Réunion de travail

Un "bip" sonore le tira de son sommeil. Aïe !! Il avait mal au crâne, ça promettait pour la suite de la journée. Poussant un petit soupir, il se redressait tranquillement sur son lit afin d'éclaircir ses idées. Allongée à ses côtés, une jeune femme continuait de dormir. Se grattant la barbe en l'observant, il cherchait dans sa mémoire le nom de cette dernière, sans que cela ne lui revienne. Bah qu'importe, il savait qu'elle serait partie à son retour.

Quelle heure était-il déjà ? Il bloqua sur sa montre un moment, le temps que les chiffres cessent d'être flous. Faut dire que la soirée de la veille avait été animée. Pour preuve les cadavres de bouteilles encore sur la table. Il eut un sourire en constatant qu'on approchait doucement de midi. A cette heure, il savait où il allait trouver Hanae. Au labo, forcément. Faut dire qu'il avait un petit projet pour elle. Elle qui était une experte dans son domaine. Son sourire à lui seul prouvait à quel point il appréciait aller bosser.

La section à laquelle il appartenait, The Cups, était réellement la plus intéressante à ses yeux. Depuis qu'il avait découvert ce qui se cachait derrière la Fondation Mémento, "Diamond" avait repris goût à la vie. Il était utile à la société, il partageait des moments avec des personnes incroyables et plus que tout, il effectuait un travail qui nécessitait l'utilisation de son cerveau à temps plein, ce qui était rare pour un génie tel que lui, mais qui nécessitait aussi de faire quelques expériences un "peu particulières". Il était un scientifique un peu à part. C'était réellement un nouveau monde qui s'était ouvert à lui. Un monde dans lequel il avait le droit de faire sauter des trucs sans passer pour un psychopathe.

Sur une chaise proche de lui se trouvait ses fringues. Il se leva donc, attrapant rapidement un tee-shirt. Recouvrant alors le haut de son corps, faisant disparaître sous les vêtements le tatouage représentant un "9" de carreaux enflammé, son symbole. Et aussi le titre qu'il portait au sein de sa section. Une voix féminine l'interpella. Il eut un sourire en se tournant vers elle. Ce n'était pas la belle inconnue, toujours en train de pioncer. Mais plutôt sa soeur. Sa défunte soeur... Trop long à expliquer.

- T'es encore là ? Plutôt que de te taper des pouffiasses comme elle, tu devrais déjà être au labo en train de bosser. J'te signale que tes fameux gants, ils sont plus trop opérationnels hein. Tu feras comment si t'en as besoin ?

Sa soeur et son franc parler. Il haussa les épaules, enfilant son jean et recherchant du regard son manteau. Il entendit le soupir de Sofia qui s'approchait donc de lui. Elle le jugeait mais il savait que ce n'était pas méchant. Elle essayait de le booster comme elle le faisait depuis si longtemps.

- C'est pour toi que je dis ça, petit frère. Enfin, pas grave. Si tu cherches ta veste, tu l'as laissé à l'entrée. Avec ton sac.

Ah oui c'est vrai. Il attrapa son portable, ses clés et se dirigea donc vers la porte, choppant au passage le manteau et le sac qu'il cherchait au départ. Tandis qu'il descendait les escaliers, Sofia se matérialisa derrière lui. Elle semblait de mauvaise humeur aujourd'hui, ce qui allait compliquer les choses. Il le savait. Toujours en se dirigeant vers l'extérieur pour aller chopper sa moto, il lui répondit enfin :

- Ne t'en fais pas autant pour moi, Sofia. D'ailleurs, tu sais bien que j'ai besoin d'aide pour les gants. Tu crois que je veux la voir pourquoi ? Allez, on se dépêche, on sait jamais qu'elle ait décidé de se tirer plus tôt aujourd'hui.

La personne en question, Hanae, était membre de la section depuis le départ. Elle aussi, ses pouvoirs avaient été créés par l'Ultima. Il comptait sur elle pour améliorer ses "petits bébés", comme il les appelait. C'est ainsi qu'il fila à pleine vitesse jusqu'à l'endroit où ils taffaient. Déclinant son identité et passant les différentes sécurités, il parvint enfin à place. Elle était là, ouf !!!

- Ah, t'es là. Super. J'peux t'emmerder sur un projet où t'es complètement full ?

Il jetait son sac sur une petite table, laissant entendre un bruit mat. Un bruit métallique. Sofia, invisible à tous sauf à lui, se posa sur le bureau, l'air de dire "j'fais ce que je veux". De son côté, Mickael posait sa veste et sortait un jeu de cartes. Un tic qu'il avait. Manipuler les cartes étant quelque chose qui l'apaisait de base.

Il y a encore cette pointe d’amertume qui vient entacher ton quotidien. Une petite tache, là, que tu n’arrives pas à effacer, de ton égo bafoué par une promotion que tu n’as pas obtenue. Tant pis, que tu aimerais te dire. Tu as confiance en tes supérieurs pour ne pas mettre n’importe qui en poste et tu es certaine qu’il est compétent. C’est ça aussi, que tu aimerais te dire. Mais la vérité ? La vérité c’est que t’es terriblement de mauvaise foi.

Et que t’aurais bien aimé être Queen.

Assise à dans ton laboratoire, pièce fermée qui t’appartenait, parce qu’il y avait tout de même plusieurs avantages d’être Jack, surtout depuis aussi longtemps que toi, tu fais face à ton ordinateur pour comptabiliser tes derniers résultats. Rien de concluant pour le moment, que des tests qui ne donnent pas exactement ce que tu veux, avec de nombreuses fioles, poudres et comprimés se trouvant sur le comptoir à ta gauche. Il faut savoir être patient, avec la science. Très. Parce que tu ne peux pas juste tenter d’improviser quelque chose dans l’espoir d’un résultat décent. Ça, c’est la meilleure façon pour empoisonner quelqu’un.

Ta porte s’ouvre et tu sursautes. Rares sont ceux à s’aventurer ici. Ou, tout du moins, à faire preuve d’assez de familiarité pour ne pas toquer avant d’entrer. Tu hausses un sourcil tout en faisant tourner ta chaise, ton regard tombant alors sur l’un des membres de ta section. - Et où est-ce que tu aurais voulu que je sois ? Presque surprise qu’il ait pu croire que tu aurais été ailleurs qu’ici alors qu’il est fait notoire que tu ne vis que pour ton travail. Il n’est pas rare de t’y voir très tard dans la nuit et très tôt au matin. Et toutes les heures entre ça.

- J’imagine que j’ai un peu de temps, dépendamment ce pour quoi tu as besoin d’aide. Tu te lèves alors de ton siège pour t’approcher de la table sur lequel il a jeté ton sac, un éclat plus curieux dans tes prunelles claires. - Avec quoi est-ce que je peux t’aider, donc ? Lui adressant un sourire agréable, toujours partante d’assister les membres de ta section dans leur développement scientifique.

Après tout, tu n’as pas vraiment autre chose, en dehors d’ici.
Ce qui explique peut-être ta (trop) grande implication.

Pas faux. Et dire que ça, c'était à cause de Sofia. Il lui jetait un regard en biais alors qu'elle gloussait. C'était marrant quand même de savoir qu'elle n'était pas là mais d'avoir cette impression de présence. Ce rire résonnait dans chaque fibre de son être. Comme si elle était réellement là, face à lui. Il occulta rapidement son impression avant de reporter son attention vers Hanae.

Une véritable spécialiste. Acharnée de boulot. Il l'aimait bien. Faut dire que ses familiarités ne le dérangeaient pas et qu'il appréciait le génie qu'elle mettait dans ses propres expériences. En elle, il s'était un peu retrouvé. Sauf que lui, il était un poil moins assidu. Et sa propre expertise se concentrait plus sur les pilules de combats, la chimie. Même s'il touchait sa bille en techno.

- Tu peux m'aider avec ça.

Il attrapa son sac et en sortit deux gants métalliques. Il les utilisait en général comme arme mais elles déconnaient à mort depuis sa dernière petite escapade. Pourritures de Hollow qui avaient abîmés sa petite merveilles. Il avait évidemment essayé de réparer le bordel mais à dire vrai, il n'avait obtenu qu'un résultat des plus médiocres. Il poussa les deux engins vers elle et se réinstalla tranquillement dans le siège.

- Ces gants, ils me servent de lanceurs en gros. Normalement elles me permettent atteindre une cible éloignée mais j'suis pas autant spécialiste que toi dans l'ingénierie. J'ai du m'planter quelque part. Jusqu'à peu, ça marchait bien mais une de ces merdes de bouffeur d'âme l'a un peu touché quoi.

Il fouillait ses poches et prit un paquet de cartes. Pas celui de son pouvoir initial mais plutôt ces fameuses cartes qu'il avait inventé lui-même. Il poussa le paquet vers elle, avec plus de précaution cette fois, preuve qu'il y avait un truc.

- Ces lanceurs me permettent de balancer ces petites merveilles. Des cartes de ma composition. Deux types de cartes : l'une possède un explosif miniaturisé que je peux déclencher, la seconde est aussi tranchante qu'une lame. Mais du coup, sans lanceur, j'peux pas avoir la même portée. Tu crois que tu pourrais m'aider du coup ?

Elle le connaissait assez pour comprendre qu'il avait essayé. Mais là, c'était pas son domaine à lui.

Tu attends qu’il te montre ce avec quoi il a besoin d’aide, que tu puisses voir si tu peux faire rentrer ça, ou pas, dans ton emploi du temps. Tu aurais sans doute pu le saluer et lui demander comment est-ce qu’il allait, aujourd’hui, faire preuve d’un peu de politesse et de civilité, cependant… Lui sait aussi bien que toi que tu préfères parler travail. Parce que tu vas lui dire que tu vas bien, et il va te répondre la même et aucun d’entre vous va s’attarder à savoir si c’est vrai. Alors autant passer aux choses sérieuses.

Aux choses qui vous intéressent vraiment tous les deux.

- Oh. Tu observes rapidement les gants, un fin sourire se dessinant sur tes lèvres. - Ah, oui, largement. Ça devrait même ne pas être très compliqué, et donc, ne pas me prendre trop de temps. Après tout, un rapide coup d’oeil à la pièce suffisait pour savoir ce dans quoi tu te spécialisais. Ce qui te passionnait réellement. Armes et armures, certaines assemblées d’autres en pièces sur la grande table s’étirant contre le mur du fond. L’armement, donc. Tant pour toi-même que pour tous ceux de l’Ultima Necat, souhaitant offrir à tous la possibilité de se battre à arme égale avec ce qui pouvait fouler le sol de votre monde.

- T’as fait tout ça tout seul ? En parlant tant des gants que des cartes, semblant assez fière de celui portant le chiffre neuf. Tu prends un gant dans ta main, contournant la table pour aller chercher de tes outils, semblant même prête à travailler maintenant sur ces derniers. - T’en as besoin pour quand ? Tu déposes alors quelques trucs sur la table. Ce dont tu aurais de besoin pour travailler à réparer ses gants. - ‘Fin, pas que ça change quelque chose.

Tu venais de prendre l’immédiate décision de repousser ce que tu avais à faire aujourd’hui à plus tard pour pouvoir te pencher là-dessus. Tu n’aurais qu’à rester plus tard, ce soir, pour une bonne partie de la nuit, même, histoire de rattraper ton retard.

Comme si t’avais vraiment du retard.
Comme si c’était pas juste une excuse pour rester plus longtemps ici.

- Je vais aussi essayer de te les renforcer, si tu veux. Sans le regarder, tes prunelles rivées sur ce que tu fais, commençant à ouvrir l’arme pour atteindre le mécanisme du lanceur. - Histoire que tu doives pas les faire réparer à chaque sortie. Et pas que.

Histoire qu’ils ne le lâchent pas en pleine sortie.
Ce serait fâcheux.

Largement ? Diamond ne pouvait s'empêcher de sourire alors qu'il entendait la remarque de la jeune femme. Preuve une fois encore qu'elle dépassait de loin les attentes qu'on pouvait placer en elle. Pour lui qui travaillait à son contact, il voyait clairement à quel point le travail était sa réelle source de motivation. Et cela expliquait certainement qu'elle dispose de tant de compétences.

Un autre aurait été sans doute vexé de voir qu'en quelques secondes, elle s'engageait à pouvoir gérer le problème. Mais pas lui. Non seulement parce que l'égo ne l'étouffait pas. Mais aussi et surtout parce qu'il connaissait ses forces et ses faiblesses et qu'il était important de savoir compter sur elles. Se voiler la face, c'était perdre un temps précieux et des ressources. Alors qu'en allant voir les bonnes personnes, on y gagnait tous.

- Yep. J'ai planché dessus un moment avant de trouver comment gérer les problèmes. Mais à force de réfléchir, le projet m'est venu. Tadaaam ! Par contre, j'pensais pas que les gantelets seraient si fragiles. J'ai merdé quelque part mais où ? C'était plus facile pour les cartes.

Chacun sa spécialité comme il le disait. Alors qu'elle posait la question sur le temps qu'elle avait pour gérer ça, il fit une légère moue. En vrai, il aurait aimé dire "de suite". Mais il savait que ce serait idiot. Pire, si on lui faisait le coup à lui, il aurait tendance à vriller.

- Si j'te dis le plus rapidement possible, ça te parle ? Mais en vrai, j'préfère que tu prennes le temps et que j'ai un truc du tonnerre et fiable, plutôt que de repartir avec et de le voir lâcher dans deux semaines. Donc à toi de me dire combien de temps ça peut prendre. J'm'adapterai. Pas comme si j'étais sans défense non plus hein.

Se faisant, il jouait avec une de ses fameuses cartes, la faisant passer d'une main à l'autre comme le ferait un prestidigitateur. Il maîtrisait clairement son sujet. D'ailleurs à bien y regarder, on pouvait remarquer que la carte avec laquelle il jouait était précisément un "9" de carreau. Symbolique pour lui.

- Les renforcer ? En vrai, j'te fais carrément confiance. T'es bien meilleure que moi là dedans. J'me dis même que j'aurai du venir plus tôt. Mais tu sais, c'est comme un gosse à noël quoi. Il a son jouet, il veut pas le prêter de suite.

Si elle avait déjà des idées, alors c'était carrément tout bénéfique pour lui. Une question le taraudait évidemment.

- Mais du coup, tu travaillais sur quel projet là ? Si t'as besoin d'un coup d'main, ou juste d'un coup d'oeil, tu sais que tu peux m'demander hein.

Il la respectait réellement. Sans doute même plus que les autres. Ils se comprenaient.

Un projet finalement assez similaire au tien, que tu te dis tandis que ton regard glisse sur le bracelet à ton poignet. Après tout, n’est-ce pas aussi l’arme que tu utilises toi-même pour te battre, ces poings améliorés ? Oui. Enfin, pas exactement. Parce que toi, tu préfères le combat au corps à corps. Tu préfères les savoir près de toi, les adversaires, plutôt que près des autres. Ça t’offre un certain sentiment de contrôle. Puis, comme ça, tu peux t’assurer de maîtriser ce que tu leur infliges, au travers ces coups plus lourds. Plus forts. Plus puissants. Capable de plus qu’un poing normal.

Mais tu te dois d’admettre que t’aimes beaucoup son idée.
Surtout la versatilité qu’elle a.

- C’est pas vraiment que t’as merdé. Suivant la discussion même si tu sembles occupée à autre chose. - T’as juste pas utilisé le matériau le plus optimal, je pense. Pas pour ce que tu veux en faire, du moins. Tu fronces légèrement des sourcils en observant le gant entre tes mains, désormais ouverts, semblant prêts à la chirurgie que tu comptais lui faire subir. - Pour un humain lambda, aucun problème. Mais comme t’es pas un humain lambda, ça peut vite devenir compliqué. Ses coups sont plus forts. Plus rapides. Plus dangereux. Et vos ennemis le sont aussi, plus dangereux. Alors il faut savoir s’adapter et prendre tous ces paramètres en compte, lorsque vient le temps de créer une arme efficace.

Tu hoches de la tête à sa réponse. Le plus rapidement possible qu’il te demande. Soit alors. Tu ne comptais pas vraiment faire autrement, de toute façon, sachant à quel point ces armes peuvent être importantes. Et puis, face au non-succès que tu as connu ces derniers jours avec tes propres projets personnels, un peu de réussite ne peut que te faire du bien. - Tu fais bien. De te faire confiance, tu parles. Et tu ne dis pas ça avec arrogance, un sourire amusé venant décorer ton visage. - Mais je te comprends.

T’es la première à aimer à faire les choses par toi-même.
Il n’y a pas plus satisfaisant qu’un projet bien mené par ses soins.

Tu lèves alors une main vers le bureau où se trouve ton ordinateur ainsi que ses trois écrans, lui désignant là où tu sais se trouvent tes différentes drogues se présentant sous différentes formes. - Ça. Une nouvelle drogue de combat. Tu joues avec tes outils tout en parlant d’autre chose. Typique toi. Incapable de faire une seule chose en même temps. - Pour augmenter les réflexes. Ou, enfin, la vitesse à laquelle une information se rend au cerveau et du temps de réaction qui suit. Pour être plus précise. - Et j’essaie de voir, déjà les effets, et ensuite sous quelle forme ce serait le plus pratique. Tout en préservant les effets, bien entendu. Ce qui n’est pas chose facile, donc.

Mais heureusement que ce n’est pas facile.
Ce serait moins intéressant, sinon.

Problème de matériel ? Il est vrai qu'il n'avait pas poussé la réflexion sur ce sujet. Il l'avait évidemment fait pour adapter les explosifs sur ses cartes et leur permettre de lâcher la bombe au bon moment mais concernant le lanceur, il avait simplement été droit au but. Sans fioriture. Le principal étant à l'époque d'éviter que la carte explose dès le lancement. Il était rassuré en un sens de savoir que le projet initial n'était pas complètement perdu. Il avait tout de même assuré la base.

- En gros, j'ai pas pris en compte la résistance du truc. Et la force utilisée au cours des combats. Arf, j'avoue que j'y ai pas pensé sur le moment. J'ai voulu aller trop vite. Mais ça veut dire aussi que la structure est trop fragile alors ? S'il faut la renforcer, ça peut être coton.

Parce que cela signifiait aussi qu'il fallait revoir certaines des pièces plus petites de son matériel. Une structure renforcée, cela signifiait un poids plus important. Quand il s'agissait d'une arme basique ou d'un vêtement renforcé, cela posait peu de soucis. Mais là on parlait de gantelet. Ses poignées et ses mains étaient les supports. Un truc trop lourd rendrait ses mouvements plus lents. Plus difficile. Il ne pouvait se le permettre.

Il eut néanmoins un sourire. Elle était l'experte. Elle avait forcément anticiper ce problème. Il n'en fit mention que pour lui faire part de sa remarque.

- Faudrait juste éviter de rajouter trop de poids. Ca doit rester mobile.

Il l'observait. Il se souvenait d'une des premières fois où il avait eu à faire à un maitre dans l'art de confectionner des montres. Les matériaux trop petits pour être vu à l'oeil nu. La pratique experte de l'homme qui donnait l'impression de maîtriser chaque gestuelle. Elle était pareille.

Alors qu'elle désignait l'ordinateur, Diamond s'en approcha curieux. Les drogues de combat, c'était précisément le domaine qu'il maîtrisait le mieux. Et pour cause, il servait lui-même de cobaye au grand dam de ceux avec qui il travaillait. Il analysait les éléments, se concentrant surtout sur les éléments chimiques qui composaient le produit. Son idée était ambitieuse. Il y avait déjà réfléchi pour une autre drogue élaborée. Entre eux, il était parfois utile de simplement parler. Emettre une idée à haute voix. Des échanges permettant de rester concentré mais tout en prenant en compte les idées des autres. Un amalgame.

- Pour la prise, j'ai peut-être mon idée. J'ai créé récemment une pilule qui diffuse son contenu sur la durée. En gros, c'est comme un bonbon, un chewing-gum que tu mâches et qui libères le produit peu à peu. L'avantage c'est que ça évite de tout donner d'un coup. Et ca permet d'en atténuer les effets secondaires. J'sais pas si ça peut t'aider.

Pour les effets par contre, cela devait venir d'elle. Mais il pourrait aider dans les calculs si nécessaire.

- Augmenter les réflexes. Bonne idée. Mais le problème c'est le dosage. Une concentration trop importante peut surcharger le cerveau d'information et ça aurait l'effet contraire. Pas évident.

Tu ne peux que sourire à ses mots, lorsqu’il évoque l’idée de renforcer les gants et des problèmes que cela pourrait poser, notamment concernant le poids des armes. Après tout, il a sans doute dû longuement s’entraîner avec ces derniers et tu n’as aucun doute quant au fait que venir débalancer l’équilibre qu’il maintient lors de leur utilisation ne peut être que contre-productif. - Sais-tu seulement à qui est-ce que tu t’adresses ? Il n’y a pas d’arrogance dans ta voix, qu’une confiance tout à fait justifiée en tes propres moyens.

- Ça, c’est ma spécialité. Et, pour appuyer tes propos, tu étires ta main devant toi avant d’appuyer sur le bracelet décorant ton poignet. L’instant suivant, il peut y voir une armure recouvrir ton poing, cette dernière s’étant déployée de ton bracelet. - Solide. Résistant. Et efficace. Le tout en étant très léger et pouvant servir d’accessoire de mode au quotidien. D’un nouveau jet et voilà qu’il reprend sa forme d’un bracelet, comme si de rien était. - Ne t’en fais pas. La dernière chose que je veux, c’est de te nuire. Autrement dit, si tu décidais d’apporter des changements, ça ne serait que pour lui être bénéfique et pour t’assurer que ces derniers ne le lâchent pas en pleine intervention.

Car ça, ça serait fâcheux.

- Exact. Tu l’écoutes parler des drogues, hochant doucement de la tête lorsqu’il parle de ses chewing-gum avant de confirmer qu’en effet, le plus gros problème, c’est le dosage. - C’est surtout qu’il faut l’adapter à chaque personne. Car ce n’était pas tous qui avaient les même capacités mentales. - Cependant, pour l’administrer, je voyais quelque chose de différent. Jouant avec tes outils, tu continues d’opérer sur le gant, avant de te lever pour te rapprocher d’une armoire. - Je pensais intégrer une aiguille à mes propres gants. Ouvrant l’armoire, tu attrapes quelques pièces que tu ramènes à ta poste de travail.

- Pour pouvoir me l’injecter directement dans le sang.
Dangereux, peut-être, mais terriblement efficace.

Tu reprends où tu t’es arrêtée, pouvant ainsi changer les pièces endommagées. - Ou alors l’intégrer à un bracelet que tous pourraient porter en combat. De quoi avoir l’effet immédiatement. Tu relèves alors tes prunelles azurées sur le scientifique qui te fait face. - Parce que souvent, on a qu’une fraction de seconde pour prendre la bonne décision.

Une fraction de seconde pour ne pas faire d’erreur.

Oh ça, il savait à qui il parlait? Ce qui expliquait qu'il requière son aide à elle et pas aux autres petits génies. Mickael n'était pas fou au point de mésestimer les talents de l'ingénieur qui se tenait face à lui. Ses capacités dépassaient les siennes. En tout cas dans ce domaine précis, il n'était donc pas question de se tromper sur ce qu'elle pouvait réellement faire.

La petite démonstration suivante le fit sourire. Il en était convaincu, le gadget qu'il allait récupérer serait plus efficace que le dernier, le rendant alors lui-même plus performant. Il savait évidemment qu'on attendait surtout de leur section d'être les plus habiles el es plus ingénieux possibles. Mais lui, il aimait l'action. Pouvoir se frotter aux Hollow, c'était un peu comme un Heads-up en table finale. Excitant. Dangereux. Et le gagnant, c'était celui qui maîtrisait le mieux ses nerfs. Et qui avait aussi un peu de chance.

Il l'écoutait discourir sur ce qu'elle désirait réellement concernant son propre projet. L'injection, il y avait pensé. Seulement c'était quelque chose à laquelle il répugnait de base. Lui-même créait des produits efficaces mais qui s'ingéraient. L'idée qu'il faille réagir parfois rapidement, c'était vrai. Seulement injection comme prise de pilule, finalement le temps de réaction était assez similaire. Pour qui possédait des dons comme les leurs.

- Hum, je vois. Perso, j'suis pas convaincu que l'injection soit plus rapide que la prise d'une simple pilule. Même avec un mécanisme dans un bracelet ou autre. Sauf si tu... Ah mais alors si...

Il semblait réfléchir à la vitesse de l'éclair, il se portait déjà sur un bout de bureau, attrapant une feuille vierge et commençant à poser une série de calcul sur le papier. Cela prit deux ou trois minutes mais enfin il se redressa.

- Et si tu intégrais un système d'injection auto ? Genre une fois que tes données vitales arrivent à un certain seuil, hop hop le truc se déclenche. Pour ça, faudrait quand même une sorte de capteur dans le dispositif, j'avoue que ça limiterait de fait le type d'engin sur lequel ajouter le bordel. Mais si c'est un simple boost "hors urgence", pilule ou injection, c'est du pareil au même par contre. Toi qui vois.

Il attrapa le papier et s'approcha du Jack. La formule de calcul paraissait complexe mais elle, elle comprendrait. Il avait tenté un truc, reste à voir si cela pourrait l'aider.

- Tiens, c'est la formule sur laquelle je bossais pour une diffusion progressive des drogues de combat. J'l'ai un peu adapté à ton idée d'injection. Elle est pas parfaite mais ça peut donner une bonne base de départ je pense.

Il glissa le papier près d'elle tandis qu'elle continuait de travailler.

- C'est comme tout, faudra tester et adapter en fonction des premiers résultats. J'suppose que le cobaye, ce sera toi ?

Il comprenait ça. Lui même testait ses propres inventions sur lui. Question de principe.

- En fait, une pilule il faut attendre qu’elle se dissout dans l’organisme. Une injection, le produit est immédiatement dans ton sang. Et donc, par conséquent, l’assimilation est plus rapide. Plus dangereuse, aussi, car si mal balancés, les effets immédiats peuvent impacter difficilement le corps. C’est ce pour quoi tu prends le temps de bien étudier la chose, sans te précipiter, ne souhaitant pas connaître une fin hâtive parce que tu n’aurais pas su être patiente.

Tu es encore trop jeune pour mourir.
Et tu as encore beaucoup trop de choses à faire.

Tu le laisses cependant réfléchir sur la question, deux esprits valant bien souvent mieux qu’un seul. Ou, enfin, dépendamment de qui était la seconde personne. Heureusement pour toi, tu peux avoir confiance en Mickael, ses connaissances en la matière pouvant t’être utiles. Il fallait savoir reconnaître ses forces et ses faiblesses et si toi tu as comme ambition d’un jour créer le sur-homme parfait, il ne fait aucun doute que tu t’y connais plus dans la partie technologique et mécanique de la chose qu’en biologie. Et c’est justement parce que tu sais ça que tu ne fonces pas tête baissée et que tu prends le temps de prendre ton temps.

Tu jettes alors un coup d’oeil à ce qu’il a écrit, quittant son gant des yeux quelques instants. - Le problème avec les capteurs c’est que, du coup, je perd un peu le contrôle du quand. Et la possibilité de l’injecter à un allié plutôt qu’à moi-même. Tu ramènes tes prunelles claires sur le gant, nettoyant le mécanisme que tu as ouvert et commencé à réparer. - Puis je ne veux pas quelque chose de progressif. Je veux quelque chose d'instantané. De bref mais intense. Lui partageant un peu plus l’objectif que tu cherches à atteindre.

- Je ne pense pas que le cerveau puisse supporter autant de stimulation trop longtemps, de toute façon. L’un des problèmes qui t’agaçait le plus : les limitations du corps humain. - Je veux donc quelque chose qui peut changer le cours d’un combat en une fraction de seconde. Outil à la main, tu t’occupes de renforcer une petite vis avant de tendre la main vers lui. - Une carte, s’il te plaît.

Tu n’as pas terminé, mais si tu peux déjà voir où en sont les lanceurs, ce serait un bon début.

Ouais pas con. Il connaissait le principe de base des injections. Il n'aimait pas pour sa part. Il était difficile de stopper les effets d'un tel produit alors qu'il trouvait plus facile de gérer les dosages avec les pilules. Deux façons de voir les choses, aucun n'avait plus raison qu'un autre. Seule la situation et la préférence jouait ici. Quant aux capteurs, il en avait déjà ciblé la faiblesse. Il l'avait proposé simplement au cas où.

Il l'écoutait. Entre eux, discuter paraissait tellement naturel. Il n'y avait pas de faux semblants, pas de questions taboues. Ils échangeaient aussi librement alors qu'ils travaillaient sur des dossiers sensibles. Preuve qu'ils connaissaient leur travail. Et pas qu'un peu. Si elle était la spécialiste en ingénierie, lui touchait sa bille en chimie et en création de produits dopants. Quoi qu'il en soit, les idées étaient bonnes mais il existait toujours une limitation qu'il ne pouvait pas outre passer. La résistance du corps humain. Et du cerveau, dans ce cas précis.

- C'est comme tout. Chaque partie du corps qui est trop stimulé peut lâcher. Et comme la résistance varie d'un individu à un autre, faut toujours veiller à se baser sur le plus faible pour éviter les incidents.

C'était la grande malédiction de sa vie. Ses dosages devaient se baser sur une moyenne. Mais la moyenne "faible". Pour éviter les overdoses ou les rejets du corps. Seulement cela pouvait aussi poser problème pour les plus résistants pour qui le produit agissait alors plus lentement. C'est aussi pour ça que la section scientifique était aussi importante. Ils réfléchissaient en permanence. Au meilleur moyen de progresser.

- Tiens.

Il sortit un des paquets de cartes et en tira une. Pour les test, pas besoin de prendre les cartes avec le mécanisme explosif. Celles qui étaient tranchantes suffisaient.

- Pour info, le lanceur doit pouvoir supporter une série de plusieurs tirs sans surchauffer.

Petit info de base. Certains lanceurs intégrés ne permettaient pas les rafales de ce type. Mais lui en avait installé un qui le lui permettait, plus cohérent avec son propre style de combat.

- Au fait. T'as eu l'occaz' de croiser les types des autres sections ? T'en penses quoi toi ?

Sujet qui l'intéressait. Et pour cause...

Le problème avec la biologie. C’est peut-être pour ça que tu es devenue ingénieure. Parce que les machines sont faciles à comprendre. Parce qu’il est toujours possible de donner un peu plus de puissance, d’en renforcer le corps, de changer l’intérieur, de réparer ce qui est brisé… C’est solide, une machine. Malléable. S’adapte bien mieux aux différentes conditions. Le corps humain ? Il faut l’entraîner. Longuement. Et même ce faisant, il y a un potentiel difficile à atteindre, pour ne pas dire impossible. Il faut tester, encore et encore. Adapter. Parce que tous sont différents.

Et que tu préfères éviter de leur faire du mal.
Ou pire, de les tuer d’une surcharge d’information.

Tu prends la carte qu’il te tend pour la placer dans le lanceur. - Ça ne devrait pas poser de problème. De pouvoir effectuer plusieurs tirs en rafales. - Dans l’idéal, tu voudrais pouvoir en tirer combien avant de permettre au moteur de souffler ? Le gant encore ouvert, tu l’attrapes et le lèves, pour l’enfiler. Ou, du moins, enfiler ce que tu peux, avec tous les mécanismes exposés. Tu serres le poing et l’active de sorte à envoyer la carte filer dans les airs et se planter dans le mur d’en face. Bon, elle y est désormais coincée et tu y as fait un trou, mais bon, tu as fait l’effort de ne rien briser. - Au moins, aucun problème sur le tir. Suffisait désormais d’emballer ce mécanisme de quelque chose de plus solide. De plus résistant.

La question te fait hausser un sourcil, assez surprise. - Oui, évidemment. Ton regard de nouveau porté sur ton travail du moment. - Ça fait quelques années que je suis ici, hein. Et donc, quelques années à travailler avec toutes ces personnes différentes. Tous ces gens des différentes sections. Même si certains étaient arrivés récemment. Ou d’autres que tu n’as jamais vraiment eu l’occasion de côtoyer. - Le King des Swords est cool. Un caractère bien à lui, il n’a pas sa langue dans sa poche et en fait souvent qu’à sa tête… Mais c’est un mec bien.

Tu penses.
Il y a tout de même un doute qui revient, parfois, dépendamment de vos discussions.

- Je travaille aussi avec la Queen des Clubs, concernant le Hueco Mundo. La Grande Cataracte, pour être plus précise. Tu fais ensuite mine de réfléchir. - Il y a peut-être que les Coins… J’ai aidé leur King avec les nouvelles technologies. Tu rigoles doucement à ces souvenirs. - Je suis surtout amenée à travailler avec les Swords, lorsqu’ils ont besoin de nouveaux équipements. Presque comme lui aujourd’hui, finalement.

- Pourquoi ? Un problème avec quelqu’un ?
Oui, c’est la conclusion à laquelle tu es arrivée.

- Le maximum serait un paquet de carte entier. Genre 52. Mais au vu des techniques que j'utilise, si déjà on peut aller jusqu'à la moitié, je prends.

Question de principe, surtout qu'il ne devait pas surcharger le matériel. La moitié permettant déjà d'envoyer du lourd mais surtout d'enchaîner sur des techniques plus particulières. Diamond anticipait les événements futurs, préférant se tenir prêt quelque soit la situation qui arriverait. Il avait beau ne pas être un membre des équipes actives, il n'en restait pas moins un Fullbringer.

Il l'écoutait pour la suite. Il est vrai qu'elle était là depuis longtemps, cela ne signifiait pas pour autant qu'elle gardait en tête les éléments notables des autres groupes. Lui même avait tendance à oublier ceux qui ne l'intéressaient pas. Une machine ou une formule de chimie, c'était logique. Y'avait une raison de retenir le nom ou la composition. Mais le nom d'une personne, si elle apportait rien, à quoi bon ? C'était sans doute son côté "associable" qui ressortait.

Il n'était pas étonnant toutefois qu'elle ait rencontré du beau monde. Quelques King et Queen à son actif, ce n'était clairement pas rien. Elle continuait de s'afférer tandis que lui, jouait de nouveau avec sa carte fétiche. Signe qu'il réfléchissait à la situation.

- Yep. Un léger accrochage avec un enfoiré de nain qui avait la gueule plus grande que son p'tit corps. Du genre agressif, en mode "j'emmerde les gens en soirée parce que c'est mon kiff" tu vois.

Il se souvenait de sa tronche et rien que d'y repenser, l'envie de lui faire avaler son paquet de carte revenait. Il l'avait laissé partir sans faire d'esclandre même s'il avait du canaliser ses pulsions. Il l'aurait un autre jour, c'était une évidence.

- William, j'crois qu'il s'appelle. Appartient au Coin de ce que j'ai saisi. Le genre de mec à prendre très au sérieux sa mission. T'as pas intérêt à laisser d'la poussière derrière toi, il serait capable de te l'reprocher. Bref. Cette p'tite merde de gnome m'a fait chier et m'a ensuite balancé dans la tronche qu'il irait en référer à son boss. Genre le mec, il va chialer dans les jupes de son daron quoi.

Elle lui avait posé la question, il y répondait donc sans ombrage.

- J'te cache pas que c'est pas l'envie qui me manque d'aller l'enterrer dans l'jardin derrière.

Comme ça, c'était dit.

Un paquet complet. - C’est beaucoup, ça. Une constatation, tandis que tu observes le gant ainsi que son mécanisme. - Je vais voir ce que je peux faire. La moitié, sinon, qu’il te propose, mais c’est mal te connaître. S’il veut quelque chose, alors soit, tu allais t’efforcer de lui offrir. En mettant toutes tes connaissances à profit de son arme, évaluant déjà les possibilités s’ouvrant à toi. Tu réfléchis d’abord au moteur, aux changements que tu peux y apporter, pour pouvoir lui offrir ce qu’il veut. Quelque chose de léger, de rapide aussi, mais qui ne menacerait pas de surchauffer.

L’idée ce n’est quand même pas que son gant se brise de l’intérieur.
- Et si on disait une moitié de paquet par gant ? Une alternative intéressante.

Tu lui demandes ça avant de répondre à sa question, quant à tes relations avec les autres sections de votre organisation. Tu en connais des gens, depuis le temps. Des gens importants, aussi. Des collègues du quotidien. Des gens intéressants, ceux dont tu as pris la peine de te souvenir des noms. Des gens moins intéressants, qui sont déjà oubliés, n’ayant ni temps, ni énergie, à leur accorder.

Or, le sujet n’est pas abordé au hasard et lui semble avoir quelque chose de bien précis à dire. Toujours concentrée sur ta tâche, tu ne peux toutefois pas t’empêcher de rire lorsqu’il te parle de William. Un membre des Coins. Si le nom ne t’a pas dit grand chose, la description, elle, fut assez criante, te rappelant des souvenirs assez récents de ta rencontre avec ce dernier. - Si son patron vient t’emmerder, fais-le moi savoir. J’irai discuter avec lui. N’est-ce pas aussi dans tes tâches que de t’occuper des membres de ta division ? De ceux avec qui tu travailles ? Prendre soin de ces gens qui donnent tellement d’eux-même.

- Je l’ai rencontré il y a peu. Pour compatir avec ce qu’il te décrit. - Il prend très au sérieux son travail mais il n’a aucun problème à négliger le nôtre. Il est venu me voir pour que je fasse quelques écrans. Comme ça. Tout simplement. Des écrans. À toi, la Jack des Cups. Bras droit du King. Celle avec déjà une liste longue de responsabilités, de projets en cours, de tous ceux à superviser. Avec la menace de plus en plus pressante au Hueco Mundo, aussi. De toutes ces installations dont il fallait s’occuper…

Des écrans, quoi.

- Par contre, si tu décides de l’enterrer, je ne pourrai plus rien pour toi. Avec un sourire amusé ainsi qu’un coup d’oeil complice. - Mais ne t’embêtes pas avec lui. Ça en vaut pas la peine. Fais-moi juste savoir s’il revient te faire chier, d’accord ? Tu préfères aussi t’éviter que Mickael ait des problèmes.

Ce serait fâcheux.

- Ca colle. La moitié par gants, c'est très bien.

Il répondait du tac au tac alors qu'elle continuait ses petites manies. Il est vrai qu'il avait demandé le maximum par principe mais si elle pouvait parvenir à ce résultat, alors ce serait parfait. Le mécanisme était complexe et la surchauffe était sans doute un des éléments majeurs à éviter. Surtout qu'une surchauffe pouvait aisément griller les micros circuits qu'il avait placé dans ses cartes. Si ces cartes, après le lancer, étaient grillées alors il n'avait aucune chance de s'en sortir. Après tout sa tactique se basait essentiellement sur les explosions. Une carte qui sautait pas, ça n'avait aucun intérêt.

La discussion se poursuivait et Mickael fit la moue alors qu'elle parlait à son tour du nain. Ainsi l'avait-elle croisé également. S'il notait le fait d'aller la voir si le boss des Coins déboulait - il savait déjà qu'il irait sans doute le voir lui même pour capter un peu la nature de ce King - c'est surtout l'info suivante qui l'intriguait. Ainsi cette petite fiotte avait demandé l'aide de sa section ? Comme quoi.

- Des écrans, sérieux ? Mais qu'est-ce qu'il veut foutre avec des écrans ce mec ? Il t'a dit au moins ? Sans doute une histoire de surveillance ou j'sais pas trop quoi. J'pensais qu'on avait ce qu'il fallait pour ça déjà...

Eux, ils bossaient, il réfléchissaient. Et ils ne demandaient pas toujours à quoi servaient telles ou telles demandes. Sauf lorsque la réponse pouvait influer sur le matériel livré. Il était souvent utile de comprendre la raison pour s'adapter au besoin. Question d'habitude. Or, s'il avait demandé des écrans, forcément la Jack avait demandé pourquoi. Ce n'était pas possible autrement.

- Nan mais t'inquiète. Juste agaçant qu'un mec qui m'arrive au genou essaie de jouer les cowboy quoi. En plus j'étais bien accompagné ce soir là, il m'a foiré mon coup l'enfoiré. On va dire que c'est l'émotion qui parle quoi. J'vais me tenir à carreaux.

Qu'est-ce qu'il aimait cette expression. A carreau. Cela l'amusait même, lui qu'on appelait "Diamond".

- Et j'te tiendrai au jus si j'ai d'autres emmerdes. Mais bon. Ils ont pas autres choses à foutre que de venir nous emmerder, sérieux ? C'est comme si un mec venait ici, dans nos labos, pour nous dire que c'est mal rangé quoi. Des branquignoles.

Elle avait l'air de bien avancer en tout cas. Il en était heureux. Heureux de voir que bientôt, il pourrait de nouveau jouer avec son lanceur de projectiles.

La moitié de son paquet par gant. Tu verrais pour tenter plus, mais, pour le moment, ça te fait une bonne base et un objectif que tu penses n’est pas trop difficile à atteindre. Ça allait sûrement te demander quelques tests et essaies et voir en continue ce que ça pourrait donner, mais rien qui te prendrait trop de temps, tu penses. Tu as l’habitude, de toute façon, l’armement étant après tout là où tu te sentais le plus à l’aise.

La discussion se poursuit sur les membres des autres sections, jusqu’à ce que le nom de William soit mentionné. Tu l’as déjà rencontré et tu ne peux pas dire qu’il t’a fait très bonne impression. Tu as même eu le sentiment qu’il serait difficile de travailler avec lui, chose qui semble partagée par le Cups avec qui tu discutes actuellement. - Pour mettre dans des hôpitaux, dans les chambres d’enfants. Et tu comprends sa volonté, vraiment, de venir en aide aux victimes innocentes de ces monstres qui foulent le sol de votre monde. - Je lui ai dit que je pourrais me charger des caméras et capteurs, qu’il puisse diffuser l’extérieur aux enfants qui ne peuvent pas sortir et que ça nous permette de surveiller autour des hôpitaux.

Ce qui n’est pas une mauvaise idée.
Plus vous étiez à l’affût et mieux c’était.

- Il a juste mal digéré quand je lui ai dit que, pour les écrans, il pouvait aller en acheter lui-même. En haussant des épaules. Car si les capteurs, c’est exactement le genre de projet sur lequel tu aimes travailler… Des écrans, n’importe qui pouvait lui faire ça, pas la peine d’utiliser des ressources précieuses de l’organisation pour ça. Tu ne peux cependant pas t’empêcher de rire aux précisions. - Oh, comme c’est dommage. En roulant des yeux, amusée, ne semblant pas du tout compatissante vis-à-vis de son coup raté avec une jolie demoiselle.

- T’en fais pas. Si vraiment il pose problème, je m’en occuperai. Pour le moment, il était seulement désagréable. Est-ce dont une raison de le condamner ? Tu ne penses pas. C’est, certes, embêtant, mais il n’est pas le seul membre de l’Ultima Necat à avoir un sale caractère.

- Pour tes gants. Tu désignes celui sur lequel tu étais encore occupée, ton regard ne quittant que très rarement le circuit sur lequel tu t’étais penchée. - Repasses demain, ça devrait être bon. Je vais seulement tester deux ou trois trucs et malheureusement. Tu te redresses pour t’étirer un peu. - Je dois attendre avant de continuer, le temps que ça refroidisse un peu. Et malheureusement, quand bien même tu n’aimes pas perdre ton temps…

Tu as appris à ne pas presser la science.

Des écrans pour les mômes. Bon, OK, pourquoi pas. Pas la chose à laquelle il aurait pensé lui même puisqu'il avait du mal à s'intéresser réellement aux autres mais l'idée se défendait. Pas ça qui lui ferait gagner des points quand même. Une fois qu'il avait quelqu'un dans le piff, on ne pouvait pas dire qu'il changeait d'avis facilement. C'est aussi ça qui faisait son charme non ?

Et puis en réalité, s'il en avait ainsi parlé, ce n'était pas par inquiétude. Juste pour savoir si le nain avait déjà fait parler de lui ailleurs. Visiblement oui, et ça l'arrangeait. Il n'avait clairement pas besoin de la Jack pour régler ses soucis. Et s'il le fumait un de ces quatre, personne n'aurait rien à y redire s'il avait déjà fais parler de lui après tout. Parfait.

- J'te l'ai dit, t'emmerde pas avec ça. Si j'ai besoin, j'réglerai le problème moi même. Comme un grand.

Il se marrait, l'allusion à la taille étant clairement une pique à l'encontre du nain même s'il n'était pas là. Son humour était ainsi, chiant pour les autres, mais lui s'amusait comme un fou. Il avait prévenu, c'était là l'essentiel. Alors qu'elle reparle de ses gants, il lui adresse un clin d'oeil, comprenant évidemment que cela ne se réglait pas en deux secondes. Demain, c'était déjà un délais plus que raisonnable.

- Y'a pas d'lézard, je passerai demain récupérer mes bébés. Merci pour le taff d'ailleurs, je te revaudrai ça. Bon. C'est pas tout ça mais j'dois aussi aller plancher sur un truc. J'te dis à plus tard.

Il se redressait, tournant déjà les talons pour sortir, adressant un signe de la main en partant. Lui aussi devait en finir avec cette maudite pilule de combat. Histoire d'être fin prêt lorsque il en aurait besoin. Et pour le moment, ce n'était pas encore une réussite.

Fin du rp