Entraînement, bouffe, y’a rien de mieux !

Voilà qu'il avait enfin intégré sa division de coeur. Celle qui habitait ses pensées depuis qu'il était devenu aspirant Shinigami, qu'il arpentait les bancs de l'Académie alors même que les études n'étaient pas faites pour lui. Le colosse était ravi de pouvoir enfin profiter de ce statut officiel de Shinigami, même si c'était encore tout frais. Et qu'il restait deux années à faire pour conclure cette sorte de pacte. Il avait d'autant plus de raison d'être heureux qu'on lui avait filé directement le sixième siège, certainement du fait de l'acquisition récente de son Bankai.

Un grade qui n'en était pas réellement un mais qui signifiait quand même pour lui une première étape d'importance. Un premier pas pour qui avait l'ambition, un jour, de revêtir le traditionnel Haori des capitaines. Pour cela, il savait que la route serait encore un peu longue. Car défier à mort le Kenpachi pour lui voler son titre, ce n'était évidemment pas à la portée de tous. Mais étant un homme de tradition, le colosse ne se voyait pas devenir Capitaine d'une autre manière que celle-ci. Cela marquerait sans doute un tournant pour lui, pour ceux qui le connaissaient, mais il ne pouvait penser autrement. Guerrier dans l'âme, les autres options n'étaient pas pour lui. N'était-ce pas ainsi que l'on reconnaissait réellement un véritable Kenpachi ? Au sang qu'il faisait couler ?

Si son intégration s'était parfaitement bien déroulée, il s'était vite remis à son activité la plus importante. Les entraînements. Disponible pour les corvées si nécessaire, on ne l'avait pas trop emmerdé avec ça pour le moment. Sans doute grâce au privilège du Siège, se disait-il. Du coup comme chaque matin, il aimait se mettre un peu à l'écart et débuter ses exercices. Souvent par un travail physique assez chargé mais étant donnée la carrure du bonhomme, il n'y avait rien de surprenant à cela. L'avantage d'une telle décharge d'énergie, c'est qu'elle apaisait son esprit. Kaimetsu, l'âme de son Zanpakutō, était du genre "gourmand" en énergie et le colosse savait que son esprit comme son corps se devaient de rester affûtés s'il voulait conserver son pouvoir.

Il repensait souvent à Kamui, même s'il ne l'avait pas revu depuis un moment. A ses conseils. Sa volonté de voir son "fils" réussir. Et c'était aussi en partie pour lui qu'il se donnait autant, qu'il s'arrachait comme ça lorsqu'il fallait d'entraîner. Comme à chaque fin d'exercices, il aimait aller becter un morceau après. C'est que ça creusait de se dépenser autant. Aujourd'hui ne ferait pas exception. Quoi que... Cette fois, alors qu'il passait devant un groupe de Shinigamis de sa division, il balança à la cantonade :

- J'vais aller grailler un morceau. Ceux qui veulent se joindre à moi sont les bienvenues. Histoire qu'on cause un peu et qu'on fasse mieux connaissance. 'Fin, autrement qu'en se tapant sur la gueule quoi.

Il se mit à rire. Il est vrai qu'il était plutôt du genre à préférer la première option. Mais discuter pouvait avoir du bon. Et c'était quand même plus facile d'échanger quand l'autre n'avait pas la mâchoire déboîtée quoi. Maintenant, suivrait qui veut. Et si personne ne venait, alors tant pis. En tout cas, il se dirigeait déjà dans la direction souhaitée, à l'aide de grandes enjambées, se mettant doucement à siffler un air qu'il avait maintes fois entendu au sein de son Rukongai adoré. Agrémentant l’air de paroles de son cru :

- Un p’tit coup de poing, pour te péter l’dos,
Un gros coup de pied, ça écrase les oooooooos !!!
Mais c’que j’préfèèèèèèèèère…
Franchement c’eeeeeest ta mèèèèèèèère !!!!

Sociable, tu l’es à tes heures. Quand ça t’arrange. Quand les autres ne sont pas trop cons ou encore trop détestables. Quand t’as pas trop les nerfs à vif. Mais aujourd’hui, ça va, rien de tout ça. T’es de bonne humeur, c’est une bonne journée et donc, tu traînes un peu avec des membres de ta division, ailleurs que dans une salle d’entraînement. Tu fais même l’effort de leur parler, appuyée contre le mur derrière toi, tes bras croisés sous ta poitrine, presque intéressée par ce qu’ils racontent.

Certes, t’es de bonne humeur.
C’est pas pour autant que les autres sont plus intéressants.

Les écoutant d’une oreille distraite, ponctuant la conversation de ah bon ?, noooon ainsi que de hmm, je vois, ton regard s’accroche à un quelqu’un passant devant vous, sa voix assez forte pour faire taire ceux autour de toi et ainsi d’attirer l’attention. Tu hausses un sourcil, surprise, avant de finalement te détacher du mur sur lequel tu es appuyée, commençant à t’avancer vers lui pour lui emboîter le pas. - Oh ! Que tu l’interpelles, lui beaucoup plus grand que toi avançant trop vite, l’interrompant dans sa chanson. - Ralentis le pas, tu veux ? Arrivant finalement à sa hauteur, tes yeux vairons levés vers lui.

- Shinjiro, c’est bien ça ? Il y a eu pas mal de nouvelles têtes dans les rangs de la division, dernièrement. Des jeunes shinigamis fraîchement sortis de l’Académie. Tu as appris à en connaître certains, mais d’autres tu ne connais que leur nom. Et encore, c’est déjà bien que tu connaisses leur nom. Parce que, bien souvent, un hey toi suffit et t’as pas l’habitude de t’embarrasser de vraiment plus.

Mais t’as entendu parler de lui. Shinjiro.
Puis bon, il est trop grand pour passer inaperçu.

- Comme je t’offre l’immense privilège de ma compagnie le temps de ton repas… Tu le devances un peu, de sorte à te retourner pour continuer de marcher, cette fois-ci à reculons, et ainsi pouvoir lever ton regard vers le sien… Tenter, du moins, compte tenu de votre différence de taille. - J’espère que tu m’offres le repas.

Avec un sourire mutin sur les lèvres.
Et une expression parfaitement innocente sur tes traits.

On l'interpellait. Il n'avait pas fait gaffe à la nana qui le suivait et baissait donc le regard vers elle alors qu'elle prononçait son nom, apparemment pas sûre. Il haussa un sourcil, essayant de se rappeler s'il la connaissait ou pas. Ou en tout cas, essayant de se souvenir de son prénom. C'est qu'il n'était clairement pas le plus doué dans cet exercice et se devait de faire pas mal d'efforts. On attendait de lui qu'il sache qui était qui. Privilège du sixième siège, parait-il. MON CUL OUI.

- Yep, c'est ça. J'suis Shinjiro.

Pas besoin d'en faire des caisses, on est en famille ici. Il l'observait mais ne parvenait pas à se souvenir. Peut-être qu'il ne l'avait simplement jamais calculé, ce qui ne serait pas une exception à dire vrai. Les shinigamis de la Onzième étaient nombreux et si les femmes l'étaient un peu moins, il y en avait quand même pas mal. Par contre, ce qu'il voyait lui plaisait. Elle dégageait une sorte de force de caractère qui le fit sourire. Le genre de nana que t'avais pas envie d'emmerder, clairement. Et qui te disait les choses sans fioritures, il en était convaincu.

Alors qu'ils repartaient et qu'elle se retournait vers lui pour poursuivre la discussion, il éclata de rire. Ouais, elle savait ce qu'elle voulait la bougre. Le deal lui paraissait honnête et à dire vrai, il trouvait amusant la manière dont elle avait amené la chose. Pour sur, ils allaient s'entendre. Il ne voyait pas pourquoi cela se passerait autrement pour le moment.

- Le marché est correct. Ok pour moi. Je paye mais à côté de ça, j'veux pas m'faire chier. Si c'est pour bouffer en face d'une porte de prison, j'préfère encore être seul.

Il lui adressait un clin d'oeil, sachant que de toute évidence, il n'allait pas s'emmerder là. Alors qu'ils rejoignaient tranquillement la pseudo cantine où ils allaient becter, il poursuivit la discussion.

- On s'est jamais croisé toi et moi hein. J'me souviendrai de toi si c'était le cas. Alors t'es qui, du coup et t'es là depuis quand ? Histoire que j'puisse dire à qui me demandera que j'ai eu l'immense privilège de bouffer avec toi !

Pour reprendre la formulation de l'inconnue. Ils arrivaient. Shinjiro lui fit signe de prendre ce qu'elle voulait pendant que lui-même faisait pareil. Il avait la dalle et à dire vrai, cela se voyait à la tronche de son plateau. On ne mesurait près de deux mètre vingt avec des abdos en béton en mangeant des pousses de salade nom de dieu ! S'installant à proximité, il attendait qu'elle revienne. Il avait promis de payer, c'est ce qu'il allait faire.

T’as vu juste. Comme quoi ta mémoire n’est pas encore si mauvaise que ça, ce qui est un peu rassurant, tu te dois de l’admettre. Shinjiro, donc, que tu as rejoint à grandes enjambées, aussi grandes que tu pouvais te le permettre, avant de le dépasser un peu pour imposer ton rythme. Et lui imposer de t’offrir à manger, aussi, pour te remercier de l’immense privilège dont tu lui fais faveur : un peu de temps passer en ton incroyable compagnie.

Un rire s’échappe de tes lèvres lorsqu’il te partage à son tour ses conditions et tu ne peux qu’hocher de la tête. - Ah, t’en fais pas pour ça. Déjà parce que tu n’es pas quelqu’un avec qui on se fait chier, toi-même aimant beaucoup trop t’amuser et te divertir pour ça, mais aussi parce que… - Pour avoir fait face à une porte de prison pendant quasi tout le dernier siècle, je peux t’assurer que je ne suis pas comme elle. Le tout avec un sourire amusé, comme si ça ne te faisait rien que d’évoquer ces bribes de ton passé, ce presque siècle entier que tu as passé en prison. Car voilà pas si longtemps que ça que t’en es sortie, à peine cinq ans maintenant, si tes souvenirs sont bons.

Qu’est-ce que cinq ans dans des décennies sans voir la lumière du jour ?
Une poignée de mois tout au plus.

- Shirahime. Mais tu peux m’appeler Hime. Ou Shira. Comme ça te dit. T’es pas bien difficile sur ce genre de chose. - Et ça fait eh, cinq ans ? Ouai, cinq ans environ qu’ils m’ont laissé sortir. Et même pas parce que tu avais eu un comportement exemplaire (car tu n’as pas eu un comportement exemplaire) mais bel et bien parce qu’eux étaient désespérés. Suffisamment pour croire que tu serais un bon ajout, dans leur rang. Et c’est sur ces paroles que tu files te prendre deux ou trois trucs à manger, des chips, un gâteau ainsi qu’un sandwich, avant de revenir auprès du géant.

- Et toi, ça fait pas bien longtemps il me semble, non ? Ils sont deux à être sortis de l’Académie que très récemment. Deux à avoir déjà des sièges.

C’est qu’ils sont forts, quand même, les nouveaux arrivants.

Il l'écoutait alors qu'il commençait à manger. C'est qu'il avait faim le lascar et qu'il n'était pas disposé à attendre qu'elle termine de parler pour combler son manque. Après tout, il l'invitait, c'était donc à lui d'ouvrir le bal. Il était comme ça. Il ne connaissait rien de la bienséance et même si Daestra avait cherché à lui en inculquer quelques notions, il n'en avait jamais rien eu à foutre. Il n'était ni noble, ni esclave. Un esprit libre dans un corps lourdaud en sommes.

- Cinq ans hein ? Pas mal en effet.

Alors comme ça elle avait fait de la prison ? Il avait entendu à une ou deux reprises le fait que le Seireitei avait sorti de taules quelques shinigamis afin de renforcer les armées. Il avait trouvé le deal assez correct en vérité et n'avait jamais jugé cette idée. Il savait que tout le monde ne réagissait pas comme lui à ce sujet mais lui, il était pragmatique. Et il aurait apprécié qu'on lui fasse une telle proposition s'il avait été emprisonné aussi. La liberté, ca valait bien quelques sacrifices.

- J'vais être franc, Shira. J'suppose que ça doit foutre la trouille aux autres quand tu leur balances que tu sors de zonzon, moi perso j'm'en cogne. Alors te fais pas d'bile, j'te jugerai pas. Mais j'avoue, j'suis curieux. Qu'est-ce que t'as pu foutre pour te faire chopper comme ça ?

Question logique en vérité et le colosse était convaincu qu'une nana qui balançait comme ça qu'elle avait été emprisonnée n'aurait aucun mal à parler des raisons. Peut-être même qu'elle en était fière, qui sait ? Lui, c'était de la curiosité. Qu'importe la raison, elle était là maintenant. Dans sa division. Et y'a que ça qui comptait. Elle était une partenaire de combat, basta.

En tout cas, il se régalait pour le moment. Non seulement la bouffe était bonne mais en plus la discussion l'intéressait. C'était de bon augure pour la suite. Bien sûr, il n'y avait rien d'anormal à ce qu'elle aussi soit curieuse. Après tout, c'était aussi ça le jeu d'une discussion entre deux personnes. Tu poses, je réponds, je pose, tu racontes.

- Quelques semaines, à tout casser. J'sors tout juste des quatre ans obligatoire à l'Académie. Là, j'suis en probation quoi. J'ai encore deux ans pour valider tout ça mais au moins, officiellement, j'peux dire que j'suis shinigami et aider comme je peux. Et je préfère clairement ça, si j'peux te dire la vérité. L'école, ça m'a cassé les couilles mais d'une fooooooooooooorce. Sérieux, j'attendais que ça d'avoir mon affectation. Et heureusement qu'ils m'ont foutu à la Onzième hein. J'aurai pété une durite sinon. Un d'mes potes est d'ailleurs énervé de pas avoir eu cette chance. Mouhahahahaha, chacun sa merde après tout.

Il avait été mieux loti en terme de division mais ce petit enfoiré avait obtenu un meilleur siège que le sien. Bah qu'importe, il réglerait rapidement ce problème. La place de capitaine lui faisait de l'oeil et seule cette dernière comptait à ses yeux.

- Ici, j'me sens comme à la maison. Et j'vais pas m'arrêter là, crois-moi !

On voyait dans son regard qu'il ne fanfaronnait pas. Nombreux étaient ceux à l'ouvrir sans avoir la force d'aller au bout de leur idéal. Lui, il représentait la force avec un grand "F". Il en imposait et on sentait qu'il ne parlait pas simplement pour faire parler de lui. Il irait au bout de ses envies.

- HEY ? Un autre bol par ici s'teu plait !

Un shinigami sursauta. C'est qu'il avait faim notre Argenté.

Est-ce que ça fait peur aux autres ? Tu ne saurais pas dire. Peut-être bien que ça en pousse certains à douter de toi, à se montrer plus méfiants, mais autre ça… Non, pas vraiment. Généralement, les autres te prennent de haut. Se considèrent meilleurs que toi. Alors que pourtant, c’est parce qu’eux n’ont pas été assez forts, parce qu’eux sont morts en trop grand nombre, incapable de protéger convenablement le Seireitei, qu’ils en sont venus à se rabattre sur des personnes comme vous.

Enfermés.
Potentiellement dangereux.

- Rien. Pour répondre à sa question, t’asseyant face à lui tout en commençant à mordre dans ton sandwich. - J’ai rien fait. Et c’est ça le pire. Tu n’as rien fait. Tu aurais pu faire quelque chose, représentait un potentiel risque, faute d’une certaine instabilité dans ta personne mais, concrètement, tu n’as rien fait.

Rien, sauf peut-être leur faire peur.

Tu t’intéresses alors à lui. À sa place dans la division. T’apprends alors qu’il fait parti de ces jeunes qui n’ont plus besoin de complètement finir leurs études avant de pouvoir s’enrôler dans une division. La chance. T’es un peu de son avis à lui, qu’est-ce que ça t’avait fait chier l’Académie. Sauf peut-être quelques cours, t’as plus souvent qu’autrement eu envie de te transpercer de ton Zanpakutō. Heureusement que tu ne l’as pas fait. Et que, lorsque tu l’as sincèrement considérer, que de mettre fin à tes jours (ironique en sachant que, techniquement parlant, tu es morte), tu avais été séparée de ton Zanpakutō, coincée dans une prison de laquelle tu as mis presque cent ans à sortir.

- Ouai, je vois le truc. C’est vrai qu’elle est cool, notre division. Toi aussi tu t’y sens à ta place. Parce que toi aussi t’aimes frapper. Fort. Extérioriser toute cette rage qui brûle en toi, toute cette haine. Ce cri que tu pousses face à l’injustice de ce monde. Contre l’humanité que tu aimerais bien voir brûler. Tous ces hauts placés aussi dont tu mettrais bien la tête sur des piquets. Alors oui, t’es bien, ici. Un peu chez toi. - Tu comptes t’arrêter où, dans ce cas ? Tu lui adresses un sourire amusé. - Car bon, je sais pas trop comment ils vont se prendre pour le prochain capitaine, comme il n’y a personne à défier.

Tu hausses des épaules, ouvrant ton sac de chips.
Pas que ça t’intéresse, t’aimes pas avoir des responsabilités. T’es bien, à occuper le huitième siège.

Rien ? Il haussa un sourcil alors qu'il avalait une nouvelle bouchée, ne faisant aucun effort pour manger proprement. Il n'en foutait pas partout non plus mais on aurait pu facilement lui faire la réflexion qu'on ne mangeait pas de la sorte devant une demoiselle. En tout cas, Daestra lui aurait sans doute foutu dans la tronche. Mais il n'était pas à s'embarrasser de conventions, encore moins avec des shinigamis de sa propre division. Ils n'étaient pas ici pour se faire des courbettes.

Quoi qu'il en soit, il avait été surpris par la remarque de Shira. Il avait bien entendu une fois ou deux que certaines arrestations étaient arbitraires, qu'ils avaient notamment enfermés par le passé des "potentiels dangers" mais de là à le voir de ses yeux. Et puis même. Pourquoi elle ? Enfin, il n'allait certainement pas y réfléchir des heures non plus après tout.

- Elle est pas que cool, notre division. Elle est aussi la plus utile de toute. Sérieusement, qui c'est qu'on envoie en première ligne hein ? C'est nous. On est clairement l'une des plus spécialisés au combat qui soit. J'dis pas que les autres touchent pas leur bille mais nous, on est clairement un cran au dessus.

Il le pensait réellement et en était assez fier. Comme il l'avait dit précédemment, un de ses potes aurait rêvé lui aussi d'appartenir à l'élite. Car c'est ce qu'ils étaient. La crème de la crème. Un peu bourrin parfois mais il n'empêche qu'il n'existait pas meilleur combattant qu'eux.

Pour la suite, après avoir attrapé une choppe pour se rincer la bouche, il posa son regard vers Shira. La suite ? Oh ça, il avait bien son projet oui. Un large sourire apparut sur son visage.

- Ah bah clairement, j'veux devenir Capitaine. Ou au pire du pire, Vice Cap' quoi. Mais pas moins. J'sais qu'on a pas de Boss pour le moment mais au pire, ce sera au mérite je suppose. J'suis patient. J'm'accorde encore un peu de temps avant d'aller secouer le cocotier. Mais j'peux te garantir que c'est la plus haute marche que je vise. Rien que pour prouver aux autres tocards que notre division est la meilleure. Et que même en venant du Rukongai, on peut être au top niveau.

Plein d'ambition, on pourrait même le targuer d'être un doux rêveur. Mais même sans réellement connaître le colosse, on pouvait deviner que ce n'était pas qu'un vague but. Son existence entière était tournée vers cet ultime objectif. Il comptait se donner les moyens, c'était une certitude.

- Pour le moment, j'aide comme je peux avec mon statut de Sixième siège quoi. Et toi ? Parle-moi un peu de toi du coup. Pas trop la rage d'avoir été enfermé sans raison ? T'inquiète, j'compte bien faire en sorte de protéger les miens. Si t'as des emmerdes, viens frapper à ma porte. J'serai là pour toi.

Là encore, il disait la vérité. Aider les shinigamis de sa division étant une priorité. Sous ses aires de grosse brute, il avait des convictions.

Tu es peut-être fière de ta place au sein de la onzième, cependant, tu sais aussi faire preuve d’un peu plus d’objectivité. C’est peut-être aussi parce que tu ne tenais pas spécialement à rejoindre la onzième. Peu importe la division, tu y aurais trouvé ton compte. Tout pour finalement sortir de prison. - Ça dépend de ce qu’on cherche à mesurer. En terme de force brute, oui, la onzième est la plus utile. Mais pour les soins ? La quatrième, sans aucun doute. Pour comprendre les hollows ? C’est la troisième qui est la plus utile. Tu dis ça avec un petit sourire, haussant des épaules. - Donc je sais pas si on est vraiment un cran au-dessus.

Et honnêtement ?
Tu t’en soucis pas vraiment, de qui sont les meilleurs.

Tu t’intéresses à lui. Ses objectifs. Ce qui l’anime et le pousse à vouloir toujours faire plus. Capitaine, donc. Ça ne te surprend pas vraiment. Pas du tout, même. Au moins il a le recul nécessaire pour savoir qu’il est encore jeune : il n’a même pas terminé tous ses examens à l’Académie après tout. - Je vois. Tu laisses entendre un petit rire s’échapper de tes lèvres. - Mais pourquoi est-ce que t’as autant besoin de te prouver aux autres ? Quelque chose à compenser peut-être ? Entre la pique et une question plus sincère.

Et toi ? - Si, un peu. Mais bon, un mot de travers et on m’y renvoie. Alors oui, t’as la haine, et oui, t’es en colère, mais que peux-tu vraiment faire sur le sujet ? Absolument rien. T’es sortie de prison et ce n’est pas pour y retourner.

Tu sais pas si tu y survivrais.

- Et sinon eh… Huitième siège ici, j’ai pas trop choisi la division mais je pense qu’ils se sont pas vraiment trompés en me mettant ici. Même si bon, il paraît que c’est pas trop dans les traditions, d’avoir un Zanpakutō qui n’est pas exclusivement physique. Le tien est capable de bien des choses, et c’est normal. C’est le meilleur après tout. - Et c’est gentil, de l’offre. Mais généralement, je sais régler mes problèmes seule. Une façon de dire : je ne fais confiance à personne d’autre qu’à moi-même.

Et ce, même si ça te ramène à la case départ.

Oh que si ils étaient un cran au dessus. Cela n'enlevait rien au fait que les autres avaient aussi leur utilité. Seulement la Onzième était clairement la meilleure. En toute objectivité. De toutes les divisions, elle était la seule qui parlait à tous. On mentionnait la Onzième ? Direct les gens comprenaient. Encore que, il devait bien admettre que la Quatrième et la Douzième étaient aussi très spécifiques. Mais les autres ? De la merde.

Mais là encore, son idée n'était clairement pas de partir dans une polémique inutile. Puis elle était une ancienne prisonnière. Peut-être avait-elle oublié une partie de sa logique dans les cachots. Il se mit à se marrer tout seul en se faisant la réflexion. Il se demandait aussi ce que penseraient ses potes de la demoiselle. Daestra n'apprécierait sans doute pas. Moins encore depuis qu'elle appartenait à la Seconde division. Quant à Kyôken ? Il ne se faisait pas d'illusion.

- T'es une comique toi, c'pour ça que tout le monde t'aime ? En vrai, ni l'un ni l'autre ma grande. Le seul à qui j'veux prouver des choses, c'est moi et moi seul. J'vais même être assez franc à ce sujet. J'm'en cogne des avis et des regards des autres en fait. Si j'en suis là, c'est parce que j'm'en suis donné les moyens. Après, ça plait, ça plait pas, m'en branle. Mais si en réussissant, j'arrive à prouver qu'on est pas tous des branquignoles, alors bingo.

Il sifflait de nouveau le verre avant d'observer la femme face à lui. Un autre aurait sans doute mal pris ses propos. Son jugement. Son allusion. Mais lui non et pour une raison assez simple : la franchise était une partie intégrante de son existence. Il préférait qu'on lui dise cela droit dans les yeux plutôt que dans son dos comme une petite salope.

Et il assumait ses ambitions. Pour le reste, ça ne regardait finalement que lui. Même s'il trouvait marrant de voir les réactions des gens. Elles différaient chaque fois en fonction de la personnalité de la personne. Pour Shira, c'était moquerie et un poil de condescendance. Encore que, en réalité, il avait souvent eu du mal à décrypter les intentions cachées derrière certaines piques.

- M'ouais, il parait. Perso, ça aussi j'm'en fous. Tant que t'as la mentalité et que t'es pas là pour casser les couilles à l'unité, j'prête pas trop gaffe au type du Zanpakutō. Et j'prends note pour l'aide. Après tout, t'as l'air doué pour les régler solo en effet.

Un bref ricanement. Tellement douée qu'elle avait terminé en prison et qu'elle pouvait y retourner à tout moment. Mais chacun voyait midi à sa porte au final non ? Si elle voulait la jouer solo, ça la regardait elle et personne d'autre en effet. Shinjiro respectait la force de caractère et elle n'en manquait pas.

- Tu m'fais penser à un gars qui appartenait à ma bande, à la grande époque du Rukongai. Toujours très sûr de lui. Le genre à se démerder tout seul, comme toi. Souvent un peu agressif avec les autres, dans sa manière de causer tu vois. J'pense qu'il avait bon coeur derrière ses airs de "tu m'approches, je te descends". Enfin... J'peux me tromper hein. Il s'est fait buter un jour.

Pas vraiment une mise en garde pour elle. Car Shinjiro n'était clairement pas de ceux à faire passer des messages en racontant des histoires. Il avait seulement fait le rapprochement entre elle et le type en question, sans arrière pensée.

- Alors comme ça tu fais d'la magie avec ton sabre ?

S'il avait effectivement mentionné le fait qu'il se moquait du type, il était quand même intrigué par le pouvoir de cette dernière. Par principe, la plupart ne répondait pas. Si c'était son cas, il passerait à autre chose sans insister. Il faisait juste la causette pendant qu'il bectait après tout.

Tu lui offres un grand sourire. - Exactement. Et pour plein d’autres raisons, aussi. Pourquoi est-ce que les autres t’aiment ? À vrai dire, tu ne penses pas qu’il y en ait tant que ça, qui t’apprécient sincèrement. Quelques uns, sans doute, mais sinon… Tu dois aussi en emmerder plus d’un. - Je suis la femme parfaite. Je suis drôle, je mets des bonnes droites, je sais me battre et je suis bonne. Ais-je vraiment besoin de continuer la liste ? Et tu dis ça en t’appuyant contre le dossier de ta chaise, les jambes croisées, ton kimono ouvert sur l’une d’entre elles, tout en continuant de manger tes chips.

Oh, et tu l’écoutes aussi, accessoirement.
Tu sais faire preuve d’un peu d’attention envers les autres.

- Bonne chance pour ça, dans ce cas. De prouver que vous n’êtes pas tous des banquignoles, dans le onzième division. Tu penses qu’il est trop tard, pour ça, que votre réputation est faite. Mais bon, c’est louable, comme objectif. Ça a le mérite de peut-être vouloir dire quelque chose. Est-ce que t’es du même avis que lui ? Pas spécialement. Peut-être parce que t’en as trop rencontré, dans ta division, de pauvres cons qui savent pas se tenir. T’as même éclaté un nez. Plus qu’un nez, même.

Ça fait parti de ces problèmes que tu règles en solo. Ces mecs qui se croient tout permis. Qui se permettent d’être trop insistant. Comme celui que tu as envoyé à la quatrième division à peine conscient. Un problème que t’as réglé par toi-même. Qui aurait pu te créer des problèmes en retour mais… À la place, t’as pu faire une chouette rencontre.

Que du positif, donc, à envoyer les beaufs à leur presque mort.

- Oh, mes condoléances. Lorsqu’il te parle de son ami qui s’est fait buter, un jour. Un mec trop orgueilleux pour son propre bien, que tu peux supposer. Qui voulait tout faire par lui-même sans avoir la force de le faire. Dommage.

Tu hoches de la tête à sa question. - Un peu. ‘Fin, je dirais pas que c’est de la magie, j’ai pas besoin de dire des jolis chiffres et faire de belles incantations. Tu rigoles doucement à ta propre pique lancée aux nécromanciens. - Je peux altérer la gravité autour de moi. Me rendre plus légère pour aller plus vite, par exemple. Augmenter le poids quand je descend pour augmenter mon momentum. Je peux aussi ralentir ceux autour de moi… Bref, ce genre de connerie. C’est cool. Ça me donne un bon avantage, en combat.

Et c’est plus vrai encore maintenant que t’as le bankai.

- C'pas de chance dont on a besoin, mais de talents. Mouhahahahaha !

Mais il comprenait ce qu'elle voulait dire. Il est vrai que certains des mecs de leur division n'étaient pas réputés pour être les plus malins, au point qu'ils généraient plus d'emmerdes que de solutions. Il était quand même drôle que ce soit lui qui soit en train de dire cela. Comme quoi...

Quant aux qualités qu'elle s'attribuait, il devait admettre qu'elle en possédait quelques-unes. Jolie à regarder, franche. Et drôle aussi. Mais pas comme elle se l'imaginait. Mais il admettait que discuter avec elle avait quand même son petit charme, ne serait-ce que pour avoir un avis qui différait un peu du sien. Il était simplement dommage pour lui qu'un Huitième siège soit si peu impliqué au sein de sa propre division. C'était quelque chose qu'il avait un peu de mal à piger.

- Merci mais ça remonte, y'a longtemps que j'ai fais mon deuil.

Il n'était pas si attaché au passé. En tout cas il l'était moins qu'à son avenir en réalité. Et puis la mort faisait partie intégrante de leur propre existence, après tout ils étaient eux même des âmes. Il n'oubliait pas cette particularité. Alors qu'elle s'exprimait sur son pouvoir, il arrêta de s'empiffrer un instant. La gravité ? Voilà qui paraissait amusant. Et finalement pas si éloigné de son propre pouvoir. Après y'avait des distinctions qu'il avait du mal à faire mais pas étonnant venant de lui.

- Sacré avantage en effet. Surtout si t'es à l'aise avec ça. Faut savoir faire avec ce qu'on nous donne après tout. Ce serait sympa d'te voir à l'œuvre un de ces quatre. J'suis un mec curieux de nature, j'avoue. Puis ton pouvoir, y'a des similitudes avec le mien. Magnétisme de mon côté. Mais j'peux jouer aussi sur l'environnement quoi.

Enfin plus ou moins. Mais ça, il le gardait pour lui. Kaimetsu était particulier. Et ça, fallait le combattre pour comprendre.

Tu t’en doutes qu’il n’en parlerait pas aussi librement, de façon aussi désinvolte, s’il n’avait pas déjà fait son deuil. Mais tu penses aussi que c’est la chose à faire que de lui présenter des condoléances, lorsqu’il évoque le souvenir de ce défunt ami, faisant un parallèle avec ce dernier et tes propres paroles. Insouciant. Inconscient. Beaucoup trop nonchalant. Avec cette volonté de régler ses problèmes seuls, sans jamais avoir besoin de personne d’autre que lui-même.

Mais il y a une différence entre vous deux.
Toi, t’as survécu jusqu’ici.

Il y a plus intéressant à parler que du passé et ceux l’ayant composé. Comme parler de ton Zanpakutō, du pouvoir que tu possèdes, cette façon de pouvoir influencer l’environnement autour de toi. Un très bon avantage, tu ne peux pas le nier, même si tu éprouves encore quelques difficultés le concernant. Pas tant au niveau de son contrôle, ton lien quasi fusionnel avec l’âme de ton Zanpakutō te permettant de le maîtriser sans trop de difficulté. Non, le problème c’est plutôt l’énergie spirituelle que cela te demande. Un peu trop à ton goût. Il allait te falloir apprendre à modérer ça.

- Magnétisme ? C’est pas mal aussi. Attraction. Répulsion. Vos pouvoirs se ressemblent en effet et toi aussi t’es curieuse, désormais. - J’aimerais bien voir ce que pourraient donner nos pouvoirs si on venait à s’affronter. Il veut bien te voir à l’oeuvre, un jour, et tu as cette même curiosité à son égard. Il te semble donc naturel qu’un jour vous puissiez vous retrouver l’un face à l’autre dans une salle d’entraînement. Puis bon, ça te permettra de savoir aussi ce qu’il vaut, ce futur capitaine.

- Et je me fais beaucoup d’attente, hein. Une pique gentille, avec un sourire amusé sur les lèvres. - Après tout, si tu dis vouloir devenir capitaine, je dois m’attendre à ce que tu m’écrases. Sinon, ça va être difficile pour toi d’obtenir le titre. On pourrait presque croire que tu menaces de le prendre avant que lui-même puisse l’attraper, ce titre de capitaine.

Presque.
Si seulement ça t’intéressait.

Comment ne pas se marrer alors qu'indirectement, on le défiait au cours d'une rixe amicale ? Il était un pur produit de la Onzième, ce genre de chose l'amusait. Pour lui, combattre était aussi naturel que respirer. Ni plus, ni moins. Et en réalité, la notion de victoire ou de défaite n'avait même aucune importance pour lui. Tant qu'il apprenait sur lui, le reste ne comptait pas trop. Shira avait forcément titillé la partie sensible de son être en parlant de ce combat à venir.

- Bah écoute, j'te tiens au jus mais faut carrément qu'on s'fasse ça un de ces jours ouais. Moi aussi j'veux voir ce que ça peut donner. Pas seulement en mode "opposition" mais aussi voir ce qu'une telle association pourrait donner. T'imagines ? On roulerait sur les autres péquenauds, ce serait trop drôle.

Et puis il ne pouvait pas dire ne pas être intéressé par une telle confrontation. Quant à la pique, cela ne l'atteignait pas. Il se savait plus légitime que n'importe qui pour devenir Capitaine. Sa force parlait pour lui. Et si un pauvre malheureux la lui prenait avant d'avoir eu l'opportunité de prétendre lui aussi à ce grade, il agirait pour retirer le Haori de son cadavre. Même si ce cadavre avait été celui d'une femme.

- T'inquiète pas pour ça. J'ai pas trop de doute sur mes propres capacités. Mais me la joue pas "olalala tu dois être le meilleur si tu veux être capitaine". J'suis pas con au point de sous estimer les anciens comme toi. Si on t'a sorti de taule, c'pas parce que t'as une belle gueule hein. Tu dois toucher ta bille j'suppose. Et j'ai hâte de voir ça.

Certaines des nouvelles recrues, comme Yuta, comme lui ou même comme ses propres amis, avaient plus ou moins fais parler d'eux. Ce n'était pas sans raison. Mais il ne fallait pas oublier les plus anciens. Ceux qui possédaient une expérience pouvant s'avérer utile dans des combats difficiles. Et en cela, elle était sans doute supérieure à lui. Mais cette compétition, aussi amicale soit-elle, déclenchait chez lui des pulsions meurtrières. Et cela se voyait sur lui.

- J'reviens vers toi dès qu'on peut se faire ça. On pourrait même se marrer et se trouver deux autres partenaires de combat à la limite. J'vais y réfléchir.

Il attrapa un p'tit pain qu'il engouffra dans son immense gueule. La perspective de combattre sous peu lui donnait faim. Il ne se rendait même pas compte qu'il n'était pas l'homme le plus poli du Gotei. Mais il ne se prenait pas la tête, simplement. Il passait du bon temps.

- Tu veux causer d'autre chose ? Si on a plus rien à s'dire, pas de soucis. T'as respecté ta part du marché. Cette discussion n'était pas trop chiante.