Ride the Lightning

La situation ne semblait pas prête de bouger. Comme il devait s’y attendre… L’affront qui avait été commis envers sa tante il y a bien des années de cela continuait de lui nuire, et ce n’était pas près de s’arrêter. Il y a six ans, lorsqu’il avait enfin eu l’autorisation de rejoindre une division, il avait eu une occasion de demander pardon, sans doute. D’incliner l’échine et de reconnaître son erreur, pour que change son destin. Cependant, Kōga n’avait jamais considéré en avoir commis une en premier lieu. Son avis d’alors, au contraire d’avoir changé, n’avait fait que s’affirmer plus encore. Forgé dans le ressentiment et la rancœur, sa détermination de faire un jour éclater au grand jour ses droits selon lui légitimes étaient plus forts que jamais.

Quoi qu’il en soit, cela faisait désormais six années qu’il était Neuvième siège de la Huitième Division. « 9 » qui sonnait comme « souffrir », ainsi était scellé son sort. Mais il s’estimait bien au-dessus de cela. Sa puissance brute, et les techniques apprises auprès de son défunt père devraient suffire à lui valoir un poste de Vice-Capitaine, sans parler de sa dignité à toute épreuve et de son sérieux irréprochable en mission. L’Ogasawara éprouvait non pas l’envie, mais le besoin de se prouver quelque chose. Alors, dès qu’il put s’extirper de la surveillance étroite d’Akemi, il prit la décision de se rendre là où l’on disait qu’il était aisé de trouver un combat.

Les portes de la Onzième Division furent passées. Ça empestait le gorille, comme l’on pouvait s’y attendre. Avec un dédain à peine dissimulé, il fit passer son regard cramoisi sur les différents spécimens présents.

- Qui est le plus fort d’entre vous ici ? Peut-être dois-je vous laisser une heure ou deux entre vous le temps d’en discuter ? C’est un concept que vous connaissez, n’est-ce pas ?

Un hameçon est lancé. L’on verrait quel type de poisson viendrait y mordre...

A la Onzième Division, on y est bien. Je me répète, mais je suis franchement heureux d’avoir été envoyé là-bas. Il faut dire que j’en ai le bon profil, un type qui aime se taper avec les poings, doué au maniement du sabre et qui est pas foutu d’utiliser correctement un sortilège. C’est pas demain que je deviendrai Nécromancien, c’est ce qui doit être marqué sur mon dossier. Par contre, je me démerde pas trop mal dans les combats au corps à corps, et c’est tout ce qu’on demande à la Jūichibantai.
Autre chose qui fait que je m’y sens bien, c’est qu’on a toujours pas eu de Capitaine pour remplacer le dernier. Un monument, le dernier Zaraki, de ce que tout le monde s’accorde à dire. Est-ce que c’est pour ça qu’ils ont autant de mal à lui trouver de successeur ? Je sais pas et en vrai, je m’en cogne, je suis juste heureux que ce soit plus tranquille dans le coin.

On est pas non plus livrés à nous-mêmes, y’a encore les sièges pour nous gérer, mais c’est pas la même. On me fout plus facilement la paix, je dois dire. Et si d’ordinaire je profite de mon temps libre pour aller pioncer dans un coin paisible, ou pour jouer du sakuhachi, cette fois j’ai voulu rester avec les gars.
Même une tête à claques dans mon genre parvient à se faire des potes ici, où la force des poings est plus respectée que ta manière de t’exprimer. Pas besoin d’être d’un péteux de la noblesse pour être quelqu’un, ce serait même souvent tout le contraire. Plus un ramassis de têtes brûlées que des littéraires réfléchis et posés, avec eux on ne s'ennuie jamais. Et j’ai comme l’impression que les autres divisions le savent, qu’elles nous envient, au point de régulièrement nous envoyer quelques-uns des leurs pour des tests.

Quels genres de tests, je saurais pas trop dire exactement, mais y’a ce phénomène qu’on peut observer depuis pas mal de temps. Etude comportementale, savoir si on réagit correctement en société, en contact avec des intervenants extérieurs. L’impression aussi, que lorsqu’ils se font chier dans leurs quartiers, ils vont voir les singes de la Onzième pour se distraire, s’ils sont contrariés ou frustrés de leur journée, ils viennent trouver les singes de la Onzième pour se défouler.
L’autre fois, Shinjiro s’est foutu sur la tronche avec un Capitaine carrément, parce qu’il avait besoin de sortir toute sa rage dû à ses fonctions, probablement. Et c’est ici qu’il a décidé de le faire, chez les singes de la Onzième. Parce qu’ils sont fait pour ça hein, parce que de toute façon personne ne trouvera ça irrespectueux d’aller coller quelques mandales aux sièges qui s’y trouvent.

Me donne envie de me pencher plus sérieusement sur la question, de savoir si on se foutrait pas un peu de notre gueule, de voir si on abuserait pas un peu sous prétexte que notre division a pour fonction première le combat rapprochée. Oui parce que y’a que des bourrins écervelés qui peuvent garnir une telle division, donc pourquoi on s’emmerderait à les traiter correctement ? Ils s’en foutent bien, ils n'ont même pas de quoi réfléchir à la question.
Pourtant, même le plus petit des cerveaux a de quoi comprendre que sa condition n’est pas acceptable. Enfin, c’est une question sur laquelle je m’interroge ces derniers temps.
Pas en ce moment même, trop absorbé dans la partie dans laquelle j’ai accepté de me lancer. Un jeu qui se joue avec une petite balle en cuir, un mur sur laquelle faire rebondir la balle, et une dizaine de joueurs.
Un bon moment passé entre camarades, qui resserre les liens et entretient les capacités physiques et psychologiques. Mais un bon moment qui est interrompu par un de ces gars qui viennent à la Onzième pour trouver un singe de la Onzième sur lequel se défouler.

Qu’est-ce qui me fait dire ça ?
Oh, un tas de choses.

Indice numéro un, monsieur déboule dans nos quartiers comme s’il était chez lui, homme fort du foyer rentrant dans sa baraque après une rude journée.
Indice numéro deux, monsieur ne s’emmerde pas à décliner son identité, après tout pourquoi faire ? On ne mérite pas qu’on se donne cette peine.
Indice numéro trois, monsieur s’adresse à nous comme à de véritables attardés.

Un simple coup d'œil à la dégaine du mec me fait questionner sur le rang social du bonhomme. J’ai été habitué à en croiser des types issus des bas-fonds du Rukongai, ça renifle très facilement cette race-là. D'autant plus lorsqu’on en est un, comme moi, directement extrait du Soixante-Quinzième district.

A sa provocation, y’en a beaucoup qui réagissent et certains commencent déjà à se chauffer pour y aller. — Je pourrais te donner quelques noms pour répondre à ta question… Je leur coupe l’herbe sous le pied, levant la voix et me dirigeant lentement vers l’inconnu. — Le truc, c’est qu’ils sont pas là, donc ça servirait pas à grand-chose, non ? Shinjiro se serait fait un plaisir de plier ce mariole en deux, Yuta y serait allé de bon cœur pour lui faire ravaler sa supériorité bien affirmée. — Je vais pas faire venir Shirahime, vu son sang froid, un échange de mots avec toi et elle risquerait de retourner en taule… Non, pas besoin d’aller trop loin avec ce genre de prétentieux.

Je lui adresse un sourire amusé, levant légèrement les bras au ciel. — Du coup, il va falloir te contenter de moi. Ce qui je pense, sans vouloir te vexer, suffira largement… Et je vais pas te filer mon nom, vu que t’as pas l’air de trouver ça important pour ce que t’as en tête.
J’entends les mecs derrière qui réagissent vivement, heureux qu’un challenger se soit désigné pour faire ravaler ses dents au petit péteux à la belle chevelure. Il m’a pas provoqué en duel, pas encore, mais je sais très bien pourquoi il est là. Tu viens pas chercher la tête du plus balèze de la Onzième pour lui demander des cours de peinture.

Les autres sont déjà en train de libérer un terrain d’entraînement en extérieur pour nous y accueillir, de se rassembler autour et faire passer le mot. La décision finale revient à mon interlocuteur, mais la réponse devrait pas me surprendre.

Pas un seul mouvement face aux premières réactions. Imperturbable, malgré qu’il soit en terrain ennemi à présent. Comment le considérer autrement ? Il s’estimait presque aussi différent d’eux que des Hollow. N’était-ce pas tous des animaux dépourvus de raffinement après tout ? Au moins ceux-ci avaient apparence humaine, mais il n’était pas dit que dès lors, des Arrancar ne pourraient pas offrir un raffinement supérieur. C’était une éventualité du moins, mais de laquelle il ne s’embarrasse pas, ce n’était pas comme s’il allait être amené à en croiser bientôt, n’est-ce pas ?

Quoi qu’il en soit, ici et maintenant, un poisson mord à l’hameçon. Le premier à prendre la parole, à s’approcher, sans que d’autres ne cherchent à lui disputer ce privilège. Un minimum respecté, donc. Et que respectaient-ils sinon la force ? Pas le meilleur de ce qu’il pourrait trouver ici, de toute évidence. D’autres noms auraient été à proposer d’après lui, absents pour l’heure. Il se contenterait bien de celui-ci.

- Ce devrait suffire largement en effet.

Réplique-t-il un peu détaché, comme s’il n’avait cure d’être victorieux ou non. Ôte déjà ses bras de ses manches, laissant son Shihakushō retomber sur ses hanches, retenu par la ceinture. Ainsi dévoile-t-il un corps fin, à la musculature délicate. Les intentions sont sans équivoque, et la réplique laisse entendre qu’en effet son interlocuteur n’est pas contre lui faire ravaler sa fierté. Lui se pose simplement en garde, avant de laisser éclater enfin une première preuve de sa puissance : un déferlement d’énergie autour de lui, comme un aura de foudre lui collant à la peau, quelques arcs électriques ruisselant parfois à la surface de celle-ci. D’un signe de la main, d’une provocation on ne peut plus classique, lui fait signe d’approcher...

Sans grande surprise, il confirme ce que l’on pensait tous ici, le gars est venu pour se mettre sur la tronche. Sans raison, c’est totalement gratuit et inexpliqué, mais il a bien l’air de s’en tamponner, des explications. Il m’a d’ailleurs l’air de se foutre de pas mal de choses, ce mec. Je me demande même si il nous accorde un minimum d’intérêt, à part de lui servir de lieu pour se défouler quand il a un chagrin dans sa folle vie. J’avoue que son attitude ne me plaît pas, m’agace un brin, même. Des prétentieux comme lui, la Soul Society en héberge malheureusement beaucoup trop à mon goût. La différence entre les classes ici est plutôt sévère avec ceux qui se retrouvent tout en bas. Encore que je sais même qui il est, si ça se trouve c’est juste un connard issu du Rukongai lui aussi.

Dans tous les cas, son attitude ne passe pas et c’est pas seulement avec moi que ça bloque. Pendant qu’on se déplace jusqu’au terrain d’entraînement qu’on vient de nous préparer, j’entends des camarades de la division me glisser quelques mots d’encouragement, des consignes de traitement de notre désormais invité s’étant imposé à nous.
On me dit de lui péter la gueule, de lui faire avaler son petit air supérieur, de lui fracasser les genoux pour lui apprendre le respect, de lui casser la bouche pour la politesse. Ambiance district du Rukongai, quand je me tapais des un contre un avec le grand caïd d’un district dans lequel on venait foutre le bordel, avec mes gars. Je soupire un coup, repensant à ces années passées. Si seulement Yoshimitsu pouvait voir ça… il aurait été le premier à me motiver pour ce défi.

Le gars en face ne semble pas vouloir perdre de temps, fait tomber le haut de son uniforme pour y dévoiler une musculature qui aurait pu en impression s’il n’avait pas été à la Onzième. C’est pas mal, mais j’ai vu mieux. — Je serai presque impressionné, vraiment.
Comme pour répondre à ma remarque, il laisse exploser son énergie spirituelle, montrant une partie de sa puissance. Mais c’est qu’il pourrait presque faire un parfait combattant de la Onzième, celui-là. J’avoue que maintenant qu’il vient de claquer son petit tour, la perspective du combat me fait légèrement chier. Je le sens, ça va pas être un truc tout simple, je vais être forcé de me donner plus que ce que je voudrais. ‘Fait chier, j’avais juste envie de jouer aujourd’hui, moi…

Ça fait son petit effet autour de nous, certains ricanent d’un air moqueur, mais d’autres comprennent que le sérieux de la situation a soudainement grimpé.

Zieutant un instant la foudre s’échapper de son corps, une grimace déforme mon visage tandis qu’il m’invite à ouvrir les hostilités. Forcément, c’est à moi de me taper tout le boulot hein.
Nouveau soupir, exaspéré, je laisse éclater mon reiatsu. C’est bien moins impressionnant, une aura violacée qui se déchaîne sur l’aire et se heurte à mon opposant, cherchant à l’écraser. Pas de quoi le clouer au sol comme un novice face à un Capitaine, mais ça gênera peut-être ses mouvements. Quant à moi…
Puisqu’il m’a invité à porter le premier coup, j’y vais de ce pas. Un pas plutôt rapide, une impulsion vers l’avant, jouant de ma vitesse pour passer d’une posture à l’arrêt, à une charge sur l’ennemi. Je lui tombe dessus, le genou droit bien haut pour chercher à lui éclater la mâchoire avec.

Un unique coup, avant de reprendre un peu de distance, deux ou trois mètres, histoire de voir comment il s’en est sorti avec ça.

Tout semblait donc clair. Le moment de voir si son entraînement rigoureux avec feu son père n’est pas trop lointain. S’il a progressé ou régressé depuis. S’il y a lieu qu’il reste ainsi bloqué à un siège désespérément bas par rapport à la valeur qu’il s’estime avoir. Certes, il n’a aucune idée du siège ni du nom de celui qu’il va affronter. Si ce n’est qu’il est apparemment jugé comme le plus puissant parmi ceux qui sont présents, sans quoi d’autres seraient venus l’intercepter, non ? Vu comment l’assemblée semblait en attente de le voir se prendre une raclée, il pouvait sans doute se permettre de tabler sur cette base.

Son adversaire ne se fait pas prier suite à l’invitation. Shunpo, auquel viendrait s’ajouter une attaque. Kōga ne bronche pas alors que l’autre se jette sur lui. Comme si le mouvement était trop rapide pour qu’il ait pu le percevoir. Sauf qu’au tout dernier moment il se redressa, relâchant sa garde, accueillant le coup de genou volontairement de plein fouet, se faisant projeter dans la foulée. Les spectateurs, pour la plupart, n’y verraient sans doute que du feu et féliciteraient leur champion. Mais lui saurait… L’Ogasawara se relèvera, s’essuyant du revers de la main un peu de sang au bord des lèvres.

- Je serais presque impressionné. Vraiment.

Le ton de sa voix semblait dire le contraire pourtant. Comme s’il y avait toujours cette distance, ce détachement. Un petit mouvement de tête. « C’est à moi maintenant », semblait-il vouloir impliquer. Son aura amplifiant sa vitesse, son mouvement semble lui donner beaucoup de puissance avant qu’il ne tente d’abattre sa paume sur son adversaire. Loin d’être un coup anodin, une expression de plus de son aptitude à mêler Kidō et Hakuda pour créer des dégâts internes amplifiés. Toujours habillé de son armure de foudre, il enchaîne avec la même vitesse et une grâce certaine pour abattre son autre main sur le volontaire de la Onzième. Est-ce que ça rigolerait toujours autant parmi les spectateurs ?

Je sais pas c’est quoi exactement le problème de ce type, mais y’a quelque chose qui tourne pas rond chez lui. Il a volontairement ramassé mon attaque de plein fouet, abaissé sa défense au dernier moment pour tout manger pleine face, comme un grand garçon. Ou comme un gars de la Jūichibantai, d’ailleurs c’est peut-être ça l’idée, voir s’il est à la hauteur des mastodontes ici, savoir s’il peut jouer dans la même cours de récréation que les monstres de combat que produit notre division.
Je suis pas franchement enchanté de ce qu’il vient de se passer, même si j’ai touché et que ça semble avoir porté ses fruits, j’ai comme l’impression que le gusse a l’habitude d’en prendre plein la tronche. Et comment dire que me lancer dans un combat avec un sac de frappes qui encaisse sans rien dire et se relève à chaque fois, ça m’épuise… Il se permet même une touche d’humour… c’est qu’il sait parler quand il veut.

Nouveau soupir qui s’échappe de mes lèvres, je suppose que maintenant c’est à lui. A quoi je peux m’attendre de la part d’un gars qui aime se prendre des genoux plein bouche sans rien dire ? Un pur produit de la Onzième aurait encaissé sans broncher, comme pour répondre à ce que son adversaire vient de faire, montrer que lui aussi, il est fort, fier et solide.
Pas moi. Pas l’intention de m’en prendre une gratuitement. Souffrir pour faire le mariole, c’est pas mon genre. Alors quand il me tombe dessus, j’active ma vitesse pour me soustraire au coup. Et ce salopard se déplace si vite qu’il me surprend, me fout la paille aux fesses et me force à claquer un de mes atouts immédiatement. Un shunpo d’une rapidité rare me permet d’éviter la première frappe, disparaissant soudainement à la vue de tous, pour réapparaître une fraction de seconde plus tard, à quelques mètres.

Ça impressionne les copains, en amuse d’autres, mais surtout, ça me fout que provisoirement à l’abri du merdier. L’autre a parfaitement suivi l’action et le revoilà à la charge, paume de la main chargée en foudre. Et voyez-vous, je suis pas assez doué pour réagir efficacement et me sortir de ce mauvais pas. Je tente une esquive foireuse, dans la précipitation, qui me permet seulement de ne pas la prendre en pleine poire. C’est à mon tour de serrer les dents et de prendre ma châtaigne, bien plus impactante que celle que j’ai pu mettre.
Il touche au bide et l’impact pli mon corps en deux, expulse un flot de salive de ma bouche, avant qu’un choc encore plus violent se fasse ressentir en interne. Comme si ça explosait entre mes organes, une déflagration interne le fumier…
Je suis propulsé en arrière à la surprise générale et tous me regardent heurter le sol avec violence, crachant le sang comme après une bonne droite du Kenpachi. Ma dextre s’attarde à masser la chair au point d’impact, ce qui ne sert à rien mais c’est purement instinctif.

L’ambiance a pris un sacré coup elle aussi, ça rigole moins. On commence à se rendre compte de la valeur du prétentieux, qui en plus de pas se prendre pour une merde, n’est pas une merde. Et forcément, ce genre de traquenard à la con, c’est pour ma poire. J’ai le don pour plonger les deux panards dans les plans foireux…
Je reste un instant par terre, reprenant mon souffle, mes esprits. Pense à la situation, où est-ce que ça va me mener tout ça. Si on était seulement lui et moi, j’aurais pas hésité à abandonner je pense. C’est un combat foireux, je le sens. Il est beaucoup trop sérieux et j’ai pas autant de motivation que lui à prouver ce que je vaux. Seulement je suis pas seul, on est dans les quartiers de la Onzième, ma division. Y’a du monde qui regarde, qui me regarde. Et ça va forcément parler si je me barre comme ça, risque d’y avoir des répercussions, tout ce que je déteste… — Ok… pas mal mec…

Je lève un pouce vers le ciel, comme pour signaler aux autres que tout va bien, que c'est pas déjà terminé. Le passage à la Quatrième Division, c'est pas pour tout de suite.

Je me redresse finalement, grimaçant de douleur. C’est que je l’ai senti passer celle-là. — Le coup de la déflagration, je l’avais pas vu venir… en interne en plus, assez vicieux tu sais… Ironique aussi, lui ne le sait pas, mais les capacités de mon Zanpakutō reposent aussi sur des déflagrations. Personne ne le sait d’ailleurs, si ce n’est moi. Et c’est pas aujourd’hui que quelqu’un l’apprendra. Le combat est parti sur du corps-à-corps à mains nues, c’est parfait. En plus, son style de combat ressemble quelque peu au mien, moi aussi je peux frapper par les paumes de mes mains.
Ce que je lui montre immédiatement, revenant à la charge d’un déplacement rapide. Notre duel, ça va être ça je sens, de toute façon. De la vélocité et des frappes lourdes, destructrices, qui cassent la carcasse.
Au contact, je lui balance justement les paumes de mes mains, qui cherchent à claquer contre ses tympans, pour compresser un peu sa caboche et le déstabiliser pour la suite de l’enchaînement. Abaissant légèrement ma silhouette, je frappe d’une succession de coups, toujours via les paumes des mains. Comme un pugiliste qui attendrit la chair de son adversaire, une frappe pour une zone différente du corps. Je mets le paquet, avant de terminer, une fois le dixième coup donné, par un dernier qui part de tout en bas, pour remonter vivement, menaçant de lui titiller la mâchoire.

Apparemment, les deux adversaires se montraient désireux de rivaliser de vitesse. L’une de ses paumes avait même été esquivée face à une prouesse qu’il ne s’attendait pas à rencontrer ici. Toutefois cela ne resterait pas assez pour se soustraire à la suite de son offensive. Kōga semblait un peu déçu toutefois de ne pas avoir infligé plus de dégâts, fronçant les sourcils. L’autre était encore en état d’élever son pouce, et de se redresser pour contre-attaquer. Cela prouvait bien qu’il n’avait pas assez démontré sa force encore.

Allait-il franchir un autre palier ? Passer un cap qu’il était supposé réserver aux affrontements qui compteraient réellement ? L’Ogasawara a certes reçu ces consignes lors de son enseignement, mais au nom de quoi se devait-il de les respecter encore ? Son père lui avait dit de préserver cette arcane pour protéger la tête de son clan. Ce qui représentait ni plus ni moins que l’être qu’il détestait le plus au monde. Cette promesse à un défunt se devait-elle d’avoir encore une importance si capitale dans une situation telle que celle-ci ? Comment développer sa force s’il n’en faisait même pas usage ?

Plus rien ne le retenait, en vérité. Plus rien. Il fait le vide dans son esprit, et le kamon sur son front s’illumine. Le sceau se transforme pour arborer une apparence solaire, tandis qu’une puissance nouvelle semble irradier de son être. Son aura de foudre se colle au plus près de son corps, se concentre. La première partie de l’offensive est alors aisément esquivée, d’un simple shunpo semble-t-il bien que sa vitesse soit ici décuplée. Quelques frappes portent tout de même, et l’Ogasawara ne fait qu’esquiver les plus redoutables. S’il ne s’éloigne pas plus alors que sa vitesse est ainsi augmentée, c’est car cette proximité lui offre une réplique parfaite. L’uppercut est évité, et dans la foulée il tend sa paume vers le visage de son adversaire. De quoi lui causer une frayeur sans doute, compte-tenu de ce qu’il avait vu de ses capacités déjà. Mais il s’arrête à quelques centimètres, ne portant pas sa frappe…

- Hadō #33 : Sōkatsui !

La vague d’énergie qui suit est gigantesque, d’une puissance étonnante alors qu’aucune incantation n’avait été récitée. Combinaison d’autant plus redoutable qu’esquiver un torrent de flammes alors que l’on s’apprêtait à recevoir un coup au corps à corps n’était pas aisé, et impliquait d’être préparé à toutes éventualités à tout moment.

- Tu semblais avoir mal digéré mes coups. Loin de moi l’idée de faire perdre la face à qui que ce soit sur son propre terrain. Peut-être dois-je donc dorénavant exploiter mon Kidō, afin que tu puisses prétendre que c’est à cela que tu dois ta défaite ?

Il voulait que son adversaire reste bien concentré sur le combat, et mettait donc les moyens pour parvenir à se résultat, à son sens.

L’uppercut est évité, sa vitesse rivalise sans mal avec la mienne et j’ai comme l’impression que la foudre qui l'entoure y est pour quelque chose. Mais j’ai pas tellement le temps de réfléchir à tout ça, parce que je suis trop occupé à essayer de ne pas prendre de retour dans les dents. Logiquement, s’il m’esquive à bout portant, c’est pour mieux me claquer sa paume dans la face et me coucher. Alors instinctivement, je réagis à son mouvement offensif en me pliant sur le côté, détournant ainsi le haut de mon corps de la trajectoire de sa main. Pas question de me bouffer encore une fois une explosion interne, surtout pas dans la fiole.
Sauf que j’ai même pas le temps d’être fier de moi, même pas le temps de lui envoyer un coup de latte dans les genoux pour le balayer et reprendre l’avantage, qu’il balance quelques mots qui me font craindre le pire dès le premier. Hadō. Je me fous de savoir ce sera le combien ni lequel, tout ce que je sais c’est que je vais me faire avoir. Et que ça va piquer fort, vu la distance ridicule qui nous sépare. Et surtout, je sais que je suis foutu, y’a pas d’échappatoire à ce merdier.

Une grimace, je serre les dents et tout le reste de mon corps. Je le monopolise dans son ensemble pour utiliser le court laps de temps qui m’est offert pour me préparer mentalement à encaisser. Ça ne me sortira pas de ce merdier, mais ça me sera sans doute salvateur.
La déflagration d’énergie bleutée déferle et m'engloutit rapidement, frappant de plein fouet. Si j’offre une certaine résistance, je finis par me faire balayer comme le vent souffle et emporte les feuilles mortes au loin. C’est d’ailleurs derrière les limites du terrain d’entraînement que je termine, au sol, de fines volutes de fumées s’échappant de mon enveloppe corporelle. La scène fait grincer des dents, plusieurs sont les camarades d’unité qui voudraient intervenir et tomber sur l’inconnu pour le passer à tabac, mais honneur oblige, ils ne font rien. D’autant qu’en réalité, n’ayant convenu d’aucune règle en particulier, l’usage de sorts n’était pas interdit.

Ce qui veut pas dire pour autant que je m’attendais à en ramasser un de cette façon. C’est bien joué, dans un sens, il faut le reconnaître. Par contre…
Un Sōkatsui qui vous pète à la tronche, c’est pas tous les jours que ça vous arrive à la Onzième. Déjà parce que les sortilèges, c’est pas le point fort ici, mais d’autant plus qu’on est pas stupide au point d’utiliser des attaques dans des conditions propices à donner la mort. Le salopard cherchait à me tuer, je vois pas comment ça peut être autrement après ce qu’il vient de faire. Je l’ai mauvaise, j’avoue. — Je pensais pas que c’était un duel à mort, désolé j’avais mal compris… Mon expression a changé, plus sérieuse, on pourrait presque y lire de la colère sur ses traits qui expriment rarement autre chose que de la malice ou de la nonchalance. — Tu aurais pu continuer dans tes arcanes au corps à corps, mon égo s’en serait remis même avec une défaite. Je suis différent de la plupart d’entre eux, j’ai pas de honte à perdre un duel. — Par contre c’est clair que déjà qu’ils t’appréciaient pas, là tu t’es bien grillé…

Il suffit de jeter un œil aux têtes affichées tout autour de nous, le coup du Hadō à quelques centimètres de ma caboche, ça passe pas auprès de l’audience. Je suis dans le mal, j’ai beau être parvenu à me relever, ma tenue est en lambeaux et mon corps ensanglanté, meurtri et douloureux. Je peux encore parler, ce qui prouve que je suis pas mort ou proche de l’être. Et que je peux lui rendre au moins une partie de ce qu’il m’a généreusement donné. — Je sais pas trop ce que tu cherches à prouver ici, mais allons-y à fond alors…
Bon je dis ça, mais c’est pas vraiment le cas. Si je voulais vraiment tout donner, je libèrerai mon Zanpakutō et lui exploserai la tronche avec Hakaiteki. Mais qui penserait que je bluff, ici ? Sauver les apparences, c’est important. On retiendra que Thoki s’est donné à son maximum pour défendre l’honneur de la Jūichibantai. Tant pis si je perds, Thoki sera tombé sur un os, ça arrive à tout le monde hein.

J’arrache les lambeaux de Shihakushō qui collent encore à mon torse ou mes bras, me dévoilant ainsi de la même façon que mon adversaire en début de combat. Il pourra noter une musculature sèche, travaillée. Je m’entraîne plus que ce que je donne l’impression.
M’enfin, je lui laisse pas l’occasion de trop baver sur mes pecs, revenant à la charge, usant encore et toujours de ma rapidité d’exécution et de déplacement pour tenter de prendre le dessus. Et cette fois, on va taper fort. Cette fois, on va réellement rendre les coups. Un enchaînement de coups, un grand nombre. Avec de la variation dans les frappes, tantôt c’est mon poing qui cherche à heurter la mâchoire, tantôt c’est mon genou qui tape dans le bide, ou mon coude qui cogne à la tempe. Y’a même un coup de boule qui part, visant l'arête du nez. Je ne compte pas les coups ni mon effort, je me défoule Et ça fait du bien, en vrai.

Je vais sans doute pas gagner, je vais sans doute passer quelque temps à l’infirmerie suite à ce combat, mais on pourra pas dire que j’ai démérité. Puis de toute façon, je reste un gars de la Onze avant tout, la baston ça me plaira toujours.

« Duel à mort » ? Était-ce réellement ce qu’il pensait ? L’Ogasawara fronce derechef les sourcils. L’objectif avait toujours été de se tester, de voir à quel point sa force était encore affûtée. Son adversaire n’avait-il pas annoncé tout de go qu’il serait plus que suffisant pour lui faire face et lui tenir tête ? Si c’était le cas, alors cette offensive n’aurait pas dû lui paraître devenir une potentielle cause de décès.

Il observe sa propre main. Avait-il réellement usé de tant de puissance dans ce qui ne devait être autre qu’un combat d’entraînement ? Il n’a que faire du fait qu’on l’apprécie ici ou non. Ce n’était pas un endroit où il avait en prévision de se faire des amis de toute façon. Et si celui qu’il affrontait était réellement le plus puissant du lot, alors il vaudrait bien mieux pour les autres de ne pas venir se frotter à lui.

Il réfléchit un instant, observant ce Shinigami qui semblait bien endommagé, et qui promettait de mettre le paquet désormais. Cela piqua tout de même son intérêt. De quoi l’inciter à rester attentif, même s’il s’était fait une idée plus précise de leurs niveaux respectifs. Toujours entouré de son aura de foudre, Kōga la concentre cette fois pour augmenter ses réflexes, et part dans un grand jeu d’esquives face aux attaques répétées de son adversaire. Avec une certaine grâce, il évite tous les coups sans exception, se déplaçant juste de ce qui était nécessaire, à chaque fois. Lorsqu’il en a terminé, leurs regards se croisent forcément un bref instant. Le noble alors de fermer les paupières et de soupirer.

- Il n’a jamais été dans mon intention de provoquer la mort de qui que ce soit. Je croyais qu’il s’agissait là d’un combat d’égal à égal. L’erreur me revient d’avoir ainsi présumé de la situation, donc. J’en ai vu assez, par ailleurs, et il ne m’est pas utile de poursuivre. Merci pour ce petit échauffement...

Déclarera-t-il avant de se retourner, et d’abandonner le terrain du combat. Bien sûr, il ne doutait pas que cela provoque chez les plus idiots une envie irrépressible de le traiter de couard, de faible. Les autres en auraient vu assez pour savoir ce qu’il en était réellement, n’est-ce pas ?

— Euh… je l’ai vexé ? Je suis en droit de me demander, vu le soudain retournement de situation qu’il vient de nous claquer pleine poire. Décidément, ce gars est un mystère total, même pour un type habitué à penser différemment des autres comme moi. Je zieute un peu autour de moi, cherche du regard les réponses dans les yeux des gars ayant assisté à ce combat, mais y’a pas l’air d’avoir grand monde capable de me dire pourquoi ça se finit de cette façon. Alors je pose mon cul sur le sol du terrain d’entraînement, m’écroule sur les miches en poussant un profond soupir, mélange de soulagement et d’exaspération. Vraiment, tout ça pour ça.
Alors oui, au fond ma question tire plus vers l’humour qu’autre chose. J’ai bien saisi sa remarque sur l’écart de niveau nous séparant, c’est pas le premier connard avec qui je dois lire entre les lignes, je sais y faire. Je suis pas con et j’ai bien senti qu’il avait le dessus durant ce duel, il aurait suffit d’un peu plus de temps et il repartait gagnant, moi séché à terre. Le fait est qu’il a préféré se barrer avant la fin, qu’il a jugé préférable d’abandonner et de tourner le dos sans plus d’explication. Monsieur a obtenu ce qu’il souhaitait, se conforter dans l’idée qu’il est fort et qu’il peut battre des gars de la Onzième.

Alors il peut faire le malin à dénigrer cet affrontement, le prendre comme un échauffement, pour moi il a quand même fait l’erreur d’abandonner. Les plus fins auront pigé que ça aurait pas changé grand-chose au résultat si on avait poursuivi, que j’aurais perdu. Mais les débiles, et crois-moi y’en a quelques-uns dans cette division, ils vont juste retenir que le type a fuit face à moi. Et ils vont parler, ils vont raconter leur histoire. Et c’est pas moi qui ira contredire leur version, me faire mousser illégitimement, ça m’a jamais emmerdé.
Le seul truc qui coince dans tout ça, c’est que je sais pas qui c’était. J’aime bien avoir le nom d’un sale type quand j’en croise un, ça m’évite de perdre mon temps par la suite. Et de pouvoir cracher dessus aussi, quand l’occasion se présente. C’est toujours bon de verser un peu de seul sur la réputation d’une personne, saupoudrer son nom de quelques rumeurs ou histoires délicates. C’est peut-être mieux pour lui au final d’avoir conservé l’anonymat, même si sa tronche a été vue par pas mal d’entre nous. On finira bien par y associer un nom, tôt ou tard. En attendant, je lui trouverai bien un petit surnom.

Mais comment dire que ce sera pas tout de suite, y’a comme qui dirait plus important dans l’immédiat. Pendant que je reprends mon souffle, toujours assis au milieu du terrain, deux trois gars sont venu m’apporter un peu de flotte, des serviettes et de quoi nettoyer un peu mes plaies. Rien d’exceptionnel, simplement les "premiers secours" version Jūichibantai, hein. Y’a même un des gars qui a posé sa main sur son épaule, en me lâchant un "La magie, c’est vraiment pour les enculés ! Prochaine fois tu lui pèteras la gueule, va…" Ce à quoi j’ai acquiescé, acteur dans l’âme. La prochaine fois que je le croise et qu’il est encore d’humeur à se battre, y’a surtout moyen que je trace ma route.
Autant j’adore me battre, autant je suis pas le plus motivé pour m’engager dans une baston que je sais perdue d’avance. Si c’est des dizaines d’années plus tard, que j’ai bien progressé pourquoi pas… Mais là dans l’immédiat, ce sera sans moi. Mais par contre on est bien d’accord que la magie, ça pue quand même très fort du cul. Je trouve qu’il a cassé toute la beauté de ce duel dès lors qu’il m’a Sōkatsuisé la fiole, mais c’était dans son droit. Pas joli du tout compte tenu du lieu dans lequel il vient balancer son Hadō en plein combat, mais réglo’. Et intelligent, surtout. Qui irait se douter d’une telle manœuvre à la Onzième ? Ils sont peu, je suis tombé dedans moi-même. Me demande si je devrais pas envisager cette option tiens… un petit Sōkatsui qui claque les fesses du Kenpachi… nah, la flemme. Plus emmerdant qu’autre chose.

— Bon les gars… m’en voulez pas… mais je vais aller faire un tour à la Quatrième. Parce que c’est pas ici que je vais dénicher un doc’, encore moins un compétent, pour soigner ces vilaines blessures. Vu mon état à mon avis, je vais y rester quelques heures là-bas. J’espère que je vais pouvoir en profiter pour me caler une petite sieste au passage…

Fin du RP, merci et GG à toi °°