capitaine.

En personne assidue, le Komamura connait les têtes dirigeantes des Divisions au moins de visu pour être capable de ne pas faire d'impair. Et en tant que membre de la première Division il oit représenter plus que tout autre la droiture. Mais la raison de la présence d'un haut gradé ici même reste pour le moins étrange... Il s'avance alors vers la jeune femme d'un pas lent.

Son esprit, lui, toujours embrumé

Pensive, elle observait les lieux, attendant que quelqu'un réagisse à ses paroles pour l'accueillir. Ce lieu solennel à la décoration très épurée. Pour ne pas dire vide. Mais en même temps, à quoi s'attendait elle au sein de la Grande Prison? Quelle réflexion idiote. Mais l'important ici n'était pas la décoration mais bel et bien tout ce qui pouvait se trouvait en dessous. Combien de criminels étaient enfermés ici? De combien d'époques différentes? Combien étaient secrets et cachés de tous? Il existait probablement des Légendes qu'elle ne pouvait même pas imaginer et dont personne n'avait le droit de parler. Tellement de possibilités pour celui qui avait un minimum d'imagination. Et probablement trop peu de réponses mises à sa disposition. Qu'à cella ne tienne, elle prendrait ce qu'on lui donnerait, ce serait toujours de nouvelles informations à assimiler.

Perdue dans ces diverses réflexions, elle n'avait pas réagi de suite à la réponse de son interlocuteur. Et aussi distraite qu'elle pouvait l'être dans ce genre de moments, elle avait même commencé à lui répondre avant de s'être totalement retournée dans sa direction.

Je suis désolée de débarquer ici sans vous avoir prévenu, j'imagine que cela demande habituellement des démarches un peu plus officielles. Mais il ne s'agit pas ici d'une visite bien importante mais simplement de...

Sa phrase s'était arrêtée nette alors qu'elle s'était finalement retournée pour faire face à l'homme qui lui avait répondue. La bouche ouverte, totalement prise au dépourvu par la vision qui s'offrait à elle, elle n'était parvenue à terminer ses propos et ne pouvait détourner des grands yeux ébahis face à lui. Un homme loup, elle avait entendu quelques rumeurs à leur sujet mais rares étaient les informations qui étaient parvenues jusqu'à ses oreilles. Ou peut-être n'y avait-elle pas prêté plus d'attention que ça, imaginant qu'il s'agissait peut-être d'une simple Légende alors qu'il y avait tant de sujets concrets sur lesquels se concentrer.

Pourtant, si la surprise était réelle, ce n'était nullement une forme de crainte ou de rejet qui s'affichait sur son visage mais ses yeux pétillaient d'une curiosité profonde, peut-être même d'un émerveillement, telle une enfant qui se retrouvait devant une surprise que ses parents venaient de lui faire. Et au bout de quelques instants, alors que son regard ne quittait pas son interlocuteur, sa voix se fit entendre à nouveau

Il est tellement beau, j'en viens même à perdre mes mots! Je suis sure que je pourrais me blottir dans ses bras et m'assoupir pendant plusieurs heures... Quelle magnifique rencontre!

Un léger écho résonna dans la pièce vide devant sa dernière exclamation, lui faisant instantanément comprendre que sa langue l'avait de nouveau trahie. Alors qu'elle avait cru simplement penser ses derniers commentaires, elle venait de se rendre compte qu'elle les avait prononcés à haute voix. Quelle nouvelle situation embarrassante... Maudite langue. Pendant quelque secondes, elle demeura silencieuse, n'osant croiser le regard de l'Homme Loup, cherchant la meilleure façon de retomber sur ses pieds. Elle prit finalement le parti de faire comme si elle n'avait rien dit. Sait-on jamais, cela pourrait peut-être passer? Ainsi, tourna t'elle un visage aussi innocent que possible en direction de celui du Gardien pour reprendre

Je suis désolé pour ce silence, c'est la première fois que j'ai la chance de croiser un membre de votre peuple et cela m'a un instant troublée. Puis-je connaitre votre nom car vous semblez déjà connaitre le mien? Pour la raison de ma venue, elle est simple. En tant que membre de la Neuvième Division, je me suis rendu compte que j'avais de réelles lacune sur ce qu'il se passait après la capture d'un malfaiteur. Et il m'a semblé judicieux de me rendre en ces lieux pour obtenir davantage d'informations si cela ne vous dérange pas, et si vous avez quelques minutes à me consacrer.

Oui, des informations. Et puis, maintenant qu'une autre opportunité s'offrait à elle, elle allait bien être forcée de se renseigner aussi sur les hommes loups. Cette visite promettait d'être intéressante! Si elle réussissait à garder sa langue plus que cinq minutes.

Ce qu'il comptait répondre ? Assez simple dans les faits, simplement que ce bâtiment n'était pas fait pour recevoir des visiteurs, bien que certains y soient autorisés de temps à autre. Rarement. A dire vrai, de ce qu'il a pu comprendre, l'agencement des lieux a changé suite à la destruction des quartiers de la Première Division lors de l'assaut du Wandenreich. L'accueil de la Grande Prison Souterraine Centrale a alors été déplacé un peu plus en amon pour éviter, justement, que n'importe qui puisse pénétrer les lieux. Bien sûr, cette salle restait un hall et aller plus loin nécessitait des habilitations et certains Kekkai appliqués sur soi-même.

Tout ça, il comptait le lui dire donc, mais la jeune Vice-Capitaine s'es retournée vers lui et prononcé une suite de mots très étranges, au point qu'il se demande même s'il n'a pas rêvé. Et son explication donc ? Envolée, disparue. Peut-être même que jamais il ne lui la dira...

- Pardon ?

Et c'est sorti tout seul, ses yeux sont écarquillés au point que même sa paupière gauche semble normale. Un silence des deux côté avant qu'elle ne reprenne comme une fleur. Et en effet il en a oublié de se présenter. Une habitude difficile à combattre car lorsqu'il faisait partie du Kidōshū l'individualité n'existait pas. Le membre d'une groupe, d'une entité agissant de concert avec les autres et rien de plus.

Le Deuxième se racle la gorge en mettant son poing devant sa gueule pour pour retrouver convenance. Il fit quelques pas pour se rapprocher de la Fukutaicho avant de tendre le bras en direction de la porte d'entrée.

- Sortons si vous le voulez bien, ce sera plus agréable de répondre à vos questions en profitant du soleil.

Le Komamura prit les devants et entama la marche, encore un peu gêné et profitant d'être devant pour cacher... cacher quoi d'ailleurs ? Ce n'est pas comme si ses poils pouvaient rougir non ? Il pousse les grandes portes et retrouva la lumière, non se protéger un court instant de l'intensité lumineuse. Le voilà donc à inspirer grandement, retrouvant l'air pur après cette descente dans les enfers...

- Excusez-moi de ne pas m'être présenté plus tôt, une vieille habitude de mon ancienne affectation. Je suis Komamura Niji, Douzième Siège de la Première Division. Et je connaissais votre nom car vous êtes quand même la seconde du Capitaine Tomoe.

Pas de méprise au moins ! Il se racle à nouveau la gorge. Entre ce qu'il a vu en dessous et ce qu'il vient de se passer dans le hall, l'esprit de l'Homme-Loup est clairement embrouillé au point qu'il fait tout dans le désordre, mais il essaye de garder le contrôle. Croisant les bras, tournant le regard vers un arbre non loin avant de revenir vers la jeune femme.

- Mais ne vous inquiétez pas hein j'ai l'habitude des regards étranges. Vous aviez des questions je crois donc ? Je vous écoute.

L'habitude des regards, oui. Mais le reste... beaucoup moins.

A moitié honteuse - mais seulement à moitié puisqu'au final elle pensait ce qu'elle avait dit - elle avait ignoré l'interrogation du Grand Loup. Avec un peu de chances, sa question signifiait qu'il n'avait pas bien entendu ses mots ou qu'il avait un doute. Ce qui lui éviterait de devoir se justifier une nouvelle fois. Et s'il avait bien compris et se sentait offensé? Cette rencontre débuterait alors sur une très mauvaise note... Et elle n'aurait ainsi aucune chance d'obtenir la moindre information, ni sur sa mission initiale, ni sur la nouvelle mission qu'elle s'était confiée. Non non non, cela ne se pouvait pas, il fallait vite qu'elle rattrape le coup!

Ou pas! Bien heureusement pour elle, le Grand Loup ne répondait aucunement à ses paroles. Cela ne lui donnait pas la réponse à ses interrogations intérieures mais au moins, cela ne coupait pas court à leur rencontre et il s'agissait là du plus important. Elle était même invitée à le suivre à l'extérieur afin de répondre à ses conseils en profitant du beau temps. Si le Gardien passait la majeure partie de ses journées dans les sous-sols, il était plutôt normal qu'il préfère un espace plus ouvert quand l'opportunité s'en présentait. Contenant sa curiosité et prenant sur elle pour ne pas attraper le bras de son interlocuteur qui était tendu devant elle, elle acquiesça finalement à sa proposition.

Avec plaisir, je vous suis. Je n'aime pas non plus rester enfermée quand il fait un temps pareil.

Sans se faire prier, elle emboîta rapidement le pas du Grand Loup, profitant de cette opportunité pour l'observer sous toutes les coutures sans se montrer gênante ou déplacée. Elle avait tellement envie d'en apprendre plus sur lui! Mais elle ne devait pas bruler les étapes ni oublier la raison pour laquelle elle était initialement venue ici. Car, même si le nouveau sujet l'intéressait bien plus que l'autre, elle devrait indubitablement se justifier à son retour. Autant avoir de véritables informations à partager. Surtout vu sa capacité parfois limitée à camoufler ses pensées.

Et ce fut finalement au Gardien de reprendre la parole pour se présenter. Komamura Niji. Un nom qu'elle n'oublierait pas, il était certain. Lui-même connaissait son identité de par son poste de Vice-Capitaine. Pendant un instant, elle se demanda si elle était elle-même capable de citer le nom de chaque Vice-Capitaine si elle les croisait? Probablement pas. Mais de toute manière, elle n'en connaissait pas la majorité, cela n'avait donc aucune importante. Il était déjà assez fatigant de retenir les noms de tous les gens qu'elle croisait. Alors les autres... Mais celui-là, elle devait le retenir! Prononçant mentalement le nom à plusieurs reprises, elle ne put réprimer une moue désolée devant les dernières paroles de Niji.

Je suis désolée! Je ne voulais pas vous regarder étrangement... J'espère que vous n'avez pas mal pris ma réaction, il n'y avait aucune méchanceté, aucun mépris. Bien au contraire! C'est juste que je n'ai pas croisé de personnes comme vous auparavant. Et... vous êtes impressionnant. Dans le bon sens je veux dire, pas dans le sens qui fait peur! Impressionnant comme quelqu'un qu'on admire ou qu'on a envie de connaitre si vous voyez ce que je veux dire. Peut-être pourrions nous discuter un peu après mes questions? Si ce n'est pas vous qui me trouvez étrange maintenant...

Marquant une légère pause, elle enchaina alors, un peu embêtée

Bon, je vais arrêter de m'enfoncer davantage et revenir à mes questions... Je voulais en apprendre plus sur la Grande Prison si vous avez le droit de m'en parler. Qu'arrive t'il exactement aux prisonniers que nous arrêtons à la Neuvième? Sont-ils tous enfermés dans cette prison? Y a t'il des Quartiers spécifiques selon le type de crime? Les prisonniers ont-ils le droit de recevoir des visites, et ont-ils des perspectives de sortie un jour? Je ne sais pas grand chose sur cette partie pour être totalement honnête.

Une Vice-Capitaine pleine de fraicheur, voilà ce que lui inspire Shiro Mayuri alors qu'elle se perd dans des explications longues et un peu inutiles - il n' y a clairement pas mort d'homme - mais remplies de sincérité. Il en a rencontré des personne au comportement étrange, la plupart du temps en rapport avec sa différence oui mais rarement à ce point. A en perdre le fil de ses penser pour rester sur place et s'enfoncer lentement dans son propre univers.

- Oh je vois, vous voulez me connaître car je suis différent donc ? Cette "admiration" vient-elle de ce qu'à pu faire le feu Capitaine Komamura ?

Une question légitime en soi car cela ne serait pas la première fois. Assimiler une personne à la seule représentation de son peuple connue est un biais basique auquel il a déjà été confronté, et Jinro d'autant plus que lui car il est siège au sein de la Division de ce regretté Taichō. Ils ne le connaissent pas mais en un sens lui doivent beaucoup. Aurait-il été possible d'intégrer le Gotei sans ce premier pas qu'il a franchi. Une épreuve qui a du être des plus difficiles...

- Mais nous pourrons discuter avec plaisir oui. Parlons donc maintenant de ce qui vous amène. Comme vous le savez chaque Division est capable de régler ses problèmes internes et possède des cellules qui leurs sont propres donc tous ceux que vous arrêtez ne finissent pas ici, non. Il existe en effet différents niveaux de sécurité en fonction des crimes ou des prévenus. Huit pour être précis. Ils peuvent être remis en liberté oui, les jugements décidés par votre Division ou la Chambre des Quarante-Six s'appliquent avec rigueur. Votre grand criminel Aizen Sōsuke sera libre dans un peu moins de vingt-mille ans par exemple.

Il marque une petite pause, ayant compris déjà à l'époque du Kidōshū que le sujet peut être sensible pour certains et même si les faits sont connus, les entendre peut être source de douleur ou colère pour certains. D'incompréhension même. Il décroise les bras alors, posant ses paumes contre ses propres hanches. A dire vrai il a envie de s'asseoir mais rien ne semble faire l'affaire. Il faut dire qu'il n'y a guère de quoi squatter devant la prison ce qui est logique.

- Quant aux visites... Eh bien cela dépend. Toutes nécessitent la présence d'un membre de la Première Division, mais certains niveaux restent inaccessibles en dessous des Capitaines. Et d'autres sont verrouillés, tout court. Mais oui, c'est possible dans une certaine mesure. Vous aimeriez pouvoir le faire ?

Car oui, il peut l'emmener. Au moins dans les deux premiers, plus "traditionnels". En a-t-elle envie..? Mais peut-être connait-elle quelqu'un à l'intérieur de ces murs et qu'elle souhaite en avoir des nouvelles ?

Elle attendait ses réponses, se demandant quelle allait être sa réaction et s'il considèrerait ses questions comme déplacées. Plutôt sa réaction en fait car elle savait que, pour le plupart des gens, ses questions étaient clairement déplacées. Demander à quelqu'un des informations sur lui-même juste parce qu'il était différent n'était généralement pas très bien vu. Mais elle s'en fichait car elle savait qu'il n'y avait rien de mal dans ses questions. Elle n'avait ni la curiosité malsaine de la Douzième Division, ni la méfiance de certains, elle voulait simplement savoir. Alors oui, elle aurait pu user de méthodes plus diplomatiques, prendre son temps. Mais la vie était déjà tellement ennuyeuse, ne pas sauter sur une occasion de la changer en devenait presque un crime! Et en tant que Vice Capitaine de la Neuvième, la Division de la Justice, il était hors de question de commettre un tel crime!

Le Capitaine Komamura? J'ai lu quelques documents à son sujet. Une personne très respectable apparemment. Mais non, aucun rapport. Je n'aime pas vraiment juger les gens sur un exemple, je préfère découvrir par moi-même. Par contre, pour l'autre point, je dois bien avouer... J'aime ce qui est différent. Et l'idée de découvrir toute une culture dont je ne connais rien, totalement différente de la mienne. Une autre vision des choses. Oui, cela m'intéresse fortement. Alors pardonnez moi si je suis trop franche mais je peux répondre que oui, j'aimerais vous connaitre parce que vous êtes différent. Mais pas que...

Une petite touche d'amusement dans ses derniers mots alors qu'elle avait croisé un instant le regard de l'Homme Loup. Une phrase volontairement laissée en suspend, peut-être pour y placer une pointe de mystère et voir la réaction de son interlocuteur. Mais aussi parce qu'elle était incapable pour le moment de finir elle-même cette phrase. Quelque chose en lui lui donnait envie d'en apprendre plus sur le Douzième Siège de la Première Division. Mais quoi? Peut-être la réponse lui viendrait-elle au fil de leur discussion.

La suite des propos de Niji revenait au sujet principal de sa venue et nécessitait une attention toute particulière. Silencieuse, Mayuri l'écouta, allant même jusqu'à prendre quelques notes. Il était vrai que la Neuvième disposait aussi de cellules, mais elles n'étaient utilisées que pour des problèmes mineurs ou garder temporairement un prisonnier le temps que son destin ne soit décidé. Rien de comparable avec la prison centrale. Huit niveaux ici, elle ignorait totalement qu'une distinction aussi importante existait au sein de la prison. Mais il semblait logique que tous ne soient pas logés à la même enseigne que le bien connu Aizen. Un instant, lorsque son nom fut cité, Mayuri stoppa son écriture, pensive. Non pas que le nom lui faisait quelque chose, mais davantage l'idée de vingt-mille années de prison. Il était toujours difficile d'imaginer des existences aussi longues. Mais finalement, elle reprit ses esprits pour répondre

Vingt-mille ans. J'ai toujours du mal à imaginer ce genre de peine. Cela parait tellement loin. Merci pour ces explications. Y a t'il beaucoup de détenus actuellement dans les prisons? J'imagine que plus on descend dans les niveaux inférieurs et plus les protections sont importantes et les détenus peu nombreux. Est-il déjà arrivé que certains prisonniers tentent de s'échapper? D'ailleurs, je ne crois pas vous avoir demandé quelle était votre mission au sein de cette prison. Êtes vous le responsable de la sécurité des lieux?

Tout en posant ces questions, elle s'interrogeait sur certaines d'entre elles. Etait-il envisageable que quelqu'un puisse s'échapper de cette prison? Pénétrez ou sortir du Seireitei, sans être repéré, relevait déjà du miracle de ce qu'on lui avait dit. Alors réussir en plus à s'échapper d'une prison ultra surveillée au sein de celui-ci. Peut-être avec un complice à la rigueur, et encore. Son attention se reporta sur les explications suivantes lorsqu'elle entendit parler de quartiers verrouillés. Il y avait donc des lieux auxquels même les Capitaines ne pouvaient accéder? Etrange. Il faudrait qu'elle en touche un mot à sa Capitaine à l'occasion. Pour le moment, il y avait bien plus important.

Vous me demandez si je souhaite rendre visite à un prisonnier ou visiter une partie de la prison à vos côtés? S'il s'agit de la seconde option, ce serait avec plaisir! Voir à quoi ressemble la Prison Centrale de l'Intérieur complètera les questions que je vous pose. En plus en bonne compagnie. Mais vous avez peut-être mieux à faire que me montrer les lieux? Si c'est le cas, n'hésitez pas à me le dire. Que je sois Vice Capitaine n'a pas d'importance.

Une exception ? Peut-être oui, en tout cas la fukutaisho fait preuve d'une franchise peu commune à laquelle le Komamura n'est pas habitué de la part des Shinigami. On peut même dire, dans une moindre mesure, qu'elle montre patte blanche ? Et lui ne peut s'empêcher de montrer son étonnement, grattant l'arrière de son crâne.

- Voilà une honnêteté bien rare par ici. Votre coutume n'est pas au contraire de cacher vos intentions et ressentis ?

Des différences entre ceux vivant au Rukongai et Seireitei face à ceux du royaume des bêtes il y en énormément. Des points communs aussi. Mais l'attitude, elle, fait partie de la première catégories. Tout est plus instinctif là bas, les intentions y sont plus claires, limpides... Il suffit d'écouter le monde pour le comprendre. Le son de l'eau qui coule sur une pierre. Un bruit de pas sur une feuille. Le vent qui caresse une branche et siffle. Et elle, plongée dans les paroles du Loup Gris, stoppe son écriture d'un seul coup. Il a déjà été surpris de la voir prendre des notes mais cela montre l'implication qu'elle a dans le sujet. Une réelle envie d'en apprendre plus donc. Il lui sourit à petits crocs et lui montre le carnet qu'elle tient contre elle.

- La vie spirituelle est une chose intrigante oui. Je suis une jeune âme. Dites-vous qu'il y a dix ans je ne savais pas écrire. Mais oui, les peines de certains sont immensément longues, traversant des siècles et des cycles. Leur nombre ? Plus que vous ne pouvez l'imager... Et je ne sais pas tout. Par contre, lorsque l'on entre ici, on en ressort pas par la force. Les seuls ayant pu s'échapper sont malheureusement bien connus.

Aizen Sōsuke s'est "échappé" lors de l'assaut des Quincy, mais a rapidement été maîtrisé à nouveau. Quant à l'autre... Satsubatsu Kyōaku... Il a provoqué un des plus gros changement que le Gotei ai pu connaître. Il laisse planer un léger silence, tournant son regard vers l'imposante bâtisse.

- Bien. Profitez un dernier instant des rayons du soleil dans ce cas. Je vais faire de même avant que nous y allions. J'en sors à peine vous comprenez ? Nous ne pourrons aller au delà du deuxième niveau. Et je pense même que nous nous arrêterons au premier pour cette fois. Il y a déjà bien assez à voir là bas...

Il en profite pour étirer sa grande et imposante carcasse, inspirer profondément en levant le museau vers le ciel. Quelques os craquent sourdement. Il grommelle.

- Prête ?

Car nous allons entrer dans le premier enfer...

Le Junketsu.

Cacher ses intentions? Cela faisait-il vraiment partie des coutumes des Shinigamis? Elle ne se souvenait pas avoir appris une telle chose. Peut-être était-ce une des leçons ennuyeuses devant lesquelles elle avait rêvassé? Possible car cela ne lui disait absolument rien. En même temps, devait-elle réellement retenir chaque règle inutile? Que pouvait bien apporter un tel comportement si ce n'est de multiples quiproquos ou autres tensions inter-divisions. Imaginez si chaque Capitaine se comportait ainsi. La situation ressemblerait rapidement à une sorte de jeu des trônes ce qui n'apporterait rien de bon au Seireitei. Ainsi, elle haussa simplement les épaules avant de répondre

Je ne sais pas s'il y a une coutume de ce style mais très peu pour moi. N'est ce pas plus agréable et surtout plus simple de dire ce qu'on pense? Je préfère laisser la politique à ceux qui le souhaitent ou à ceux qui ont les plus haut-postes. Je ne pense pas qu'avec vous j'ai besoin de cacher mes pensées. Mais n'hésitez pas à me dire si cela vous dérange.

Un sourire amusé sur le visage en réponse au léger sourire de l'Homme Loup, elle jeta un oeil en direction de son carnet alors qu'elle écoutait les explications de son interlocuteur, pas certaine de bien comprendre. C'est vrai que la notion du temps était étrange ici. Cela voulait-il dire qu'il était né il y a un seulement une dizaine d'années? Effectivement, une telle pensée était assez étrange. Pendant un instant, elle observa Niji, se demandant si elle avait bien compris son commentaire. Mais elle se reprit rapidement pour prendre quelques notes au sujet des informations qu'il partageait quant à la prison. Pourtant, les deux types de sujets se mélangeaient dans sa tête et elle hésitait ainsi quant à quelle question poser en premier.

Je...Je ne suis pas sure d'avoir bien compris. Dois-je comprendre que vous êtes né en ces lieux il y a une dizaine d'années seulement? J'ai encore du mal avec ce genre de notion. Je suis arrivé ici après ma mort de l'autre côté, alors c'est encore difficile parfois de tout assimiler. Mais je m'y attèle. Quant à la prison... Elle eut un léger frisson avant d'exprimer son idée Enfermée ici pendant des siècles, je ne veux même pas l'imaginer. Mais je ne crois pas que vous m'avez répondu quant à votre rôle exact en ce lieu?

Si elle comprenait aisément que la notion de "vie" était particulière à la Soul Society et nécessitait donc un traitement adapté, l'idée d'une telle condamnation demeurait bien éprouvante pour son esprit. Oui, son objectif était de dénicher et de punir ceux qui dérogeaient aux lois. Mais savoir que certains pouvaient se voir enfermés aussi longtemps, quelle horreur. Enfin, il fallait être réaliste, de tels crimes nécessitaient des actes particulièrement répréhensibles. Pas ceux de simples criminels de bas étages.

Pourtant, toutes ces considérations morales furent balayées en un instant lorsqu'elle entendit la remarque du Grand Loup. Instinctivement, elle releva les yeux en direction du ciel ensoleillé, profitant un instant de la chaleur de ses rayons avant d'afficher un sourire empli de motivation. Non pas qu'elle se rendait dans un endroit joyeux, loin de là, mais l'opportunité de découvrir une partie de la prison, même superficielle, la satisfaisait pleinement. Découvrir l'envers du décor ne pourrait que la rendre plus efficace. Ainsi, alors que la carcasse du loup craquait devant son étirement, elle acquiesça à sa question avant de saisir tout naturellement son bras pour l'accompagner

Je suis prête! Je sais que l'endroit ne se prête à pas un tel engouement, mais j'ai besoin de voir de mes yeux cette partie du déroulement. Je pense que c'est une étape nécessaire pour bien guider la Neuvième Division. Si vous le souhaitez, pour vous remercier, je pourrai vous présenter des membres de la Neuvième, comme ma Capitaine par exemple! Ou vous offrir un repas sous les rayons du soleil comme vous semblez vouloir en profiter davantage. D'ailleurs, est-ce votre choix de travailler au sein de la Prison?

Pauvres âmes qui se rendent pas compte du carquant dans lequel leurs vies sont cloisonnées. Mais comment leur en vouloir après, elles qui ne connaissent que ça. Cependant, comme l'a fait remarqué le Komamura, la Fukutaicho semble être une exception. Il termine de s'étirer lentement, remonte les manches de son Shihakushō comme pour vérifier quelque choses sur ses avant-bras, puis reporte son regard sur Mayuri.

- Je ne viens pas vraiment de la Soul Society, non... Ma meute a grandi dans ce que vous appelez le Royaume des Bêtes. Loin, très loin dans le contrées qui entourent le Rukongai. Mon jeune frère et moi sommes venus ici il y a un peu plus de dix ans suite à la Guerre Sanglante Millénaire.

Inutile d'en dire plus, nul doute que la jeune femme saura poser les questions qui l'intéressent. Elle semble avide de savoir et cela le Deuxième ne peut que comprendre. Vouloir comprendre son monde et ce qui le constitue. Une bonne partie de sa propre vie a été guidée par ce mantra après le départ d'Itachika, profitant alors du calme retrouvé dans leurs terres pour communier avec le monde et sa meute.

Il lui fait signe de le suivre et ensemble les deux Shinigami se dirigent de nouveau vers la prison. Leur détente à l'extérieur fut de courte durée, mais autant gérer cela rapidement. Surtout que jeune femme aux cheveux blanc semble proposer une suite réjouissante...

- Mon rôle est d'entretenir certains sceaux appliqués à diverses cellules et sections, de veiller à leur intégrité et de les renforcer si nécessaire. Je veille ainsi jusqu'au quatrième niveau... Mais de vous à moi, le plus difficile reste le troisième. Depuis mon arrivée au Seireitei, intégrer la Première Division a toujours été mon but, une sorte d'héritage familial pour faire simple.

Difficile en terme de techniques employées, car en terme de mental le quatrième niveau est, pour Niji, le pire endroit du monde. Et aussi celui dont il doit s'occuper avec le plus de sérieux. En somme, la rançon du devoir. Quant aux niveaux inférieurs il n'était tout simplement pas assez gradé et compétent pour en avoir la charge. Pour certains membres de la Première Division, s'occuper des trois derniers revêtait un honneur particulier. Une confiance accordée par le Sotaichō en personne. Mais Niji, lui, n'en veut pas. Son rôle est tout trouvé, son objectif atteint. Reste donc à maintenir les sceaux jusqu'à...

Une fois à l'intérieur le Komamura se retourne vers la Vice-Capitaine. Il place ses paumes l'une contre l'autre.

- Je dois vous appliquer un sceau, ne bougez pas. Mille ans. Deux ans. Fleur de pêche et gris bruit. Troncs de forets éternels qui brisent le vent en mille couleurs, saluez, saluez donc jusqu'à la première aube.

Et sur la dernière parole l'Homme-Loup vint placer sa main en ouverte contre le bas du cou de Mayuri. Une lueur blanche se dégage alors avant de disparaitre dans un léger crépitement ; la signature des sceaux de Niji, sans qu'il ne sache réellement l'expliquer.

- Nous allons pénétrer dans le Junketsu, première prison dédiée aux peines courtes ne dépassant pas le siècle. Nous la surnommons "Prison du calme" mais... enfin, vous verrez par vous même. Allons-y.[/i]

Il fait demi-tour et commence les enjambée pour se retrouver face à la seule issue - autre que l'entrée - de la pièce. Un carré noir qui commence par des marches, deux gardes masqués se trouvent de chaque côtés postés derrière des colonnes. Le sceau placé sur Mayuri lui permet de traverser leur barrière sans être arrêtée. Ils descendent donc alors que la lumière du jour s'atténue de plus en plus.

S'enfoncer dans les enfers.

Il fait claquer ses griffes et sur ses bras découverts naissent des lignes et des angles aux lueurs violacées jusque sur ses poils qui et éclairent alors les environs, raison pour laquelle il a retroussé ses manches. Certains de ses confrères s'embêtent avec des torches et autres lanternes... pourquoi donc, alors que le Kidō permet milles merveilles ?

Ce qu'elle peut voir en arrivant au Junketsu ? Une immense suite de cellules de bois, comme celle de l'ancien temps. Elles ressemblent presque à celles présentes au sein des division, à la différence que la seule lumière provient de plafonniers brûlants d'une flamme bleutées. Le couloir semble infini, tout comme le nombre de cellule, et à l'arrivée des deux Shinigami les premiers cris commencent à se faire entendre. Protestations pour la plupart. Insultes dans quelques cas. Pourtant, si elle observe avec attention, elle peut voir qu'aucun prisonnier ne touche les blocs de bois taillés et croisés qui forment leurs cellules. Discipline ?

Un comportement très solennel. Ou peut-être était-ce la fatigue liée à sa dernière descente au sein de la prison. Mais Mayuri avait du mal à percer la carapace ou plutôt la fourrure de l'Homme Loup. Certes, il lui avait légèrement souri quelques instants auparavant, preuve que lui-aussi appréciait leurs échanges. Mais ce n'était pas suffisant pour elle. Peut-être en continuant leur discussion découvrirait-elle ce qui semblait le retenir ainsi, ou le troubler.

Le Royaume des Bêtes? Je crois avoir lu quelques informations à ce sujet à l'Académie mais j'avoue ne plus m'en souvenir. Est-ce aussi loin que vous le dites? Et les Shinigamis ont-il le droit de s'y rendre? Si c'est le cas, j'essaierai d'y faire un tour quand le temps me le permettra. J'imagine que ce lieu doit être très dépaysant. Je suis peut-être indiscrète mais... le reste de votre famille est-il resté là-bas? Et votre frère fait-il aussi partie de la Première Division?

En même temps, depuis son arrivée au Seireitei, jamais n'avait-elle eu l'occasion de croiser un membre de ce peuple. Alors soit elle était très malchanceuse, soit il n'était pas très nombreux. Et il y avait donc peu de chance que ces deux-là soient venus avec toute leur famille. S'imaginant, un léger sourire aux lèvres, à quoi pouvait ressembler une ville remplie d'Homme Loups, elle accompagna Niji qui se dirigeait vers la prison comme il l'avait proposé. Enfin allait-elle pouvoir voir à quoi ressemblait ce lieu si sécurisé, de l'intérieur.

Alors que son guide expliquait finalement quel était son rôle au sein de la Division, le regard de la jeune Shinigami s'illumina davantage encore. Les sceaux. Ainsi, lui-aussi était un spécialiste des Techniques Spirituelles? Elle ne connaissait que peu le domaine des sceaux et Kekkai, ayant préféré perfectionner sa maitrise de l'Energie. Mais cette partie l'avait toujours rendue admirative au même titre que la sienne. Ainsi demeura t'elle silencieuse, l'observant avec attention. Buvant chacune des paroles de son incantation. Et lorsque l'Homme Loup lui appliqua le sceau sur la base de son cou, elle ne peut s'empêcher d'attraper la main du Loup afin de l'observer quelques secondes.

C'est remarquable, je ne pensais pas que vous maitrisiez ce genre de techniques. Je suis moi-même une spécialiste de Kidō, j'ai décidé d'y consacrer la majeure partie de mes entrainements de ces dernières années. Et je pense avoir cerné une partie de ses secrets. Pas tous, mais une partie. Par contre, les sceaux, j'avoue que je n'en connais que les bases. Je crois...je crois que je vais avoir encore plus de questions à vous poser quand nous sortirons d'ici!

Lui relâchant la main, le sourire toujours aux lèvres, elle avait déjà une question qui lui trottait dans la tête. Au sujet de l'Héritage Familial dont il avait parlé. Mais cette question pourrait attendre qu'ils ressortent de ce lieu. Après tout, ne lui avait-elle pas déjà demandé si sa famille les avait suivis en ce lieu? Elle aurait tout le loisir de poser cette question en fonction de la première réponse que lui fournirait Niji. A présent, il était temps pour elle de se concentrer davantage sur la solennité du lieu qu'ils pénétraient. Alors qu'ils avançaient, son sourire s'estompait légèrement et elle reprenait son petit carnet tout en demandant

Puis je vous demander pourquoi le Troisième Niveau est le plus difficile? J'imagine qu'il représente quelque chose de particulier. Un type de criminels spécifique peut-être?

Elle ne lui avait posé aucune question sur le Premier Niveau bien que son nom l'intriguait déjà. La Prison du Calme? Quel nom étrange pour une prison. Mais il avait raison, elle pouvait le découvrir d'elle-même. Sans quoi, pourquoi avoir demandé à descendre en ce lieu? Plus concentré qu'auparavant, peut-être plus tendue aussi, elle n'avait pas vraiment réagi à l’illumination des bras de l'Homme Loup. Un simple regard, un léger éclat dans ses yeux. Mais déjà les cris se faisaient entendre et captaient une grande partie de son attention. Silencieuse mais observatrice, elle suivit son guide au milieu des cellules, murmurant simplement

Tant de cellules... Mais aucun bruit autre que leurs voix...

Il y a chez cette Shinigami quelque chose de touchant qui plait au Komamura. Une naïve soif d'apprendre, un émerveillement dans ses mots et le ton de sa voix qui le pousse à continuer de palabrer sur les sujets qu'elle aborde sans aucune retenue, aucune intention cachée. Il la ressent, cette innocence presque pure et enfantine. Elle lui rappelle les plus jeunes de sa meute, dont Jinro. Que deviennent-ils aujourd'hui ?

- Je ne veux pas vous décevoir mais aux yeux de votre peuple, notre territoire est un endroit maudit, protégé par de puissants sceaux qui ne peuvent être franchis par n'importe qui... Alors oui, on peut dire qu'il est bien loin. Les plus jeunes de la meute sont restés là bas oui, dans un calme qui me manque je l'avoue, mais la présence de Jinro ici me permet de retrouver un peu le paisible d'antan. Il est instructeur à l'Académie, le Troisième Siège de la Septième Division : Komamura Jinro. Passez le voir si vous souhaitez revoir quelques bases de Zanjutsu.

S'il avait su faire des clins d'oeil, il en aurait fait un plein de fierté. Et cela se ressent à la manière dont il évoque le titre de son cadet, avec toute la déférence qui lui est due. Que de chemin parcouru pour ce petit être qui aujourd'hui inspire une volonté et une envie de servir à des générations entière d'étudiants.

Il se touche brièvement la main, ressentant encore la présence de celle de Mayuri. Un geste étrange que le sien, lui qui n'a fait que son devoir en appliquant le sceau nécessaire à son passage. Pourquoi la lui avoir attrapé ? De ses paroles s'échappent une fascination pour les arts spirituels mais il ne peut empêcher de trouver le geste étrange. Encore une fois, cette Vice-Capitaine semble différente des Shinigami qu'il a côtoyé jusqu'alors. Plus franche. Cela le fait sourire légèrement.

- Les Kekkai sont une grande partie de mon devoir ici, j'y ai été entrainé depuis ma naissance par l'Ancien. Mon oncle. Il devait se douter qu'un jour au l'autre je devrai m'en servir pour une bonne raison. Ils me permettent de faire beacoup choses, de combler ce que je n'ai pas en quelque sorte et de protéger bien évidemment. C'est leur première utilité après tout ! J'ai été dans le Kidōshū pour me perfectionner avant de venir ici, pour être assez solide en quelque sorte.

Et maîtriser les sceaux était le point le plus important. Intégrer la Première Division n'est pas chose aisée et encore moins devenir un Kanshusha de la Grande Prison Centrale Souterraine. Mais là est son destin, la voie que son peuple a choisi pour lui, indirectement comme directement. Et comme si le poids de cette fatalité revient à lui brusquement, l'évocation du troisième enfer lui rend le visage plus sombre. Son ton devient alors presque monotone.

- Le Shugo. On l'appelle la Prison de la Magie. C'est là bas qu'on enferme ceux ayant utilisé des sorts interdits ou provoqué des catastrophes importantes par leur mauvaise maîtrise. Ou leurs mauvaises intention. Y travailler, c'est une charge de travail plus importante, des sceaux multiples et imbriqués les uns dans les autres pour être capable de contrer ceux qui maîtrisent l'énergie spirituelle de cette manière. C'est éprouvant, oui.

Le plus difficile n'est pas forcément le pire, non. Ce n'est que le troisième, après tout...

En dépit de la froideur et la solennité du lieu dans lequel ils se trouvaient, Mayuri se sentait bien. Cette discussion avec le Gardien des lieux était des plus intéressantes et lui ouvrait tellement de nouvelles perspectives qu'elle ne savait où donner de la tête. Comme si, à chaque instant, une nouvelle idée se mettait à germer dans sa tête. La découverte de la prison et de tous les secrets qu'elle renfermait. Une visite au Royaume des Bêtes. La découverte des Homme-Loup, ce peuple dont elle ne savait rien. La puissance des sceaux, cette branche spirituelle qu'elle n'avait jamais vraiment exploitée. Tellement de possibilités qu'elle fut incapable de retenir une exclamation.

Comme c'est excitant tout cela! Je regrette de ne pas être venue te rencontrer plus tôt! Et je ne manquerai pas d'aller rendre visite à ton ami un peu plus tard!

Sans s'en rendre compte, la jeune demoiselle avait naturellement abandonné le vouvoiement utilisé depuis le début de leur conversation. Non par manque de respect mais parce qu'elle se sentait bien. Et pour elle, le vouvoiement était comme une barrière que l'on dressait automatiquement dans certaines situations.

Si je comprends bien, pour se rendre là-bas, outre la distance, il serait bon d'être accompagné par quelqu'un qui maitrise parfaitement les sceaux et qui connait bien les lieux, au cas où il y aurait de véritables raisons de considérer ce lieu comme maudit? Je pense que je devrais être capable de trouver sans problème quelqu'un correspondant à ces deux descriptions, les choses sont bien faites. Reste à voir s'il voudra bien m'accompagner mais je lui demanderai le moment venu, c'est certain!

Tout en prononçant ces mots emplis volontairement de sous-entendus, elle avait jeté un rapide regard amusé en direction du Grand Loup. Elle ne doutait pas qu'il comprendrait sans le moindre doute ses allusions mais elle voulait juger de sa première réaction. Savoir si l'idée était susceptible de l'intéresser ou si la proposition était déplacée. Après tout, Niji laissait entendre qu'une partie du lieu lui manquait, mais elle ne connaissait pas grand chose de lui. Peut-être y avait-il des raisons qu'elle ignorait quant à son départ de ce lieu. Au moins, elle serait fixée.

Pourtant, malgré son engouement tout particulier, elle calma quelque peu ses ardeurs devant l'explication suivante. Non seulement parce que le sujet prenait une teinte plus sérieuse mais aussi parce que le regard de l'Homme Loup semblait s'être quelque peu assombri. Y avait-il quelque chose de personnel dans l'évocation de ce lieu? Des souvenirs d'évènements passés? Ou était-ce simplement le poids de cette charge qui alourdissait son coeur. Après tout, elle n'avait encore eu l'occasion de se confronter à des criminels importants. Et le jour où cela se produirait, qui sait comment elle réagirait en repensant à cet instant. Ou bien même en imaginant le criminel croupir pendant des décennies ou des siècles dans cette prison.

Par respect, elle demeura un instant silencieuse, laissant à Niji quelques instants pour digérer les fantômes qui semblaient le hanter avant de finalement répondre, d'un ton calme et bienveillant

Un poids qui semble effectivement peser bien lourd sur tes épaules. Mais je ne doute pas que tu le remplis à merveille, au vu de ta maitrise des sceaux, de ta connaissance des lieux ainsi que l'application que tu y mets. J'imagine que c'est une responsabilité forte, tout comme celle de la Neuvième Division quand il s'agit d'appréhender un criminel. Même si, pour ma part, j'ai eu la chance de ne jamais croiser le chemin d'un criminel d'une telle importance. Mais pardonne moi si mes questions te ramènent à de mauvais souvenirs...

Cherchant à détourner quelque peu la conversation pour détendre Niji, elle poursuivit alors

Et j'imagine que plus on progresse au sein des Sièges de la Première Division, et plus on accède à d'autres niveaux. Mais qu'en est-il du niveau où nous sommes? Pourquoi appelle t'on ce lieu la Prison du Calme? As-tu déjà eu l'opportunité d'assister à la libération de prisonniers enfermés ici? Ce doit être aussi un moment assez émouvant.

A l'instant ou la familiarité rentre dans la danse, le Komamura commence à se sentir un brin perdu. Il lui a fallu du temps pour s'accoutumer à la rigueur et aux codes du Seireitei. Devoir laisser de côté - en partie - son côté simple et naturel pour quelque chose de plus contenu, de plus solennel. Le Kidōshū et la Première Division plus encore que les autres, nul doute que s'il avait été muté à la Onzième il aurait pu garder un peu plus son caractère de "sauvage" comme il a pu l'entendre quelque fois à l'académie Shin'ō.

Un brin hésitant il a stoppé ses pas alors qu'ils se trouvent à une intersection entre les cellules. Elle peut croire qu'il cherche sa direction peut-être - et c'est en partie le cas - mais il essaye surtout de comprendre la situation. Depuis combien de temps arpentent-ils le premier niveau ? Tout commence à devenir confus pour lui, étranger qui a l'habitude de se cacher du monde sans le vouloir.

- Hum... Excusez-moi je ne sais plus vraiment où nous sommes. Ah si, c'est bon, c'est par là...

Il recommence à avancer, tournant sa tête pour vérifier que la jeune Vice-Capitaine continue bien de le suivre. Elle souhaite en savoir plus sur son monde à lui et cela joue aussi sur sa confusion, les quelques souvenirs qui lui reviennent alors qu'elle propose en sous texte qu'ils y aillent tout les deux. Comme des vacances en somme.

- Je ne vais pas vous mentir car je suis bien capable de franchir les sceaux séparant de le Royaume des Bêtes et le reste de la Soul Society, par contre... Les âmes ne peuvent pas y aller. Pas même les Capitaines ou les membres des grandes familles. Et si mon frère et moi on a pu traverser le voile ça reste une exception car on y était... obligés, en quelque sorte.

Peut-être est-il trop dur, à l'image de ces prisons de bois qu'ils passent à la chaine. Comme si son devoir le définissait plus que son propre coeur, à restreindre et empêcher. Il lui oppose des refus, des restrictions à chacune de ses paroles. Il commence à se sentir mal, lui qui rêve encore de cette liberté qu'il vivait il y a encore quelques années. Un long soupir entre ses crocs.

- Vous devez vous dire que je suis bien sombre, à l'image de cette prison... Je vous demande pardon.

Mais elle continue son investigation en petite chose émerveillée, à la fois par son guide et par les lieux, leurs mystères communs. Un bon moyen de le ramener dans le droit chemin en somme, lui rappeler qu'il est ici pour répondre à ses interrogation car elle aussi souhaite faire son travail de la meilleure manière qui soit. Est-il seulement le mieux placé pour y répondre ? Après tout le Komamnura n'est qu'un jeune siège.

- Vous avez raison oui, les sièges plus importants s'occupent des niveaux plus profonds. Je n'ai pas l'ambition de le faire, mon devoir réel est de garder un prisonnier du Homare, le quatrième niveau. Après je n'ai pas encore assisté à une libération, je ne suis siège de cette Division que depuis quelques semaines. Mais lorsque cela se produira je pourrai venir vous le raconter, qu'en dites-vous ?

Accompagnant l'Homme Loup, marchant lentement à ses côtés, elle enchainait les questions sans vraiment s'arrêter. Sur cette prison, sur son espèce, sur l'endroit d'où il venait. Elle voyait tant d'opportunités d'apprentissages, tant de nouvelles choses à découvrir, qu'elle en oubliait presque ce que pouvait ressentir son interlocuteur. Rien ne lui disait qu'il avait envie de répondre à toutes ses questions. Surtout que certaines étaient peut-être un peu trop personnelles, plus encore quand on considérait le peu de temps qui les séparait de leur rencontre.

Ainsi, quand son guide sembla quelque peu perdu, cherchant son chemin, elle ne put s'empêcher de culpabiliser un instant. Etait-elle responsable de cette confusion? L'observant silencieusement, elle pencha un instant la tête, cherchant les mots à prononcer pour le réconforter, une hésitation sur le visage. Mais lorsque Niji reprit sa route, tournant sa tête dans sa direction afin de s'assurer qu'elle le suivait, Mayuri se contenta d'afficher un sourire avant de lui répondre

Tu n'as pas besoin de t'excuser, c'est moi qui t'embrouille avec toutes mes questions. Si nous nous perdons, je serai la seule responsable! Mais avec toi pour me guider, je doute que cela se produise. J'ai entièrement confiance!

Peut-être était-ce dû au réconfort de ses paroles ou bien simplement au professionnalisme de son guide mais celui-ci poursuivait finalement la visite et continuait de répondre à ses questions. Même si la réponse n'était pas vraiment celle qu'elle avait espérée à dire vrai. Impossible pour les âmes d'y pénétrer? Non, il devait y avoir une solution! On ne pouvait pas lui présenter un tel cadeau pour le lui retirer ensuite, elle s'y refusait!

Pensive, elle réfléchissait à une solution pour résoudre ce problème. Qui pourrait-elle contacter pour obtenir davantage d'informations. Peut-être sa Capitaine mais il y avait fort à parier qu'elle la réprimande plutôt que ne l'aide. Hm. Il faudrait trouver quelqu'un d'autre. Se creusant la tête pour savoir qui pourrait bien l'aider pour un tel sujet, elle tiqua à la remarque de Niji qui la tira brusquement de ses pensées. Posant une main sur le bras de l'Homme Loup, elle répondit amicalement

Je pense surtout que tu es très dur avec toi. C'est moi qui t'ai un peu forcé la main en te demandant de redescendre dans ces souterrains alors que tu en sortais à peine. Je ne sais même pas depuis combien de temps tu y étais avant mon arrivée. Donc tu dois être fatigué. Et, si je ne peux pas me mettre à ta place, j'imagine que ce ne doit pas être facile tous les jours de côtoyer un lieu aussi sombre. Donc si quelqu'un doit s'excuser, j'imagine que c'est moi! Mais rassure toi, j'apprécie beaucoup tes explications et le temps que tu me consacres. Et comme je l'ai dit à un ami de la Onzième, j'ai beau être Vice Capitaine, je n'aime pas trop les manières. Alors ne t'inquiètes pas, tu as le droit de te comporter comme tu le souhaites quand je suis là, je ne suis pas Capitaine. Même me remettre en place si je pose trop de questions!

Souriant chaleureusement comme pour démontrer qu'elle pensait chaque parole qu'elle venait de prononcer, elle reprit son chemin, reprenant son observation des lieux et écoutant les explications suivantes de son guide. Attentive, elle nota les commentaires qu'il venait de lui faire et acquiesça quant à sa proposition.

Ce sera avec plaisir, passe à la Neuvième Division et je t'accueillerai comme tu m'as accueillie aujourd'hui! D'ici là, je vais continuer de me renseigner sur le Royaume des Bêtes. Si j'obtiens des informations supplémentaires ou si j'ai des questions, je t'en parlerai quand tu passeras à la Neuvième. Il faut juste que je trouve qui pourrait me renseigner, mais je vais trouver! Quant à cette prison...

Elle marqua une légère pause, observant autour d'elle, avant de reprendre en tournant son regard curieux vers Niji

Dis le moi si je te pose trop de questions ou si j'outrepasse mes fonctions... Le Monde peut parfois être tellement ennuyeux. Alors quand je croise une personne intéressante, j'ai du mal à ne pas me montrer curieuse. Puis-je savoir quel prisonnier tu gardes au Quatrième Niveau? Chaque membre de la première Division est-il en charge d'un prisonnier spécifique? Malgré ta nomination récente, j'imagine que tu dois être expérimenté pour t'occuper d'un prisonnier du Quatrième Niveau.