Amakado Akikaze - Capitaine de la treizième division.

Nom du shikai : 霧に潜む怪獣 : Kiri ni Hisomu kaijū : Bête mystèrieuse tapie dans la brume. Sous forme Shikai, le Zanpakutō ainsi que son manieur ont la capacité de convertir leurs énergies spirituelles en une sorte de matière brumeuse irradiante, que le Shinigami peut contrôler à sa guise et qui s'attaque directement aux cellules, les contaminant et les détruisant progressivement.

Akikaze, surnommé Aki, ressemble à s'y méprendre à un jeune garçon entrant à peine dans l'adolescence. Il dépasse presque le mètre quarante pour un poids avoisinnant de peu les trente kilogrammes. Le petit noble a donc pris l'habitude d'être traité comme un adolescent, même si dans le monde des vivants il aurait déjà atteint l'âge adulte. Sa chevelure est rousse, parsemée de reflets écarlates, et demeure toujours en bataille, comme s'il ne prenait plus la peine de se coiffer. Ses yeux teintés de vert clair laissent entrevoir une certaine intelligence, mais surtout une forme de noblesse. Sa peau est particulièrement pâle, comme si elle n'avait jamais été exposée aux rayons de l'astre solaire.

Depuis son enfance, il a été élevé dans un environnement assez strict et encadré. Son éducation a été soigneusement planifiée par ses parents afin de le mener sur une voie toute tracée, mêlant bureaucratie et aristocratie. On espérait ainsi le voir un jour rejoindre la Chambre des 46. Comme pour beaucoup de nobles du Seireitei, on lui a inculqué le respect des traditions et de l'histoire de la Soul Society. De par son statut, on a toujours attendu de lui qu'il fasse preuve de raffinement, ce qui était le cas par le passé.

Malheureusement pour ses parents, son comportement a progressivement été influencé par ses lectures ainsi que par les différentes personnes qu'il a pu croiser au cours de sa scolarité et durant ses années de services à la quatrième division. Il s'est forgé sa propre personnalité, délaissant les formules protocolaires et l'étiquette de la noblesse du Seireitei. Il se montre plus familier avec ses interlocuteurs et adopte des attitudes qui pourraient sembler vulgaires ou inappropriées par des gens ayant reçu une éducation similaire à la sienne.

Pire encore, il est loin d'être réfractaire au changement. Pour lui, il faut savoir abandonner les vieilles traditions pour s'adapter à la modernité. Il estime que la Soul Society est restée figée dans le temps pendant bien trop longtemps là où l'humanité n'a eu de cesse d'évoluer. Pour lui, la stagnation est une preuve flagrante de faiblesse, et c'est sûrement pour cette raison que les Shinigami ont failli être exterminés par le Wandenreich et qu'ils ont dû sacrifier leurs plus puissants soldats lors du conflit contre les Datenshi. Il s'est juré de ne pas répéter les erreurs des générations précédentes, même si pour cela il devait entrer en désaccord avec son propre clan.

Sa mentalité garde elle aussi certains aspects enfantins. Il est notamment connu au sein du Seireitei pour sa passion peu commune pour les diverses bandes dessinées issues des différents coins du monde réel. Depuis la tragique disparition de Yadōmaru Lisa, il possède probablement la plus grande collection de mangas de toute la Soul Society. Contrairement à l'ancienne capitaine de la huitième division, ses penchants se tournent plus vers les Shonen. Cela se ressent d'ailleurs dans son comportement, comme s'il était lui-même un personnage de manga. Il espère ainsi faire de sa vie une succession d'aventures toutes plus rocambolesques les unes que les autres et s'imagine volontiers en tant que héros.

De manière générale, Akikaze utilise l'humour comme mécanisme de défense pour faire face à des situations difficiles. On peut dire qu'il est assez sarcastique et qu'il apprécie l'ironie. Il renvoie l'image d'une personne désinvolte, qui semble assez décontractée y compris pendant les crises. Il paraît parfois un peu trop sûr de lui et manque certainement de maturité dans certains domaines. Le jeune homme est quelqu'un d'instinctif et surtout de particulièrement rusé.

De nature sociable, il s'est lié à de nombreux dieux de la mort issus de milieux différents au cours de sa vie.Malgré son statut, il semble se moquer des origines des autres et ne porte aucun intérêt au lignage. Il apprécie les gens pour ce qu'ils sont et non pas pour ce qu'ils peuvent lui apporter.

À cause de l'environnement familial au sein duquel il a été captif pendant plusieurs années, Akikaze a une méfiance naturelle envers l'autorité et peut être enclin à défier les ordres ou les règles qu'il juge injustes. La pression que ses parents ont exercée sur lui a fait du jeune homme un être épris de liberté, qui fait tout pour obtenir une certaine indépendance. Il aime se faire son propre avis sur tout plutôt que de croire bêtement ce que l'on peut lui dire. Le petit noble exècre l'injustice par-dessus tout et semble clairement être le genre de personne qui vole au secours des autres au détriment de sa propre sécurité.

À ses yeux, le Seireitei est un terrain de jeu dont il a parcouru le moindre recoin et où il lui est impossible de se perdre. Il connaît même un grand nombre de raccourcis, passant par les canaux des égouts qui s'étendent sous les quartiers militaires et les zones résidentielles, qu'il s'est fait un devoir d'explorer après son entrée au sein du Gotei.

Les pleurs d'un nouveau-né se répandaient à travers le domaine Amakado, marquant les premiers moments d'une naissance. Le jeune adolescent ne semblait pourtant pas se réjouir de l'irruption de celui qu'il considérait dès lors comme un intrus. Ses parents ne lui accordaient déjà que très peu d'attention, et l'arrivée d'un enfant, plus jeune, plus mignon et dont l'esprit serait encore malléable, lui vaudrait sûrement de passer au second rang. Des mouvements firent craquer le plancher de bois, et quelqu'un frappa à la porte. D'un pas lent, l'adolescent à la chevelure blanche l'ouvrit pour constater la présence de Sakura, la domestique qui s'occupait de lui depuis sa plus tendre enfance. Il ne put s'empêcher de sourire, elle qui était la douceur incarnée. Elle s'inclina humblement devant lui avant de prendre la parole.

« Jeune maître, désirez-vous rencontrer votre petit frère ? »

Ranji ne put s'empêcher de grimacer. Il fallait donc vraiment qu'il voie cette chose ? Il aurait préféré mettre le plus d'espace possible entre eux dès maintenant.

« Je n'y tiens pas particulièrement, merci. »

La servante semblait s'y attendre et se contenta de sourire. Elle effleura avec douceur la joue de l'adolescent. Parmi tout le personnel du domaine, elle était celle qui connaissait le mieux Ranji et celle qui agissait le plus familièrement avec lui, parce que d'une certaine manière elle l'avait élevé. Pour lui, elle représentait une figure maternelle bien plus chaleureuse que sa propre mère.

« Jeune maître, vous devriez faire un effort. Vous savez bien que cet enfant n'est pas venu au monde pour prendre votre place. »

L'adolescent aux cheveux blancs afficha une moue boudeuse, gardant le silence quelques secondes, comme s'il réfléchissait. Il savait qu'elle ne le forcerait jamais à faire quoi que ce soit, mais il restait conscient qu'elle serait déçue s'il refusait de l'écouter. Il fit donc mine de s'y intéresser, sans pour autant manifester une quelconque envie de voir son cadet.

« Comment ont-ils choisi de l'appeler ? »

Sakura hocha la tête en signe d'approbation, qu'il fasse preuve de curiosité était déjà un pas en avant.

« Vos parents l'ont prénommé Akikaze. »

« Akikaze... Je pourrais le surnommer Aki, c'est assez joli, tu ne trouves pas ? Finalement, j'ai changé d'avis. Allons-y ! »

« Bien, jeune maître, suivez-moi. »

Ils arrivèrent finalement dans la chambre qui servirait de refuge à ce petit être. Un berceau y était installé ainsi qu'un lit, probablement destiné à la domestique qui aurait la charge du nouveau-né. Il avait été soigneusement lavé, puis emmitouflé dans des langes avant d'être couché. L'adolescent se pencha brièvement au-dessus du petit être. Il n'était finalement pas si mignon que ça.

« Père et mère ne viennent pas ? »

« Votre père a des obligations et n'a pu être présent. Votre mère, quant à elle, reçoit les soins dont elle a besoin. Elle devra ensuite se reposer dans la chambre pour quelques jours et n'a pas manifesté le désir de garder votre frère à ses côtés. »

Ranji eut l'air surpris et presque déçu. Il avait supposé, à tort, que ses parents accorderaient plus d'attention à son cadet qu'à lui. Pourtant, son père n'avait même pas daigné être présent pour la venue au monde de son second fils. Malgré son jeune âge, le noble savait depuis bien longtemps que la fibre parentale n'habitait pas ses géniteurs. Son éducation avait été assurée par des professeurs particuliers et des domestiques avec lesquels il avait passé bien plus de temps qu'avec sa propre famille. Ses précepteurs lui avaient appris qu'être le descendant d'un mariage arrangé entre deux clans nobles offrait de nombreux privilèges, tels que la fortune et l'influence, mais elles présentaient aussi certains désagréments qu'il fallait accepter.

« Qui va s'occuper de lui ? »

Sakura lui répondit aussitôt, avec toute la douceur et la bienveillance qui la caractérisaient.

« Je suis ici pour ça. J'espère toutefois que vous m'assisterez efficacement dans cette tâche. Ce petit a besoin d'un grand frère pour l'aimer et le protéger, vous ne croyez pas ? »

Ranji se pencha une nouvelle fois au-dessus du berceau puis hocha la tête en guise d'approbation. Même si ses parents étaient trop occupés pour prendre soin de lui, Aki aurait un frère sur lequel il pourrait toujours compter.
Les années passèrent sans que Ranji rompe la promesse qu'il s'était faite à lui-même. Akikaze avait grandi sous l'égide bienveillante et fraternelle de son aîné. La destinée ne les appellerait pas à régner sur le clan, mais leur éducation avait été soigneusement préparée bien avant leur naissance. Comme leurs ancêtres avant eux, ils reçurent leurs enseignements par le biais de précepteurs érudits et minutieusement sélectionnés. La fortune familiale, alliée à l'influence des Amakado, pourvoyait à leurs besoins et leur offrait une pléiade de serviteurs prêts à satisfaire le moindre de leur caprice. Malgré leurs venues au monde dans un environnement privilégié, les héritiers apprirent au cours de leurs leçons à quel point ils étaient chanceux. Leur haute naissance les mettait à l'abri de la violence et de la lutte constante pour la survie. Contrairement aux habitants du Rukongai, ils n'avaient pas besoin de se battre pour subsister, ni même pour manger. On leur inculqua rapidement les valeurs de la noblesse au sein du Seireitei et les responsabilités qui incombaient à ce statut. On les prédestinait tous deux à une existence régentée par l'étiquette et le protocole. Akikaze était encore un peu jeune pour comprendre tous ces principes de vie, mais son aîné s'efforçait au mieux de lui expliquer pour qu'il les assimile et qu'ils fassent tous deux la fierté de leurs parents. Même si le cadet ne savait pas lire, les deux jeunes garçons passaient de nombreuses heures au sein de la bibliothèque familiale.

« Grand-frère, grand-frère, regarde celui-là ! »

Le garnement pointait du doigt l'une des pages de l'encyclopédie illustrée qu'il feuilletait. À son âge, il ne savait pas encore lire, mais il s'intéressait énormément aux ouvrages avec leurs pages jaunies et leurs couvertures poussiéreuses que l'on pouvait retrouver dans les archives de la famille. Le livre qu'il consultait à ce moment détaillait avec de nombreuses anecdotes l'histoire des premiers Shinigami qui devinrent capitaines, ceux que l'on appelle encore aujourd'hui les treize sanguinaires. On y trouvait aussi des portraits qui illustraient l'apparence de ces célèbres personnages.

« Tu ne trouves pas qu'il a l'air sévère avec sa grosse moustache et son Chonmage ? »

Ranji ne put s'empêcher d'éclater de rire avant de reprendre son sérieux et de faire la leçon à son cadet.

« Tu parles du capitaine commandant des treize armées de la cour, fais attention à ce que tu dis. Tes paroles pourraient être interprétées comme un manque de respect envers l'homme qui a fondé l'Académie des Shinigami. Il a pour réputation d'être droit et intraitable. Il est un héros pour toute la Soul Society. Son nom est Yamamoto Genryūsai Shigekuni, retiens-le bien, c'est une figure importante de notre histoire. »

Tandis que son aîné lui présentait le personnage en détail, le garçonnet ne pouvait s'empêcher de sourire. Comme souvent, il n'avait pas écouté la moitié de ce que Ranji avait expliqué. Il semblait satisfait de ce qu'il avait pu deviner sans pouvoir déchiffrer les symboles qui parcouraient le papier.

« Tu vois, je te l'avais dit, pas besoin de savoir lire. Il suffit d'observer les images ! »

Le plus vieux des deux garçons souffla puis se leva d'un bond pour faire face à son cadet. Il avait entendu cette phrase à plusieurs reprises et avait toujours essayé de faire preuve de diplomatie. Depuis plusieurs mois, leurs parents avaient décidé qu'il était temps pour le plus jeune d'apprendre à lire. Celui-ci s'obstinait à dire qu'il n'en avait pas besoin et qu'il s'en sortait déjà assez bien comme ça.

« Aki, tu sais bien que père et mère souhaitent que nous connaissions toutes les lois qui régissent la Soul Society. Si tu es incapable de déchiffrer le moindre texte, alors tu ne pourras pas satisfaire leurs exigences. »

Ranji s'exprimait sur un ton bien plus sérieux et moins patient que pour les fois précédentes. Il allait devoir sévir. Le jeune garçon se manifesta à voix basse, pour que son frère ne l'entende pas.

« Moi, je m'en fiche. »

L'adolescent fronça les sourcils puis haussa le ton.

« Qu'est-ce que tu as dit ? »

Aki se leva d'un bond à son tour, pour faire face à son aîné. Son regard se perdit dans celui de son frère. Il tapa du pied.

« J'ai dit, je m'en fiche ! »

Si innocent et pourtant déjà si enclin à se rebeller. Ranji ne pouvait s'empêcher de s'imaginer que les années à venir allaient être difficiles à vivre pour Aki. Il pourrait toujours le soutenir évidemment, mais pour l'heure le jeune homme avait ses propres préoccupations. On frappa à la porte de la bibliothèque, puis une voix se manifesta sans attendre la moindre réponse.

« Maître Ranji, vos parents souhaitent s'entretenir avec vous au sujet de votre requête. »

Il quitta la pièce en laissant son petit frère seul avec les images qu'il aimait tant observer.
Après de longs mois à tenter de convaincre ses géniteurs, l'aîné était parvenu à obtenir l'autorisation d'étudier au sein de la prestigieuse Académie Shin'ō. Lorsqu'il revenait au Domaine, Akikaze n'avait de cesse de l'interroger sur les enseignements qu'il recevait. Ranji partageait alors le savoir qu'on lui avait transmis concernant le monde des vivants et les étranges mœurs des humains. Akikaze était aussi fier de pouvoir montrer à son aîné ses progrès en lecture, même s'il n'appréciait pas particulièrement les textes qu'on le forçait à étudier. La pression familiale avait eu raison de son obstination du petit garçon. Il se promit ainsi de trouver des oeuvres plus captivantes pour son cadet.

La nouvelle était tombée comme un couperet, des étrangers envahissaient le Seireitei. Les cours avaient été suspendus. Ranji profita de l'occasion pour faire son retour au domaine Amakado, les bras remplis de présents destinés à son cadet. Il avait pu découvrir un peu plus en détail la culture populaire des humains et avait réussi à mettre la main sur de précieux livres pleins d'images qu'ils nommaient "mangas". Il s'était ainsi caché dans la chambre d'Aki, dispersant les ouvrages sur le sol et s'installant confortablement dans un fauteuil. Il avait attendu durant de longues heures que son cadet se manifeste lorsqu'il perçut enfin les pas enjoués de son jeune frère. Akikaze était le seul à courir au sein de la demeure familiale, pour le plus grand déplaisir de ses parents. Le petit rouquin franchit le seuil en s'exprimant jovialement.

« Je suis rentré ! »

Malgré une journée d'étude harassante, il ne manquait pas d'entrain. Quelle ne fut pas la surprise du jeune noble lorsqu'il vit Ranji ! Il se précipita vers lui en criant.

« Grand frère ! Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Il bondit sur son l'aspirant Shinigami sans attendre de réponse. Le petit garçon se sentait terriblement seul en l'absence de son aîné. Ranji tairait l'horrible nouvelle qui ébranlait le Seireitei, l'assaut des âmes errantes déterminées à sauver Kuchiki Rukia de l'échafaud. Tous l'ignoraient encore, mais ces événements troublants et ses antagonistes bouleverseraient à jamais l'institution séculaire que représente le Gotei 13. Pour l'heure, l'innocence du jeune garçon devait perdurer et les actes de Kurosaki Ichigo et de ses alliés ne viendraient pas perturber son existence.

« C'est une longue histoire, mais regarde plutôt ce que je t'ai ramené. »

D'un geste de la main, il désigna les bandes dessinées qui jonchaient le sol. Sans le savoir, Ranji venait d'éveiller en son frère une passion qui ne le quitterait plus. Ces récits illustrés attisèrent instantanément la fascination d'Akikaze.
Les Shinigamis découvrirent alors l'horreur qui se tramait dans les coulisses de l'exécution de Kuchiki Rukia. L'extermination des membres de la Chambre des 46, la trahison de trois hauts gradés. Les événements récents avaient été prémédités et ils avaient tous la même origine, celui que l'on connaissait alors comme le capitaine de la cinquième division, Sosuke Aizen. Le traître complotait depuis plus d'un siècle déjà, et ce dans le but de pouvoir s'asseoir sur le trône céleste et prendre la place du roi des âmes. Dès lors que le Gotei comprit ses ambitions, l'affrontement devenait inévitable. Les treize armées de la cour s'opposeraient alors aux Arrancars du traître. Ce fut pourtant Kurosaki Ichigo, l'ennemi d'hier, qui parvint à mettre un terme à la menace de l'ambitieux renégat et de ses alliés. L'adversaire avait été condamné à passer 20 000 ans dans la Grande Prison Souterraine Centrale.

Le calme revint, mais la Soul Society serait à jamais marquée par les actes de trahison et les ambitions de cet ancien haut gradé. La vie devait néanmoins poursuivre son cours. Au fil du temps, Ranji démontra un talent naturel pour le Kidō. Il fut donc assigné au mystérieux corps des Nécromanciens. Ces soldats versés dans les arts ésotériques permettaient aussi aux autres membres de l'armée de se déplacer entre la Soul Society et le monde des vivants. Son affectation le faisait fréquemment entrer en contact avec les Shinigami de différentes divisions et de la treizième en particulier. Grâce à ses contacts, il importait de nombreux mangas, qu'il offrait à son frère lors de ses permissions. Deux années s'étaient écoulées depuis la trahison d'Aizen et de ses complices et l'année 2003 sonnerait le glas de l'innocence du jeune Akikaze.

Le Seireitei était attaqué pour la seconde fois en quelques jours. D'après la rumeur, le premier assaut des Quincy avait fait de nombreuses victimes, dont le vice-capitaine de la première division. C’était en tout cas ce que disaient ses parents. Dans le monde des humains, cette façon de mener le combat de la part des Quincy aurait sûrement été appelée Blitzkrieg. Il avait entendu sa mère raconter leur premier assaut devait simplement servir d’avertissement, mais cette fois-ci la guerre s’engageait véritablement. Le jeune garçon était seul dans sa chambre, réfugié sous son lit à trembler. Il s’inquiétait pour lui, mais surtout pour son aîné qui devait être au front à cet instant. Il ne pouvait retenir ses larmes. Il avait alors ressenti cette force écrasante et plus effrayante que tout ce qu’il avait pu ressentir jusqu’à présent. Progressivement, la chaleur et la sécheresse se répandirent à travers tout le Seireitei.

Ses larmes s’évaporèrent peu à peu sans qu’il ne puisse véritablement en comprendre la raison. L’astre solaire lui-même semblait se trouver dans les quartiers militaires. Pour lui, cette terrible puissance émanait d’un monstre qui pouvait assécher le monde selon son bon vouloir. Sa propre énergie spirituelle commença à déborder et à l’envelopper, comme pour le protéger. Le Reiatsu étouffant de Yamamoto Genryūsai Shigekuni resterait à jamais gravé dans la mémoire du jeune noble, même si après cette seule manifestation, plus jamais il n’aurait l’occasion de le percevoir. Il l’ignorait encore, mais la flamme du premier capitaine commandant du Gotei 13 venait d’être éteinte par le roi des Quincy. Malgré la défaite du chef de l’armée Shinigami, les Quincy s’évaporèrent à nouveau. Le répit qu’ils laissèrent à leurs ennemis fut toutefois de courte durée.

Tout ce que le jeune noble avait connu jusque-là vola en éclats lorsque le royaume des Quincy effaça de la carte la demeure où il avait grandi, érigeant à sa place des structures inconnues et dérangeantes. Les bâtisses qui s'étendaient désormais sur le domaine familial et à perte de vue lui étaient étrangères. Il était perdu, isolé, incapable de trouver ses parents. La peur et l’instinct prirent le dessus, et l’énergie spirituelle du garnement explosa littéralement tandis qu’il arpentait des rues qu’il ne reconnaissait pas. Ce fut sûrement grâce à cela que Ranji parvint à le retrouver, alors qu’il marchait, l’air hagard, sur les décombres au beau milieu de cadavres d’alliés et d’ennemis. L’aîné avait dû porter son cadet qui semblait à peine conscient. Ils subirent quelques assauts de la part d’archers vêtus de blanc, mais ils trouvèrent refuge dans les égouts. Il s’était alors adressé à Aki.

« Tu ne bouges pas d’ici, je vais aider les autres. D’accord ? »

Akikaze ne réagit pas. Il se tenait immobile, les yeux perdus dans le vide.Le sens du devoir de l’aîné le poussa à quitter son abri de fortune et à abandonner Akikaze. Il adressa un dernier regard à son frère, conscient qu’il le voyait peut-être pour la dernière fois.

« En tant que Shinigami, j’ai pour mission de me battre et de protéger la Soul Society, quand bien même il n’en resterait que des ruines. »

Contrairement à beaucoup d’autres, les parents du jeune garçon eurent la chance de ne pas croiser la route des Quincy. Akikaze était resté prostré là durant de nombreuses heures, peut-être même des jours entiers. Il avait perdu la notion du temps. Son monde se trouvait au bord du gouffre et il ne pouvait rien y faire. Pour la première fois de sa vie, il avait été confronté à la mort et à sa propre faiblesse.
Ce conflit aux origines millénaires prit fin avec le trépas du chef ennemi, un exploit possible uniquement grâce à l’aide du Shinigami Suppléant. L'univers avait été sauvé de justesse de l'extinction. Akikaze fut pris en charge par des survivants de la quatrième division. Il eut ainsi l'occasion de voir de ses propres yeux les victimes et les ravages de la guerre. Son frère avait lui-même été retrouvé dans un état proche de la mort. Il survivrait à ses blessures, mais plus jamais il ne marcherait et plus jamais il ne pourrait faire appel à son Reiatsu aussi efficacement que par le passé. Selon les médecins, sa survie tenait du miracle. Tous ces évènements affectèrent Aki au point que sa propre énergie spirituelle commença à se développer de manière totalement anarchique et incontrôlable au cours des mois qui suivirent. D'étranges cauchemars, dans lesquels il se perdait dans le brouillard en essayant de suivre une voix lointaine aux paroles indiscernables, le hantaient. Peu de temps après la reconstruction du domaine, certaines personnes commencèrent à se plaindre de la pression spirituelle oppressante qu'exerçait involontairement le jeune garçon là où il passait. Sa présence devenait incommodante pour la majeure partie des serviteurs qui le croisaient ainsi que pour sa propre famille, à l'exception de Ranji, qui ne fit jamais mention du Reiatsu débordant de son cadet. Malgré son âge, un accord fut conclu avec le capitaine-commandant afin que le plus jeune des fils Amakado puisse à son tour recevoir certains enseignements au sein de l'Académie des Arts Spirituels. Ses parents imposèrent toutefois qu’il n’ait pas accès aux matières les plus martiales.

Cela faisait presque une année que le jeune noble fréquentait les bancs de l’Académie. Il aimait y étudier et particulièrement la culture du monde des vivants, qui semblait le passionner. Certains élèves voyaient toutefois d’un mauvais œil la présence de ce « gamin » ou « privilégié » comme ils l’appelaient. Aki ne disait pourtant jamais rien, préférant ne pas attirer davantage l’attention des autres sur lui. Il pouvait aussi comprendre ses camarades, de leur point de vue il assistait aux cours qu’il voulait sans savoir qu’il n’avait pas le choix. Lui, il les enviait tout autant de recevoir ces enseignements sans contrainte. Il aurait aimé apprendre à se battre, comme eux le faisaient. Il avait malgré tout rencontré quelques aspirants dieux de la mort avec qui il appréciait discuter, et il se sentait à sa place là-bas.
C’était la raison qui l’avait poussé à demander une audience auprès de ses parents. Il arpentait le long couloir qui menait au bureau de son père, puis ouvrit la porte sans frapper ni s’annoncer. Même s’ils étaient habitués, ses géniteurs désapprouvaient ce manque de politesse. Ils se contentèrent pourtant de lever les yeux vers le plafond.

« Père, mère, je souhaite poursuivre mes études et pouvoir étendre mon cursus. »

« Justement, nous souhaitions évoquer ce sujet avec toi. »

L’adolescent à la chevelure écarlate ne put réprimer un sourire. Ils y avaient réfléchi, cela signifiait sûrement qu’ils partageaient son avis.

« Nous en avons longuement discuté. Il est préférable que tu reviennes étudier ici, avec les professeurs que nous avons choisis. »

Les yeux d’Akikaze s’ouvrirent en grand tandis que son menton tombait si bas qu’on aurait pu penser qu’il finirait par percuter le plancher.

« Mais… que… quoi ?! »

Il n’obtint aucune justification. L’adolescent n’avait qu’à l’encaisser, c’était tout ce que l’on pouvait attendre de lui. Ils espéraient au moins qu’il ne ferait pas un scandale. Ses manières étaient désastreuses bien avant son entrée à l’Académie, mais depuis qu’il y avait été envoyé la situation empirait. Pour eux, il était depuis bien trop longtemps exposé à la basse classe. Il fallait retirer cette influence négative et le remettre dans le droit chemin. Akikaze ne fit aucun scandale et se contenta de répondre, sur un ton laconique.

« Bien, nous ferons comme vous dites. »

S’ils pensaient avoir vaincu l’esprit combatif du garnement, ils se trompaient lourdement. À l’instant même où il avait compris qu’il était impossible de les faire changer d’avis, son cerveau avait commencé à échafauder un plan.
Durant plusieurs années, Akikaze ne quitta plus le domaine familial. On ne le destinait pas à un avenir militaire et préférait le voir devenir un bureaucrate. On lui fit étudier les lois qui régissent la Soul Society, dans l'espoir qu'un jour il rejoigne les prestigieux 46 Bureaux de Chuō. Il eut peu à peu l'occasion de constater que son frère n'était plus que l'ombre de lui-même. L'homme autrefois jovial se muermurait souvent dans le silence, le regard perdu dans le vague. Parfois, il hurlait dans son sommeil et ne quittait pas sa chambre durant des jours entiers, refusant de voir sa propre famille. Il faisait exception pour son jeune frère, avec qui il aimait toujours autant passer du temps. Malgré la fin de sa carrière militaire, de nombreux Shinigami rendaient visite à leur ami retraité. Ils étaient leurs seuls contacts avec le Seireitei et le monde extérieur, permettant à Aki d'étoffer sa collection de mangas. Ranji, quant à lui, semblait moins morne en présence de ses anciens camarades. Il riait de bon cœur et plaisantait comme il le faisait autrefois. Il acceptait même de sortir dans les jardins dans sa chaise roulante.

Petit à petit, le nécromancien à la retraite réapprit à vivre malgré son handicap. Ses parents lui trouvèrent une épouse issue d'une noble lignée qui vint s'installer avec eux au sein du domaine. La vie poursuivit ainsi son cours, et si Ranji se montrait plus occupé depuis son mariage, Aki s'entendait à merveille avec sa belle-sœur. L'adolescent demeurait toutefois sous l'emprise de ses parents, qui traçaient son avenir pour lui. Ce n'est qu'en 2014, lorsque son père tenta de lui imposer une carrière d'archiviste, qu'Aki mit son plan à exécution. Il passa les examens d'entrée à l'Académie, sous un pseudonyme, et put finalement y entreprendre un cursus traditionnel en secret. L'aspirant Shinigami développa son Shikai très peu de temps après l'obtention de son Asauchi. Ses parents l'apprirent toutefois bien trop tard pour s'y opposer. Il s'était engagé à suivre une scolarité complète et devait à présent honorer sa promesse. Par chance, il ne se trouvait pas à l'Académie le jour fatidique de l'attaque de Satsubatsu Hatsu, il ne faisait pas partie des étudiants en dernière année qui passaient l'examen. Ses parents l'enjoignirent à suspendre ses études le temps que la crise soit résolue et que les traîtres soient éliminés. Malgré la victoire du Gotei 13, personne ne célébra véritablement l'événement. La défaite du sanguinaire et de ses acolytes avait exigé trop de sacrifices.

Aki regagna les bancs d'une Académie en pleine évolution, et ses talents au combat lui permirent de se retrouver dans une classe d'étudiants précoces.

Il avait espéré s'y rendre pendant de nombreuses années. Son rêve était sur le point de s'accomplir. Il ne restait plus qu'à passer à travers le Senkaimon pour rejoindre Tokyo. Après les actes du dernier survivant parmi les sanguinaires, il fallait sécuriser le Jūreichi et l'afflux massif d'âmes qui s'y retrouvaient. On avait alors fait appel à quelques étudiants pour accompagner les soldats de la treizième division en patrouille. Aki était affecté à la septième unité et brûlait d'envie de faire ses preuves. Son sourire trahissait son enthousiasme débordant tandis que ses pieds foulaient le bitume pour la première fois. Il se hâta de rejoindre son superviseur en sautillant.

« Amakado Akikaze, prêt pour la mission monsieur. »

Il se fit sérieux, attitude peu commune pour lui, qui semblait d'ordinaire plus turbulent. Cette fois-ci, le jeune noble voulait briller et faire ses preuves, c'était une évidence pour quiconque le voyait. Le soldat toisa brièvement les quatre élèves qui l'accompagnaient.

« Bien ! On dirait que tout le monde est là. La mission est simple, purification des âmes et élimination des Hollow. J'espère que vous connaissez tous les bases de la cérémonie du Konsō. »

Le petit groupe évoluait tranquillement à travers les rues de la capitale nippone lorsque leur superviseur s'arrêta un bref instant en montrant une petite fille qui pleurait à proximité d'un passage piéton.

« Toi là, t'as l'air d'avoir plus ou moins le même âge. Il te sera plus facile de la convaincre. Pense à ce qu'on t'a appris pendant tes études et surtout, adapte-toi à ton interlocuteur. »

Aki se tint droit comme un I alors que le Shinigami lui transmettait ses consignes. Une fois qu'il eut terminé, le jeune noble s'avança en direction du fantôme d'un pas assuré. Il souriait puis se posta juste devant elle en agitant la main droite.

« Salut ! Moi c'est Aki. Pourquoi tu pleures ? »

Son attitude familière se voulait rassurante et son aspect enfantin lui permit de s'attirer immédiatement la confiance de la petite. Elle afficha une mine surprise en constatant que quelqu'un s'intéressait enfin à elle.

« Les gens ne me parlent pas, ils ne me regardent même pas ? Je ne suis pas cachée pourtant. Pourquoi ? »

Elle sanglotait de nouveau. Le jeune noble comprit aussitôt qu'elle ignorait tout de son propre décès. Il décida qu'il valait mieux lui épargner l'annonce de son trépas.

« Mais si, tu es cachée. Les gens normaux ne peuvent pas te voir, mais moi... »

L'adolescent pointait son visage avec son pouce.

« Je suis spécial ! Ferme les yeux, je vais faire un tour de magie et tout le monde pourra te voir. Fais-moi confiance. »

Il omettait certains détails, mais il les jugeait inutiles. Elle n'aurait sûrement aucun souvenir de leur rencontre. Sa main droite se posa sur son sabre, puis frappa le front de la jeune fille avec son Zanpakutō. Une fois son âme purifiée, elle s'évapora pour la Soul Society. Il repartit, fier de lui, en direction du groupe qui l'observait attentivement. Le reste de la patrouille se déroula sans encombre. Il avait entendu dire que certaines unités avaient fait la rencontre de Hollow et avaient dû les affronter. Il regagnerait la Soul Society avec ce beau souvenir, se promettant qu'un jour il rejoindrait lui aussi la treizième division.
À la fin de son cursus, ses parents usèrent de leur influence pour qu'il effectue son service au sein de la quatrième division, sous les ordres du capitaine fraîchement nommé, Shunshō Hirō. Désireux de rejoindre la treizième division, Akikaze fut surpris par son affectation, mais s'en contenta. Il était reconnaissant aux membres du corps médical de l’avoir retrouvé et d’avoir pris soin de lui. Il fit de gros efforts pour s'intégrer, apprenant même un peu à utiliser le Kaido malgré son manque d'intérêt pour le Kidō. Puisqu'il ne se montrait pas particulièrement doué dans ce domaine, on lui confia les tâches ingrates comme le nettoyage ou la préparation des repas. Pour de nombreux nobles, ce travail aurait pu être jugé trop avilissant ou dégradant, l'aspirant Shinigami s'en accommoda rapidement. Cela lui permettait de s'affranchir de l'autorité parentale, du moins le croyait-il naïvement.

L’alternance du jeune noble au sein de la quatrième division touchait à sa fin. Il avait décidé de rentrer au domaine afin de pouvoir discuter avec son aîné. Comme d’habitude, sa présence dans la bâtisse rompait le calme qui y régnait habituellement. Il avait voulu saluer ses parents, mais ceux-ci demeuraient introuvables. Ils avaient sûrement été invités par d’autres nobles pour une quelconque cérémonie. Il avait alors gagné le grand salon où son frère l’attendait déjà.

« Yo Ranji, quoi d’neuf ? »

Malgré tout le sérieux dont il tentait de faire preuve, l’aîné ne put s’empêcher de sourire. Ses manières et sa façon de parler n’allaient pas en s’améliorant.

« Bonjour Aki. Père et mère m’ont dit que ta période d’alternance allait bientôt s’achever. Tu vas pouvoir devenir un soldat à part entière. »

Malgré l’annonce de cette bonne nouvelle, Ranji ne se réjouissait pas autant qu’il aurait dû.

« Je sais que tu rêves de rejoindre la treizième division, mais tu devrais abandonner. Ils vont tout faire pour te… »

L’aîné fut aussitôt interrompu par son cadet.

« Ouais j'imagine bien. J’ai compris leur objectif depuis un moment. Ils veulent me dégoûter pour que je rentre la queue entre les jambes et que je me retrouve à leur merci. »

Il avait mis du temps à voir ce qui se tramait dans son dos, mais il s’en était finalement rendu compte. Ranji décida toutefois de nuancer un peu les propos de son frère.

« Ils veulent te protéger Aki ! Ils savent à quel point c’est dangereux d’être soldat. Tu ne sembles pas en avoir conscience. »

Le prenaient-ils encore pour un gamin ? Ils croyaient vraiment qu’il avait occulté ce qu’était la guerre et la crainte de la mort ? Avaient-ils oublié qu’il avait lui-même été marqué par ces conflits ? Il refusait de vivre à nouveau avec la peur de voir son monde s’écrouler. Il s’était fait le serment de devenir plus fort pour ne plus jamais être effrayé par le combat. N’était-ce pas l’une des raisons qui l’avait poussé à s’engager ? Il aurait pu répondre avec maturité après y avoir longuement réfléchi. Il se contenta pourtant de pouffer et de lancer quelques paroles cinglantes et puériles.

« Pfff… Y’a que les faibles pour penser comme ça. J’ai juste besoin de devenir plus fort et tu verras ! Haha ! J’ai hâte de voir leurs tronches puis la tienne avec, vu que t’as l’air d’être de leur côté maintenant. »

Tandis qu’il s’exprimait, ses pas le portaient vers la sortie. Un jour, il leur prouverait qu’il n’était pas aussi faible qu’ils le pensaient.
Au fil des années qui s'écoulèrent, Aki mena une existence relativement paisible si l'on excepte quelques frictions avec certains soldats, en particulier ceux de la onzième. Le jeune noble n'a jamais toléré que l'on sous-estime les compétences des membres de la quatrième division. S'il fallait en venir aux mains pour réfuter de telles affirmations, il n'hésitait pas à le faire. Par moments, il s'engageait dans certaines missions, s'aventurant dans le Rukongai en compagnie des fantassins envoyés pour purifier les Hollows qui osaient parfois souiller la Soul Society de leur présence. Pourquoi ces créatures devaient-elles se repaître d'âmes ? Ne pouvaient-elles pas s'entredévorer et demeurer à jamais au Hueco Mundo ? On lui avait enseigné que ces êtres étaient creux, vides de tout, et qu'ils cherchaient à emplir ce vide en engloutissant des âmes, sans jamais ressentir la satiété. La faim semblait être un moteur pour les esprits du Rukongai, qui allaient parfois jusqu'à s'engager dans le Gotei 13 pour dormir le ventre plein. Les Hollows, quant à eux, n'avaient pas cette possibilité ; ils étaient condamnés à errer, uniquement animés par l'espoir vain de combler un trou béant. Depuis cette période, Aki avait acquis la conviction que les Shinigami faisaient preuve de bienveillance en purifiant ces âmes perdues, les sauvant ainsi d'une quête dépourvue de sens.

Aki et deux soldats de la cinquième division avaient été déployés au sein du trentième district Nord du Rukongai suite aux rumeurs concernant l’apparition d’un Hollow. Le jeune noble était présent pour porter secours aux potentiels blessés ainsi qu'assister les combattants. Les Shinigami patrouillèrent tout au long de la journée dans le district sans parvenir à repérer l’intrus. Ils se réunirent peu de temps avant le coucher du soleil pour dresser le campement.

« On dirait bien que c'était une fausse alerte, j’espère que t’as pris des vivres avec toi gamin parce qu’on risque de passer la nuit ici. »

Akikaze défit son paquetage et en sortit trois boîtes estampillées du symbole de la quatrième division.

« J’avais prévu le coup, j’ai des rations de survie pour trois. »

Il n’aimait pas particulièrement cuisiner, même s’il y était parfois obligé. Cette fois, il avait opté pour quelque chose de rapide et facile à préparer. Il suffisait de vider le contenu de la boîte dans de l’eau bouillante pour obtenir un bouillon revitalisant spécialement breveté par le corps médical. Il fallait encore améliorer la recette, car le goût se voulait un peu trop amer. Ce serait toutefois suffisant pour les nourrir aujourd’hui.

« Erk ! »

« Ouais t’abuses le mioche ! »

Ses deux compagnons protestèrent, mais ne tardèrent pas à préparer le feu et à y mettre de l’eau à bouillir. Le début de la soirée se déroula sans encombre. Plus tard, un sinistre hurlement perturba le calme de la nuit. La bête était là. Les Shinigami à moitié endormis bondirent tous trois de concert. Les deux combattants commencèrent à se mettre d’accord sur la manière d’entamer le combat. Akikaze quant à lui quitta la tente, sabre au clair. Il avait foncé sur l’adversaire sans attendre la moindre consigne, son instinct avait pris le dessus.

« T’as pas à prendre part à l'affrontement, gamin. Je te rappelle que t’es là pour soigner les petits bobos ! »

Les deux autres n’eurent guère le choix et se joignirent à la mêlée. Seul contre trois Shinigamis, le faible Hollow n'avait aucune chance de s’en sortir. Tandis que sa lame s’enfonçait dans le masque de la créature, Aki leva un pouce en l’air et répondit sûr de lui.

« Hé ! M’assurer que vous n’ayez pas de petits bobos comme tu dis, on peut dire que c’est aussi mon job ! »

L’attitude d’Aki fut mentionnée dans le rapport de mission, ce qui lui valut quelques réprimandes de la part de ses supérieurs. On ne pouvait toutefois pas véritablement le blâmer, même s’il prenait part au combat, il ne représentait pas un danger pour lui-même ou ses coéquipiers. Il n’hésitait jamais à aller au front, même si ça n’était pas ce que l’on attendait d’un médecin, car à ses yeux il restait avant tout un soldat.
En dehors des missions, le jeune noble était fréquemment assigné au nettoyage des quartiers de la treizième division. Incapable de s'aventurer lui-même sur Terre, il écoutait attentivement les récits des soldats sur leurs patrouilles là-bas. Pour eux, il s'agissait simplement de tâches routinières tandis que pour lui ces histoires prenaient la forme d'aventures en territoire inconnu et de découvertes concernant le quotidien de l'humanité. Dans son esprit, ils étaient de courageux explorateurs et de vaillants protecteurs, mais aussi de puissants guerriers qui mettaient leurs existences en péril pour le bien de tous. Akikaze les admirait autant qu'il les enviait. À force de persévérance, le jeune noble réussit même à convaincre quelques Shinigami de lui rapporter ses précieuses bandes dessinées en échange de quelques Kans. Grâce à ces ouvrages, il explorait d'innombrables mondes fictifs, s'évadant ainsi de son quotidien monotone.

Même si l'on n'attendait pas de lui qu'il soit un brillant combattant, il ne négligeait jamais son entraînement. Il passait de nombreuses heures dans la Tōshi no Budōkan de la quatrième division. Cette fois-ci, il y avait médité pendant de longues minutes, après quoi il comptait se défouler un peu. Malheureusement, aujourd'hui il était seul. Ses partenaires habituels avaient leurs propres tâches à accomplir. Il y avait bien cet élève en alternance qui s'était proposé, mais il s'était désisté au dernier moment. Akikaze se retrouvait avec son imagination pour compagne et pour adversaire.

« Qui ce sera cette fois ? »

Il lui arrivait souvent de faire face à des adversaires sortis de son esprit ou bien des ennemis qu'il avait pu voir à travers ses lectures. Parfois même, quand il voulait s'imposer un défi, il s'imaginait faire face au Capitaine-Commandant précédent. Le Shinigami demeurait toutefois incapable de bouger lorsqu'il repensait à la pression spirituelle qu'avait exercée Yamamoto Genryūsai Shigekuni sur le petit garçon qu'il était. À ses yeux, il était un monstre qu'il espérait un jour égaler et surpasser.
Cette fois-ci, il avait décidé que son ennemi serait un puissant Quincy combattant à distance. Celui-ci n'utilisait pas un arc, mais un étrange canon tirant d'énormes boulets constitués d'énergie spirituelle. Même s'il ne courait aucun danger, il agissait comme si c'était bien le cas, se protégeant des attaques invisibles, bondissant ici et là pour finalement frapper dans le vide à l'aide de son sabre.

« Il est particulièrement rapide, on dirait qu'il esquive toutes mes attaques, c'est frustrant, tu ne trouves pas ? »

Même s'il s'adressait à son Zanpakutō, il n'obtint aucune réponse directe. L'esprit de son sabre semblait moins amusé par ce genre d'exercice. Après plusieurs heures à avoir fauché et frappé un ennemi imaginaire, le noble trempé de sueur quitta les lieux. Il y reviendrait le lendemain et les jours qui suivraient, éprouvant son corps et sa détermination, convaincu qu'un jour il serait assez puissant pour s'affranchir. Bientôt, il atteindrait le stade du Bankai.
La vie semblait suivre son cours, Ranji et son épouse vivaient maintenant dans leur propre maison au sein du domaine. Ils s'apprêtaient même à accueillir un heureux événement avec la naissance d'un enfant. L'aîné prétendait toutefois que leurs parents changeaient, qu'en privé ils se montraient de plus en plus hostiles envers les progrès apportés par le nouveau capitaine-commandant et le conseil militaire. Ils réprouvaient la restauration des anciens dojos ainsi que l'intégration de dangers potentiels au sein de l'armée. Même s'ils n'avaient commis aucun crime, ils suscitaient la méfiance pour de nombreux nobles.

Selon lui, ils craignaient de plus en plus le Gotei 13, comme si une nouvelle menace pouvait en émerger à tout instant. Avaient-ils été marqués par la trahison d'Aizen et par le retour de Satsubatsu Kyōaku au point de craindre tous les Shinigami ? Pour Aki, ils étaient un peu trop alarmistes et méfiants, mais ils pouvaient tout de même comprendre leurs craintes. Des complots se tramaient dans le Rukongai, et d'éminents personnages commençaient à disparaître au sein du Seireitei. Akikaze observait la situation d'un regard lointain. Chez certains, cette situation faisait naître la méfiance, et ce même si les dieux de la mort faisaient de leur mieux pour mettre fin à ces troubles.
La disparition du patriarche du clan Shimura et la découverte de sa mort aboutit à de nouvelles rumeurs parmi les membres la noblesse. On suspectait certains hauts gradés du Gotei d'être coupables ou complices du meurtre de Shimura Ashido. Pire encore, un combat se serait déroulé au sein même des quartiers résidentiels. Une escouade de la onzième division aurait interpellé l'ancien commandant en second des Nécromanciens, que tous croyaient disparu.

Le jeune noble trouvait la situation inquiétante, sans pour autant pouvoir y faire quoi que ce soit. Contrairement à ses parents, son statut ne lui permettait pas d'exercer une quelconque influence sur la chambre des 46 pour obtenir des informations. Étant au bas de la hiérarchie au sein de la quatrième division, le dieu de la mort n'avait pas accès aux dossiers concernant les sujets sensibles qui agitaient la Soul Society.

Après un séjour dans le monde des humains, les membres de l'association des femmes Shinigami rapportèrent l'attaque de Gillian et d'Arrancar ainsi que l'apparition d'entités encore inconnues. De plus, certains mentionnèrent l'existence d'une mystérieuse organisation qui sévirait à Tokyo et se nommerait Ultima Necat.

Le silence régnait dans la salle d'attente tandis que le dieu de la mort faisait les cent pas. Il marchait pour se canaliser. Il savait que sa vie se jouerait sur cet examen. S'il réussissait, il se libérerait de l'emprise familiale et vivrait son rêve. S'il échouait, le petit rouquin devrait regagner sa prison dorée et mettre un terme à ses ambitions pour respecter la volonté parentale. Il lui semblait évident que s'ils apprenaient qu'il avait tenté de devenir capitaine dans leur dos et qu'il avait échoué, ils feraient tout pour que plus jamais il ne puisse être testé. Ils s'assureraient qu'il quitte l'armée ou ils trouveraient un moyen d'intercepter ses demandes ultérieures. Le Shinigami souffla un bref instant et interrompit sa marche. Aki sortit de nouveau la convocation de la poche intérieure de son uniforme noir. Le document stipulait que le capitaine-commandant serait présent, mais aucune mention n'était faite concernant les deux autres gradés qui le jugeraient.

Akikaze rangea ensuite le papier se remit à marcher. Il n'aimait pas spécialement l'idée que quelqu'un scrute et analyse son Bankai, d'autant plus que ce serait la première fois que d'autres que lui pourraient assister à sa libération. S'il connaissait au moins de nom et de réputation chaque capitaine, pour la grande majorité d'entre eux il restait un soldat inconnu. Il se sentait de plus en plus mal à l'aise. Habituellement, il aurait sûrement utilisé l'humour pour se donner un air décontracté, mais il refusait de passer pour un fanfaron. Il s'apprêtait à vivre un moment empli de solennité, une tradition ancestrale de la Soul Society. Il se répétait en boucle dans son esprit qu'il devait faire preuve de sérieux, se montrer humble et digne. Certaines situations l'exigeaient et il allait bientôt faire face à l'une d'elles. Un soldat de la première division interrompit les piétinements d'Akikaze. Les yeux du rouquin se posèrent sur lui tandis que l'un et l'autre s'inclinèrent pour se saluer.

« Amakado Akikaze, veuillez entrer. »

Il lui indiqua l'immense double-porte qui menait vers la salle où sa vie s'apprêtait à basculer à jamais. Le dieu de la mort inspira lentement et expira avant de s'avancer, là où on l'attendait.