P'tite bagarre entre chef !

Cette salle, il l'aimait bien. Faut dire qu'elle permettait de faire tellement de chose que c'en était indécent. Cacher une telle merveilles à l'humanité, cela le consternait un peu mais finalement, avaient-ils le choix ? Quoi qu'il en soit, il n'avait évidemment pas choisi ce lieu au hasard. Depuis sa récente évolution, et la disparition de quelques noms notables de l'Ultima Necat, Diamond se questionnait sur ses propres capacités.

Non pas qu'il s'estime faible. Seulement s'il avait vaincu ses ennemis au Hueco Mundo, il était resté sur une défaite face à l'autre truie et s'était donc aperçu qu'il lui manquait un p'tit quelque chose. En temps normal, il se serait rapproché de Recca pour qu'elle l'aide. C'est qu'il l'aimait bien, cette nana, même si elle était un peu spéciale. Seulement ici, il avait fait le choix audacieux de demander à un autre.

Un Revenant qu'il avait déjà rencontré et qui lui avait fais forte impression. Orias. Lui aussi, il était d'un autre monde quand il causait. Et une fois ou deux au cours de leur dernière conversation, il avait eu envie de lui arracher un oeil et de lui faire gober. Juste comme ça. Pour rire. Mais il avait aussi déceler en lui un vrai combattant et la rumeur voulait aussi qu'il ait corrigé des membres de l'Acuerdo récemment. Fait suffisamment notable pour lui demander conseil.

Le message était donc passé. En quelques mots ?

Yo King Orias. Comment vas ? Dis-moi, ça te dirait une p'tite passe à la Matrix ? Besoin d'aide pour m'entraîner et j'me dis que tu pourrais m'aider, si le coeur t'en dit et que t'as l'temps.

Il y avait indiqué le lieu et le jour souhaité, tout en se rendant disponible un autre moment si cela s'avérait nécessaire. Et c'est donc dans la fameuse salle qu'il attendait. S'amusant à balancer ses cartes sur une cible en l'attendant. Histoire de s'échauffer un peu et de pas passer direct pour un con. Se fritter à un King, ça risquait de lui faire mal à la tronche. Mais le but étant de s'améliorer, il était disposé à prendre une rouste.

Orias eut un peu de mal à comprendre les raisons de ce message. S’il ne s’attendait de base pas à être défié, cela l’étonnait encore plus venant de cet expéditeur. Il ne l’avait pas imaginé spécialement bagarreur, même s’il avait un profil très particulier venant d’un Cups. Aux antipodes de ce à quoi l’on s’attendrait de la section scientifique, c’est par leur goût commun des jeux d’argent qu’ils avaient fait connaissance la première fois. Est-ce qu’il lui avait alors donné motif à penser qu’il serait lui-même un combattant chevronné ?

Car la vérité, c’était que ce n’était pas vraiment le domaine de compétence premier du Roi des Pièces. Il était capable de trouver une solution à la plupart des problèmes, et savait choisir à qui s’adresser pour les problématiques qu’il n’était pas capable de gérer seul. C’était ça, son point fort à lui. Bon, ça et son astromancie, ses présages pouvaient faire des ravages, mais il n’avait pas encore trouvé de champ d’application permettant d’en faire usage pour mieux gagner sa croûte à courte échéance ou encore sur quels numéros miser à la roulette.

Il aurait pu tout aussi bien refuser poliment la proposition, mais il se laisse aller à y réfléchir. Il n’avait pas été particulièrement brillant lors de l’affrontement au Hueco Mundo. Orias faisait office de bon allié, mettant une fois encore à profit sa capacité à mettre en avant les qualités des autres, en tirer le meilleur parti. Mais il avait bien senti que lors d’un affrontement sérieux, il manquait encore largement d’arguments. Il risquait de se faire passer un savon, mais c’était la Matrice après tout, ça ne comptait pas vraiment. Certes, les blessures restaient, mais pour cela au pire, quelques jours à l’infirmerie feraient des miracles.

C’est donc sur ce cheminement d’idée qu’il le rejoint dans la salle de la Matrice, où ils pourraient choisir un cadre précis pour leur affrontement. Il avait déjà fait usage une fois de cette prodigieuse création, et s’il n’avait clairement pas tout compris comment ça fonctionnait ce truc, au moins en savait-il assez pour que la tentative du jour se passe bien.

- Salut et félicité ! Allons bon, que me vaut l’honneur d’une telle invitation. Moi qui suis un grand pacifiste, amoureux de l’amour, de mon prochain comme du précédent… Quelle idée de m’inviter à… la bagarre ? Bon, disons que celui qui perd à un gage, pour rendre la partie intéressante, non ? On commence quand ?

S’il avait été possible de penser un moment qu’il refuserait le combat, au moins ce doute avait-il été rapidement écarté à présent...

Le voyant arriver, Mickael se sentit soulagé. Initialement, il n'avait absolument pas envisagé que l'on puisse lui poser un lapin. Mais le doute s'était quelque peu installé alors qu'il l'attendait dans la salle. Finalement, qu'est-ce qui obligeait le King à répondre favorablement ? Et franchement, il n'aurait pas apprécié se sentir comme une gonzesse dont le mec l'aurait délaissé le soir du bal de promo. Question d'honneur non ?

Mais la question était réglée et il eut un sourire en l'écoutant. Toujours cette manière à l'ancienne de saluer, ce qui le faisait franchement marrer. L'idée du pari n'était évidemment pas déplaisante, surtout pour deux joueurs comme eux. Mais quel genre ? Il n'en avait pas la moindre idée.

- Bah. J'ai besoin de m'améliorer et j'me suis dit "qui mieux que le King Orias pour m'aider", tu vois. Pour le pari, ça m'va mais là, j'ai pas la moindre foutue idée de quoi mettre sur le tapis. Alors si t'as une idée, j'prends. Viens, on va s'préparer du coup.

L'un comme l'autre savaient comment fonctionnait cette salle. Casque sur le crâne, transmetteur et respirateur en place, l'Ace attendait patiemment qu'on le plonge dans le bain. Et ce n'était pas qu'une façon de parler. Pour le coup. Cette fois, Mickael avait envie d'un décors particulier. Déjà les ruines d'une ville apparaissaient, laissant suffisamment d'espace pour se mouvoir mais également de nombreux éléments pouvant permettre de se planquer ou de servir de couverture.

La présence de son partenaire du jour apparut, preuve qu'il avait aussi fais le nécessaire pour arriver jusque dans la simulation commune. Levant la main, Diamond fit apparaître son fameux paquet de cartes. Celui d'origine, qui lui donnait ses fameux pouvoirs.

- Alors, t'as réfléchi au gage ? 'Fin, tu m'diras ça. Si t'as rien contre, on va commencer ! "Shuffle up and deal" !!

Son apparence changea légèrement. Ses yeux devinrent rouge tandis qu'une étrange aura apparaissait autour de ses mains. Et le paquet avait de nouveau disparu. Il retroussait ses manches, dévoilant deux mécanismes particuliers autour de ses avant-bras. Beaucoup avaient tendance à oublier qu'en réalité, cette brute était un des scientifiques de l'Ultima Necat. Spécialisé dans les drogues de combats et les p'tits jouets de ce genre.

Levant sa main dans l'air, il claqua des doigts. Cinq cartes apparurent alors, face visible. Il fit la moue en observant le résultat de son tirage. Une simple hauteur à l'as. Heureusement, pas n'importe laquelle. Ace of Clubs. Immédiatement après, il lançait la carte vers Orias. Au contact, cette dernière exploserait afin de limiter ses mouvements futurs. Mais ce ne serait pas tout. Car quitte à jouer au poker explosif, autant balancer les petits gadgets qu'il avait lui-même créé. Il aimait alterner pouvoir et science, afin de perturber son adversaire.

Il actionna le mécanisme se trouvant sur son avant-bras. Plusieurs cartes particulières fusèrent vers lui, aussi tranchantes que des shurikens. Mais avec la petite surprise du chef. De petites bombes qui exploseraient dès qu'il actionnerait le bouton. Il grimaça alors qu'il appuyait sur ce dernier. Car le lanceur ne lui faisait pas que du bien à lui. En dépit de la simulation, il ressentait les effets. Restait à voir le résultat maintenant. Car toutes les cartes n'avaient pas forcément explosées.

Le roux prit place dans la cuve, bardé de l’équipement habituel. Et alors qu’ils entraient dans la réalité virtuelle, il découvrit que le milieu urbain avait été choisi. Assez typique pensait-il, puisque tant la Fondation Mémento que l’Ultima Necat étaient basées à Tokyo. En conséquence, c’était bien leur cadre d’action privilégié. Orias entr’ouvrit la bouche pour répondre, une fois de plus, mais il semblait que Diamond avait un don pour poser des questions sans chercher à en attendre les réponses.

Par contre, il en offrait lui-même sans que les questions ne doivent être posées. Son Fullbring, ses dispositifs scientifiques. Ce n’était sans doute qu’un bref échantillon, mais au moins avant même le moindre coup donné, cela donnait le ton et le laissait jauger de ce qu’il pourrait user contre lui. Le Roi des Pièces ne se sentait pas vraiment à son avantage, sachant que son style était basé sur l’entraide, le commandement, la stratégie de groupe. Il avait développé son don de manière à pouvoir influer sur tout cela durant un affrontement, et là, il se retrouvait seul.

Profitant qu’ils se trouvaient dans la Matrice cependant, c’était une bonne occasion pour jauger de la portée des pouvoirs de son adversaire du jour. Qui un jour peut-être se battrait à ses côtés, et qu’il devrait donc savoir « utiliser » au mieux. Il subit, alors. Il sait que les blessures seront réelles, mais il risque moins ici que lors de son dernier combat au Hueco Mundo. Quitte à s’entraîner, s’habituer à encaisser pouvait aussi avoir du bon, non ? Au moins, cela lui offrait un créneau pour prendre la parole sans être interrompu.

- Qu’est-ce qui a provoqué ce besoin de progrès ? L’on se réveille rarement un matin en se disant « il faut que je m’améliore, c’est parti mon zizi ». À la rigueur, après avoir remarqué un peu de bedaine dans le miroir, on peut avoir envie de se mettre un peu à l’exercice physique, mais de là à défier ton humble serviteur...

Il sourit, tout en arrachant le diamant jaune qu’il porte autour du cou, libérant à son tour son pouvoir en en récitant le nom : « Stardust Revolution », faisant apparaître une couronne sur son crâne.

- Quant au gage, voyons cela plus tard. Ce sera plus amusant et excitant de ne pas savoir et pouvoir ainsi s’attendre au pire !

C’était juste question d’intéresser un peu la partie, rien de plus. L’on ne se battait jamais tout à fait sérieusement s’il n’y avait rien en jeu. Bon, pas qu’il semble être très ennuyé par tout cela, balançait déjà un petit arsenal de cartes tranchantes et explosives pour prendre l’avantage. Pas vraiment de tour de chauffe donc, et Orias répondrait favorablement à l’invitation. S’il voulait s’entraîner et s’améliorer, il fallait lui offrir une répartie à la hauteur. Son pouvoir se met alors à grignoter la matière autour d’eux, formant peu à peu un nuage de poussière important qui fut lancé à la poursuite de Mickey.

- Voyons voir si je suis en veine ou en peine aujourd’hui...

S’amuse-t-il, la situation s’y prêtait particulièrement puisqu’elle voyait s’affronter deux joueurs. Il desserra le poing alors, dévoilant une sphère de poussière qu’il lança vers son adversaire, celle-ci se distordant, capable du meilleur comme du pire si elle touchait sa cible...

- Disons que j'me suis fritté avec pas mal de monde récemment. Dont une grognasse à moitié folle de mon équipe, tu vois. Et malgré qu'la face de morue soit à l'ouest, j'dois dire qu'elle a démontré une sacrée puissance. Et j'me suis dit que si j'voulais être utile, fallait que je m'améliore. Voilà la raison de tout c'bordel.

Et pour le coup ce n'était en rien un mensonge. Il s'était simplement remis en question lorsqu'il avait vu sa faiblesse. Pas qu'il soit un enfant de choeur pour autant, seulement il fallait admettre qu'il avait été un peu secoué par la crevette.

- Bordel. Sympa la couronne, ça fait très "King of street" t'as vu.

Il avait poussé un petit sifflement admiratif en voyant l'ornement de son adversaire. Le mec portait bien son titre, visiblement. Il eut même un sourire alors que l'idée du gage était repoussée. Il est vrai que ne pas savoir apportait son petit lot d'excitation. Et puis en bon joueur de poker qu'il était, il n'y avait évidemment aucun intérêt à combattre sans carotte au bout. Question de principe.

S'il ne connaissait rien du pouvoir de son adversaire, cette poussière ne lui disait rien qui vaille. Surtout que cette dernière était passé sur une de ses cartes au sol, laissant apparaître un début d'érosion en mode "danger absolu". Résolu à ne pas se laisser grignoter de la sorte, l'Ace activa un mécanisme sur son avant-bras. Un bouclier total l'enveloppa dans l'instant, tandis qu'il actionnait le fameux bouton rouge. Il ne pourrait le faire qu'une fois à cause de la surchauffe que cela occasionnait à son matériel mais sa défense n'en serait que plus forte ici. Heureusement. Car le bouclier vola en éclat alors que des résidus de cette étrange poussière l'atteignait.

- Mais c'est quoi c'te merde !!

Rester statique étant exclu, Diamond se mit à courir pour contourner une partie du problème. La douleur qu'il avait ressenti n'étant clairement pas bon signe s'il prenait ça de plein fouet. Sortant d'une de ses poches une petite pilule militaire, il l'avala l'instant d'après. Cette dernière allait booster de manière drastique ses propres forces. Temporaire, douloureux. Mais efficace.

De nouveau, il fit valoir la dextérité de ses mains. La première libérait de nouveau les cartes explosives, attendant le bon moment pour tout faire péter et le surprendre. Tandis que la seconde, profitant du souffle de l'explosion et des retombées de poussières, en profitant pour sortir et projeter à vive allure plusieurs couteaux à lancer. Pas des plus redoutables en combat face à un autre fullbringer mais cela pouvait surprendre non ?

Orias n’était pas un combattant mobile. Son style reposait plus sur celui d’un chef d’orchestre. Il occupait sa position, et y dirigeait son ensemble, qu’il s’agisse de sa poussière ou de ses alliés. Cela impliquait un « détail malheureux » le concernant : il était obligé de prendre pour habitude d’encaisser et souffrir. Il constituait une cible facile, et devait assumer alors les blessures qu’il en récolterait. Et on peut dire que… ouais, ça douille ! Surtout lorsque l’offensive était de taille, à coup d’explosions et de lames. Autant dire que le roux en sorti en très mauvais état, mais ce fut une bonne occasion pour répondre à ses interrogations.

- Cette merde ? Allons… « tu es né poussière et tu retourneras poussière », tu n’as jamais entendu ça ? Rien d’autre que de la poussière d’étoiles… que je suis capable de contrôler !

Quelle meilleure démonstration que de voir sa poussière se concentrer dans ses plaies, les reboucher, et reformer sa chair détruite. Une version simplifiée, qui suffirait bien à expliquer la teneur de son pouvoir. Il ne cherche pas vraiment à s’en cacher, inutile de ne pas souffler son pouvoir à un allié alors que de toute façon ils étaient là pour en user. Le but d’un entraînement n’était pas aussi de repousser ses limites ? Pas grand-chose à cacher, donc…

- Heureux que tu aimes cette couronne ! Attends, je te montre un petit quelque chose, tu vas voir, c’est stylé !

Crown for a King !

Sa couronne brille d’un éclat renouvelé, avant de se ternir, craquelée. Sa main droite se lève, et dans le geste une nouvelle vague de poussière se précipite vers Diamond. Dans son sillage, elle sème des particules qui flotteront dans les airs entre eux pour limiter les mouvements prochains de Mickey.

- Putain, le mec joue encore au château de sable à son âge. Mais... MAIS... MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS LAAAAA !!! C'est... Dégueulasse !!!

Et c'était peu de le dire. Si les attaques avaient touchées leur cible, le King se démerdait pour colmater les blessures avec son sable magique. Et dire qu'il avait jugé un peu hâtivement avant de voir les effets réels. Savoir utiliser cette merde en attaque comme en défense, c'était franchement impressionnant.

De nouveau il était pris pour cible. Et de nouveau sa barrière se matérialisait pour tenter de parer à ce qui lui arrivait dessus. Il savait pourtant que son bouclier ne tendrait pas mais le but n'était pas là. Ici, il voulait ralentir le tout pour contrer ensuite. Serrer les dents. Encaisser. Et surtout... Essayer de ne pas chialer alors qu'il ressentait la brûlure. Il percevait les particules autour de lui, devinait que cela le dérangerait pour la suite. Mais qu'importe.

- On va voir si j'ai d'la chance aujourd'hui. Allez ma belle, fais péter la bonne carte !

Flush. Une technique qui lui permettait derrière d'accentuer les effets de son propre pouvoir. Alors qu'une carte apparaissait sous ses yeux, il fit la moue. La dévoilant, il montra le "4 de pique" à son adversaire. Aussi soudainement qu'il avait tiré la carte, son aura s'accentua. Il était temps de dévoiler sa technique phare.

Tapant dans ses mains, cinq cartes apparurent dans les airs. Et cette fois-ci, ce n'était pas une simple paire ou un brelan. Non non non. L'une des meilleures mains du poker s'étalait devant ses yeux, allant du 10 jusqu'au 6 de Carreau. Quinte flush. D'un simple geste, il projeta les cinq cartes qui filaient déjà vers l'avant, se plantant tout autour du King. Sa poussière ralentirait forcément l'explosion mais... Qui ne tente rien n'a rien.

- Joli tirage, cette fois-ci. On va tout faire péter !

Et c'était peu de le dire. L'explosion qui allait suivre risquait de secouer le terrain, même si tout était "mental" ici. Le souffle ne manquerait pas de l'atteindre lui aussi. Mais tant pis.

Un instant, il chercha une espèce de logique entre les cartes qu’il faisait apparaître et lui montrait, et les résultats concrets qui constituaient autant de ripostes. Mais n’était-ce pas là trop se prendre la tête ? À quoi fallait-il s’attendre pour un carré d’As ? Il n’y avait sans doute rien de plus à comprendre que « plus la combinaison est grosse, plus les conséquences le sont aussi ». Et s’il y avait quelque chose de plus précis à en tirer, la logique lui échappait totalement encore. En ce cas, Diamond venait-il dès lors de montrer son arcane la plus puissante ?

Orias restait une fois de plus immobile, monolithique. Son style de combat ne faisait pas trop dans la mobilité, et souvent il en payait le prix défensivement en devant subir les assauts adverses. Alors, il avait développé de quoi y palier un minimum. Croisant ses bras devant son visage, il renforça l’âme de sa peau, augmentant provisoirement sa résistance afin d’encaisser une partie du choc. De quoi tenir bon, malgré de lourdes blessures, qui pour certaines vinrent se combler derechef de poussière d’étoile.

- Je reconnais bien là la finesse qui te caractérise, ahah. J’ai hâte que tu nous sortes une paire de dame afin de voir à quel point cela sera bénéfique – ou tout du contraire.

Non pas que cela l’intéressait réellement outre la boutade, ayant déjà sa propre Reine. Qu’en dirait-il d’ailleurs, qu’il se relance sitôt dans un combat après les troubles de la Grande Cataracte ? Quoi qu’il en soit, les crevasses de sa couronne se mirent à luire afin de concentrer à nouveau ses forces, et dirigea ses vagues de poussière vers le Cups à nouveau. Et cette fois, ses nombreuses particules flottant librement se trouvèrent dans son dos, afin de limiter ses possibilités de fuite. Il n’arrêtait pas de courir à l’autre bout de la ville à chaque fois qu’il commençait à l’attaquer, cela suffisait maintenant !

- T'inquiète, elles arrivent !

Le tirage pouvait parfois paraître aléatoire, parfois recherché. Il n'existait finalement pas de vraie logique dans le pouvoir de Mickael en dehors de sa propre volonté. Il avait même coutume de dire que c'était sa défunte soeur qui interagissait avec ce point. Soeur qui n'était pas réapparue depuis l'épisode du combat au Hueco Mundo. Si cela ne ne surprenait pas - elle avait l'habitude de disparaitre quelques temps de manière régulière - jamais encore elle ne s'était éclipsée aussi longtemps.

Mais se relâcher ici serait une idiotie sans nom et rapidement il se reprit. Question de logique. Il affrontait un Roi après tout et se devait de s'améliorer. Le but de cet exercice visait surtout à lui permettre de progresser et déjà il voyait plusieurs pistes potentielles. Grâce à Orias, il savait maintenant qu'il allait devoir améliorer tel domaine de compétence pour devenir plus puissant.

A force de côtoyer cette poussière, Diamond en était arrivé à une certaine conclusion. Il possédait dans ses atouts un mécanisme qui lui permettrait de palier temporairement à ce problème. Alors qu'il l'activait, il sentit l'effet se dissiper doucement. Cela lui coûtait de l'énergie, certes, mais c'était toujours mieux que de subir.

Le reste ? En dépit de sa défense, la majeur partie de l'assaut l'atteignit. Réellement secoué, il n'en menait pas large même s'il gardait son éternel sourire. Et dire qu'il était dans une simulation... Tout paraissait réel, jusqu'au sang qu'il crachait sur le sol.

- J'aura peut-être du mieux m'défendre nan ?

Avalant une petite pilule verte de son cru, il se sentit légèrement mieux. Mais ce ne serait pas suffisant il le savait. Levant rapidement ses deux bras, il libéra alors les deux techniques générées précédemment. Le lanceur propulsait les cartes vers l'homme face à lui dans le but de le transpercer, tandis que parmi les cartes se trouvaient la "double paires" explosive. Perdue parmi les autres cartes tranchantes, cette dernière risquait de surprendre. Enfin tel était le but.

Mais ce n'était clairement pas la seule carte dans sa manche. Attrapant une petite sphère étrange, il balança cette dernière dans la direction du Roi. La sphère libéra alors de multiples aiguillons qui, s'ils parvenaient à s'enfoncer dans la chair, permettraient de limiter l'impact de ses techniques suivantes.

- Il est toujours difficile de le faire tout à fait. Mais si tu as fait de ton mieux, alors tu es en bonne voie pour progresser et faire encore mieux la prochaine fois !

Il rit. De toute évidence, même pour lui ça sonnait creux, comme le conseil d’un père à son fils, ou d’un « motivateur » dispensant ses conseils faciles. Bon, certes, il pourrait être un lointain ancêtre et donc jouer le rôle du parent avec une certaine légitimité. Mais ils n’étaient pas vraiment dans ce type de relation.

De plus, ce serait encore moins légitime si l’on commençait à prendre en compte son état actuel. Face à la nouvelle offensive de Mickey la Menace, il avait modifié à nouveau l’âme de sa peau pour pouvoir endurer l’assaut. Un bon moyen de se protéger de tous côtés, les bras croisés devant son visage. Une bonne preuve de l’adaptation d’Orias à son style de combat, ayant mis en place des défenses qui ne nécessitaient pas qu’il brise sa routine statique.

- Si tu souhaites un autre avis plus pertinent, je pense que si nous continuons, nous dépasserons les limites de ce qu’il serait acceptable pour un combat amical. Nous n’avons pas ménagé nos efforts j’ai l’impression, regarde-nous...

En effet, les blessures s’accumulaient, et l’épuisement commençait à se faire sentir. À poursuivre ainsi, ils risquaient surtout de finir à l’hôpital plus qu’ils ne pouvaient se le permettre sans doute, dans les positions qui étaient les leurs. Sa couronne se ternit, se dissipe en poussière à son tour, avant de réintégrer une pierre jaune, le diamant venant récupérer sa place sur son pendentif.

- Ça doit être sympa quand même de « bricoler ». Hop, quelques vis par ci par là, t’appuies sur un bouton et boom. Bon, j’y comprends rien, mais ça a l’air d’être plus reposant là comme ça !

De quoi sans doute lancer une conversation pour tout scientifique qui se respectait !

Faire de son mieux ? Ouais, c'est généralement ce qu'il essayait de faire. Et puis le but n'était-il pas de s'améliorer, de devenir meilleur encore pour ne plus avoir à compter sur les psychopathes qui composaient parfois l'Ultima Necat ?

Le combat s'achevait. Mais pas la discussion et cela arrangeait le scientifique qui aimait ces moments. Echanger après s'être foutu sur la tronche, c'était comme dormir après avoir baisé une inconnue : une sorte de repos du guerrier. L'allusion mentale l'amusait mais il se la garda pour lui. Comme disait sa soeur, tout n'était pas bon à dire. Cela dépendait toujours de la personne en face. Et lui était un Roi non ?

- Ouais, t'as raison. On s'est assez foutu sur la tronche, autant s'poser un peu.

Techniquement, ils étaient encore dans la simulation. Mickael trouvait cela vraiment surprenant de savoir que leur deux esprits communiquaient alors qu'en réalité, ils étaient en train de nager comme deux poissons crevés dans une eau saumâtre. Depuis qu'il était devenu un Fullbringer, sa vie avait radicalement changé en réalité. Mais jamais il n'avait imaginé que cela serait à ce point.

- Ca fait sens, en effet. C'est assez reposant mais y'a du taff derrière. J'ai du imaginer un système me permettant de déployer ces gadgets sans trop perdre en puissance, tu vois. Si c'pour faire péter de simples pétards, y'a aucun intérêts quoi. Mes pouvoirs suffisent. Mais j'aime mélanger les genres. Puis ça peut surprendre. Un coup "pouvoir carte". Un autre coup "gadget carte". Techniquement, c'plus dur pour mes adversaires de s'adapter au style.

Il décrocha le lanceur qui se trouvait à son avant-bras et le lui lança pour qu'il puisse l'observer à souhait. Orias avait du répondant mais il sentait qu'il n'avait pas tout donné. Il existait encore un certain level entre lui et l'élite de ce qu'il voyait. Mais cela ne le dérangeait pas outre mesure. Progresser faisait partie de sa logique de vie.

- Mais ta poussière là.... Pouah, quelle daube sérieux. S'adapter à ça, c'est coton. Bien joué Patron, t'es clairement un monstre dans l'domaine.

Un léger compliment qu'il pensait. Faire de la lèche n'étant pas son style. Orias n'était clairement pas n'importe qui et en dépit de ce qu'il dégageait généralement, l'homme valait la peine de s'intéresser un peu plus à lui. Et pourquoi pas à son histoire ?

- Pas trop bricolo toi ? Faut dire qu'à ton époque, c'était pas des masses développées la science et la mécanique, si ? Tu faisais quoi avant ? J'veux dire à part dérouiller des méchants.

Il se mit à se marrer.

Bon, pour Orias, c’était forcément un concept particulier. Une carte qui explose, et une autre carte qui explose, c’était toujours un peu pareil non ? Mais il devait sans doute y avoir un lot de subtilités qui accompagnait cette décision, forcément. Orias inspecte grossièrement le gadget – aucun risque de le casser s’ils étaient dans la Matrice après tout – et par chance ne se fait rien exploser au visage avant de le rendre à Mickaël, pas plus avancé sur cette technologie qui lui resterait sans doute toujours étrangère. Son père ne lui avait pas transmis grand-chose, mais au moins grâce à lui il savait se diriger grâce aux étoiles. Autant dire que la voie antique, il avait ça dans le sang. Apprendre de la nature, de ce qui était naturellement disponible, c’était ainsi qu’il avait vécu.

Alors certes, il était entouré de technologie, mais il avait appris à ne pas s’en servir ! Oui oui, il avait tout fait pour contourner les problèmes. Les Cups l’aidaient pas mal malgré eux. Mais du coup, l’on lui faisait toujours imprimer les rapports importants pour qu’il puisse les annoter, il envoyait toujours un messager s’il devait faire prévenir quelqu’un de quoi que ce soit – même si le messager lui-même pouvait se permettre de passer par messagerie – des écrans se trouvaient dans son bureau pour rappeler des fenêtres et il avait même une dame – une certaine Alexa – enfermée dans une petite boîte et il pouvait lui demander ce qu’il voulait, elle exécutait ses souhaits. Tout roulait sans qu’il ait besoin d’y toucher ! Pas trop de commentaire à faire donc sur ce point, alors il se contente d’un :

- Ah oui, c’est super ça.

Plutôt maladroit, mais toujours avec son affabilité à lui. Quant aux compliments de Mickey…

- Héhé, oui, c’est pas trop mal, oui. Beaucoup de gens qui sont morts ont donné de leur temps et compétences pour que je puisse apprendre et devenir ce que je suis aujourd’hui. Des amis proches qui m’ont modelés d’une certaine manière, et je leur en serais toujours reconnaissant. Depuis que je suis revenu dans ce monde, j’ai dû surtout m’entraîner seul, c’est pas tout à fait pareil, mais… je me demande si je n’ai pas atteint mon maximum à présent. Pas que je m’estime très très fort, d’autres le sont bien plus que moi. C’est juste que je ne suis pas persuadé que tout le monde soit fait pour atteindre les mêmes sommets, quel que soit l’entraînement appliqué. Au moins j’ai eu la chance d’obtenir un pouvoir efficace ; la poussière d’étoile pour un Astromancien, n’est-ce pas fabuleux ?

Difficile pour lui d’accepter la notion d’être « un monstre » donc, en quoi que ce soit. Surtout pas après s’être pris une déculottée contre les Arrancar, que Recca, plus disposée à combattre, était parvenue à compenser. Un peu pensif, un brin d’inquiétude sur le front, il se relâche rapidement cependant pour répondre avec bonne humeur, un brin hilare même.

- Ahah, moi, dérouiller les méchants ? Héhé, c’est tout nouveau ça. Ça reste entre toi et moi mais à la base… chut… c’est moi le méchant !

Il bombe un peu le torse malgré les blessures, et déclare avec entrain, énergie et conviction.

- Je suis un pirate, ouais ouais, un pirate. Laisse-moi me présenter : je suis le timonier Orias, fils du légendaire Acham le Roux, co-fondateur de la compagnie du Hibou Hurlant sous les ordres du redoutable Capitaine Halphas ! Ça t’en bouche un coin, hein ?

S’il fut peut-être un temps où ces noms avaient signifié quelque chose dans certaines zones géographiques précises, cela n’était plus le cas à présent, et aucun n’était resté dans l’histoire de toute évidence. Le Hibou Hurlant avait disparu du jour au lendemain, terrassé par… Orias ne saurait plus le dire, tant cet instant demeurait flou et baigné d’une étrange lumière... Pensif derechef, comme légèrement déconnecté soudainement.

Il récupérait son bien, tendant l'oreille face aux réponses du King. Il comprenait la logique, la partageait aussi en un sens. Il est vrai qu'ils n'étaient pas tous issu du même moule et que certains atteignaient leur plein potentiel de manière différente. Orias paraissait serein en évoquant ses limites et c'était une force que de savoir où l'on se positionnait à ce sujet. Pour sa part, Mickael ne savait pas trop. Il aimait son pouvoir et savait qu'il pouvait gérer mais il connaissait aussi certaines limitations, ce qui expliquait cet entraînement notamment.

Il eut un sourire. Lui le méchant ? Sérieusement ? Il n'y croyait pas vraiment. C'est que le bonhomme paraissait toujours d'humeur égale, disposé à échanger sans prise de tête. Non pas que les méchants portaient toujours sur la tronche le fait qu'ils soient de "mauvais mecs" mais tout de même.

- Un pirate ?

Genre comme dans les films ? Cette fois, l'intérêt du scientifique était décuplé. Faut dire que les pirates, ça jouait grave sur l'imagination. Il se souvenait lui même qu'il jouait à ça quand il était môme. Avec sa soeur. Bordel, ce monde était quand même assez fou quand on y pensait. Si déjà on composait avec des mecs à pouvoirs; des monstres et des anges (oui oui des anges), on avait aussi des gars comme Orias qui venait tout simplement d'une autre époque quoi.

- Alors pour être franc, j'connais aucun des noms que t'as cité mec. Mais ouais, j'adore l'idée. Bordel, un putain de vrai pirate. Alors celle-là, j'm'y attendais pas. Timonier ? C'était quoi en gros ton taff sur le bateau ?

Il avait les oreilles grandes ouvertes. Un vrai gosse désormais. Et cette curiosité n'était clairement pas feinte. Il adorait tellement le concept en vrai qu'il se mit à regretter de ne pas en être un lui aussi. Au lieu de ça, il était un simple "ancien" joueur de poker pro, qui courrait désormais après les méchants démons. Pas mal mais pas à la hauteur des antiques pirates.

- Oh... Et le nom de ton bateau ? Vends moi du rêve là ! C'était comment cette vie ? Je jouais au pirate quand j'étais gosse. T'imagine même pas l'effet que ça m'fait d'entendre ça. J'suis sur que t'as des histoires de ouf à raconter.

En gros ? Parle maintenant !

Forcément, plus il sentait Mickey être impressionné par son statut de pirate et plus Orias roulait des mécaniques. Bon, quand même, c’est bizarre de pas connaître Acham le Roux, qui avait eu tant de victoires marquantes sur la descente de la Loire, et puis quand il s’était joué astucieusement de l’Amiral de France en mer du Nord, ahah, c’était légendaire quand même. Mais bon, le Roi des Pièces était quelqu’un de compréhensif après tout. Lui-même avait de grosses lacunes sur les grandes histoires des derniers siècles, alors il pourrait admettre qu’il en soit de même pour le scientifique sur certains points. Le Royaume de France était bien loin, après tout. Par contre, y avait un autre truc qui passait moins.

- Tu sais pas c’est quoi un timonier ? Oh l’autre hé ! On vous apprend quoi dans vos écoles là, rooooh ?!
Le timonier, c’est celui qui tient la barre ! Tu vois c’est quoi la barre sur un navire au moins, hein ?

Bon, c’est pas qu’il le prenait pour un benêt mais quand même, pas savoir c’était quoi un timonier, la base de la base de la navigation quoi !

- En vrai, vu la distance des trajets que j’ai planifié, on devrait même m’appeler navigateur. Enfin là j’ai même plus de bateau alors on va surtout pas m’appeler du tout, ahah !

Il s’époussette un peu. Inutile vu l’état dans lequel il était de toute façon. Encore plus inutile lorsque l’on se rappelait qu’ils se trouvaient toujours dans la matrice.

- Mon bateau… enfin, notre bateau, c’était pas que à moi quoi… Le Capitaine Halphas l’avait appelé le « Cocyte ». Comme le fleuve des enfers qui naît des larmes, alors Halphas y disait que le bateau naissait des larmes des veuves qu’on laissait derrière nous. Bon en vrai on n’a pas tué beaucoup… seulement ceux qui résistaient, tu vois ! Mais si y avait moyen de prendre le trésor sans se battre même, on disait pas non. Mais hé, c’était trop bien… c’était un fameux trois mâts, fin comme un oiseau. Hissez haut !

Oh, attend, faut que je te raconte l’histoire d’Elias dit « la poutrelle ». Il avait chopé l’oscar à brute – ah, le bon vieux temps – et...

Et ainsi Orias se perdit dans un premier récit, avant d’autres sans doute, dont celle du « lombard et sa danseuse » ou encore celle du « vice-préfet empalé ». Ah ce qu’on pouvait rire à l’époque…

Conclusion pour moi ^^