Seireitei News Magazine

Dépité. Mais aussi un peu excité. Tetsu était clairement partagé alors qu'il se rendait là où on lui avait conseillé d'aller. Il cherchait une jeune femme qui répondait au nom de Shugoshin Akemi, membre de la Huitième division, afin de parler avec elle d'une certaine affaire. Sauf que cette fois, cette affaire ne concernait pas son rôle d'inspecteur de la Neuvième. Mais une toute autre histoire. Et il devait cela à sa Capitaine, évidemment.

Cette dernière lui avait fais part de son envie de voir un des siens intégrer la gazette officielle du Seireitei. Et pour cause : puisque cette dernière avait appartenu à leur division par le passé, Nozomi désirait garder un oeil sur ce qui se passait avec ce fameux journal. Pour cela, elle avait donc appelé celui qui était considéré au sein de leur division comme le plus pointilleux et le plus agaçant des enquêteurs. Lui-même. Autant dire que ce n'était pas forcément flatteur. Cela expliquait son agacement.

Seulement il y avait aussi une chose qui paraissait sympa : le fait de pouvoir enquêter de manière moins conventionnelles et rapporter des affaires au sein de ce journal pour que tous puissent y avoir accès. S'informer était important aux yeux du Furihata, il ne fallait donc pas beaucoup le pousser pour qu'il ait envie de s'impliquer. Cela expliquait son excitation.

Alors qu'il arrivait à l'endroit mentionné, il se présenta à un Shinigami afin de lui demander où se trouvait la jeune femme qu'il recherchait.

- Pourriez-vous me conduire auprès du Troisième siège Shugoshin ? J'ai été recommandé par Tomoe Taichō, normalement elle a été informé de ma venue. Je suis Furihata Tetsu, Dixième siège de la Neuvième division. Je vous en remercie.

Restait plus qu'à attendre maintenant. Le journal... Il avait quand même hâte de voir ce qu'il pourrait y faire.

Les deux jeunes femmes s’étaient entendues sur le fait de devoir garder un lien entre leurs deux divisions pour préserver une certaine continuité entre la période où la Neuvième gérait la gazette et maintenant où c’était la Huitième qui en avait la charge. À cette fin, Nozomi a décidé d’envoyer à la Shogoshin l’un de ses Shinigami. L’un de ses meilleurs enquêteurs certainement. L’Immaculée n’a pas tellement d’informations sur ce dernier si ce n’est son identité. Peu intéressée par les rumeurs et les racontars, aucune anecdote ne lui est parvenue aux oreilles et c’est mieux ainsi. Elle préfère se faire son propre avis sur les gens. Partir avec un préjugé d’emblée, elle n’aime pas cela. C’est se faire influencer et risquer de voir son jugement altéré. Quant à lui, que peut-il bien savoir à son propos ? Pas-grand-chose certainement. Elle n’est pas du genre à faire parler d’elle, dévouée, discrète. Certes jolie, mais toujours éclipsée par la charismatique et envoûtante Tomoe.

Tetsu est conduit jusqu’au bureau où elle se trouve, accoudée à la fenêtre grande ouverte, elle profite d’un moment de pause pour s’aérer l’esprit. Il est annoncé et elle se retourne alors. D’un signe de tête, elle remercie le Shinigami qui s’éclipse, retournant vaquer à ses occupations. De prime abord, il a l’air sérieux. Tant mieux. Espérons qu’il soit là de son plein gré sinon cela ne risque pas d’être très agréable pour qui que ce soit.

- Bienvenue. Je suis Shugoshin Akemi, troisième siège et rédactrice en chef du Seireitei News Magazine. Merci d’avoir bien voulu faire le déplacement.

D’un geste, elle indique, non pas son bureau, mais la table ronde un peu plus loin, entourée de sièges et l’invite à s’y installer. Elle se prend elle-même un siège. Un court instant, elle observe ses expressions, sa réaction. De son côté, sous ses airs paisibles, elle est un peu nerveuse, jamais très à l’aise lorsqu’elle se retrouve seule avec un inconnu. Elle ne craint pas d’être attaquée, ça, elle saurait gérer, se défendre, mais plutôt d’avoir un mot de travers, d’être mal comprise. Ce qui engendrerait des situations qu’elle n’aurait pas souhaitées.

- C’est donc vous que Tomoe-san m’envoie. A-t-elle dit quelque chose de particulier sur le rôle qu’elle souhaite que vous jouiez dans cette liaison entre nos divisions ?

- Il était indispensable pour moi de me déplacer pour venir à votre rencontre, Shugoshin Fukutaisho.

De prime abord, elle paraissait sérieuse. Tetsu appréciait ce genre de comportement, qu'il trouvait plus accordé au sien. De toute évidence, cette femme possédait de nombreuses responsabilités et le temps devait sans doute être une denrée rare pour elle. N'ayant pas réellement d'information la concernant, le Furihata restait donc sur la réserve, préférant se faire un avis sans être perturbé par les rumeurs. S'il adorait prêter l'oreille à ces dernières - sa devise étant qu'on trouve toujours un fond de vérité dans les racontars - il devait admettre que la page était blanche la concernant.

Lui aussi prit un siège, répondant à l'invitation de la jeune femme. Elle possédait une certaine présence et Tetsu imaginait sans mal qu'elle puisse aisément se faire entendre par ceux de sa propre division. Elle dégageait une sorte d'autorité naturelle qui imposait d'emblée le respect. Cela le changeait du Capitaine Aizome qui s'était montré d'emblée discourtois. La question tomba et il adressa un petit sourire à Akemi.

- Et bien oui, en effet. De par mon statut au sein de la Neuvième et mes propres hobby, il lui paraissait comme évident que mes talents seraient utiles au sein du service "investigation". Qui est, si je peux me permettre, le service qui me correspond le mieux et qui m'intéresse le plus.

Il était important que Akemi comprenne qu'il n'avait pas été forcé. Pas directement. L'idée de pouvoir officiellement parcourir le Seireitei en quête de ces petites informations croustillantes lui plaisait vraiment. Pouvoir laisser libre court à ses idées, à ses certitudes même, et pouvoir participer à l'élaboration d'un tel journal, voilà quelque chose qui ne manquait pas d'intérêt à ses yeux.

- Voyez-vous, j'ai souvent l'oeil juste et mes missions me poussent à entendre énormément de choses. Parfois anodines, parfois beaucoup plus intéressantes. Je pense que je pourrais être utile. Mais dites m'en plus sur ce que vous même attendez de ceux qui travailleront pour vous. Qu'attendez-vous de ce journal finalement ?

Par réflexe, Tetsu sortait son calepin pour prendre en note ce qu'elle dirait. Il était important pour lui de consigner ce qu'il entendait. Preuve là encore qu'il était né pour être grand Reporter non ?

Qu’un membre de la neuvième soit davantage attiré par le service investigation de la gazette plutôt qu’un autre lui paraissait normal. L’Immaculée n’était pas étonnée. Et s’il a en plus des talents comme il semble le dire, alors effectivement, Tomoe l’a bien choisi. Elle l’imagine bien être sa carte maîtresse, celle qu’elle utilise le plus souvent pour toutes sortes de situations particulières, un peu comme celle-ci.

Doucement elle opine. Laisser ses oreilles traîner est un réel talent pour cette tâche. Savoir écouter, entendre et percevoir surtout sont de grandes qualités pour un journaliste. Tetsu semble avoir une bonne intuition. Pour l’instant elle ne peut que le croire sur parole et s’en remettre à la recommandation de Nozomi.

- Je pense également que ce service sera le plus adapté pour vous. Vous me semblez être perspicace, ce qui est parfait lorsque l’on mène l’enquête. J’aimerai bien vous voir à l’œuvre à l’occasion.

Et durant les prochaines décennies, des occasions, il y en aura bien n’est ce pas ? A moins qu’il se passe quelque chose de grave avec beaucoup de morts. Mais n’imaginons pas le pire. N’oubliant pas la question qu’il lui a posé, elle avise tout d’abord le service à thé disposé sur un plateau excentré sur la table.

- Souhaitez-vous une tasse de thé ?Avisant de ses gestes en fonction de la réponse donnée, elle répondra à son tour en faisant le service, ou pas. Mes attentes dépendent du service. J’aspire à ce que chacun puisse trouver dans la gazette quelque chose qui l’intéresse. Que ce soit des actualités ou des choses plus ludiques et divertissantes. Évidemment il faut savoir écrire pour rédiger un article, mais outre cela, ce qui est important pour moi c’est que les faits racontés doivent être vérifiés. La gazette doit être là pour informer. Elle peut même prévenir, faire rire ou bien émouvoir, mais je ne veux pas de diffamation gratuite ou d’accusations sans preuve.

Et ça lui semble logique de ne pas être de ces torchons qui diffusent de fausses vérités. A la rigueur, elle pourrait admettre une rubrique potins à base de « il paraît que » et « on raconte que » mais ça doit être bien clair que ce ne sont que des rumeurs, que le lecteur en fait ce qu’il veut. De plus une telle rubrique ne devra pas devenir un moyen d’attaquer autrui. Bref. Elle doute que ce soit son genre à lui et qu’il fera les choses bien.

- Vous savez sûrement qu’avant c’était votre division qui s’occupait de la gazette. J’ai souhaité qu’il y ait une certaine continuité. Votre contribution est donc importante pour moi. De plus, vous êtes avantagés pour l’obtention d’informations, en plus de vos talents j’entends.

Le voir à l'oeuvre ? Cela ne le dérangeait pas, préférant évidemment montrer de quoi il était capable plutôt que de s'étendre sur un CV qui finalement n'était pas aussi parlant que la réalité. Quant au fait d'être perspicace, il ne pouvait pas le nier. Sans doute même l'était-il un peu trop, ce qui expliquait évidemment que les Hommes de l'ombre souhaitent le voir disparaître. Mais avec un pied dans le journal, il allait pouvoir révéler au grand jour ces sombres machinations. Certes, il ne se faisait pas d'illusion pour autant... Il allait être une proie plus facile à atteindre aussi.

D'un signe de tête, il accepta la tasse de thé, se concentrant également sur les propos de la Vice Capitaine. Et comme chaque fois qu'il était ainsi concentré, son tic lui reprenait. Remettant ses lunettes en place, il semblait presque vouloir lire en la personne qui était face à lui. Possédait-elle des tics elle aussi ? Ses mimiques de langage ? La communication non verbale étant une donnée importante pour lui, il prenait autant d'attention à l'écouter qu'à l'observer.

Et en entendant le terme "diffamation", il sut qu'il allait devoir se montrer prudent lui aussi. Car les preuves concernant les Homme de l'ombre n'existaient pas. Ou avaient simplement été nettoyées. Il savait qu'il allait devoir se montrer patient et risquer sa place ici sur une simple rumeur, sur sa seule intuition, c'était hors de question.

- Il est bien évident que je partage votre point de vue. Un enquêteur ne peut se permettre d'agir sans preuve et j'estime que les journalistes sont des enquêteurs à part entière, à leur niveau. Concilier les deux casquettes est donc assez naturel pour moi.

Ce qui était complètement vrai. Il hocha de la tête en entendant les derniers propos. Oui, il le savait. Et en un sens, il lui paraissait normal qu'un membre de la Neuvième puisse jouer aussi la carte de la continuité.

- J'espère pouvoir apporter ce petit quelque chose qui permettait de maintenir la confiance qui est la votre en mon travail futur. Je suis persuadé qu'il a de l'avenir et qu'il est entre de bonnes mains, même si ce n'est plus la Neuvième division qui gère. J'aurai une autre question. D'organisation.

Il avait sorti son calepin, notant quelques notes rapides dedans. Réflexes qu'il avait depuis bien longtemps maintenant.

- Est-ce vous qui validerez les articles proposés avant parution ? Avez-vous déjà des pistes de réflexion, un domaine qui permettrait de commencer ce fantastique travail qui est le notre ?

Bien sûr. C’est certainement pour cela qu’à l’origine la gazette avait été dirigée par la Neuvième. Ce devait être tellement pratique d’avoir tout sous la main, dossiers et enquêteurs. Alors pourquoi donc la Huitième l’avait récupérée ? Peut-être parce que protéger le Seireitei, c’est aussi être et avoir des oreilles partout afin d’intervenir au plus vite. Lors des patrouilles, ses Shinigami peuvent surprendre des conversations par exemple, ou encore assister à certains faits intéressants à relater. En somme, le transfert n’était pas dénué de sens. Quoi qu’il en soit, préserver le lien entre les deux divisions semble logique.

- En effet, et c’est pour cela que j’ai souhaité travailler avec l’un des vôtres.

Un ou même plusieurs, après tout l’on n'est jamais de trop pour mener une enquête car il faut savoir être sur plusieurs fronts en même temps. Qui sait ce qui peut arriver, quand, et où ? À son tour de poser des questions. Doucement elle opine entre deux gorgées de thé.

- En effet, moi et la rédactrice adjointe, Chibiko Daestra. Nous sélectionnons les articles qui nous sembles les plus pertinents, intéressants puis ils passent entre les mains du secrétaire de rédaction. Simple correction orthographique. Manquerait plus que l’on publie un torchon bourré de fautes. Ça ne ferait pas très sérieux n’est ce pas ? S’il y a des parties d’un article qui doivent être modifiées en profondeur, nous voyons cela avec l’auteur directement.

La précision lui a semblé nécessaire. S’il y a un souci, quelque chose qui ne va pas, il le saura. Ce n’est pas de la censure, plutôt de la vérification. Les articles ludiques et peu sérieux sont moins passés au crible alors que ceux plus informatifs ne doivent pas laisser passer de jugement ou d’avis personnel. Sa dernière question provoque chez la jeune femme un petit sourire amusé.

- Il se trouve que je comptais vous poser la même question. Je me demandais s’il y avait déjà un sujet sur lequel vous souhaitiez enquêter. Ces derniers temps, tout est assez calme, il ne se passe rien de particulier ni d'inhabituel. Peut-être aurais-je plus à vous proposer dans les semaines ou mois à venir. Il faudra se revoir de temps en temps. Hum...

Prenant le temps de la réflexion tout en profitant des arômes délicats de son thé, une idée lui traverse l’esprit et son regard semble alors comme s’éclairer à cette pensée.

- Oh, il y a peut-être un sujet qui éveille ma propre curiosité, il s’agit de ces personnes qui ont été libérées de nos prisons pour combler les postes de gradés vacants suite à la dernière hécatombe. Peut-on leur faire confiance ? Est-ce qu’ils s’adaptent bien ? Est-ce qu’ils font bien leur travail ? Enfin, c’est une piste… Mais comme je l’ai dit, je suis curieuse de savoir quelles sont les vôtres ?

Elle était maligne et Tetsu appréciait ce trait de caractère. Ses réponses étaient claires, limpides, et ne souffraient d'aucune ombre. Travailler avec elle serait certainement intéressant et en un sens, il avait hâte. Si la mission lui avait été confié par sa Capitaine, il appréciait de pouvoir prendre plaisir à cette dernière. En partie grâce à l'aura que dégageait cette femme.

Tetsu prenait acte des réponses suivante, notant d'ailleurs le nom de Daestra alors qu'il apparaissait évident que ces deux personnes auraient l'oeil sur les différents articles. Une logique indiscutable d'ailleurs pour lui qui ne souffrait d'aucun problème d'égo à ce sujet. Et puis il était toujours bon d'avoir plusieurs regards sur un même dossier. Pas seulement pour cette notion de faute d'orthographes mais aussi et surtout parce que plusieurs avis permettaient d'avoir un oeil plus juste sur la réalité des faits. Un simple article pouvait bouleverser bien des lecteurs. Il en avait conscience et c'est aussi pour cela qu'il comptait agir avec minutie et sérieux.

- Je comprends et je trouve cela parfaitement logique. Nous ne parlons pas ici d'un simple rapport qui sera classé sans suite mais bel et bien d'un écrit qui perdurera dans le temps. J'aime cette façon de procéder.

On pourrait croire qu'il parlait pour plaire, pour donner de la crédibilité à son projet, mais en réalité il n'en était rien. Il pensait ce qu'il disait à ce sujet et derrière ses lunettes, on pouvait percevoir un réel éclat d'intérêt pour ce qu'il allait devoir faire. Alors qu'elle lui répondait également sur sa dernière question, il eut un petit sourire.

- Il faudrait que j'y réfléchisse sereinement. Pour pouvoir enquêter et pondre un article parfait. Il est vrai que la période parait calme mais je sais d'expérience que ce n'est jamais le cas. Le calme est seulement une arme utilisé pour cacher bien des choses obscures.

Il le savait d'expérience. L'idée d'Akemi se tenait en tout cas et il y avait certainement matière à s'amuser sur un tel sujet. Il ne serait d'ailleurs pas difficile d'avoir les informations pour lui puisqu'il appartenait à la Neuvième division. Une partie de leur travail était d'assurer que tout se passe bien.

- Votre idée est intéressante et je pourras effectivement essayer de creuser un peu ce sujet, sans le moindre doute. Cela pourrait intéresser quantité de lecteurs, j'en suis convaincu. Pour le côté "sensationnelle", on pourrait aussi creuser la piste des liens entre les différentes divisions. Je sais de source sûre qu'il peut exister des tensions, des petites bricoles. Une sorte de faits divers qui amènerait du peps à un article "choc". Vous en pensez quoi ?

Il pensait à un certain capitaine qui n'appréciait pas les autres. Pouvoir jouer là dessus serait énorme.

Était-il volontaire ou avait-il été envoyé d’office ? Si tel était le cas, alors cela ne se voyait pas. Il n’y avait là que de l’enthousiasme et de l’optimisme, ce qu’elle appréciait grandement. De plus en plus, elle se persuade que cette coopération sera un franc succès. Elle y voit un bénéfice pour tout le monde. Si lui prend plaisir à collaborer, alors c’est déjà gagné à ses yeux. Qu’il y ait un résultat derrière, des articles, ce n’est que la cerise sur le gâteau.

La jeune femme n’est pas tellement douée dans le journalisme, les enquêtes, ou la rédaction d’un article. Elle sait écrire, ce n’est pas la question, mais elle n’a aucun style particulier, du moins pas à sa connaissance. Elle a été parachutée à la tête de ce magazine lors de son transfert et a dû tout apprendre sur le tas. Néanmoins, elle ne néglige pas la gazette pour autant. La partie gestion lui plaît ainsi que les soirées choix d’articles. Ainsi donc elle y trouve son compte aussi.

La discussion a l’air de bien se passer, ils semblent du même avis en tout cas et elle en est ravie. La Shugoshin sourit et opine doucement. Il y a fort à parier que si le sujet l’intéresse, il puisse aussi intéresser bon nombre d’autres personnes.

- Les liens entre les différentes divisions ? Oui, il doit y en avoir certains d’assez prononcés et intéressants. Bonne idée ! J’ai hâte de voir le résultat de cette enquête.

Et cela se voit sur son visage, cette sorte d’excitation enfantine. Ses yeux ne reflètent aucune curiosité perverse, simplement un enthousiasme des plus candides.

- Bien. Et pour tout cela, évidemment vous pouvez vous faire aider. Les membres de la Huitième sont à votre disposition, mais vous pouvez également enrôler de nouveaux journalistes. Je demande juste à pouvoir approuver les éventuelles recrues. Bien que je n’ai aucun doute sur vos capacités de jugement. Je n’ai pas les mots corrects qui me viennent à l’esprit, mais vous m’avez l’air sérieux et plus que compétent. Avez-vous d’autres questions ?

Pour sa part, elle a fait le tour de ce qu’elle avait à dire ou à préciser.

L'idée première semblait plaire et il en était ravi. La raison était évidente : il allait pouvoir pousser un peu plus encore ses propres recherches et éclairer les doutes qui étaient les siens. Surtout depuis cette catastrophique réunion avec le capitaine Aizome. Il allait pouvoir montrer que certains ne pensaient finalement qu'à leur petite personne, en dépit du grade qui étaient le leur, et que cette façon de procéder était évidemment un risque majeur pour la Soul Society.

Car s'il y avait une chose qui prédominait dans l'esprit de Tetsu, c'était l'ordre. L'ordre au dessus de tout. Nulle ambition ne devait venir entraver la Justice et il était ici pour y veiller. Quand Akemi mentionna l'idée de se faire aider, il prit le temps de la réflexion. L'idée était bonne, certes, mais il savait que son propre tempérament ne s'accordait pas si facilement au travail d'équipe. Quitte à jouer franc jeu, autant le faire dès maintenant.

- Pas vraiment d'autre question non. Seulement une remarque. Quitte à être franc, je préfère vous informer que je suis généralement le genre de personne qui agace les autres. J'en ai conscience. Certes, je ne le fais pas de manière volontaire mais mon regard sur la société et mon éducation me pousse parfois à être quelque peu intransigeant dans la façon d'aborder un problème.

Il enleva ses lunettes, afin d'en nettoyer le verre avec un chiffon qu'il sortit de sa poche. Se faisant, il réfléchissait à comment amener la chose sans paraître trop sévère. Il remit sa monture sur son nez et reprit :

- Je n'ai donc aucun nom qui me viendrait en tête concernant une possible association. Puisque vous désirez approuver les prochains journalistes, et m'ayant rencontré ce jour, auriez vous une personne à me conseiller ? Qui pourrait accepter cette part de ma personnalité ?

Le strict respect des règles n'était pas une chose courante, il le savait. Néanmoins, quitte à travailler avec quelqu'un, autant que la personne ne soit pas l'exact opposée de ce qu'il était lui même, n'est-ce pas ?

Elle lève un sourcil étonné à sa déclaration. Tout le monde ne peut pas plaire à tout le monde, mais elle ne l’imagine pas être agaçant au point de préférer ouvrer en solitaire. C’est étonnant parce que ce n’est pas le ressenti qu’elle a pu avoir aujourd’hui. Mais après tout, ils ne sont là que depuis quelques minutes et elle ne fait pas partie des personnes qu’il pourrait avoir envie de questionner. Enfin, de ce qu’elle suppose évidemment, car on ne peut pas savoir ce que quelqu’un a dans la tête sans pouvoir lire dans les pensées les plus profondes.

- Et bien, vous ne m’agacez pas pour le moment si ça peut vous rassurer, mais je prends note de votre souhait.

Sa tasse vide est repoussée sur le côté puis elle prend quelques notes sur une page pour garder une trace de ce qui a bien pu se dire ici, notamment l’idée qui s’était profilée pour le prochain article.

- Je n’ai pas de nom à vous proposer pour le moment, cela viendra peut-être. Mais c’est bon à savoir. Si jamais quelqu’un me semble convenir, je vous l’enverrai. En attendant, vous êtes tranquille.

Et c’est peut-être juste ça qu’il recherche, la tranquillité. Simple supposition, mais du coup, elle s’interroge sur le personnage. Elle aussi parfois peut être bizarre. Mais pas au point d’avoir des relations compliquées ou conflictuelles avec les autres. Il n’a pas l’air d’en faire grand cas, ou du moins d’y être habitué.

- C’est tout de même, étonnant. Est-ce que ça vous peine parfois ? Avez-vous des amis pour vous soutenir ? Oh, bien sûr, vous n’êtes pas obligé de répondre.

Elle hausse doucement les épaules. Simple curiosité, mais elle suppose qu’il peut comprendre sa réaction, ce besoin de savoir, d’approfondir les choses et puis d’un côté de s’intéresser aux gens qu’elle côtoie aussi.

- C’est votre éducation, c’est bien ce que vous dites ? J’en ai eu une aussi un peu particulière. Le genre que certains ne peuvent pas comprendre. Pour moi, l’important n’est pas de savoir qui est dans l’erreur. C’est plus complexe. Enfin soit.

Croisant ses doigts sur la table, elle le fixe, un peu trop peut-être certainement. Mais il y a tant de questions qui fusent dans son esprit. À quel point sont-ils différents et similaires ? Ce n’est probablement pas le bon moment pour répondre à ce genre de question. Alors elle est prête à le laisser partir. Et puis qui sait, ils auront bien d’autres occasions de se croiser à l’avenir, ne serait-ce que pour se tenir au courant des progrès de l’enquête.

Etait-ce se tirer une balle dans le pied que de révéler qu'il avait parfois du mal à collaborer avec les autres et que son tempérament pouvait être un frein ? Sans le moindre doute. Seulement Tetsu préférait clairement jouer la carte de la franchise plutôt que de se rapprocher d'un autre journalise du Quotidien et qu'ils ne s'entendent pas. Le strict respect du règlement du Gotei était sans doute trop abusif de son côté pour qu'il travaille en collaboration avec une personne qui s'en moquait royalement par exemple.

Pour l'heure, aucun nom ne semblait lui venir en tête. Il lui adressa même un léger sourire alors qu'elle s'exprimait sur ses propres pensées. Bien sûr, il n'énervait pas systématiquement les gens. Seulement il avait parfois l'impression que son monde à lui était soit noir, soit blanc. Il ne connaissait pas la nuance. Et ne souhaitait d'ailleurs pas spécialement changer à ce sujet. L'ordre primait sur le reste, que ce soit au sein de la Soul Society que dans ses pensées.

- J'apprécie vos paroles.

Des amis ? En pleine réflexion, son regard se perdit dans le vague quelques instants. Des amis, il en avait évidemment. Mais ils se comptaient sur les doigts d'une main. Encore que le terme ami soit pas forcément le plus adapté pour parler de ceux qu'il côtoyait. A bien y regarder, ils n'en étaient pas vraiment en fait. Il était plus isolé qu'entouré. Mais de là à dire que cela le peinait, ce n'était pas le cas. La solitude lui permettait de ne pas s'attacher, de ne pas être trahi par un autre. Sans doute était-ce ainsi qu'il se protégeait. On ne pourrait pas lui faire de mal ainsi.

Son côté parano était aussi à la base de cette solitude. Son mantra étant que ceux qui lui voulaient du mal ne pourraient jamais passer par la case "amis" pour l'atteindre puisqu'il n'en avait pas. Seule sa famille était potentiellement en danger mais son père, ancien shinigami de la Neuvième, était à même de se défendre. Il connaissait ce monde. Il savait qu'on ne pouvait se fier à tous.

- Quelques connaissances. Des camarades plus que des amis. Dans la division qui est la mienne, il est préférable de veiller à ne pas trop s'attacher. Après tout, nos ennemis pourraient utiliser ce filon pour nous faire du mal. Je suis quelqu'un de prudent. Sans doute trop, je le concède.

Son éducation en était la source principale, c'était évident. Mais pas seulement. Il s'était aussi construit autour de cela. Mais il n'était pas temps de débattre des heures de ce sujet.

- Oui, c'est en partie l'éducation qui a fait de moi ce que je suis. Ainsi que le poste qui est le mien depuis un moment. Mais je ne vais pas vous embêter plus que de raison. Si vous avez une idée d'un partenaire idéal, faites moi signe. En attendant, je vais creuser la question du papier qu'il faut que j'écrive. Merci pour tout.

Il s'inclinait pour la saluer, avant de prendre la direction de la sortie. Cette rencontre avait été riche en émotion le concernant. S'il ne savait pas encore réellement à qui il avait à faire, il voyait en elle une femme extrêmement intelligente.

C'était une qualité qu'il appréciait.

Tetsu s'éloignera alors Fin du rp