Matsui Junichiro - King of Cups

Soulcard : « Tout s'achète au bon prix » a longtemps été la philosophie de vie du plus jeune et plus immature Junichiro. Si aujourd'hui il est capabler de nuancer son propos, cette maxime continue de le suivre jusque dans la manifestation de son pouvoir.

Une carte bancaire noire, gravée de chiffres, inscriptions et motifs argentés. Dans le monde des hommes, il achète ce que l'argent peut acheter avec. Dans le monde spirituel, il achète ce que le Reiryoku permet de s'offrir : du pouvoir. La carte lui sert de catalyseur pour directement investir son énergie dans l'âme des objets et forces de la nature, qu'elles soient composées de Reishi ou de Kishi. Cette faculté lui permet de directement influencer les entités infusées de cette énergie, que ça soit pour les grandir ou les détruire.

Au stade supérieur de ce pouvoir, Junichiro est capable de répliquer ces effets sur l'âme des êtres vivants et spirituels.

Enfant et dans l'adolescence, Junichiro était ce petit gosse de riche capricieux et difficile, chaotique, incapable de voir les choses autrement qu'en grand. Aujourd'hui jeune adulte, il est... Toujours comme ça.

Enfin. Ça ne serait mentir que de dire qu'il n'a pas évolué. Aujourd'hui, Junichiro est un jeune homme plus discipliné, plus résolu, plus raisonnable. Il garde des échos de ce tempéramment d'enfant pourri gâté, il a du mal avec les « non » et il peine à se débarasser de ces habitudes de dépense compulsive, achats et décisions autres sur un coup de tête « parce que je peux et que j'en ai envie »... Mais depuis, Junichiro s'est trouvé un but pour le canaliser. Ça, son expérience, puis la maturité qu'il a gagné avec l'âge en font désormais quelqu'un d'apte à diriger, à lancer et mener à bien les divers projets et entreprises dont il a la responsabilité.

Quelques semaines à peine depuis sa nomination au poste de King of Cups, mais c'est déjà le genre d'impression que l'on a pu se faire de lui. Définitivement, il s'impose comme quelqu'un de concerné par la cause humaine : plus précisément, il veut que l'humanité puisse répondre aux menaces venues d'ailleurs. Sans parler de haine, il a une certaine méfiance à l'encontre des Shinigamis, qu'il considère « insuffisants » face à la menace Hollow. Quant à sa relation avec ceux-là, ici il est approprié de parler de haine, comparé aux faucheurs. Sa nature de Fullbringer en fait un aimant à Hollows qui a longtemps dû supporter leur présence et leurs exactions à une époque où il n'avait pas les capacités d'intervenir. Il en garde un goût amer en bouche, mais pour autant... pour autant, il n'a jusqu'ici jamais questionné ou objecté aux opération de l'UN au Hueco Mundo.

De toute évidence, sauver le monde demande une certaine dose de pragmatisme.

Ça mis à part, il s'illustre comme quelqu'un d'exigeant, vaguement extravagant, mais pas nécessairement désagréable. Il n'est pas bien grand, pas bien musclé, ses cheveux sont de neige, ses yeux d'océan, sa peau est pâle. Ses traits fins trahsssent sa jeunesse, un peu comme ses mimiques, ses références et son parler. À chaque jour sa tenue, il aime changer les styles et les couleurs selon l'envie du moment, passant de l'Armani propre sur soi au jean-basket plus décontracté du jour au lendemain. Il a une collection de lunettes de soleil et montres de marque, qu'il porte ou ne porte pas selon les même critères.

Il a l'air de prendre la vie à la légère à bien des regards, ce Junichiro. Jusqu'au moment où il passe dans l'atelier ou au labo, pour concevoir les armes et outils qui serviront à gagner la guerre contre « les autres ».

Tout semble si facile, au premier regard.

Facilité, parce que bien né. Le bon père, avec le bon nom, et le bon héritage qui va avec. Dés l'enfance, un quotidien où l'argent n'est pas un problème, un quotidien où s'il le voulait, il aurait le luxe de vivre sans penser à demain, parce que demain a déjà été assuré pour lui, avant même sa naissance. « Matsui », un nom qui pèse par son influence, mais qui pèse aussi par le poids des responsabilités qui vont avec. Puisque c'est bien comme ça que ça fonctionne, finalement, non ? « Non », aurait-il aimé répondre étant plus jeune. Parce que le Junichiro de ces jeunes années n'était pas facile. Il était capricieux, il était exigeant, il était turbulent. À bien des égards, il était pourri-gâté. À bien des égards, il manquait quelque chose dans sa vie. Quelque chose que nourrices plus tôt, et tutrices plus tard ne sauraient remplacer.

Il lui manquait sa mère.

Morte à sa naissance. « Morte pour qu'il naisse », diraient certains. « Morte parce qu'il est né », oseraient même d'autres. Ultimement, personne ne lui dit... Mais le silence est plein de reproches, à sa façon. Et qu'il est silencieux, ce père. Qu'il est distant. Longtemps, une éducation faite par l'intermédiaire des employés, des professeurs, Des Autres. « Trop occupé », lui trouvera-t-on comme prétexte : Matsui Hideki est l'homme qui représente la famille, qui est une marque plutôt qu'une famille depuis des générations maintenant. Jadis petite entreprise, « Matsui » est aujourd'hui une corporation en tête de file des dernières avancées technologiques et scientifiques dans de nombreux domaines.

Alors naturellement, Matsui Hideki est un homme occupé.
Alors naturellement, Matsui Junichiro est un jeune homme dont on attend beaucoup.

Il a su décevoir et impressionner à part égale. Dés tout jeune, il a manifesté cet esprit curieux et inventif qui servira plus tard. Mais il restait ses côtés plus... Difficiles. Un petit génie sans discipline, donc ?

La suite du récit le dira.


Mais ça serait trop simple, si son récit se résumait à celui d'un gosse de riche turbulent, n'est-ce pas ?

C'aurait pu être ça. C'aurait pu être simplement ce Junichiro qu'on envoie à l'école publique comme une espèce de punition, de leçon d'humilité. Pour qu'il cotoie « les gens normaux », pour qu'il sorte de ce monde où le besoin n'existe pas, et où tout commence et s'arrête sur la surface lisse d'une carte bancaire. C'aurait pu être aussi simple que ça, et il y aurait quand même eu matière à raconter quelque chose. À parler de ces expériences, de ces rencontres, parfois bonnes parfois mauvaises. Les leçons apprises, les leçons ratées, l'évolution d'une âme jeune et immature. Celui qui doit être parfait, mais qui multiplie les imperfections.

Mais voilà, il y avait autre chose.
Il y avait les ombres. Les formes étranges, masquées. Les esprits, les monstres, les démons... Longtemps, il n'a pas trop su comment les appeler. Longtemps, il a cru devenir fou. Aussi étrange que ça puisse paraître, la première fois qu'il en a parlé, c'est à son père qu'il a décidé de se confier. Adolescent à l'époque, leur relation était... Complexe.
puiss
Depuis tout petit, il voit l'amertume dans le regard de son géniteur. Il voit la colère, la tristesse, il voit ces choses qui se réflètent parfois, quand il parle de cette mère qu'il n'a jamais connu. Et ça, c'est quand il le voit, parce que tel qu'on l'a déjà établi : Hideki est un homme occupé. Malgré tout ça, malgré les sentiments ambivalents et les fantômes d'un passé difficile... l'homme tâchait de rester un père pour son fils. Alors quand tout jeune Junichiro est venu le voir, il a écouté.

Ou plutôt, il a réécouté.

Parce que le récit que son fils lui a conté, Hideki l'avait déjà entendu auparavant, de la bouche de celle qui n'est plus. Le jour de cet incident où il n'était pas là, où elle s'était faite agresser un soir où l'homme était absent pour affaires, un soir où déjà, son ventre était rond. Elle avait parlé d'une forme transparente, presque intangible, mais puissante. Terrifiante. Elle avait parlé du son d'une lame dégainée, puis du cri d'une bête inhumaine. Dans un récit confus, surréaliste, elle avait parlé de cette fois où lui était absent, où il n'a pu que voir les conséquences.

Hallucination, avait-il aimé rationaliser. Les séquelles d'une agression qui aurait traumatisée la femme. Exagérations, tout au plus.

Mais le voici, ce fils habituellement tête sur les épaules, confiant, souriant, suffisant : Le voici qui n'en mène pas large, terreur au regard, confusion dans les mots, le dos voûté, la mine baissée vers le sol. Le voici qui répète les mêmes histoire d'agresseur fantôme.

Peut-être que les superstitions d'antant ne sont pas si ridicules. Peut-être... Peut-être que ce n'est pas un hasard, si la mère de Junichiro était tant affaiblie aux derniers mois de sa grossesse.
Tant affaiblie avant son dernier souffle.


Junichiro a fini par grandir.
De corps et d'esprit, le jeune Matsui a gagné une maturité certaine en quelques années. Peu de temps après l'école publique, il a pris la route des études supérieures et s'est intégré dans des établissements plus adaptés à son statut. Il s'est éloigné de ses mauvaises habitudes, au moins en partie : il gagné en discipline et en rigueur. Finalement, il évolué, parce qu'il s'est trouvé un but : Repousser les ombres.

Un temps il a été spectateur, puis proie. Un temps seulement, car il a développé sa force : Il a développé ce don qui lui permet de voir ces choses que le monde ne voit pas, pour commencer à pouoir interagir avec ces choses que le monde ne voit pas... Puis pouvoir les blesser. Les repousser. Les tuer. Pouvoir finalement inverser les rôles, et passer de proie à chasseur.

En filigrane de ses études, des responsabilités de la vie active, il entraînait ce don. Par son aura, par sa force de volonté, il a appris à lire l'âme des objets, la manipuler. Il a appris en autodidacte, il appris par l'expérience, par les réussites et échecs. Il a appris jusqu'à parvenir à obtenir le pouvoir comme il a toujours tout obtenu le long de sa jeunesse décadente : en l'achetant.

Ainsi, lorsque les ombres surgisaient, il ne s'agissait plus de fuir : il s'agissait de détruire.

Il avait le soutien de ce père qui ne voyait pas ce qu'il pouvait voir, mais qui en savait assez. Qui y croyait assez. Assez pour comprendre que les choses sont là, qu'on le veuille ou non, et que de toute évidence, elles sont beaucoup autour de son fils. Alors le vieil homme a joué de son influence et de ses ressources pour épauler le jeune Junichiro.
C'est comme ça qu'elle a commencé à l'âge adulte, son espèce de double vie. Le plus clair du temps, il était ce jeune fils de riche destiné à rejoindre le business familial : déjà son père prévoyait de le catapulter à un poste de directeur général dans la filiale scientifique de Matsui Corporation. Plus jeune, il aurait refusé, il aurait été cet héritier ingrat, indépendant et assoiffé de liberté qui veut « tracer sa propre route ». Mais il n'est plus aussi jeune. Il s'y voit bien à ce poste, finalement. L'image du playboy fortuné, avec un poste à responsabilité, qui pourrait simplement tout gérer depuis sa piscine, mais qui invente, innove et expérience lui aussi...

Pour peu, il s'imaginerait bien dans une armure rouge-dorée avec son petit groupe de justiciers face à la menace fantôme des monstres invisibles... « Un crossover Avenger/Ghostbuster », comme il dirait.

Puisqu'il s'agit de ça, la seconde facette de sa double-vie. Défendre ceux qui ne savent pas face à ce danger intangible qui guette. La nature de son pouvoir lui permettait d'infuser objets et forces de cette énergie qui l'habite. Alors il a joué sa propre petite réadaptation du super-héros billionaire en mettant ses moyens au service de la cause.

« La cause » étant ici : Repousser l'envahisseur.


Mais l'envahisseur n'était pas seul. Et il a fini par apprendre que la réalité était plus complexe que ça.

Ils étaient un terrain de chasse. Eux, humains, et leur jolie petit bout de terre, ils n'étaient qu'un terrain de chasse pour ces choses. Des proies incapables de se défendre face aux crocs de la bête. Alors quoi ? Alors les chasseurs viennent d'ailleurs. Ils viennent vétus de noir et bardé de métal, armés et habillés comme des gens d'une autre époque. Ils viennent traquer, tuer, protéger... Ou au moins, essayer. Il a vu, que tout ne se résumait pas aux monstres. Et il a vu ce qu'ils étaient avant de devenir ça.

Il a vu ces âmes enchaînées au monde, souffrantes, enragées, folles. Il a vu leur forme changer, pour devenir un de ces monstres.
Il a vu les hommes en noir traquer, « purifier ». L'un d'eux, il a même pu l'approcher, lui parler.
Mais finalement ? Surtout, il a vu les monstres agir impunément.

Il a vu un collègue se faire avaler par une forme masquée. Un autre jour, il a pu sauver in-extremis cette fille qui fuyait un monstre dans les ruelles nocturnes d'une Tokyo dangereuse et impitoyabe. Il entendu parler de ce professeur à sa vieille école, porté disparu, et il se rappelle l'avoir vu méconnaissable, rongé par le mal, enchaîné au sol prés du bureau de sa salle de classe. Il a vu, encore et encore, empilant les expériences étranges au fur et à mesure des mois qui passent.

Il a vu, et il a décidé que c'en était assez.

L'humanité ne peut pas simplement rester un gigantesque troupeau de moutons prêt à mourir sous les crocs des créatures, à espérer que Peut-être les mystérieux hommes en noir soient là au bon endroit au bon moment. Si la terre des hommes est attaquée par une menace extérieure, alors c'est à l'humanité d'être en première ligne pour se défendre elle-même.


Oui. Oui je sais, j'ai déjà tout prévu à ce propos. Ça sera prêt pour la date convenue, tu as ma promesse. Rassuré ? Un silence, une voix de l'autre côté du téléphone. Parfait. Prends soin de toi, père.

Une pression sur le bouton rouge au bas de l'écran, puis un soupir. D'un geste lent, il s'étire, puis déposes ses jambes sur le bureau. La pièce est assez grande, une grande, belle pièce faite de noir, de blanc, et de nuances de gris. Impresonnelle, aseptisée. En face du bureau, une porte avec son nom inscrit dessus, suivi d'un titre bien spécifique : King of Cups.

Se trouve-t-il qu'il n'est pas le seul parmi les enfants de l'humanité à voir les choses invisibles. Mieux encore : il n'est pas le seul à lutter contre elles. C'est par l'intermédiaire du vieil Hideki que Junichiro est entré en contact avec Ultima Necat. Investisseur et donateur dans plusieurs secteurs divers et variés, le paternel Matsui faisait partie des partenaires de la Fondation Mémento. Entre la fortune familiale, les démarches du père et les quelques frasques du fils dans le paysage spirituel de Tokyo... Il n'en a pas fallu beaucoup plus pour qu'ils finissent par venir à lui.

On ne peut s'improviser agent indépendant de la paix inderdimensionnelle que pendant un temps, de toute évidence.

Il y a eu la rencontre, les discussions. Il a vu, et tôt, il a compris : avec les moyens de cette organisation, leur savoir et leur puissance de frappe... Il pourrait aspirer à plus. Plus qu'à chasser ces choses quand il les croise et à jouer aux inventeurs fous dans son atelier privé. Ici... Il pourra défendre, et défendre mieux.

Et peut-être même qu'il pourra songer à contre-attaquer...

Les risques ? Oui, de toute évidence, il s'agit d'une entreprise risquée. De toute évidence, on lui propose un rôle de directeur du pôle scientifique. « King of Cups ». Un autre était là avant lui, et il n'est plus là... Alors il comprend, oui. Pouvoir plus plus grand passe aussi par risquer plus gros.

Soit.

Un numéro composé, peu après l'appel de son père. Une pause, et ça décroche. Des mots de l'autre côté. Oui, c'est moi. J'ai quelque chose à te proposer. Huh, maintenant oui, de préférence. Un silence, puis un sourire. C'est moi qui paie comme d'habitude. Des fois que ça puisse peser dans ta décision.


Quitte à risquer plus gros, autant s'entourer de risque-tout.