Lost on the way [Pv : Aviela]

Est-ce que j’ai vraiment essayé ? C’est la question qui occupe mon esprit depuis quelque temps, qui pousse à une remise en question, de regarder en arrière et comprendre ce qui pourrait ne pas fonctionner. Je méprise nombre des miens, méprise le fait qu’ils ne soient pas capables d’être autre chose que des animaux, des bêtes ne jurant que par la violence, le sang, la sauvagerie. Un constat établi il y a déjà de nombreuses années en arrière, qui depuis n’a jamais évolué, n’a jamais songé à changer. Et pourquoi ce serait le cas ? M’a-t-on concrètement apporté de quoi émettre un avis différent sur mes frères ? Je ne crois pas, je ne pense pas.
Alors pourquoi cette sensation ? Pourquoi ce sentiment que je suis peut-être en train de rater quelque chose ? Est-ce que je ne les aurais pas condamnés trop vite ? Moi non plus je ne pensais pas être capable de changer, fut un temps, pourtant ma transformation lunaire a complètement bouleversé ma psyché. Alors pourquoi pas eux ? Est-ce qu’ils ne manquent pas simplement d’un guide ? D’un être moins égoïste que la majorité, qui ne pensera pas à ses ambitions ou sa propre puissance et cherchera avant tout à les mener vers l’apaisement de leurs âmes ? Si nous autres, membres d’el Rebaño, nous avons été capables d’éteindre notre faim et notre colère, pourquoi pas eux ?

La vérité c’est que je n’en sais rien.
La vérité c’est que je n’ai même pas essayé de trouver réponse à cette question. Devenu autre, j’ai condamné la différence. Ce qui n’était pas comme moi, je les exclus, me suis isolé avec mes semblables, ceux qui pour moi en valaient la peine. Mais juger son prochain n’amène à rien si on n’essaie même pas de lui venir en aide. Alors j’ai bien conscience qu’il s’agit de Hollows pour la plupart aveuglés par la faim, guidés par un instinct primaire, mais les Arrancars sont différents. Du moins, ils sont censés l’être. Les Arrancars sont cet espoir, cette chance qu’un Hollow possède pour se réincarner, pour évoluer en quelque chose de meilleur. El Ritual de Luna offre cette chance si tant est qu’ils veulent la saisir, comme j’ai pu le faire à l’époque, une sombre époque où je me sentais complètement perdu et ne trouvait à répondre à ma misère que par la violence. Toute âme égarée mérite qu’on lui éclaire la voie, au moins que l’on essaie.

Voilà pourquoi je me suis éloigné de ma chère Cité, afin de partir à la rencontre des miens et de tenter de mieux les comprendre, tenter de cerner les motivations et méthodes des autres clans, de m’ouvrir à eux. Je ne peux plus me contenter d’attendre bien sagement à la Cité Rupestre et de condamner par la pensée les actes de mes congénères, ceux qui dévient du droit chemin, ceux qui ont fait le choix de s’en éloigner, inconsciemment ou pas.
En tant que membre du Troupeau, je crois qu’il est de mon devoir de faire quelque chose pour ramener les brebis égarées sur ce chemin, celui qu’emprunte notre Grande Prêtresse, celui qu’elle nous invite à suivre. Aussi dévouée et aimante soit-t-elle envers nous, elle ne peut être partout à la fois et le Hueco Mundo est une terre immensément grande. Nous, membres de la Communauté, devons l’épauler dans sa quête.

Alors j’ai longtemps marché, jusqu’à atteindre ces fameux pics rocheux au sommet desquels se tiennent les membres réputés de la Camará. On dit qu’ils sont orgueilleux et méprisants, se considérant comme supérieurs du reste de leurs congénères. Qu’ils n’acceptent aucun Hollow, si ce n’est pour lui arracher son masque. Je n’ai jamais rencontré leur chef et ce n’est pas pour lui que je viens, je ne suis personne encore pour demander une entrevue avec un personnage de son statut, mais je suis ouvert à toute autre rencontre.
Je ne connais pas leur position face à nous autres, Arrancars de la Lune, mais je suis curieux de la connaître. Prudemment, je m’avance au sein du Palais de l'Hybris, l'œil brillant d’une lueur admirative. Je n’y avais évidemment jamais mis les pieds auparavant et doit bien avouer que son architecture est merveilleuse. Je crois que c’est une des choses qui manquent cruellement à notre monde, de la diversité, des merveilles à contempler, des lieux et monuments à découvrir, devant lesquels s’extasier l’espace d’un moment. Nous qui sommes tournés vers la destruction, délaissant cruellement la création, ne devrions-nous pas envisager de changer cela également ?

Je ne sais pas si ma présence a déjà été remarquée ou non, mais je ressens cette sensation d’être observé. Simple impression dû à ma présence en ce lieu ou non, cela ne change rien à mon comportement, je suis ici pour observer et échanger si l’opportunité se présente. Et j’entends bien le faire dans le respect des règles, comme des êtres civilisés et non des animaux.

Les Hollows sont des bêtes, les Arrancar une étape supérieure de ces derniers. Comme de nombreux animaux, ils sont tendance à s’approprier un territoire, le protégeant des intrusions extérieures. Les clans de l’Acuerdo n’étaient guère différents, chacun ayant marqué un lieu de son empreinte. Fidèle à ses occupants, le palais de l’Hybris s’élevait au-dessus du Monde Creux, surplombant les Pics Rochaux, et donc l’ensemble du paysage.
Un lieu fidèle à la grandeur des membres de La Cámara et permettant de transmettre un message des plus clair. Ils ne se cachaient pas. Ils ne craignaient pas que l’on vienne à eux. Tout simplement car ils se savaient supérieurs et savaient que nul ne pourrait les surpasser.

C’était ainsi que j’interprétais cette idéologie en tous cas, pour une très simple raison. Il s’agissait plus ou moins de celle que j’avais. Je ne craignais pas les vermines qui extérieurs qui ne pouvaient qu’espérer approcher le soleil que nous étions.
Les plus faibles venaient ici dans l’espoir de survivre au retrait de leur masque. Ceux n’ayant pas les épaules en mouraient, les autres se voyaient l’honneur de rejoindre nos rangs. Et de servir les membres les plus éminents.
Je n’étais pas notre chef, loin de là. Je n’étais pas la plus grand combattante, je le savais. Mais j’avais réussi à me faire un nom. Même sans chercher le feu des projecteurs, préférant bien souvent rester spectatrice, j’occupais actuellement le cinquième siège de l’Espada. Ce qui, en dehors du nom, impliquait certaines responsabilités.

Lorsqu’un individu se présente aux portes du palais, il est normal de l’accueillir comme il se doit. S’il s’agit d’un faible Hollow, le protocole est assez établi pour prendre en charge son évolution, si bien qu’elle n’est que rarement dérangée.
Lorsqu’il s’agit d’un Arrancar étranger au clan, la situation est déjà quelque peu différente, ce dernier pouvant facilement se révéler être un danger. Il fallait bien entendu être fou pour attaquer seul une telle place.
Mais la folie n’était pas rare parmi leur peuple.

Majestueuse, elle s’avance. Les apparences sont d’importance pour elle, son imposant manteau traînant dans son sillage. L’arrogance de la Bruja Carmesi ne peut échapper à personne, son unique œil visible n’hésitant pas à toiser l’individu lui faisant face dans le but de déterminer sa valeur.
Pourtant, elle sait se comporter. Si elle est là pour accueillir comme il se doit, elle n’a pas à se comporter de façon agressive face à quelqu’un n’ayant démontré nulle intention hostile. Elle est d’une espèce évoluée après tout, et non l’une des bêtes peuplant la Escoria. Manquer de bienséance serait une atteinte à l’étiquette qu’elle s’oblige à voir.

>> Et bien, ce n’est pas fréquent qu’un Arrancar se présente seul à nos portes. Serait-ce la curiosité qui te guide, ou bien les affaires ? Je doute en tous cas que cela soit pour nous rejoindre.

Alors que je m’avançai vers lui, je l’avais observé. Suffisamment pour noter ses particulières. Principalement l’absence de fragment de masque, de trou apparent et une apparence plus bestiale. Si deux de ces éléments pouvaient être camouflés, et le dernier sans réel sens derrière, le cumul des trois me permettaient d’avancer une supposition.
J’avais face à moi un membre d’El Rebaño, ou issu de leur rituel, ces êtres mystérieux ayant évolués différemment de moi. Je n’avais guère eu d’occasion d’en apprendre beaucoup à leur sujet. Peut-être cela pourrait-il être le cas ?

Nataniel le savait, se présenter seul en ces lieux peut rapidement se révéler dangereux, voire suicidaire pour qui ne connaît pas un tant soit peu la réputation du clan y résidant. Ce n’est secret pour personne qu’ils se prétendent supérieurs aux autres, ils ne s’en cachent pas. Les hollows n’y sont même pas les bienvenus, si ce n’est ceux qui souhaitent passer au stade supérieur de leur évolution. Mais qu’en est-il des nouveaux Arrancars, issus du rituel de la Lune ? Pas tout à fait comme des Arrancars classiques, des similitudes avec les hollows plus classiques, un entre deux bien délicat à assumer par moment. Qu’en pense ces êtres à l’égo bien développé et à l’arrogance parfois trop poussée ? C’était la question qui traversait l’esprit du Fracción tandis qu’il admirait l’architecture des lieux, ne préférant pas trop s'aventurer au sein du palais, au risque que sa présence soit réellement considérée comme une intrusion malvenue.
Et la suite sembla lui donner raison, alors qu’il pouvait entendre quelqu’un approcher. Clairement pas une arrivée qui se devait d’être discrète, de ce genre qui attendent tapis dans l’ombre en guettant le meilleur moment pour tomber sur leur proie. Ici, il eut tout le loisir de contempler toute la beauté de l’Espada qui s’avançait vers lui, aussi sûre d’elle qu’elle se montrait dominante dans sa démarche et sa posture. Si cela avait été dans son caractère, il aurait esquissé un sourire devant cette mise en scène dont il était le témoin direct. Nul doute que cela provoquait son petit effet, Nataniel ayant l’impression d’assister à l’entrée d’une Reine au sein de sa cour, si bien qu’il ne put retenir son corps de faire une révérence, s’inclinant respectueusement devant elle lorsqu’elle fut suffisamment proche.

Les manières en appelaient d’autres, quel que soit son clan d’appartenance ou son rang au sein de l’Acuerdo, sa réaction aurait été la même. Ici, naturellement, il ne s’agissait pas de n’importe qui, le Fausto l’avait reconnu sans mal dès son apparition. Quinta Espada, Aviela Garaitz. Il avait déjà eu l’occasion de la voir à l'œuvre durant le tournoi de l’Espada, dans un combat tout particulier dont les tenants et aboutissants lui avaient semblé plus profonds qu’une simple place au sein de la prestigieuse unité.
De tous les membres de La Camará peuplant le palais de l’Hybris, se présentait à lui probablement la plus ravissante. Bien loin d’être impacté comme pouvaient l’être les humains par des sentiments d’attirances physiques ou de pulsions sexuelles, l’Arrancar aux iris violacées avait conservé son appréciation personnelle et son sens du jugement. Tout comme il était encore capable de s’émerveiller devant la beauté d’un bâtiment, il pouvait apprécier la beauté de la Quinta, ou de toute autre personne. Pour autant, comme mentionné auparavant, cela s’arrêtait là. Un jugement personnel et rien d’autre, le reste était laissé aux humains qui pouvaient encore se préoccuper de choses aussi futiles que l’accouplement ou les sentiments. Au Hueco Moundo, rien de tout cela n’avait sa place.

— Pardonnez ma présence quelque peu intrusive, je n’étais en effet pas annoncé. Je suis le Fracción Nataniel Fausto, membre d’el Rebaño. Enchanté de faire votre connaissance, Quinta Espada. Il inclina légèrement la tête, ponctuant cette présentation nécessaire par un nouveau signe de respect envers ses hôtes. Il ne venait pas ici en terrain conquis, ni même pour y faire étalage d’une quelconque arrogance, si cela avait le besoin d’être précisé, c’était désormais chose faite. Bien que le seul fait de mentionner son clan avait dû suffire à le préciser, leur réputation parlant pour eux. Réputation à laquelle il entendait bien faire honneur une fois de plus. — De la curiosité oui, principalement. Je dois avouer que cela fait bien longtemps que j’observe cette merveille depuis le lointain, la contemplant de loin sans jamais pouvoir l’admirer de plus près, de l’intérieur. Aujourd’hui, j’ai pris l'initiative de me rapprocher. Avait-il le droit de visiter ainsi le palais ? Question qui se devait d’être posée. — Serait-ce une initiative malheureuse ? J’aimerais pouvoir poursuivre ma visite, mais je comprendrais si vous me demandiez de rebrousser chemin. Il lui semblait inutile de préciser qu’il ne venait pas pour causer du tort, il n’était pas assez stupide pour prendre d’assaut seul ce genre d’endroit, il n’avait de toute évidence aucune envie, cela ne lui ressemblait pas. Il espérait toutefois qu’elle ne lui demanderait pas de quitter les lieux, lui qui cherchait justement de l'interaction avec ses semblables, ceux qu’il n’avait pas l’habitude de côtoyer, une belle opportunité semblait se présenter.