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Sugimoto Teruo

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la Huitième Division
Mar 15 Nov 2022 - 13:36 - L'ombre du flocon

La Soul Society se drapait de blanc en cet hiver. Le climat autrement clément se prélassait dans une certaine mélancolie, pour la plus grande joie des poètes et autres sombres grands meurtris. Il n’était pas de ceux-là, mais le second – et actuel premier – du Hachibantai savait respecter à sa manière la solennité d’un tel environnement. Il l’inspirait dans son travail, qu’il ne laissait plus autant s’accumuler sous la forme d’une montagne de parchemins et autres documents nécessitant son attention. Le cas présent, il profitait de la lente chute des flocons givrés dans ce qui lui semblait être une pause bien méritée ; confortablement installé sur le toit protégeant la demeure de la gazette, première source d’informations inutiles dont avait hérité sa division. Il n’était pas bien certain de vouloir fourrer son nez dans une telle structure, malgré ses prérogatives, mais gardait l’idée de la surveiller de près, des fois qu’il s’y passerait quelque évènement particulier.

Dans sa main, une missive. Le Riteitai lui avait envoyé l’un de ses représentants, qui à défaut de lui avoir transmis une correspondance orale, comme à l’accoutumée, s’était contenté d’une salutation polie et de lui tendre ce petit bout de papier plié en quatre. À la lecture de celui-ci, il avait regretté le manque d’information plus détaillé dont ils avaient le secret. Le billet se voulait aussi cryptique que possible. Sans préambule, vague, prompte à faire s’inquiéter n’importe qui prenant trop à cœur les possibilités. Si nombre de qualificatifs savaient épouser la mentalité du vice-capitaine, inquiet n’en faisait clairement par parti, pour autant.

La seconde division semblait s’intéresser à lui. Ou à la huitième, si ce n’est les deux. Et elle envisageait la rencontre de façon trop formelle pour n’être poussé que par une simple curiosité. Teruo avait du mal avec le Nibantai, et sa capacité à être beaucoup trop sérieux. Pour ne rien arranger, il s’était déjà retrouvé en tête-à-tête avec son capitaine, le jour même où ses attributions devenaient officielles. Le moindre euphémisme serait de penser à lui comme de la représentation de la sévérité. Envers lui-même autant qu’envers les autres ; sa division ne pouvait avoir échappée à cette quasi-sordide gravité.

Peut-être la promesse d’avoir à nouveau à faire avec les représentants du Nibantai était-elle l’origine de son vague à l’âme présent. Assez prononcé pour troquer son sake contre un service à thé posé à ses côtés, prêt à le réchauffer. Il en alluma la mèche d’encens d’un mouvement de l’index, avant de se pencher sur le petit pot de céramique brune. Il en ôtait le couvercle, tirait une épaisse pincée du contenu avant de le déposer dans une tasse – ou chawan. Il versa doucement l’eau tout juste frémissante sur la poudre de matcha au fond de la tasse, la brossant d’un geste lent mais assuré à l’aide d’un petit fouet de bambou jusqu’à opacité complète du liquide. Nul doute qu’il venait de saccager l’idée même de la cérémonie du thé, en plus de ne la réaliser qu’à moitié. Mais il cherchait davantage à sustenter son envie de chaleur que toute autre chose.

Il portait le gobelet à ses lèvres pour en goûter le résultat. Satisfaisant. Il reposait alors sa tasse sur le plateau, avant de recommencer son indélicate cérémonie dans un nouveau récipient. Il imaginait les membres de la seconde division comme une bande de ninjas dont les yeux se posaient partout. Si d’aventure l’un d’eux devait venir le rencontrer, le meilleur moyen d’en repousser l’aspect inflexible restait de l’inviter subtilement à partager ses efforts.


Dernière édition par Sugimoto Teruo le Ven 18 Nov 2022 - 0:29, édité 1 fois
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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Jeu 17 Nov 2022 - 22:34 - L'ombre du flocon

La Soul Society se faisait habiller d’innombrables flocons de neige. La surface enneigée à venir tirait sur les névrosés une couverture propre à alimenter leurs pensées noires sur ce tapis blanc couvrant leur chemin. J’étais de ceux-là, précisément. Je m’étais arrêtée sur mon trajet pour me poser à l’appréciation d’un paysage ouvert découvrant le superbe d’un haori qui glace plus que réchauffe les bâtiments, la végétation et les shinigamis. Tandis que de la vapeur s’échappait de mes lèvres, mon regard se perdait dans l’immensité de ce décorum que je connaissais et redécouvrais à la fois.

Une suspension de crédulité qui me faisait prendre plus de recul sur le sens à tirer de mes actions dans les armées du Gotei 13. J’avançais dans ma routine. Je soignais mes relations avec mes subordonnés. Je me rapprochais de partenaires dans d’autres divisions pour étendre notre influence. Pour autant, malgré ça, je sentais toujours la fragilité de ma position. Simplement, du fait de ce mur qui demeurait entre moi et ceux qui me commandaient, ultimement. La chambre des 46. Une assemblée de Sages qui entendaient me contrôler, qui m’avaient donné une chance de me racheter, dont les responsabilités excédaient tant et si bien les miennes que je ne pouvais faire autrement que leur témoigner de la reconnaissance.

Seulement, comment étais-je censée m’y prendre quand s’entretenait cette distance infranchissable entre nous ? Une distance que l’on finissait par me reprocher. Parce que je n’avais pas un naturel à me dévoiler. Parce que dans le silence de mes impressions, l’imagination prenait le pas sur la raison. Parce que sous le poids de l’instabilité qui remettait chaque jour un peu plus la pérennité de nos institutions, les chasses aux sorcières devenaient une banalité à attendre. Les portes des prisons avaient été ouvertes pour compenser le manque de bras. J’avais profité du système. Et à présent que l’académie produisait ses premières fournées de talents convenables, il ne faudrait plus attendre très longtemps pour que les places des nuisibles soient questionnées.

J’avançais, loyale, en sachant pertinemment que je devais éviter de regarder derrière moi. Je devais éviter de me poser, comme je le faisais. Je devais éviter de penser, car ainsi, mon moral s’effondrerait. Je n’aurais plus que l’envie de fuir. Fermant un instant les paupières engourdies par le froid mordant de l’air, j’irais souffler dans mes mains en vue de les réchauffer. Ce n’était pas le moment de songer à cela. Ça ne le serait jamais. Juste le jour où mes angoisses se réaliseraient. En attendant, je devais tenir mon rôle. M’orienter vers les quartiers de la Huitième division.

En effet, j’avais adressé une missive à leur Vice Capitaine fraîchement promu. Un message pour m’annoncer sans vraiment préciser le pourquoi. Le Nibantai justifiait rarement la raison de ses visites afin d’éviter d’inutiles indiscrétions. Sur place, on m’orienta vers l’individu qui était visiblement préparé à m’accueillir. Si bien que rapidement, j’arrivais au devant d’un homme que j’interrompais d’évidence dans sa cérémonie du thé.

À ce shinigami tranquille, je dévoilerais l’apparence d’une femme qui se démarquait par deux petites cornes au front. Cette excentricité de côté, je ne possédais rien de vraiment remarquable. Quelques bracelets et colliers de basse facture – que l’on pouvait parfois trouver chez des habitants des districts modestes – venaient orner mes poignets ainsi que mon décolleté. Mon brassard venait attester de mon rang au sein du Gotei 13.

– Vous devez-être le Vice Capitaine Sugimoto. Je me présente, Naoki Shiori, Vice Capitaine du Nibantai. Je suis à l’origine du message qui vous a été adressé.

Après l’avoir salué, j’attendais de voir qu’il me fasse signe de le rejoindre. Je répétais un même rituel. Cette cérémonie l’évoquait bien métaphoriquement. Je rencontrais d’autres shinigamis. Je discutais. Je m’arrangeais avec eux. Je reproduisais l’exercice ailleurs. Je remplissais mon rôle, presque désincarnée. Jusqu’à maintenant, j’avais rencontré peu de problème pour construire mon réseau. À voir jusqu’où ça durerait.

– Et félicitations pour votre nomination ! Vous vous accommodez bien de vos nouvelles responsabilités ?

Souriante, je voulais que la conversation s’engage sous les meilleurs auspices.
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Naoki Shiori

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Sugimoto Teruo

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la Huitième Division
Ven 18 Nov 2022 - 0:49 - L'ombre du flocon

Le liquide chaud traversait son corps et l’enivrait d’une véritable sensation de chaleur. Plus encore, il était bon, ce qui restait assez incroyable pour être souligné. Il était maintenant prouvé que le goût du thé n’est pas proportionnel au cœur mis à l’ouvrage pour le réaliser, mais bien de son origine même. Pour tout avouer, il ne se souvenait plus d’où il le tenait. Un vague souvenir le montrait dans les baraquements de la huitième, à piller toutes sortes de choses contenues dans les tiroirs des bureaux. Sa main à couper que le matcha appartenait à son troisième siège, Akemi. Elle avait une tête à apprécier le thé, et la tranquillité allant généralement de pair.

La sienne, en revanche, se voyait interrompue. Comme prévu. Si son ingénieuse et délicate invitation était restée sans réponse, il n’aurait guère su quoi faire de cette seconde tasse. Celle-là même qu’il avait laissé sur le plateau de bois, celle dont les volutes de fumée redoublaient d’intensité sous ce froid hivernal. Celle qui se voulait destinée à son visiteur du jour. Il était étrange de passer ses journées à rencontrer différents dignitaires, quand on a passé nombre des décennies précédentes à tout faire pour ne croiser personne. C’est la vie qu’il avait choisi, le reste n’était que sombre histoire d’erreur sur le formulaire. Oui, encore aujourd’hui, il restait persuadé d’avoir pris la place d’un proche homonyme, il ne pouvait en être autrement. Il ne s’était jamais particulièrement distingué, et n’avait de fait absolument pas mérité sa place. Mais se contentait maintenant de faire avec, comme toujours. Si d’aventure sa nomination n’était pas le fruit d’une erreur ou du hasard, il ne convenait pas de prétendre à la supercherie.

Vraiment, un démon ? Ok, j’avais imaginé quelque chose du genre pour la seconde… Mais pas littéralement. Pensa-t-il alors qu’il se trahissait d’un haussement de sourcil surpris. Avant de poser ses yeux sur le visage de celle l’ayant rejoint, il était resté bloquer sur les petites cornes trônant sur le sommet de son front, comme un homme ordinaire resterait bloqué sur une poitrine. Le désir en moins serait pour autant la phrase de trop, alors qu’il s’imaginait déjà tirer sur ces petites cornes comme on jouerait avec un légo. Il restait lui-même en toutes circonstances, semblait-il.

▬ Bonjour ! Bleugla-t-il de façon légèrement trop sonore, abandonnant définitivement l’idée de garder sa constance. Et merci. J’imagine qu’on peut dire que la transition est… Confortable. Il cherchait ses mots. Je ne sais déjà plus ce que j’imaginais avant d’arriver, mais le pessimisme de l’époque est maintenant loin.

Il terminait sa phrase avec une copie du sourire de Shiori. La vue d’un flocon tombant dans son thé le rappela vite à la réalité, invitant sa consœur tout juste trouvée à prendre place à ses côtés en tapotant le tapis neigeux formé sur les tuiles du bâtiment. Je ne sais pas si ce sera à ton goût, mais si la soif appelle, n’hésite pas à te servir. Le tutoiement s’était voulu naturel. Tout à l’inverse de ce à quoi il s’attendait, le sourire perçu avait vite balayé ses attentes quant à cette visite semi-formelle, et l’avait touché jusqu’au point où elle faisait à présent parti de son cercle. Il n’était certes pas rare qu’il accepte aussi facilement les gens, mais à y réfléchir, il n’aurait imaginé le faire aussi sereinement avec le personnel gradé des treize divisions. Comme un écho à ses pensées précédentes, il se voulait au moins aussi surpris de ne pas sentir son cœur se révulser au contact du représentant du Nibantai.

Son thé trouvait à nouveau le chemin de ses lèvres, alors que son regard se perdait encore sur l’horizon immaculé. Cette douce mélancolie commençait à le gagner légèrement, au point où son cerveau ne le forçait plus à imaginer quelconque scène étrange. D’ordinaire, il se serait déjà questionné sur la réaction de la nouvelle venue s’il s’était mis à courir nu dans la neige, son fundoshi sur la tête, prêt à le faire pour en avoir le cœur net. La poudreuse ne changeait pas que le paysage, mais les gens aussi. Surtout Teruo, habituellement indécrottable tare à même de pouvoir déranger jusqu’au buddha.

▬ Je dois avouer que je ne m’attendais pas à une visite de courtoisie. Pour avoir croisé ton capitaine il y a peu, j’avoue volontiers m’être attendu à quelque chose de plus… De moins… Serein ?

Difficile de poser des mots sur le sentiment qui l’habitait. Concernant le capitaine de la seconde division, il était tiraillé entre l’idée d’en mourir de peur ou vouloir lui tirer les oreilles jusqu’à en dessiner un sourire, quelles que puissent être les conséquences. Une pensée qui raviva d’autant son sourire – qui ne l’avait pourtant pas quitté. Une dose de malice s’y était glissée, ravivant également sa drôle d’envie de toucher ces cornes. Petites cornes. Cornettes ? Il tourna sa tête pour la contempler une nouvelle fois, comme pour la redécouvrir. Il sentait une compagnie jusque là plaisante, et rechignait à la rendre plus hostile par le manque de tact dont il avait la recette. Quoi que, peut-être que s’il demandait gentiment… Non. Idée à oublier. Ou juste un peu ?

Il laissa s’échapper un soupire trop long pour n’être qu’un reflux du froid, puis porta de nouveau la tasse à sa bouche, tentant d’oublier ses étranges envies. Au moins ne tentait-il pas de cacher ses trop nombreuses pensées, au prix de quelques rictus et autres indices physiques quant à l’agitation mentale qu’il subissait. Nul doute que d’un point de vue extérieur, il devait passer pour totalement fou. Loin de lui l’idée d’en dissuader quiconque, il l’était bel et bien. Il s’agissait maintenant de ne pas passer pour un adolescent souffrant du syndrome du coup de foudre. Heureusement pour lui, il ne rougissait pas suffisamment pour donner vie à cette ultime réflexion personnelle. Enfin, pour couper court.

▬ Donc, que me veut le Nibantai ? Il laissa ses pupilles écarlates inspecter Shiori, de pied en cape cette fois, retranchées derrière ses paupières à demi fermées. Pour reformuler, que puis-je pour toi ?

Il n’était plus question de doutes quant à cette visite. Il se contenterait de laisser le côté humain prendre le cas sur l’ingérence divisionnaire.
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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Dim 20 Nov 2022 - 15:15 - L'ombre du flocon

L’espace d’une seconde, je plissa un peu les yeux. Pourquoi arquait-il un sourcil ? J’avais mis mon brassard à l’envers ? Ou alors, je possédais un quelque chose qui le rendait circonspect ? Essayant de suivre son regard pour orienter son point de chute… Le haut de mon visage ? … Oh, oui. J’avais fini par les oublier. Après tout, n’étais-je pas née avec ? Et depuis mon arrivée dans les armées du Gotei 13, il devenait plus rare qu’on me le fasse remarquer. Encore que les quelques nobles sur mon chemin représentaient jusque là une exception. En particulier, les Kuchiki, dont je soupçonnais l’existence d’un grand-père hors du commun pour voir grandir deux héritiers excentriques.

En outre, je réagissais comme j’avais pris l’habitude de le faire dans ces circonstances. Je dévoilais un sourire de nervosité. Le regard de cet homme avait un quelque chose de perturbant, si bien que j’eus du mal à contenir mon tressaillement à ses salutations brusques. Au moins, il semblait s’être fait à sa montée en responsabilités, même s’il en retenait visiblement les aspects les plus sympathiques. Soit, de pouvoir se prélasser devant son thé au devant de la blancheur immaculée de jardins enneigés. L’espace d’un instant, il m’évoqua le Vice Capitaine du Sanbantai qui s’était fait une spécialité de son flegme apparent. Peu de shinigamis poussaient le vice jusqu’à se faire porter d’un quartier à l’autre. Je voulais bien croire que nos devoirs faisaient peser une lourde charge mentale, mais tout de même…

Sans doute était-ce que je m’étais toujours battue pour un morceau de pain que je faisais preuve d’une plus grande endurance. À moins qu’il ne soit question que de motivation ? Si je devais défaillir dans mes missions, alors le coup de bâton à attendre serait plus violent. En attendant, je répondais favorablement à l’invitation de mon hôte d’un signe de tête, m’installant près de lui. Ceci fait, je me servais doucement, sans non plus montrer d’indice que j’avais réalisé des cérémonies du thé toute ma vie. Au contraire, ça m’avait pris assez récemment. Simplement, parce que c’était là un sport national au Seireitei. Donc j’étais bien obligée de m’adapter. Autrement, mes manières étaient plus simples, plus « rustres », diraient d’autres.

L’instant d’après, je prenais la tasse entre mes deux mains pour le goûter, le laisser me réchauffer de l’intérieur. J’appréciais également de sentir cette chaleur dans mes mains. Car je ne tenais pas le gobelet du bout des doigts. Au final, j’appréciais plus cela que le goût, même si l’infusion demeurait on ne peut plus savoureuse.

– Ça fait du bien !

Je ne possédais pas un riche vocabulaire pour relever les subtilités faisant que ce thé était meilleur qu’un autre. À la vérité, il me semblait on ne peut plus ordinaire. Une simple impression, ou alors, je commençais à développer mon palais suffisamment pour distinguer le thé lambda du bon thé ? Levant les yeux vers mon interlocuteur, je remarqua qu’il se détourna vers le paysage, songeur. Par réflexe, je fis de même, me prenant à profiter de l’instant, presque méditative. Curieuse, je me demandais quelle pensée profonde pouvait traverser Teruo à cet instant. De prime abord, il me donnait l’impression d’une personnalité spirituelle. Peut-être, philosophe.

Par réflexe, j’eus un léger toussotement à l’évocation de mon capitaine. Comme si je venais d’avaler ma salive de travers. Ainsi, il connaissait mon supérieur. Ce qui était rarement un bon point lorsque j’engageais une discussion avec une nouvelle personne. À espérer que son ethos ne compliquerait pas trop les négociations que je souhaitais mener avec ce nouveau camarade à la vice capitainerie.

– Je partage peu de points commun avec le capitaine Igarashi, tu sais. Notre relation est plus… complémentaire, je dirais ?

Ou comment me sortir des défauts usuels de mon chef sans trop donner l’impression de mal parler en son dos. Je voulais éviter l’embarras d’avoir à me justifier sur mes mauvais mots à son encontre de la part d'un officier d’une autre division. Enfin, en tout cas, mon vis-à-vis ne semblait pas porter de jugement rédhibitoire sur le Nibantai. Il souriait. A priori, ça devait vouloir dire qu’il n’était pas en de trop mauvaises dispositions, n’est-ce-pas ? Encore que ce rictus se marquait d’une empreinte… malicieuse ? Pourquoi ressentais-je comme un frisson tandis qu’il me regardait ainsi ? De manière assez inexplicable, je lui trouvais un quelque chose d’étrange, sur quoi je n’arrivais pas à mettre le doigt. Une pure intuition. Ce que je lui voulais ?

– Moi-même, je ne suis pas à ma position depuis très longtemps. Devrais-je même dire… au sein du Seireitei. Je manque de contacts et d’arrangements. Or, mon travail me demande justement de m’entendre avec beaucoup de monde pour prévenir les incidents, plutôt que les guérir.

Contrairement au thé, je trouvais plus de mots pour traduire mes besoins professionnels. Le signe que j’étais habituée à l’exercice, en dépit de ma récente entrée en poste. En effet, j’avais déjà rendu visite à de nombreux vice capitaines voire même capitaines. Ceux-ci, souvent, m’accueillaient avec méfiance. La réputation du Nibantai faisait qu’une visite annoncée ne présageait rien de bon. Le signe que mes méthodes contrastaient assez de celles de mes prédécesseurs. J’étais plus ouverte à la négociation, à l’échange, au décloisonnement. Je ne sortais pas du secret, mais je le démystifiais. D’une certaine manière, je nous dédiabolisais. Ce qui pouvait sonner ironique, au jugé de mon apparence.

– Le Hachibantai est couramment en première ligne en cas d’incident dans le Seireitei. Et puis, vous tenez également ce journal. En d’autres termes, vous êtes le pouls du Gotei 13.

Je demeurais égale dans mon attitude. J’étais à la fois avenante et réservée. La voix douce qui ménageait des petites pauses, comme si j’attendais des réactions de Teruo. Attentive alors même que je m’exprimais, je voulais l’impliquer.

– Tu devines là mes intentions. Je veux m’entendre avec toi.
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Naoki Shiori

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Sugimoto Teruo

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la Huitième Division
Jeu 24 Nov 2022 - 11:29 - L'ombre du flocon

Force était de constater que tous les membres de la seconde division ne sortaient pas du même moule. S’il avait réussi à s’acoquiner – non sans mal – avec son premier représentant, il n’entendait pas réitérer l’exploit naturellement de sitôt. Et pourtant, la présence de Shiori gardait un aspect réconfortant. Plus que le Nibantai, elle se démarquait du lot du Gotei lui-même. Une forme de simplicité, de naturel, qu’il ne rencontrait que trop rarement ou sous des formes particulièrement exagérées. Encore une personne à décevoir lorsque sa vraie nature prendrait le pas, lorsqu’il afficherait sa mentalité instable et ses étranges envies au grand jour. Ou pas. Peut-être était-elle de ceux à s’accommoder du tout et du rien. Et Teruo avait bien réussi à se hisser dans les rangs du Seireitei malgré ses tares apparentes. Lui-même ne les considérait comme dépravées que depuis son ascension, ne refreinant ses ardeurs qu’au profit du semblant de sérieux nécessaire à son grade. Une pensée qui le fit sourire maladroitement l’espace d’un instant.

La définition de son invitée quant à son statut de subordonnée du Capitaine Igarashi ne le surprenait plus, passé cette entrée en matière. Complémentaire, hmm ? Pensa-t-il, laissant le mot résonner dans son esprit. Il est vrai que la nature pour le moins stoïque dudit capitaine aurait eu tôt fait d’en dessiner une image d’ermite sévère dont il ne faut déranger la grotte, sous peine de coups de bâtons. Se doter d’un bras droit au naturel plus tempéré lui valait un bon point supplémentaire. Shiori suffisait à elle seule à remettre en question ses préjugés sur la seconde division, alors qu’il ne la connaissait que depuis quelques minutes. Peut-être s’attendait-il tellement à avoir affaire à un militariste pur-souche qu’il en oubliait que certains étaient encore un peu humains. Peut-être passerait-il lui-même un de ces quatre matins au siège du Nibantai pour féliciter son capitaine d’avoir trouvé un second à même de faire oublier sa radicalité. De quoi frissonner l’espace d’un instant ; il avait réussi à ne pas créer d’inimitié avec Igarashi Sora, et son petit doigt lui soufflait qu’il valût peut-être mieux éviter s’il voulait garder les choses ainsi.

▬ Je vois Lâcha-t-il simplement, alors que Shiori s’expliquait sur les raisons de sa venue. J’ose penser que je suis parmi les potentiels contacts, non les potentiels incidents ? Enchaina-t-il, incapable de refouler sa pensée. Il ne craignait pas d’être considéré comme à part. Champion des lunatiques et potentielle source d’embarras constant, il se savait sur la sellette au regard du jugement de chacun. Si la brise glaciale aidait à contenir ses ardeurs l’instant présent, il ne tarderait pas à remonter jusqu’aux oreilles de la belle, si ce n’était déjà fait ; second en chef d’un service de renseignements oblige.

Il hésita un instant alors que Shiori terminait d’établir les bases de sa visite. Le pouls du Gotei 13 ? Vraiment ? Il relisait les mots dans son esprit comme pour y déceler une vérité cachée. Pour tout avouer, il était nouveau à la huitième. Il avait bénéficié d’une mutation pour sécuriser une place de gradé, mais c’était bel et bien Akemi, son troisième siège, qui s’occupait pleinement de cette division. Lui n’était jamais qu’un arriviste, et savait qu’il lui faudrait un certain temps pour tenir les rênes à son envie, si aucun Taichō ne venait à être promu entre-temps, à tout le moins. Ils semblaient pousser comme des champignons hors-saison, comme si un distributeur de Bankai s’était installé aux portes du Seireitei. Il se voulait dans ce moment de transition entre deux passations de pouvoir, et ne souhait guère se pencher davantage sur la question avant d’être sur qu’il ne déboulonnerait pas le piédestal de son futur supérieur.

Il n’était toutefois pas sans connaître ses attributions. En effet, parmi ses responsabilités se trouvait le Seireitei lui-même. Et commençait même à voir le lien qu’il pouvait avoir avec le Nibantai, dont les attributions pouvaient s'en approcher en cas de grabuge interne. Ainsi était-il peut être question d’établir une frontière ? De poser une juridiction n’empiétant pas sur celle de l’autre ? Et aux derniers mots de sa collègue, rien n’empêchait d’aller en ce sens.

▬ On peut s’entendre, oui. Dans un cadre privé comme publique, par ailleurs. Si tes besoins demandent l’aide ou la retraite du Hachibantai, je peux sonner le cor si les raisons le justifient. Il restait un rien en retrait, comme cherchant ses mots. Il n’avait pas spécialement l’habitude de dialoguer longtemps, encore moins sur des sujets requérant une quelconque implication. Teruo était de ceux à faire les choses comme il le souhaitait, qu’il vente ou qu’il pleuve - le cas présent, qu’il neige. Et si c’est d’un ami dont tu as besoin, ou envie, ma porte est ouverte à tout le monde. Simplement… Il hésita un instant. Simplement… Disons que si tu sais t’adapter, ça devrait aller. J’ai certaines tendances qui me valent l’inimitié, en règle générale. Pas que je m’en soucie, mais pour ce qui est de s’entendre… Hmm. Bah. On verra bien, hein.

Il n’y avait rien de plus à dire. Une simple et légère mise en garde. Qu’elle passe son temps la main sur le visage de honte de connaître cet énergumène est une chose, l’apprendre au pire moment possible et dans les pires conditions en serait une autre. Nul doute qu’elle ne réagirait pas de la même façon s’il se mettait à faire le concours de celui qui a la plus grosse avec le premier Hollow venu lors d’une mission. Car c’était le genre de choses susceptible d’arriver en sa présence.

Une nouvelle gorgée de thé vint mettre fin à ses tourments mentaux. Il fallait savoir se satisfaire du peu, et la simplicité de la chaleur d’une boisson pouvait suffire à dissiper ses doutes quant à sa capacité relationnelle. Il n’était pas dupe. Il savait qu’il resterait l’éternel chauffeur de banc et cas de création d’équipe au sein du Gotei. Il était trop clivant. S’il essayait – non sans peine – de se donner une certaine constance, il savait pertinemment que son château de cartes aurait tôt fait de s’écrouler. Mais toujours, plus que de s’écouter, il préférait garder une certaine dose de calme avant les éventuelles tempêtes.

▬ Pardon, c’était peut-être un peu pessimiste. On ne va pas se mentir, tu as l’air d’être une bonne personne. Et si ce n’est pas le cas, je dois avouer n’en avoir rien à faire. En ce qui me concerne… Il marqua un temps d’arrêt. Encore. Il n’était définitivement pas doué pour essayer de prévenir avant de guérir. Et l’était encore moins pour ce dernier cas. Disons simplement que le temps nous dira si on partagera à nouveau le thé ensemble. Ou toute autre boisson plus corsée si le cœur t’en dit.

Il était résolu à quitter cette ambiance peu fameuse. Et pour changer de destination, il fallait être capable d’adopter une position de départ plus adéquat. Aussi se levait-il, avant de tapoter son fessier de ses deux mains pour en dégager la neige écrasée.

▬ Et si on faisait le tour du propriétaire ? Je me pèle le cul sur ce toit.
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Naoki Shiori

Données Spirituelles
Grade: Vice-Capitaine de la 2ème Division
Mer 30 Nov 2022 - 3:08 - L'ombre du flocon

J’étais de nature observatrice. Ce faisant, peu de détails échappaient à mon attention. Souvent demeurée spectatrice de ma propre vie, j’avais appris à contempler le monde sous le prisme de tous les regards plutôt que du mien propre. Pour cette raison, je vis des fragilités dans le masque de mon interlocuteur. À son attitude, je discernais de la contenance. Une forme de frustration à se retenir. Mais de quoi ? Cela différait de ce à quoi l’on m’habituait dans les réunions d’officiers au Gotei 13. Rien à voir avec le devoir de Nozomi. Rien à voir avec les manipulations de Mamoru. Rien à voir avec les évaluations de Serena.

Non, au lieu de tout ça, quelque chose qui ressemblait à de la gêne. À se demander ce qui pouvait le rendre si inconfortable. Quelque chose dans ma manière d’être le dérangeait ? À moins que ce ne soit simplement de converser avec un membre du Nibantai ? Ce serait compréhensible. Mais je doutais que ce soit suffisant à justifier ce comportement. Non, il fallait ajouter à son air une empreinte plus bizarre, excentrique. À son commentaire, je fis les yeux ronds, même si ça ne dura pas plus longtemps que deux secondes.

– Euh… oui, enfin… bien entendu. Je n’irais pas… eh bien, trouver à discuter sur… vous. Hm… sur toi.

Moi-même, mon jeu pouvait se fendre de maladresse quand l’étonnement m’interrompait dans mon élan. Il n’avait jamais été question de le surveiller. Il était mon égal et à ce titre, lui soumettre des avertissements aurait été on ne peut plus idiot. Sur le moment, je crus presque qu’il plaisantait. Mais, curieusement, il traînait quelque chose en lui jetant une ombre de doute chez moi. Au fond, ma présente position au commandement de la deuxième était encore récente. Il allait de soi que je n’ai pas étudié les dossiers de tout un chacun. Et même si je l’avais voulu… les interminables supervisions de missions feraient que je n’aurais pas le luxe de m’y attarder. Ce pourquoi je cherchais des moyens de ménager du temps pour tous. Ce qui passait par une meilleure organisation entre nos différentes divisions.

Enfin, ce que je pouvais retirer de tout cela, c’était qu’il se méfiait de moi. Certainement, à raison. En tout cas, il serait stupide de le lui reprocher. Ce pourquoi je me reprenais à la faveur d’un sourire qui se voulait bienveillant, bien que rendu un peu nerveux au devant du comportement mi figue mi raisin de cet homme. Pour l’heure, j’ignorais encore sur quel pied danser avec lui. À lui laisser plus de mou pour s’exprimer, je commençais à préciser un trait de caractère. Ce shinigami… est-ce qu’il ne fonctionnait pas comme un enfant, au final ? Soit, à l’affection ?

Fronçant fugacement les sourcils, je me dis que ce serait curieux pour un gradé. Mais après tout, pourquoi pas. Mille raisons pouvaient justifier les promotions au sein du Seireitei. Et si cette intuition se vérifiait, ça n’irait pas franchement me déranger. Pour un peu, malgré qu’il soit parfois déphasé, il ne semblait pas foncièrement méchant.

– Oh, je n’en demandais pas tant, mais… hey, je ne me plaindrais pas d’un tel zèle !

Riant légèrement, j’essayais d’un peu détendre l’atmosphère. En dépit de mes attributions, je n’étais pas particulièrement stricte sur l’étiquette, au contraire. Il aurait fallu que mon éducation soit celle d’une noble. À la vérité, loin s’en fallait. Je comptais autrefois parmi la lie de la Soul Society. Et je n’irais pas m’apostropher d’entendre parler d’amitié si tôt dans la conversation, quand bien même, cela revenait à mettre la charrue avant les bœufs.

– Je sais m’adapter, tu peux compter là-dessus ! Et s’il faut que nous devenions amis pour que tu acceptes de travailler avec moi, alors nous aurons plus à faire que parler travail pour y arriver !

Progressivement, je retrouvais mon assurance. Mes phrases gagnaient en fluidité. Et mon sourire, en authenticité. Il parlait de ses habitudes à l’inimitié. Sans doute, tenait-ce à cette personnalité qu’il se retenait de me montrer.

– Si tu voyais à quoi ressemblent mes amis… tu n’aurais pas peur de faire un pet de travers. Franchement, je ne vois pas ce qui pourrait m’inquiéter. Tu m’as l’air, je ne sais pas… très gentil ?

La certitude, c’est que je ne le jugerais pas sur des qu’en dira-t-on. Si je devais seulement me contenter des lignes de rapport pour arrêter mes avis, alors j’aurais à gérer plus de bévues qu’actuellement. Là, j’avais encore le temps de sortir de la division. Et parce que je travaillais bien, je me payais même le luxe de m’occuper de la trésorerie de l’association des femmes shinigami. En l’absence de la présidente, c’était un peu plus calme à ce niveau. Et j’espérais qu’à son retour, j’aurais davantage l’occasion de me relâcher. Ce n’était pas une vie de ne jurer que par le travail et les responsabilités.

Pour me détendre, je continuais de savourer ce thé moyen mais suffisant à me faire apprécier le moment glacé d’une parenthèse hivernale. De même, le manque de confiance de mon interlocuteur ne changerait pas grand-chose au regard que je lui renvoyais. Je cherchais derrière mon expression souriante à le rassurer. J’évitais les grimaces susceptibles de l’alerter. Comme un petit chat dont on approchait doucement la main sans geste brusque pour lui tapoter la tête sans l’effrayer.

– Entre nous, je préfère le mauvais saké, même si j’ai bien été forcée d’apprécier le thé après être sortie de l’académie. Ma vie ne ressemblait pas vraiment à ça, avant.

Oh, il y avait certes une tranquillité de comparable. Mais pas de même nature. Surtout, sans cet océan de potentiels. Je ne pouvais me lever et suivre une nouvelle personne comme je le faisais actuellement dans un caprice.

– Avec plaisir. Je commençais à entendre mes articulations grincer à force de rester immobile.

Et puisque je visiterais avec Teruo les quartiers de sa division, autant briser la glace afin de le sortir de l’embarras. L’aider à se relâcher.

– Tu aimes écrire ?

Une question anodine qui pouvait bien ne trouver aucune suite. Car même si sa présence à la huitième division suggérait qu’il soit lié de près ou de loin à la gazette du Seireitei, ça ne signifiait pas forcément qu’il apprécie de se saisir d’une plume.
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Naoki Shiori

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