Ehteska

La Cenicienta.

Ardiendo Viva. Lorsqu'elle libère son pouvoir, deux grandes ailes enflammées se déploient dans son dos et son regard devient rouge, brûlant, semblant lui-même fait de flammes. Elle a ainsi la capacité de manipuler le feu de ces ailes, pour peu que celles-ci ne soient pas éteintes.

Renacerá de las cenizas. Tel un phénix qui renaît de ses cendres, le feu qu'elle manipule peut la soigner de ses blessures et accélérer la régénération de son corps.

On pourrait croire que les années vécues ont fait de toi quelqu’un empli de sagesse et ça ne serait pas totalement faux. Calme, mesurée, tu es devenue quelqu’un de réfléchi, capable de passer outre ses instincts pour prendre le temps d’analyser une situation avant de prendre une décision. Tu es quelqu’un qui n’aime pas les actions trop précipitées, tout comme tu n’aimes pas le danger inutile. Tu as horreur des bêtes sans cervelles et c’est pour cela que tu t’efforces de leur être largement supérieure.

Cependant, tu es aussi quelqu’un d’orgueil, possédant un égo surdimensionné. Tu es quelqu’un d’ambition. Quelqu’un qui se voit au sommet. La foule d'adorateurs qui te suit depuis trop longtemps déjà a suffit à ce que tu aies des idées de grandeur. À ce que tu t’imagines au-dessus de tous. Et si aujourd’hui ils ne suivent plus tous tes faits et gestes, venant désormais vers toi pour des conseils ou pour entendre un peu de ce pseudo-savoir que tu te targues de posséder, ils ont composé une grande partie de ta vie, suffisamment pour que tu en sois venue à y croire. À croire mériter cette place.

Pire, à croire que cette place t’est dûe.

Mégalomane sur les bords, tu n’aimes pas la concurrence, pas plus que tu n’aimes qu’on te contredise. Tu n’aimes pas l’arrogance chez les autres, cela provoquant en toi une forte envie que de leur faire ravaler leurs paroles. Ou alors peut-être de simplement abréger leur vie. Ça dépend de ton humeur. Et c’est peut-être pour ça que tu as du mal à t’acclimater à la vie au Palais de l’Hybris. Parce que quand bien même sais-tu te montrer calme lorsqu’il le faut, tu ne peux pas empêcher ton sang de bouillir lorsque tu en vois un autre que toi prendre des décisions. Et c’est justement ce pour quoi tu es là. Parce que tu veux te rapprocher de lui. De celui qui a pris la tête de ce groupe. La Cámara.

Parce qu’il est dit de garder ses amis proches.
Et ses ennemis plus près encore.

La faim physique s’est calmée, avec le temps, et pourtant, tu n’as jamais été aussi affamée. Affamée de pouvoir. Affamée de te hisser au sommet. Tu veux gravir les échelons. Rejoindre l’Espada. Mais plus que ça encore, tu veux faire tomber la tête de Melchom Ayperos pour ainsi pouvoir prendre sa place sur son trône.

Les années t’ont rendu plus sage. Plus calculatrice. T’ont permis d’apprendre à être patiente. À attendre lorsque viendra le moment approprié pour jouer.

Mais elles t’ont aussi donné ces envies de grandeur.
Ces envies de plus.

Parce que tu es ennuyée. Parce que tu as besoin de découvrir de nouvelles choses. De vivre de nouvelles choses. Tu as besoin d’être ailleurs. Besoin de plus d’adrénaline. D’aller chercher plus encore. Plus de pouvoir. Plus d’influence.

Toujours plus.
Car tu ne saurais plus te contenter de moins.

Une trop longue existence s’accompagne d’une certaine lassitude.
D’un ennui évident.

Il y a d’abord les minutes. Celles qui se vivent bien souvent dans la panique. Les quelques minutes qu’il te faut pour réaliser que tu es morte. Face à une réalité que tu ne sais pas encore comment accepter, tu ne peux qu’attraper cette chaîne de tes mains. Celle qui s’accroche à ta poitrine. Celle qui te rattache au corps sanguinolent que tu peux voir étendu au sol, sans vie. Ton corps. Celui que tu habitais jusqu’à il y a de ça quelques instants à peine, et dont tu n’as désormais plus le contrôle.

Alors tu paniques. Tu paniques sans savoir quoi faire. Tu paniques de te voir ainsi allongée. Inerte. De te voir dans cette petite salle sombre, plongée dans le noir. Ta chambre, sans doute. Ou du moins, ça y ressemble. Et tu essaies ce que tu sais déjà ne sera pas possible. Tu essaies de réintégrer ton corps. De le bouger. De le toucher. Sans que rien ne soit concluant. Alors tu ne peux qu’observer les alentours. Tu ne peux que remarquer quelques détails ici et là pouvant potentiellement t’indiquer ce qu’il s’est passé. Comme l’alcool qui s’est renversé au sol, par exemple. Comme la mare de sang que tu as mis du temps à apercevoir. Le temps que tes yeux s’habituent à l’obscurité.

Comme cette longue tige métallique recouverte de sang. Comme ce sang qui ne fait pas que maculer le sol. Qui macule tes cuisses, aussi. Ta jupe. Ton lit. Comme ce crochet que tu n’as pas lâché. Et il y a le désespoir, qui commence à t’envahir. Un cruel sentiment que tu ne parviens pas à t’expliquer.

Puis viennent les heures. Elles sont longues, les premières heures. Elles sont longues, ces heures passées dans le silence, sans possibilité de t’éloigner de cette scène qui va te rendre malade. L’odeur. L’atmosphère. Le poids. La mort. Et pas que la tienne. Tu as mis du temps à le réaliser, que finalement, tu n’es peut-être pas seule ici. Qu’il y a ce petit être emmêlé dans les tissus de ta jupe. Aussi pâle que toi. Recroqueviller sur lui-même. Avec cette même chaîne qui relie sa poitrine à… Ton corps ? Tu ne saurais dire. Et tu ne peux même pas lui demander. Il ne te répondra pas.

Tu as essayé.

Ce sont les journées qui ont été les plus difficiles, tu penses. Celles où tu as été seule. Celles que tu as passé près de ce corps dont personne ne s’est soucié. Ces journées où tu as eu peur. Celles où tu as tenté de fuir ces monstres qui ont saccagé le bâtiment dans lequel tu te trouvais. Ces mêmes monstres qui t’ont blessé. Qui t’ont arraché un bras. Qui ont tiré sur ta chaîne. Ceux que tu n’as pas eu le temps de voir et qui t’ont tombé dessus. Ce sont ces journées là qui ont été les plus difficiles. Celles où ce petit être a disparu, l’un de ces monstres en faisant son repas. Celles où toi tu as tenté de fuir. De prendre tes jambes à ton cou. Avec cette douleur lancinante qui te traversait le corps. La poitrine.

Ces quelques jours où tout a changé. Basculé. Où tu es à ton tour devenu un monstre. Le corps sombre. Plus gros encore. Avec ce masque qui est apparu sur ton visage. Tu n’as pas vraiment de souvenir de cette période de ta vie. Tout ce dont tu te souviens, c’est de la faim. Une faim comme tu n’en as jamais connu. Le genre de faim qui obsède. Il n’y avait plus rien d’important à tes yeux, si ce n’était que de satisfaire cette faim. Que, d’à ton tour, dévorer des âmes. De te repaître de ces âmes qui, comme toi, n’ont pas su trouver la paix.

Les semaines ont amené du changement, dans ta vie. Tu t’es retrouvée ailleurs. Dans un monde différent de celui que tu as connu. Le Hueco Mundo. C’est là-bas que, plutôt que de continuer de te repaître des âmes qui croisaient ta route, tu as commencé à vouloir plus. Plus de cette énergie qui tiraillait ta faim de cette façon. Cette faime que tu ne pouvais pas faire taire. Qui ne faisait que grandir. Encore. Et encore.

Toujours plus.

Tu as cru te perdre toi-même, au fil des mois. De cet amas d’âme appelé Gillian, tu aurais pu t’y perdre. Tu aurais pu perdre ton identité. Être assimilée comme eux l’ont été. N’être plus qu’une parmi tous les autres. Mais tu es restée. Tu es restée là. Consciente. Affichant ce grand masque blanc dans lequel se découpait quelques plumes ainsi qu’un bec. Un bec plus court, presque de rapace, à ne pas confondre avec le nez allongé de ceux qui ont cessé d’exister. Ceux qui ont perdu leur identité pour n’être qu’un tout. Ceux que tu as dévoré. Ceux qui t’ont rassasiés. Un peu. Pas assez. Parce que rapidement, tu as de nouveau eu envie de plus.

À nouveau, cette faim. Cette faim qui a si souvent menacé de te rendre folle. Cette faim qui continue de t’obséder. Ce besoin d’avoir plus. Mais plus encore que ça, ce besoin de devenir plus.

L’Adjuchas est né après des années. Tu as continué d’évoluer, au travers cette nouvelle vie que tu apprenais encore à découvrir. Et après des années à avoir perdu conscience, ou presque, l’esprit dominé par la faim et l’instinct, tu as recommencé à exister. À te sentir vivante. Et tu as donc pu progresser un peu, au sein de ce désert d’énergie. Tu as éventuellement rencontré d’autres qui, comme toi, ont eu l’occasion d’évoluer. De gagner en puissance. De d’autres qui, comme toi, avaient envie de plus.

Et tu as compris, après toutes ces années, que l’ambition n’est pas un fléau de l’humanité. Qu’il touche tout le monde, vivants comme morts. Humains comme monstres. Et qu’il n’y a pas que l’ambition qui s’est étendue jusqu’ici, dans ce monde que tu croyais si loin de celui des vivants.

Il y a la vanité. La toute puissance.
Le besoin de reconnaissance.

D’être adulé.

Viennent ensuite les décennies. Les décennies que tu as passées en groupe, abandonnant cette vie de solitaire pour rejoindre cette secte. Et peu à peu, tu as commencé à adopter leurs idées. Leurs idéologies. À voir en ce Porteur de Flammes un semblant de divinité, ce dernier capable d’éclairer les chemins même les plus sombres. Tu es devenue l’une de ces fidèles, comme bien d’autres. Tu es devenue comme eux, finalement. Comme tous ceux à lui vouer allégeance. Comme tous ceux presque obsédés par ce pouvoir qu’il possédait, par ces flammes qui venaient danser dans tes prunelles sombres.

Et tu es de ceux qui ont mal vécu sa disparition. De ceux qui ont vu une partie de leur monde s’effondrer, lorsque sa flamme s’est éteinte. Tu es de ceux qui ont sombré dans le désespoir, jusqu’à ce qu’une voix ne vous permette de revenir dans le droit chemin. Qu’elle vous partage la vérité quant à cet événement notable. Incroyable, même, que tu pourrais dire. L’ascension. Une nouvelle forme d’évolution. Une nouvelle vie, pour celui que tu as appris à vénérer. Pour celui vers qui tu t’es tournée, alors que tu étais au plus bas. Alors que tu étais complètement seule. Terrifiée. Affamée. Vers celui qui aujourd’hui était plus qu’un Dieu pour vous, ayant atteint un plan d’existence bien supérieur à celui que vous aviez toujours connus.

Alors tu as continué de suivre cette voix, un besoin d’avoir quelqu’un pour éclairer ton chemin. Ce besoin de vivre parmi les autres. De faire partie de quelque chose. D’avoir cette chaleur se voulant presque réconfortante de flammes qui ne venaient malheureusement plus de lui.

Tu en as vécu des choses, au cours des siècles suivants. Tu as connu le bonheur. L’extase. Ainsi que le désespoir. Tu as connu le calme, tout comme tu as connu le chaos. Ayant atteint la forme de Vasto Lorde, tu as aussi atteint plus ou moins en même temps le rang de grande prêtresse. Tu étais devenue, en quelque sorte, cette voix que tu as si longtemps suivie, cherchant à épauler celle qui vous a guidé lorsque l’obscurité a menacé de vous avaler. Et tu as continué de l’épauler jusqu’à ce qu’elle disparaisse à son tour.

Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que toi.

Tu as suivi ses traces. Tu as pris sa place, même. Tu as pris cette place qu’autrefois tu vénérais, menant ce groupe de fidèle qui n’ont eu aucun problème à boire tes paroles, encore moins lorsque tu t’es révélée à eux en étendant ces ailes enflammées. D’abord le Porteur de Flamme. Ensuite votre Papillon. Ils sont partis. Vous ont abandonné. Et toi ?

Toi tu les as sauvé ?

Toi tu as repris le flambeau qu’ils ont laissé tombé. Tu as maintenu cette flamme allumée. Vive. Et tu as continué de leur montrer le chemin. Et si une part de toi continue d’y croire, à cette ascension, à ce plan d’existence supérieur qu’ils ont atteint… Une autre a envie de croire que c’est faux. Qu’elle vous a menti. Pourquoi ? Par jalousie, bien évidemment. Pourquoi eux mais pas toi ? Pourquoi ont-ils pu atteindre cette évolution finale tandis que toi, tu es encore coincée ici ? Pourquoi n’y as-tu pas droit ? N’as-tu pas assez fait, à guider ces pauvres âmes qui, sans toi, se seraient perdus dans l’obscurité ? À guider tous ceux qui sont restés. À préserver ce culte qui, au fil du temps, s’est fractionné et reconstruit.

Des histoires, sur le Porteur de Flammes, il y en a eu beaucoup, depuis. Mais tu maintiens détenir la vérité. Être celle pouvant partager les sages paroles que tu as autrefois pu entendre de sa part. Que les autres peuvent bien raconter ce qu’ils veulent, il n’y a que toi qui sais vraiment.

Ou, du moins, c’est ce que tu racontes.

Un millénaire d’existence. C’est passé le millénaire que tu as décidé de briser ton masque. Que tu as provoqué cette résurrection. Que tu as pu montrer ton véritable visage à tes fidèles, avec cette arme désormais accrochée à ta taille. C’est après plus de mille ans d’existence que tu te dis qu’il n’y a pas eu d’ascension. Pas de plan supérieur. Qu’ils étaient sans doute seulement fatigués, après autant de temps passé à entretenir la flamme chez tous ces êtres inférieurs. Et ce serait mentir que de dire que ce n’est pas aussi ton cas. Qu’il n’y a pas des jours où tu n’es pas fatiguée. Ennuyée. Qu’il n’y a pas des jours où tu t’amuses, à leur dépend.

Des jours où tu essaies de jouer au Dieu, à ton tour. En les faisant brûler dans tes flammes tout en leur promettant l’évolution. Tu ne peux plus compter ceux qui sont morts de tes mains. Et ceux qui t’ont supplié de faire pareil, avec la promesse qu’avec eux, ce serait différent. Qu’eux parviendraient à évoluer au travers les flammes que tu pouvais déchaîner sur eux. Qu’ils étaient naïfs.

Pathétiques.

Tu as vu les choses changer, après plus d’un millénaire. Tu as vu les guerres de territoire. Le trône qui s’arrache. Tu as vu des gens prendre le pouvoir. Puis le perdre. Tu as vu le Hueco Mundo se fractionner, comme l’a fait ton culte au fil de toutes ces années. De tous ces siècles. Et c’est avec le reste de tes fidèles que tu es allée t’installer au Palais de l’Hybris.

Et les choses vont sans doute continuer de changer.
Et au travers tous ces changements, tu n’aspires qu’à une seule certitude.

Que ton nom marque l’histoire.