Jack of all trades ?

Ce monde, cette époque, cette ère… Si clairement l’on pouvait aisément comprendre qu’il avait perdu ses repères quant à cette période où il évoluait désormais, tranchant tant et si bien avec tout ce qu’il avait connu lors de sa « première vie », il saisissait un peu mieux un point majeur de ce qui changeait par rapport à ce qu’il avait connu. TOUT pouvait changer TRÈS VITE. Bon, de son temps, il fallait plusieurs semaines pour traverser la France, et encore, mieux valait avoir de bonnes montures pour ça, et les moyens de les faire se reposer décemment. Là, il venait de tranquillement se claquer un aller-retour Hueco Mundo en passant dans un portail, avait participé à l’une des bastons les plus spectaculaires qu’il avait pu voir de son existence, le tout pour qu’en revenant on lui annonce au calme « tiens au fait, ton Jack est arrivé ».

Bon, tout s’était pas passé si vite que ça non plus. C’était façon de parler, genre. Mais quand même, ça lui avait fait bizarre d’apprendre ça. Déjà parce qu’il ne connaissait même pas de Jack – il avait bien fait connaissance de quelques Jacques, mais c’était y a une paie – et en plus il ne considérait pas qu’un seul de ses messieurs méritait de se voir déterminé comme le sien. Puis malgré ses blessures il avait associé les informations avec le contexte, et il avait fini par faire le point. Lui-même préférait s’appeler le Roi des Pièces, alors forcément il avait eu besoin d’un petit recadrage mental pour en revenir aux faits. Bon, certes, il faudrait qu’il le rencontre, mais dans l’état où il se trouvait, cela risquait d’être compliqué. Aussi, ce fut plutôt aux soins intensifs qu’il fut mené après être sorti du SNG, jusqu’à recouvrer réellement ses forces.

Quelques jours avant, il se disait « beaucoup trop de disparitions ». Et voilà que HOP, une apparition. Il faudrait forcément qu’il creuse la question. Ou peut-être qu’il zapperait d’ici à ce qu’il puisse se rendre à nouveau dans l’aile destinée aux Coins. L’affaire de quelques jours, en somme. Bien moins rapide qu’un simple aller-retour au désert blanc.

- King Orias, je suis content de vous voir de retour.
- Salut et félicité ! D’accord, c’est très bien, mais t’es qui ?
- Mais… heu… je suis l’Agent T-
- C’est toi, Jack ?
- Heu… bah, non. Je ne suis pas sûr que quelqu’un s’appelle comme ça ici. Par contre-
- Si si, maintenant que j’y pense, j’en connais un, de Jack.
- …
- Jacques-Albert Woke. C’est un Sword je crois, tu connais ? Ou un truc comme ça, je n’ai pas trop compris, il parlait vite quand il a dit son nom.
- Je crois que vous voulez parler du Jack. Comme vous vous êtes le King. Vous êtes sûr que vous êtes assez remis pour sortir de l’hôpital ?
- Mais oui mais oui, je te fais marcher. C’était Jean-Robert Wock, c’est ça ? Tu te renseigneras… Bon, il est où ?

L’agent le lui montre de l’index, et sans s’encombrer de savoir si le désigné avait suivi la scène ou nom, le roux s’approche arborant un large sourire.

- Salut et félicité, Jack ! Je suis Orias, le Roi des Pièces. Eh, heu… bienvenue, je suppose ?

Spoiler:

Noda n'aurait jamais cru qu'il visiterait le sous-sol du palais impérial avant d'être acueilli en prince à la surface. Et pourtant, voilà qu'il arpentait les couloirs uniformes de la forteresse la plus secrète et inviolable de l'Ultima Necat. Il fallait dire que sa récente entrée aussi contrainte que voulue au sein du monde spirituel lui avait ouvert de nouvelles perspectives. Pourquoi rêver petit quand on avait de tels moyens ? Les ambitions de domination mondiale de l'héritier s'était évaporés, bien vite remplacés par celles d'une hégémonie universelle. De fait, il avait bien évidement été mis au courant de la montagne d'obstacles qui se dressaient sur le chemin de l'humanité et du leader promis qu'il pensait incarner, mais il savait son organisation pleine de ressources et, plus encore aux vues des dernières nouvelles du front, de surprises. Oui, il fallait bien dire que la victoire humaine au Hueco Mundo l'avait pris de court. Les rangs d'Ultima Necat étaient solides bien sûr, mais leur triophe reflétait surtout la faiblesse de la parodie de société érigée depuis peu par ces bêtes sauvages de hollows.

De ce qu'il en savait, cet affrontement était aussi la raison de l'absence de l'homme qu'il rencontrait aujourd'hui. Le King venait reprendre son trône, et on avait fait savoir à Noda qu'il était attendu de lui qu'il se présente. Ce prérequis protocolaire horripilait presque autant le PDG que le fait de se savoir à nouveau soumis à une hiérarchie, mais il était toujours important de connaître ses collaborateurs."Les dieux me gardent de mes amis ; mes ennemis je m'en charge." avait autrefois dit le roi Antigone III Doson. Le Macédonien n'avait été, à l'évidence, ni très ambitieux ni particulièrment compétent, et Noda savait désormais qu'il n'existait aucun dieu qui puisse le surpasser éternellement. Ainsi, la charge de surveiller ses associés lui revenait autant que celle de garder un oeil sur ses opposants. Restait maintenant à savoir de quel côté l'astromancien se placerait.

Au grand dam de l'agent chargé de faire les présentations, le King lui-même ne semblait ni savoir où se placer, ni où il se trouvait tout court. Peut-être était-il toujours délirant suite à ses blessures, auquel cas il semblait peu approprié d'organiser une recontre aussi rapidement, plus encore lorsqu'on savait à quel point les Coins n'avaient de section que le nom. Peut-être aussi ne faisait-il que plaisanter, hypothèse que Noda espérait au fond de lui fausse. Il avait eu le déplaisir de rencontrer beaucoup de profils différents au cours de sa courte carrière, mais aucun ne lui semblait plus chaotique et ingérable que celui du clown. Enfin, innutile de s'énerver, se disait Noda. Sans doute ne s'agit-il que d'une excentricité de façade. Il paraissait insensé qu'un idiot complet de la trempe de celui qui gesticulait devant ses yeux ait été mis à la tête d'un pan entier de la première et dernière ligne de défense de l'humanité.

"Enchanté, King. Je suis Eiichi Noda, le nouveau Jack of Coins, et accessoirement le PDG du groupe Mitsubishi.

Voilà qui devrait suffire pour les présentations. L'héritier avait bien d'autres titres et caractéristiques à sa ceinture, mais aucuns qui ne saurait être utile dans cette situation précise. Soucieux de commencer sur un bon pied, il afficha un fin sourire et s'enquit de la situation de son interlocuteur.

"J'ai cru comprendre que vous revenez tout juste du champ de bataille. Félicitations pour votre victoire. Voilà qui devrait apprendre les bonnes manières à l'Acuerdo."

A vrai dire, et tout Coins qu'il était, Noda n'était pas encore parvenu à comprendre en détail ce qui avait pu pousser les hollows à se retourner contre l'Ultima Necat tant les rapports avaient été confus, mais il était bien certain que les siens avaient remporté une victoire décisive qui, pour l'heure, suffirait amplement. Bien sûr, l'effondrement des relations diplomatiques entre la Terre et le Hueco Mundo créait pour les humains la nécessité de renforcer leurs capacités défensives, mais c'était là toute la raison d'être du projet Égide, que les deux hommes auront tout le loisir de discuter plus tard.

"Vous avez peut-être des questions à me poser, ou des informations à communiquer ?"

- J’ai en effet des questions, oui ! Tout d’abord, qu’est-ce que vous faites là ?

Il l’avait écouté en affichant son habituelle bienveillance, un léger sourire sincère accueillant sa brève présentation. Et si l’astromancien ne payait pas de mine, il n’était certainement pas à son poste depuis la fondation de l’Ultima Necat pour rien. Déjà quelques questions précises qui venaient lui occuper l’esprit, et qu’il adressait de manière inattendue afin de peser un peu mieux encore les réponses de son interlocuteur en prenant en compte ses réactions. Une habitude souvent usitée, et qui l’avait encore amusé il n’y a pas si longtemps avec cet étrange joueur de poker chez les Cups. Aussi, si la tournure pouvait interroger donc, il n’en demeurait pas moins que la question était légitime. Le temps d’une mission – et des soins qui avaient pris un temps notable il fallait le reconnaître – il s’était retrouvé avec un second, un bras droit, chose qui n’était plus advenue depuis… pfiou, au moins ça !

Par quel cheminement s’était-il donc retrouvé ici, venant renforcer sa section, et plus notablement encore à un poste si élevé avant même d’avoir fait ses preuves, pour ce qu’il en savait ? Voilà qui intéressait Orias, sans jugement.

- J’aspirerais à ce que vous ayez raison, et que ces Arrancar optent pour de plus raisonnables manières. J’ai bien peur néanmoins que ce ne soit que le début des troubles. Pour avoir un peu côtoyé cette engeance, ils ont pas la lumière à tous les ménages. Si les exécutants que nous avons repoussé s’en tienne sans doute peu ou prou qu’à une haine basique et ma foi somme toute légitimement innée d’hommes tels que nous, j’ai du mal à comprendre sur quel agenda l’ordre a été donné. Il est sûr toutefois que des orgueils aient été piqués, et les Clubs auront fort à faire pour protéger nos positions. Même si une bataille a été remportée, je ne suis pas certain que l’on puisse fêter une réelle victoire.

Est-ce une ombre d’inquiétude qui le laisse pensif ? Qu’a-t-il en tête à cet instant ?

- Alexa ? Fais-moi apporter de l’eau, je vais pisser du sable. Et du whisky ; prescription médicale !
- Très bien, je vous fais apporter de l’eau, ainsi que du whisky.

Une voix synthétique réplique, et il opine simplement. C’était facile la technologie finalement. Enfin, beaucoup plus depuis qu’il avait fait installer cette assistante virtuelle. La Cups qui lui avait installé ça avait fait du bon boulot tout de même ; même si elle s’était surtout débarrassée de la tâche de devoir lui expliquer en détaillé comment se servir du moindre appareil ici. Comment s’appelait-elle déjà ? Blonde, c’était sûr, mais à part ça… elle était pas à l’hôpital aussi, quand il avait fallu mater l’ourson explosif ? Tsss, pas important pour le moment. En attendant qu’il se fasse porter ses boissons, il enchaîne.

- Alors comme ça, vous êtes un patron, hein ? Donner des ordres, tout ça, ça doit vite devenir une habitude, non ? Et puis au premier coup d’œil, on voit que vous avez les moyens pour de belles tenues hein, c’est très bien cousu tout ça, parole d’expert. Ça a l’air d’être une bonne situation ça, non ?

Que faisait-il ici ? Pris de court, Noda dévoila un instant toute sa confusion alors qu'il échangeait un regard plein d'interrogation avec l'agent qui l'avait désigné plus tôt. Ce dernier finit par hausser les épaules, incapable de trouver quoi dire. Le PDG se reprit et fixa à nouveau son regard sur son chef.

"Eh bien, il m'a été dit que l'on attendait de moi que je me présente. Voilà qui est chose faite."

Le King entreprit alors de répondre à sa formule de courtoisie, mais apporta, peut-être sans le savoir, un constat ô combien utile pour son Jack. Les Clubs auraient certainement fort à faire, il le savait bien, mais entendre un tel postulat de la bouche d'un cadre si influent de l'Ultima Necat représentait une avancée majeure dans la légitimation de son plan. Et cela tombait bien. Contrairement à ce qu'avait prétendu l'Eiichi, sa présence ici ne relevait pas que d'une visite purement protocolaire. Il avait besoin du prestige d'un roi pour en convaincre un autre. Mais chaque chose en son temps. Pour l'heure, il devrait se conformer à la mystérieuse alternance de répliques perspicaces et d'interventions clownesques. En voilà justement une autre. Une histoire de boisson non assumée à écouter les divagations du principal intéressé. Sa commande passée à l'étrangement commune intelligence artificielle, le King revint à son interlocuteur. Il sembla cette fois-ci s'intéresser à sa position civile, et se permit même de complimenter ses vêtements. Noda n'allait pas rougir pour si peu, et supposait toujours qu'il existait à ces curieux constats un motif ultérieur. Ajustant son veston, il en sorti une carte de business qu'il tourna en direction d'Orias.

"Cesare Attolini. Rien d'extravaguant, vraiment."

Puis il rangea le petit rectangle dans la poche de son gilet avant de continuer à répondre à l'Astromancien.

"Oui, c'est une excellente situation. Elle vient bien sûr avec son lot de responsabilités et de difficultés, mais c'est une vie qui vaut la peine d'être vécue."

Force était de constater que son paternel l'avait cependant bien formé à l'exercice, allant jusqu'à forger sa motivation de le faire tomber. L'héritier réfléchissait parfois à ce qui avait pu pousser son prédécesseur à établir un chemin aussi royal pour qu'il parvienne à le faire chuter. Un an auparavant, au début de la nuit sanglante qui verrait son coup d'État réussir, il s'était convaincu qu'il était enfin parevnu à le surpasser. Lorsque son paternel avait rendu son dernier souffle sur le toit de la tour, il était venu à en douter.

"Je suis heureux de voir que nous partageons le même constat sur les troubles que pourraient venir à éprouver nos confrères des Clubs sous peu. J'ai engagé un projet pour y remédier, voyez vous, mais j'aurais pour cela grand besoin de votre influence."

Encore fallait-il pouvoir gager que l'Astromancien, lui-même Revenant, se montre moins conservateur que la majeure partie de ses pairs concernant l'abolition de la frontière entre les hommes et les âmes. Beaucoup dans l'Ultima Necat voyaient cette transgression d'un mauvais oeil, et Noda s'apprêtait pour ceux-là à commettre l'un des plus impardonnables péchés. Pour l'heure, il était plus sage de faire redescendre la température. Profitant de la présence d'un des plus importants cadres de l'association, il se permit à son tour de poser sa propre question ouverte.

"Mais qu'importe, cette discussion peut-attendre. Pour l'heure, et en votre qualité de King, je suis curieux de connaître vos projets pour l'avenir."

Il semble amusé à la première réponse de Noda. « Ce n’était pas tout à fait ce que j’avais en tête », pensa-t-il. Il se demandait surtout ce qu’un homme qui n’avait jamais mis le nez à l’Arcānum faisait soudainement à occuper son poste de second, alors qu’il était lui-même en mission. Peut-être une décision de Tempérance ? Ça venait d’au-dessus de lui dans tous les cas. Bon dans les faits, ça lui en agitait une sans toucher l’autre, et il avait bien fallu que sa section tourne durant son absence et sa convalescence. Dont il ne paraissait pas être tout à fait sorti…

Un petit coup d’œil sur la carte sans y porter plus d’attention. Assurément ce nom ne voulait absolument rien dire pour lui. Bon, ça sonnait lombard sans nul doute, et pour lui c’était surtout des banquiers, des usuriers et des amoureux de leurs livres de compte. Souvent les trois à la fois, oui. Mais on devait bien y trouver quelques couturiers et parfumeurs en effet.

- Des projets ? Pour l’avenir ? L’avenir se projette bien tout seul mon garçon ! Seuls les astres ont à décider de l’avenir, et parfois ils acceptent de nous livrer un peu de leur savoir.
Et au final, notre plus grand projet n’est-il pas de servir l’avenir en le rendant meilleur ? Le maître-mot de l’Ultima Necat assurément.

Orias avait une vie bien remplie. De nombreuses missions, l’organisation de sa section, la préservation du voile. Fonder des projets pour l’avenir, par contre… pour celui qui venait du passé, ce n’était pas tout à fait instinctif. Faire son travail et le faire bien. Que la cause avance, que l’humanité s’en porte mieux. C’était déjà une très grande chance que d’avoir l’heur de participer à tout cela. D’autant plus pour qui avait déjà trouvé la mort… Entre temps, il boit de l’eau. Puis du whisky. Puis re de l’eau. Voilà, ça va mieux !

- Oh, si, maintenant que j’y pense. Je crois que j’ai une petite copine maintenant. Bon, c’est un peu tôt pour faire publier les bans je présume, mais… enfin, je ne sais pas. C’est pas tout à fait un projet, du coup. Mais je la connais depuis toujours, en l’ayant rencontrée depuis plusieurs mois à peine. C’est bizarre, je sais, oui… Oui oui, bien sûr, il faudrait étudier la question. Il faut poser le pour et le contre, comme on dit, hein. C’est qu’il faudrait pas y mettre une coccinelle dans le placard, mouais, c’est pas bon pour l’aventure ça.

Bon, l’autre avait bien dit « en sa qualité de King », mais vu que sa liaison était avec la Queen of Clubs, l’un dans l’autre – c’était le cas de le dire, ahah – c’était un peu en sa qualité de King quand même. Un peu. Peut-être. Bref.

- Du coup, un projet avec les Cups, c’est ça ? Proposez à Diamond de jouer son aide au poker. Il pourra pas refuser si vous avez quelque chose d’équivalent à mettre sur le tapis… Tout le monde sait qu’il ne peut y résister !

En dépit des efforts fait par Noda pour recadrer la conversation, le King semblait déterminé à rester le plus évasif possible. Sa réponse à la question du PDG mêlait sens des responsabilités et fatalisme astrologique. Si le Jack comprenait parfaitement la première de ces notions, il tenait en horreur la seconde conception du monde, pourtant si répandue parmi les revenants.
En dépit de son mépris pour cette vision, il en comprenait parfaitement la prééminence chez ces hommes d'un autre temps. Ce n'était en effet qu'avec la domestication de la vapeur que l'humanité avait commencé à prendre conscience de sa grandeur et de l'hégémonie qu'elle était destinée à mettre en place dans son habitait naturel. Difficile donc pour tout être réfléchi d'imputer ce pessimisme à autre chose que l'expérience d'une vie rythmée par les épidémies, les catastrophes naturelles et les champs ravagés par les invasions de sauterelles ou les épisodes climatiques brutaux. Le PDG ne pouvait qu'espérer que quelques années supplémentaires passées dans le monde moderne permettraient aux revenants de comprendre clairement que le rapport de force entre leurs semblables et la nature, les dieux et autres astres avait changé. Ainsi, et parce qu'il ne tenait pas à irriter un homme si jovial, qui plus est son supérieur, pour si peu, Noda resta muet.

Quelques gorgées plus tard, Orias revint sur ses propos pour aborder l'existence d'une concubine, et ce avec une telle candeur que Noda en vint à douter de sa motivation. S'agissait-il d'un test de patience ? Le PDG tenta bien de s'accrocher pour déceler un fond de pertinence, mais en vain. Son supérieur direct semblait bel et bien s'émoustiller tout seul comme un adolescent le ferait en parlant de sa première copine à un ami. Noda nota toutefois cette information dans un coin de sa tête. Il ferait bien de découvrir en vitesse l'identité de la dulcinée de l'Astromancien. Juste au cas où.

Enfin, Orias revint au projet précédemment évoqué par son Jack. Le PDG émit un ricannement lorsque que le cas de Diamond fut évoqué.

"N'ayez craintes, j'ai la pleine certitude que Monsieur Beck se dévouera entièrement à cette initiative d'ici peu. Nous avons déjà eu l'occasion d'en discuter, et il s'est montré plutôt enthousiaste."

C'était le moins que l'on puisse dire. Si Noda avait bien fait attention à ne pas confier la direction d'un tel projet à un revenant, il avait toutes fois lui-même été surpris du bon sens démontré par le scientifique lors de leur entretien. Il n'avait jamais douté ni de ses compétences, ni de son intellect, mais avait un instant craint qu'un projet aussi ambitieux puisse impressionner des âmes moindres. Cela n'avait pas été le cas de Diamond. L'Ultima Necat pourrait assurément avoir besoin de plus d'hommes et de femmes de sa trempe.

"Puisque vous y revenez, nous pouvons aussi bien en parler dès maintenant. Le projet Egide n'est pour l'instant connu dans les grandes lignes que par Monsieur Beck et par moi-même. J'aurais certainement l'occasion d'en discuter à nouveau au Hueco Mundo, ou je prendrais part à une mission qui pourrait voir le sujet être amené sur la table, mais il me fallait parler rapidement à un scientifique pour qu'il puisse commencer ses recherches au plus tôt."

Noda réajusta brièvement ses boutons de manchettes, puis repris.

"Ce projet part avant tout d'un constat que vous avez vous même formulé il y a de cela quelques instants. Les Clubs risquent en effet d'être occupés. Si nos hommes sont généralement assez qualifiés pour repousser avec succès les cadres de l'Accuerdo que nous avons eu à affronter jusqu'ici, on sait aussi que le nombre de hollows est proprement inquantifiable, et ignorons totalement combien peuvent être mobilisés. Qu'arrivera-t-il à nos installations, aux humains ordinaires du Japon et d'ailleurs, le jour où les hollows décideront de lancer un assaut massif ? Si nos hommes sont occupés à retenir les plus dangereux, qui s'occupera d'empêcher les hordes grouillantes de massacrer nos congénères ?"

Même en comptant les Arcanes majeures aux côtés des forces régulières de l'Ultima Necat, il y avait fort à parier au vu des rapports que la force qui avait attaqué le complexe humain au Hueco Mundo n'était qu'une avant-garde désorganisée et paniquée.

"Ainsi, et puisqu'il ne serait ni sage ni acceptable de créer des fullbringers à foison sur lesquels nous n'aurions aucun contrôle, surtout après la désertion de l'ancien King of Swords, il m'apparaît important d'envisager d'autres éventualités. Nous pourrions nous reposer sur des automates, mais il s'agirait alors de partir de zéro, et qui sait combien de temps cela pourrait prendre. Non, la mission que j'ai confiée à Monsieur Beck est la suivante: il doit trouver un moyen de permettre à des humains ordinaires d'affronter des hollows de bas niveau. Qu'il passe par un sérum ou par une visière et un fusil à Reishi importe peu. L'important est de conférer aux Clubs le moyen de faire leur travail. Pour affronter une armée, il leur faudra une armée."

Anticipant la question suivante, Noda enchaîna immédiatement.

"Bien sûr, la véritable première étape d'un tel plan est de trouver les humains qui serviront. Figurez-vous, King, qu'il existe au sein même du Japon, près de 20 000 hommes et femmes endurcis et habitués à suivre une hiérarchie stricte, et que la Fondation Memento pourrait profiter autant de l'Ultima Necat de leur enrollement. Ils sont répartis en 4 clans que l'on nomme Yamaguchi-gumi, Sumiyoshi-kaiSumiyoshi-kai, Inagawa-kai et Kobe Yamaguchi-gumi. Les autorités du pays s'y intéressent peu, et s'y intéresseront encore moins si nous nous chargeons de graisser les bonnes pattes. Une organisation comme la nôtre saura certainement les soumettre par la force, mais la récente nomination du nouveau King of Swords nous ouvre une autre piste qu'il serait sage d'explorer, au risque de s'attirer ses foudres. Je tenterais d'évaluer sa réceptivité au projet au plus vite."

Les agents des Coins comme ceux des renseignements de Mitsubishi avaient en effet rapporté aux oreilles de Noda la rumeur que Kurosawa Kyoya entretenait des liens nébuleux avec les familles, mais il était trop tôt pour en être certain. Pour autant, il lui fallait absolument vérifier ces informations, sous peine de créer des failles majeures au sein de l'Ultima Necat.

"Bien sûr, nous aurons tout de même besoin d'une couverture officielle pour l'arrêt soudain des activités Yakuzas. C'est là que la Fondation interviendra. Imaginez donc les gros titres, King: "Mitsubishi et la Fondation Memento donnent aux Yakuzas de nouvelles perspectives !". Imaginez les gangsters enchainer les semaines de service civique sous les caméras des médias et d'entraînement militaire en privé alors que la Fondation reçoit, de partout dans le monde, des dons toujours croissants."

Il pourrait y avoir des fuites bien sûr, mais l'Ultima Necat était trop riche pour que quoi que ce soit n'en découle. Après tout, les lois ne sont-elles pas que des suggestions pour les puissants?

- Il s’appelle Bec ? Mickey Bec ?

Orias eut l’air d’accueillir la nouvelle avec amusement. Pour lui c’était Mickaël Diamond, et forcément le Diamond avait plus retenu son attention que le reste. Est-ce qu’il avait seulement eu l’information déjà du nom véritable du Cups ? Sans doute pas. Et même s’il l’avait lu, il n’y aurait pas prêté particulièrement attention. L’astromancien n’avait pas vraiment la culture des noms après tout, qu’il attribuait plutôt à une certaine caste. La noblesse y accordait beaucoup d’intérêt par contre, et s’amusaient à les répandre autant qu’ils le pouvaient. Et on finissait avec des têtes couronnées qui additionnaient les blases et blasons pour rendre toute présentation forcément pénible car interminable. Orias. Point. Ça, ça allait à l’essentiel, pas vrai ?

Mais de nos jours cela avait changé, il ne l’ignorait pas. Tout le monde avait un nom, c’était normal. Et rares étaient ceux qui les collectionnaient. Peut-être que ça se faisait toujours en son pays natal ? Qu’importe. Ici on se prenait beaucoup moins le chou avec tout ça, mais hé, c’est que ça deviendrait pas une super longue digression pour juste le fait d’avoir appris le nom réel de Diamond ?

- Ahah, c’est marrant !

Cloture-t-il en buvant une gorgée. Avait-il vraiment bien fait de sortir de l’hôpital, déjà ? Le sujet devenait beaucoup plus sérieux de toute manière, comme le projet est abordé. Alors, il écoute. Compile les informations, tâche de leur donner un sens lorsque cela traite de sujets qu’il maîtrise moins. Orias n’a assurément pas la trempe d’un scientifique, et il n’a jamais encore voué un intérêt suffisant pour le monde moderne que pour y prendre pleinement sa place. Il cherchait juste à en savoir assez pour mener à bien sa mission, sans doute preuve d’un manque d’ambition mais pour l’heure cela lui avait bien convenu. Lorsque Noda en termina, il réfléchit un instant, et prenant peut-être son interlocuteur à contre-pied, il revient sur un point qui n’était clairement pas central dans l’exposé qui venait de lui être fait.

- Ah bon, ils ne lui ont toujours pas mis la main dessus à Ganryū ? J’imagine qu’on lui laisse une chance de changer d’avis. Si on avait vraiment voulu lui tomber dessus, il serait déjà… « couic ».

Orias aurait pensé que les Arcanes Majeurs se seraient empressées de se jeter sur cette désertion majeure. Ganryū n’était pas seulement un Agent en cavale, mais surtout un King en poste, membre de l’opération Xtincti0n avant même la création de l’Ultima Necat, si l’astromancien ne faisait pas erreur. Bon, il était un peu con – même quelqu’un d’un peu à côté de la plaque comme Orias avait pu le comprendre sans faille – mais tout de même, il devait avoir en sa possession des informations qui ne pouvaient pas fuiter. Rapidement, un nouveau King of Swords avait été nommé cela dit ; peut-être que c’était à lui que cette tâche avait été confiée, et qu’il lui fallait un peu de temps pour prendre ses marques ? Cela le rassurait un peu que ce ne soit pas The Fool qui soit sur l’affaire cependant : ça ferait sans doute moins à « nettoyer » derrière.

- Cela dit, il y a de l’idée. Nos Agents sont déjà tous équipés, la technologie tout ça, un vrai locomotiv pour l’Ultima, pas vrai ?

Tellement pas dans son élément…

- Ce qu’il manque donc, c’est un recrutement massif afin d’établir une armée, selon toi. Ne crains-tu pas que cela cause une fuite majeure ? À éveiller ainsi autant de dormeurs à… « notre réalité » ?

Une simple question, pour commencer à creuser le sujet. Il savait que la discrétion de la Fondation ne pourrait pas durer éternellement s’ils souhaitaient apporter au monde leur contribution, bien sûr. Cependant, leur travail en tant que Coins était en partie de camoufler les interventions du monde spirituel sur le monde réel, afin qu’il ne fuite pas. Qu’ils en préservent le secret, d’un monde qui n’était pas prêt à accepter cette réalité. Cela faisait s’interroger, forcément.

Noda hôcha la tête à la dernière interrogation du King.

"C'est une possibilité bien sûr, mais je la crois bien surestimée. Quand bien même nos recrues se décideraient à faire abstraction de la peur que nous leur inspirons et de l'espoir que représente cette nouvelle carrière pour en venir à s'échapper, ils auraient bien du mal à trouver un journal ou un commissariat qui n'en informerait pas nos contacts en moins de 24 heures. Il reste de toute façon peu probable que le peu qu'ils aient à dire soit considéré crédible ou utile par qui que ce soit. Quoi qu'il arrive, nous aurons l'embarras du choix quant à notre réponse."

Inutile même de recourir systématiquement à des assassinats ou des enlèvements. Il suffira à la Fondation de rester silencieuse sur le sujet, ou de résumer le profil de l'individu ciblé à celui d'un mythomane complotiste. Les entreprises et les États disposaient aujourd'hui d'une myriade d'étiquettes à assigner aux dissidents, fussent-ils sérieux ou non.

"S'il est nécessaire de le préciser, nous mettrons en place des paliers d'informations, lesquels resteront inaccessibles à la majorité des recrues jusqu'à ce qu'ils prouvent leur valeur ou leurs capacités. Les probables déserteurs ne sauront mentionner au mieux qu'un entraînement militaire dans un bunker secret ou l'existence de monstres invisibles, ce qui ne fera rien pour appuyer leur crédibilité."

C'était encore gager que la parole fantaisiste d'anciens criminels confus vaudrait, auprès des journalistes, politiciens et policiers corruptibles, soit tous, plus que des pots de vin mirobolants et anonymes. Noda ne savait pas grand-chose de l'époque dont son supérieur était issu, mais lui aussi devait avoir constaté, s'il s'y était élevé assez haut, que toutes notions d'honneur, de décorum ou de responsabilités s'envolaient par la fenêtre lorsque sonnaient les cliquetis des pièces. Et chacun savait à quel point l'Ultima Necat n'en manquait pas. Il résuma ce point rapidement à l'oral, alors qu'une lueur mauvaise sembla apparaître dans ses pupilles.

"Ne craigniez pas non plus les fouineurs ou les curieux, King. Ce siècle, plus que tous les autres, est régit par l'argent, et personne n'est incorruptible."

Il marqua une pause, laissant à son interlocuteur le temps de digérer ces informations.

"Concernant l'attention que cela pourrait nous apporter de la part de nos rivaux spirituels, je crains que vous ne soyez plus qualifié que moi pour répondre. S'il me faut cependant être honnête sur ce point, je crois bien que le temps de la discrétion est de toute façon passé. Les yeux injectés de sang des hollows sont fixés sur nous, et je préfère encore que les shinigamis prennent connaissance de notre existence par le biais d'une démonstration de force défensive de notre part que par celui d'un massacre punitif infligé par le Hueco Mundo sur notre population sans défenses."

Là encore, il s'arrêta un instant, semblant presque hésiter à poursuivre, avant d'effectivement continuer.

"A moins que vous ne jugiez plus facorable de sacrifier des milliers de civils pour nous attirer la sympathie des shinigamis et former une alliance, alors même que nous ne savons presque rien ni de leurs motivations, ni de leurs capacités."

Si certains auraient pu voir là un faux dilemme, Noda tenait surtout à mettre en exergue l'urgence perçue de la situation. Le refroidissement de leurs relations avec l'Acuerdo leur avait fait perdre la quiétude relative qui avait animé la coalition jusque-là.

"Que nous les attendions ou non, les hollows viendront. Il nous reste à décider de notre stratégie défensive. Sauverons-nous les nôtres par la force de nos corps et de nos esprits, comme nous avons juré de le faire lorsque nous avons rejoint l'Ultima Necat, ou finirons-nous par nous soumettre au dominion de "dieux" qui, dans leur orgueil, n'ont jamais cherché à définitivement éradiquer leur pire ennemi, quitte à les laisser ravager notre monde si l'envie leur prenait ?"

Le PDG fixa l'Astromancien, qu'il espérait réceptif à ces enjeux.

"Mon choix est fait, King. J'ose espérer que le vôtre saura me conférer assez d'influence pour mener cette initiative à bien."

- Au pire, il y a toujours besoin de nouveaux sujets de tests...

Marmonne Orias à la défense de Noda. Les fuites, par le passé, ça pouvait aussi disparaître en festin démoniaque, mais c’est vrai que ça faisait une source de nettoyage en moins maintenant qu’ils n’étaient plus alliés avec l’Acuerdo. Un bon banquet ça avait le mérite de bien clôturer une histoire de coutume, mais ce ne serait plus le cas désormais. Mais il y avait toujours de nouveaux sérums à tester, de Fullbringer à créer, et ainsi de postes à donner.

- Peut-être y aller progressivement limiterait les risques, fidéliserait un minimum, tout en donnant l’exemple sur un échantillon plus contrôlé, en place de directement convertir vingt milles têtes ? Oui, peut-être...

L’Astromancien semble toujours plus se parler à lui-même que répondre à Noda, se grattant le menton des ongles, le contact couplé au léger bruissement de sa jeune barbe l’aidant souvent à réfléchir.

- Bon, c’est vrai que ça serait farfelu de les croire sur parole s’ils se mettent à causer, mais s’ils commencent à utiliser nos armes pour leurs propres affaire, ils deviendront tout de suite beaucoup plus convaincants en vérité… Bon après y a d’autres soucis… comment ils les voient, leurs cibles, s’ils sont pas éveillés au monde spirituel ? Faudrait, genre, des lunettes magiques ? Ou un « demi-vaccin », pour les faire devenir Fullbringer mais pas trop ? Ah bah oui ça, ça reste un problème c’est sûr… des cibles faciles, oui...

Même s’il marmonnait dans cette discussion avec lui-même, Noda n’aurait aucun problème à comprendre le contenu de ce dialogue intérieur, cette manière qu’il avait de peser les pour et les contre. Finalement, il relève la tête, récupérant son franc sourire.

- Eh bien, puisque votre choix est fait, il semble que je ne puisse pas vous empêcher de chercher à mettre votre plan en place, de toute manière. Mais cela ne saurait être fait au nom des Coins, mon garçon. Puisqu’il s’agit de stratégie défensive, ma Reine, heu… la Queen of Clubs sera plus à même de juger de ce projet. Nous, nous sommes là pour nettoyer lorsque les soucis sont déjà parvenus, pas pour en créer de potentiels.
Alors, en votre nom, prospectez, je ne m’y oppose pas. J’espère juste que la prochaine mission que l’on me confiera ne sera pas de me débarrasser de vous, ahah !

Il dit cela comme une plaisanterie, le rire semblant sincère, mais était-ce si déraisonnable de penser qu’il y avait peut-être une part de vérité là-dedans ? Il lui tapote l’épaule, comme l’on ferait à un adolescent fougueux, et déjà il s’éloigne de quelques pas vers d’autres dossiers. Noda pourrait toujours prolonger la conversation s’il le souhaitait, Orias n’était pas bien loin de toute façon, même si déjà son attention paraissait se tourner vers d’autres cas.

Noda avait pensé à faire les choses progressivement bien sûr, et ce n'était pas réellement la perspective d'un danger imminent qui l'en avait découragé. Il était simplement désireux de ne pas attirer l'attention des yakuzas qu'il n'aura pas sélectionné d'entrée de jeu. Ils ne représentaient en soit pas une si grande menace, mais leur influence et leur mépris des règles communément établies en faisaient des adversaires à éliminer impérativement d'une seule frappe. Pour autant, il s'agissait là d'un problème organisationnel mineur, et il était inutile de contredire trop ouvertement le King sur un tel point.

"J'y ai pensé aussi, mais il me parait plus favorable de subjuguer les clans en une fois, ne serait-ce que pour éviter les gêneurs incontrôlables. Mais qu'importe, cette option sera aussi envisagée par Kurosawa, et la décision lui reviendra sûrement."

Orias sembla un instant rassuré par les explications de son subordonné, mais souleva immédiatement d'autres inquiétudes quant à la capacité des déserteurs à convaincre les autorités, puis à celles des soldats de percevoir leurs cibles.

"Tout cela dépendra des résultats apportés par les Cups. Je ne permettrais pas de limiter leur liberté créative sur de tels sujets. Qu'ils poursuivent la solution qui leur apparaîtra la plus efficace."

Le King conclut avec un discours somme toute quelque peu fataliste sur sa réelle capacité à endiguer le plan de Noda. Ce dernier voulait y voir une approbation tacite plus qu'une réelle résignation, et ce fut exactement ce qu'il fit. Il mentionna ensuite la Queen of Clubs, sa Reine disait-il ? Un lapsus aux implications plus qu'intéressantes sur lesquelles il était vain de se pencher pour l'heure. La concernant, il affirma qu'elle devrait être mise au courant avant le début de l'opération. Dommage. Le Jack aurait donné cher pour voir la surprise sur le visage de Recca lorsqu'il lui aurait lâché une armée entière sur les bras, mais peut-être était-il plus sage de lui laisser le temps et le loisir d'y préparer ses officiers. A cet ordre, Noda hocha donc la tête en signe d'approbation.

Enfin, Orias conclut sur un avertissement, ou une menace qui, prononcée d’un tel ton infantile, ajoutait à l’étrangeté du mystérieux personnage qu’était le Revenant. Ces mots, volontairement vagues dans leur expression, étaient des plus limpides dans leur intention : le King n’accepterait pas d’échec, même partiel, dans une telle opération. Mais Noda ne craignait pas d’échouer. C’était là tout l’intérêt d’une planification si horizontale, d’une coopération si totale entre les différentes sections. Si chacun accomplissait son devoir, alors l’Ultima Necat en ressortira plus forte que jamais. Au-delà même de ces garanties, Noda était parfaitement certain que le temps lui donnerait de toute façon raison. Chaque nouvelle attaque massive de hollows donnerait du crédit à l’existence d’Égide, et l’héritier ne doutait pas un seul instant qu’elles se multiplieraient dans les semaines et les mois à venir.

“Je tâcherais de ne pas en arriver là. Bonne soirée, King.”

Ainsi partit Noda. Il était venu pour un feu vert, et repartait avec un orange clignotant. Soit, cela devrait lui suffire pour l’heure. Il ne lui restait à présent qu’un autre individu à convaincre et une autre à informer avant que l’Égide ne soit forgée.