The Wages of Fate

L’Ogasawara préférait en avoir le cœur net… C’est que le sujet était assez complexe pour qu’il cherche à compléter les informations en sa possession comme il le pouvait. En somme, suite à un coup d’éclat face à son chef de famille, cette dernière ne manquait pas une occasion de le lui faire payer. Aussi lui avait-elle donné l’obligation de rejoindre le Gotei 13 et donc l’Académie, où elle l’avait empêché de gravir les échelons malgré ses capacités de très loin suffisantes. Il avait ainsi appris à la dure que sa tante aimait beaucoup les chiffres. Treize années à l’Académie, pour se voir confier le neuvième siège – 9 portant malheur, sa prononciation étant la même que celle de « souffrir » – de la Huitième Division. Ne sachant que redouter encore suite à un message reçu qui lui signalait clairement qu’elle ne lui avait pas pardonné, il préférait être préparé…

Car accompagné de son accession dans l’une des treize divisions, il s’était vu également désigner une protectrice Shugoshin, leur clan soumis aux Ogasawara depuis toujours. Pourquoi maintenant ? Certes, il pourrait juste se dire que son poste impliquerait forcément des missions, et que celles-ci pourraient comporter des risques. Mais il craignait que cette médaille puisse avoir un revers insoupçonné. Soit elle lui avait réellement été assignée pour le protéger, soit elle aurait pour mission, quand il s’y attendrait le moins, de s’assurer qu’il ne s’en sorte pas. Aussi, avant de se retrouver dans une situation où cela compterait réellement, il était désireux d’en apprendre plus sur elle. Voir quel genre de Shinigami elle avait été jusque là. Cela limiterait la possibilité de juste jouer sa vie à pile ou face.

Sa visite dans les quartiers de la Quatrième Division eut lieu alors qu’il n’était pas en service. Il avait dès lors décidé de porter une tenue ne laissant pas de doute sur son train de vie : un riche kimono brun aux broderies dorées. Sa longue chevelure brune cascadait librement, alors que sur son front se présentait le kamon de sa branche familiale – différent de celui de la branche principale des Ogasawara.

- Salutations. J’aimerais parler à un haut responsable.

Ainsi s’adressa-t-il à un Shinigami en train de nettoyer le sol à quatre pattes. Il ne porta qu’à peine son regard sur lui, cherchant plutôt des yeux s’il ne voyait pas un Haori ou au pire la plaque d’un Vice-Capitaine accrochée à un bras. Visitant le quartier général et non l’hôpital, peut-être n’aurait-il pas la chance qu’ils soient ici ?

- Salutations. Ogasawara Kōga.

Simple et sobre, mais néanmoins largement suffisant. Son grade ne valait pas grand-chose dans la démarche qui l’accaparait aujourd’hui. Au moins n’avait-il pas dû attendre longtemps, et l’accueil fut digne. Peut-être y aurait-il moyen donc d’être tombé sur quelqu’un de compétent qui pourrait le renseigner. Si la demande est particulière, elle se justifiait amplement à ses yeux et ne devrait donc pas trop poser de problème, estima-t-il.

- Je souhaitais m’enquérir des états de service de Shugoshin Akemi. J’imagine que compte-tenu de la position qu’elle occupait dans cette division il y a peu encore, vous la connaissez personnellement.

Il laisse quelques secondes s’écouler, manière de laisser les informations infuser, et pour lui d’observer. Est-ce que sa demande le rendait nerveux ? Lui faisait esquisser un sourire ? La simple évocation d’un nom connu pouvait provoquer ce type de réaction, qui pourrait déjà lui fournir une première information, instinctive. Bien sûr, cela fait, il fournirait lui-même les raisons le poussant à « enquêter » sur cette jeune femme.

- Comme vous le savez peut-être, elle vient d’être transférée afin de devenir ma protectrice. Ainsi l’exige le devoir de son clan envers ma grande maison. Il n’est donc que légitime de chercher à en apprendre plus sur le genre de personne qu’elle est, ainsi que de ses compétences, ne pensez-vous pas ?

Contrairement à sa cousine, Kōga savait se montrer affable malgré sa haute extraction. Bien que dans ses manières de se tenir et de s'exprimer sa caste se ressente, il ne s'en montrait pas pour autant condescendant. Et ce même s'il aurait préféré s'adresser à un plus haut gradé, mais bon, il s'en contenterait.