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Sadako Takezo

Données Spirituelles
Grade: Vice Capitaine de la Septième division
Dim 11 Déc 2022 - 10:05 - Un matin d'hiver

Le givre hivernal venait de recouvrir les jardins de la Seireitei, la nature s’était fait entendre au même titre que dans le monde des vivants et gratifiait toutes les âmes de sa rudesse et de sa beauté. Takezo dans tout cela, avait adapté sa tenue pour l’occasion accordant son brassard de vice-capitaine d’un blanc albâtre et avait parré sa chevelure d’une myriade de plumes harfangs qui mettait en avant son goût prononcé pour la saison. Le shinigami à présent suffisamment connu de ses pairs, était célébré pour ses tendances esthétiques qui pouvaient donner de l’idée aux plus jeunes générations. L’esprit de corps et la volonté de ne pas sortir du rang n’était définitivement pas des valeurs propres à Takezo, lui encourageait non pas l’individualité mais plutôt l’originalité et la volonté de se dépasser. Ce n’était pas fondamentalement en opposition avec les valeurs enseignées avec feu geryusai-sama, simplement que le lieutenant avait une tendance générale à vouloir laisser s’exprimer chaque voix pour qu’elle puisse à son tour trouver la meilleure manière de se développer, ce qu’il avait quelque peu reproche à l’ancienne éducation. Dans tous les cas, ce n’était pas simplement à travers son sens de la mode que l’on pouvait autant lire le shinigami.

Takezo était à présent en train de se reposer au pied d’un bassin des quartiers administratifs du seireitei, non loin des plaques funéraires des anciens lieutenants et capitaines tombés pour le bien de la soul society. Il y avait à côté de lui, un tokkuri de porcelaine kaoline qu’il avait déjà largement entamé à cette heure matinale de la journée. Comment avait-il pu se retrouver ici ?

Eh bien, en sa qualité de vice-capitaine, Sadako avait au même titre que de nombreux avantages, de bien plus nombreuses responsabilités. Une de celles-ci, était en autre, d’assister régulièrement aux réunions des gradés. Cela pouvait être en qualité d’assistant du capitaine ou bien, comme c’était le cas aujourd’hui, il pouvait assister à la réunion mensuelle des lieutenants où il devenait acteur des décisions et des comptes rendus réalisés à l’occasion. Ces réunions pouvaient être d’importances variées allant de la simple mise au point de l’évolution des divisions et des décisions prises au sein de ces dernières, tout comme en temps de guerre allait à l’organisation détaillée d’un plan d’attaque. Ce matin-là, Takezo avait été plutôt convié de manière formelle et les échanges relativement calmes s’y étaient tenues sans véritables enjeux. Du moins, autre que les habituelles décisions des corps expéditionnaires dans le monde des vivants et des démarches à prendre concernant les récents agissements des hollows. Le shinigami ne s’était que peu étendu sur le sujet pendant la réunion, il avait simplement convenu que ses hommes n'étaient pas encore prêts pour s’y aventurer et que la 7ème division n’interviendrait tout bonnement pas ce mois-ci. Cela pouvait toujours surprendre a priori, mais Sadako avait à cœur de n’y envoyer que des shinigamis en pleine forme et parfaitement formés, certes la division envoyait moins de subordonnés depuis son admission au poste mais il y avait aussi eu moins de pertes dans ses rangs. Un résultat que Takezo était parfaitement prêt à assumer.

Puis une fois cette réunion terminée, le shinigami comme à son habitude s’était éclipsé d’un pas éclair avant d’aller commémorer ses anciens amis, supérieurs et subalternes. L’arrivée fulgurante de l’hiver avait décoré la nature et ce dernier se sentait nostalgique au point de vouloir profiter de ce spectacle pour se ressourcer. C’est donc avec hâte qu’il se dirigea vers le quartier funéraire et ne laissant que de fines traces dans le givre, il avait fini par s’asseoir là. À l’ombre des premiers pruniers en fleurs, il admirait l’eau stagnante sous la glace et les narcisses percer discrètement le sol sous le regard admiratif des lycoris rouges. Ce spectacle de force silencieuse et d’éternel crépuscule avait le mérite de rendre le shinigami émotif.

Puis vint un pas. Un pas discret, feutré, enneigé, sciemment porté à sa connaissance. Un pas entraîné, quelqu’un lui faisait l’honneur de l’avertir d’une douce manière, une manière rituelle et ancestrale. Quelque chose qui se perdait avec le temps. Le shinigami redressa légèrement son dos, un rictus naquit sur son visage :

“Oho ? Aurai-je le plaisir d’avoir de la compagnie ce matin ?”. lança-t-il sans se retourner.

Sadako Takezo

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Mar 13 Déc 2022 - 12:34 - Un matin d'hiver

Cela faisait un certain temps à présent que je m’interrogeais. Que je prenais davantage de recul sur ma routine. Jusqu’à récemment, je n’avais toujours fait que courir. M’épuiser. Suer sang et eau. Simplement, pour ne pas penser. Car si je devais commencer à penser, alors je savais que ce serait le début de la fin. D’ailleurs, maintenant que je me donnais ce temps, n’entrais-je pas dans cet engrenage dangereux ? D’un autre côté, à continuer de me surmener comme je le faisais, ne finirais-je pas par exploser ? Je pris plusieurs initiatives sans vraiment y réfléchir. Rejoindre l’association des femmes shinigamis. Contrevenir à des règlements pour passer plus de temps avec une amie. Petit à petit, un changement opérait en moi, inconscient.

Peut-être, l’indice d’un besoin. Celui de me poser. Parce que j’étais fin prête ? De nombreuses fois, je me posais, attentive aux pincements de corde que Miyatsuki me jouait dans mon esprit. Elle possédait ce pouvoir de m’apaiser et de repousser au loin mes tourments. Seulement, au constat de ces progrès, je réalisais une nouvelle chose. La sensation d’un manque. Au sein du Nibantai, les relations étaient impersonnelles. Manquaient d’humanité. Un état de fait bien naturel au regard de la philosophie de notre division. Mais était-ce parfaitement sain ? Pouvait-on vraiment vivre comme des machines pendant des décennies voire des millénaires ? À s’entretenir sur cette voie, ne finirions nous pas par craquer ? Ou pire, abandonner notre humanité ? Qu’apporterions nous alors, à la Soul Society ?

Depuis que j’avais été sortie de l’ombre, j’étais leur instrument. Et au sein de la deuxième division, aux yeux de la chambre des 46, nous n’étions bien que ça, des outils. Ce qui nous rendait antipathiques aux autres. Quand bien même, je cherchais à me rapprocher des autres divisions. Collaborer. Reconstruire un lien de confiance et ce, de ma propre initiative. Parce que c’était nécessaire, me disais-je. Mais était-ce vraiment ça, le fond de ma motivation ?

En proie aux questionnements, j’entendais dans mon quotidien des rumeurs. Je m’intéressais de près à comment vivaient les autres divisions. Et parmi elles, j’eus des retours qui m’intriguèrent plus que les autres. Au sein de la septième division. Une ambiance qui m’inspirait. Peut-être, quelque chose que j’enviais ? Car s’il devait m’arriver quelque chose, au mieux recevrais-je sur ma tombe de l’indifférence ? Mais lui, il serait pleuré. C’était certain. Et même si ça pouvait sonner comme une mauvaise raison, je n’eus pas besoin de davantage pour me forger une petite détermination.

Cet hiver, je rejoignais une autre de ces réunions entre lieutenants. Il en était de nombreux à qui je ne m’étais pas encore adressée personnellement. Dont, cet homme à l’apparence un peu étrange avec ses plumes. Quant à moi, j’étais une femme qui se démarquait par deux petites cornes au front. Cette excentricité de côté, je ne possédais rien de vraiment remarquable si ce n’était mon brassard qui attestait de mon rang au sein de la division. Quelques bracelets et colliers de basse facture, que l’on pouvait parfois trouver chez des habitants des districts modestes, venaient orner mes poignets ainsi que mon décolleté. À la fin de l’entretien, je suivis discrètement ce confrère au milieu des pierres tombales. Quelque chose qui coiffait bien mon cheminement, même si je demeura quelque peu surprise de le voir s’arrêter ici.

Doucement, je m’approchais, de sorte à ce que le bruit de mes pas dans la neige finisse par trahir ma présence. Une venue qui visiblement, ne dérangeait pas l’individu en question qui s’entretint dans sa méditation, devant un point d’eau élégant.

– C’est bien mon impression, si cela ne vous dérange pas ?

Je laissais flotter un instant de silence afin qu’il me le confirme. Après quoi, je vins me poser près de lui, sans être brusque. Je n’avais pas d’excellentes manières mais je faisais attention.

– Cela fait plusieurs fois que nous nous voyons pour ces réunions, mais je ne crois pas vous avoir parlé une seule fois en privé.

Disais-je en tournant mon visage souriant vers lui. J’étais avenante et accessible. Et j’avais l’intention de partager une bonne conversation avec lui.

– Vous venez souvent par ici ?

Une demande innocente tandis que mes prunelles revenaient vers cet environnement particulier.
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Naoki Shiori

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Sadako Takezo

Données Spirituelles
Grade: Vice Capitaine de la Septième division
Jeu 15 Déc 2022 - 16:05 - Un matin d'hiver

À l’annonce de ces quelques mots, une silhouette aussi gracile qu’intriguante se dessina à travers les brumes hivernales. Le lieutenant de la septième division, sans pour autant bouger de son siège de fortune, détourna légèrement la tête, scrutant d’un regard avisé, sa nouvelle intervenante. Une demoiselle tout de noir vêtue, s’avançait peu à peu en sa direction. Son regard ébène et ses cheveux de jais, le tout taillé dans un carré approximatif mais pas dénué de charme, lui donnait une dégaine funèbre qui n’était pas si extravagante dans ce monde de violence et de sabre. Non, au contraire, ce petit brin de femme, était en apparence à l’image de toute celles qui s’était engagées dans le corps militaire. Seuls deux détails, pas si anodins, trahissaient une histoire ou une origine plus excentrique.

En effet la première particularité de cette dernière, que l’on pourrait qualifier maladroitement de bizarrerie, pouvait se voir comme le nez au milieu du visage : sur son large front blême, deux petites cornes ivoires semblaient avoir élu domicile et relevaient légèrement la tignasse folle de la demoiselle de jais, tout en défiant le ciel. À cet instant, Sadako eut tout de suite un léger sourire de compassion, tant il reconnut son égale qui s’avançait vers lui. Et tant qu’on était en train de l’évoquer, la seconde particularité dans cet uniforme ancestral, n’était autre que le brassard si emblématique associé au rang des deux protagonistes de cette histoire. Takezo identifia de suite sa consoeur, la lieutenante de la seconde division. Dame Nao-quoi déjà ?

C’est toujours un plaisir de partager un moment simple de vie avec un invité. - dit-il d’une voix ensoleillée, tout en désignant ouvertement une place à côté de lui de la main.

Takezo sentit toutefois le doute monter en lui. Quel était le nom de sa collègue déjà ? Il était persuadé d’avoir le début. Nao, oui cela devait être Nao… Ou bien Ao ? Fichtre bigre ! Aokiji ? Non… définitivement pas. Plissant malgré lui les sourcils, il ferma inconsciemment son visage, qui se raidit sous sa propre bêtise.

Et alors qu’elle se rapprochait doucement, il n'écouta que d’une oreille semi-attentive ce que lui racontait cette dernière. Imbécile heureux qu’il faisait. Honteux et concentré à l’idée de retrouver le nom de cette dernière, il en buta sur sa réplique après une demi-mesure loupé, probablement le temps que toutes les informations montent dans son vieil encéphale.

Venir ici ? Oh euh… Non. Enfin si, je veux dire… Oui ! Oui… tout à fait… C’est un endroit cher à mon cœur. Pas ce lac, hein ! Mais, ce parc plus généralement…" Il ponctua sa phrase d’un rire nerveux, se frottant délicatement l’arrière du crâne pour exprimer son léger malaise. Il se sentait ridicule, cela faisait des mois qu’il apercevait cette dernière, depuis sa nomination à vrai dire et voilà, qu’il offrait une image bien grotesque de sa personne et par extension de sa division.

Il se racla doucement la gorge, rassembla le peu de compétence que ses neurones et l’alcool matinal lui permettaient puis il reprit, d’un ton plus sérieux. Il était dans de se lancer. Il pouvait le faire ! Nao… ...ji… …ki-san ? N’est-ce pas ? Il plissa légèrement le regard, comme un guignol prêt à recevoir un coup de bâton en récompense d’une mauvaise réponse puis continua sur sa lancée, se reconstituant progressivement.

J’étais présent lors de votre nomination, votre nomination officielle bien sûr. Je me souviens, le capitaine Igarashi avait été très sommaire, comme à son habitude quand on y pense. Vous portiez un brassard de lin grège. Une touche subtile et modeste, parfaite pour une première présentation, c’était tout à votre honneur. dit-il en repensant aux rares échanges qu’ils avaient eu. Il songea à ce qu’elle avait dû penser ce jour-là.

Elle était de la seconde division, une division intimement liée à la famille Shihouin, au Onmitsukidō et par extension à la chambre des 46. L’avantage d’appartenir à la septième division c’est que l’on en apprenait beaucoup sur le recrutement et la formation de ses pairs, mais ce privilège s’arrêtait bien tôt lorsqu’il touchait à la seconde division. C’était, à peu de détails près, les seules choses qu’il connaissait sur son interlocutrice et même si elle avait brillé à l’école, les dossiers seraient probablement introuvables et confidentiels. Tant de sérieux et de responsabilité… Sans parler de son supérieur hiérarchique, Igarashi Sora, définitivement pas le shinigami le plus amusant de la soul society.

Il avait beau essayer d’imaginer par quoi elle était passée, il avait bien dû mal à se représenter à quel genre de personnage il avait affaire et encore moins, quel intérêt elle pouvait lui porter. Mais peu important, Takezo ne se fiait pas souvent à son instinct, si elle était venue vers lui, il en profiterait pour passer un agréable moment et essayer de lui être le plus serviable possible.

D’un large sourire solaire, il se tourna pour la première fois vers elle : Mais que puis-je faire pour vous ? Vous n’êtes pas simplement venu pour la compagnie d’un vieux nostalgique en plein devoir de mémoire, si ?

Sadako Takezo

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Sam 17 Déc 2022 - 15:24 - Un matin d'hiver

Si mon confrère sut dans un premier temps m’adresser des attentions avenantes et rassurantes, de nature à m’encourager à prendre place près de lui, je sentis rapidement comme une fébrilité monter derrière son attitude. Quelque chose que je fis semblant de ne pas voir dans un premier temps, car je savais que certains vice capitaines pouvaient être un brin excentriques. Il y avait eu Toshizo et Teruo qui constituaient à ce titre de bons exemples m’habituant à ces drôles de mimiques rarement mal intentionnées.

À ma question, je constata chez lui une mystérieuse confusion. Pendant la réunion, il ne m’avait pourtant pas semblé si aisé à désarçonner. Oui, ce parc. Plus généralement. J’acquiesçais à son commentaire en l’accompagnant dans son rire. Je ne souhaitais pas qu’il se sente mal à l’aise en ma présence. Alors autant jouer le jeu. Après tout, j’appréciais de m’accorder avec mon interlocuteur. Le signe d’une personnalité effacée ? À tout le moins, j’étais introspective et observatrice de mon prochain. À ce titre, je possédais une certaine empathie.

Puis, arriva le moment du… euh… Naojiki ? Sur l’instant, je faillis demander de qui il était question. Or, à son expression, je compris rapidement qu’il s’adressait à moi. Était-ce une plaisanterie ? Durant quelques secondes, je lui montrais un visage légèrement circonspect, les yeux un peu plissés en miroir aux siens. En soi, il n’était pas très loin du sans faute. Pour cette raison, je ne le reprenais pas immédiatement, préférant le laisser continuer sur sa lancée.

Au moins, il était capable de nommé correctement mon capitaine, ce qui pouvait être rassurant. Au fond, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Ma promotion ne datait pas de très loin, honnêtement. Et je comprenais qu’il ne l’ait pas encore bien assimilé. Ce pourquoi, je faisais revenir mon sourire sur mes traits pour ne pas le décourager. Je ne voyais de toute manière pas l’intérêt d’être désagréable. En effet, ce point de côté, il était adorable à se rappeler de détails aussi visuels.

– Oh, je vous remercie ! Vous êtes observateur !

Et à bien le regarder, je devinais son intérêt particulier pour la mode. Alors, comparé à lui, j’étais bien misérable en la matière. Je ne possédais pas son élégance, loin s’en faut. Malgré tout, rien chez lui ne venait m’embarrasser ou me faire sentir que nous ne jouions pas dans la même cour. Il gardait de cette modestie agréable. Une qualité qui déjà, me marqua la première fois que nous nous rencontrions.

– Alors, je crains de ne pas avoir gardé en mémoire vos élégants accessoires, mais je me souviens au moins que vous m’aviez rapidement mise à l’aise ! Comme vous le faites à présent ! Vous possédez une douceur rafraîchissante, même pour cette période de l’année !

En espérant qu’il ne se dise pas que je l’accusais d’être froid parce que nous étions en hiver. Et se révéler rafraîchissant en cette saison pouvait signifier que l’on était glacial. Ce qui n’était bien sûr pas l’intention. Mais voilà, si j’essayais de prêter le change sur des traits d’esprit, on voyait bien l’imperfection dans ma technique. Je n’avais pas appris dans les grandes cours de la noblesse, loin de là. Mon éducation était celle d’une rustre et me faire violence ne suffisait guère vraiment lorsque la personne en face possédait un niveau de raffinement aussi affirmé que celui de mon vis-à-vis. En revanche, je me défendais un peu sur le plan de l’humour.

– Oh, et bien, je venais pour me présenter plus personnellement pour que la prochaine fois, vous soyez moins embarrassé lorsque je viendrais vous aborder. Je suis Naoki Shiori et je suis enchantée de bientôt mieux vous connaître !

Disais-je en inclinant légèrement la tête en signe de déférence. Mon timbre de voix ne traduisait bien entendu aucun signe de vexation. Au contraire, on y trouvait plutôt un brin d’amusement. De quoi, je l’espérais, faire définitivement baisser une tension qui n’avait pas lieu d’être.

– Du reste… eh bien, même si ça n’avait été que ça, je pense que ça me suffirait. Et je souhaite que cela ne vous dérange pas ?

Après tout, je tombais probablement comme un cheveu dans la soupe. Parfois, les personnalités distinguées cachaient si bien leurs émotions qu’il fallait un certain temps pour comprendre, eh bien… qu’on les gênait et qu’il valait mieux alors décamper le plus rapidement. En l’occurrence, je voulais croire que ce n’était pas le cas. Après tout, en observant Takezo, il ne m’avait jamais semblé posséder une telle froideur. Au contraire, il m’avait toujours évoqué un caractère très chaleureux.
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Naoki Shiori

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Sadako Takezo

Données Spirituelles
Grade: Vice Capitaine de la Septième division
Lun 19 Déc 2022 - 18:03 - Un matin d'hiver

Sadako sentit sa gène disparaître à l’instant même où son interlocutrice lui fit remarquer cette dernière. Les épaules engourdies, il passa mécaniquement une main le long de ses trapèzes comme pour chasser un blocage au travers d’un rouage invisible de son corps. Un petit geste anodin qui semblait vouloir montrer que son malaise avait été réglé comme on chassait une vilaine courbature. Ainsi, son corps à l’image de son esprit, ne reflétait plus que le plaisir qu’il avait à discuter avec sa consœur. Et d’ailleurs, Takezo ne le réalisa qu’au moment même où cette dernière se différencia d’un léger et pourtant coquet trait d’esprit. Le shinigami froussard ne rougit pas pour autant sous la tendresse de la remarque de cette dernière. Il s’était simplement contenté de sortir le plus chaleureux de ses sourires. Cela lui faisait véritablement plaisir de voir que les tabous de l’étiquette ne semblerait pas les entraver dans leurs conversation et si pourtant celle-ci n’avait pas à proprement commencé, il se sentait à son aise avec cette jeune femme cornue qui lui faisait remarquer sa fraîcheur, à défaut de l’avoir refroidie.

Il écouta alors la réponse à ses propres remarques d’une oreille attentive, espérant pouvoir en apprendre un peu plus sur son interlocutrice. Mais à peine s’était-il remis de l’observation sur sa candeur, qu’il se fit assaillir d’une petite remarque finement placée sur sa confusion passée. Son sourire jusque-là radieux, se dentela, retenu de justesse par le peu de contrôle qui lui restait. Décidément, cette shinigami semblait aussi vive d’esprit qu’elle était discrète.

Toutefois, son cœur manqua réellement un bond au moment où elle se présenta en bonne et due forme : il avait face à lui, Naoki Shiori. NAOKI ?! Il déglutit de surprise, il s’était donc bel et bien trompé ! Il sentit à nouveau un certain nœud se former derrière sa nuque mais l’idée même qu’elle avait souligné sa gène, lui fit réaliser qu’elle avait probablement compris pourquoi. Son sourire morcelé, se creusa d’autant plus et alors qu’elle finissait à peine sa tirade, il se mit à exploser d’un rire puissant et sincère. Il n’y avait nulle trace de dédain ou de moquerie, où si jamais, cette plaisanterie était tournée vers lui-même, il se sentait si nul, qu’il n’avait pu se retenir de rire. Car après tout, ils n’allaient pas en pleurer ?

Il essuya une épaisse larme qui perlait au coin de l'œil et se reprit : “Oho ! Excusez-moi Naoki-san… Il fallait me reprendre plus tôt, voyons… Quel benêt, je fais. J’espère ne pas vous avoir vexé ! Comme vous avez pu le voir, j’ai une affreuse mémoire des noms, ma propre capitaine me frapperait sur la tête pour une telle impolitesse.” Il se stoppa de nouveau pour étouffer un second râle de rire. Cela avait eu le mérite de briser la glace d’une manière moins conventionnelle. Puis il rajouta, souriant de plus bel à son interlocutrice : “Cette périlleuse introduction ayant été faite par un professionnel, nous pouvons donc passer à autre chose, je vous le redis mais vous ne me dérangez et dérangerez pas le moindre du monde, ni ne m'embrassez d’ailleurs. Vous savez quoi, faisons-ça autrement ! Considérez-vous comme mon invité Naoki-san. Je serais votre hôte et obligé dans ce parc, jusqu’à ce que l’ennui ou le devoir se fasse ressentir. Je vous dois bien ça, qu’en pensez-vous ?”.

Il laissa quelques longues secondes à Shiori, le temps d’attraper le contenant de la délicieuse liqueur de riz qu’il avait versé, quelques minutes auparavant devant les tombes de ses aînées. D’un revers de sa manche, il fit surgir un petit bol, soigneusement sculpté dans une porcelaine uniformément pourpre. Les détails de l’objet se tenaient principalement dans les saillis et les sillons qui le parcouraient et qui prouvaient toute l’étendue et le savoir-faire de l'artisan qui l’avait fabriqué. Puis à peine avait-il eu le temps de l’observer qu’il le posa devant de la vice-capitaine et qu’il en versa un fond de liqueur, avant de repousser doucement le bol jusqu’au pied de cette dernière.

“J’étais venu ici pour me ressourcer et honorer mes aînés, j’espère que cela ne vous dérange pas de m’accompagner dans mes prières et… dans ce genre de commémoration ?” - lança-t-il en désignant la coupe à saké, avant de se servir lui-même.

Il songea au capitaine Iba, ensemble ils avaient pris quelques fois le temps de boire ici même à la gloire des soldats tombés. Puis il pensa au capitaine Komamura, ils n’avaient jamais été des plus proches, pourtant chacune de ses paroles sonnaient comme un pilier et à la fois comme un fardeau. Dans cet élan, il attrapa son verre de fortune puis il le porta jusque devant son visage avant de regarder son invitée. “Dites-moi, dame Naoki, pardonnez cette mélancolie mais… vous arrive-t-il de repenser à de défunts camarades ?”.

Sadako Takezo

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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Ven 30 Déc 2022 - 14:25 - Un matin d'hiver

Sa réaction à la correction apportée sur mon nom me conduit à fendre mon expression d’un air amusé. Au dernier moment, je sus retenir un rire. Après tout, je ne souhaitais pas braquer mon interlocuteur d’apparentes moqueries. Là n’était pas mon intention. Au contraire, je souhaitais désamorcer le semblant de tension qui nous éloignait.

– Pas le moins du monde, je vous rassure !

Je balayais l’air devant moi pour appuyer mon propos. À me demander comment il était possible de se vexer pour si peu ? Encore qu’à bien y songer, je pouvais citer quelques noms qui me feraient payer cher de les écorcher. Enfin, non pas que ça me concernait en l’occurrence.

– Je crois que c’est ce que j’ai dit lors de mon dernier passage aux archives du Rokubantai. Le papier est là pour retenir les choses à notre place. Enfin… c’est ce que j’aimerais. Mais pour le moment, j’essaie de me faire violence pour retenir car vous avez raison. Certains peuvent mal le prendre. Pourtant, Naojiki, je trouve ça plutôt mignon !

Et là-dessus, cette fois, je le rejoignis dans ce moment de joie fugace et apprécié. Je ne le dérangeais pas. Cette simple confession suffisait à faire s’évanouir mes dernières réserves. Même si l’un de ses lapsus me fit découvrir une mine plutôt confuse. Comment ça, l’embrasser ? Pendant une seconde et en plein milieu de sa prise de parole, je me montrais un peu dubitative avant de comprendre ce qu’il voulait dire.

– Ce que j’en pense, c’est que je ne m’imagine pas m’ennuyer avec vous !

Et j’acceptais gracieusement la liqueur qu’il me versait, me prenant de le déguster. Et à l’étonnement qui se lisait dans mes yeux en sondant mon verre, je devais me surprendre que le saké puisse posséder de telles saveurs. À vrai dire, j’étais plus habituée à l’alcool bon marché. Même le contenant jouait ici son rôle pour sublimer la boisson. Si bien qu’à cet instant, je me sentis comme une petite privilégiée. Quelque chose qui me plaisait bien aux petites étincelles venant illuminer le fond de mes prunelles.

– C’est excellent !

Une remarque spontanée, bientôt étouffée par le caractère solennel de l’invitation qui suivait. Celui de la commémoration. Une pratique que je connaissais peu. Tout au plus, l’avais-je observé de lui. Pourtant, j’y reconnaissais des similitudes avec mon vécu. Les moments où je méditais seule et cherchais à regarder en moi pour retrouver Miyatsuki. Une expérience que je ne partageais jamais. Un état de fait qui s’expliquait aussi par l’absence de mes proches défunts dans ce lieu de recueillement. Une pensée qui assombrit mon visage, même si je cherchais à garder contenance. Porter ce masque que je servis alors à mes geôliers lorsqu’ils m’interrogèrent sur cet incident.

Cette tristesse, je l’avais longtemps gardée pour moi. Cependant, progressivement, je me prenais de plus me confier. De libérer une parole jusqu’alors tabou à mes yeux. Sans doute, parce que je l’acceptais mieux. Peut-être aussi, parce que mon instinct de conservation s’effilochait. En effet, je me souciais de moins en moins de ma sécurité. Je sombrais dans l’imprudence par le jeu d’un las épuisement, comme je l’exprimerais à la faveur d’une question indiscrète mais légitime.

– Il ne se passe pas un jour sans que j’y songe en effet. Et pourtant, j’ai tout fait pour enterrer ces pensées au fond de mon esprit. Je pense justement que ce sont là des souvenirs que j’aurais volontiers laissé se perdre sur du papier plutôt que d’avoir à les garder si proches dans ma mémoire.

À la légère fébrilité qui se lisait subtilement dans le ton de ma voix, on pouvait discerner une certaine culpabilité. Je me détestais d’avoir survécu. Je me maudissais en me rappelant pourquoi. Et j’attendais de payer un jour pour mes fautes passées. Je patientais, mais dans le même temps, je craignais cette échéance. Un fond de lâcheté dont je n’arrivais pas à me débarrasser, mais qui s’affaiblissait. Dirigeant mon regard vers Takezo, j’ajoutais avec un sourire plus forcé.

– Sadako-san, je devine que vous êtes ici parfaitement à votre place. Pour vous dire la vérité, je vous envie. J’ai entendu ce qui se dit sur votre division. Ce que ça m’inspire, c’est que j’aimerais m’y trouver, car on semble bien s’y sentir. Cela tient à ce que vous êtes. Ainsi qu’à l’innocence de votre chagrin sur la tombe de vos camarades. Cette idée… elle n’en est que plus confortée à présent que je vous rencontre vraiment.

Une remarque qui pouvait sembler sortir de nulle part. À voir comment réagirait mon confrère.
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