Rattrapage en médecine [PV Sunken]

Doucement, les portes de la Quatrième Division s'ouvrent, laissant place à une Shinigami bien connue en ces lieux.

Les quelques soigneurs présents qui la connaissent - directement, de vue, ou même de réputation - s'écartent un peu pour la laisser passer, sans oser lui demander la raison de sa présence. Les quelques visites de Yoru dans leurs locaux se sont systématiquement soldées par des ennuis... sauf lorsqu'elle était à moitié crevée, évidemment. Clouée dans un lit et sous soins intensifs, elle ne pouvait pas vraiment causer de soucis. Mais là, elle a l'air en pleine forme, son haori rouge à col pointu flottant derrière elle tandis qu'elle traverse les couloirs.

Elle cherche un type en particulier. Si elle l'a préalablement prévenu de sa visite par papillon, elle ne sait pas pour autant ce qu'il peut bien être en train de fabriquer, là, tout de suite. Alors elle finit par choper le premier Shinigami qu'elle croise pour lui poser la question. La réponse? Il n'en sait rien. Soit. Une deuxième Shinigami, puis un troisième. Même constat. Bon, ça commence à être un peu plus problématique.

Elle pose sa main sur la tsuka de Yanari, puis se ravise, caressant distraitement le tressage rêche sous ses doigts. Non, mauvaise idée. Utiliser son Shikai comme un haut-parleur pour signaler son arrivée fonctionnerait à merveille, mais c'est le Capitaine Shunshō qui risquerait de l'intercepter avant qu'elle trouve elle-même son subordonné direct. Non seulement elle n'a pas envie qu'on la foute dehors, mais elle a encore moins envie que son homologue de la Quatrième Division soit mis au courant des raisons de sa présence en ces lieux.

Finalement, au hasard de ses déambulations (elle commence à vachement bien se repérer, mine de rien), et après avoir passé en revue - sans succès - tout ce qui pourrait s'apparenter à des bureaux, elle débouche sur l'une des salles de repos dans lesquelles se trouvent habituellement les blessés légers traités par la Quatrième Division. Quelques mètres plus loin, un type, de profil par rapport à elle. Certains lits étant occupés, elle décide de ne pas trop se faire remarquer, alors elle passe la tête par la porte et fait un petit signe au Shinigami en question, histoire de le faire venir vers elle.


- Psst. Dites, je cherche le Vice-capitaine Kagura. Dix minutes que je tourne sans le trouver. Vous savez pas où il est?


Évidemment, elle n'a jamais vu elle-même le bonhomme en question, alors difficile de le reconnaître.

- Ah d'accord.

En voilà une nouvelle des plus intrigante. Un papillon de l'enfer envoyé par la Commandante en chef du Kidōshū s'était posé sur son épaule, l'informant que cette dernière allait passer par l'hôpital pour le rencontrer, lui, fraichement promu Vice-Capitaine de la Quatrième Division. Coïncidence ? Certainement pas, le timing était trop parfait... Par contre l'Aveugle restait perplexe. Pourquoi ? Il était vrai que Yane Yoru avait une petite réputation en ces murs, assez pour que tous les hauts gradés en soient informés et que le Capitaine ait donné quelques consigne au cas où les choses deviendraient compliquées avec elle.

Elle allait venir le rencontrer donc et lui, bien qu'il ait entendu parler d'elle, ne la connaissait pas. Ne l'avait jamais rencontré ou alors peut être croisée sans le savoir. Sa nomination avait fait jaser, le poste à la tête des Nécomanciens était des plus particulier, différent des autres Capitaines du Gotei d'une certaine manière. Un organe presque indépendant et omniscient, sous le contrôle du Grand Maître du Kidō qui, lui, selon les bruits de couloirs était dans une position indélicate. Recherchait-elle alors du soutien ? Des partisans ?

Des... recrues..?

Les théories s'échafaudaient dans son esprit, peut-être plus que de raison. Ses talents en manipulation d'énergie spirituelle étaient connus oui, il était capable de lancer des Kidō sans incantation et ce à haut niveau. Parfois même sans gestes. Peut-être y avait-il un conflit entre Yoru et Hirō, au point que le premier souhaitait mettre des bâtons dans les roues du second.

- Vous disiez ?

- Oh, pardon. J'étais dans mes pensées. Vous pourrez repartir en caserne dès demain, profitez de ce temps pour vous reposer car nul doute que vos supérieur vous attendent avec impatience Dixième Siège Habashira.

L'autre acquiessa, tout sourire, avant de se fondre un peu plus dans dans le confort relatif de son lit. Un convalescent de moins pour la Quatrième, voir sortir les gens était toujours un petit bonheur pour tous ceux qui officiaient ici. Cela signifiait un peu moins de travail après tout.

Sunken eut un léger mouvement de tête sur le côté, ressentant une personne approcher possédant une aura assez vivace. Il laissa s'échapper un léger soufflement nasal de satisfaction. La personne concernée était à la porte, agitant brièvement sa main comme pour signaler sa présence. Il ne put voir si ses doigts avaient bougé, l'énergie autour d'elle masquant le degré de subtilité qu'il pouvait déceler. Il s'approcha d'elle alors, d'un pas calme.

- Vous-êtes en retard.

Il fouilla dans son Shihakushō pour en sortir un petit bout de papier plié. Il s'affera à le déplier alors avant de pointer un endroit, faisant mine de regarder dans la même direction. Avec ses yeux clos.

- Mais vous m'avez trouvé et c'est déjà une bonne chose... Yoshioka Yama c'est ça ? La ponctualité est importante vous savez quand on veut rejoindre la Première Unité.

Allait-elle remarquer que la feuille que tenait le Vice-Capitaine était vierge ? Probablement.

- Euh.


Yoshio-qui?

Interdite, Yoru prend deux secondes pour analyser les informations à sa disposition. Bon, déjà, elle est tombée au pif sur le Vice-capitaine. Un bon point. Par contre, il a l'air de se tromper de personne. Pourtant, le manteau rouge pétant de la Nécromancienne est un peu difficile à louper. Il est aveugle, ou quoi?

Elle plisse les yeux, constatant les blessures qui ornent ceux de son interlocuteur, restés clos tout du long. Ah ! Bah oui, du coup, c'est fort probable. Voilà une information qu'elle n'avait pas, tiens.

La logique voudrait qu'elle décline son identité, évidemment. Pourtant, voilà une opportunité qui tombe à pic : elle qui ne tient pas à ce que le motif de sa consultation s'ébruite trop, adopter ce faux nom le temps de cette entrevue serait la façon parfaite de garantir le silence du Vice-capitaine. Et puis, se faire passer pour une novice en Kaidō ne sera pas très difficile. Si elle se fait gauler d'une façon ou d'une autre, elle n'aura qu'à s'excuser, et puis voilà.


- Ah ! Vous êtes le Vice-capitaine Kagura. Veuillez m'excuser, j'ai eu du mal à vous trouver.


Et un petit salut tout militaire pour faire passer la pilule. En arrière-plan, elle voit l'occupant du lit tourner la tête vers le duo, une confusion évidente lisible sur son visage. Alors qu'il s'apprête à ouvrir la bouche, elle lui fait les gros yeux, et il reste coi, encore plus paumé qu'auparavant. Finalement, il semble décider qu'il vaudrait mieux se tenir éloigné de ce qu'il se passe ici et se retourne sous sa couverture, feignant de n'avoir rien vu. Sage décision.

Maintenant qu'elle s'est engagée, il faut jouer le jeu jusqu'au bout. Se forçant à emprunter un ton mal assuré, elle continue.


- Je suis désolée, Vice-capitaine, mais j'ai peur de ne pas être tout à fait dans les meilleures conditions. Vous savez, j'ai de petits soucis avec mon Kaidō. Avant de discuter de la suite, je me demandais si je pouvais vous montrer... non, vous exposer le problème et bénéficier de votre expertise. Vous allez vite voir... je veux dire, percevoir ce qui déc-... ne va pas. Pourrait-on aller dans un endroit plus propice à ce genre de démonstration?


La vache - pas évident d'éviter les bourdes quand on parle à un aveugle.

* Mais... elle est con elle ou quoi ? *

Il se racla la gorge. A la fois surpris par la voix de Yukizuri - il ne s'y faisait toujours pas - et la réponse de la Commandante. Il semblait qu'elle souhaitait rentrer dans son petit jeu et cela il ne s'y attendait pas réellement. C'était une simple petite blague pour détendre l'atmosphère à la base, histoire de mettre un élément perturbateur connu - toute commandante qu'elle était - à l'aise pour cette entrevue qu'elle avait elle même demandé.

Et pourtant... non.

Il repliait le papier tout en écoutant la suite du jeu d'acteur de la concernée, le glissant à nouveau dans la poche intérieur de son vêtement. La suite il ne la comprenait pas réellement non plus. Pourquoi exposer un tel problème, nul doute que le patient derrière eux la connaissait après tout alors pas la peine de rentrer dans cette fausse identité... A moins que... Elle devait porter un déguisement. C'était la seule explication logique, elle était venue incognito à la Quatrième Division pour rencontrer le Vice-Capitaine afin de lui exposer un problème quant à son... Kaido ? Elle était à la tête du Kidōshū, logique qu'elle soit capable d'utiliser un tel art après tout. Enfin, si c'était bel et bien cela la raison de sa visite ici et pas une autre couche de sa couverture.

Quant à ses paroles hésitantes sur les mots concernant le regard il n'y fit aucune attention, peu sensible à cela en temps normal et trop concentré sur la complexité de la situation de toute façon.

- Hm. Je n'avais pas connaissance d'un tel problème. C'est embêtant ça... Venez nous allons discuter de cela dans mon office.

Il n'avait rien contre elle. C'était un membre important de la hiérarchie et il n'avait jamais assisté à ses frusques en personne. Tant qu'elle ne provoquait rien de nocif, il n'avait pas de raisons de ne pas la recevoir convenable après tout. Ils ne mirent pas bien longtemps à rejoindre le bureau personnel du Vice-Capitaine. Un lieu des plus sobre, sans papiers ni décoration. Le minimum syndical. Quelques chaises, un bureau, du matériel médical entreposé dans une armoire vitrée. Guère plus. Une fois rentrés et la porte coulissante close il se retourna vers elle.

- Bien, Commandante. Avez-vous réellement un problème avec votre Kaido ou bien vous souhaitiez me voir pour autre chose ?

Il croisa les bras.

Le Vice-capitaine ouvre la marche, et elle le suit, prenant garde à ne pas faire trop de bruit avec les drapés de son haori. Il paraît que les aveugles ont développé leurs autres sens pour compenser leur handicap... et, dans le cas du bonhomme, on dirait qu'une bonne ouïe n'est pas son seul atout. Après tout, il l'a sentie venir, lorsqu'elle a tenté de l'interpeller. Une lecture particulièrement remarquable du reiatsu, voire du reishi, peut-être? S'il occupe son poste actuel sans problème, il serait bon de partir du principe qu'il possède des ressources insoupçonnées.

Ce qui se confirme d'ailleurs lorsque la couverture de Yoru saute trois secondes après leur arrivée dans le bureau. Dépitée, elle fait la grimace.


- Pff. Je suis si mauvaise comédienne que ça?


Pas mal, l'animal. À défaut d'avoir l'œil, il est très perspicace.


- Enfin, techniquement, je ne vous ai pas menti : je vous ai jamais confirmé le nom que vous m'avez attribué... et je suis bien là pour les raisons que j'évoquais. (Elle a un petit rire.) Disons qu'une occasion de vous parler de tout ça incognito m'aurait arrangée. Écoutez, c'est un souci un peu délicat, alors je compte sur votre entière discrétion, d'accord? Si on se fout de moi, je saurai que ça vient de vous.


Elle se racle la gorge et retrousse ses manches. Sachant qu'il va bien falloir procéder à une petite démonstration, elle s'éloigne de quelques pas.


- Bon. Le mieux, c'est encore de vous laisser constater le problème par vous-même. Attention, ça va aller vite. Prêt? Chiryōbaku !


BOUM ! Une petite détonation, un nuage de fumée qui l'avale instantanément, tandis que le souffle provoqué par la technique ébouriffe le Vice-capitaine face à elle. Du revers de la main, elle fait de grands gestes, dissipant les volutes l'entourant encore. On pourrait s'attendre à la voir émerger de ce sort endommagée, son uniforme roussi, mais il n'en est rien : au contraire, la voilà en parfaite santé. Avec un sourire d'excuse que son interlocuteur ne peut de toute façon pas voir, elle revient auprès de lui.


- Voilà. Le problème saute aux y... enfin, il est évident, quoi. Au début, je pensais que je ratais mes Kaidō, mais j'ai fini par comprendre que c'est plus subtil que ça. Techniquement, ils fonctionnent ! Juste, bah, ils explosent. J'ai beau me creuser la tête, impossible de comprendre pourquoi, et ce serait trop la honte pour la Commandante en chef du Kidōshū de pas savoir faire un Kaidō de base... alors mon seul recours, c'est vous. Vous avez une idée?


Plutôt se jeter du haut de la colline du Sôkyoku qu'admettre devant ses subordonnés, ou même ceux du Capitaine Shunshō - pire encore, devant le Capitaine lui-même - qu'elle est nulle à ce point dans une discipline qui découle du Kidō. Ce qu'il lui faut, c'est un cours de rattrapage... et, pour le coup, le Vice-capitaine est le parfait compromis.

Elle semblait presque déçue que ce petit jeu de dupe n'ait pas duré plus longtemps. Cela aurait pu être amusant, Sunken le pensait lui aussi. Après tout il avait initié la chose. Ou bien c'était elle avec sa demande d'entrevue ? Le secret. L'inconnu. Une phase dans une phrase et déjà la vérité reprenait sa place. La Commandante en Chef du Kidōshū avait un problème et avait décidé d'en parler à un inconnu. Etrange...

Elle était étrange, oui.

- Je vois bien plus de choses que vous ne pouvez l'imaginer Commandante. Quant à votre problème je peux vous assurer que nous appliqueront le secret professionnel.

Car si son soucis de manipulation de sorts se savait... Oui, il comprenait aisément quelles répercutions cela pourrait avoir pour elle. Sa carrière. Sa réputation... Mais aussi cette du Gotei dans une certaine forme. Les murmures n'étaient gères indulgents avec le Corps des Nécromanciens ces derniers temps.

Alors Yoru s'écartait légèrement. Elle semblait prompte à démontrer ce qu'elle évoquait un peu plus tôt. Pendant ce temps l'esprit du Vice-Capitaine divaguait légèrement - sans pour autant laisser sa concentration s'éloigner des mouvements de la jeune femme - en se posant des questions... notamment quant au fait du déguisement probable qu'elle portait. ais ces pensées secondaires s'effacèrent au moment ou l'afflux d'énergie déferla dans ses bras devant elle, réussissant même à faire hausser les sourcils de l'aveugle. Fait rare. Le sort explosa et rapidement après cela elle s'avança, exposant un peu plus l'histoire de ce sort qui pouvait sembler dysfonctionnel. Et il l'était, dans une certaine mesure.

- Je...

Quelques secondes.

- J'ai énormément de questions. Concentrons-nous sur les plus importantes voulez-vous ? Alors...

Il fit volte face, s'approchant de son fauteuil et tâtonnant sur ce dernier comme s'il cherchait quelque chose. Il grommelait. Quelques pas vers l'armoire ensuite qu'il ouvrit sans aucun mal. Il fouilla un instant avant d'y sortir des gants noirs. Plutôt étrange pour un médecin, ces derniers préférant les blancs en général. Il les enfila avec dextérité avant de retourner près de sa patiente.

- Comment se comportent vos autres sorts en général ? Depuis quand vous exercez-vous au Kaido ? Avez-vous nommé celui-ci après avoir découvert sa particularité ou bien cela vous est venu au moment de l'incantation ?

Sur ce dernier point elle devait comprendre où le Kagura voulait en venir. Un sort, aussi puissant que faible, était provoqué par un mélange habile d'énergie spirituel et de litanies. Certes, les plus habiles parvenaient à se passer des psaumes.. Enfin, disons plutôt qu'ils trouvaient un moyen détourné. La véritable prouesse pour un Nécromancien de haut niveau comme elle devait l'être - et lui aussi - résidait dans la force de l'esprit. Connaître l'incantation et la réciter à vitesse folle, profitant des capacités des connexions neuronales qui permettaient de s'affranchir de la parole et de la vitesse du son.

- Je vais devoir vous examiner les bras pour commencer mais je vous invite à enlever votre haut, il est possible que je doive aussi analyser votre Saketsu et votre Hakusui. Êtes-vous d'accord ?

Ce n'était pas comme s'il allait la regarder après tout.

Visiblement, la cécité n'empêche pas le Vice-capitaine de se repérer à merveille dans son environnement. Est-ce là la force de l'habitude, ou peut-il, comme il le prétend, voir pour s'orienter quelque chose que Yoru ne sait percevoir?

En tout cas, la brune, un sourire amusé aux lèvres depuis qu'elle l'a vu désarçonné par la forme pour le moins déroutante du sort, ne peut que coopérer. Maintenant qu'il l'a lui-même rassurée sur sa discrétion, autant jouer le jeu jusqu'au bout. Dans un bruissement feutré, elle laisse glisser son haori de ses épaules et le pose sur le dossier de la chaise la plus proche.


- Pour résumer la chose : j'ai commencé à m'exercer au Kaidō au début de l'année. Sur un sort de base, vraiment. D'office, il refusait de sortir sans explosion. Dans le doute, j'ai essayé un autre sort, mais j'ai eu le même résultat. Impossible de savoir pourquoi. Alors ça a fini par me gonfler. La création de Kidō m'est pas inconnue, donc plutôt que de lutter contre, j'ai accepté le résultat, je l'ai nommé de la façon la plus évidente possible, et voilà ce que ça donne. Recevoir un nom a l'air d'avoir un peu stabilisé le tout, mais une explosion contrôlée reste une explosion.


Elle tend une main devant elle, paume vers le plafond.


- Quant à mes autres sorts...


Sans prononcer un mot, elle se concentre, et une sphère rougeâtre se matérialise entre ses doigts. Une sphère qui enfle, et enfle encore - jusqu'à atteindre, puis dépasser les dimensions d'un Shakkahô classique, tandis qu'elle s'explique.


- ... il y a deux choses à savoir. Premièrement, si je connais pas mal de sorts, je reste spécialiste du Shakkahô. Une question d'affinités personnelles. Certains pratiquants préfèrent avoir à disposition un arsenal qui leur permet de rester flexibles; moi, je développe la puissance brute, qui reste ce que je sais faire de mieux. Ce qui nous amène au second point : pour compenser, je développe des variantes plus puissantes de mon sort signature, au comportement différent. Ma maîtrise du sort initial me permet de garder ces variantes informulées en minimisant leur perte d'efficacité, puisque leur principe de base reste le même. Et je peux garantir qu'elles rivalisent en efficacité avec les Hadō classiques de plus haut niveau. Bref, je crée moi-même les outils les mieux adaptés à ma pratique de la nécromancie... sans perte de contrôle, comme vous pouvez le constater.


Parce que la sphère rougeâtre a continué d'enfler à mesure qu'elle parlait, son sommet touchant désormais presque le plafond, la chaleur qui en irradie envahissant la pièce. D'un geste sec, elle secoue son autre main, extirpant à demi un kiseru métallique de sa manche; ses doigts se referment autour du tube sculpté, et elle plonge la gueule de l'horrible dragon qui orne l'accessoire sous la surface du sort, qui en enflamme instantanément le contenu.

Dans le cas de ce sort particulier, c'est le contact direct avec le projectile qui lui permet de le stabiliser. Sitôt parti, il éclate en un déluge de flammes... alors, tant qu'elle ne le tire pas, aucun risque de mettre le feu à l'aile du bâtiment où ils se trouvent tous deux. Au prix d'un nouvel effort de concentration, elle diminue, puis bloque le flux d'énergie qui l'alimente; à la manière d'une flamme dont le combustible se tarit, il vacille, se flétrit, puis se dissipe tout à fait, projetant d'inoffensives étincelles rougeâtres dans les airs.


- Je me définis comme une nécromancienne de combat, conclut-elle simplement. Toujours aller au plus simple, au plus efficace, travailler la maîtrise des bases et les styles d'incantation. C'est une approche moins scolaire que celle qu'on enseigne à l'Académie, mais ce que je viens de vous montrer devrait vous assurer que je sais contrôler mes sorts. D'où mon incompréhension, pour en revenir au problème qui m'amène aujourd'hui.


L'explication est un peu longue, mais elle a le mérite d'être claire. Sa petite démonstration terminée, elle s'attèle à se plier aux demandes du Vice-capitaine. Dans n'importe quelle autre situation, et pour qu'il lui demande de se dénuder ainsi, elle se serait demandé si elle ne lui a pas tapé dans l'œil... mais la chose lui semble peu probable, pour des raisons évidentes. Doucement, elle porte son kiseru désormais allumé à ses lèvres; sitôt ses deux mains libres, elle défait le haut de son Shihakushō, qu'elle laisse pendre sur ses hanches, encore retenu à sa taille par son obi. Aucune gêne ni hésitation, handicap ou pas; elle n'a d'ordinaire que peu d'embarras vis-à-vis de ces choses-là, et le contexte médical de leur entrevue encadre en outre clairement le geste.


- Allez-y, analysez, je vous en prie. Mais évitez de toucher à côté, quand même.


De l'amusement dans le ton. Bien sûr, elle redirigera elle-même la main du Vice-capitaine à la moindre entourloupe. Faut pas déconner, non plus.