catching fire (ryo)

Café posé non loin de ton clavier, tu poses un regard fatigué sur l’écran qui se trouve devant toi. Il est tôt, beaucoup trop tôt pour commencer sa journée. Mais toi, tu es là, à lire différents dossiers, intéressée de voir s’il y a quelconque notes qui se sont ajoutés à ces derniers. Après tout, tu les suis de près, ceux qui, comme toi, ont développé leurs pouvoirs suite aux expériences menées par l’Ultima Necat. Et si, à ton époque, le processus fut un peu plus long et un peu plus compliqué, au fil du temps et des expériences, il est désormais plus facile encore de faire d’humains lambdas des Fullbringers.

Raison supplémentaires de les observer de près.
Au cas où.

Car tu as eu le temps, toi. Le temps de développer tes nouvelles capacités, peu à peu. Tu as eu le temps de t’y faire. D’apprendre. Et maintenant ? Le processus est un peu plus expéditif et, à moins d’une solide préparation, il est normal, tu penses, pour ces derniers, d’avoir de la difficulté à s’y faire, au début. À toutes ces nouvelles choses.

Alors tu leur portes une attention particulière et passes en revu très (trop) régulièrement les dossiers concernant ces Fullbringer créés scientifiquement. Et ce matin, c’est un nom en particulier qui accroche ton regard. Kisaragi Ryō. Il n’y a rien à signaler, à première vue, seulement que tu constates que les dernières notes inscrites à son dossier remontent d’à un peu trop loin à ton goût. Tu passes alors ton regard à ton second écran, ouvrant ton calendrier pour y voir ce que tu as prévu pour ta journée et, après quelques manipulations rapides et un décalage de rendez-vous pas très importants, voilà que tu fais savoir à ceux de sa section que, dès lors qu’il est aperçu entre les murs de l’Arcānum, de te l’envoyer.

Le message passé, tu t’attardes un peu plus sur les informations le concernant que tu peux lire. Il a été recruté assez récemment. L’utilisation du sérum s’est avérée efficace et il n’a eu ni complication, ni besoin d’une seconde dose. Prometteur, que tu te dis. Et après encore quelques instants passés à lire son dossier, tu le laisses ouvert dans un coin de ton écran pour ainsi passer au dossier suivant.

Tu aurais tout le temps d’en savoir un peu plus sur lui dès lors qu’il passerait la porte de ton laboratoire.

▬ Bon alors, c'est où encore, cette histoire ?

Je déplie le plan qui m'a été confié par mes nouveaux collègues. Je comprends pas, c'est clair, pourtant. Comment j'ai fait pour me planter ?

Le plan:

Bon, en même temps, 'faut dire que c'est grand, comme endroit. C'est sûr que ça me change de mon appart' de neuf mètres carrés. 'va falloir un moment avant que je puisse m'y retrouver.
Si encore ils avaient foutu des panneaux, mais non. Ça aurait été trop simple. Il paraît que ça se fait pas, pour les organisations secrètes. Moi ce que j'en dis, c'est qu'elle va pas rester secrète très longtemps si on risque de se retrouver à l'extérieur en allant aux chiottes.
(Ça c'est bon, j'ai trouvé !)

▬ Hé mais j'connais, ça ! J'suis déjà venu ici !

Ah, ça y est ! Je commence enfin à m'y retrouver. Ça m'aura jamais pris qu'une demi-heure. Bah, c'est pas comme si c'était urgent, pas vrai ? Enfin, j'espère. Je suppose qu'on me l'aurait dit si c'était le cas. Et sinon, bah... Tant pis. Déjà que je me pointe à midi vu qu'on m'a pas donné d'horaire, c'est vachement cool de leur part.
Donc, les Cups, c'est les tarés dans leur labo. OK, compris. Je crois qu'on a déjà essayé de m'expliquer, mais c'est rentré par une oreille et ressorti par l'autre. Tant que je sais où moi je suis censé aller, le reste, je m'en tape un peu. Je rentre dans leurs locaux sans m'annoncer : on m'a demandé de venir, et de toute façon, je sais pas où est l'interphone. Au moins, maintenant que je sais où je suis, j'ai une vague idée de qui m'a demandé de venir.

▬ Junichiro ? Hééé, Junichiro ! Où il est encore passé, ce con ?

Bah alors ? C'est son bureau, là, nan ? Y'a son nom sur la porte. Il doit pas être bien loin. Enfin, s'il est pas trop occupé à se balader en limousine en mangeant du caviar ou quelque chose dans le genre. Un truc de riche, quoi.
C'est difficile à croire, mais j'ai l'impression qu'il a encore plus de fric qu'à l'époque. J'imagine que c'est à cause des bitcoins et toutes ces autres saloperies ; j'ai jamais compris comment ça marche, mais ça a l'air de rapporter un max.
Moi, j'me suis arrêté aux paris sportifs. Je suis sûr qu'un jour, ça finira par payer. Faut continuer à y croire.
Bon, en tout cas, il a pas l'air d'être là. Je regarde autour de moi et remarque la p'tite nana qui me regarde d'un drôle d'œil ; je lui fais un signe de la main. C'est qu'il me fait des cachotteries, l'animal ! Elle a l'air plutôt bien roulée, je le reconnais bien là.
Je me dirige vers elle en écrasant ma clope sur ma semelle au passage (on est pas censés fumer à l'intérieur, mais les autres Swords m'ont dit qu'on s'en branle, alors...), et m'accoude sur le bureau derrière lequel elle est installée.

▬ Hey, salut m'dame ! C'est vous, la secrétaire dont il m'a parlé ? Si vous m'permettez, vous êtes beaucoup trop jolie pour rester coincée derrière un bureau. Ça vous dirait que j'vous invite à manger un morceau ?

Bon, c'est pas comme si j'avais les moyens, mais j'ai cru comprendre que j'allais être payé, pas vrai ? Il est où, mon argent ? J'dois passer à la compta pour demander mon chèque, ou il tombe tout seul à la fin du mois ? D'ailleurs, j'ai pas souvenir qu'on m'ait demandé un numéro de compte... Attendez, je serais pas en train de me faire arnaquer ?
Remarque, s'ils ont réussi à me refiler une carte d'accès sans savoir où j'habite, j'imagine qu'ils doivent pouvoir trouver sans moi... En tout cas, il a intérêt à être bien garni. C'est qu'un grand garçon comme moi, ça a besoin de reprendre des forces, autrement je risque de pas leur servir à grand chose avec leurs holo-je sais pas quoi.

Tu lèves les yeux lorsque tu entends quelqu’un s’approcher de toi. Après tout, il ne fait pas vraiment l’effort d’être discret, le nom du King de ta section résonnant dans les couloirs de cette dernière. Tu fronces alors les sourcils, porte ouverte qu’il traverse, semblant être à la recherche de celui que… Tu n’as pas encore vu, aujourd’hui, à bien y penser. Pas que t’ais vraiment cherché à le voir non plus, t’étant contenté de deux courriels pour lui faire passer des informations qu’il pourrait potentiellement trouver pertinentes. Autrement ? Tu verrais à lui faire passer les informations importantes en fin de journée.

Bref. Quelqu’un dans ton laboratoire, qui pose le regard sur toi. Ce n’est que lorsque tu prends le temps de bien l’observer, sourcil haussé et mine circonspecte, que tu identifies celui que tu voulais justement voir à ton bureau. - Bonjour, Kisa-... Et il prend la parole tout en s’accoudant au bureau qui vous sépare, te forçant malgré toi au silence.

Silence que tu gardes quelques instants supplémentaires.
Un peu interdite.

Il te faut quelques secondes pour t’en remettre. Pour te ressaisir. - Donc, comme je disais, bonjour, Kisaragi. Reprenant alors la parole, semblant avoir décidé d’ignorer absolument tout de ce qu’il vient de te dire. - Je me présente, Jack of Cups. Sans même utiliser ton nom, ton rang sans doute un peu plus parlant. - C’est moi qui vous ai demandé de venir ici. Tu bouges alors un de tes écrans sur le côté, pour ainsi libérer l’espace qui se trouve actuellement entre vous deux.

- Oh, et. Pas de cigarettes à l’intérieur.

La voix calme. Le ton autoritaire. Tu as fait imprimer son dossier, l’attrapant alors pour pouvoir le poser devant toi. - Kasaragi Ryo, l’un de nos derniers sujets… Tu résumes un peu, vite fait, ton regard passant des pages qui te font face à lui. - Comment ça se passe pour vous ? Quelque chose à signaler concernant vos nouvelles… Capacités ?

Parce que t’es bien placée pour savoir à quel point c’est déstabilisant.
Pour peut-être lui donner un coup de main.

Même si, en toute honnêteté, tu n’es pas certaine d’avoir envie de lui filer ce coup de main.

▬ Ah, c'est joli comme nom ! C'est quoi comme origine ? Suédois ?

Je crois que j'ai déjà vu qui y ressemble dans un catalogue Ikéa, quand j'ai acheté ma table basse l'an dernier. Pas que je veuille dire qu'elle a l'air d'un meuble, hein, ou alors du mobilier comme ça, j'en veux plus souvent. Enfin, si j'avais la place. Puis ça fait sens, avec les cheveux blonds et les yeux bleus.
Bon, 'faudra que je trouve un moyen de vérifier ce que c'est là-dedans qui sert de prénom... Peut-être quand je lui ferai enregistrer son numéro dans mon portable, qui sait ? Elle dit rien, mais elle a pas l'air trop farouche, y'a peut-être un coup à jouer. Je me décourage pas !

▬ Désolé du coup, vu que la dernière fois que je suis venu c'était avec lui, je croyais que... Enfin, vous voyez, quoi. dis-je chaleureusement, espérant détendre l'atmosphère. C'est pas parce qu'elle est que secrétaire que je dois lui manquer de respect, j'ai fait des jobs plus humiliants que ça.
Non puis c'est vrai, quoi, y'a pire que d'être le cul posé derrière un bureau toute la journée et d'apporter le café, c'est plutôt la bonne planque. Malheureusement, je crois pas être assez bien en mini-jupe pour espérer qu'on m'embauche à ce genre de poste, alors...

▬ Vous inquiétez pas, je comprends, vous avez pas envie de devoir nettoyer derrière moi. Je fourre mon mégot dans ma poche, faudra pas que j'oublie de le balancer tout à l'heure. Putain, le nombre de saloperies qu'il y a là-dedans... 'faut vraiment que je les vide plus souvent. Pas devant elle, par contre, 'faut pas déconner. Ça pourrait s'avérer compromettant. Y'a pas de femmes de ménage, ici, non ? Il abuse, Junichiro, il pourrait quand même vous filer un super-Roomba ou un truc dans le genre, c'est pas comme s'il avait pas les moyens.

Ou au moins un méga-aspirateur. Doit y avoir moyen de faire ça entre la brosse à dent-laser et le coupe-ongles qui fait des trous noirs, non ? Enfin, paraît que c'est devenu sexiste, de filer des instruments ménagers à une nana. Je crois que j'ai lu ça dans un magazine y'a quelques mois, à l'époque où je livrais les journaux. On peut plus rien dire, de nos jours. Mais bon, tant qu'on sait pas ce qu'elle en pense, on va la jouer fine et pas en parler.

▬ Hem, KIsaragi, avec un i, m'dame. Bah, c'est pas sa faute, elle s'en sort déjà vachement bien pour une suédoise. Le japonais, c'est pas une langue facile : même moi j'ai du mal, parfois. Et puis, qu'est-ce que c'est qu'une syllabe entre amis, hein ? M'équipant de tout mon charme, je lui adresse un clin d'œil : Mais vous pouvez m'appeler Ryō.

C'est ça, vas-y champion ! Si avec ça j'ai pas marqué des points, je sais pas ce qu'il lui faut.

▬ Sinon, euh... Je me gratte le menton, pensif. J'essaie de me rappeler s'il y a quelque chose qui déconne, mais j'ai déjà du mal à me rappeler ce que j'ai mangé hier, alors... Nan, je crois pas. Par contre, c'est possible d'échanger ? C'est pas que j'aime pas, hein, mais si y'a moyen d'avoir un truc un peu plus stylé... Avec des lasers, par exemple ? Non ? Allez quoi, soyez sympa !

Tu hausses un sourcil, surprise. Confuse, aussi, face à ce qu’il te dit. Comment ça, suédoise ? Les cheveux blonds ? Les yeux bleus ? Tu ne sais pas trop et, finalement, ce n’est pas très important. Tu te contentes alors de secouer la tête, regrettant presque déjà d’avoir voulu suivre plus personnellement les dossiers de ceux qui, comme toi, avaient reçu leur pouvoir artificiellement. Tu aurais pu te contenter des notes et rapports écrits par d’autres. - Je travaille avec lui. Pour chasser quelconque questionnement qu’il pourrait avoir quant à pourquoi étais-tu celle à l’avoir appelé ici.

Tu ne relèves pas les différents commentaires, bien que toujours un peu plus confuse à chaque fois qu’il ajoute quelque chose. - Ce n’est pas pour le ménage. Lorsque tu lui demandes de ranger sa cigarette. - La fumée, en plus d’être mauvaise pour les poumons et nuire à la santé physique, pourrait potentiellement affecter différentes expériences. Et si tu n’as pas la meilleure hygiène de vie qui soit, passant beaucoup trop de temps ici, loin du soleil, et ne prenant pas assez le temps pour dormir, ta forme physique est importante et tu t’efforces de maintenir un bon équilibre alimentaire. Et donc, pas de cigarette ici, ni dans ton bureau ni dans les couloirs de vos laboratoires.

Ni nulle part à l’intérieur.

- Oh, pardon. Tu as lu trop vite, semblerait-il. Un roulement des yeux, suivant son clin d’oeil, en plus d’un soupir discret. - Très bien, Kisaragi. Au moins, comme ça, il serait fixé, son invitation ici n’avait rien de personnel et tout de professionnel. Tu préfères donc t’intéresser à ses pouvoirs, comment est-ce que ça se passe pour lui, l’adaptation, tout ça, avant d’être, encore, prise de court par ses paroles. Cette fois-ci pas tant parce que ce qu’il te dit t’apparaît comme complètement débile, mais plutôt parce que tu te demandes s’il sait seulement ce qu’il vient faire ici. Est-ce que quelqu’un lui a expliqué quelque chose ou est-ce que Junichiro ne lui a pas simplement dit t’inquiète pas, tout ira bien, avant de l’amener en laboratoire pour qu’il se fasse injecter un produit dans les veines ?

Et qui est-ce accepterait ça, de subir sans savoir ?
Lui, de toute évidence.

- Aussi sympa que j’aurais voulu être. Spoiler alert : tu n’es pas spécialement tentée. - Le pouvoir que vous avez obtenu n’est pas de mon ressort. Ni même celui de qui que ce soit, sauf peut-être de vous-même. Tu fais tourner un écran vers lui après avoir fait apparaître sur ce dernier quelques images de vos dernières recherches. - Il a été remarqué, au fil du temps, que le pouvoir s’attachait à un objet important du Fullbringer. Tu fais passer quelques images pour illustrer ton propos, allant de l’arme à l’objet du quotidien, toutes avec une rapide description les concernant.

- Autrement dit, le pouvoir que vous avez obtenu vous vient de l’un de vos objets les plus chers. Le tiens ? Ce crayon rose à plumes qui se trouvent sur ton bureau. Celui-là même qui ne te quitte jamais. - Et avant que vous demandez, non vous n'en aurez pas un autre en jettant l’objet ou en décidant d’en préférer un autre.

Ça te semble une précision importante, compte tenu du spécimen qui te fait face.

▬ Oh, j'me doute ! J'pense que vous le savez déjà, mais vous êtes pile dans ses goûts. Pas étonnant qu'il vous ait embauchée, j'le reconnais bien là, ce p'tit enfoiré. Me disant que ça pourrait être mal interprété malgré mon grand sourire (après tout, je sais pas s'il a déjà essayé de l'emballer), j'ajoute : Enfin, je dis ça mais je l'aime bien, vous savez, hein, c'est un vieux pote. Depuis le collège, qu'on se connaît. Bon, on a pas exactement pris les mêmes chemins dans la vie, mais c'est pas très important, pas vrai ?

Faut que je fasse attention à pas trop parler de moi, mais au moins elle voit que j'ai pas peur de m'ouvrir. Parait que c'est important pour séduire les nanas. On va bien voir, on a bien le droit de tenter des trucs.

▬ D'accord, c'est noté, j'irai dans le couloir la prochaine fois que j'ai besoin de m'en griller une.

Parce que bon, je veux bien être sympa, mais je vais pas me retaper tout le chemin jusqu'à l'extérieur et les je sais pas combien de vérifications. Si ça dérange quelqu'un, il a qu'à me filer un cendrier et un spray contre les odeurs de tabac. Voire les deux en un, genre le cendar désodorisant. Y'a encore personne qui a été foutu de le mettre au point ? J'devrais peut-être penser à déposer le brevet... Doit bien y avoir une ou deux grosses têtes dans le coin que j'peux convaincre de bidouiller un truc pareil. À méditer.
Pendant que je me fais la réflexion, elle m'explique que c'est mort et qu'il faut pas compter sur un échange. Merde !

▬ Bon, c'est pas grave, j'aurai essayé. dis-je, visiblement dépité - on sait jamais qu'il y aurait quand même un moyen et qu'elle veut juste pas me le dire. Je sors mon briquet de ma poche et l'examine sous toutes les coutures, peu convaincu. Et dire que ça fait des années que je me dis que je devrais jeter cette merde... Ça m'éviterait d'avoir à m'emmerder à le remplir à chaque fois. Je suppose qu'il va falloir faire avec... Si vous trouvez un truc, vous me prévenez, pas vrai ? Et si on le perd ou qu'on le bousille, il se passe quoi ?

J'ouvre et referme le couvercle presque sans y penser avec un claquement métallique à chaque fois, essayant de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir en faire. Bon, c'est sûr que j'aurais pu plus mal tomber, mais on a connu plus charismatique. Ça arrive qu'à moi, ça : j'ai la chance de choper des super-pouvoirs, et il faut que ce soit un truc pas terrible. Mais bon, j'ai lu assez de manga pour savoir qu'on peut faire des trucs cools même avec un pouvoir claqué, faut juste être inventif. De ce côté-là, je crois pouvoir m'en sortir.

▬ Bon, c'est pas tout ça... Je dois vous signer un papier pour dire que j'suis passé ? Une feuille de présence ou quelque chose dans le genre ? Je ramasse le premier truc qui me passe sous la main sans trop regarder, au cas où on me demanderait d'écrire. Tiens, il est sympa ce stylo ! Bon, un peu efféminé à mon goût, mais... Enfin, pour moi, hein ! Pour vous, c'est top !

Un soupir, encore. - Mais vous savez qu’il n’est pas celui à m’avoir embauché, n’est-ce pas ? Tu te demandes vraiment comment est-ce qu’il en est arrivé là. Il n’y a vraiment personne qui ne lui a rien expliqué, entre Ganryu et Junichiro ? Personne ? Personne pour lui expliquer comment est-ce que ça fonctionne, ici ? Comment fonctionne son tout nouveau pouvoir ? La façon dont l’organisation procède ? Les recrutements de Tempérance ? - Ça fait six ans que je suis ici. Matsui Junichiro, lui, a été recruté récemment. Et donc, en terme d’expérience, tu le surpassais.

Pas que ça ait eu une quelconque incidence sur le choix du nouveau King.

Il te parle de sa vie, vaguement. Ce qui fait qu’il connaît Junichiro. Tu comprends un peu mieux. Une amitié d’enfance. Parce que tu te dis qu’en effet, d’un seul coup d’oeil, qu’aujourd’hui, ils ne doivent pas fréquenter les mêmes milieux. Un est de toute évidence riche, et intelligent, suffisamment pour prendre la tête des Cups, quant à l’autre… Tu le détailles de haut en bas. Pas besoin de plus d’explications.

- À l’extérieur. Pour la cigarette. Puis tu lui expliques son pouvoir, comme personne n’a cru bon de l’informer en quoi est-ce que ça consistait que d’être un Fullbringer. Des nouvelles possibilités qui s’ouvrent désormais à lui. T’es toujours aussi surprise, pour ne pas dire presque choquée, de l’ignorance dont il fait preuve. Et si t’es tentée de te dire que c’est de sa faute, qu’il n’a sûrement pas écouté lorsque ça lui a été expliqué… Tu ne veux pas lui jeter la pierre non plus. Ça ne te surprendrait pas de la part de son King qu’il ne lui ait rien dit et, concernant le tien… Il a peut-être simplement assumé que l’autre le ferait.

Tu réfléchis quelques instants à sa question. - Aucune idée. Je vous conseillerais donc d’y faire attention. Tes sourcils se fronçant légèrement. - C’est déjà le cas, non ? Si vous y tenez tant, vous devez sûrement déjà lui apporter une attention particulière ? Dans tous les cas, tu sais juste qu’il ferait mieux de ni le briser, ni l’égarer. Tu n’as personnellement jamais entendu parler d’un cas similaire et quelque chose te dit que tu n’as pas envie de faire d’expérience sur le sujet. Ça pourrait s’avérer tout particulièrement cruel.

Puis tu le vois. Tu le vois qui parler de signer quelque chose. Qui tend la main et attrape un crayon sur ton bureau. Ton geste est rapide. Instinctif. Ton bras s’étend et tu lui reprends rapidement le crayon des mains. - Ne touchez pas. Ce n’est pas une demande. Tu ne lui fais absolument pas assez confiance pour qu’il aille ça entre ses mains. - Pour vous, c’est votre briquet. Mon objet ? Ce crayon. Que tu viens ranger dans ta chemise.

- Non, pas besoin de signer quoi que ce soit. Je vous ai simplement fait venir ici pour savoir comment est-ce que vous vous adaptez à votre nouvelle condition. Certains éprouvent parfois des difficultés à contrôler leurs pouvoirs… Pour d’autres, ça peut être difficile de commencer à voir des choses qui, jusqu’à maintenant, n’existaient pas à leurs yeux. Tu lui adresses un sourire, te montrant le plus aimable possible. - Un simple suivi de routine, quoi. Et pour aussi voir à quel point est-ce que vos tests sont concluants.

- Et si vous avez des questions, aussi. Vous pouvez en profiter maintenant pour les poser.
Comme il ne semble pas savoir grand chose…

▬ J'savais pas, non. lui dis-je en me grattant la joue. J'ai pas vraiment eu l'occasion de jeter un œil aux dossiers de tout le monde, vous savez. Déjà que j'suis pas sûr de savoir ce qu'il y a dans le mien...

Les détails étaient pas tout à fait clairs. Pas que ça change grand chose, mais bon, c'est quand même un peu suspect.
Cela dit, dans son cas, c'est vrai qu'elle a peut-être pas le droit de travailler sur le territoire, vu qu'elle est immigrée est tout ça, donc c'est sans doute mieux comme ça si ça se fait sous le manteau.
Enfin, pas le sien, j'espère, malgré le mythe sur les secrétaires. Je sais que c'est difficile quand on vient de loin, mais pas à ce point.

En tout cas, ça change rien au fait qu'il ait eu de la chance, Junichiro. Si j'avais su qu'être King ou je sais pas trop quoi ça donnait le droit à une p'tite assistante, j'aurais demandé s'il leur restait encore des places. C'est peut-être pas trop tard pour négocier ?

Bon, celle-ci, son seul défaut - à part le nom imprononçable, mais bon, on va s'y faire - c'est qu'elle a pas l'air d'aimer la clope, mais pas vu, pas pris. De toute façon, vu mon pouvoir, j'dois pouvoir faire semblant que j'suis juste en train de tester des trucs quand je voudrai m'en griller une, elle verra pas la différence.
D'ailleurs, elle a l'air de s'intéresser tout particulièrement à mon briquet maintenant que je lui ai mis sous le nez. J'espère qu'elle s'imagine pas qu'il a une quelconque valeur, elle risquerait d'être déçue. Si elle doit m'aimer, ce sera pas pour mon fric, parce que pour ça, faudrait déjà en avoir.

▬ Boarf, pas vraiment. C'est juste un vieux truc que je traîne depuis perpète. Il est solide alors je le garde, c'est tout. Bon, c'est sûr qu'à force, ça fait un moment qu'je le trimballe, mais c'est juste un briquet.

Que je range d'ailleurs dans ma poche, puisque j'ai pas le droit de m'en servir, à ce qu'il paraît. Qui s'attache à ces choses-là, hein ? Et donc apparemment, pour elle, c'est le stylo rose bonbon que j'ai chopé sur le bureau et qu'elle me reprend des mains. Ah ouais, ça peut vraiment être n'importe quoi !

▬ Ah, pardon. Et c'est quoi son pouvoir ? Signer des trucs ? Faire des taches d'encre ?

Je me demande si elle est rose aussi. Si je lui demande gentiment, peut-être qu'elle voudra bien me montrer ? Son encre, hein ! Le fait qu'elle s'inquiète de savoir comment je vais me fait dire que je suis sur la bonne voie. C'est pas comme si elle était docteur, après tout.

▬ Ça va, pour le moment. Je pète la forme ! Je lève un bras, bandant les muscles pour lui prouver au cas où elle me croirait pas. Et puis, ça lui montre que j'en ai sous le capot, ça fait pas de mal. Je dois encore un peu m'habituer à voir les trucs moches, là, les holomachins. J'ai tendance à les écraser comme des insectes quand je les vois, vous voyez ? Je mime le mouvement, tapant dans mes mains. La plupart sont malheureusement trop gros pour se faire aplatir juste comme ça, mais l'idée est là. Un réflexe, quoi. C'est pas ma faute. Je vois un gros machin dégueulasse collé sur un mur, je l'éclate. Mais ça a tendance à foutre la trouille aux gens quand ça arrive, j'voudrais pas qu'ils me prennent pour un taré. Et pour les questions, euh...

Je me gratte le menton.
J'y avais pas vraiment réfléchi, et au final, Junichiro m'a dit la plupart des trucs que je devais savoir - au moins ceux dont j'aurais quelque chose à foutre. Il me connaît bien, l'animal. Et en même temps, si je réponds pas, je vais passer pour un con, c'est pas vraiment l'image que j'ai envie de donner. On va la jouer fine : je m'arme de mon plus beau sourire.

▬ Juste une : vous faites quelque chose, ce soir ?

À sa réponse, tu peux estimer qu’il ne semble pas vraiment avoir compris ce que tu as essayé de lui dire, concernant son briquet. Là où lui semble assez détaché de l’objet, comme s’il n’avait aucune valeur, qu’un briquet parmi tant d’autres, ton étude des Fullbringers, ou plus précisément de leur Fullbring, t’as permis de comprendre certaines choses. La première étant que l’objet n’est pas choisi. La seconde est qu’il y a une certaine valeur sentimentale attachée à l’objet en question. Quelque chose d’important. Qui signifie quelque chose.

Est-ce que tu prends la peine de lui répéter ? Non. Tu ne sais pas trop si ça en vaudrait la peine tout comme tu n’es pas certaine si ça l’intéresse. Alors tu laisses couler, lui faisant tout simplement comprendre que ce stylo qu’il a attrapé et que tu as rapidement repris entre tes mains est important pour toi. Que si lui a son briquet, toi, tu as ce stylo. Ce vieux stylo qui était à la mode, à l’époque, et qui aujourd’hui encore ne te quittait plus.

Un cadeau de ta défunte grand-mère.
Celle qui t’a parlé des Hollows avant même que tu n’apprennes leur existence.

- Je peux matérialiser les objets que je dessine avec. Pour illustrer tes propos, tu attrapes une feuille de papier qui traîne pour y tracer trois cercles. Puis, en y insufflant de ton énergie, voilà que ces derniers apparaissent au-dessus de la feuille, semblant prendre position autour de toi comme le feraient des boucliers. - Voilà. Tu en repousses un de ta main pour qu’il puisse comprendre qu’il s’agit-là de formes solides avant que celles-ci ne disparaissent. - Pour peu que ce que je dessine soit physique. Pas de flamme, donc, ni de courant d’air. Rien d’animé, non plus. Tu as eu le temps, depuis, de tester les limites de ton pouvoir. De comprendre ce que tu peux en faire.

Tu ranges ensuite ton stylo, démonstration terminée, pour reporter le sujet de la discussion sur la principale raison de sa présence ici. À savoir comment est-ce qu’il se porte, depuis qu’il a pris connaissance de cet tout autre monde qui s’offre à lui. - Hollows. Lorsqu’il semble hésiter sur le nom de ces créatures. - Certains ne seront pas toujours aussi faciles à abattre. Tu le préviens, au cas où n’a-t-il pas encore vraiment eu d’expérience réelle, sur le terrain. - Les formes varient, les tailles aussi… Leur intelligence, surtout. Certains peuvent représenter de réelles menaces. Il t’a l’air du genre à prendre trop vite la confiance.

Ce serait dommage que ça lui soit fatal.
Ou peut-être pas, finalement.

Ton avis change face à la seule question qu’il trouve pertinent de t’adresser. Les sourcils légèrement froncés, tu l’observes, presque choquée de ce qu’il vient de te demander. - Oui. Une réponse courte, concise, qui devrait suffire à ce qu’il n’insiste pas. - Pas d’autres questions ? Une pause, avant d’apporter une précision. - Concernant l’organisation, je parle.

Au cas où.

C'est vrai qu'elle a l'air d'y tenir, à ce stylo. J'pige pas bien comment elle a fait pour s'attacher à un bout de plastique, mais tant mieux pour elle, je suppose. J'imagine que c'est une question de savoir apprécier les petites choses, de se satisfaire de peu ou une connerie comme ça.
De mon côté, bah... J'imagine que c'est juste que j'avais rien de mieux dans les poches quand ça m'est tombé dessus. J'aurais su, j'aurais été chercher un truc un peu plus stylé, genre une batte de base-ball ou un truc dans le genre. Enfin, tant pis. 'faut croire que je suis parti pour le traîner encore un peu, ce briquet à la con.
Matérialiser les objets qu'elle dessine avec ? Ben voyons.

▬ Pff. Ouais, c'est ça. Et moi, je fais de la fumée avec mon - ah oui, merde.

C'est bon, ça va, j'ai pas encore l'habitude.

▬ C'est pas mal, ça, comme pouvoir ! Et ça peut être n'importe quoi ? Genre, vous pouvez vous en servir pour faire vos courses ? Ou remplir votre garde-robe ? Ou... Euh...

Ouais, je vais peut-être éviter de lui faire part de toutes mes idées. Déjà parce que je suis pas sûr qu'elle me les pique pas si elle les a pas déjà eues, et ensuite parce qu'il y a des trucs qu'une pure et innocente jeune femme comme elle est pas prête à entendre. Mais je garde ça dans un coin de ma tête. Ça peut servi. À moi les économies ! Faudra juste m'assurer qu'elle sache jamais que je lui ai emprunté...

▬ Mouais, on verra bien. que je lui réponds quand elle me parle encore des Hollows. J'en suis pas à ma première bagarre, je m'en fais pas trop ! J'espère juste que y'a pas une espèce de SPA exprès pour eux. Mais vu leur sale gueule j'ai du mal à croire que quelqu'un veuille les protéger.

Le but d'un masque, c'est de cacher sa sale tronche, non ? Alors pourquoi est-ce qu'ils foutent un truc encore plus dégueu ? J'ai du mal à croire que ça puisse être pire quand on leur enlève. Mais en tout cas, j'ai pas eu de problème avec eux jusque là, et y'a aucune raison que ça change.

▬ En plus, il paraît que c'est ce qu'on est censé faire chez les Swords, non ? Dérouiller des trucs, je veux dire. Ça au moins, j'sais faire !

Je fais craquer mes phalanges en guise de preuve. Elles ont pas servi depuis un moment, mais y'a aucune difficulté à voir les traces de mes vieilles cicatrices. J'ai dû coller à peu près autant de torgnoles que Jackie Chan à ce stade, ça devrait le faire.
Malheureusement, elle m'annonce qu'elle a déjà un truc de prévu. Et merde, encore raté ! C'est vrai que c'était peut-être un peu soudain de ma part. Voyons voir...

▬ Tant pis, ce sera pour une prochaine fois ! Vous m'direz quand vous aurez une place dans votre agenda, d'accord ? Voilà, comme ça elle a le temps de se décider. Je me gratte le menton d'un air pensif quand elle me demande s'il y a autre chose que je voulais lui demander. Euh, là comme ça, j'suis pas sûr... Ah, si ! Elles sont où, les machines à laver ? Parce que j'ai pas beaucoup de fringues, vous voyez, alors si j'veux pouvoir rester propre...