Besoin de toi, envie de soiiiin !!!

Le combat était terminé. Et comme on pouvait s'y attendre, un conflit entre le Vice Capitaine et le Capitaine de la Onzième division ne pouvait que laisser des traces sur les corps. Si le premier ne pouvait guère plus s'en plaindre - un mort ne parlait pas après tout - le second douillait quand même sacrément. Et plutôt que de retourner directement dans ses locaux pour se faire brièvement soigné, le colosse avait opté pour une autre solution. Plus viable, plus sûre.

La nouvelle ferait rapidement le tour du Gotei 13 : un nouveau Capitaine venait d'émerger, en suivant l'une des lois les plus anciennes de cette armée. En attendant d'obtenir son propre Haori, le colosse avait alors ramassé quelque chose du corps de son adversaire du jour. Personne n'avait vu à y redire, ni même exactement ce qu'il avait fait. La dernière attaque avait littéralement réduit en morceau une grosse partie du corps du Capitaine après tout. Mais Shinjiro était un guerrier et sa victoire méritait une prise de guerre.

Quelques-uns de ses hommes avaient emportés le reste du corps - tronqué d'une partie suite au combat - tandis que d'autres s'étaient proposés d'accompagner le colosse jusqu'aux quartiers de la Quatrième division. La seconde requête fut accueillit par un rire gras et un refus catégorique. Et c'est seul qu'il prit la direction de la division de Shunshō Hirō. Accompagné toutefois, loin derrière, d'une petite escouade de six Shinigamis. "Au cas où".

Arrivé sur place, lieu qu'il connaissait malheureusement parfaitement, il s'approcha d'un des shinigamis officiant. Physiquement, il était visible que le colosse était sorti d'un combat terrible. De multiples blessures visibles, du sang qui tâchaient l'intégralité de son torse - qui était nu d'ailleurs puisqu'il ne portait en l'état qu'un simple pantalon, ayant déposé sa veste au cours du combat - et les morceaux de ce que l'on devinait être un Haori, posé négligemment sur son épaule. A bien y regarder, on pouvait aisément reconnaître de nombreuses traces de brûlures. Et finalement peu de plaies ouvertes.

- Yooooooo. Dis-moi, tu peux m'dire si ton capitaine est dans l'coin. Dis-lui que c'est une affaire sérieuse et que l'nouveau Capitaine de la Onzième division, Shinjiro, a besoin de lui ! J'ai pris tarif et là, c'est un peu plus que deux pansements que j'vais devoir me farcir. J'te remercie.

Il fit un pas en arrière et se figea sous la douleur. Il s'était tout de même coltiné tout le voyage jusque là et en ressentait les effets. Hirō n'était pas seulement le meilleur. Pour l'avoir rencontré, le colosse avait apprécié sa nature et sa franchise. Le gars gérait parfaitement sa division et en un sens, il espérait aussi apprendre de lui. Mais avant toute chose... PUTAIN MAIS ELLE EST OU LA BIAFINE !!!!

Derrière lui, les six shinigamis l'ayant escortés essayaient de se montrer discrets. Pas super réussi au vu de l'engueulade que certains venaient de prendre.

- Vous allez vous faire fumer si vous restez ici. 'Tain, c'est bon j'suis arrivé en un seul morceau. Dégagez maintenant !

Il fit de grand geste qui le firent grimacer. La douleur était vive n'empêche. Les gars derrière se reculaient déjà, tout sourire de voir leur nouveau Capitaine. Pour la plupart d'entre eux, ce n'était que logique. Après tout, l'ancien Sixième Siège avait fait du chemin et avait fait ses preuves depuis bien longtemps. Ce n'était que Justice. Gloire... Et un peu Beauté !

« Capitaine. » Une pause alors que mon regard vient se poser sur l’homme à la chevelure d’encre qui m’interpelle de sa voix atone. « Le nouveau Capitaine de la onzième division vous demande. » Mon sourcil se hausse. Le nouveau capitaine de la onzième division ? « Le capitaine Ogasawara ? » Le Kuchiki secoue la tête négativement avant de reprendre de sa voix usuellement plate. « Il a dit s’appeler Shinjiro. Il est couvert de brûlure et de sang à l’entrée. »

Hein ?

Je me redresse d’un bond de mon fauteuil, faisant le tour de mon bureau pour rejoindre l’entrée de l'hôpital d’un pas vif, mon haori sur les épaules et mes cheveux lâchés virevoltant derrière moi. « Chiaki tu aurais dû commencer par ça ! » Il me suit, baisse humblement la tête devant mon invective. « Je vous demande pardon Capitaine. » Je n’insiste pas davantage, me pressant simplement alors que les informations fournies par mon subordonné tourbillonnent dans mon esprit. Le nouveau capitaine de la onzième. Qui n’est pas le Capitaine Ogasawara Matsukaze. Qui se nomme Shinjiro. Ce prénom m’interpelle mais ce n’est qu’en voyant la haute stature de l’homme que je parviens à me souvenir de lui.

Le sixième siège de la onzième. Qui, de mémoire, était passé vice-capitaine il y a de cela plusieurs mois.

En voyant son état, je me fige. Une ombre danse dans mes prunelles de coutume plus lumineuses. Des brûlures. Du sang et des blessures. Et un haori ensanglanté à moitié déchiqueté trônant sur son épaule. Je devine ce que cela signifie. Et cela ne me plait pas vraiment. Mais ce n’est pas moi qui fait les règles ici, surtout pas celle appartenant à une division qui n’est pas la mienne. « Vous ne devriez pas traiter vos hommes ainsi. » Ma voix est étrangement solennelle, résonne et fige tous les présents qui se sont rassemblés, piqués par la curiosité et l’agitation amenée en leur sein. La voix du Capitaine et non pas celle du soignant qu’il a pu côtoyer des mois auparavant. J’ai attiré leur attention et fait cesser les messes basses. Bien. C’est l’effet escompté.

« Je vais m’occuper de vous. » Mon regard pourtant embrasse la salle dans laquelle les shinigamis de ma division se sont réunis. « Retournez à vos tâches. Vous aurez tout le temps de commenter la nouvelle après votre service. » Ma voix est ferme, et c’est un brouhaha de “bien capitaine” qui y répond, chacun reprenant son rôle et s’activant non sans jeter quelques œillades au colosse. « Chiaki, je te laisse veiller sur tout ça. » Il incline la tête dans un acquiescement muet et se met lui-même à sa tâche de coordination.

Je me retourne sur le blessé avant d’ouvrir la voie. « Suivez moi. » Alors que je m’éloigne, mes doigts viennent se perdre dans mes cheveux et un soupir s’échappe de mes lèvres mais l'heure n'est pas à cela. J'ai un patient à surveiller. J’attends que nous soyons seul dans une salle de soin avant de demander. « J’imagine que le Capitaine Ogasawara est mort ? » Mon ton est plus las que ferme et ma question n’en est pas tant une. Je me doute de la réponse.

Il l'observa un bref instant, constatant l'humeur du Capitaine. Les propos qui lui avaient été adressés ne le dérangeaient pas plus que cela - se faire sermonner, finalement, faisait presque parti de son quotidien et il était bien trop fatigué pour s'en offusquer - et cela prouvait surtout l'intérêt que le Capitaine de la 4e division portait aux autres. Un mal pour un bien.

Et puis cela semblait bien faire marrer son équipe qui, alors qu'ils s'éloignaient, adressaient des petits signes de main à leur Capitaine pour se foutre de sa gueule. Avantage d'être là depuis un bail : ils étaient liés. Inconvénients ? IL EST OU LE RESPECT DU GRADE BORDEL !!!

M'enfin qu'importe, voilà que le géant suivait désormais le Capitaine Hirō. Alors qu'ils arrivaient dans une salle de soin, et que Hirō reprenait enfin la parole, le colosse prit quelques instants avant d'y répondre, prenant déjà le temps de se poser un instant. La douleur était vive. Mais là, maintenant, seule la question du Capitaine occupait son esprit. Devait-il regretter ce qui s'était passé ? Un autre aurait peut-être eu des remords. Mais Shinjiro croyait en cette Loi ancienne. Il méritait de porter ce Haori. De porter ce titre de Kenpachi. La mort de l'Ogasawara avait permit à la Onzième de se renforcer. Elle servait un intérêt plus noble, plus grand.

Pour la première fois, il planta son regard dans celui du médecin. Aucune honte dans ce dernier, aucun regret. Pas même de la fierté d'ailleurs. Juste le sentiment d'avoir agi comme il le fallait.

- Tu imagines bien.

Il se souvenait de sa première rencontre avec Hirō. Il avait alors cru qu'il n'était qu'un simple médecin, sans doute un haut siège, mais certainement pas un Capitaine. Il avait alors passé son temps à le tutoyer. Habitude qui était resté, même si ce dernier vouvoyait le nouveau promu. Les habitudes avaient la vie dure et dans sa bouche, tutoiement n'était en rien un manque de respect.

- La Loi de la Onzième a été appliquée. Un défi officiel a été lancé. C'est comme ça.

Il ne voulait pas paraître plus froid que d'ordinaire. Mais ici et maintenant, en cet instant précis, il n'accepterait pas qu'un autre juge cette tradition. Pas après la mort de l'ancien Capitaine. Pas après avoir respecté la tradition. Il y avait une notion de grandeur dans ce qui s'était passé.

- Beaucoup ne comprenne pas cette règle hein. J'suppose que pour un médecin, qui doit sauver des vies, c'est un putain de gâchis. J'essaierai même pas de t'faire comprendre à quel point cette tradition est importante pour nous autre.

Perdre du temps aurait été inutile. Il parlait au Capitaine en charge de la 4e division. Les médecins sauvaient des vies. Alors que lui, il était un bourreau à ses yeux très certainement. Ce fut lui qui finalement, à son tour, poussa un simple soupir. Il paraissait plus sérieux que d'ordinaire.

Ils ne pouvaient pas comprendre. Même s'ils ne jugeaient pas. La question ?

- Une connaissance à toi ? Si oui, bien que cela ne te sera d'aucun réconfort, sache qu'il a été un adversaire presque admirable jusqu'au bout.

Si seulement il n'avait pas utilisé ce dernier Kidō, cela lui aurait épargné cette mort chaotique. Ce corps déchiré. Il lui aurait simplement détaché la tête du corps, proprement. Seulement pour l'avoir énervé au pire moment, il avait été contraint de le transformer en hachis parmentier.

Mes paupières s’éteignent à ses mots. Une forme de résignation vient glisser sur mes traits alors que j’acquiesce finalement à ses paroles. Une confirmation à un doute plus que probable au vu de l’état dans lequel il se trouve et du trophée pendant à son épaule. Ma main vient récupérer le tissu déchiré et ensanglanté, prenant soin de le plier avant de le remettre à son propriétaire actuel pour que je puisse vérifier son état. Le Haori du Capitaine Ogasawara. Un geste solennel. Pour l’heure, je le laisse parler, examinant ses blessures et les brûlures plus attentivement. Ses muscles sont tendus, crispés par la douleur qui irradie de lui.

Une question. Presque. Je secoue la tête de droite à gauche.

« Non, je ne connais pas personnellement le Capitaine Ogasawara. Mais il est… était un de mes collègues. Cela reste une grande perte pour le Gotei 13. » Et pour sa famille. Nul doute que cette dernière saura se montrer désobligeante envers le nouveau capitaine qui avait occis l’un des leurs… mais la loi de la onzième était la même pour tous. Noble ou pas.

Mon examen terminé, mes doigts viennent se saisir de la poignée de mon sabre et avant qu’il ne craigne pour sa vie, je le rassure d’un sourire qui jusqu’alors était resté absent de mes lèvres. « Mon Zanpakutō ne possède pas de pouvoir offensif. Mais au vu de… » Une hésitation. « Mais au vu de tes blessures, son pouvoir sera nécessaire pour te soigner. » Un murmure s’échappe de mes lèvres pour libérer mon shikai qui revêt la forme d’un manteau végétal. Sans perdre un instant, mes doigts auréolés d’une lueur verdoyante effleurent les blessures, sur ces dernières des petites fleurs bleues s’épanouissent et immédiatement, le colosse ressentira un effet de froid apaisant sur ses brûlures. Au fur et à mesure, la douleur s’engourdit, se fait plus lointaine, permettant aux muscles de se détendre, renforçant l’effet d’apaisement des soins prodigués. « Si vous avez du mal à rester assis, n’hésitez pas à vous allonger. » Autant profiter du lit et, pour être honnête, je préfère qu’il s’allonge de lui-même plutôt qu’il me tombe dessus sans crier gare.

Ma voix est calme lorsque je reprends, continuant pourtant mon office. « Tu as raison. Je suis avant tout un médecin, ma vocation est de sauver des vies, pas de les prendre, ce qui ne m’empêche pas d’être aussi un soldat. » Même si ce n’est pas là notre atout premier, nous n’en restons pas moins des membres de cette armée. Et puis je n'ai pas toujours fait parti de cette division.

« Je vais être franc avec toi, cette loi ne me plait pas en effet. Pour autant, ce n’est pas à moi de la juger, ni de l’approuver. Je ne suis pas un membre de la onzième et, sans offense, je n’ai pas l’intention de la rejoindre un jour. » Un léger sourire en coin vient ourler mes lippes à ses mots. Même si je n’étais pas le Capitaine de la quatrième division, l’aspect guerrier de celle de mon homologue ne pourrait jamais me convenir. Mon âme est trop douce pour cela. « Ce n’est pas si grave que je ne comprenne pas. Il y a bien des règles au sein de ma division que vous ne comprenez pas également après tout. Il en va de même partout. »

Pour autant, çe ne m’empêche pas d’être attristé par ces combats fratricides. Oui. Je pense que c’est du gâchis mais, cela, il l’a déjà très bien compris.

Un guerrier, même blessé, restait sur ses gardes. Surtout lorsqu'il sortait tout juste d'une bataille qui avait mit ses nerfs à vif. Alors tandis qu'il l'écoutait parler, il perçut la main du Capitaine se diriger vers la garde de son Zanpakutō. Est-ce qu'il eut une réaction involontaire ou alors est-ce que Hirō anticipa sa réaction, il ne sut le dire. Quoi qu'il en soit, les mots qui suivirent balayaient ses doutes concernant une atteinte à sa propre vie.

Ce n'était pas exactement de la paranoïa mais le colosse était un homme instinctif, à défaut d'intelligent. Et sans savoir mettre de mots savants sur ce qu'il ressentait, il avait perçu une tension dans le comportement de l'homme face à lui. Qu'il la comprenne ou non, c'était encore un autre sujet. Mais se laisser approcher par un homme en arme, dans un climat un peu particulier, voilà qui ne pouvait qu'accentuer sa vigilance.

- Fais donc. Je ne suis pas venu ici pour me plaindre.

Il comprenait la notion de perte pour le Gotei. Ainsi que la tristesse de perdre un camarade, même s'ils n'avaient pas été si proches que cela. Ces choses là pouvaient évidemment expliquer la réserve du Shunshō. Alors qu'il laissait le Capitaine agir, le colosse ne put s'empêcher de repenser au combat. Et au nom de celui qui était tombé. Ogasawara. Peu au fait des jeux de pouvoir, il savait néanmoins que cette famille était puissante. Mais il ne craignait pas pour autant leur colère. Déjà car il ne craignait en rien les nobles. Et de ce qu'il avait compris, des discussions précédentes avec Matsukaze, ce dernier était le vilain petit canard de la famille. La Onzième n'avait finalement été qu'un point de retraite pour lui. Sa dernière demeure.

Les effets commençaient à se faire sentir et à l'entendre proposer de s'allonger, le colosse refusa d'un geste de la main. Il ne se sentait pas au point de défaillir non plus et surtout, ne connaissant pas la manière dont ce pouvoir étrange fonctionnait, il ne savait pas si le Capitaine n'aurait pas besoin d'avoir accès à son dos.

- C'est bizarre... Et non, j'peux rester comme ça.

Soldat et médecin. Il est vrai que l'Argenté avait tendance à oublier cette double casquette. Ils n'étaient pas que des soignants mais aussi des tueurs. Une dualité qui devait perturber les plus fragiles, sans le moindre doute. Quant à cette franchise ? Il eut un sourire.

- Il n'y a pas d'offense là dedans et j'serai bien idiot d'en vouloir à quelqu'un de penser cela. Un loup reste un loup, comme disait l'paternel. Chacun sa meute.

Une façon de voir les choses en quelque sorte mais qui avait du vrai, il le comprenait aujourd'hui.

- Mais les clichés ont la vie dure et ce genre de tradition n'aide pas à les gommer. Pour ça que j'pige que ça puisse déranger. J'compte pas revenir sur les principes de cette loi et rien ne dit que demain, un autre que moi n'sera pas également ici, à attendre que toi ou tes gars puissiez le soigner après qu'il ait prit ma tête. C'est la dure réalité de notre division. Mais c'est ainsi qu'elle se renforce. Sacré dilemme, j'sais bien.

Il doutait néanmoins que cela puisse arriver si rapidement. En terme de force brute, peu lui arrivait réellement à la cheville. C'était un fait établi, en rien un sentiment de supériorité. Et chose étrange, il ne fallait pas oublier que l'Ogasawara n'était pas un des leurs à la base.

- J'sais bien que ça change rien à ce que tu en penses. Mais il n'était de toute façon pas des nôtres. Pas de la Onzième. Il était là pour passer l'temps. Parce qu'il ne pouvait faire autrement. On a perdu un grand guerrier. Mais les plus grands guerriers ne font pas les meilleurs meneurs. Un nom ne suffit pas. Plus maintenant.

Cela n'aiderait pas à ce que Hirō accepte. Ce serait même d'ailleurs le contraire. Mais la philosophie du colosse était simple à ce sujet. Très simple. Pas facile de faire plus pragmatique que cela. Les effets des soins commençaient à se faire ressentir. Il ferma les yeux, trouvant la sensation d'apaisement des plus agréables.

- Tu sais, j'pense que j'pourrais pas non plus appartenir à ta division hein. J'me ferai chier. T'as toujours été de la Quatrième ?

La question tombait abruptement. Mais était en lien à la discussion initiale.

Post de soin - +750 partout

Le colosse demeure assis, refusant d’un geste ma proposition. Bien. J’espère que l’engourdissement de ses muscles ne le fera pas choir, je me devrais de le rattraper. Mais à dire vrai, je ne m’inquiète pas tant que cela. Shinjiro est un homme résistant, en atteste ses blessures qui ne l'empêchent pourtant pas de rester conscient. Une interrogation. « Bizarre ? » Je ne sais pas à quoi il fait référence, et cela peut me pousser à l’inquiétude. Quand un patient déclare ressentir quelque chose de bizarre, ce n’est pas toujours une bonne chose.

Un loup reste un loup. Probablement. Peut-être. Je ne suis probablement pas un loup, si ce n’est pour son aspect sociable. Après tout, l’animal que Seiichi ne cesse d’associer à moi n’est-il pas plutôt le renard ? La pensée s’étiole alors que mes sourcils se froncent à ses propos. « Et bien, j’ose espérer que ce ne sera pas demain, et que tu garderas ton titre plus qu’un jour. J’aimerai éviter de devoir soigner un capitaine après un combat à mort dans les jours à venir, j’ai assez de travail comme ça ! » Ma voix est faussement contrariée, mais ce n’est rien de plus que l’ombre d’une plaisanterie. Néanmoins, cela ne veut pas dire que mes propos sont entièrement faux. Quand bien même le travail n’est pas tant ce qui me dérange, mais cela me gênerait qu’un nouveau capitaine ne disparaisse de la soul society.

Je ne cesse mon office pendant toute cette conversation. Les fleurs s’épanouissent, réduisent la douleur et feront de même avec les blessures dès lors qu’elles auront absorbé suffisamment de ce mal pour se faner. Pas des leurs. Le terme est dur à mes yeux, presque cruel. Ce ne sont pas des paroles que j’apprécie, pour autant, je ne les commente pas. Je préfère l’inclusivité au rejet mais c’est aussi ainsi qu’est ma division. « Ça peut aussi être ton cas. Tu as gagné ce combat, ce qui prouve que tu es un meilleur combattant qu’il ne l’était, mais est ce que cela fera de toi un meilleur Capitaine ? » Il n’y a pas de jugement. Juste une réflexion que je viens rapidement nuancer. « Non pas que je doute de tes capacités, je ne te connais pas assez pour cela, mais c’est une réflexion que je me suis posée moi même lorsque j’ai déposé ma candidature. Certes, je n’ai pas mis ma vie en jeu comme tu as pu le faire, mais il n’en reste pas moins que devenir Capitaine change nos perspectives et bouscule toute notre vie. Tout le monde n’est pas prêt à cela. »

Les responsabilités, pour ne parler que d’elles, sont bien différentes lorsque l’on n’est qu’un simple siège. Est ce que cette période me manque ? Je ne pense pas. Aujourd’hui, je me sens à ma place au sein de ma division et je ne regrette pas mon choix. Est ce que tout a été simple pour autant ? Non. Clairement pas. Même aujourd’hui, je ne suis pas parfaitement à mon aise avec toutes mes responsabilités. Ce qui ne m’empêche pas de m’y sentir bien.

Un rire léger ponctue sa réflexion. « Je ne pense pas que ce soit une division faite pour toi en effet. » A sa question, je réponds sans rechigner. « Lorsque je suis sorti de l’académie, j’ai rejoint la 5 ème division. Je viens du Rukongai et celui qui m’a poussé à devenir shinigami appartenait à celle-là. Disons que ce n’était pas vraiment un choix réfléchi à la base, juste une sorte d’opportunité. De… facilité même je dirais. » Facilité est probablement le mot le plus pertinent au vu de ma situation à l’époque. En parler me rend un rien nostalgique. Il faut dire que ce n’était pas vraiment un moment heureux de mon existence. « Je n’ai rejoint la quatrième que plusieurs dizaines d'années plus tard, lorsque le nom et les capacités de mon Zanpakutō se sont révélés. » Autant prévenir une potentielle question. « J’imagine que tu as toujours fait partie de la onzième ? »

Il ne put s'empêcher de rire. Bonne ou mauvaise idée, il s'était laissé prendre par la remarque du Capitaine de la 4e. Lui aussi, il espérait bien tenir plus longtemps que cela. Mais les combats à mort, même au sein de la 11e, n'étaient finalement pas si fréquents que cela. A part le sien, le dernier en date remontait à bien des années auparavant. Pourquoi pensaient-ils tous que cela puisse se reproduire si rapidement ? Cette peur. Sans doute était-elle liée aux forces qui avaient disparus par le passé.

- Ne t'en fais pas, j'compte pas libérer le Haori si vite. Disons que là, y'a quand même plusieurs critères qui ont fait que c'était impossible que ça se finisse autrement. Mais en vrai, les choses sont telles qu'elles doivent être désormais.

Il savait une chose : il avait le respect de ses hommes et ce, depuis longtemps. Il avait officié comme Sixième siège. Il avait été Vice Capitaine de cette même division alors qu'aucun chef ne s'était distingué. Et avait dirigé l'unité à sa manière, certes, mais en respectant les valeurs du Gotei. Oui, il était abrupt. Et il aimait le combat. Cela ne signifiait pas qu'il ne connaissait pas les principes du commandement. Ni qu'il ne les respectait pas.

- Tu vois, j'me pose pas la question. Meilleur capitaine, j'pense sincèrement que oui. Mais c'est comme tout. Si j'le prouve pas, ça sert à que dalle d'en parler et de supposer. Par exemple, qu'est-ce qui m'prouve que l'autre méthode est meilleur que celle-ci ? J'aimerai comprendre en quoi libérer son Bankai devant d'autres Capitaines et devant le Sotaichō, juste parce que vous avez été recommandé, ça fait de vous de meilleurs dirigeants ? Chez moi, on appelle ça du piston tu vois. Alors que moi, j'dois rien à personne.

Du piston oui. Il ne savait pas comment Hirō était devenu Capitaine mais il connaissait les grandes lignes, appris au cours de l'Académie. Les responsabilités, il les avait assumé en grande partie. Car de Capitaine, il n'en avait eu un que quelques semaines à la vérité. Est-ce que les autres s'en étaient inquiétés alors qu'il avait prit le relais pour aider la 11e ? Est-ce que quelqu'un était venu à lui pour lui dire qu'il devait assumer ses responsabilités sans en faire trop ?

Son regard se planta dans celui de Hirō. On pouvait y lire sa détermination. Devenir Capitaine, pour lui, n'était pas une lubie. Mais un accomplissement. Pas seulement un problème d'égo, de force, de pouvoir. Il savait. Il pouvait sauver les siens, apporter quelque chose à la Division du Combat. Il était ainsi, assuré, prêt à donner sa vie pour eux.

- Je connais les responsabilités qui sont les nôtres. Crois-moi, j'suis né pour être Capitaine.

5e division ? Celle de Kyōken désormais ? Intéressant. Décidément, il en entendait beaucoup parler de cette dernière depuis quelques temps. Il comprenait la logique. Comprenait aussi que le pouvoir de ce dernier l'avait en quelque sorte forcé à choisir une autre voie. Obligation ou volonté, cela ne comptait pas de toute façon, puisqu'il paraissait parfaitement à son aise dans ses fonctions désormais. Mais cette vie était curieuse tout de même. Si son Zanpakutō n'avait pas été ce qu'il était, alors peut-être qu'il serait face au Capitaine de la Cinquième aujourd'hui.

- Yep. J'aurai pris comme un échec de ne pas pouvoir en faire partie. Avec Kenshirō, c'était un peu un jeu au cours de l'Académie. On voulait tout deux en faire partie. Depuis l'départ, j'ai cette ambition. La Onzième ou la mort.

Un léger raccourci évidemment. Mais qui exprimait clairement sa volonté sans faille. Il comprenait également que les pouvoirs de l'homme face à lui s'étaient éveillés tardivement. Au cours de sa formation à l'Académie, il avait compris des professeurs qui s'étaient occupés de lui que lui-même - et certains autres comme ses meilleurs potes - étaient plutôt précoce dans ce domaine. Très précoce, ce qui leur avait permit d'avoir accès aux sièges dès la sortie de l'Académie.

- T'es comme moi au fond. Un natif du Rukongai qui a réussi à s'en sortir. Quoi qu'il arrive, ça fait de nouveau des guerriers. Même si l'on a pas le même regard sur les choses. Finalement, c'est bien nan ? Ce sont nos différences qui peuvent nous renforcer. Au passage, j'me sens carrément mieux. T'es vraiment doué...

Il sentait que son corps reprenait des forces, que ses brûlures s'apaisaient. Il se demandait toutefois s'il lui faudrait être "prudent" les prochains jours, juste au cas où.

+750 °°

Un simple sourire répond à son rire et à ses paroles. Au moins a-t-il compris la plaisanterie dissimulée derrière ce ton faussement sérieux. Je ne doute pas que dans la réalité, peu d’homme viendrait affronter le nouveau capitaine de la onzième. Pas aussi vite. Ces défis ne sont pas légions, exceptionnel serait probablement le bon mot. Mes paupières s’éteignent un instant à ses propos. « En effet, c’est plutôt une bonne réponse. » L’épreuve des faits. Au final, seul ses actions diront si il est un bon meneur ou si il ne l’est pas. Mais sa volonté n’est pas à négliger.

Je ne la néglige pas à vrai dire. N’en ai jamais réellement douté.

Sans doute en a-t-il eu davantage que moi pour briguer le poste de capitaine de la onzième division. Je me permets néanmoins un instant de réflexion. Nous sommes différents sur de nombreux points, a t-elle point que nous pourrions être l’un et l’autre des représentations stéréotypées de nos propres divisions. En apparence tout du moins. La pensée me fait sourire. « C’est tout à ton honneur. J’avoue ne jamais avoir eu cette pensée d’un moi Capitaine avant que la situation ne l’exige. Je me contentais parfaitement de ma place de bas siège pendant ces très longues années. » Un rire léger ponctue ma phrase, bien éloignée de la détermination de mon vis à vis. Non, je ne pense pas être né pour être capitaine. Pour autant, je le suis devenu. Est ce que ça fait de moi un moins bon capitaine que mon nouveau collègue ?

Peut être. Qui sait ?

« Le vide du commandement n’est pas toujours facile à gérer dans nos divisions. » Nous avions perdu coup sur coup deux figures emblématiques de notre division, le capitaine Kotetsu étant l’une des premières à être tombée lors de la dernière guerre qui nous a arraché tant de haut gradé. Ce souvenir est toujours vivace malgré les années. J’étais là quand tout est arrivé. « Pour répondre à ta question, à mes yeux, la question de cette méthode ne se pose pas. Qu’on soit capitaine en ayant tué son prédécesseur ou en dévoilant son bankai, ça n’a pas grande importance. Ce qui importe, c’est la raison pour laquelle on se retrouve à le faire et ce qu’on veut en faire par la suite. L’une ou l’autre des méthodes n’est pas meilleures que l’autre, elles ont leur lot d'avantages et d'inconvénients. » C’est ce que je pense.

Les actes plutôt que les moyens. Cela rejoint ce qu’il dit après tout. Je précise cela dit. « Même si dans mon cas, je n’ai pas eu besoin de la recommandation d’autres capitaines étant donné le peu qu’il y avait à l’époque. » Il n’y avait pas tant de candidats remplissant la première exigence pour se permettre en plus de chercher l’approbation d’un conseil de guerre déjà trop pris et de quelques capitaines à peine promus.

Une surprise suivit d’un rire léger. « Plutôt extrême comme pari, mais je peux comprendre l’idée. J’ai l’impression que ça te ressemble bien. » Pourtant, je ne le connais pas vraiment, mais j’ai ce sentiment qu’il est ainsi. Entier dans sa façon d’être et de penser. Déterminer sur le chemin qu’il a choisi. Ah… Nous sommes vraiment deux opposés.

Je ne suis pas étonné qu’il vienne du Rukongai lui aussi. Un petit rire amusé vient ponctuer sa phrase - me rassurant également sur mes soins et son état. Ce dernier s’améliore en effet sous l’effet de mon shikai. Il devrait pouvoir se remettre rapidement au vu de sa constitution. « J’ai quelques talents, en effet. Même si je n’ai fait qu’agiter mon bankai pour devenir le capitaine de cette division. » Une boutade alors que je termine mon soin. Sur lui, les fleurs continuent leur office, le faisant ressembler à un arbuste fleuri à visage humain. Il faut dire que les brulures étaient nombreuses. « Pour le moment, il faut laisser le pouvoir de mon shikai agir. Tu peux t’allonger si tu le souhaites. Ce genre de soin me nécessite beaucoup d’energie mais en contrepartie, tu en utilises moins aussi. » Je m’écarte, récupérant un bonbon dans un petit pot placé sur une étagère avant d’aller récupérer un verre d’eau pour le tendre à mon patient, rajoutant un autre bonbon dans son autre main. « Tiens. Ça ne te fera pas de mal. » De l’eau et du sucre. Toujours un bon mélange dans ces situations.

Il ne pouvait pas réellement comprendre ce sentiment puisqu'il ne s'était jamais lui-même contenté de ce qu'il avait. Des ambitions, il en avait toujours eu. Même à l'époque où n'était pas encore Shinigami. A l'époque où le Rukongai était sa seule demeure et qu'il essayait de la dompter comme il pouvait. Sans Kamui, où serait-il aujourd'hui finalement ? Il se posait la question parfois.

Hirō avait le mérite de faire réfléchir en tout cas. Alors comme ça, à ses yeux la méthode n'avait guère d'importances ? Seules les raisons comptaient. Il aimait ce principe. Lui était un homme de convictions mais ces dernières étaient finalement propres à chacun. On ne voyait pas les choses de la même manière était sans doute pour cela que le colosse aimait échanger avec autant de monde différent. Il apprenait indirectement.

Avec ou sans recommandations, un véritable Capitaine devait faire sa place. Faire ses preuves. Mais l'Argenté avait un peu d'avance sur ce sujet puisqu'il avait officié bien avant d'être à la plus haute marche de la Onzième. Alors que la douleur semblait refluer, l'Argenté reprit la parole :

- Disons que j'suis du genre cash. Pas besoin de faire de détours pour dire les choses. Faut juste assumer et comme tu peux l'voir, c'est mon cas. Tu veux que j'te dise un truc qui m'a sauté aux yeux depuis que j'suis sorti de l'Académie ? Les gens confondent "franchise" avec "méchanceté. C'est con hein ?

Il eut un léger rire alors qu'il écoutait le Capitaine, s'allongeant comme demandé. Evidemment qu'il n'avait pas eu à montrer que son Bankai. Mais dans les faits, sa remarque restait exacte pour beaucoup. Mais c'était une jolie réplique et il ne pouvait qu'apprécier la justesse des remarques de Hirō. Il attrapa l'eau et le bonbon qu'il s'enfonça d'office dans la gorge et avala le tout d'une traite........ Avant de tout recracher sur le sol comme une merde, tandis que le bonbon faisait un ricochet pour aller s'écraser plus loin. C'est qu'en position allongée, c'était franchement pas bien malin d'essayer de boire cul sec. Il se redressa légèrement, penaud, passant sa main derrière sa tête.

- Meeeeeeeerde. J'suis désolé, j'ai failli m'étouffer et j'ai craché par réflexe. J'vais nettoyer t'inquiète. Dès que t'as fini, hop j'saute sur une serpillère et j'te fais le grand nettoyage. Il ne sera pas dit que le Kenpachi n'est pas capable de réparer ses conneries.

Oui. Un drôle de Kenpachi à dire vrai. Mais c'était bien de celui-ci dont ils avaient besoin finalement. Un homme hors du cadre. Hors des jeux de pouvoirs ou de famille. Un homme simple mais qui connaissait la valeur de la vie. Et ses devoirs.

- Ou alors t'as cherché à m'tuer par "accident". MOUHAHAHAHAHAHAHAHA !!!! Quand j'vais raconter ça aux gars, ils vont s'foutre de ma tronche dans la seconde, ces p'tits bâtards. M'enfin, j'vais gérer ça. D'ailleurs ça m'fait penser... De Capitaine à Capitaine. T'as senti le regard de tes potes ou de tes gars changer quand t'es devenu Capitaine de la Quatrième ? J'suis curieux de savoir c'que ça change pour les autres.

Simple curiosité, on ne voyait aucune crainte dans son regard. Juste un peu de gêne d'avoir salopé l'endroit.

Franchise et méchanceté. Mon visage se fait réflexif à cette conviction avant que je ne réponde de cette voix tranquille que j’emploie de coutume. « Je ne pense pas que les deux soient foncièrement liés, même si tu peux être francs et méchants, ou être juste l’un ou l’autre. Au final, la manière dont tes paroles sont prises en comptes dépendra beaucoup de ton interlocuteur. Mais au Seireitei, et bien, les règles ne sont pas les mêmes qu’au rukongai, et la façon de se comporter non plus. Il faut parfois savoir s’adapter à l’autre pour obtenir ce que l’on veut. » Dans ma profession, j’ai une certaine autorité concernant mon domaine d’expertise qui me permet de pouvoir faire preuve d’une certaine franchise mais je sais adapter mon discours en fonction de mes patients.

C’est une règle importante dans mon travail.

Mes paupières s’éteignent un instant. « Enfin, la franchise peut blesser même si elle n’a pas vocation à être méchante. Parfois les paroles sont plus tranchantes qu’un sabre si tant est que tu sais comment les utiliser. » J’imagine que sa franchise n’a pas vocation à être blessante, mais ça n’empêche pas qu’elle peut l’être malgré lui. Il n’y est pour rien en soit mais ce n’est pas un mal d’en prendre conscience aussi.

Je savoure moi-même mon bonbon avant de proposer la même chose à mon interlocuteur. Mon shikai puise énormément dans mon énergie pour rendre mes soins plus efficaces et cette dose d’énergie ne sera pas superflu. Mais pour mon patient… Un rien de surprise s’affiche sur mon visage alors que je m’écarte de lui pour éviter de me retrouver asperger par l’eau. Il tousse mais plus de peur que de mal vu qu’il se redresse, penaud mais entier. Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je viens récupérer le verre, le forçant à se rassoir pour vérifier son état. « Ne t’inquiète pas, ce n’est rien. Dis toi qu’au moins tu n’as pas vomi. » Je viens récupérer de nouveau de l’eau que je pose sur le côté. « Rallonge toi et ne t’agite pas. Tu boiras de nouveau quand tu te sentiras mieux. » Sans vraiment prendre la peine de ce qu’il a dit, je viens ramasser et nettoyer ce qu’il a fait, lui adressant un regard pour lui signifier que je n’avais que faire de ses protestations.

Il ne manquerait plus qu’il se brise la nuque en glissant dans de l’eau au milieu de mon hôpital…

Un sourire amusé glisse sur mes lèvres à ses mots. « Si j’avais voulu te tuer par accident, j'aurais trouvé quelque chose qui éveille moins les soupçons que “mort étouffé par un bonbon et un verre d’eau”. Je suis médecin, n’oublie pas. » Quelque chose qui n’aurait pas éveiller les soupçons. Enfin, non pas que ce soit quelque chose qui m’intéresse réellement. La question suivante est plus sérieuse. Je me redresse après avoir ramassé et nettoyé ce que je devais. Les regards.

« Oui, la plupart ont changé. » Je ne sais pas si c’est une bonne chose ou pas à ses yeux. Il a l’air proche de ses hommes qu’il considère et appelle ami. J’ai des amis au sein de ma division mais je suis aussi leur capitaine et notre amitié ne doit pas être altérée par cela. « Je t’ai dis que j'étais un bas siège avant de devenir Capitaine. Certains n’ont pas beaucoup apprécié qu’au vu de ma position, je brigue ce poste. » J’ai eu pas mal de réflexion et de regard trouble lorsque ça s’est appris. D’autre au contraire, étaient plutôt admiratif ou surpris. « Plus encore que j’y parvienne. » Un rire léger ponctue ma phrase avant que je ne reprenne après cette brève hilarité. « J’étais un bon élément et je connaissais bien la division au vu de mes nombreuses années de services, mais de là à me voir à leur tête, certains on vu trouble. » Je me souviens qu’au début, certains sièges étaient plutôt hostiles à ma candidature. Je viens m’asseoir à côté du nouveau capitaine de la onzième division avant de reprendre.

« Mais ils ont tous fini par s’y faire avec le temps. Certains me considèrent moins digne que mes prédécesseurs mais ils restent dans le rang et me font confiance, alors ça me convient. D’autres au contraire m’ont grandement encouragés et se sont même montrés très satisfait de ma prise de poste et de mes décisions. Et d’autres… n’en ont rien eu à faire. Tant que quelqu’un prenait le poste, ça leur allait. Je ne suis “pas si mal” d’une certaine façon et ils savent que je gère bien la division aujourd’hui. » Ça m’amuse un peu de le dire comme ça mais c’est le cas. « Quant à mes amis et bien, ils sont toujours mes amis mais forcément lorsque nous sommes ici, je reste leur supérieur direct alors nous faisons tous la part des choses. » Sans doute est ce plus facile, quand nous sommes dans cette position, d’avoir des amitiés dans d’autres divisions bien que ça ne me dérange pas plus que ça.

Mes paupières s’éteignent un instant. « Au final, ce qui importe, c’est de légitimer ta place en tant que Capitaine, que ce soit auprès de tes hommes ou de tes amis. Qu’ils aient confiance en toi et en ta prise de décision. Le reste se fait naturellement. »

S'adapter à l'autre. Sa spécialité, ça tombait bien non ? S'il n'était pas une éponge pour autant, le colosse pensait néanmoins être capable de s'adapter à toutes les situations, et donc à toutes les personnalités. Même s'il était évidemment plus à l'aise avec le Rukongai.

Une notion lui échappait néanmoins. Celle que les mots puissent être plus redoutables, plus tranchant pour reprendre ses termes, qu'une lame. Là dessus, il ne pouvait évidemment pas être d'accord. D'ailleurs un petit ricanement s'échappait de sa gorge tandis qu'il se repositionnait comme le lui indiquait le capitaine. Il imaginait sans mal Kaimetsu faire plus de dégâts qu'un très bon orateur, c'était une vérité difficile à réfuter.

- J'suis quand même pas convaincu. J'pense quand même que Kaimetsu est plus tranchante hein. Pas sur que la franchise face le poids là.

Et il éclata de rire, fier de sa connerie. Certes, il comprenait où Hirō voulait en venir, il n'était pas si con. Mais il n'était jamais le dernier à sauter sur une perche aussi évidente. Puis ça faisait du bien de se détendre un peu, surtout après un combat aussi éprouvant. Il n'avait d'ailleurs pas rebondi sur la réflexion du médecin. Il est vrai qu'il aurait été aisé pour lui d'abréger les souffrances de son patient, en faisant passer cela pour un accident.

Quant à la réponse sur son autre question, elle parvint à calmer le caractère emporté du géant. Il prêtait l'oreille alors qu'il imaginait sans mal la réaction de ceux qui avaient côtoyés le capitaine avant qu'il ne devienne ce qu'il était aujourd'hui. La jalousie. L'incertitude. L'envie. Des sentiments qui lui échappaient complètement mais qui pouvaient expliquer pareilles réactions. De son côté, il ne craignait pas trop cela. Comparé aux autres divisions, la mentalité de la Onzième était différente. Car quiconque au sein de sa division aurait eu des vues sur le poste en question aurait pu se lancer dans ce fameux défi. L'acceptation d'un Kenpachi était sans doute plus rapide que celle d'un Capitaine qui avait prit le temps de se positionner sur le poste et de progresser à son rythme.

- J'comprends. Le poids de nos prédécesseurs n'est pas si évident hein.

Les deux hommes pouvaient se comprendre sur ce dernier point. Zaraki Kenpachi était une légende. Il ne le ferait pas oublier de si tôt. Quant à Hirō, une autre légende avait été également à la tête de sa division. Et de celle du colosse d'ailleurs.

- J'ai pas trop d'doutes sur le fait qu'mes gars aient confiance en moi. J'vais maintenant prendre le temps de leur prouver qu'ils ont raisons. Mais merci pour ta franchise. J'dois dire que ça m'aide à y voir un peu plus clair.

Toujours allongé, une question le taraudait. Une dernière.

- Y'en a encore pour longtemps ?

Tu pourras conclure si tu veux