Ghost in the Shelter [PV Ganryū]

- Serais-tu capable de m'expliquer, Tadashi ?

Les yeux sur un rapport, le Kurosawa lève son regard vers l'homme, vers celui qui devait gérer cette opération. Le secteur immobilier représente une source de revenus secondaire pour Kyoya. Pas ce sur quoi il concentre ses investissements et efforts, mais tout de même : une pièce en plus dans l'engrenage de la machine Kurosawa. Alors naturellement, quand une nouvelle entreprise se lance et que son nom est sur le bail de construction, il porte une attention particulière à l'affaire.

- Je suis parfaitement conscient du retard des travaux, monsieur Kurosawa. Je ne voulais simplement pas vous importuner avec ces... Retardements. J'espère pouvoir régler le souci rapidement.
- Cela fait... Le regard qui passe lire une ligne du rapport. Cinq mois maintenant, que tu « espère pouvoir régler le souci rapidement ».

Un silence de tension. Un silence qui peine à donner réponse... Tadashi n'est pas un incompétent. Il travaille pour le groupe Kurosawa depuis longtemps, il a gagné sa place à force de résultats. Il n'est pas parfait, il lui arrive d'avoir de mauvaises performances, mais globalement, Tadashi est ce que l'on pourrait appeler « la moyenne haute ». Alors ici... Ici, quelque chose doit expliquer ces complications. Un élément inattendu. Extérieur.

Perturbateur.

- Les ouvriers sont paniqués. On a eu plusieurs démissions, grèves et exigeances farfelues. C'est...
- Oui?
- Eh bien. Parmi eux, le bruit court que le bâtiment serait hanté. Certains disent avoir... Vu, entendu des choses. Des accidents inexplicables, des blessures, ce genre de choses. Je ne voulais pas vous déranger pour de bêtes superstitions, la situation aurait dû pouvoir se gérer rapidement, mais...
- Mais nous n'avons plus ni le temps ni l'argent pour continuer à délayer. À ce rythme, ce projet va devenir un gouffre de dépenses qui pourrait ne jamais se racheter avec les bénéfices futures.

Un silence, l'homme acquiesce. Kyoya soupire.

- Soit. Je m'occuperais de cette affaire personnellement. Tu contacteras les ouvriers, et tu leur assurera que le problème a été réglé. Je veux les équipes au complet sur le terrain d'ici demain matin.
- Je... Régler l'affaire personnellement, monsieur?
- J'ai mon idée. Fais ta part, et je fermerais les yeux sur ta gestion de l'affaire.
- Bien, monsieur Kurosawa.

Heures supplémentaires, donc.


San'ya. Arrondissement de Taitō.

À Tokyo, on ne parle pas de San'ya. On essaie de faire semblant que le quartier n'existe pas. Mais Kyoya sait. Il a vu ce quartier vivre et vieillir. Il a vu le vieux San'ya, terre des ouvriers, de la main d'oeuvre bon marché qui construisait les infrastructures d'une Tokyo en plein essor. Toujours, le quartier a été pauvre. Mais le temps est passé, et ça n'a fait qu'empirer. Quand il n'y avait plus besoin de travailleurs, mais que les travailleurs avaient toujours besoin d'un salaire, San'ya est devenu le lot des sans-emplois, de ceux qui survivent avec de rares contrats, avec le travail au noir, dans l'illégalité... Et ceux qui ne survivent pas.

D'un pas tranquille, Kyoya s'avance dans les rues nocturnes de San'ya, jusqu'au bâtiment. Des barrières dressées autour d'un chantier à l'arrêt, ce complexe résidentiel a longtemps été abandonné. Refuge des squatteurs, vivier d'une criminalité de bas-étage, l'endroit avait sa réputation de petit enfer à huit-clos. Là où les petits gangs sans valeur faisaient la loi, où la violence était habituelle et où il n'y avait pas de sirène de police pour y répondre. Seulement le silence.

Kyoya a lu, et il a vite compris. Compris pourquoi les ouvriers... Voyaient des choses.

Sans doute qu'il reste quelques âmes attachées à ce bout de béton. Et puisqu'ils sont liés à la Terre, alors les Shinigamis tarderont à les voir... S'ils les voient seulement un jour. Pire encore : peut-être même que l'endroit est déjà le terrain de chasse d'un Hollow. Dans tous les cas ? Dans tous les cas, le monde des esprits empiète sur ses affaires dans le monde physique. Alors ce soir...
Il va s'improviser exorciste.

Un manteau sombre le couvre du froid nocturne. Gants et chaussures de cuir, un chapeau qui cache ses yeux : un couleur abysse, un couleur océan. À sa main droite, une longue malette en métal, couleur noir mat. D'un pas tranquille, il pénètre dans le bâtiment, puis ôte son chapeau. La tâche est simple : identifier l'intrus. Et gérer la chose en évitant les dégâts. S'il s'agit d'une âme en peine... Il devra être plus subtil. S'il s'agit d'un hollow...

Opération extermination.

Il se dit beaucoup de choses sur l’actuel King of Swords, que ce soit au sein de sa propre unité comme chez les autres. Qu’il ne fasse pas l’unanimité est un doux euphémisme, tant ils sont nombreux à discuter ses manières, qu'elles soient professionnelles ou personnelles. Dans la vie de tous les jours comme au boulot, nombreux s’entendent à dire que le rouquin balafré pourrait faire de sérieux efforts pour se mettre au niveau. Si sa force n’est jamais le sujet de ses détracteurs, son intelligence ou encore son génie tactique interrogent, dérangent. Pas le plus brillant pour élaborer des plans, pas le plus fin dans ses méthodes de résolution d’un problème, partout où il passe, il faut s’attendre à relever de la casse. Et c’est que ça a l’air de suffire à ses supérieurs, pour le moment. Ils ne devaient pas s’attendre à un stratège de génie lorsqu’ils lui ont proposé ce poste, de tout évidence. Il fait le job, comme diraient certains…

Ce soir, le Kichigai a un sacré boulot qui l’attend.
Une opération de nuit comme il aime les mener, son horaire de jeu préféré comme il le répète souvent. Lorsque le soleil est couché depuis plusieurs heures et que seule l’obscurité subsiste dans les coins dépourvus d’éclairage, c’est là qu’ils sortent en plus grand nombre, qu’ils aiment partir à la chasse. Bien que la plupart des mortels ne soient pas capables de les déceler à l'œil, que ce soit en pleine journée ou au beau milieu de la nuit, ces prédateurs à l’appétit vorace apprécient la chasse nocturne. Particulièrement celui qu’ils ont dans le collimateur pour cette fois, lui et quelques-uns de ses hommes.
Une escouade à effectifs réduits, le strict minimum pour régler un problème qu’il se sait parfaitement en mesure de gérer en solo. C’est simplement histoire que la hiérarchie ne vienne pas trop lui chier dans les bottes, qu’on le laisse s’éclater sans trop l’emmerder. Au moins, s’il se plie au protocole, les autres n'auront rien à redire. Du moins pour cette partie de la mission, au minimum.

Il a donc embarqué avec lui quatre Swords de confiance, quatre de ses gars avec lesquels il a déjà bossé et qui sont capables de se démerder par eux-mêmes. Sojima, le Ten de l'unité, est un très bon chef d'équipe qui n'a pas constamment besoin de la présence rassurante du King à ses côtés pour mener à bien les objectifs fixés. Son sens du leadership et sa force le rendent plus que compétent pour diriger une équipe réduite de combattants aguerris. En plus, c'est un type futé comme le souligne souvent son Roi.
— Soji', on fait comme d'hab'. J’prends celle de gauche. Le colosse à la chevelure flamboyante claque à son subordonné un sourire carnassier. — Reçu, King. Naganaka Sojima, un jeune trentenaire aux allures de soldat des forces spéciales européennes, se retourne vers les trois autres membres de l’Ultima, un sourire amusé au coin des lèvres. — Ok les gars, on va former deux groupes. Koei, Shin’ et Matsumada avec moi. Le King Kichigai formera le second groupe. Il s’occupe de nettoyer le bâtiment de gauche, juste là, on prend celui à droite, à une cinquantaine de mètres d’ici. Préparez-vous à y aller, on attend le go.

Deux cibles distinctes, la première est un bâtiment résidentiel sur deux étages, du genre avec une mauvaise réputation, celle entourée de mystères et de faits inexpliqués. Le genre que l’on évite comme la peste, si on est un brin superstitieux. La seconde cible se cacherait dans un chantier, un de ceux qui s’éternisent de trop. Si on a connaissance des grandes méchantes bestioles qui rôdent à Tokyo, on sait pourquoi il y a autant de couilles pointées dans le quartier, pourquoi ce chantier-là possède également une mauvaise réputation, pourquoi on lui prête des histoires étranges, paranormales.
A défaut de pouvoir appeler une équipe de chasseurs de fantômes qui ne feront probablement qu’empirer le phénomène, voire se faire tuer, on ne fait rien. Les mortels ne font rien, en tout cas. L’Ultima Necat a San'ya dans le collimateur depuis quelques temps maintenant, des agents ayant déjà été envoyés sur les lieux pour glaner plus d’informations et s’assurer qu’il s’agissait bien d’une affaire traitant de leur spécialité. Celle de l’élimination de Hollows, foutus salopards grailleurs d’âmes, comme les appelle Ganryū. — Ch’est bon l’gars, ch’uis prêt ! Lechgo ! Terminant de mâcher le dernier morceau de son burger, ce dernier se lèche les doigts avant de lever le pouce de la dextre en signe de lancement de la mission. Il n’en fallait pas plus à son équipe pour se déployer.

— Aaah, enfin tout seul ! C’pas qu’j’les aime pas l’gars, mais c’quand même mieux de fracasser du Hollow solito pipo ! Giah-ah ! La silhouette enveloppée dans un long manteau à fourrure rouge dont les extrémités flirtent avec le bitume, il s’avance jusqu’à l’entrée du bâtiment. Pénètre dans le dans le chantier comme si nulle menace ne plane en son sein, fredonnant les paroles d’une chanson apprise ce midi, pendant qu’il mangeait en regardant la télé. S’engouffrant dans l’une des ouvertures au rez-de-chaussée, il fait s’activer ses doigts d’acier, comme pour les échauffer avant que la partie ne commence. — Bon ! J’suis une salope si j’termine pas d’nettoyer c’coin avant les autres ! Voilà qui était dit, pas besoin des autres pour se lancer des défis, il se suffisait à lui seul.
Progressant d’une manière nonchalante qui donne l’impression qu’il ne prête attention à ce qui l’entoure, ses pas résonnent tout autour de lui à mesure qu’il s’enfonce dans la première pièce, cherchant à gagner l’étage supérieur.

De la pénombre surgit une bestiole immaculée, quadrupède ressemblant vaguement à un animal sauvage, qui bondit à la gueule du King of Swords afin de lui broyer la gorge sous ses mâchoires. Désintéressé d’un truc aussi insignifiant, sachant que ce n’est pas lui qu’il cherche, ce n’est qu’à la toute dernière seconde que le Fullbringer lui décroche une droite pleine fiole, brisant le masque sous l’impact et envoyant valdinguer le démon en sens inverse. Arrêt-buffet, qu’ils appellent ça dans le monde de l’ovalie. — Pfeuh. M’faites pas chier les mange-merde.

Au fur et à mesure que ses pas le mènent plus avant dans la structure, quelques évidences s'imposent.

Le problème est effectivement un problème de Hollow. Mais... Mais ce n'est pas un pauvre Hollow isolé. Avant même d'en croiser un, il ressent plusieurs présences, entend plusieurs de leurs cris. Ils sont actifs. Agités. Comme si... Comme s'il y avait quelque chose. Une sorte d'agitation qui prend le bâtiment, quelque chose dans l'air. Ses sourcils de froncent, il réfléchit... Mais bien assez tôt, il est interrompu dans sa pensée.

Un long couloir. Lui d'un côté, et de l'autre, une créature qui passe l'angle et se dévoile. Sur quatre pattes, une chose aux membres élongés, une chose avec deux masques, deux têtes. La créature fixe, immobile... Puis elle charge. Alors il lève le bras, et il ouvre la mallette. D'un geste vif, il en sort son Tachi, qu'il dégaine plus vite que l’œil ne peut suivre. Quand la créature fond sur sa cible, il est déjà trop tard : coupée par le milieu, son corps est séparé à la rencontre des deux cou. Un mouvement plus tard, il brise les deux masques, et la chose s'évapore. Il sourit.

- La soirée va peut-être être plus intéressante que prévue.

C'est parfois trop tranquille à son goût, la vie qu'il mène au nouveau millénaire. Le rush du combat ne le parcours plus aussi souvent qu'il l'aimerait... Et ces moments, ce sont ses occasions de garder contact avec qui il est réellement, derrière le masque : un guerrier de toujours.

Dans tous les cas, il ne doit pas perdre de vue la raison de sa présence : s'occuper de la menace sans trop faire de casse. Ainsi, ses yeux se ferment pour qu'il puisse voir : pour qu'il puisse sentir les présences, les Reiryoku... Et c'est à qu'il se rend compte, alors qu'il se concentre...
Il n'est pas seul.

Ça aussi, ça n'était pas prévu. Mais ça, ce pourrait s'avérer être un problème plus préoccupant encore que quelques Hollows errants sur sa propriété... ça pourrait attirer d'autres types d'ennuis. Alors il réfléchit... Et il approche.

C'est au détour d'un couloir qu'ils se croisent. Ou plutôt, d'abord, Kyoya croise un Hollow... Et quand la créature va pour abattre son poing, le bras saute, découpé d'un mouvement vif. Alors le Hollow hurle, et abat son autre poing... Et perd son autre bras. Entre douleur et rage, la chose décide de fondre sur le Kurosawa, toutes dents sorties, prêt à le déchirer.

Devinez ce qu'il a perdu, après ses deux bras ?

Kyoya regarde la tête rouler jusqu'aux pieds de l'homme aux cheveux de feu, puis disparaître dans l'air. Dès lors, ses yeux remontent vers lui.

- Je crois que vous avez raté le panneau « propriété privée » à l'entrée. Sa lame reste dans sa main, mais abaissée, sans menace. Nous sommes en pleine opération de dératisation, vous voyez.

Reste à savoir si toi aussi, tu es un rat ou non.

Ganryū n'a jamais été très doué pour ressentir les énergies spirituelles, pour capter les énergies qui se dégagent d’un lieu, d’une zone, d’une personne, d’une chose. Pourtant, l’ambiance pesante qui oppresse ce bâtiment en plein travaux ne lui échappe pas, pour un peu elle lui sauterait à la gueule. Il le sait, il le sent, cet endroit est la tanière d’un truc beaucoup plus gros et lourd que les nombreuses bestioles qui pullulent dans les moindres recoins. C’est le gros morceau qu’il vise, le grand méchant loup blanc, sa cible prioritaire, mais les autres chiasses doivent être exterminées aussi, c’est la règle. Sa règle, sa façon de jouer, de protéger ce monde. Un monde qui est le sien, bien qu’il se passerait bien d’une présence aussi chaotique et égoïste que le King of Swords.

Il s’arrête à quelques mètres d’un changement de direction, un couloir en croisant un autre juste devant lui.
Il a repéré quelque chose, senti quelque chose. Et comme il n’a pas envie de s’emmerder à chercher, à jouer au jeu du chasseur et du hollow, il compte bien le laisser venir. Au plafond, la masse se déplace à vive allure dans la pénombre, plane un instant dans les airs avant de fondre sur sa proie. Grand et imposant, le Kichigai est une cible de luxe pour des petits hollows affamés, son reiatsu débordant, sombre et violent, leur mettant l’eau à la bouche. La bestiole ailée prend sa chance depuis les hauteurs, fondant comme un aigle sur le rongeur, à la différence qu’ici le rongeur tient plus du prédateur sur lequel se casser les dents que d’un délicieux repas.
De ses deux mains, le King attrape et bloque le crâne du monstre alors que celui-ci s’apprêtait à lui croquer un bout de trombine. Piégée, le mangeur d’âme gesticule, s’agace, panique. Hurlements et tentatives de griffures se multiplient sous le regard carnassier et moqueur du rouquin, qui finit par abréger le jeu en broyant la cervelle du monstre. Celui-ci s'évapore dans l’air tandis que le colosse continue son chemin.

— J’espère qu’le gros s’ra moins fragile qu’ces p’tites merdasses parc’qu’sinon j’vais m’faire chier putain. Il connaît sa puissance, sait parfaitement qu’il représente le haut du panier au sein de la masse des Fullbringers, qu’il représente un casse dalle hors de portée pour ces petites créatures faiblardes. Des petits hollows aussi faibles n’ont aucune chance contre lui s’ils attaquent séparément, mais la coordination et l’esprit d’équipe ne sont pas leur fort malheureusement pour eux. Un peu comme lui, au final. Lui qui n’aurait jamais rejoint les rangs de l'Ultima Necat s’il n’avait pas suivi Koshiro à l’époque. Bosser avec d’autres types que les copains de Xtincti0n était toujours aussi difficile, même des années après. Un tas d’trous d’culs comme dirait Ganryū.
Un bruit sourd le tire de ses pensées tandis qu’il se présentait à l’intersection, quelque chose qui roule jusqu’à ses pieds. Une tête de hollow. Sourire carnassier qui le défigure tandis qu’il relève les yeux dans la direction empruntée par cette fameuse tête coupée. Un type chiquement habillé, manteau qui le couvre, chapeau qui le cache. L’allure d’un homme d'affaires en plus dangereux, sans doute la présence du katana dans sa main qui veut ça. Jamais vu sa tronche avant, c’est ce que se dit le colosse balafré.

— Propriété privée ? Ah merde, c’tas d’ruines c’privé ? Mah, y’en a qui aiment trop pisser n’importe où pour marquer leur territoire ! Fidèle à lui-même, le Roi se fout totalement de savoir si ces mots peuvent blesser, agacer, insulter. — R’marque, j’suis pas l’seul à pas savoir lire apparemment, y’a tout un tas de bouffeurs d’âmes qui s’est invité chez toi mon gars ! Il ricane, son rire gras résonnant dans les corridors. Il ignore si c’est vraiment lui le propriétaire des lieux et à vrai dire s’en moque, ça ne change rien à sa vanne. En pleine opération de dératisation qu’il dit, de très gros rats alors. — Dératiser à l’épée, c’pas un peu chiant ? J’veux dire, t’as l’intention d’finir avant l’matin ou t’as planté une tente ici ? Giah-ah-ah ! L’humour est utilisé, ni le ton employé ni la posture du Roi ne sont menaçant, mais il se pose des questions. Cette dégaine, c’est pas celle d’un humain normal. C’est pas non plus un gars de chez eux, sinon il aurait reconnu le chef des Swords. Depuis les années passées à taper sur les monstres et à casser des bouches, Ganryū a eu l’occasion de croiser tout un tas de personnes bien différentes des humains, des vivants comme des morts. Comme les Shinigamis, par exemple.

Ceux qui se battent avec des épées, comme celle que ce type tient dans sa pogne.
C’est une belle coïncidence, non ? — Dis-moi le dératiseur, t’serais pas un Shinigami par exemple ? Le sérieux de la question et le regard mauvais qui s’accompagne laisse présager de mauvaises relations avec ceux qui se font appeler les Dieux de la Mort.

Il jauge, il juge. Un instant de silence pour faire écho aux différentes répliques de l'homme en face.

- Non. J'ai l'intention de finir dans la dizaine de minutes qui suit.

Quelques Hollows ne l'intimident pas. Il devine que l'homme en face est... Différent. Il voit les créatures, il les tue. S'il devait deviner ? Quelqu'un comme lui. Il n'a pas l'allure d'un Shinigami, et il n'a pas ce quelque chose de particulier qui suit dans le sillage des Hollows... Pour autant, il reste dangereux. Dans le monde de Kyoya, l'inconnu est dangereux, peu importe son origine. « Quelqu'un comme lui » ne dit rien sur les intentions de cet homme, ni sur qui il est. Est-il seul, est-il indépendant ? A-t-il des alliés ? Il ne sait rien. Tout ce qu'il sait, c'est un homme qui voit et tue les hollows. Donc, un potentiel.

Donc, une menace éventuelle.

- Je doute que les Shinigamis soient du genre à tenir des propriétés de notre côté du monde. Un fin sourire. - je préfère les éviter. Ils ont généralement le profil fouineur. Trop à mon goût.

Du genre à se penser haute-autorité sur les affaires du monde spirituel. Or, il a assez vu passé les siècles pour savoir que parfois, les Shinigamis échouent. Parfois, ils n'arrivent pas à temps, parfois, ils font plus de bien que de mal. Ils font leur travail, en majorité... Mais ils s'imaginent un monopole dans une entreprise qui les dépasse, si on lui demandait son avis. Et les indépendants qui s'essaient à marcher sur leurs plates-bandes ont généralement des problèmes. C'est précisément pour ça qu'il reste discret sur ses quelques activités, ses quelques massacres de Hollow. Il tâche d'être rapide, il tâche de ne pas laisser de traces, il tâche de ne pas trop en faire, que ça ne soit pas trop fréquent. Rester sous les radars, le prix de la tranquillité.

Celui en face ? De prime abord, si Kyoya se fiait à la première impression... Il se dirait qu'il ne se pose pas trop la question, en comparaison.

- Faisons simple. Il fixe le roux, marque un moment de silence, comme l'air de penser ses mots. - Je ne suis pas un Shinigami. Je suis juste quelqu'un qui se trouve à la fois être propriétaire du terrain et être capable de tuer les Hollows. Je ne sais pas si tu t'imagines des rôles de super-héro spirituel, si tu es seul, si tu as ta petite équipe de super-héros avec toi... Il rit doucement. - Peu importe. Ce qui importe, c'est que je suis capable de gérer la situation. Je n'ai pas besoin d'aide. Encore moins le genre d'aide qui va avec des trous dans les murs.

Après tout, l'objectif c'est de nettoyer le terrain pour qu'il puisse être exploité en paix. Que les ouvriers reprennent le travail.

- Je suis sûr qu'il doit y avoir une autre alerte invasion hollows quelque part dans Tokyo. Tu seras plus utile à tuer ces choses là où il n'y a personne capable de les gérer, tu ne penses pas?

Et il se pose la question, en même temps qu'il la dit à voix haute...
Est-ce qu'il pense ?