Lilū Atrahasis

Resurecciòn : Heyva Sor

(Lune Rousse)
Libération : Girîn (pleure)
Il peut faire naître et manipuler des cristaux qui absorbent les couleurs environnantes. Lorsqu'ils explosent ils libèrent les dites couleurs.

Segunda Etapa : Hêstira Heyvê

(Larme Sélène)
Tout autour de Lilū les couleurs se tarissent, ne laissant alors qu'un monde en noir et blanc... Excepté le rouge, qui lui brille comme jamais.
Tous ceux présents dans la zone sans couleurs ressentent alors une profonde tristesse, pouvant les amener à laisser couler des larmes sans même le vouloir.
6 grands cristaux tournent autour de lui. Ils libèrent toutes les couleurs disparues lorsqu'ils explosent avant de se reformer automatiquement et les réabsorber.

Il est fier, droit comme un pic. Face à lui un de ses congénère mais un gouffre les sépare. Dans leurs attitudes tout d’abord. Lilū semble calme et arbore un sourire agréable bien qu’un brin malicieux en apparence et ce depuis toujours. Pourtant la colère l’anime, l’assaut sur ce temple qui est sa demeure désormais est un acte impardonnable, si bien que la bête de paix en est venu à prendre les armes.

De ce frère face à lui il n’a plus le masque, n’arborant donc pas l’attribut ayant donné le nom à cette caste. Lui vient de la Lune et arbore dans sa chevelure quelques plumes qui se confondent avec ses mèches. Une crinière blanche qui danse lentement sous la brise nocturne et les remous de combats alentours. Ses vêtements amples se meuvent lentement au gré du vent, de ses mouvements lents pendant qu’ils se jaugent l’un et l’autre : assaillant et défenseur. Car ce qu’il est, lui, face à cette bête sans cœur qui ne pense qu’à la destruction. Le sien est apaisé depuis la prêtresse y a pausé sa foi, son âme par delà ses paroles et champs. Hymne à la Mère. Il y dévoue donc son corps et la moindre de ses pensées désormais, quitte à devoir tirer le sabre pour défendre le Ziggurat au péril de sa vie. Car telle est sa mission.

Sa main glisse à sa ceinture et vient trouver le Khandjar qui renferme son pouvoir, scellé sous la forme d’une lame courte et courbée vers la pointe. Une arme pour se défendre, pour parer les coups ; pas pour attaquer. Mais il n’en à que faire, car sa seule utilité est celle dont il va faire preuve. Dans un geste de bras plein de grâce il lance le poignard en l’air en accompagnant le mouvement d’un mot unique.



Pleure. Une larme naît dans le coin de son œil alors que la lame explose en une pluie de petits cristaux scintillants qui viennent le recouvrir de haut bas. Les fragments laissent alors passer une lueur rougeâtre de plus en plus intense avant de se dissiper. Le blanc immaculé dont il se paraît alors n’est plus majoritaire. Son corps est recouvert de plumes carmines, parsemées ça et la de quelques unes sans couleur ; Son torse, ses épaules, ses bras et ses jambes oscillent entre les deux nuances, chacune relevant l’intensité de l’autre. De sa chevelure, les plumes se font plus grandes et distinctes, certaines semblent même tomber sans que leur nombre ne diminue pour autant. De ses lèvres à ses pupilles, seul le sang peut rivaliser en intensité. Tout son monde est dominée par cette couleur si intense.


La Lune Rousse. Son visage qui paraissait si doux prend alors un tout autre sens sans qu’il n’en change l’expression. On y lit désormais le danger. Tout tend à montrer que, comme la face cachée de ce point sacré en leur monde, il ne faut pas le voir. L’autre côté de la pièce est souvent sombre, plein de violence et de tristesse. Car cette larme née plus tôt ne l’a pas quitté. Elle coule lentement sur ses joues, vient se confondre dans les plumes à la base de son cou suivies par d’autres. Mais petit à petit elles semblent d’évaporer. Autour de lui se mettent à danser des particules depuis sa peau humide.

Les larmes de la lune naissent, dansent autour de lui en de magnifiques cristaux aux couleurs variées. Car le monde s’assombrit dans les environs, lentement. Déjà triste et ténébreuse, la nuit sans fin va perdre ses quelques nuances de joie pour ne laisser que la désolation.

Et les cristaux se lancent alors qu’il lève son bras. Un mouvement de poignet et ils fondent sur son ennemi. Les couleurs explosent autour du pauvre fou ayant voulu s’en prendre à la Prêtresse. Et lui, toujours droit et fier, de pleurer en continuant d’envoyer ses larmes briser celui qui cherche à détruire cet endroit qu’est sa demeure. Sans aucun remord, si ce n’est d’exprimer la violence qu’il n’a plus en lui aujourd’hui.

Une larme. Le ciel pleurait lors de cette nuit infinie d’une seule goutte. Le vent faisait sifflait entre ses plumes alors qu’il se rapprochait inévitablement du sol. Là était son éveil, sa première prise de conscience réelle. Celle dont il se souvenait en tout cas, bien qu’à l’heure actuelle les images de ce jour si lointain étaient devenues brumeuses.

L’impact.

Le sable s’était soulevé en un immense nuage volatile alors qu’au milieu du cratère formé par cette chute céleste siégeait un être au plumage blanc et au masque rouge. Sans un bruit il se releva lentement, poussant sur ses mains au bout de ses ailes. Il les observa pendant un long moment comme une découverte. D’instinct il voulu parler, un son cherchant à sortir d’une bouche qui n’existait pas. Sa dextre se plaqua alors contre son visage, ou plutôt ce qui le lui couvrait. Une coquille dure. Les mots ne pouvait être entendus mais résonnaient dans esprit, de toute manière il se trouvait seul au milieu de ce trou qu’il avait créé sans comprendre comment. Personne ne pouvait l’entendre.

Son visage se relevait alors que la poussière tout autour commençait à retomber en une fine bruine, comme attiré par une puissante lueur qui dominait haut, très haut, la noirceur céleste. Derrière ce masque carmin, deux pupilles oscillant entre le pourpre et le gris fixaient cette immense source de lumière. Ses yeux écarquillés laissèrent alors s’échapper quelques larmes alors que montait en lui une douleur immense sans qu’il ne comprenne réellement pourquoi. Aucun souvenir. Juste lui seul au milieu de rien et elle, immense au dessus de sa tête, si proche et pourtant il savait que jamais il ne pourrait la toucher. Par instinct sa senestre se tendait comme pour tenter de l’atteindre en vain, mais il persévérait, comme si cette caresse dans l’air allait pouvoir traverser cette distance inimaginable.

Une larme.

Ses pupilles semblaient se noyer, se débattre au point que le remous créait des éclaboussures. Sur son masque carmin se dessinait une rivière lentement. En son cœur un gouffre immense, inconsolable. Son cœur ? Non. L’emplacement de ce dernier n’était plus. Sa dextre se glissait dans ce trou béant au milieu de sa poitrine. Il souffrait en cet endroit qui n’existait pas, caché par des plumes blanches, n’arrivant à le toucher non plus. Tout était loin, si loin.

Une nouvelle larme suivait le sillon de la première.

Sa tête se relevait alors, comme une bête voulant hurler à la mort. Aucun son ne sortait. Le masque était lisse de haut en bas, ne laissant que deux interstices pour ses yeux. Avait-il seulement une bouche ? Lui même n’en savait rien, cela ne l’importait que peu. Une voix ? Dans sa tête les mots fusaient, des cris, des pleurs, des appels à l’aide, des questions. Surtout des questions, pleines de colère et d’incompréhension.

Sans vraiment s’en rendre compte, comme mu par une force qui le surpassait, ses deux bras s’étaient étendus et dévoilaient de longues et grandes ailes aux plumes sombres. En un mouvement déjà il se propulsait, soulevant tout autour de lui des bribes du désert blanc qui tourbillonnaient en de fins grains. A chaque impulsion une nouvelle larme alors qu’il avançait comme attiré inexorablement par cette immense lueur dans le ciel. Un besoin irrépréscible de l’atteindre, d’y retourner en quelque sorte car il sent au plus profond de lui, dans ce vide qu’il ne comprend, qu’il vient de là bas. De là haut. D’elle.

La Lune. Sa Mère.
Ses yeux s’ouvraient lentement, la brise qu’il ressentait perché en haut du Ziggurat de la Lune venait de le faire frissonner. Là, en haut de la muraille il ressemblait à une gargouille veillant à éloigner les démons de ce lieu sacré. Sa demeure. Ce qu’elle avait pu changer depuis tous ces siècles… Il ne la reconnaissait plus vraiment, ayant encore du mal à se sentir de nouveau chez lui comme avant. Les lieux lui semblaient différents mais ses souvenirs étaient flous, brumeux. Y penser devenait rapidement douloureux pour son esprit.

D’instinct il ramenait son poignet vers sa pommette, utilisant le tissu de sa longue mangue pour frotter avec douceur sa joue. Déjà une larme avait coulé, comme à chacun de ses réveils, mais la route de cette dernière avait été stoppée. Il tournait alors la tête lentement, portant son regard sur le haut promontoire non loin. De la brume à nouveau. Il n’attendait qu’une chose en cet instant, entendre le chant de la Prêtresse comme bien souvent, apaisement dans son cœur déjà calme. Il n’en avait plus réellement besoin à dire vrai… Avant qu’il ne revienne, en tout cas. Car si la paix avait été sienne durant quelques longues et agréables années il savait au fond de lui que ce n’était plus le cas, qu’avoir retrouvé une partie de son âme ne suffisait plus. Aujourd’hui, il n’était plus à sa place.

Comme cette pierre taillée, tout en bas de le sable. Plus à sa place.

D’abord assis, adossé contre un morceau du lieu saint, il se relève avec grâce pour contempler l’étendue désertique qui s’offre à lui sous la lueur ivoire de sa Mère. Il ferme les yeux, étend ses bras de chaque côté avant de prendre une grande inspiration et de se laisser tomber en avant lorsqu’il vient à expulser l’air accumulé. De a chute il ressent un certain confort, comme une bribe du passé revenant en lui avec autant de vitesse que son corps se rapprochant du sol. Et dans la fin de souffle il murmure, lançant son poignard au dessus de lui en tournant le dos au sable. Des éclats rougeâtres dansent et s’éparpillent avant de recouvrir son corps qui vient prendre cette touche carmine. Il tourne sur lui même jusqu’à avoir ses pieds vers le bas, ces derniers sont caressés par de petits cristaux qui virevoltent et l’aident à ralentir sa chute jusqu’à ce qu’il se mette à flotter à quelques centimètres du sable. Lentement il commence son ascension. Lorsqu’il retrouve le sommet de la structure il y aperçoit une silhouette qu’il ne connaît que trop bien. Un petit pas pour rejoindre la pierre, un second pour atteindre le sol et déjà il s’incline avec respect, posant genoux à terre et tête basse.

Toujours aussi magnifique, d’une douce chaleur qui suffit à effacer les peines. Et elle n’a pas encore commencé à élever sa voix cristalline. Lui n’attend que cela, cérémonie ou pas il ne vit presque plus que pour cela, la seule chose capable d’apaiser son esprit et lui faire oublier cette brume persistante.


Ces mots résonnent encore en son esprit, depuis son réveil il y a de cela quelques années maintenant, au sommet du promontoire. Etaient-ce les siens, à elle, ou bien ceux de sa Mère qui l’observait alors, haut, si haut dans ce ciel nocturne qui jamais ne cesse ?