2 girls, 1 Cups (& a robot)

Je crois que je n’avais jamais aussi peu parlé à Svalin que depuis qu’il était capable de me répondre. C’était trop bizarre vraiment, et j’espérais bien que j’allais finir par m’y faire. Mais pour le moment, ça me mettait juste très mal à l’aise, même si… oui, ça me fait plaisir aussi. Il est gentil avec moi. Trop peut-être. Il me dit ce que toutes les petites filles voudraient entendre de leur papa. Qu’il est là pour m’écouter, et me protéger, et exhausser tous mes souhaits. C’est peut-être un peu trop soudain aussi. Dans tous les cas, j’ai un peu de mal à m’y faire. Au lieu de pratiquer pour essayer de m’habituer – et alimenter son intelligence artificielle pour qu’elle se développe dans le bon sens – je préfère limiter un peu les discussions anodines.

Alors je me suis trouvée un nouveau projet. Le laboratoire de maman est devenu le mien maintenant, et plus je me permets de m’installer et me sentir comme chez moi, plus je découvre des choses forcément. Ses dossiers deviennent les miens, je poursuis certaines de ses recherches. Mais je sens bien que je vais vite être limitée. Maman aimait soigner les gens, développer des produits bizarres, et moi la chimie c’est pas trop trop mon truc. Je préfère bidouiller avec des outils, comme elle disait. Mais maman, elle avait aussi toujours une fiole autour du cou, avec un produit vert dedans. J’ai vu des blessures se refermer à vue d’œil après qu’elle ait donné ça à des messieurs blessés.

J’avais trouvé un peu de ce produit, et ses formules que je devrais pouvoir suivre. Il me fallait juste les étudier, et puis faire quelques expériences pour voir si tout fonctionnait comme il fallait. Je ne savais pas encore trop quoi en faire, mais je dois pouvoir l’utiliser pas vrai ? Alors je travaille sur différentes idées. Des dispositifs qui me permettraient de prendre une dose en cas de coup dur. Je sais que je ne suis qu’une petite fille, et que ma plus grosse préoccupation c’est me faire inviter à un anniversaire d’une copine de l’école que j’ai commencé à fréquenter. Mais maman avait dû se battre ! Et les messiers blessés aussi. Un jour, ce sera notre tour à Svalin et moi, et je voulais qu’on soit prêts !


Un imposant condensé de robotique se trouve devant la porte du laboratoire d’Adelheid, la Two of Cups. Parfaitement immobile, jusqu’à ce qu’une jeune femme approche. Alors, il se met en mouvement. Il s’approche calmement et lentement. La lueur de son œil, d’un rose violacé jusque là, se modifie légèrement, un peu plus bleutée, comme si elle se voulait plus apaisante.

- Bonjour, je suis Svalin, le gardien d'Adelheid. Puis-je vous aider ? C'est son laboratoire, elle est en train d'y travailler en ce moment. Avez-vous un rendez-vous avec elle ?

L’une des armes les plus puissantes de l’homme est et restera probablement à jamais la science. C’était une arme puissante, que quelques élus pouvaient partager avec le reste du monde. Le problème ? Alice n’était pas une de ces personnes. Sans dire qu’elle était bête, la science n’était pas son domaine. Elle était plus une personne à haut EQ qu’à haut IQ. Dresser des chiens de chasse ? Monter des chevaux agités et les calmer ? Ne pas trembler lorsqu’il faut tirer sur une pie, et ne pas tomber de sa monture avec le recul ? c’était des choses qu’elle pouvait faire instinctivement, assembler un dispositif convertisseur le reishi en énergie, là, non.

En entrant au sein de l’Ultima Necat, L’Epervier avait compris le fossé séparant l’intelligence de leurs scientifiques et la sienne. Mais ce n’était pas un problème. La science pouvait se partager. Et quand bien même le don de création et de conception était rare, les idées elles, peuvent naître en tous. Il suffisait de trouver la bonne personne pour la concrétiser.

Trouver la personne qui mettra en forme son idée, c’était l’objectif d’Alice dans les couloirs des cups. Le nid des génies de l’Ultima Necat, et à fortiori, de l’humanité. Malgré qu’elle ait rencontré plusieurs fois l’ancien king of cups, c’est la première fois qu’elle allait par elle-même dans leur partie de la base. C’était très différent de l’ambiance militaire des quartiers des clubs et des swords. On se croirait presque dans un hôpital, ou un garage de luxe. Ici, probablement qu’elle trouvera quelqu’un capable d’assembler le dispositif qu’elle veut.

Le problème, il semblait que tout le monde était trop… Occupés ? Parce qu’elle n'avait pas pris de rendez-vous clair, ou fait une demande trop vague. Pourtant, elle était sûre d’avoir demandé plus d’une fois ce matériel, mais à chaque fois, sa demande était repoussée pour favoriser autre chose. Les malheurs de n’être qu’un petit engrenage dans la machine.

Finalement, à force de s’aventurer, elle tombait sur quelque chose qui cimentait un peu plus son idée que la technologie de l’ultima necat avait dix ans voir plus sur celle du monde. Un robot. Un robot gardant une porte. Un robot qui semblait remarquer qu’elle l’observait et se rapprochait instinctivement de lui. Un robot qui se mit à lui parler. La technologie c’est un miracle quand même.

“Bonjour Svalin, Alice L’Epervier, Fourth of Club.”

le robot avait un prénom ! un prénom à consonance russe, tout comme cette Adelheid. Probablement sa créatrice. Ce nom ne lui disait rien, en tout cas, donc dur de dire qu’elle avait rendez-vous avec elle.

“Pas vraiment. Je suis simplement voir pourquoi ma demande de matériel a été repoussée.”

Peut-être que cette Adelheid pouvait l’aider, si la médecine d’urgence était dans ses cordes. La robotique semblait l’être en tout cas.

“Si elle travaille, je ne vais pas la déranger.”

- Bonjour, Alice L'Épervier, c'est un plaisir de vous rencontrer. Adelheid est en plein travail sur des dispositifs mécaniques en ce moment. Je vais vérifier immédiatement l'état de votre demande de matériel. Veuillez patienter un instant, je vais vous tenir informée.

La lueur de son œil pâlit un instant, vacilla durant quelques secondes. Puis se raffermit à nouveau, tandis que la voix de Svalin se fit entendre à nouveau.

- Je n’ai pas été en mesure de trouver l’état de votre demande de matériel. Merci de patienter un moment.

Apparemment, pas de trace dans sa base de données. Aussi n’y avait-il plus réellement d’autre solution que d’aller consulter Adelheid directement afin de savoir ce qu’il en est.

- Adelheid, Alice L'Épervier, Four of Club, est là pour vérifier pourquoi sa demande de matériel a été repoussée. As-tu des informations à ce sujet ? Si nécessaire, je pourrais l'accompagner pour résoudre le problème ou obtenir des explications supplémentaires.

Je l’observe et m’étonne. Est-ce qu’il venait vraiment de me proposer de… s’éclipser avec quelqu’un d’autre ? Alors que mon attention était entièrement portée sur mon dispositif, je dois admettre que ça faisait un vrai choc tout de même. Il me met toujours aussi mal à l’aise, mais peut-être va-t-il tout simplement falloir que je le reprogramme. Surtout s’il perdait de vue son objectif principal.

- Si tu l'accompagnes, tu ne pourras plus me protéger. Ce n'était pas ta mission principale ?
- Tu as raison, Adelheid. Ma mission principale est de te protéger. Je vais m'assurer qu'Alice obtienne les informations nécessaires sans compromettre ta sécurité. Si tu as besoin de moi, n'hésite pas à m'appeler, je serai à proximité.

Et… il commence à pivoter ! Sérieusement ? Mais… il était devenu stupide ou quoi ?

- Attends ! Tu ne voulais pas savoir si j'avais des informations au sujet de cette commande ?
- Excuse-moi pour l'omission, Adelheid. Effectivement, avant de prendre des décisions, pourrais-tu me donner des informations sur la demande de matériel d'Alice L'Épervier ? Cela me permettrait de mieux comprendre la situation et de répondre de manière plus précise.
- Est-ce que tu sais ce qu'elle a commandé au moins ?
- Je viens de vérifier ma base de données pour obtenir des informations sur la commande spécifique d'Alice L'Épervier. Je ne trouve pas d'informations précises sur la demande de matériel spécifique d'Alice L'Épervier. Il semble que cette information ne soit pas disponible dans mes archives actuelles. Peut-être qu'il serait plus approprié de demander directement à Alice ou à un responsable de la section Clubs pour obtenir des détails plus précis.
- Tu as raison, on va lui demander. Je viens avec toi, ça vaut mieux !
- Bien sûr, Adelheid. Allons-y ensemble. Nous trouverons Alice L'Épervier et obtiendrons les détails nécessaires sur sa demande de matériel. Si elle a des préoccupations, je veillerai à ce que tout se déroule sans compromettre ta sécurité.

Le malaise me prend de nouveau, et je grimace légèrement, bien que j’essaie de ne pas lui montrer. Je passe devant lui pour rester plus discrète, et lorsque j’ouvre la porte, paf, la jeune femme concernée. Je souris, aimable – même si on me dérangeait dans mon travail, c’est que je n’avais pas souvent de la visite, autant en profiter !

- Bonjour ! Je suis Adelheid Edelweiss, Two of Cups. J’espère que Svalin ne vous a pas mis mal à l’aise, je l’ai reprogrammé il n’y a pas très longtemps et il doit y avoir quelques réglages à revoir je pense. Il m’a parlé de matériel que vous auriez commandé, mais il n’a rien trouvé dans sa base de données… de quoi s’agit-il ?

Moi en tout cas, j’ai jamais reçu de commande de la part de cette Alice, mais je veux bien essayer de l’aider. Svalin de son côté se contente d’observer. Au moins, en tant que robot, il ne devait pas être trop susceptible, et donc pas ressentir le besoin de commenter ce que je venais de dire sur lui. Tant mieux, ça m’évitait de nouveaux frissons de malaise.

Pourquoi est-ce que le robot part, n’avait-elle pas précisé qu’elle ne voulait pas déranger la cup en plein travail ? Et comment ? Sa demande de matériel n’a pas été trouvée ? Elle existait, ça elle en était sûre. Cela sentait pas bon tout ça, un enfer administratif en perspective, voilà ce que cela annonçait ! Mais bon, maintenant que le robot était parti interrompre la cups, autant attendre son retour. Il avait une très étrange manière de s’exprimer, à vrai dire, cela tombait dans la vallée de l’étrange. Peut-être que l'ia n’était pas très développée ?

En tout cas, cela l’avait rendue curieuse. Qui était Adelheid pour avoir un tel robot comme secrétaire ? Quelque chose lui disait qu’elle n’allait pas tarder à le découvrir, mais elle avait envie de prendre un petit coup d'œil pour se préparer. La porte était sans doute épaisse, mais sa Lunette suffirait pour voir l’âme de la personne derrière.

Cette lueur était spéciale, très rare. Pas de doute, cette Adelheid était une quincy. Et apparemment, très jeune. Cela expliquait pourquoi elle avait besoin d’un robot comme assistant, un quincy est constamment en danger, et à son âge, pas sûr qu’elle puisse se défendre seule. Ce petit coup d’oeil entre les planches l’a rendu qu’encore plus curieuse. Quel genre de personne un tel background pouvait créer ?

Lorsque la porte s’ouvrait donc, elle n’était pas surprise de sa taille ou de son âge, même si son apparence d’albinos la surprenait quelque peu. C’était donc elle, et elle était une two of cup ? Cela semblait beaucoup d'installation pour une simple two, les cups sont vraiment bien traités.

“Alice L’Epervier. Enchanté.”

Cet enfant était bien élevé en tout cas, bien plus que la soldate, et elle expliquait aussitôt introduite pourquoi ce robot était aussi dérangeant. Une reprogrammation récente ? Cela devait être une sacrée prouesse, normal donc qu’il y ait des pépins, même si là, on pouvait parler d’un échec complet.

“Ce n’est pas un problème. Pour moi, vous parlez tous étrangement.”

Même si l’inverse était également vrai, l’accent d’Alice n’était clairement pas dissimulé. Elle n’était pas au japon depuis si longtemps que ça, tout bien considéré. Mais assez parler de son dialecte, la question qui lui brûlait les lèvres arrivait.

“J’ai demandé un clip de balles seringue avec un condensé de divers produit capable de soigner momentanément une blessure. Un petit dopant, en quelque sorte, que je pourrais tirer à courte portée pour soigner quelqu’un, ou que je pourrais utiliser sur moi.”

Une demande en apparence simple, mais qui soulevait énormément de questions d’ergonomie et de résistance à la barrière du son. Une balle étant propulsé à très, très haute vitesse après tout, elle subit toutes sortes de forces qui pourraient tordre une aiguille ou faire plus de mal que de bien.

“Avec une arme de poing qui serait capable de tirer de tels projectiles. Mais il semblerait que ma demande ait été perdue. Du moins, qu’elle soit introuvable par votre … assistant ?”