[An 1950] Insectes, fumée et proposition

Année 1950, tout du moins dans ces eaux là, difficile d’être plus précis pour lui qui n’était pas habitué au système de datation humain. Un passage se formait dans le ciel, proche de la ville de Tokyo, laissant alors apparaître une silhouette humaine, un homme tout de blanc vêtu, le visage encadré de longues mèches blondes. Un Arrancar, ces créatures d’un autre monde que l’on ne voyait pas si fréquemment que cela, et pour cause. Leur puissance dépassait de loin celle des simples Hollows, plus encore lorsque l’Arrancar en question était un Vasto Lorde de base.

A peine sorti que déjà son énergie disparaissait, du moins au mieux qu’il puisse faire. Il faut dire qu’il venait là pour une raison toute particulière et qu’il n’avait pas réellement envie d’attirer l’attention de ces maudits Shinigamis par ici. Non pas qu’il ne puisse s’en charger seul mais il préférait éviter d’attirer l’attention outre mesure. Pas avant d’avoir accompli sa mission en tout cas.

Le Hueco Mundo, son monde natal, était actuellement gouverné par d’autres et le blondinet observait tout cela de loin, préférant ne pas se mêler à leurs histoires. Il n’était pas de ceux qui obéissaient aux ordres aisément et préférait donc se retirer de cette pseudo cour en laquelle il ne croyait pas. Se cacher n'était pas réellement dans sa nature mais il était indispensable d'être prudent. Il en avait vu, des Hollows ou des pseudos Arrancars tenter de se rebeller. Ils l'avaient payés chèrement. Lui, il était plus précautionneux. Se reposant sur son pouvoir pour obtenir les informations nécessaires. Il le savait : sa puissance n'équivalait absolument pas celles de ces autres Arrancars et il préférait faire profil bas le temps de gagner en force. De gagner en renommée. Et de gagner des partisans à sa cause surtout.

Ce n'était donc pas l'ennui qui motivait sa venue en cette Terre. Pas véritablement. Celui qui portait le nom de Borick n’était pas de ceux à agir par ennui, jugeant même cela trop risqué. Quelques rumeurs lui étaient parvenues aux oreilles. Alecto, qui s’était rendu dans le coin pour une mission particulière, lui était revenu avec quelques histoires étranges sur la présence de Hollows particuliers. Il n’avait pas poussé la recherche – cela n’était pas son rôle de prendre des initiatives – mais avait au moins rapporté l’information. S'il n'avait pas vu de ses yeux les Hollows en question, il les avait perçu grâce à d'autres sens.

Une information qui méritait maintenant d’être confirmée. Direction les caves de l’Opéra, s’il en croyait le rapport de son cher Alecto. Il ne doutait d’ailleurs pas de ces informations tant le pisteur était doué dans son domaine. Seulement le blondinet allait devoir se montrer discret pour approcher ceux qui semblaient se cacher dans le coin.

- Voyons s’ils sont aussi intéressants qu’ils semblaient l’être.

Une pensée exprimée à haute voix tandis qu’il se rendait déjà vers le centre ville. En quête de ses proies.

La pluie tombait déjà depuis plusieurs jours. C'était pendant ces moments là que le Quatuor agissait le plus, les parfums étaient enivrés par l'humidité. C'était un pousse au crime des plus distrayant. Un grand opéra vivait au centre de ce quartier riche, reconstruit à l'occidentale, il était une de ces choses merveilleuses que les Américains avaient amené avec eux. Dans les bas fonds de l'Opéra, une série de galeries avait été construite dans le plus grand secret. Quelque chose s'était tapie dans l'ombre depuis des années. Les spectateurs, les musiciens, les danseurs... Tout ce qui formait cette petite société humaine n'avait pas conscience qu'elle était aussi le Creuset d'une créature et de ses "enfants".

En effet, au sein de Quatuor, il existait une créature longue de trois à quatre mètres, au teint violacé et laissant des fumerolles lourdes s'échapper sous son masque ivoirin. Elle ou il, on en était plus là depuis longtemps, la question du genre ne l'importait plus depuis des années. Agitant ses bras pour jouer avec des cordelettes métalliques qui l'accompagnaient, elle suivait le rythme de l'orchestre au-dessus de sa tête. Chaque tintement était une invitation aux âmes faibles, c'était le repas de ses petits compagnons. Pour elle, ce n'était plus son dessein depuis quelques années, les âmes, c'était des humeurs, des parfums aux centaines de subtilités inconnues pour les Hommes de ce monde.

Des bruits se firent entendre dans l'une des galeries, les premières souris entraient dans le domaine. Ses "enfants" allaient pouvoir se nourrir convenablement ce soir. Depuis la fin de la guerre, chercher les disparus n'était plus la priorité. D'un geste, elle les invita à aller chasser. D'un coup, une odeur attira son attention. Dansant sur elle même, elle bougea lentement afin de comprendre son origine. Une âme venait de se joindre aux musiques de ce monde. Par appréhension, elle tissa des milliers de fils afin de se protéger. En attendant, Bach était en train de dévorer l'âme de cet imbécile d'humain, ses frères étaient dans d'autres parties de la galerie. Plus réceptif aux odeurs, il sentit lui aussi une présence.

Son devoir était de chercher sa source rapidement, personne ne devait se rapprocher du Creuset. Des petites ailes diaphanes et fripées se libérèrent d'une écorce lourde qui lui faisait office de dos. Il s'envola alors pour aller vers les égouts plus plus proches. Les humains passaient rarement par là, les Hommes en noir non plus. Ceux qui portaient leurs lames maudites. Il se faufila et passa par une plaque d'égout. Il dansa dans les airs en observant tous les mouvements. Rien. La folie était peut-être la cause de sa perception ou la dernière âme dévorée n'avait pas été fraiche. Il se posa sur un toit et s'agenouilla en voyant un Homme en noir en train de détruire un des siens, un Hollow.

- Pffff Z'imbécile, z'avez qu'à obéir à elle ! Z'ai pas l'impression que l'odeur venait de l'homme en noir. Hmmm qui z'est ? Ze zens les problèmes, ze vais aller la prévenir.

Le Hollow Scarabée du nom de Bach s'éloigna lentement de son centre d'observation. Voler ici c'était s'attirer l'Homme en noir, qu'on appelait parfois Shinigami mais bon, Homme en noir était moins risqué. A quatre pattes, Bach se dirigeait vers l'autre côté du toit de l'immeuble.

Il remontait le fil d'énergie aussi sûrement que le ferait une araignée sur sa toile. Il est vrai qu'il trichait un peu : quand on savait où chercher, on pouvait plus difficilement berner le chasseur. Il devait toutefois admettre que les créatures étaient prudentes. A l'orée de sa conscience, il perçut un mouvement. Ténu, presque imperceptible. Mais pas assez. Seulement il fut obligé de faire une courte halte. Car au loin, il percevait l'aura d'une autre entité. Shinigami. En chasse, évidemment. Fort heureusement, il était pour l'heure occupé avec une proie de moindre importance et Borick devait en profiter. Il fouillait rapidement le sol du regard, profitant de sa position en hauteur.

- Qu'est-ce donc que cette créature ?

Un Hollow, sans le moindre doute, était posté là sur un toit à quelques lieues à peine de lui. Un scarabée ? En tout cas ça s'en rapprochait grandement. Sans doute l'un de ceux qu'avaient perçu Alecto. Une telle créature, plus évoluée que les Hollows ordinaires en apparence, était la preuve qu'elle se nourrissait régulièrement. Et d'expérience, l'Immaculé savait qu'elles étaient d'ordinaire assez territoriales. Il devait s'en rapprocher pour en avoir le coeur net.

Et vite car déjà elle cherchait à se soustraire de toute introspection aérienne en se mouvant à une rapidité stupéfiante. Il ne devait pas la laisser filer sous peine de perdre du temps dans ses recherches. Et éviter dans le même temps la présence de l'autre énergumène dans les cieux. Un Sonido plus tard, il coupait la route de la créature. Rapide, très rapide même. Mais sans la moindre trace d'animosité dans son comportement. Pour preuve, il leva simplement une main, la droite, afin de montrer qu'il ne lui voulait pas de mal. Cette même main vint alors remettre en place certaines des longues mèches blondes qui lui étaient tombées devant le visage, dévoilant partiellement un morceau de masque d'Arrancar sur la tempe de ce dernier, bien caché par sa chevelure. Sur le côté, la présence d'une lame aussi blanche que les habits de l'homme qui observait le Hollow. Il était sans conteste un Arrancar, un hollow au pouvoir de Shinigami pour être vulgaire. Mais connaissait-elle cette particularité pas si courante ?

- Je te prie de pardonner mon arrivée un peu brusque. Mais un Shinigami rôde et j'aimerai éviter que ce dernier ne puisse me repérer. J'ai perçu plusieurs présences à proximité, alliées je l'espère. Peut-être que vous êtes ensemble ? Cela nous ferait un refuge en tout cas pour éviter cette immonde créature qui tue les vôtres sans sourciller.

Il paraissait agréable. Et contrairement au propos qui pouvait faire croire qu'il craignait l'Ange de la Mort, il ne laissait transparaître aucune émotion dans le ton de sa voix. Pas même un regard furtif en direction de l'homme mentionné.

- Je t'assure que je ne vous veux aucun mal. Si tel avait été le cas, sois assuré que j'aurai déjà séparé ta tête de ton corps sans perdre un temps qui m'est précieux. Mais si je puis me permettre d'insister, il faut qu'on quitte cette place, bien trop visible. Pour preuve, je t'ai repéré ainsi.

Borick observait la créature. De ce qu'il constatait, elle était doté d'une conscience propre, ce qui excluait l'usage de son pouvoir sur elle. Les résultats n'en seraient que peu probants et cela attirerait de toute façon le tueur au sabre au loin. Il priait donc pour que ses arguments puissent le convaincre. Sans quoi, il userait d'une de ses meilleures armes.

L'enjôlement.

Bach coupa net sa course. Son masque se levait pour observer l'inconnu. Il ne dégageaient pas la même odeur que le Shinigami, c'était en fait les deux. Shinigami et Hollow parfumaient l'air de cet homme. Son arme sur son flanc droit confirmait ses pensées. Menace ? Oui et non, dur à dire. Pensif, Bach ne savait pas quoi faire. Soudain, comme un éclair dans son esprit, l'étrange présence, c'était lui.

Son maître n'aurait jamais autorisé à amener un inconnu au Creuset. Il devait donc agir avec méfiance. Etait-ce un Shinigami qui s'était enduit d'un parfum d'Hollow ? Grrr... Le maître aurait su lui, tout de suite. Il savait écouter les notes des âmes. Un bruit dans les alentours lui rappela la présence de l'autre Shinigami. Au moins, celui-là était pas copain avec l'autre. La vue de l'arme l'invitait à pas prendre de mauvaises décisions, le maître avait appris la prudence et "de ne pas agir comme des idiots dans les rues".

D'un signe, il fit signe à son "invité" de le suivre prestement. Il partit vers le bas de l'immeuble avant d'atterrir sur un lit d'ordures. Vérifiant que le Shinigami étrange le suivait, il continua son chemin en direction du quartier du port de Tokyo. Ils parvinrent enfin devant un vieux entrepôt, désaffecté depuis des années. Il entra dans une ruelle à proximité afin de se glisser dans l'immeuble par une porte dérobée. Bach ne manquait pas d'intelligence, son maître lui avait appris l'art d'agir discrètement.

- Là. Ici pas Shinigami. Vous z'êtes qui ? Ze suis Bach. Ze vis ici, z'était quoi les présenzes dont vous parliez ? Bach est Curieux.

Suite à cela, le Scarabée prit une petite fiole et en libéra une Fragrance. Une odeur de mort et de jasmin, quelque chose de doux et vaporeux en même temps. Tout le parfum inondait l'entrepôt. C'était comme une envolée de Reiatsu. Le Scarabée pensait pas l'utiliser ce soir, mais, qui était cet Homme ? Il était rapide. Il savait dissimuler sa présence comme le maître. Créature surprenante !

- Shinigami ne peut plus nous sentir, le parfum cache notre présence autant que possible. Bach vous écoute, z'il peut vous aider, il le fera.

Bach avait surtout une idée en tête. Il voulait un morceau de chair de cette âme afin de l'amener au maître. Bach devait jouer serré.

Le suivre paraissait être une nécessité et le blondinet n'aurait pas agi autrement de toute façon. Il avait dit la vérité au sujet du Shinigami et souhaitait réellement se soustraire à son regard. Encore une fois, combattre ne posait pas de problème, seulement les intérêts de l'Immaculé primait sur l'envie d'écraser de sa main un tel adversaire et il se réservait donc pour le moment. Avec délicatesse, il atterrit sur le tas d'immondice, sans se tâcher pour autant, suivant silencieusement la créature.

Pourtant, derrière cette apparente nonchalance, il restait prudent, aux aguets. S'il était sûr de sa force, il ne pouvait pas pour autant oublier que ces Hollows avaient l'habitude de se cacher pour survivre. Et que beaucoup d'entre elles utilisaient la ruse pour se défaire d'ennemis plus puissants. En l'état, s'il n'en était pas un pour le scarabée, il n'était pas pour autant son allié. Ainsi préférait-il rester vigilant, juste au cas où.

Finalement, ils parvinrent à un entrepôt isolé. Une fois la porte refermée, Borick analysa la pièce. Rien de dangereux visiblement. Son inspection visuelle fut toutefois abandonnée lorsqu'il perçut le mouvement de la créature? Que libérait-elle ? L'odeur marquante enveloppa rapidement l'endroit, comme une sorte de phéromones. Une odeur forte, qui masquait les leurs. Voilà qui devenait de plus en plus intéressant en réalité. De la main, il désigna l'endroit, eut un petit rire.

- Ne pas avoir confiance en moi est logique, après tout tu ne me connais pas. Toutefois, gardes toi de me mentir. Fies-toi à ton instinct. Il est évident que tu ne vis pas ici. Ou alors très occasionnellement. Il n'y a ici quasiment aucune trace de passage. Au mieux, il s'agit d'une planque secondaire. Au pire, d'une issue de dernier recours. Je ne comprends donc pas cette volonté de me mentir, à moins que tu aies des choses à cacher ? Ou d'autres Hollows à protéger ?

Son visage s'adoucit toutefois. Il poussa un soupir et haussa légèrement son propre reiatsu. Afin que la créature puisse percevoir l'énergie de Hollow qui se cachait derrière cette apparence de Shinigami. Pour le rassurer quant à sa propre nature.

- Je vais donc jouer le jeu. Pour le moment. Je suis ce qu'on appelle un Arrancar. Pour ma part, un Vasto Lorde qui a arraché son masque de Hollow afin de devenir ce que tu vois. Quant aux présences dont je te parlais, j'avais l'impression qu'il s'agissait d'autres Hollows, tel que toi. Mais peut-être que je me trompais, après tout.

il l'observait du coin de l'oeil, tout en faisant quelques pas. Voyait comment il réagissait. S'il n'y avait nulle menace, il n'y avait pas non plus de confiance. Et cela se gagnait. Par la patience. D'un geste de la main, il enleva la poussière qui s'était déposée sur la manche de sa veste. Avant de reprendre :

- Ainsi, tu te prénommes Bach ? Et bien sache que je suis Borick "El Emperador", c'est un plaisir de faire ta connaissance. La substance que tu as utilisé... Je n'en ai jamais senti de pareille. Je suis impressionné par tes talents.

Il le pensait. Alecto lui avait parlé toutefois d'une localisation plus précise que ce simple entrepôt. Il avait repéré la source à proximité de l'Opéra de Tokyo. Ils n'y étaient pas encore. D'ailleurs il reprit doucement, un léger sourire flottant sur ses lèvres :

- Tu disais vouloir m'aider. J'apprécie. Je recherche l'Opéra qui se trouverait non loin d'ici. Pourrais-tu m'y emmener ? Je suis convaincu qu'en m'approchant de l'endroit, je parviendrais à percevoir les présences dont je te parlais. Ne t'en fais pas, je ne te forcerais pas à remonter la piste avec moi.

Pour ne pas le mettre en danger ? Ou pour voir comment il réagirait ?

Arrancar ? Vasto Lorde ? Ce type parlait de quoi, de qui là ? Bach était surpris d'apprendre qu'il existait d'autres types de Hollows. Ce type dégageait une certaine assurance, il savait bien des choses en plus. La simple mention de l'Opéra le surprit, comment il savait ? La musique et les parfums protégeaient le Creuset depuis des années, à l'écart de la guerre entre les Hommes en noir et les Hollows.

L'emmener à l'Opéra était dangereux. Le Maître ne savait pas qui était cet individu, lui non plus. Toutefois, rares étaient ceux capables d'observer au-delà du parfum du ciel, protégeant l'Opéra des perceptions spirituelles. Grattant le sol, le scarabée se demandait encore si c'était une bonne idée quand il sentit une autre présence dans l'entrepôt. Un de ses frères était présent. Toutefois, conscient que fâcher cet "Arrancar" n'était pas une bonne idée, il fit signe à ce dernier de prévenir le maître. Il savait que Borick sentirait sa présence et prit de nouveau la parole après un long moment de silence.

- Mon frère va aller prévenir qui de droit, afin de zavoir zi on vous emmène là bas... Ze zuis zurpris que vous ayez zenti des choses à l'Opéra. Vous êtes le premier ze dois dire. Tous les Arrancars sont puissants comme vous ?

Chaque information était bonne à prendre. Il ne tenait pas à se retrouver à "à la rue" comme avant. Bach observait l'épée de Borick et continuait à tenter de prendre quelques informations en plus, on savait jamais après tout.

- Vous avez mangé un Homme en noir pour avoir zon épée ? Ils zont dangereux et on a ordre de zamais nous en approcher. Notre maître prône la prudenze et la patienze. Ze zais qu'il existe un monde où les nôtres z'entre-dévorent, on veut pas de za. On est meilleur que les zautres...

Consciemment, Bach donnait des informations à dessein. La survie était la base de tout, il fallait au moins satisfaire, en partie, la curiosité de ce Borick avant d'aller plus loin. Il fallait qu'il oublie d'aller à l'Opéra ou qu'il en perde l'intérêt. Borick ne semblait pas débile, c'était un élément d'appréciation que le maître aimerait après tout. Gagner du temps était pour l'instant sa priorité absolue.

- Pour la "zubstance", z'est pas za. Z'est de l'art, notre maître zait zublimer le parfum des âmes. On veut juzte continuer à étudier zans pozer de zoucis à qui que ze zoit. Chaque parfum cache un pouvoir, seul notre maître zait le zublimer avec zon art. On veut pas de zoucis, même les Hommes en noir n'ont zamais su nous repérer. Nous zommes des Hollows sans problèmes, nous zommes des protecteurs des Hommes.

Bon, là, Bash abusait un peu mais il voulait à tout prix éviter d'aller à l'Opéra. Si la curiosité de Borick était satisfaite en partie, il partirait ptet ? C'était à quitte ou double. Le silence prit place de nouveau.

Borick tourna simplement le regard dans la direction de la seconde présence alors que celle-ci s'éloignait. Le scarabée avait certainement agi sans qu'il puisse percevoir comment, sans doute pour donner ses consignes. D'ailleurs il fut rapidement conforté par les paroles de la créature. Il commençait à comprendre. Ces hollows, ils n'étaient jamais allé au Hueco Mundo. Ce qu'ils connaissaient de la vie, ils l'avaient appris ici. A Tokyo. Entre eux, sans réellement comprendre les dangers qu'il y avait à rester ici. Certes, ils semblaient pour le moment bien si prendre. Et le Shinigami qu'il avait perçu n'était pas assez fort pour être une réelle menace pour eux. Mais d'autres pouvaient venir si trop de disparitions arrivaient.

Il prit quelques instants pour réfléchir. Au moins venait-il d'avoir la confirmation que les autres existaient. Et visiblement, il était face à un sous-fifre. Point part point, le temps que l'autre revienne, il allait répondre. S'expliquer. Et faire comprendre à ce Bach à quel point ce monde était plus vaste qu'il ne pouvait le croire.

- Nous ne sommes pas si nombreux encore. Mais il y a de tout. Beaucoup sont moins puissants que je ne le suis mais certains Arrancars dépassent de loin ce que je suis. Disons que je compense par d'autres atouts.

Il eut un sourire, sachant que la créature ne comprendrait pas ce qu'il voulait dire. S'il est vrai que certains Arrancars représentaient clairement une menace pour lui, il avait appris à temporiser, à faire valoir des arguments lui permettant de vivre tranquille, enfin aussi tranquillement qu'on pouvait l'espérer au coeur d'un tel royaume. D'ailleurs Bach semblait avoir entendu quelques rumeurs à ce sujet. Elles étaient fondées. Ce maître dont il parlait, peut-être qu'il n'était pas si ignare que cela.

- Ton maître a raison. La prudence est une chose importante. Et le monde dont tu parles porte le nom de Hueco Mundo, il est d'ailleurs ton monde d'origine normalement. Rester longtemps sur cette Terre, c'est se condamner. Les Shinigamis protègent les humains et chassent les créatures telles que nous. Toutefois, je dois admettre que vos capacités permettant de vous soustraire à leur recherche m'impressionnent.

Et si cela provenait de ce fameux maître, comme venait de le mentionner Bach, alors cet inconnu méritait réellement qu'on s'intéresse à lui de plus près. Cette petite expédition prenait le bon chemin et Borick en était ravi. Bach mentionna l'épée qu'il portait. Normal qu'il ne comprenne pas.

- Pas du tout. Cette épée fait partie de moi. Lorsqu'un Hollow arrache son masque et devient un Arrancar, il perd généralement sa forme primitive, sa forme d'origine, pour devenir plus humain. Plus comme les Shinigami. Se faisant, une arme apparait elle aussi pour compenser la perte de cette forme. Grâce à cette épée, je peux reprendre ma forme d'origine. Elle scelle mes véritables pouvoirs. Cette épée, c'est un peu comme le parfum que tu as utilisé. Elle masque ce que je suis vraiment. Je t'aurai bien fait une démonstration mais je crains que le pouvoir déployé n'attire l'homme en noir, en dépit de tes protections.

S'il n'oubliait pas sa volonté de se rendre à l'Opéra, Borick restait néanmoins patient. Il savait qu'il pouvait forcer les choses, s'imposer par la force. Mais quel intérêt d'agir ainsi ? Il n'était pas un animal. Et les gens comme lui se devait de maîtriser ses émotions, après tout n'était-il pas né pour être sur le toit du monde ? Se laisser emporter ne serait pas malin. Toutefois, alors que la créature reprenait la parole, il ne put contenir son amusement, riant doucement. Un rire presque cristallin, s'élevant dans les airs, rompant avec le cynisme des lieux.

- Protecteurs des hommes ? Voilà qui est amusant, je ne suis pas convaincu que ces derniers voient ça de la même manière. Il me parait toutefois évident de préciser une chose. Les Hommes en noir dont tu parles, les Shinigamis comme on les appelle, ont des degrés de puissance qui varient d'un individu à l'autre. Crois-moi, certains d'entre eux pourraient aisément percer ce voile que vous arrivez à placer grâce à ces parfums.

Là dessus, il disait la plus stricte vérité. L'Immaculé poussa un petit soupir, avant de reprendre :

- Je ne recherche pas forcément à visiter le lieu dans lequel vous vous cachez. Ce que je souhaite, c'est m'entretenir avec ton maître dont tu m'as parlé. Celui qui est à l'origine de ce don étrange sur les parfums. Si cela peut le rassurer, je suis tout à fait disposé à le rencontrer ici même. Ainsi n'aurais-je pas à voir votre planque, ni vos secrets. Mais il est toutefois évident que je ne partirai pas d'ici sans l'avoir rencontré. Trouves-tu ma demande juste ?

Bach écoutait avec soin toutes les informations qu'on lui offrait sur un plateau d'argent. Il ne savait pas quoi penser mais son interlocuteur ne semblait pas mentir, loin de là, il avait l'assurance de ceux qui ont toujours raison. Dans un sens, c'était pas à lui de décider et savait qu'on allait prévenir le maître de ce qu'il se passait ici.

Il se tût. Il ne répondit pas aux mots de Borick. Si cet Arrancar savait réfléchir, il saurait qu'il fallait patienter. Bach avait noté qu'il avait détecté la présence de son frère pendant un bref instant. La réponse allait vite venir. Il s'asseyait donc et prit une étrange pipe à tabac et tapissa sa base de feuilles avec des couleurs chamarrées. C'était un moment paisible que le Scarabée connaissait bien et appréciait, autant fumer une bonne âme avant de retourner dans l'oubli...

Ce fut alors le moment où un de ses frères entrait dans l'arène. Il portait une petite chaine de toile à la griffe droite. C'était le symbole indiquant que le maître était disposé à recevoir l'individu. Bach se tourna alors vers Borick alors que son frère restait enfermé dans son mutisme. Il était conscient que c'était un moment pour lui, son maitre et aussi ses frères. Pour la première fois de leurs existences, un étranger allai pénétrer dans le lieu le plus saint qui soit.

- Le maître va vous recevoir. Veuillez me suivre.


Les deux Scarabées avancèrent vers la porte arrière. Vérifiant que personne n'était à l'affut, ils se divisèrent. Le premier partit vers le toit alors que Bach faisait signe à Borick de le suivre. Ils s'approchèrent alors des vases qui se trouvaient proches des berges des docks. Avec les années, des monticules de poubelles et d'eau usée s'étaient empilés les uns sur les autres. On pouvait voir les grandes bouches d'égout en surplomb, déversant un liquide saumâtre en permanence.

D'un bond, le Scarabée arrivait devant l'entrée de l'une de ces gorges ouvertes dans le monde souterrain de Tokyo. On pouvait y sentir de légères traces de Reiatsu. C'était l'accumulation d'années d'étude. A cela se rajoutait une lourde fragrance de musc animal. Tout être vivant pouvait étouffer rien qu'en sentant ça, c'était la première protection du Creuset. Alors qu'ils avançaient dans ce méandre d'horreurs et de saletés, tout devient subitement plus clair et plus propre.

En effet, ici, les Scarabées nettoyaient en permanence les alentours. Il ne fallait pas que la première fragrance gâche la seconde. Un parfum suave de fleur et de civette enrobait l'esprit au point ou une forte migraine atteignait les sens. Il était clair que tout mortel n'aurait pas envie de travailler ici trop longtemps. Bach continuait son chemin en ayant à l'oeil l'Arrancar.

Au bout d'un moment, on commençait à entendre une douce musique. On était certainement entrer dans les bas fonds sous l'Opéra. Des petits trous existaient au-dessus d'eux, laissant la musique de la Fosse se répandre dans les airs. Subitement, ils entrèrent dans une grande salle.

Le Creuset. Vaste salle aux allures de grottes des temps anciens. On pouvait noter d'énormes champignons verdâtres dans un coin et de l'autre, il y avait des meubles disposés comme dans un laboratoire. Four alchimique, des éprouvettes avec des liquides étranges, d'immenses chambres de bronze étaient aussi en hauteur avec un étrange feu blanc pour les chauffer. C'était un mélange étrange entre les laboratoires anciens mais aussi des plus modernes.

Bch s'arrêta et fit signe à Borick de ne plus avancer. Soudain, une voix douce et légèrement musicales se fit entendre. Même l'impétueux Arrancar n'avait pas pu saisir sa présence, comme si les murs avaient dissimulé son existence.

- Voici donc le grand Emperador des Arrancars ! Borick ! Vous avez souhaité nous parler mon seigneur ? Nous n'avons pas de nom à vous donner, nous n'avons pas assez d'estime de nous pour nous en donner un, nous en avons eu un autrefois mais notre mémoire nous fait défaut. Bref, nous sommes donc à votre écoute ! Une créature comme vous, capable de percevoir nos activités, mérite notre attention.

Le maître entrait en scène, trônant sur un des champignons. Du haut de ses trois mètres de taille, son masque dévisageait son invité.

S'il ne comprenait pas réellement à quoi servait leurs manigances, l'Empereur restait attentif tout de même. Il n'était pas difficile pour lui de se débarrasser de ces Hollows, même s'ils éaient un peu plus évolués. Seulement il était intéressé par les capacités de ces derniers, surtout celles de ce fameux chef de l'ombre que ces autres créatures couvraient du mieux qu'elles le pouvaient. Une telle fidélité en dépit du danger de sa présence l'impressionnait d'ailleurs.

Mais sa patience allait enfin être récompensée. Clairement, quelque chose avait changé et Bach lui expliqua qu'ils allaient pouvoir se rendre sur place. Piège ou réelle décision, il ne le saurait qu'une fois arrivée mais pour le moment, l'Arrancar n'avait aucune raison de douter. Il savait comment réagissaient ses congénères dans pareils cas : main sur le Zanpakutō, à regarder autour de façon agressives. Mais lui était différent de ces animaux qui ne contrôlaient pas leurs instincts. Et il espérait sincèrement tomber sur quelqu'un du même genre.

C'est donc mains dans les poches qu'il suivi ses compagnons de route. A mesure qu'ils avançaient, les odeurs se faisaient plus fortes. Il comprenait désormais que leur système de défense principal se concentrait sur ces fragrances. A en croire ce qu'il entendait, ils devaient certainement être proche de ce fameux Opéra. En dessous ? Il ne pouvait le dire avec précision, n'étant clairement pas un habitué des lieux. Mais Borick estimait que cette "planque", ce domaine même, était vraiment bien pensé et il comprenait désormais le soin apporté à ne pas laisser n'importe qui pénétrer ici.

Une fois arrivée dans une pièce mieux aménagée que les autres, alors même qu'il observait ces fioles et ce laboratoire improvisé - comment l'appeler autrement à dire vrai ? - une voix se fit entendre. Une voix sortit de nul part, comme si elle émanait des murs eux même. Cherchant la source, son regard se posa enfin sur la créature, la maîtresse des lieux. Habitué aux formes les plus diverses au sein du Hueco Mundo, l'Immaculé ne pouvait pas être surpris réellement par celle de cette chenille étrange. Il se dégageait d'elle une certaine assurance, comme si en ce lieu, elle était la maîtresse absolue. Il eut un sourire, alors qu'il remettait de la main droite une des mèches qui lui étaient tombées devant le visage. Figé sur son champignon, le Hollow le dominait clairement de sa taille. Sans doute une manière de dire qu'ici, il était chez lui. Borick n'étant pas là pour s'imposer, il garda pour lui sa remarque.

- Je suis ravi d'avoir suscité cet intérêt. Te trouver n'a pas été chose aisé et je dois dire que tu disposes d'un personnel extrêmement attaché à ta protection et à celle de ce lieu. Je comprends mieux pourquoi, désormais.

Il était amusant d'entendre de la bouche du maître des lieux que s'il ne portait pas de nom, c'était aussi parce qu'il n'avait pas assez d'estime de lui pour en trouver un. Alors même que l'un des deux scarabées en portait un lui. Amusant parallèle que, une fois de plus, il préférait garder pour lui.

- J'ai croisé nombre de Hollow par le passé. Aucun n'avait un tel dispositif avec lui. Enfin, aucun de ceux qui ne sont pas devenus ce que je suis... Un Arrancar. Tu m'impressionnes. Avant d'aller plus en avant dans la discussion, je dois dire que j'aimerai comprendre. Comment es-tu parvenu à te trouver un tel endroit et à quoi servent toutes ces choses ? Tu n'es pas sans savoir que les Shinigamis - ceux que ton ami appelle les "hommes en noir" - patrouillent dans les grandes villes de ce monde. Ils disposent de capacités permettant de passer outre certaines protections, surtout lorsqu'il y a des disparitions inexpliquées d'humains. Des hollow tels que vous, regroupés au même endroit, n'est pas chose courante ici. Il l'est beaucoup plus au sein de notre monde néanmoins. Quelles sont ces activités dont tu parlais et que tu couvres avec tant d'intelligence ?

Sans doute qu'il était temps, cette fois, d'inverser le jeu des questions/réponses. A eux de se délivrer un peu. En fonction de ce qu'il apprendrait ici, il saurait alors si ces créatures pourraient s'intégrer à son projet d'envergure.

Des mouvements se firent entendre à la droite des deux interlocuteurs, il y avait maintenant trois scarabées en train de surveiller que tout se passait bien. Un d'entre eux, certainement rassuré par son maître, partit en direction de trois âmes qui étaient enfermées dans des cages étranges. Elles étaient faites de longs fils argentées qui teintaient de notes de musique. Le scarabée prit l'une des âmes entre ses griffes et commença à l'écraser sous ses coups, formant un tapis. L'âme n'avait pas eu le temps de crier. Puis, l'insecte termina son oeuvre en transformant cette âme écrabouillée en une petite boule d'énergie. Il la plaça alors dans un grand réservoir, puis, il recommença son oeuvre en prenant une nouvelle âme dans une cage.

Sur son champignon, le Hollow écoutait avec attention son invité. Les "Hommes en noir" étaient donc plus dangereux que ce qu'il pensait, il prenait note de cette information. Il ne savait pas quoi penser de ce Borick, il semblait si conscient de sa force... D'un autre côté, il semblait aussi si frêle, si fragile. La créature brisa alors son silence en répondant enfin aux propos de son invité.

Les nôtres sont stupides. Ils se nourrissent sans faire attention. Pff stupides choses... Nous vous remercions en tout cas de vos salutations. Il y a toujours un risque en effet lors de nos opérations, les hommes ont leur propre façon de sentir la disparition des leurs. On doit prendre garde, le Creuset doit être protéger. Ici même, nous "Le" recherchons. Il existe un parfum au-dessus de tous les autres, un parfum capable de transcender l'existence d'une âme. Nous en sommes sûr, nous l'avons senti autrefois mais nous sommes incapable de nous en souvenir.

Il prit alors le narguilé entre deux de ses mains et en aspira une grande bouffée de fumée. Il libéra le subtil nectar vaporeux sous son masque. Soudain, comme prenant conscience de quelque chose, il tendit la pipe en direction de son invité.

Voulez vous ressentir, par vos propres sens, le fruit de nos recherches ? Ce serait un honneur d'avoir un point de vue différent, et, comme vous ne nous semblez curieux de toute chose, nous pouvons échanger sur ce parfum tamisé.

Attendant la réponse de ce Borick, il le laissait décider. S'il acceptait cette offre de partage au sein de cette conversation amicale, un mélange parfumé allait lentement traverser les veines de son âme. Le "tabac" avait été utilisé pour cela et venait du corps d'une ancienne cantatrice sur le déclin. On y sentait sa force, son chant mais aussi son espoir de revenir sur scène et de retrouver sa gloire passée. C'était comme ressentir les derniers instants d'une âme.

Voici le vernis de nos recherches. Nous créons des parfums pour "Le" trouver, c'est le souvenir de notre âme. Nous ne savons pas d'où cela vient mais c'est ainsi. Il en va de même pour la musique, nous pouvons recopier les arts enchantés que nous entendons au-dessus de nos têtes. Pourquoi ? Nous n'avons pas de réponses, c'est ainsi. Nous savons que cela semble étrange mais c'est notre but, retrouver cette musique capable de transcender ce parfum, créant une ode parfaite à la grandeur de... Rhaaaa mais... Désolé, nous nous perdons. La discrétion est donc de mise, nous avons vu tant de Hollows mourir car leur bêtise... enfin nous nous répétons.

Qui était la source de ses pensées ? Ce parfum ? Il appartenait à quelqu'un, à une âme mais il ne se souvenait de rien. Cela était pour la créature une source d'angoisse insatiable. Cette perfection était sa raison de vivre, d'évoluer.

Me permettez vous de vous demander comment vous avez pu devenir "humain" ? Je ne savais pas que les gens de notre race avait cette faculté.

Oui, c'était certainement une raison de ses échecs. Sa propre évolution, arrêtée depuis des années, était peut-être la clé, qui savait ?

Borick ne comprenait pas toute la logique de l'illustre inconnu face à lui mais il percevait toutefois une chose évidente, élémentaire même : cette notion de parfum, cette recherche absolue dictait la vie de la créature. Ses choix, ses motivations, tout ceci pour trouver la solution à sa quête. Le parfum ultime, qui transcendait les âmes. La chenille n'avait pas tort lorsqu'il mentionnait la stupidité de ses congénères. Il s'agissait là d'un avis qu'il partageait, ce pourquoi d'ailleurs il s'était élevé au dessus de la masse.

Alors qu'on lui tendait l'étrange matériel, Borick n'hésita pas un seul instant à vapoter. On pouvait juger l'action risquée, après tout il n'y connaissait rien et se trouvait actuellement en terrain ennemi, à proprement parler. Mais l'Empereur avait suffisamment foi en ses propres capacités pour se sortir d'une mauvaise passe. Mieux, il estimait ainsi faire honneur à la confiance de la créature qui l'avait invité dans ce fameux domaine qu'elle protégeait jalousement. Peut-être même qu'il comprendrait alors la raison de ces recherches.

Quoi qu'il en soit, il devait admettre n'avoir jamais rien ressenti de tel tandis qu'il se laissait pénétrer par la fumée. Il était curieux de ressentir l'essence même de celui ou celle qui avait été utilisé comme matière première. Son âme. Cela rappelait un peu la sensation qu'il avait lorsqu'il absorbait lui-même une âme, quelle soit humaine ou autre. Il remercia d'un signe de tête son hôte alors qu'il lui rendait le matériel.

- Tu as raison, ils sont stupides. Quant à ce parfum... C'est vraiment très intéressant. Tu sors vraiment du lot si l'on te compare à tes congénères et je commence à croire de plus en plus que c'est un gâchis de te voir ainsi enfermé ici.

Voilà qu'il allait pouvoir avancer ses propres arguments désormais. Il écoutait, prenait note, et se préparait à répondre aux différentes interrogations de la créature. Un nom s'imposa d'emblée à lui, dans son esprit. Un nom qui convenait parfaitement à la créature. Au moins aux attentes de cette dernière. Elle n'était qu'une chenille. Une créature incomplète, qui cherchait un antique parfum senti par le passé en créant ces curieuses fragrances. Un véritable papillon en devenir à dire vrai.

- Farasha.

Il se tût. Laissant le nom s'élever dans les airs. Estimant que cela sonnait parfaitement dans cette langue, il reprit alors qu'il dardait son regard vers le Hollow, ce fameux "maître" :

- Que penses-tu du prénom "Farasha" ? Je trouve qu'il te convient parfaitement, porteur d'espoirs et très représentatif de ce que tu es et de ce que tu peux devenir. Farasha signifie "papillon", dans un des dialectes humains. Si tu n'as pas assez d'estime de toi pour te trouver un nom, alors laisse-moi l'honneur de le faire pour toi.

Oui, cela sonnait si bien en réalité. S'il le refusait, il comprendrait. Mais pour Borick, une créature aussi civilisée ne pouvait pas ne pas posséder de nom. Car le nom, c'était l'identité d'une personne, ce qu'elle représentait aux yeux des autres.

- Enfin, pardonne mes disgressions. Pour en revenir à ta question, certains des nôtres sont effectivement comme moi, "plus humain". On nous appelle "Arrancar" et pour être tout à fait franc, il s'agit plus d'une mutation qu'autre chose. Pour devenir ainsi, le Hollow doit arracher son masque. C'est un processus douloureux, pouvant conduire à la mort, mais permettant derrière d'obtenir une apparence humaine et un Zanpakutō, comme ces shinigamis. Nous pouvons alors revenir à notre forme habituelle en libérant notre pouvoir qui est scellé dans ce sabre.

De la pointe de l'index, il passa doucement sur le pommeau de son Zanpakutō avant de reporter son attention vers celui qu'il avait nommé Farasha. Une idée lui était venu à l'esprit. La créature cherchait la fragrance de ses souvenirs mais rien ne garantissait qu'il trouverait sur terre. Pas avec seulement des âmes humaines comme ingrédients.

- Si tu es à l'écoute, j'aurai une proposition à te faire. Une proposition concernant la poursuite de tes expériences dans un autre environnement, qui te permettrait de fait d'avoir accès à d'autres "ingrédients" que les simples âmes humaines. Tu serais évidemment sous ma protection. J'ai moi-même de grands rêves et quelqu'un comme toi me serait d'une aide précieuse. Surtout si tu développes tes talents dans ce domaine qui est si cher à ton coeur.

Il eut un rictus en parlant de coeur. S'il y a bien une chose qui manquait aux Hollow et aux Arrancars, c'était évidemment cette chose.

- Qui sait, peut-être trouveras-tu ce fameux parfum si tu me suis. En tout cas, je ferai tout pour que tu y parviennes, Farasha.

De nouveau, il l'appelait par le nom qu'il lui avait trouvé, trouvant que cela sonnait vraiment bien.

Le nom criait dans son esprit, une évidence. Il avait désormais un nom et observait la personne présente avec un nouvel intérêt. Il avait vécu des années en se cachant des autres, vivant de ses expériences et de la musique de l'opéra. Toutefois, il avait toujours eu ce manque. Il le sentait, une partie de lui même lui manquait.

- Nous vous remercions pour ce nom, il nous plait.

De nouvelles bases de travail ? Il savait que les Hollows étaient une source de pouvoir mais par crainte de devenir la proie, il avait veillé à ne pas s'en approcher. Farasha était parfaitement conscient de ses propres faiblesses. Cependant, maintenant, il avait un nom et aussi un protecteur. Enfin, c'était ce qu'il pouvait penser en observant la personne qui lui faisait face. Il avait confiance.

- Pourrais je profiter de ma liberté sur ces sujets ? Avec votre protection, je vous promets de développer mon savoir afin de nous aider mutuellement.

Farasha attendant des proies. Il savait que c'était une évolution normale et il avait certainement trop tardé au cours des années. Sa capacité de survie était son pouvoir le plus important, basé sur sa seule intelligence et rien d'autre ! Un coeur passionné teinté de politesses et d'hédonisme étaient ses meilleures armes. La question était de savoir quelles étaient les règles essentielles dans le monde du Vide. Il ne savait rien d'eux ou si peu.

- Pouvez vous nous dire les points importants à savoir sur le monde du Vide ? Et, si je dois vous suivre dans vos pérégrinations, vos propres rêves, quelle serait votre première demande ? Vos ambitions seraient alors les miennes. Connaître cet objectif permettrait d'œuvrer comme l'orchestre qui joue ce soit au dessus de nos têtes.

Le temps était venu pour l'Arrancar de dévoiler ses ambitions. Il était venu ici avec certains buts. Farasha avait conscience que cette puissante créature avait encore certaines fragilités. L'une d'entre elles était de ne pas disposer d'une armée solide à l'aune de ses ambitions. Il lui fallait aussi écouter les chuchotements de ses ennemis, un simple Hollow, faible et inoffensif par bien des aspects, était une clé. Peut-être. Farasha se montrait froid et ordonné dans ses affaires, il fallait savoir s'organiser pour manger. C'était sa propre faiblesse, il avait un besoin insatiable de se nourrir de la musique et des parfums de ses proies.

Voilà qui était satisfaisant. S'il appréciait le nom, c'était déjà une première étape. Une sorte de chance pour pouvoir amener le reste de la discussion de manière plus détendue sans doute. D'ailleurs la chenille ne semblait pas fermer à la proposition qu'il venait de mentionner, semblant presque se projeter. Les questions qu'il posait semblaient aller dans ce sens en tout cas. Des questions légitimes. Qui prouvaient que Farasha - autant s'habituer à l'appeler ainsi puisqu'il avait adopté ce nom - était réellement un Hollow intelligent.

- Rassures-toi, Farasha. Je n'en attends pas moins de toi. Tes compétences et tes recherches sont autant d'atouts sur lesquels j'aimerai m'appuyer dans le futur. Tu as non seulement ma bénédiction pour continuer mais je te garantie aussi ma protection.

Et il ne disait pas cela à la légère. S'il n'était pas encore dans les "petits papiers" des Puissants du Monde Creux, Borick était suffisamment patient pour savoir que ce n'était qu'une question de temps. Il consoliderait ses positions avant de se lancer dans l'aventure. Ses ambitions étaient sans limites mais il n'était pas fou. D'un geste, il remit en place ses mèches blondes, réfléchissant aux propos de la chenille.

Farasha avait besoin de se nourrir et le Hueco Mundo possédait de nombreuses proies. Mais certaines pouvaient vite se transformer en prédatrices. La présence du Vasto Lorde serait déjà une protection efficace. Et si l'on associait cela aux parfums et aux expériences de Farasha, alors qu'est-ce qui pourrait les arrêter ? Pour autant, devait-il si vite dévoiler ses projets ? La confiance amenait la confiance. Pourquoi pas après tout.

- Actuellement de puissantes forces sont en place dans le Monde Creux. J'ai établi mes propres quartiers au plus loin afin de ne pas être sous les feux des projecteurs. En me suivant, tu pourras toi aussi prendre tes quartiers sur mon territoire et te concentrer sur tes expériences. Ce que je souhaite est assez simple. Je souhaite rendre au Monde Creux ses lettres de noblesse. Je souhaite faire en sorte que les Shinigamis ne soient plus un danger pour les nôtres.

Pour le reste, il apprendrait plus tard ce que Borick avait aussi en tête. Il pouvait parler mais trop en dire, cela serait dangereux. Après tout, ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes en réalité. Reculant de trois pas, il fit un grand geste du bras.

- Laisse-moi te montrer. Laisse-moi te faire visiter. Je te montrerai ce que tu dois connaître. Je te montrerai ce que tu dois éviter. Je vous montrerai à toi et à tes associés le territoire qui sera le vôtre. Le temps pour nous de faire mieux. Et alors... Oui alors, si tout cela te convient, je pourrais t'en dire plus sur les ambitions qui sont les miennes.

Borick claqua des doigts. Derrière lui, un passage s'ouvrit. Un passage sombre. Noir. En l'empruntant, ils regagneraient le Hueco Mundo.

Une première rencontre. Mais qui allait déboucher sur une véritable collaboration.

[Terminé]