Orphan Wolf Legend

Les ruines de Las Noches.

C’est en cet endroit qu’il établirait donc désormais ses quartiers, en attendant de trouver mieux sans doute. De ce qu’il avait pu en voir, ce palais était assez vaste pour profiter de tout l’espace dont il aurait besoin sans trop se soucier d’être trop dérangé. Il faudrait juste mettre en place quelques protections nécessaires afin que personne ne vienne mettre son nez dans ses affaires. Peu à peu, il saurait établir un nouveau laboratoire, quitte à prévoir un voyage ou l’autre vers Los Abismos pour récupérer un peu de son matériel. Dans l’idée, il préférait tout de même poser de seconds quartiers afin d’avoir toujours un plan B en cas de besoin.

Beaucoup de repérages donc, ainsi que de premières prises de contact nécessaires afin de comprendre comment le monde fonctionnait désormais à la surface. L’Acuerdo en place d’un Roi établissant sa cour. Des accords et trahisons avec des humains possédant des technologies inconnues – et qui attireraient donc forcément son attention, une curiosité à combler tôt ou tard. Cela voudrait également dire qu’une virée sur Terre s’imposerait tout aussi rapidement, si ces créatures à l’origine si futiles parvenaient à faire jeu égal, et même se montrer plus avancés encore en matière du type de matériel qu’il recherchait pour ses propres expérimentations.

Tant de choses encore à apprendre et à prendre en compte. À commencer par cette forteresse en laquelle il déambulait toujours, et où peut-être de nouveaux visages pourraient lui en apprendre plus.

Maintenant qu’elle était devenue Primera, Lilith avait gagné en pouvoir, en notoriété et se sentait plus libre de faire ce qu’elle voulait. Rester tapie dans l’ombre de son terrier ne semblait plus être une nécessité. D’autant qu’elle se devait d’être joignable que ce soit par les chefs de clan ou les membres de l’Acuerdo nécessitant qu’elle intervienne. Ce n’est pas beau de critiquer les autres si soi-même on ne fait rien. Alors même si cette place privilégiée n’était pas son objectif à la base, elle se devait de s’en montrer digne. Après réflexion, le meilleur endroit pour s’installer étaient les ruines de Las Noches.

Avec l’aide des membres de sa meute, elle déménagea une grande majorité de ses affaires. Certaines, dont elle n’avait pas besoin mais qui restaient précieuses à ses yeux restèrent enfouies dans sa salle secrète. Plus tard peut-être se décidera-t-elle à les apporter. Mais avant cela, elle devait construire dans sa nouvelle résidence une sorte de salle des coffres.

Évidemment, elle n’est pas la seule à avoir choisi la forteresse en ruine pour domicile. Chacun pouvait aller et venir comme bon lui semblait. L’endroit était suffisamment grand pour que tout un chacun y trouve sa place. Las Manadas sont perçus comme des bourrins belliqueux. Pourtant, ils ne sont pas que cela. Ils sont plus que cela. Une ancienne Segunda était connue pour être scientifique. Goeddir aussi avec sa spécialisation dans l’armure et les armes. L’homme de métal… Quant à l’Alpha, cela était peu connu, « Elle » était peu ou pas connue d’ailleurs. Néanmoins, son passe temps était l’ingénierie. Et ici à Las Noches, sa passion se réveillait. Main sur l’un des murs brisés, elle s’imaginait déjà, mettant tout en œuvre pour le réparer. Sa meute, mini-armée de main d’oeuvre facile, pourrait contribuer à ce projet.

Déblayer, trier… Il y aura beaucoup à faire. Une présence la tire de ses pensées. Un Arrancar en approche. C’est le moment de saluer un… Colocataire ? Visiteur ? Fauteur de trouble ? Qui sait…

« Sa-lut. »

Ses lèvres se retroussent et ses pieds s’écartent comme si instinctivement elle se mettait en garde, prête à bondir. Elle doit faire de gros efforts pour refouler cette envie dévorante de dominer le nouveau venu. Ce n’est pas un sentiment qu’elle ressent avec une telle violence d’ordinaire. Mais lui devait avoir quelque chose de particulier pour que son instinct d’Alpha soit autant en émoi.

« Lilith, l’Alpha. »

Tant bien que mal, elle tente de ne pas paraître agressive. Son statut de Primera est aisément repérable par le chiffre un qu’elle a dessiné de son sang sur son bras tel un tatouage.

Le pelage d’Aámon se hérisse, et l’imposant loup noir se tend, retroussant les babines et grondant. Une réponse en adéquation avec l’attitude de cette Arrancar. Bien qu’elle salue, elle retrousse les lèvres et s’apprête à bondir. Lui lève déjà le poing droit, serré. Ce n’est pas du tout une garde, ni une mise en garde. Juste un avertissement : qui s’attaquerait à lui serait bien reçu, les bagues d’acier sombre à ses doigts promettant un défi à la hauteur sur lequel elle pourrait se casser les dents. Le genre d’attirail que l’on ne retrouvera jamais que sur des spécimens aimant à faire jouer les poings.

- Si l’Alpha marque le début, alors je suis sans nul doute l’Omega, celui par qui vient la fin...

Dante n’avait aucune notion de l’interaction sociale régissant une meute. Pour lui, Alpha ne renvoyait qu’à la première lettre grecque, et la symbolique qui allait de pair. Sans aucun doute, il ne se voyait pas le moins du monde comme l’Omega d’une meute, ce loup servant de souffre-douleur au reste du groupe afin d’apporter l’harmonie. Le Malvelada n’était pas l’harmonie, mais la destruction. Un loup solitaire qui avait toujours réduit à néant tous ceux qui avaient commis l’erreur de lui faire confiance. De le considérer comme une partie intégrante d’une groupe en lequel il ne pouvait se soumettre par nature.

- Je suis surtout le Seigneur Loup, Dante Malvelada. Que signifie ces marques que tu t’appliques ? Ta bouche dit « Alpha », tes marques disent « 1 ». Et moi qui pensait que le seigneur de ces lieux était le fauve que certains appellent « Rei ». Qu’es-tu pour lui ?

Louve ou chienne ? Le Seigneur Loup se ferait son avis bien assez tôt. Pour le moment en tout cas, comme attaque il n’y a pas eu, il a baissé le poing en se présentant, et d’un geste intimé le calme à Aámon, écoutant fidèlement son maître même si ses poils et sa queue dressés indiquaient toujours une certaine méfiance, une agressivité prête à être renouvellée.

Seigneur Loup, voilà ce qui éveillait ses instincts de Louve et l’envie de dominer. Ce la doit se voir et se sentir car lui aussi lui fait comprendre qu’il n’hésitera pas à rendre coup pour coup. Un combattant de toute évidence et un tueur si elle en croit ses mots. Un Loup qui a sa propre meute si elle se fie au Hollow à ses côtés. Quel beau spécimen. Peut-être pourrait-elle le convaincre de se rallier à elle plutôt qu’à ce Malvelada. Non bien sûr, il ne faut pas trop compter là-dessus. Cela se voit que le lien entre eux est fort. Qu’importe, elle verrait cela plus tard. Sa question l’intrigue, lui fait froncer les sourcils même. C’est comme s’il ne semblait pas connaître grand-chose du monde actuel, qu’il débarquait d’on ne sait où. Si tel est le cas, alors il va falloir qu’elle le mette au courant. C’est tout de même étrange. Aussi vaste et grand soit-le monde creux, les informations circulent quand même.

« Cette marque signifie que je suis la Primera Espada. Sais-tu ce qu’est l’Espada ? Et que notre monde est divisé en quatre clans ? »

Autant voir où commencent ses connaissances et où elles se terminent. Peu à peu ses pulsions se calment à mesure qu’elle se focalise sur la discussion naissante. La Louve croise les bras et appuie son épaule contre le mur d’un air plus pacifique. Pas totalement décontractée, elle se méfie, mais au moins on ne pourra pas dire qu’elle ne fait pas d’effort. Par contre qu’on ne s’attende pas à ce qu’elle propose le thé, elle n’est pas une Camara, il y a des limites !

« Tu veux parler de Grimmjow ? Je suis sa plus puissante combattante. Du moins d’après les résultats du Tournoi qui a fait de moi l’actuelle Primera. »

A présent qu’elle s’est posée et calmée, elle le détaille sans vergogne. Ses pupilles argentées comme la lune attirent particulièrement son attention. Sa tignasse mériterait d’être reniflée afin de s’imprégner de son odeur. Les chiens reniflent bien des culs, elle son truc c’est plutôt le pelage.

« Peut-on savoir ce que tu viens faire ici ? Simple visite ou installation définitive ? Il ne me semble pas t’avoir déjà vu dans le coin... »

- Primera Espada ? Cela ne signifie rien, non...

Souhaitait-il dire qu’il ne connaissait pas ce titre, ou bien affirmer que cela ne voulait rien dire pour lui, ne lui donnait pas l’ascendant d’aucune sorte ? Vu l’animal qu’elle avait face à elle, les deux étaient des possibilités à n’en pas douter. Et même sans doute un peu des deux ; il ignore de quoi il s’agit, mais n’y accorde pas réellement d’importance. Elle lui évoque le principe de tournoi établissant une sorte de classement, et il opine brièvement en notant l’information mentalement. Souhaitait-il y participer pour autant ? Il se moquait bien d’être marqué d’un chiffre pour épater ses maîtres. S’il aspirait à devenir le plus fort, le plus puissant, c’était de manière absolue, assez indiscutable pour qu’il n’ait pas besoin de se donner en spectacle pour y parvenir.

Quoi qu’il en était, cela voulait dire au moins que cette femme savait se battre. Et qu’elle serait un potentiel défi à affronter, si toutefois il avait réellement une chance. Il savait qu’il n’était pas le plus fort encore. Mais avait un plan de long terme afin d’y parvenir.

- Le monde en surface est bien différent de celui que j’ai quitté il y a bien longtemps. Les ténèbres de Los Abismos ont été ma demeure, mais l’ennui a fini par me gagner. J’ai appris l’existence de ces clans en place des meutes et solitaires d’antan. Je ne sais encore qu’en penser, mais il semble qu’il soit inévitable d’y avoir recours en ces temps. Voici donc celle que j’ai naturellement choisie. L’on dit de Grimmjow qu’il est actuellement l’être le plus puissant et bestial de ce monde. Je ne ploierais pas le genou devant moins que le meilleur.

Il se fait pensif un instant, portant son regard dans le vague.

- Il se dit que des humains demeurent dans le désert. Qu’ils ont apporté leur technologie avec eux. Que sais-tu de cela ?

Les yeux légèrement plissés, elle se demande d’où il vient pour dire cela, et ce qu’il entend par là. Mais aux explications qui suivent, elle comprend. Cela ne fait pas « si longtemps » en termes de temps Hollow que l’Espada existe. Alors s’il a vécu dans les Abysses comme il le dit, c’est qu’il n’en a certainement pas entendu parler. La Louve ne sait pas trop si elle doit lui expliquer les choses plus en détail. Parce qu’il ne lui donne pas l’air d’être quelqu’un qui en ait grand-chose à faire.

Le plus important c’est cette histoire de clan. Et sur ce sujet, il semble être à jour. Choisir le plus puissant, c’est une bonne raison. En revanche, elle va devoir se méfier. Tout dans son discours lui fait comprendre, à tort ou à raison, qu’il ne reconnaîtra pas son statut à elle et qu’il n’en fera qu’à sa tête. C’est là que son indifférence pourrait poser problème. En bon vieux loup solitaire, il va être difficile de travailler en équipe avec lui lorsque la situation l’exigera. Pour l’heure, tant qu’il ne fait pas de vague, elle s’en contentera. Et si les ordres viennent du Conscilio, il devrait s’y plier, enfin elle l’espère.

Les humains. Vaste sujet. Toujours appuyée contre le mur, bras toujours croisés, elle réfléchit par où commencer.

« Il y a quelques années, les humains ont conclu un pacte avec nos chefs. Le droit de construire une base dans le Yermo, contre des âmes. »

L’Alpha ne s’attarde pas sur sa propre opinion concernant ce pacte.

« Ils ont une technologie qui leur permet de passer de leur monde à leur base ici. Une autre qui aspire le reishi. Ils sont la cause d’une énorme anomalie. On l’appelle la Grande Cataracte. Proche de leur base, à cet endroit notre monde devient flou, comme s’il disparaissait dans le néant. D’ailleurs, s’en approcher de trop près, c’est vouloir disparaître aussi. Rien n’en est jamais revenu, à ma connaissance. Dangereux, à éviter. Elle grandit petit à petit et gagne du terrain. Forcément, cela a causé la rupture du pacte. Les nôtres ont attaqué la base. Et ont échoués. »

Elle dit ces derniers mots dans un soupir, dépitée d’avoir assisté à une telle honte.

« Est ce que cela répond à ta question ? »

Pour sa part, c’est sur lui qu’elle aimerait en savoir davantage. Ses yeux clairs se posent sur le Hollow Loup.

« Qu’as tu prévu pour tuer ton ennui ? Tu ne m’as pas l’air complètement seul... »

On fait mieux comme camarade. En tout cas, il ne semble pas très bavard, si tant est qu’il sache parler. Être en tête à tête avec soi même a de quoi en rendre fou plus d’un.