[2019] Le fournisseur de weed de la Quatrième Division [PV Hirô]

BLAM !

Les portes du Quartier Général de la Quatrième Division s'ouvrent à la volée.

Un cri résonne, et les quelques Shinigami présents dans le hall se figent, regardant l'un de leurs malheureux confrères s'écrouler au sol après s'être violemment mangé l'un des battants dans le pif. Sonné, du sang plein la tronche, il met une ou deux secondes à reprendre ses esprits et se retourne vers l'entrée.


- Non mais fais attention quand tu rentres, espèce de gros...


Tandis que ses yeux refont progressivement le point, son regard se pose sur les pieds de la personne fautive - qui se trouvent grosso modo en face de sa tête, vu la position dans laquelle il a fini. De grosses godasses en cuir noir pas du tout réglementaires, ornées de lourdes boucles métalliques. Son regard remonte le long du hakama, jusqu'à la ceinture, et est attiré par les pans d'une veste violette passée par-dessus l'uniforme noir au demeurant laissé entrouvert, sa propriétaire n'ayant pas jugé utile de nouer son obi. Plus haut encore, derrière une paire de verres d'un vert acidulé, deux yeux perçants le toisent.

Il s'arrête net. Il a entendu les rumeurs, et ce qu'il voit colle à la description qui lui a été faite. Mieux vaut ne pas s'attirer d'emmerdes.


- Bah merde, fait-elle d'un air surpris. Tu m'as pas entendue arriver? Désolée, j'avais les mains prises, j'ai dû foutre un coup de pied. Tu veux que j'aille chercher un médecin pour ton...


Coinçant son kiseru entre ses dents, elle pointe son nez du doigt et marque une pause, avant de regarder aux alentours. Les spectateurs sont toujours figés, attendant de voir comment va se finir la rencontre.


- ...nez. C'est vrai qu'on est dans l'hosto du Seireitei. Bah écoute, je te laisse aux bons soins de tes potes et je file, j'ai des affaires à régler dans le coin. Bon courage !


Kiseru dans une main, smartphone dans l'autre, elle appuie sur le bouton lecture, et l'enceinte Bluetooth portative qui se balance à sa taille se remet à diffuser son album de Queen là où il avait été interrompu. C'est beau, la technologie. Depuis qu'elle a découvert ces machins-là, à sa sortie de taule, même plus besoin de rester calfeutrée chez elle ou dans son bureau pour écouter de la musique; elle peut le faire TOUTE la journée si ça lui chante. Et les écouteurs sont en option. Foutre des trucs dans ses oreilles et ne plus entendre les gens quand ils lui causent, très peu pour elle (sauf quand on vient la chercher pour lui demander un truc chiant, ou que quelqu'un lui raconte sa vie alors qu'elle en a rien à cirer).


- ... another one bites the dust ♫...


Devant l'ironie du timing, elle ne peut s'empêcher de sourire aux dépens du type qu'elle vient de sonner, alors qu'elle s'enfonce plus avant dans le bâtiment, laissant derrière elle un nuage de vapeurs aux senteurs sucrées.

Si elle a décidé de se payer une petite visite de "l'hosto du Seireitei", c'est pour vérifier des rumeurs dont elle a eu connaissance. Elle n'a pris son poste que depuis quelques mois, et n'a encore jamais eu l'occasion de rencontrer le Capitaine en dehors de quelques fugaces apparitions où elle n'a même pas pris le temps de faire attention à sa tronche (après tout, c'est grand, le Seireitei). Par contre, elle en entend parfois des échos : certains membres du Kidōshū blessés à l'entraînement ont eu la chance de profiter de soins administrés par le manitou de la Quatrième Division en chair et en os.

Et c'est ce qu'on lui a confié sur son pouvoir qui justifie son déplacement en personne. L'animal aurait une vraie expertise des plantes et une capacité en rapport. Une aubaine, en somme. Maintenant qu'elle est libre et gradée en prime, la voilà en position de demander une petite faveur de rien du tout. Elle qui adore concocter ses propres mélanges d'huiles essentielles, ou mêler tout un tas de trucs au tabac qu'elle fourre dans sa pipe japonaise...

Mais voilà qu'elle arrive à un croisement dans les couloirs, sans personne aux alentours pour lui indiquer le chemin. En rétrospective, elle aurait dû demander aux péons restés figés comme deux ronds de flan, là-bas, dans le hall. Les grouillots du commun fuient devant elle, ou quoi? Est-ce que c'est à cause du bruit et de l'odeur, comme disait l'autre?

Quoique. Alors qu'elle s'apprête à emprunter une direction au pif, une porte s'ouvre et une silhouette en émerge. Parfait ! Merci, Queen, d'avoir rameuté du monde. Au moins, on ne peut pas dire qu'elle ne s'annonce pas en arrivant.

Elle baisse le volume, laissant Freddie à ses mamma mia.


- Hé, salut. Je cherche le Capitaine et je me suis paumée parce que vos bâtiments sont énormes pour rien. Vous auriez pas une idée d'où je peux le trouver à cette heure-ci?

Une mélopée se fait entendre. Un bruissement tonitruant qui se fait chantonnant. L’agitation grouille, bien loin de celle usuelle dans la quatrième. Cette musique ne ressemble nullement à celle dont nous avons coutume par ici. Le son est plus vibrant, presque plus violent et alors que je m’avance à travers les couloirs de ce lieu de repos, je ne peux empêcher un soupir de s’échapper de mes lèvres.

Qui est donc celui troublant la quiétude de nos patients ?

Une femme d’après les dires qui m’ont été rapporté lors d’un chemin croisé. La musique se rapproche, ainsi que les membres troublés de ma division un rien intimidé. Lorsqu’ils m'aperçoivent vêtus de mon haori de fonction, ils me laissent passer alors que je leur demande de retourner là où ils étaient. Les curieux s’agitent un peu mais finissent par s’éloigner l’air un rien agacé, me laissant le soin de m’occuper de cette intrusive présence. Au moins obéissent ils à mes ordres sans discuter. J'aperçois enfin la source de toute cette agitation, drapée de sa musique et d’une veste recouvrant son uniforme de shinigami parfaitement reconnaissable.

Le Kidōshū ?

Une part de moi comprend davantage la réticence de mes hommes à intervenir. Cette division d’élite reste aujourd’hui encore crainte par nombre d’âmes au sein du Seireitei, d’autant plus au Gotei 13. Mais cela ne les rendait pas au delà de toute loi et d’un respect essentiel. Une porte s’ouvre à son action, une de mes shinigamis se retrouvant nez à nez avec la dame à l’allure extravagante et à la présence bruyante. Elle ouvre la bouche, m’observe par dessus l’épaule de la jeune femme l’air déstabilisée alors que j’entends sa demande énoncée. Elle me recherche ? « Et bien euh… c’est à dire… Le Capitaine est... » Elle pointe du doigt ma direction, alors que je me suis arrêté à quelques pas derrière ce qui semble être la vice capitaine du Kidōshū - ou bien la commandante en second, si je ne me trompe pas sur les termes. J’exprime ma présence en éclaircissant ma voix afin qu’elle se retourne sur moi. Sur mon visage, nulle animosité seule demeurant un froncement de sourcil un rien agacé. Mon Zanpakutō à mon côté, ma tenue demeure traditionnelle contrairement à celle de ma vis à vis. Ma seule extravagance serait ma chevelure laissée lâche et retombant pratiquement jusqu’à mes pieds ainsi que ce qui pourrait ressembler à quelques feuilles roses pâles accrochées à mes oreilles.

« Pourriez- vous commencer par… éteindre cette musique ? Vous êtes dans un hôpital et nos patients ont besoin de calme et de repos. » Je ne suis pas contre la musique, loin s’en faut, mais cela me semble guère approprié en ces lieux.

« Enfin, maintenant que la personne que vous cherchiez vraisemblablement est face à vous, que me voulez vous ? J’imagine que cela doit être important au vu de tout le remue-ménage que vous avez provoqué. » La shinigami qui était tombée face à face avec notre intruse s’échappe après un signe de tête à mon adresse, nous laissant aussi seul que possible en ces lieux. « A moins que vous ne souhaitiez parler de manière plus confidentielle dans mon bureau ? Là où vous m’auriez sans aucun doute trouvé si vous aviez demandé à l’un des membres de ma division. » Mon ton se fait badin, mais peut être entendra t-elle l’ombre d’un reproche dans cette dernière phrase. Je ne suis pas Capitaine depuis bien longtemps, à peine un an à présent, mais c’est bien la première fois que je me retrouve face à semblable situation.

J’imagine que cela ne sera pas le dernier.

Le raclement de gorge qui se fait entendre derrière elle, sitôt sa question posée, lui en dit plus long que n'importe quelle réponse.

Elle fait volte-face, toisant le nouvel arrivant. Elle a beau tricher avec ses chaussures, il lui faut quand même légèrement baisser les yeux pour le regarder. Qu'il est meugnon ! Avec ses cheveux en cascade et ses fleurs qui dépassent des oreilles, là. Une vraie princesse Disney. Du genre à chanter aux p'tits animaux dans le jardin quand personne ne le voit. Ils auraient pas pu trouver mieux pour représenter la Quatrième.

Sauf qu'il est allergique à la bonne musique. Bon, l'argument se tient, mais un p'tit coup de Don't Stop Me Now pour rebooster le moral des troupes en pleine convalescence, ça n'a jamais tué personne, si?

Elle lève un doigt, l'air de dire "je m'occupe de tout". Calme et repos, donc. Freddie se fait couper la chique pendant qu'elle farfouille dans son smartphone, et le Capitaine en profite pour lui poser la question évidente : qu'est-ce qu'elle fiche là, exactement?

Pas de réponse, mais deux secondes plus tard, une nouvelle musique s'élève.




Ne demandez pas pourquoi Yoru a ce truc dans ses playlists (comme beaucoup de gens, elle essaie tous les remèdes possibles contre l'insomnie ponctuelle). Pour faire bonne figure, genre oui-oui-j'ai-écouté, elle baisse au passage le son à un niveau tolérable.


- Et voilà ! Calme et repos. De quoi parfaire la quiétude du lieu, non? J'ai lu un truc sur les vertus thérapeutiques du classique, une fois. On me dira pas que je nuis à la santé de qui que ce soit ici !


Sur ces bonnes paroles, le Shinigami dont elle a cassé le nez dix minutes plus tôt traverse le croisement de gauche à droite, guidé par ses collègues jusqu'à une salle libre. Yoru ne le voit pas - elle est trop occupée à tirer sur son kiseru d'un air satisfait, puis crache vers le plafond une épaisse bouffée de fumée, avant de reprendre.


- Je suis la Commandante en second Yane, au fait. Kidōshū. Vous êtes le Capitaine Shunshō, c'est bien ça? Je sais que nous autres, on a tendance à inspirer la méfiance, mais vous formalisez pas avec moi, j'ai pas le melon à ce point, ni le balai de la Neuvième dans le...


Elle se stoppe, faisant un geste équivoque de l'index et du majeur levés - le geste sec de quelque chose qui s'enfonce à la verticale, probablement au fond d'un quelconque fion - avant de prendre une nouvelle bouffée de son kiseru .

Coincé entre ses lèvres, et à la hauteur où il se trouve, le serpent moche en métal fixe presque Hirō dans les yeux, alors que Yoru réfléchit à sa question. Une fois de plus, le regard de cette dernière se pose sur la tignasse de son interlocuteur. Elle aurait presque envie de lui demander où est la vraie vie, et s'il brosse, brosse et brosse sa chevelure dans cette prison où il a grandi.

Elle se retient. Priorité aux affaires.


- Je ne viens évidemment pas pour rien, reprend-elle, retirant à nouveau la pipe à tabac (?) de sa bouche. J'aimerais poser les bases d'une future collaboration, et j'ai cru comprendre que vous seriez d'une aide précieuse pour ce projet. Il paraît que vous êtes doué avec les plantes, et selon la rumeur, ça aurait à voir avec votre Shikaï. Je serais curieuse d'avoir plus d'explications? Bon, ça me dérange pas d'en discuter en se promenant dans les couloirs, mais peut-être que vous voudrez choisir un cadre plus confidentiel, vu le sujet.


Évoquer un sujet aussi délicat ne se fait normalement pas à la légère, mais si la rumeur est vraie, le Capitaine n'est pas le dernier à faire usage de son pouvoir devant n'importe qui - ou, du moins, les blessés qui le méritent. De là à croire qu'il sera disposé à donner des explications sur son fonctionnement, il n'y a qu'un pas.

Mais à une parfaite inconnue, qui déboule sans prévenir pour l'interroger?

...eh ben, il a l'air gentil, donc y a moyen.

On ne peut pas vraiment dire que cette shinigami soit ordinaire. Je ne fais pas grand cas de sa grandeur, bien qu’inhabituelle, ni même de son extravagance. Elle est ce qu’elle est, et je ne fais pas partie de ceux qui juge sur leur couverture que cela soit les livres ou les gens. Néanmoins, en ce qui concerne son comportement, j’ai plus à y redire, surtout dans l’enceinte de ma propre division. Certes, je ne suis pas Capitaine depuis nombre d'années, mais cela ne change en rien mes responsabilités. Bien au contraire. Chacune de mes actions ou de mes inactions sont d’autant plus prises en compte par les membres de ma division. Heureusement que ces petits jeux politiques ne sont pas aussi prégnants que dans la quatrième que dans d'autres, mais cela n’en reste pas moins important.

Un haussement de sourcil répond à son geste puis à son changement de musique. Littéralement du classique, qui ressemble davantage à une balade ou une berceuse qu’au tonitruant son qu’il y avait eu juste avant. « Ça se prête en effet davantage au lieu. » Et elle avait suffisamment baissé le son pour que sa musique demeure davantage concentrée autour de sa personne. Et de la mienne par extension. Le compromis est acceptable dira t-on, et j’attends la suite de ses réponses alors qu’elle tire tranquillement sur son kiseru - peut être pour ménager son effet ?

Yane. Commandante en second du Kidōshū. Au moins ai-je appris son nom, je ne me souvenais pas d’avoir entendu parlé d’une promotion dans cette dernière mais ce n’est pas foncièrement étonnant. J’ai bien assez à faire de mon côté. En tout cas, elle n’en demeure pas moins… éloquente dans sa façon de parler et de mimer ses paroles. Je me contente d’un haussement de sourcil pour toute réaction. On ne pourra nullement lui reprocher son manque de franchise en tout cas. « Et bien j’imagine que c’est une bonne chose que vous ne soyez pas comme ça. » Je lui laisse le temps de répondre à ma question sur les raisons de sa présence en ma division, alors qu’elle tire tranquillement sur son kiseru.

Une collaboration. Avec le Kidōshū ?

Cela m’intrigue quelque peu, et d’autant plus lorsqu’elle se livre davantage, parlant de son shikaï et de certains de ses pouvoirs dont elle aurait eu des échos. Elle veut avoir plus d'explications sur Fukuhana ? L’esprit semble s’éveiller un instant, ouvrant paresseusement les yeux pour contempler cette femme. « C’est une demande bien inhabituelle que vous faites là, Commandante en second. » Rares sont les shinigamis à parler des pouvoirs de leur Zanpakutō et je ne fais pas vraiment exception. Néanmoins… elle m’intrigue. Assez pour que je ne l’invite à me suivre. « Suivez moi. » Mon visage demeure ouvert à la discussion alors que je me dirige vers mon propre bureau accompagné de la seconde autorité du Kidōshū. « Vous pouvez m’en dire plus sur ce projet ou vous préférez un cadre plus confidentiel pour en discuter ? » Je choisis à dessein les mêmes mots qu’elle a bien pu utiliser. Mon office n’est pas si loin, mais je ne suis pas contre un rien de conversation en nous y rendant. Surtout si c’est pour comprendre davantage la requête et la façon d’être de cette shinigami peu ordinaire.

Comme Yoru le pensait, les clichés proviennent bien d'une certaine réalité, et la Quatrième ne fait visiblement pas exception. En l'occurrence, le représentant de la Division des soigneurs dégage une certaine image qu'il partage par exemple avec les québécois - c'est-à-dire qu'il est ben gentil (tabarnak).

La proposition la fait sourire, en tout cas. Rien de très confidentiel, en réalité; mais maintenant, elle est curieuse de voir un peu à quoi peuvent ressembler les quartiers du Capitaine. Elle en vient presque à s'attendre à y voir des petits oiseaux qui dansent, ou autres trucs improbables de princesse de dessin animé. Va peut-être falloir travailler à corriger cette représentation mentale, à l'occasion.


- Eh bien, puisque vous avez déjà entamé le mouvement, j'imagine que vous avez déjà choisi pour moi, hein? Mais je vais pas m'en plaindre. Même si j'ai rien à cacher, le changement de décor me dit bien.


Et c'est vrai - le Capitaine a déjà entamé la marche, avant même de finir sa proposition. Bon. Yoru lui emboîte le pas, le rattrape même en quelques foulées, histoire d'avancer à sa hauteur. C'est quand même marrant, toutes ces cachotteries sur les pouvoirs au sein de la Soul Society : les Shinigami sont censés être dans le même camp, alors pourquoi ne pas juste révéler ce genre d'informations? Certes, il y a apparemment eu une affaire de trahison alors que la Nécromancienne était encore sous les verrous... mais justement, d'après ce qu'elle a compris, une partie du problème ne venait-elle pas précisément du fait qu'un Capitaine a menti sur les capacités réelles de son Zanpakutō?

Ils se prennent vraiment trop la tête, au Seireitei.

Là-dessus, et histoire de meubler le trajet, elle commence son explication.


- Bon, alors je vais devoir extrapoler un peu, hein, j'ai pas encore les détails. Mais en gros, il paraît que votre Shikai est... enfin... ouais, je vais peut-être pas dire ça en public si vous, vous voulez un peu d'intimité. Bon, un truc de plantes, pour rester vague. Vous avez eu des gens du Kidōshū chez vous, c'est eux qui en ont parlé. Bref ! Il se trouve que je suis très remèdes naturels, huiles essentielles, mélanges d'herbes, tout ça. Ces trucs-là, ça coûte cher, ça pousse dans des conditions chiantes, c'est pas le même climat pour toutes - en gros, c'est un enfer d'en faire pousser ici, et je vous raconte pas l'import.


En plus, les jardins sont généralement réservés aux habitats de la noblesse. Pas question de s'approcher d'eux, même pour tout l'or du monde. Elle a bien essayé de cultiver quelques trucs en pot, mais tout ce qui demande un peu d'entretien a fini par crever après quelques semaines, faute de régularité ou de conditions propices à leur épanouissement.


- Du coup, je me disais que si vous vous y connaissez tant que ça, et même si votre... vous-savez-quoi a un rapport avec tout ça, je pourrais m'adresser directement à vous au lieu de m'embêter. J'ai prévu une liste... c'est un peu comme une liste de courses, mais on pourrait voir ça ensemble un peu plus tard, si ça vous va?


Difficile de se projeter avec le Capitaine sans connaître l'étendue concrète de son action sur la flore, alors ces informations devraient suffire pour le moment. D'ailleurs... ce dernier vient de s'arrêter, visiblement devant leur destination. Pour l'heure, il est temps de découvrir à quoi ressemble le bureau de la princesse.

Un simple sourire vient lui répondre alors que je continue tranquillement ma marche et qu’elle vient se porter à mon niveau, attendant simplement qu’elle ne vienne répondre à ma question. Elle ne se fait finalement pas prier et sa façon de le faire m’amuse un rien. Un truc de plante. Fukuhana s’offusque d’être ainsi dénommée, et sa réaction ne fait que rendre mon sourire plus amusé encore. Telle une fleur fière de sa beauté, l’esprit de mon Zanpakutō n’aime guère être traitée de la sorte. Elle qui est une rareté parmi les siens. Personnellement, je ne commente pas pour l’heure, la laissant seulement expliquer son projet qui au final, est une collaboration plutôt personnelle. Loin de son rôle de commandante en second.

Dois je être amusé ou irrité ? Laissons planer le doute. « Je vois un peu mieux. » Le ton est neutre, actant uniquement la fin de son dialogue sans pour autant émettre pour le moment un jugement ou une quelconque réponse - positive ou négative. Arrivé devant la porte de mon office, j’y entre sans m’attarder, laissant la demoiselle me suivre avant de refermer derrière elle. Le bureau est simple et spacieux - comme pour tous les Capitaines de division.

Un bureau simple en bois recouvert de diverses piles de papier d’un côté, un espace plus intimiste avec une table basse et deux larges fauteuils sur un autre côté, mais sorti de ça, nul extravagance pour l’heure. Depuis ma promotion en tant que Capitaine, je n’avais pas tant eu l’occasion d’aménager plus que cela mon espace de travail. Il y avait bien un ou deux pots de fleurs que Fukuhana avait insisté d’avoir et un espace sur un côté où j’avais pu installer de quoi faire des préparations médicales ou du thé - il faut d’ailleurs que j’installe de quoi faire chauffer de l’eau et un autre espace de rangement… Mais cela attendra.

« Installez vous. » J’indique de la main un des fauteuils qui fait face à une petite table basse et m’installe dans l’autre. Je prends quelques instants avant de reprendre la parole. « Donc si je résume votre projet, et arrêtez moi si je me trompe, vous souhaitez utiliser les capacités potentielles de mon Zanpakutō pour vous permettre de créer des remèdes et autres mélanges d’herbe, pour votre… consommation personnelle ? » C’est un résumé grossier, mais c’est du moins, ce que j’ai compris. A elle de me rectifier si certains points ne sont pas justes. Je reste sciemment évasif concernant le pouvoir réel de mon Zanpakutō, non pas que j’éprouve un besoin maladif de garder ses pouvoirs secrets - et à dire vrai, la grande majorité de ma division doit être au courant des capacités principales de mon shikai - mais ça ne me dérange pas qu’elle pense que je fais parti de ces shinigamis là.

« Je ne vais pas vous apprendre la définition d’une collaboration, aussi, je comprends bien ce que je pourrais vous apporter dans le cadre de votre projet. Mais qu'est ce que cela m'apporte de répondre favorablement à votre requête ? »

Mon sourire demeure sur mes lèvres, tranquille. Pour l'heure, je n'ai évidemment aucune raison d'accepter quoi que ce soit. Qu'ai je à y gagner ?

En pénétrant dans la pièce, Yoru s'attendait à mettre les pieds dans un véritable cabinet de médecin ou d'herboriste, bourré de plantes et schémas médicaux en tous genres. Peut-être un petit jardin, aussi, où s'asseoir en chantant avec les oiseaux (mais ça, c'est encore son image mentale de princesse qui lui joue des tours).

Pas de bol : la pièce est aussi banale et ordinaire que son propre bureau à elle. Un bureau, une petite table, deux sièges. Et de la paperasse - beaucoup de paperasse. Au moins un truc qu'elle savait pouvoir y trouver, vu le volume de documents qu'elle doit elle-même traiter chaque semaine.

Après avoir regardé partout autour d'elle, et sitôt la petite déception du premier contact passée, la Nécromancienne reste un instant sur le palier, juste le temps d'étouffer son kiseru. D'une : pas question de les enfumer tous deux dans un espace plus réduit si elle n'a pas le contrôle absolu sur le moment où ouvrir les fenêtres. De deux : bon, c'est un Capitaine, quand même - et le bon sens recommande d'éviter d'imprégner ses affaires d'une odeur de fumée froide pendant des jours.

Sur l'invitation du Capitaine, elle s'installe, hochant la tête pour répondre à sa première question. Bon résumé. Ce serait quand même vachement plus pratique de pouvoir compter sur un fournisseur pour les ingrédients les plus compliqués à trouver.

Pour la deuxième, par contre...


- Woah, vous y allez fort ! On m'avait vendu l'esprit d'altruisme et d'entraide de la Quatrième, et tout...


Le ton est sarcastique, et elle a un petit rire pour appuyer son propos. Évidemment, elle se fiche de lui : elle a déjà réfléchi à ça. Un petit peu, en tout cas.


- Plus sérieusement, je vous ai dit : les trucs naturels, ça marche bien sur moi. Franchement, mes performances sont meilleures quand j'en utilise. Bon, ben l'idée, c'est d'en profiter pour trouver un moyen de récupérer des ingrédients durs à trouver, histoire de pouvoir faire des essais avec : j'ai plein de recettes dont je peux pas encore tester les effets. Je note ce qui marche bien, je fais une sélection - antidouleurs pour les blessures légères, produits pour la concentration et l'anxiété, et cætera - et hop, derrière on peut réfléchir à une mise en application à plus grande échelle. Et surtout, je suis intéressée par les interactions entre ces substances et les particules spirituelles : par exemple, j'ai déjà des théories de Kidō qui pourraient amplifier la diffusion de ces trucs. On est dans une époque de renouveau, et ça passe aussi par nos méthodes. C'est l'occasion de réfléchir à ce genre de nouvelles tactiques, non?


À sa connaissance, en tout cas, aucune méthode d'origine végétale n'est encore employée sur le champ de bataille. Une occasion manquée. Tout ça parce que les Kidō de support peuvent y pallier... mais il faut les connaître, et le reiatsu n'est pas illimité. D'accord, on flirte à la limite des drogues de combat, mais ce qui compte, c'est la façon dont s'en sert...


- Bref, ce que je demande, c'est surtout un coup de main pour me donner de quoi me pencher là-dessus. Vous pouvez voir ça comme un investissement sur l'avenir : si je trouve un usage pratique sympa, ça fera moins de boulot nul pour votre Division au moindre petit souci, vous pourrez vous concentrer sur les urgences, et on améliorera peut-être les performances du Gotei dans un futur plus ou moins proche. Franchement, je vous propose limite de la R&D gratos.


Ce qu'elle raconte est vrai... du moins en partie - c'est avant tout un hobby, pour elle, et pas quelque chose d'assez officiel pour le présenter comme une vraie recherche. Ce qui l'arrange là, tout de suite, c'est quand même d'avoir de quoi retaper ses stocks à l'œil, mais elle n'avance évidemment pas cet argument. Ce serait dommage de se faire jeter.

La commandante en second opine de la tête à mon résumé grossier de la situation et de sa demande, ne faisant qu’accentuer le sourire présent sur mes lèvres en réponse. Au moins ai-je bien compris la situation. Quant à elle, elle ne semble pas faire mine de démentir certains de mes propos pour enrober davantage la vérité derrière un paravent de papier. Ce qui est à son avantage… et ne l’est également pas. Je la laisse continuer sans intervenir pour l’heure, seul mon sourire tranquille demeure sur mes lèvres à son sarcasme. Altruisme et entraide, oui, mais pas à n’importe quelle prix, ni sur n’importe qu’elle sujet. Nulle vie n’est en jeu ici.

Silencieux, j’attends qu’elle termine son explication avant de réellement répondre. Ma mine semble pensive, car il y a des éléments intéressants dans son discours, d'autres qui le sont un peu moins à mon sens. Plus qu’une explication, cela ressemble à une justification, une conséquence collatérale et non un véritable but à proprement parlé de sa part. Ai-je envie d’épuiser mes ressources pour un tel projet ? C’est la question que je me pose, et c’est en tant que Capitaine que je vais devoir y répondre. « Quelle connaissance avez-vous en médecine, Dame Yoru ? » Peut-être puis-je commencer par là, cela me semble être un premier point à éclaircir qui me semble particulièrement important au vu de la nature même de ses recherches.

Mon regard améthyste se pose sur elle, l’observe un instant. Elle fait partie du Kidōshū, aussi, je ne doute pas de ses compétences en Kidō, par ailleurs, en tant que commandante en second, elle a été placée là pour une bonne raison. Néanmoins, cela ne signifie rien quant à ses autres connaissances et aptitudes. « Je ne doute pas de la pertinence de votre projet, bien que pour être tout à fait honnête avec vous, nous travaillons nous mêmes sur la confection de nos propres traitements. » Après tout, nous sommes des médecins et nous utilisons nos compétences et connaissances pour soigner nos patients de leurs différents maux. Le Kaidō n’est qu’un de nos outils pour se faire. Le plus efficace sans nul doute, mais pas le seul à notre disposition.

Tous les maux ne peuvent être soignés par des techniques spirituelles…

« A vrai dire, ce qui m’intéresse le plus dans votre discours, c’est vos théories concernant l’amplification de leurs effets. » Mon sourire est plus franc à mes mots. « Qu’avez vous à me dire sur ce sujet en particulier ? » Et en fonction de sa réponse, nous pourrions mieux réfléchir à cet investissement sur l’avenir dont elle fait mention.

Le Capitaine paraît songeur durant l'explication de Yoru, et le demeure encore quelque temps une fois celle-ci terminée. Clairement, il n'a pas hérité de son poste par hasard : on dirait qu'il jauge attentivement l'idée et ce qu'elle implique. Et on l'oublie souvent, mais la Quatrième Division est tout aussi responsable de la logistique que des soins. Pile son domaine d'expertise supposé, donc.

Finalement, il pose sa question. Celle-ci, la Nécromancienne se doutait qu'elle finirait par tomber sur le tapis à un moment ou à un autre - et les précisions apportées par Hirō viennent confirmer sa pensée. Avec son plus grand sourire, elle répond sincèrement.


- "La médecine", c'est vaste. Mais pour vous répondre : les sorts de soin ne sont pas ma spécialité, loin de là. Je suis plus du genre à vous envoyer des patients qu'à les soigner, quoi... Par contre, je lis beaucoup sur les médecines naturelles, et je distille mes propres huiles essentielles chez moi, par exemple. Appelez ça un hobby si vous voulez, mais j'ai un vrai intérêt pour la question.


Soyons honnêtes deux secondes : face au Capitaine de la division des soigneurs, elle a sûrement juste l'air d'une gamine qui joue avec son caca. Pourtant, elle connaît sa valeur - et aussi son atout, qui réside en sa connaissance des arts spirituels (de façon générale, pas uniquement ceux dédiés aux soins). Et ça, c'est l'aspect dans lequel la Quatrième est plus limitée qu'elle, plus campée sur ses bases établies. Elle le sait. Hirō le sait. Et elle sait aussi qu'il sait. Sinon, il n'aurait pas posé cette question supplémentaire.

Nonchalamment, elle ressort son kiseru.


- Une image vaut mille mots, vous connaissez l'adage. Je vais vous montrer un de mes derniers essais. C'est plutôt sympa, vous allez voir.


Un Shakkahō plus tard, le tube à l'affreux serpent se retrouve allumé (et l'orbe d'énergie simplement dispersé d'un geste de la main : balancer un Hadō à travers le bureau d'un Capitaine n'est pas très courtois, paraît-il). Puis Yoru extirpe une petite fiole de sa poche, et en glisse quelques gouttes dans l'ustensile. Enfin, sa main se pose sur la surface métallique de l'objet : alors qu'elle prononce le nom du Bakudō - un Sekienton, en l'occurrence -, le kiseru se met à émettre une épaisse fumée à la teinte rougeâtre et au parfum sucré, qui envahit la pièce en quelques secondes.

Dans cette purée de pois, la Nécromancienne ne voit même plus son interlocuteur. Sa voix s'élève au milieu de nulle part.


- Vous sentez? Huile de THC. Contre l'anxiété, mais je vous apprends rien. J'ai trouvé ça par hasard : le Bakudō transporte vachement bien la molécule via la fumée artificielle formée par le reishi - les effets tapent très vite et se dispersent très loin. Alors la même chose avec des sorts dédiés et des substances plus spécifiques, vous imaginez?


Effectivement, les effets tapent très vite. Si vite, même, qu'elle commence déjà elle-même à les ressentir. Quant au Capitaine face à elle (enfin, s'il n'a pas bougé : impossible de le dire, on n'y voit plus à un mètre), à moins que sa tolérance soit particulièrement élevée, nul doute qu'il en est lui aussi arrivé au même constat. Dommage que Yoru n'ait pas de Bob Marley dans sa playlist. Elle repense à la précaution prise à son arrivée : si elle avait su qu'elle finirait quand même par enfumer la pièce, elle ne se serait pas fait chier à éteindre son kiseru en entrant.

L'espace de quelques secondes, un silence s'installe. Elle le brise finalement d'un ton gêné.


- Euh. Vous vous souvenez où sont les fenêtres qui s'ouvrent?

Vaste. Sans nul doute la médecine est-elle un vaste sujet et plus encore, nécessitant nombre de connaissances pour pouvoir être maîtrisé. Ce n’est pas pour rien que les shinigamis de la quatrième ont des apprentissages supplémentaires lorsqu’ils rejoignent la division. Suis-je surpris de sa réponse ? Non. Rares sont ceux qui s’y intéressent après tout, mais en tant que commandante en second du Kidōshū, il est sûr qu’elle possède une maîtrise du Kidō qui lui octroierait un avantage non négligeable dans l’apprentissage du Kaido. Enfin, la question ne se pose guère ici. Ma mine demeure pensive. Une personne n’ayant aucune connaissance en médecine, pas même théorique semble t-il, qui souhaite utiliser nos ressources pour expérimenter sur elle-même diverses substances dont elle a potentiellement de vagues connaissances…

Laisse-moi réfléchir.

« Je ne doute pas de vos intérêts, néanmoins, dans le cadre de ce projet dont vous me faites part, il me semble qu’une base solide en médecine soit nécessaire. Pour préciser davantage les connaissances dont je parle, il s’agirait de connaître globalement le fonctionnement du corps et les effets de ces différentes substances sur ce dernier dans un premier temps. Je ne vous apprends rien en vous disant que certains mélanges ou dosages, même de simples huiles essentielles, peuvent être un poison pour votre corps. » Après tout, elle avoue elle-même avoir des connaissances dans les médecines douces et il s’agit, sans nul doute, de l’une des premières alertes qui y est donnée. Mais est ce que cette exubérante shinigami s’en rend réellement compte ? Difficile à dire en la voyant reprendre, récupérant son kiseru entre les mains avec l’intention évidente de me montrer par l’exemple ses avancées et théories.

Un vague préssentiment me gagne alors que je la vois rajouter quelques gouttes d’huile dans son kiseru et murmurer le nom d’un Bakudō. Il n’en faut guère plus pour qu’une fumée épaisse rougeoyante ne s’en échappe, auréolée d’un parfum qui m’interpelle. Les effets sont étonnamment puissants et il ne me faut qu’une respiration pour m’en rendre compte. La toux me secoue puis ma respiration se coupe alors que la dame continue tranquillement son explication, l’air de ne pas vraiment se rendre compte de la situation. Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. Peut-être même devrais je m’énerver de voir toute cette fumée envahissante réduire mon champ de vision à peau de chagrin. Sans compter les effets de cette dernière… Le temps n’est pas vraiment à l’énervement… « Eclot, Fukuhana.» D’un murmure, je libère mon shikaï qui se déploie sur mes épaules tel un manteau végétal pour me protéger des effets de la fumée - certaines plantes ont ce pouvoir et Fukuhana en bonne protectrice utilise mon reishi pour en faire croître autour de nous. De coutumes, ses fleurs absorbent le sang et le poison, ici, ce n’est pas si différent bien que d’une efficacité moindre sur ce qui est volatile.

Ouvrir les fenêtres… oui, il aurait été préférable de le faire avant en avant. Enfin, sa demande me permet au moins de me rapprocher suffisamment d’elle pour venir récupérer son kiseru, l’ôtant de ses mains pour l’enfermer dans un kekkai. Peut-être aurai-je dû l'enfermer avec... La fumée continuera de se propager dans cette enceinte restreinte jusqu’à ce qu’elle se tarisse et permettra à mon bureau de pouvoir plus aisément respirer. Malgré cela, la fumée risque de demeurer longtemps si je ne fais rien de plus, aussi je me redresse pour ouvrir les fenêtres et lui permettre de s’échapper de mon bureau. Une superbe fumée rouge qui, je l’espère, n’alertera personne au sein de ma division. Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que j’entends bourdonner dans mes oreilles les plaintes de Fukuhana. « Je n’arrive pas à savoir si vous êtes inconsciente ou imprudente. »

Probablement les deux.

S'il semble initialement pris au dépourvu, la réaction du Capitaine ne se fait pas attendre. Plus que le chuchotement, c'est la soudaine libération d'énergie, quelque part devant Yoru, qui lui met la puce à l'oreille. Puis la silhouette, qui s'approche à travers la fumée, et une main tendue pour ôter son kiseru des siennes. Là, enfermé dans un cube d'énergie, l'objet étouffe ses flammes dans son conteneur hermétique tandis que Hirō s'éloigne à nouveau, cette fois pour répondre à la question de la Nécromancienne : un claquement sec signale l'ouverture d'une fenêtre, et la fumée opaque s'engouffre par l'ouverture, s'échappant vers des cieux plus cléments.

Puisque la visibilité s'améliore progressivement, c'est donc l'occasion pour la brune de découvrir, petit à petit, ce qui s'est révélé à elle : la libération du sabre du Capitaine, prenant visiblement la forme d'une dense cape de verdure qui s'étend autour de lui. La vision est si originale que, l'espace d'un instant, Yoru se demande si elle ne s'imagine pas juste des choses - la faute à la fumée, fatalement. Mais non. Si elle a bien l'impression d'avoir du coton dans le crâne, elle n'en est pas pour autant assez à la ramasse pour devoir filer direct en désintox.


- Ooooh, ben c'est joli, dites donc.


Un petit sifflement accompagne la remarque, première chose sensée que la Nécromancienne parvient à formuler en voyant la forme improbable adoptée par ce Shikai insolite. Pour souligner son ravissement, elle bat des mains plusieurs fois, comme face à un tour de magie particulièrement réussi. Preuve que le THC a fonctionné : elle est peut-être un poil trop relaxée, désormais.


- Vous êtes dur avec moi... J'ai volontairement fait la démonstration avec une substance, euh, marrante et spectaculaire, pas dangereuse. Bon, j'ai un peu forcé sur le dosage, surtout en espace clos. J'avoue. Mais ! Si vous vous êtes senti obligé d'intervenir pour arrêter le truc, ça veut forcément dire qu'il fonctionne...


Les faits sont là, la logique est imparable. Et vlan ! Si avec ça, Hirō n'est pas forcé d'admettre que son idée a du potentiel, c'est vraiment qu'il y a de la mauvaise foi là-dessous.

Ou alors, qu'il est grognon d'avoir vu son bureau potentiellement bousillé par le coup d'éclat de la Commandante en second. L'odeur partira en aérant un peu, au moins...

Mais reprenons sur un sujet plus important : le Shikai du Capitaine Shunshō est désormais actif, bien en évidence, et répondant à ses questions. Enfin, à certaines, en tout cas. Pour les autres, elle en bombarde simplement son interlocuteur, curieuse qu'elle est de comprendre ce qui vient de se passer - et comment un tel pouvoir pourrait faire avancer ses expériences si Hirō y mettait un peu du sien (ce qui était la raison première de sa visite, pour les deux du fond qui ont oublié depuis octobre).


- Mais c'est quoi, du coup, ces fleurs? Elles ont des propriétés précises? Si vous scellez votre arme, elles s'en vont? Vous pouvez en faire des différentes? Ou des qui existent dans la nature?


Et puis la petite dernière pour la route, après un instant de réflexion :


- Vous croyez que je pourrais vous éplucher?


La formule est catastrophique... mais, si Yoru n'est pas totalement déchirée, elle ne se trouve plus non plus en état de maintenir le peu d'étiquette qu'elle s'efforçait de respecter à son arrivée.

Au pire, s'il dit oui, ça fera un dessin rigolo.

Petit à petit, la fumée s’échappe de la pièce, me permettant de pouvoir de nouveau poser mon regard sur la shinigami qui ne trouve rien de mieux à faire que d’applaudir et de siffler face à la libération de mon Zanpakutō. Un rien de circonspection vient glisser sur mon visage alors que Fukuhana semble tout à coup un peu moins encline à la juger négativement - alors qu’elle l’invectivait quelques instants auparavant. Elle est folle, mais elle a du goût. Un soupir s’échappe de mes lèvres. Bien, je pense qu’il va falloir que je mette de l’ordre dans mes pensées. Au moins le mal demeure t-il limité, la substance en soi n’est pas dangereuse en l’état même si j’aurai préféré qu’elle s’abstienne de provoquer toute cette… démonstration. « Oh je ne mets pas en doute le fonctionnement de votre procédé, il est on ne peut plus clair qu’il est efficace. » Ma main vient négligemment pointer le kekkai dans lequel le kiseru demeure, dissimulé derrière une fumée opaque. « Par contre, je m’interroge davantage sur votre… sens de la mesure. Je n’avais pas conscience que vous souhaitiez faire de mon bureau une nouvelle scène pour votre prochain spectacle. »

Avec les fleurs de mon shikai en plus, nul doute que la scène prend une forme d’autant plus spectaculaire, pour ainsi dire. Spectaculaire. Sans doute est ce le terme le plus adapté à la commandante en second du Kidōshū. Etonnante aussi. Comme les paroles et les questions qu’elle pose. Un haussement de sourcil lui répond en premier lieu. « Pardon ? » L’éplucher ? La surprise laisse finalement place à un rire alors que l’esprit de mon sabre s’offusque de nouveau, comprenant parfaitement ce dont elle fait mention. Une fois ma brève hilarité passée, je viens sceller mon Zanpakutō. Ce dernier vient se glisser dans ma main, habillé de son fourreau et autour de nous, les fleurs disparaissent ainsi que le manteau végétal recouvrant mes épaules. « Je pense que cela répond à certaines de vos questions. Pour les autres… et bien je vais laisser planer le mystère. Peut-être le découvrirez-vous à l’avenir si mon Zanpakutō continue d’attirer autant votre attention. »

Replaçant mon arme à ma ceinture, je me rapproche d’elle mais demeure debout à l’observer. Je pense qu’il est l’heure de sonner la fin de cette conversation. « Et bien sûr, non, vous ne pouvez pas. Je serai contraint de considérer cela comme une attaque à mon encontre si vous en arriviez là. » Un instant de réflexion alors que mon sourire tranquille demeure sur mes lèvres. « Attaque est peut être un mot trop fort, mais je pense que vous avez saisie l’idée, commandante en second. » Dans mon comportement pourtant, je ne semble pas outré ou vexé de ses mots, au contraire, j’en suis plutôt amusé. Ce qui rend probablement mes mots d’autant plus étranges ainsi prononcés.

« Votre procédé est intéressant. Mais il nécessite quelques ajustements. Aussi pour l’heure, je me laisse le temps de la réflexion avant de répondre favorablement ou non à votre proposition. » Mon avis présentement est plus négatif que positif mais je n’aime pas prendre des décisions irréfléchies. « Je vous laisse rejoindre vos quartiers. » Je l’invite tranquillement à prendre la direction de la sortie. « Et si vous pouviez éviter de blesser mes subordonnés en chemin, je vous en serai reconnaissant. » Mon sourire demeure tranquille sur mes lèvres à ses mots.

Non. Je n’ai pas oublié. Et oui, je suis bel et bien au courant. Le kiseru restera pour l'heure ici, enfermé dans son kekkai embué.

L'idée est saisie, effectivement : de toute évidence, c'est un "non". Absolument scandaleux et injustifié, de l'avis de Yoru, mais que peut-elle y faire? C'est un Capitaine qu'elle a en face d'elle. Substances ou non, elle a néanmoins assez de jugeote pour savoir quand ne pas insister.

Répondant à la subtile invitation du gradé végétal, elle se lève de son siège. Son regard se porte sur le kiseru, toujours enfermé dans son écrin de lumière. Elle tend la main, croise le regard de Hirō, sent que ce serait certainement une connerie et s'arrête net dans son mouvement. Finalement, à la réflexion, elle pourra toujours envoyer un subordonné récupérer l'accessoire. Elle y tient - mais y tient-elle assez pour ajouter un outrage de plus à cette série déjà malheureuse? Tant pis pour cette vague impression d'être tout bonnement réduite à une gamine à laquelle on a confisqué son jouet.


- Je, euh. Très bien. Merci de m'avoir reçue, Capitaine. Et très joli... bureau. Le rouge vous va très bien au teint.


C'est absolument faux (à son humble avis, le bleu met bien mieux les yeux du soigneur en valeur), mais un peu de flatterie ne coûte rien... Elle s'incline, désormais prête à passer le seuil de la pièce afin de se mettre finalement en route vers ses propres quartiers. Fait volte-face, franchit la porte, s'arrête comme si elle avait oublié quelque chose. Une dernière fois, elle pivote vers son interlocuteur, l'index levé.


- Je crois que vos subordonnés aiment un peu trop les portes. Vous savez quoi? En fait, il faudrait installer des vitres.


Hochant lentement la tête d'un air entendu, comme si elle venait d'émettre une idée lumineuse, elle tourne définitivement les talons et disparaît à l'angle de couloir le plus proche, dans la direction opposée à la sortie. Elle trouvera, bien assez tôt, quelqu'un pour lui rappeler le bon itinéraire...