Breathe with me

Les choses s’étaient succédées un peu trop vite au goût du Kyōakusei. Pas qu’il regrettait d’en avoir pour le moment terminé avec l’Académie – enfin pas tout à fait, oui, il restait deux ans à tirer mais si c’était juste pour des examens, bon… Ce qui le gênait réellement, ce n’était pas forcément que tout avait été rapide, mais surtout pas dans son sens. Tout de suite, lorsque la finalité c’était quelque chose qui ne nous plaisait pas, oui, on avait tôt fait de se dire « c’est vite parti en couilles cette merde quand même ». Un jour, il était à l’Académie avec son amie de toujours et son rival, déjà mentalement prêts à être envoyés à la Onzième Division tous ensemble, et lui avec un meilleur siège que Shinjiro pour pouvoir lui rabattre son caquet. Et paf, le lendemain, il se retrouvait troisième siège de la Cinquième Division pendant qu’il n’y avait que l’autre Argenté qui se retrouvait à la Onzième. Meilleur siège, oui, mais à quoi bon si cela ne signifiait que se coltiner plus de boulot et de responsabilités, vu que bon, il était le plus haut gradé disponible, grosso merdo.

Et bon, il fallait bien l’avouer, les responsabilités, c’était jamais ce qui l’avait le plus étouffé. Il avait tendance à ne pas se tracasser du lendemain. S’entraîner jusqu’à l’épuisement, sans trop se demander comment il aurait encore la force d’aller rouler sur sa paillasse ensuite. Et encore moins comment il allait avoir la force de faire la même chose le lendemain, du coup, bah ué ! Les choses devraient donc changer. Il savait bien pourquoi on l’avait mis là : non seulement il était parvenu à soumettre son Zanpakutō pour en libérer le Bankai, mais comme un con il n’avait pas pu s’empêcher d’aller l’exhiber directement. Or, tout le monde le sait, le Bankai c’est un ticket doré pour finir Capitaine. On voulait le tester, voir s’il était capable de tenir le coup, s’il avait l’étoffe. Et s’il était le premier à exhiber un haori devant Shinjiro, hein ? Ça lui foutrait pas bien la rage ça ?Ahah, ça il aurait trop les boules, les glandes, et même les crottes de nez qui pendent, y a pas de doute !

Alors plutôt que broyer du noir, l’énergique Shinigami avait plutôt cherché la meilleure manière de profiter de son ascension fulgurante. Aussi avait-il en première décision (enfin, la seconde, la première ça avait été de prendre la plus grande chambre au sein des quartiers de la Cinquième et de prendre ses aises dans le plus grand bureau) pris le pas d’organiser une petite visite des dojo. D’un en particulier. Et pour cela, avait négocié avec la Dixième pour avoir le soutien de son amie de toujours, ce qui lui avait été accordé compte-tenu des circonstances. Alors, Mizuki fut convoquée aux portes. Il s’était assuré qu’elle n’ait pour consigne que « mission conjointe avec la 5e division, rendez-vous pour telle heure à tel endroit », enfin avec les vraies dates et le vrai lieu hein, mais bon, là on s’en fout c’est pas important. Lorsqu’elle arriverait, elle le trouverait donc ! Serait-elle heureuse, alors qu’ils avaient enfin été séparés ? Est-ce qu’elle éprouvait du soulagement de ne plus l’avoir dans les pattes au quotidien ? Il ne savait plus vraiment ce qu’elle faisait, comment elle se portait… Bref, pour lui cela ferait une bonne occasion de ne pas perdre leur lien. Le verrait-elle du même œil ?

On ne peut pas dire qu’elle s’ennuyait avec toutes les missions qui lui tombaient dessus, après être passée aider les gars de la douzième, voilà qu’on l’envoyait aux portes de la cinquième. Bouger, rencontrer de nouvelles têtes, voilà qui lui plaisait beaucoup alors avec entrain elle arrive au point de rendez-vous, le bon jour à la bonne heure. Mais ce qui lui fait plus plaisir encore c’est de le voir lui là, pile à l’endroit où on lui a dit d’attendre, quelle coïncidence ! Souriant plus encore elle saute au cou de son ami et le presse entre ses bras.

- Kyōken !!! Trop contente de t’voir ! Tu m’as manqué t’imagine même pas !

Elle le relâche et sa main vient lui ébouriffer les cheveux comme elle aime si souvent le faire pour le taquiner. Ce n’est pas son genre de réfléchir avant d’agir, elle suit simplement ses pulsions, son instinct, l’envie du moment. Et en l’occurrence depuis toutes ces journées sans se voir, ça méritait bien un gros câlin une accolade. De justesse elle se retient de lui demander ce qu’il fout là, se souvenant qu’effectivement ils sont juste devant sa propre division. Elle trouve ça cool d’avoir eu l’occasion de le croiser et ne fait pas encore le lien avec le fait qu’il pourrait être celui avec qui elle est sensée bosser aujourd’hui. Pas très futée la Blanche parfois. Elle se recule d’un pas pour mieux l’observer. Elle jurerait qu’il a encore prit du muscle, à moins que ce ne soit ce nouvel uniforme qui fasse cet effet ?

- Mais t’es tout beau dis-moi ! Tu dois toutes les faire craquer j’suis sure !

Elle sourit taquine, pas si certaine que cela en fait vu la lourdeur de ses techniques d’approche, mais qui sait, il pourrait bien ferrer un gros poisson un de ces jours. Il suffirait que la demoiselle ait le sens de l’humour et pas une once de susceptibilité.

- T’es bien installé ? Tu t’es fait des amis ?

Elle aurait presque oublié la raison de sa présence, regardant autour d’eux elle fronce les sourcils.

- Hum… t’aurais pas vu la personne que je dois accompagner en mission par hasard ? On m’a pas dit qui c’est ni ce que je dois faire. Rha j’espère que j’me suis pas plantée d’heure au moins…

Non elle n’a toujours pas percuté...

D’emblée, elle semble ravie de le voir et lui saute au cou. Bien sûr il ne se fait pas prier pour la prendre dans ses bras et lui rendre son étreinte. Si bien qu’il la laisse le décoiffer sans broncher. À vrai dire il est plutôt concentré à ne faire aucune remarque déplacée, dont il serait pourtant coutumier si cela avait été une autre femme. Forcément, en bon gros lourd qui se respecte, une série de commentaires sur la poitrine de son amie pressée contre lui lui évoquaient. Pas très à propos pour des retrouvailles, surtout que de vieux souvenirs lui revenaient en tête alors, et sans doute valait-il mieux les chasser pour le moment.

- Moi aussi j’suis super heureux d’te voir, t’as pas idée. Enfin, hé, pas de méprise hein, c’est pas genre j’ai du mal à couper le cordon et tout, et puis je vais pas faire des bonds de joie partout et… hé, je suis Troisième Siège, quand même !

Termine-t-il en se frottant le nez de l’index, se la pétant carrément. Ils avaient grandi ensemble, et elle avait toujours connu Kenshirō comme un feu follet cherchant la gloire – dans le sens héroïque du terme – aussi ne s’en étonnerait-elle sans doute pas. En tout cas de son sourire il peut se voir qu’il est réellement heureux, et soulagé au moins sur la réaction de son amie.

- J’imagine bien que je t’ai manqué de fou, ouais ! Quoi de plus normal hein ? Y a qu’un Kyōken, c’est pas évident de retourner à la normalité sans un être aussi exceptionnel à tes côtés ! Mais ne t’en fais pas, tu pourras venir me voir aussi souvent que tu voudras. T’imagines même pas, j’ai une chambre rien qu’à moi ici et tout...

Voilà qui répondait à une question, et il fit l’impasse sur les amis. Il en avait déjà assez après tout, non ? Quoi qu’il en soit, il accepte le compliment sur sa tenue avec une certaine coquetterie. C’est qu’il avait cherché à avoir du style – Shihakushō à capuche et sans manches – et était flatté qu’elle le remarque.

- T’es canon aussi je dois dire ! Pfiou, rien qu’à te regarder, tu donnes chaud, ahah ! Enfin… hum… je devrais pas dire ce genre de choses, en principe… Après tout, je serai ton supérieur pour cette mission, va falloir éviter ce genre de glissades… Prête pour l’exposé des directives, Shinigami Shingen Mizuki ?

La couve du regard, haussant un sourcil, et le sourire en coin qu’il arborait voulait tout dire.

- En tant que plus haut gradé actif de ma division, qui est spécialisée dans les interventions au Rukongai, j’ai besoin de quelqu’un qui connaisse bien l’endroit pour une visite de routine. Le dojo du 47e district Est, vous connaissez, non ?

Et de sourire plus largement encore, comme d’un signe de la main il l’invite à le suivre afin de quitter le Seireitei pour se rendre sur place.

Qu’il soit aussi enthousiaste qu’elle à leurs retrouvailles lui fait chaud au cœur. Sourire sur les lèvres, elle se sent fière à l’entendre ainsi se vanter d’être troisième siège. Et même si pour sa part elle n’a rien, jamais elle ne ressentira de la jalousie ou de la rivalité envers lui. Car en effet, ils sont une équipe, même si séparés dorénavant, ils seront toujours une équipe à ses yeux et en cela, seuls comptent l’entraide et le soutien. Être content pour l’autre, le tirer vers le haut toujours plus, voilà comment elle était avec lui. Mizuki est rassurée aussi parce qu’au départ, elle a craint que ne pas être envoyé à la onzième comme il l’espérait ne le démoralise. Et oui il y en a qu’un comme lui ça c’est sûr. C’est un très gros changement de ne plus l’avoir près d’elle.

- Une chambre rien qu’à toi ? Et bah dit donc ! La chance !

À ses flatteries, elle lui assène une petite tape dans le dos du genre qui veut dire plus ou moins « c’est ça cause toujours ». Connaissant sa manière d'en faire toujours des caisses, ça lui passe un peu au-dessus. Évidement, elle ne doute pas qu’il la trouve jolie, mais cela s’arrête là. Fixée sur ses objectifs, elle n’a jamais été sensible aux parades amoureuses ou aux trucs de couples. Avec ses deux potes comme exemples, elle se dit que ça doit être un truc de mecs et qu'elle en tout cas n’a pas besoin de cela. Leur amitié lui est suffisante.

- Elle est pas mal celle-là, tu pourras la ressortir à tes petites amies !

Sourire en coin sur les lèvres, elle lui lance un clin d’œil. Puis elle percute sur un autre point. Alors ce sera lui son collègue de mission ? Trop bien ! Un peu plus de temps à passer en sa compagnie ça lui rappellera le bon vieux temps. Pas si vieux que cela mais qui semble si loin à présent.

- Prête chef ! Aaaah ça tombe bien, j’y suis déjà allée effectivement. Nous allons voir s’il y a des nouveaux prometteurs ? Je te suis chef !

Elle marchera à ses côtés lorsqu’ils prendront la direction du Rukongai. Pendant le trajet, elle en profite pour lui raconter les dernières nouvelles. Elle parle et quand elle s’y met, on ne l’arrête plus. C’est qu’elle en a des choses à dire aussi !

- Oh tu sais quoi ? J’ai une mission il y a peu avec les gars de la douzième. Ils sont sympas ça va. Le Capitaine m’a invitée dans son bureau. La classe hein ? Il a un jardin c’est trop beau et puis il m’a servit du thé, j’en avais jamais goûté. De l’eau chaude, j’étais dubitative tu vois, mais en fait c’est super bon. Un peu amer par contre, peut-être que ça passerait mieux avec du sucre. Tu en as déjà bu toi ? Et le Capitaine, il est particulier, on dirait un peu une fille j’ai eu un doute au début. Et il marche pieds nus… Ah qu’est-ce qu’il doit en amasser de la poussière hein, plus besoin de passer le balai comme ça !

Elle rit doucement alors qu’elle se souvient du tout début de sa vie à la Soul Society, où elle non plus n’avait pas de chaussures, non par choix mais parce qu’elle ne pouvait pas s’en payer.

- Bah oui, ma chambre j’te dis ! T’auras qu’à venir la voir. Tu seras la première petite amie qu’j’y invite même, t’as vu la chanceuse que t’es quand même, héhé !

Tourner ça à la dérision. Ses approches finissaient toujours comme ça : un franc râteau. Mais avec Mizuki c’était pire encore. Les autres, il tentait façon gros lourd, il se faisait jeter comme un gros lourd, bon… ça faisait sens, on restait dans le même esprit, bref, c’était normal et attendu. Avec elle ça piquait toujours un peu plus, car elle avait ce don de… de quoi exactement ? De ne pas le voir ? Se faire jeter c’était une chose. Elle ? elle balayait juste une feuille morte sans sourciller. Pas que ça le décourage, mais il se sentait toujours le besoin au final de tourner ça à la dérision. Ça faisait moins mal s’il en riait, non ?

Quoi qu’il en soit, ils se mettent en route, et ils auraient sans doute sur la route quelques anecdotes à se raconter – première fois qu’ils étaient séparés plus de quelques jours en une éternité, autant dire qu’ils se sentiraient obligés de combler les vides – ce qu’elle commençait à faire rapidement d’ailleurs.

- Ah ouais ? C’est quoi comme mission du coup ? T’as de la chance, t’es très demandée, déjà deux autres divisions qui veulent bosser avec toi, héhé ! Moi j’ai pas encore rencontré de Capitaine, je veux que c’est la classe ouais ! Il est vraiment sympa alors le Capitaine ? Le genre à rendre service et tout… ?

Question tout à fait désintéressée, bien entendu ! Et puis le fait qu’elle parle d’un homme qui ressemble à une femme, cela provoquait un fourmillement quelque part, comme si cette discussion anodine allait entraîner certaines prises de décisions, plus tard…

- Je pensais que c’était moi qui allait le plus faire le malin et tout, mais en fait, même sans siège c’est beaucoup plus trépident pour toi que pour moi. Moi j’ai juste… tellement picolé que j’ai failli sortir le Bankai dans un bar juste parce qu’un type qui voulait boire un verre était pas de ma division… je te raconte pas, ça m’a fait une réputation tout de suite en vrai. J’ai voulu leur raconter comment j’en étais arrivé là à mes gars aussi, mais bon, y en a des chiants, ils arrêtent pas de me couper tout le temps, ça m’a saoulé.

Et petit à petit, discussion faisant, ils se rapprocheraient de leur ancien district, et du dojo où ils avaient passé ces quelques dernières années.

Pas la première fois qu’il l’appelle sa petite amie. Une bonne partie de l’Académie a dû l’entendre dire cela d’ailleurs, Shinjiro le premier. Une blague bien sûr, qui est restée au fil des années. Parce que sinon elle aurait été au courant n’est ce pas ? Il aurait bien fallu qu’elle donne son consentement à un moment pour que ce soit vrai. Ce qui n’a jamais été le cas.

- Mais j’espère bien que je serais la première ! Ça doit être tellement cool… Mais arrête de me traiter de petite ! Je suis plus grande que la moyenne. On fera soirée pyjama comme quand on était gamins ! Ah quoique ça serait pas très bien vu par tes collègues non ?

Elle rit doucement puis lui tire la langue une fraction de seconde avant qu’ils ne se mettent en route. Le bon vieux temps… Certes elle adore sa nouvelle vie, mais il y a toujours un moment dans la journée où elle pense à lui, à tout ce temps qu’ils ont passé ensemble et ça lui manque. C’est un peu comme si elle ne se rendait compte que maintenant de ce qu’elle avait perdu. Heureusement, elle s’occupe énormément à s’entraîner pour ne pas y penser, ça évite d’angoisser pour rien. La preuve en est, il est toujours là et ils s’entendent toujours aussi bien comme si rien n’avait changé. Et pourtant, elle sent le changement dans cette peur naissante de le perdre.

Ses ambres se posent sur son bras qu’elle voudrait bien agripper. Puis elle se raisonne, il ne va pas s’envoler. Ils vont même voir le dojo où ils ont fait leurs débuts ensemble ! Et puis ça ne lui ressemble pas de s’inquiéter. Alors elle affiche un grand sourire et se focalise sur le bon côté des choses, profitant de l’instant présent. C’est tout ce qui compte.

- Un truc de routine. Ils font des choses ennuyantes avec leur matos et moi je surveille leurs arrières. Enfin j’mate pas hein ! Je veille juste à ce qu’ils ne soient pas dérangés ou attaqués. Oui c’est cool de bosser avec les autres. Mais c’est encore mieux quand c’est avec toi !

Elle sourit en coin, son enthousiasme débordant de tous ses pores.

- Oui très sympa le capitaine ! Il m’a fait un cours gratuit sur les Lys araignée, c’est une fleur rouge. Et puis très gentil, très doux. Rendre service j’sais pas mais je pense que oui ça doit être possible.

Elle hausse un sourcil en entendant ses déboires. C’est sûr qu’au Rukongai et à l’Académie ils n’ont pas vraiment eu la possibilité de boire. Et elle surtout à part de l’eau…

- Mouarf. Et c’est bon ? Faudrait que je goûte un de ces quatre !

Dojo en vue, la Blanche porte son intérêt sur le quartier qui lui rappelle des souvenirs. De bons souvenirs. C’est grâce à cela qu’ils en sont arrivés là… La devanture des habitations, certains objets particuliers lui faisaient penser à leurs aventures.

- Oh tu vois ce banc là-bas ? Tu te souviens quand je me suis tordu la cheville et que j’ai attendu là des heures que tu viennes me chercher après t’être inquiété parce que je ne rentrais pas ? J’étais tellement fatiguée après l’entraînement que j’avais tout juste réussi à faire du cloche pied jusque là.

Il ricane bêtement, un bref instant. Il fallait bien faire bonne figure. C’est qu’il allait pouvoir se reconvertir en paysagiste bientôt, avec sa collection de râteaux. Ça lui dérangerait pas d’y ajouter quelques pelles mais de toute évidence c’était pas à l’ordre du jour.

- Mes collègues ? Bah qu’est-ce que ça les regarde ce que je fais dans ma chambre ou mon bureau ? Je suis un grand garçon, je fais qu’est-ce que je veux d’abord ! Même si j’ai envie d’organiser une soirée pyjama sans pyjama !

Nouveau ricanement, encore plus léger. Fallait pas trop imaginer en tout cas, s’il laissait filer ses fantaisies, Kenshirō risquait de connaître un moment très gênant très rapidement… Bon, on respire bien par les narines, on souffle par le nez. On se concentre… une chaise en bois, oui, une chaise en bois qui bascule, voilà, c’est inoffensif ça. Pfiou. Pendant ce temps, elle lui parle de sa mission et du Capitaine de la Douzième, et il opine un peu distraitement du coup.

- J’suis content que tu t’occupes bien. J’avais peur que j’te manque beaucoup trop et que ta vie soit un enfer, t’as presque plus besoin de moi du coup, ahah. Enfin, j’ai bien dit presque hein ! J’suis pas remplaçable, toi-même tu le sais, un gars comme ça c’est quand même assez exceptionnel hein ! Comme cette fois-là ouais, et si tu te foulais encore la cheville je te reporterais sur mon dos avec plaisir t’sais ! Je suis comme ça moi, trop grand cœur, je donne, je donne...

Fallait pas trop se dénigrer parce qu’après si elle y croyait vraiment c’était foutu pour lui, définitivement ! Ah ça peut aller vite ses choses là, attention attention ! Et même s’il en faisait des caisses, il ne mentait pas vraiment. Outre ses aspects parfois un peu rustre, il demeurait quelqu’un de très généreux, cela ayant même provoqué leur rencontre. Elle était donc très bien placée pour le savoir.

Mais ils arrivent donc au Dojo, et les choses n’ont pas beaucoup changées. Y a de nouvelles têtes forcément, mais en à peine quelques années il ne fallait pas s’attendre à de changements drastiques, quelques anciens demeurant toujours. Ils se ruèrent d’ailleurs vers Mizuki pour l’accueillir avec beaucoup de bonheur de toute évidence, genre « ça fait trop plaisir de te revoir Mizuki, tu nous as manquée ». Et pendant ce temps...

- Salut la compagnie, c’est Kyōken qu’est de retour pour… hé. Hé les gars ! Oui, ça fait plaisir de la voir j’suis d’accord mais hé, et moi, j’suis là aussi, oh ! En plus, je suis Troisi… ahhh… Bon allez, c’est tout là maintenant !

Alors que la jeune femme était noyée de questions et de commentaires élogieux sur sa forme, Kenshirō ne se laisse par ignorer plus longtemps et écarte de ses bras le petit attroupement.

- C’est pas bientôt fini oui ?! Bon, je vois que vous êtes très enthousiastes, alors on fera la visite des lieux plus tard. Vous allez voir ce que vous allez voir… on va vous faire une démonstration ! Vas-y Mizuki… j’t’attends !

Il avait tiré son Zanpakutō au clair. Un katana droit, dépourvu de garde, et dont une cordelette rouge pendait du pommeau, retenant un petit disque d’acier sombre. Une bonne manière de ré-attirer l’attention sur lui, mais seulement s’il réussissait à tirer son épingle du jeu. Elle a beaucoup progressé elle aussi après tout, et il n’allait clairement pas lui claquer un Bankai dans les dents… il ne comptait pas lui faire trop de mal non plus d’ailleurs… bon bah, on verrait bien. Il n’avait pas trop réfléchi mais là c’était trop tard de toute façon, le défi était officiellement lancé !

Défi lancé, mais initiative perdue. Tu peux commencer la BAGARRE.

Ce qu’elle peut aimer l’entendre rire. A chaque fois elle se dit que ça signifie qu’il va bien. A la mention d’une soirée pyjama sans pyjama, elle hausse un sourcil mais ne relève pas. Peut-être cela reviendrait-il dans la discussion plus tard, peut être pas. Mais elle ne devrait pas être étonnée, c’est typiquement le genre de chose qu’il dit tout le temps. Sourire en coin sur les lèvres, elle l’attrape un instant par la taille.

- Bien sûr que j’aurai toujours besoin d’toi. Comme toi de moi hein ? Je sais t’es le meilleur !

Elle le relâche et lui adresse un clin d’oeil complice. Son attention se porte à présent sur le dojo, puis sur les personnes à l’intérieur. D’une apparence neutre, elle passe à ravie pour finir gênée par tant de popularité.

- Moi aussi ça m’fait trop plaisir de vous voir ! Vous avez progressé ? Moi oui bien sûr je suis Shinigami maintenant, regardez ma tenue !

Elle parade un peu, mais son regard ambré en revient toujours à se poser sur son meilleur ami. Lorsqu’il écarte les anciens, elle pouffe de rire. L’espace d’une minute, c’est comme s’ils n’étaient jamais partis. L’impression lui fait plaisir et elle pourrait même demander à son ami de rester là, ne par repartir au Seireitei, mais non ce ne serait pas une bonne idée. Trop de belles aventures les attendent là bas et puis ils n’ont pas fait tout ce chemin pour rien. D’ailleurs, oui bonne idée, montrons leur de quoi ils sont capables à présent ! Toujours partante pour une petite bagarre de quoi bien se dégourdir les jambes. Les autres s’écartent en voyant l’arme dégainée et Mizuki s’approche lentement d’abord, sans toucher à la sienne.

- Oh bichon tu veux faire la bagarre ? Fait moi d’abord un câlin !

Elle se précipite alors vers lui, espérant qu’au câlin promis il baisse sa garde pour lui envoyer un coup de poing dans le ventre suivit d’un bon coup de pied avant de sortir de son fourreau son katana. Sa main est fermement agrippée à la poignée noire et brune, et les bouts du ruban enroulé autour du début de la lame près du pommeau pendouillent.

- Ou pas… BRISE, Kokuouheika !

Prenant un peu de recul, elle fait place à son Zanpakutō qui prend la forme d’une grosse claymore à l’aspect émoussé sur les bords et tranchant sur l’extrémité de la lame. Elle comporte des symboles semblables à des runes lumineuses qui émettent une légère lueur turquoise. Rien de neuf pour le
Kyōakusei qui l’a déjà vue maintes fois.

Bien sûr que cela lui faisait plaisir de voir que leur complicité était intacte. Et ce même s’il avait parfois l’impression qu’elle était moins naïve qu’elle le laissait penser, que ce n’était que sa manière à elle de lui flanquer des râteaux. Car d’autres fois en effet, il se laissait à croire qu’elle le narguait franchement, qu’elle utilisait contre lui le « petit plus » qu’il voudrait qu’ils soient. Ses compliments parfois avaient un goût amer du coup. Ça lui faisait penser à des trucs du genre « je t’aime… bien ! » ou encore « je veux qu’on reste toujours ensemble… t’es un bon copain ! ». Pas toujours facile à gérer, mais bon, au moins allaient-ils rapidement avoir de quoi lui changer les idées.

Eh bah… même pas ! À peine ça commence qu’elle utilise une nouvelle fois sa faiblesse contre lui. Ah bah franchement on ne l’y reprendrait plus hein ! Les coups à la « nan mais je vois pas de quoi tu parles alloooons » ça passerait clairement plus du tout si c’était pour se prendre des manigances comme ça après. Bon, surtout il s’en veut que ça soit passé aussi facilement, mais dès le premier coup dans le ventre donné, sa vitesse et son instinct font le reste pour esquiver le coup suivant. Cela aurait pu être un petit échauffement au calme, mais voilà que d’ores et déjà le nom de son Shikai était prononcé.

Autant dire qu’entre sa petite fourberie et le fait qu’elle s’armait déjà de sa claymore, il n’avait plus trop l’intention de retenir ses coups. S’il ne voulait pas trop la blesser, en tout cas pas gravement, il savait qu’elle résisterait très bien à un petit tour à la Quatrième Division – elle en avait vu d’autres, Kyōken était bien placé pour le savoir. Alors, il ne perd pas de temps lui non plus.

- Alors c’est comme ça que tu veux la jouer hein ? Très bien, très bien. En garde ma mignonne ! Que les corbeaux se repaissent du festin sanglant, Raikōenjīro !

Son sabre droit se transforme, et prend la forme d’un haladie dans un éclat lumineux. Cette libération est accompagnée d’un relâchement de sa pression spirituelle, qui viendra peser sur ses mouvements. Pas le temps de niaiser ! D’un Shunpo elle se retrouve dans son angle mort, et dans son style habituel frappe en partant du bas, d’un beau coup de tranche à la verticale.

- Le câlin attendra. Tu râleras beaucoup moins quand t’auras besoin que j’te porte pour rentrer de toute façon, et pas juste à cause d’une cheville tordue cette fois ! Allez, terminé l’échauffement, on s’y met pour de bon, on a des choses à prouver là !

La taquinerie la rend plus sournoise qu’elle ne l’est vraiment. Si elle prenait ses avances au sérieux, si elle avait conscience du mal que sa répartie lui faisait, alors elle n’agirait pas ainsi. Mais après des années embourbée dans ce quiproquo, qu’est ce qui pourrait bien l’en tirer, elle qui ne porte jusqu’alors aucune importance aux relations amoureuses ? Elle a bien de la chance qu’il tienne autant à elle et qu’il ne l’envoie pas définitivement péter, lassé de se prendre des râteaux. Pour l’heure, place au duel !

Il a esquivé une partie de son attaque et elle n’en attendrait pas moins de lui. Il est plus fort, c’est un fait. Comme lui avec leur pote Shinjiro, Kenshirō est sa motivation, celui qu’elle essaie de rattraper du mieux qu’elle put dans l’espoir de lui arriver à la cheville. Elle l’admire, comme toujours depuis le premier jour. Shikai sorti, elle sourit trouvant qu’il a fort la classe comme ça. Classe et rapide. Pas le temps de l’esquiver, il va falloir qu’elle se concentre un peu si elle veut espérer pouvoir le battre à ce jeu… ça chatouille on ne va pas se mentir, mais effectivement elle en a vu d’autres et des pires. En tout cas, ce n’est pas elle qu’on entendra dire « Aïeuh ». Ou alors il faut que ça pique vraiment fort.

- Qui dit que c’est toi qui devras me porter ? Ce sera peut-être l’inverse pour une fois !

Cela dit, un petit tour dans ses bras ce sera un bon lot de consolation si elle perd. Elle se mord la lèvre inférieure pour ne pas exploser de rire alors qu’elle vient tout juste d’avoir envie de crier « Bankai » pour le fun. Mais non ça c’est son truc à lui. Son tour à elle viendra bien un jour, tôt ou tard. En attendant, s’il faut s’y mettre pour de bon…

- Très bien, pas d’quartier bichon.

L’énergie condensée dans les runes de son Zanpakutō s’extirpe d’une d’entre elles et vient s’insinuer doucement, petit à petit dans le corps de la jeune femme. Visuellement c’est comme si une volute de reiatsu turquoise reliait son bras au symbole. Puis elle abat sa claymore en une rapide suite de mouvements amples. Ils semblent plus rapides et plus puissants que lorsqu’elle manie son arme habituellement.

- Pas de quartier, bien reçu !

Commence alors une danse qui devrait d’ores et déjà désarçonner quelques uns de leurs spectateurs du jour. « Pas de quartier », bon, peut-être un peu, après tout il fallait bien faire attention à ne pas en blesser un, ou détruire par mégarde ce dojo qu’il était juste supposé inspecter. Malgré les apparences, Kyōken était un combattant plutôt raffiné. Un bon coup bien placé valait mieux qu’une frappe lourde trop prévisible. Il savait comment poser des dégâts tout aussi lourds sans faire déballage de force, comme cela pouvait être le cas de son rival Shinjiro. Mizuki par contre n’était pas armée d’une claymore pour rien.

Comme il la voit débouler avec son arme chargée, il commence à sautiller sur ses pieds comme pour se chauffer les jambes. S’ensuit une série de shunpo très courts et très rapides, tâchant de s’aligner sur les coups de la belle. Le chien fou n’arrive toutefois pas tout à fait à tout anticiper, la trouvant plus rapide qu’elle aurait dû l’être. Il aurait en effet été très idiot qu’il avait été le seul à progresser. Si elle n’avait pas encore atteint le Bankai, elle bossait très dur assurément, et cela se ressentait forcément.

Mizuki avait dit « pas de quartier » et à présent donnait le maximum. Avec tout le respect qu’il lui portait, il lui devait bien la pareille. D’un mouvement rapide et brusque, son haladie se sépare en deux dagues, qui instantanément dans le geste s’ouvrent en deux grands shurikens qu’il nomme ses corbeaux. D’un autre mouvement ample il les projette tous les deux, les lames brillants d’une aura rougeâtre. Ses corbeaux prennent des trajectoires courbes, traîtres, plus difficiles à prévoir, tandis qu’il se rue vers elle. Si ses corbeaux la frappent, ils passeront au travers de son corps sans laisser la moindre blessure ni douleur, mais dont elle finirait bien par percevoir les effets. Il récupérerait dès lors ses armes en les rappelant à lui, avant d’administrer d’autres coups dans la foulée, s’en servant ici en combat rapproché. Ces découpes-ci correspondraient plus à ce qu’on s’attendrait d’armes tranchantes, effilés comme des rasoirs qu’ils étaient.

Certains ont des Zanpakutō particuliers, avec un pouvoir exubérant ou des projectiles qui pourraient vite se retrouver fichés dans la mauvaise cible ou faire des dégâts matériels. Mizuki a la chance dans le cas présent d’avoir une arme typiquement adaptée au combat rapproché, assez efficace contre une cible unique. Peu de risques pour les spectateurs. Le sol par contre pourrait prendre quelques traces, heureusement que ce n’est que de la terre. Un jour peut être développera-t-elle la capacité supplémentaire de pouvoir gérer plusieurs adversaires à la fois mais pas pour l’heure.

Son ami répond à son Shikai par le sien, elle n’en attendait pas moins de lui. Qu’il la traite d’égale à égale lui fait davantage plaisir que s’il prenait des pincettes avec elle. Jamais elle ne s’est prise pour une de ces poupées assistées. Cela ne signifie pas qu’elle refuse l’aide, mais elle ne supporte pas la pitié et il sait que ce n’est pas en la ménageant qu’il l’aidera à progresser. Un sourire s’affiche sur ses lèvres.

- Je t’ai dit que je trouvais tes corbeaux trop classes ?

Au moins un milliard de fois ! Et son avis n’a pas changé. Leur finesse correspond bien à leur propriétaire. Tout comme la sienne d’ailleurs. Pas qu’elle soit une grosse brute, mais elle n’est pas du genre à y aller par quatre chemins. Un point commun qu’elle a avec l’Argenté, en plus de leur couleur de cheveux.

Classes mais trop imprévisible pour la jeune femme qui ne parvient pas à les éviter. Par contre, elle a bien vu le brun se ruer vers elle et ça, elle peut l’anticiper, bondissant vers l’arrière, juste assez pour se tenir hors de sa portée.

- Héhé je sais qu’tu m’adores mais tu as dit que le câlin devrait attendre !

Elle lui offre un clin d’oeil puis son regard souriant s’affermit. L’un des symboles de son Zanpakutō s’éteint, son énergie venant d’être aspirée par la demoiselle. Les liens de reishi sont toujours là et l’alimentent toujours, mais elle compte bien profiter de ce petit coup de fouet supplémentaire pour être plus puissante encore. Elle enchaîne les coups, balayant devant elle de haut en bas, de bas en haut, pour finir par sauter et effectuer une roue dans les airs en même temps que sa claymore. Clin d’oeil en mode hé t’a vu moi aussi j’ai la classe hein ? Ce n’est pas parce que l’on est bourrin que l’on ne peut pas avoir du style !

Ah ça, elle ne faisait pas dans la dentelle. S’il avait pu esquiver une lourde frappe in extremis, cela n’était clairement pas suffisant pour se prémunir des multiples frappes données par Mizuki, bien plus rapide et forte que dans ses souvenirs. Ou bien était-ce lui qui n’était pas aussi bon qu’il l’espérait ? Avait-il un peu perdu de ses acquis en atteignant le Bankai ? Non, fallait pas raconter de conneries non plus. S’il ne pouvait voir tous les bénéfices de ses efforts qu’en usant de sa libération interdite – ce qu’il ne ferait donc clairement pas aujourd’hui – Kenshirō devait au moins lui reconnaître ses mérites à elle. Il n’y avait rien de plus insultant que de considérer une performance sous le spectre d’une méforme adverse, au lieu de simplement admettre les faits. Les compliments qu’elle lui avait fait servaient peut-être un peu à noyer le poisson, mais l’officier devrait clairement rester attentif. Ceci n’était pas juste un combat de représentation, pas un simple entraînement. Le réveil de demain allait être douloureux très clairement !

Ainsi, des blessures commençaient à apparaître sur son corps au long des échanges, là où Mizuki pour sa part paraissait presque intacte. Les attentions dont elle avait pu profiter dès leur arrivée récidivèrent alors, comme elle était la seule encouragée par les spectateurs. De leurs commentaires, il apparaissait clairement qu’elle prenait le dessus, selon eux. Il crache, sourit. C’est pas fini, et on vendait pas la peau du clébard avant de l’avoir crevé !

- Si tu les aimes tant que ça, je vais te le montrer de plus près, tu peux qu’aimer !

Ses lames rougeoient et il les projette vers elle derechef. Une nouvelle fois, enchantées de son pouvoir, elles blesseront sans entamer les chairs. D’un shunpo il se rapproche alors au contact et croise ses lames, force les aciers, jusqu’à ce que la résistance lâche en administrant un puissant coup en croix. Ce faisant, il laisse éclater son Reiatsu, profitant qu’ils soient si proches l’un de l’autre pour espérer la désarçonner. De nouvelles frappes alors commencent à pleuvoir. Nombreuses, rapides. Elle avait déjà évité un pareil enchaînement quelques instants plus tôt. Était-elle toujours assez en forme que pour s’en défaire aussi facilement à présent ?

Les encouragements sont en sa faveur et elle en a un sourire amusé. S’ils savaient… S’ils voyaient le brun sortir son Bankai, ils déchanteraient aussitôt. Mais il ne le fera pas. Pas contre elle peut être, sachant qu’elle est loin de ce niveau là. Et puis pas ici, ce serait un risque à faire de gros dommages collatéraux autant sur les spectateurs que sur l’infrastructure. Alors ils se battent à armes égales et elle aime ça parce qu’au moins ça lui laisse une chance infime d’arriver à le surpasser.

D’un nouveau bon en arrière, elle esquive les shurikens spéciaux, mais se retrouve acculée, peinant à bouger sous la force de son Reiatsu. Forcée à subir l’assaut frénétique de ses lames, elle se retrouve peu à peu couverte d’entailles tout comme lui. Loin d’elle l’idée de rester sans rien faire alors qu’elle encaisse sans râler. Une seule solution, une seule possibilité pour qu’elle s’en sorte. Son arme est plantée dans le sol et elle tend ses mains contre la poitrine de son ami. Profitant de l’effet de surprise, l’incompréhension ou une ouverture, elle incante, à bout portant.

- Six branches partant du coeur, un seul battement en son sein, ô araignée éclatante, tisse ta toile et piège.

Une lumière vive halée de bleu se forme au bout de ses paumes accolées. Six fils s’en échappent venant former une toile que Mizuki projette sur Kenshirō dans le but de le faire reculer et de l’immobiliser. Aura-t-il esquivé en l’entendant incanter ? Quoi qu’il en soit elle récupère Kokuouheika et fonce sur lui à son tour, reprenant les mêmes attaques que précédemment, alimentée en puissance par les runes de sa claymore, elles même cherchant à se recharger en puisant dans l’énergie du brin. Kokuouheika mêlé à l’adrénaline, elle se sent comme électrisée ce qui lui permet de tenir malgré la fatigue, les plaies qui piquent et ses bras bientôt prêts de se briser à force d’encaisser les ondes de choc. Arrivera-t-elle à juste, tel le roseau, à se plier sans se casser ?

- ça va tu tiens le coup ?

Et lui ? Ce n’est pas leur premier affrontement, et même si elle a pleine confiance en la quatrième pour le retaper après, mais quand même, à chaque nouvelle blessure elle sent comme un pincement. La peine de la douleur qu’elle lui inflige trouve l’équilibre dans les frissons et le plaisir qu’elle prend à croiser le fer. Elle garde conscience des gens présent tout autour, mais dans son champ de vision il ne sont que des ombres. Peut-on remarquer une ombre parmi d’autres ?

C’est à ce moment précis… que n’importe qui d’autre aurait dû comprendre qu’il était temps de mettre fin à cet affrontement. Lever le pied. Se focaliser sur sa parade, quitte à s’y épuiser, puis tirer le rideau. Le spectacle avait déjà été grandiose, non ? Si bien que des passants qui n’avaient rien à voir avec le dojo venaient voir ce qui provoquait tout ce tapage. Ce n’était pas tous les jours que l’on voyait un Shinigami par ici. Alors une démonstration de pouvoir de deux d’entre eux ? Cela devait tenir du miracle pour la plupart d’entre eux. Mais, le plus grand défaut de Kyōken à son propre bien était qu’il ne sentait pas le danger. Qu’il était capable de se mettre sévèrement en danger, si cela réveillait un tant soit peu son instinct héroïque. Et là, on était franchement à la parade, où on le voyait comme l’outsider et où il devait prouver son statut de favori.

Car il y croyait quelque part, oui. Il pensait que ce combat lui revenait de droit. Il était troisième siège ! Avait toujours été le plus doué ! Alors pourquoi elle lui mettait sa raclée maintenant ? Forcément cela l’incitait à en donner encore, et toujours plus. Ce n’était pas le dernier des crétins, même s’il adorait le faire paraître parfois – surtout depuis qu’il traînait avec Shinjiro en vrai. Cependant la témérité parfois peut mener à des comportements un brin suicidaires, ce qui n’avait rien de bon pour lui en ce moment. Ses déplacements rapides et erratiques lui permirent de s’en sortir sans doute, mais dès lors qu’il se fit prendre dans le Kidō de la belle – la magie c’est de la triche, Shinjiro serait d’accord avec lui – il n’avait plus aucune chance. La question qu’elle lui posa fut légitime alors. Il était très mal en point. Dans un état critique, de ceux que l’on ne s’attendrait pas à trouver dans un combat d’entraînement. Une simple démonstration à la base, hein ?

- Tout baigne ma mignonne ! Tu frappes comme une fille !

Il ricane. En l’occurrence, vu comment elle lui avait mis cher, cela devait être plutôt un compliment. Son état ne faisait aucun doute, et pourtant il s’estimait encore en devoir de faire dans la bravade. Le combat se poursuit, il se doit de faire meilleure figure. Sur le moment il ne pense pas qu’il pourrait la blesser gravement à son tour. Ce qu’il ne voulait absolument pas ! Mais là, galvanisé par l’adrénaline du combat, il aurait bien du mal à lever le pied. Alors il concentre ses forces dans la bataille, et son énergie dans ses lames. Pas de grande stratégie. Kenshirō avait un enchaînement classique qu’il savait efficace, et dans un moment comme celui-ci, il n’avait aucune bonne raison d’en dévier, se dit-il. Bon, un peu de réflexion n’aurait sans doute pas fait de mal, mais sans doute n’est-il plus en état. Alors, une fois de plus, il lance ses corbeaux imbibé de son pouvoir, les faisant passer dans le plan spirituel. Il se rapproche soudainement pour les récupérer et la frapper d’un grand coup unique où il concentre sa force, avant d’enchaîner sur de multiples frappes plus légères mais néanmoins toujours aussi tranchantes.

- Si j’y vais trop fort pour toi, t’hésites pas à le dire hein, je suis pas supposé te ramener en petits cubes au Seireitei !

Petit sourire en coin. S’il tourne cela à la dérision, il y a un peu de véracité au fond dans son inquiétude. Une sorte de filet de sécurité en somme, ils pouvaient encore arrêter ce massacre, si c’était pour son bien à elle !

Frapper comme une fille, ça la fait bien rire. Elle voit bien que son état est critique, mais il ne laisse pas tomber, attaque à son tour d’ailleurs et elle ne peut que suivre le rythme. Pas question que ce soit elle qui abandonne ! Elle contre l’attaque des shurikens volants en effectuant un flip arrière et les renvoyant d’un coup de pied. Pas un coup banal, mais un coup qui lui a valu d’utiliser l’énergie condensée de son arme pour renforcer et protéger cette extrémité de son corps. Le lien se rompt. Les filaments d’énergie turquoise se dissipent jusqu’à disparaître en quelques secondes. Si les symboles ne sont pas tous éteints, il est évident qu’elle ne pourra plus compter sur cette puissance à l’avenir à moins d’être rechargé de nouveau. Elle se défend d’esquives et riposte de cette attaque puissante, dangereuse, qui risque à tout moment de la briser elle en plus de risquer de le briser lui.

- En petits cubes, non. En momie par contre…

Lorsqu’elle en a terminé de cette nouvelle salve d’attaque, la sueur perle à son front, elle tient à peine sur ses jambes et ses bras tailladés la brûlent, entre autres. Il est doué, elle sait qu’il pourra encaisser. Heureusement d’ailleurs. Elle n’aurait pas aimé trop le blesser, pas trop gravement en tout cas. C’est terminé, elle en a la sensation. Que peut-elle faire de plus après ça ? Le terminer avec un coup de poing ? Il n’aura qu’à repousser son bras. Ridicule.

Il y a une pointe de déception en elle qu’elle ne montre pas. Affiche un grand sourire comme toujours. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle le dépassera. Et encore, il n’a même pas sortit son Bankai. Ils ne jouent pas dans la même cour. Mais elle est heureuse quand même, parce qu’il a pu montrer sa valeur aux yeux de tous ici. Il va pouvoir parader et elle s’en amuse d’avance.

- J’en peux plus. T’as gagné n’est ce pas ? Félicitations.

Son Zanpakutp se scelle. Elle ne répliquera plus. Elle s’incline en un salut respectueux.

« Si je prends le moindre coup, c’est terminé ». Il le sait. Il a déjà beaucoup trop tiré sur la corde, s’est mis beaucoup trop en danger, et tout ça pour une simple représentation. Qui n’était même pas nécessaire. Personne ne lui avait demandé de faire une ronde des dojo. Personne ne lui avait demandé d’aller faire la mariole à sortir des Shikai en plus Rukongai sans qu’il n’y en ait la moindre nécessité. Il avait juste voulu passer un peu de temps avec son amie, et avait donc cherché le meilleur prétexte possible. Ensuite… tout avait dérivé très vite, pour rien d’autre qu’un peu de gloriole. Concentré il souhaite garder la face. Sa maîtrise du shunpo est elle qu’il parvient tant bien que mal à esquiver tous les coups que la blanche tente de lui donner.

Mais… c’est à peu près tout. Il s’écroule, tombant assis, alors que ses lames reprennent leur forme initial de katana droit.

- Tu disais ? J’en peux plus là, je crois que j’vais piquer un roupillon de trois jours. Tu m’as bien foutu ma raclée ! Même Shinjiro il cogne pas aussi dur !

Puis se tourne vers les spectateurs qui semblaient ne pas trop savoir à quoi s’en tenir, et commence à les héler.

- Bah quoi ? Vous êtes pas divertis ? Ceci, messieurs-dames, était une démonstration d’un combat entre Shinigami. Allez allez, ils sont où les applaudissements là, elle les mérite amplement !

Lui-même joint le geste à la parole, en tapant mollement des mains. Pas qu’il manquait de force, mais il avait sans doute une ou deux côtes pétées. Le public n’était pas dur à convaincre de son côté. Applaudissements fournis, mais quoi de plus normal alors qu’elle avait les faveurs depuis le début de toute manière. Et après ça… peut-être qu'il pourrait négocier un gros dodo...

De toute évidence, elle n’est pas la seule à avoir eu son compte. Si elle le savait bien en mal, elle ne se doutait pas que c’était à ce point. Moment de dire stop était donc bienvenu. Les spectateurs sont perturbés, un peu comme elle, ne sachant pas qui a gagné ou qui a perdu. La Blanche range son katana dans son fourreau et vient s’asseoir à côté de son ami. S’asseoir, se plier, tenir sur ses bras la font souffrir. Sans se départir de son sourire, elle grince un peu des dents. Aux applaudissements, elle roule des yeux, gênée et confuse. D’un geste de la main elle espère les calmer.

- C’est bon, c’est bon allez circulez c’est terminé !

Elle se focalise sur lui à présent, l’observe afin d’estimer l’ampleur des dégâts qu’elle lui a infligés. Petite moue sur les lèvres, elle prend un air désolé.

- Trois jours ? Hum… Je trouvais ça exagéré mais je dirais pas non à un tel repos moi aussi tout compte fait. Je serai même capable de m’endormir là je suis sure !

Sortant de son sac des bandages, elle entreprend de lui prodiguer les premiers soins. Elle ne peut pas rivaliser avec l’expertise de la Quatrième, mais elle peut au moins se donner l’illusion de prendre un peu soin de lui. Ses mains le manipulent avec délicatesse. Ce n’est pas la première fois qu’elle s’occupe d’un bobo. Des souvenirs d’anciens soins lui reviennent en mémoire et lui extirpent un sourire amusé.

- Qu’est ce qu’on était naïfs quand on était petits… D’une voix plus aiguë, imitant sa voix d’enfant elle ajoute d’un air théâtral : Tu veux un bisou magique ?

Elle pouffe de rire un instant, puis se tourne vivement lorsqu’une douleur lui compressant soudainement la poitrine s’empare de son sourire. Un séjour chez les soigneurs ne sera pas du luxe. Elle ne s’inquiète pas. Ils peuvent tout réparer, du moins c’est ce qu’elle croit, que leurs capacités n’ont pas de limite tant que l’on n’est pas mort. Kenshirō n’a pas l’air assez en forme pour faire le déplacement dans l’immédiat alors elle suppose qu’ils vont rester là quelques instants, au moins le temps de reprendre un peu son souffle, reposer les jambes jusqu’à ce qu’elles puissent supporter leur poids de nouveau. Même s’ils sont en plein milieu du dojo, ce n’est pas grave, cela ne la préoccupe pas.

- La mission est terminée, n’est ce pas Chef ? Dès que t’es prêt je t’accompagne à la Quatrième.

Elle vint alors s’installer près de lui, s’appliquant à bander ses plaies. Il la regardait de son côté, ne lui voyant que de maigres coupures. Il savait fort bien que les coups les plus critiques n’avaient pas laissé de traces visibles, bien que sa substance spirituelle en était toujours autant frappée. Kenshirō se mord la lèvre, regrettant un peu. Bon, ça lui passerait. C’était bien elle qui avait demandé à ce qu’ils ne se retiennent pas, et il en avait fait selon sa volonté. Si leur amitié n’impliquait pas de se meurtrir et causait cette gêne passagère, elle justifiait par contre qu’il la respecte pleinement en lui offrant un combat à sa hauteur.

Maintenant, elle était dans une autre division que la sienne. Ils marchaient chacun de leur côté. Il ne lui revenait plus à lui de la protéger. C’était peut-être un peu cela qui le dérangeait. Qu’elle ne dépende plus de lui, qu’elle soit devenue forte à son tour, assez pour rivaliser avec lui dans un combat sérieux. Si elle n’a plus besoin de lui, continuera-t-elle toujours à le voir comme un être indispensable à son existence ? C’était plus ou moins une forme de contrôle au fond, même involontaire. Tant qu’il était indispensable, elle resterait auprès de lui, c’était un constat aussi simple qu’implacable…

- Trois jours, c’est rien. De toute façon on est venu pour inspecter les lieux, et là vu les dégâts qu’on a fait… il nous revient de réparer, normal. On peut bien rester trois jours si ça nous chante, le chef de mission devrait donner son accord sans souci !

Il sourit en retour lorsqu’elle aborde la question du bisou magique. La voix enfantine le désarçonne, mais il ne rétorque pas. Étonnant ! En une telle situation, il aurait dû être si prévisible normalement. Répondre « ok pour le bisou » instantanément, chercher à le provoquer même, quitte à se prendre un râteau encore plus gros.

- Il n’y aura pas besoin de la Quatrième, ça va. On n’est pas à l’article de la mort, hein ? Enfin, c’est peut-être mieux si toi tu reçois de bons soins, mais moi, un peu de repos et ça ira. Tu m’as mis cher, mais je suis fait de l’étoffe des légendes, t’as pas oublié ? Ouais… juste trois jours et je serai retapé. Je demanderais bien un câlin, mais j’ai peur que tu me brises une côte ou deux de plus !

Rigole-t-il, se tenant justement le flanc sous l’effet de la douleur. Trois jours… trois jours qu’il pourrait gagner juste avec elle, loin de leurs responsabilités. Ici ils pourraient être un peu ensemble comme au bon vieux temps, pas vrai ? Comme si rien n’avait changé...

Repos :
1560 PV
1200 EP (full)
1400 ES (full)

Trois jours en sa compagnie qu’il lui offrait, bien sûr qu’elle sauterait sur l’occasion, en profiterait autant que possible, ici, comme au bon vieux temps. Même si elle ne se sent pas bien et qu’elle se dit qu’un petit tour auprès de soigneurs ne serait pas du luxe et bien tant pis. Elle n’aura qu’à serrer les dents et puis qui sait, après un bon repos ça ira certainement mieux. Pour rien au monde elle ne laissera quelques bobos la priver de ce temps offert en sa compagnie.

Si elle s’étonne qu’il ne réagisse pas davantage à la mention du fameux « bisou magique », elle en est toutefois un peu rassurée. Difficile de savoir comment elle aurait pu réagir à la provocation. Une bise sur le front pour régler la question semble le plus approprié, oui, elle aurait pu faire cela. Les autres idées ne lui semblent pas adaptées, inappropriées, justement parce qu’ils ne sont plus des enfants et qu’aujourd’hui elle en prend conscience.

- On va éviter de te casser davantage ! Mais je t’ai fait miroiter un câlin, donc dès que tu iras mieux, dans trois jours, tu en auras un c’est promis !

Elle lui sourit doucement, puis regarde en direction de ses côtes d’un air désolé. Combattre c’est sympa, mais ça a de douloureuses conséquences. Heureusement qu’il s’en remettra vite et elle aussi très certainement, même si ce qui n’est pas visible l’inquiète davantage que les menues plaies dont son corps est paré.

- On va commencer par un gros dodo ! Tu crois qu’on peut avoir des chambres côte à côte ? Maintenant qu’on est Shinigami on a droit à un traitement de faveur non ? Et en plus t'es troisième siège !

Lui aussi doit certainement ressentir cet épuisement important. Ou peut-être moins qu’elle. Alors qu’elle l’observe pour rechercher des traces de fatigue et estimer un peu mieux son état, machinalement elle porte sa main à sa poitrine et l’autre à son ventre. L’une se serre, oppressante, l’autre se noue, signe qu’elle doit s’allonger rapidement. Du moins c’est ainsi qu’elle l’interprétera. Elle entraînera Kenshirō avec elle lorsqu’ils seront en mesure de se lever et durant ces trois jours, elle laissera tout entraînement de côté pour pouvoir se reposer le plus possible tout en aidant à la réparation de leur « petit » affrontement.

Elle continue de prendre soin de lui, patiemment, et lui de la laisser faire bien sûr. Évite de trop remuer, c’est pas trop le moment. Bon, avec lui, ça demande déjà une certaine concentration, car même blessé ce ne serait pas trop étonnant qu’il commence à se disperser et vouloir trop en faire. Mais elle parvenait à le calmer à sa manière. C’était toujours elle qui lui disait de faire attention. De pas trop provoquer les gens. De bien se tenir. Et s’il n’en faisait toujours qu’à sa tête, il y avait quand même bien toujours un moment où il pensait à elle et finissait par atténuer un peu ses traits de caractère les plus problématiques. En tout cas ses oreilles fonctionnaient à la perfection...

- Noté ! Une promesse est une promesse, j’aurai mon gros câlin avant qu’on parte d’ici j’en fais le serment. Par contre pour les chambres… je sais pas trop. C’est un petit dojo tu sais, on a grandi ici en partie, les autres ils dorment dans des salles communes et tout… Si on arrive à avoir une chambre pour deux, ça sera déjà pas mal. Tu pourras t’assurer que mes bandages sont bien entretenus comme ça, non ? Et moi je pourrai regarder ce que je peux faire pour toi, je suis sûr que je peux te soulager !

Soulager de quoi par contre, le grand sourire qu’il arbore peut faire douter. Ce qui ne l’empêche pas de se relever, en essayant de ne pas s’appuyer sur elle. Il n’ignore pas qu’elle n’est pas dans un bien meilleur état que lui. Et il se donnera la peine de s’occuper d’elle du mieux qu’il le peut, en respectant les consignes qu’elle lui donnera, et ce même si les blessures infligées par son pouvoir n’étaient pas tout à fait comme les autres…

Repos : full.

Fin du RP