Unlimited Blade doesn't work

Penser, créer, tester, utiliser. Utiliser encore et encore, jusqu'à deux dénouements possibles : un équipement sans défaut, et donc intouché, ou un équipement perfectible, et donc perfectionné.

Cela fait maintenant quelques mois que le Kurosawa se familiarise avec les outils conçus pour son usage personnel. Guerrier accompli et déjà familier des technologies modernes, il a su s'adapter rapidement aux armes et gadgets futuristes de l'Ultima Necat. On l'oublie aisément, mais la fortune du groupe Kurosawa trouve son origine dans l'industrie de l'armement : fabrication et entretien d'équipements militaires, c'était le premier fond de commerce d'une corporation aujourd'hui plus grande, donc plus variée dans ses activités.

Tout ça pour dire, Kyoya s'y connait en armes. Celles du passé, celles du présent, et même celles du futur.

- Le dispositif Armory est efficace... Mais après usage répété, j'en viens à la conclusion que l'emphase sur la rapidité de formation au détriment de la puissance des armes ne me convient pas.

Il donne ces quelques mots à Nambu, son interlocuteur habituel chez les Cups. Armory est une routine du projet Architect : les gadgets, technologies et armes issues du travail de l'ancien King of Cups, plus précisément, son travail sur la thématique de la nanotechnologie. À défaut d'avoir connu personnellement l'homme, Kyoya s'est intéressé aux quelques notes laissées en libre service par le prédécesseur de Tanjo. Rapidement, il a vu l'intérêt d'une telle technologie pour un profil tel que le sien, et il a alors commandé à un groupe parmi les Cups de lui créer divers outils inspirés des archives laissées par Matsui Junichiro. Armory dans son principe est simple : une colonie de nanomachines capables de se solidifier et fusionner pour créer diverses armes à l'instantanné, presque comme invoquées de nulle part à l'oeil nu. Une liaison neurale entre le réseau et l'utilisateur permet de former les armes sur simple impulsion mentale, et alors avoir un arsenal large et imprévisible dans le feu de l'action.

« Simple » dans son principe, donc. Mais pas dans son application.

- Hmm... Oui, oui nous pourrions retravailler les machines du réseau.
- Ma propre vitesse peut compenser pour les quelques dixièmes de seconde de retard comparé à la version d'origine. J'ai lu les notes de l'ancien King of Cups... Lors de l'assemblage des nanomachines, le court laps de temps est investi d'abord à ce que les diverses entités fusionnent pour donner la forme de base. Ensuite, chaque individu de la colonie se solidifie et change de forme afin de correspondre à l'arme. De microscopiques petites lames crantées pour une épée, des pointes acérées pour une arme contondante... C'est bien ça, oui?
- Dans les grandes lignes oui.
- Bien. Je veux que la seconde phase de ce processus soit privilégiée, s'il faut au détriment de la rapidité de transformation, donc.
- Eh bien, eh bien. Vous aviez déjà votre petite idée en tête. Un fin sourire échangé entre les deux hommes. Nambu prend des notes, Nambu pense, puis Nambu parle. Ce devrait être l'affaire de quelques jours. Je vous enverrais un message lorsque nous arrivons à un résultat probant.
- Parfait.

Ne restera alors qu'à tester le résultat final.

Ainsi quelques jours passent, jusqu'à un message, un rendez-vous dans une des salles d'entraînement de l'Arcānum.

Le dispositif Armory a été perfectionné, modifié selon les souhaits du King. Il est là, au milieu de cette grande salle vide de tout, murs métalliques, plafond haut, très haut, trop haut. Habillé d'un kimono bleu sombre pour l'occasion, Mugen n'est pas à son flanc comme elle l'est habituellement lors de ces sessions d'entraînement.

- Vous m'entendez, Kurosawa-San? La voix résonne dans la pièce , celle de Nambu.
- Je vous entends.
- Le test va commencer. Les paramètres ont été revus selon vos critères, et diverses cibles ont été prévues pour l'occasion afin de vous laisser le loisir de vous familiariser avec l'outil. Nous lancerons à votre signal.
- Je suis prêt.

Aussitôt dit, aussitôt fait : plusieurs trappes s’ouvrent au sol pour laisser apparaître divers mannequins d'entretien à l'apparence variée. De solidité et de matériaux différents : Certains, il conviendra de les trancher, d'autres, de les écraser ou de les perforer. Mais ce n'est pas tout.

Ces mannequins d'entraînement ne sont pas des mannequins d'entraînement. Pas exactement.

Les silhouettes métalliques commencent à bouger, leurs bras commencent à se transformer. Armes blanches, armes à feu, armes à énergie. Les acteurs sont réunis, la scène est posée, le temps est arrivé.

La danse peut commencer.

Rapide, il se rue sur le plus prochain, et se met comme dans une posture de Iaijutsu. Là, dans l'air, la nuée métallique se rassemble pour prendre la forme d'un katana rangé dans son fourreau. Vif, puissant, Kyoya dégaîne et tranche du même geste, avec une puissance telle que l'automate finit coupé en deux. Derrière la forme détruite du premier robot, un second qui lève un bras aux airs de massue. En quelques instants, le katana change, prend la forme d'un marteau de guerre qui bloque le coup, puis qui le rend d'une unique et brutale frappe qui enfonce la forme du robot jusqu'à déformer son crâne. Déjà, Kyoya le ressent. Les transitions entre les armes sont légèrement moins rapides, mais chaque coup est plus dangereux, plus létal.

Il y a le javelot qu'il matérialise entre ses mains, pour lancer et transpercer un autre robot vingt mètres plus loin. Il y a la hache pour grignoter l'armure d'un robot plus imposant. Tout est rapide, tout garde cette fluidité propre à l'Eternel. Comme un mirage, il passe de cible en cible entre les robots à une vitesse difficile à suivre à l'oeil nu. Bruits qui tranchent, bruits qui écrasent, bruits qui cognent, qui transpercent et qui détonnent. Un à un, les robots perdent cette lueur de presque-vie qui anime leur carcasse brisée. À chaque automate, un profil type, une spécialité, une faiblesse. Et pour chacune d'entre elles, il a la réponse.

Ça ne dure finalement même pas une minute. Il n'a pas besoin de plus pour se faire un avis. Alors quand le dernier robot tombe sous les coups d'une grande Zweihander, l'arme disparaît, sans prendre une autre forme : le nuage de nanomachines s'estompe, imperceptible.

- Parfait. C'est du beau travail, Nambu.
- Heureux que le résultat final vous convienne.
- Il me convient. D'un geste, le Kurosawa fait craquer sa nuque, puis réajuste sa tenue. - Ce sera tout pour aujourd'hui. Restez sur le qui-vive, cela étant. Vos équipes risquent d'avoir encore un peu plus de travail d'ici peu.

Sauf si le King of Cups n'aime pas sous traiter...
Mais ça, c'est une question pour un autre jour.