Dés-errance

Un événement bien trop rare. Le chaos au sein de la structure même du Gotei 13 se faisait notamment ressentir par l’absence des réunions des dirigeants de chaque division. Autrefois l’occasion de prendre les décisions de groupes, l’existence même du Conseil Militaire avait logiquement prit cette place. A quoi bon tenir un tel regroupement si c’était pour que le premier constat soit le vide au sein des divisions ?
Cette simple réflexion était la raison même pour laquelle Nozomi fut réellement surprise en recevant le message. Elle ne s’attendant pas à ce que la tradition ne reprenne dès maintenant.

Quelle pouvait en être la raison ? Sa première réflexion fut l’histoire dans laquelle elle se retrouvait mêlée. Idée bien vite balayée dans un recoin de son esprit. Si avancée il y avait, elle ne pouvait que supposer que cela se ferait autrement. Surtout qu’il y avait beaucoup à faire pour espérer que l’issue ne soit un minimum favorable.
Par contre, il était certains que quelque chose d’important s’était passé. Et qu’il était hors de question de ne pas répondre dans l’instant à une telle convocation. Faire attendre le Sotaichō, ainsi que l’ensemble du Conseil militaire qui devrait logique être présent, n’était pas quelque chose d’envisageable.

Le Haori au dos, la Capitaine de la Justice se rendit alors aux quartiers de la Première Division. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu de raison de s’y rendre. Et quand bien même elle doutait que l’objet de cette réunion n’ait un quelconque rapport direct avec elle, une certaine appréhension restait malgré tout présente. Tant que l’enquête ne serait pas officiellement levée, sa position ne serait pas la plus enviable de toutes.
Ce fut alors avec tout le sérieux de rigueur visible sur son visage qu’elle pénétra dans le lieu où se tenait telle réunion. Un rapide coup d’oeil afin de constater que seul était présent le Conseil pour l’heure. A une exception prêt. L’ancien Commandant en Chef du Kidōshū n’était nullement visible.
Doutant que la raison était une discrétion similaire à sa dernière rencontre avec l’individu, une pointe d’inquiétude fut de nouveau présente. Sans pour autant craindre pour elle, il était légitime de se demander si quelque chose ne lui était alors pas arrivé.

Elle n’en laissa cependant rien paraître. Un salut à l’attention du Capitaine Commandant, puis de chacun des trois autres présents. Un salut des plus formels en soi, qui ne devrait étonner personne connaissant la noble Capitaine.
Puis, sans un mot supplémentaire, elle alla se mettre à sa place. L’absence de Capitaine permettant de remplir chaque division donnerait certainement une image bien différente de ce à quoi devrait ressembler cet événement.

Une convocation de la première division. Une missive rare pour ne pas dire exceptionnelle et qui n’augure rien de bon à mon sens. Depuis la fin de cette guerre qui avait mis à mal les effectifs du Gotei 13 et vu la disparition de la plupart des hauts gradés, le conseil militaire avait pris la place des rassemblements de capitaine. Rien d’étonnant. Comment faire perdurer ces réunions alors que les hauts sièges des divisions étaient tous vides de vies ? Le Seireitei se devait de tenir et la décision du Capitaine Commandant avait certes été troublante pour les plus anciens mais compréhensible et justifiée au vu de la situation catastrophique à laquelle nous faisions face. Et aujourd’hui, le constat demeure mitigé quand bien même l’évolution est plus positive qu’on aurait pu l’imaginer à la sortie de ce conflit. Après plusieurs années, la moitié des hautes fonctions de chaque division est remplie de nouveau.

De combien d'années encore le Gotei 13 aura-t-il besoin pour parvenir à retrouver ses forces d’antan ? La question demeure entière, et nulle n’est capable d’y répondre pour l’heure. Du temps, c’est la seule réponse absolue. Mais ce temps ne nous est pas toujours accordé.

Mes pas me mènent vers la première division, mon haori sur le dos, mes cheveux détachés accompagnant ma marche en dissimulant le symbole de la quatrième marqué sur le tissu. Mes pensées se perdent en conjectures que je finis par abandonner. Nous saurons bien assez tôt la raison de ce rassemblement, il est inutile de me perdre à relier les indices qui n’en sont peut être pas. Alors sans plus m’y perdre, je pénètre dans la salle rassemblant déjà plusieurs personnes. Des membres du conseil militaire ainsi que certains de mes collègues. J’adresse une salutation formelle envers nos supérieurs déjà présents avant d’adresser un sourire plus avenant à mes comparses comme seul salut.

Le silence est roi pour l’heure aussi, je préfère ne pas le troubler. Je ne suis pas très coutumier de ces réunions après tout. Doucement, je viens prendre place à côté de mon ami plus proche qu’il ne l’est du conseil tout en veillant à laisser assez de place pour le Capitaine de la deuxième qui ne devrait plus tarder à présent.

Wah. Ca c’est trop la classe quand même. Se faire inviter par le Capitaine-Commandant à rejoindre une réunion des Capitaines. Bon. En vrai, il savait pas que ça se faisait, les réunions de Capitaines. Mais clairement là y avait moyen de se chauffer. Un peu de mal à se faire à l’idée quand même, et surtout à la manière dont il allait falloir se comporter. Heureusement, quelques infos sur le protocole sont rappelées, c’est qu’il y avait beaucoup de nouveaux Capitaines et donc rares seraient ceux à avoir déjà profité de l’expérience de participer à ce type d’événement.

Il compte. Trois, y a personne. Sept, y a personne. Neuf…

- Héééé, Tomoe-Taichō. Je vous ai trop manqué pas vrai ? Désolé, j’aurais dû y penser et chercher à me couvrir un peu. Essayez de pas défaillir en matant mes bras musclés, je sais que ça peut donner quelques chaleurs !

Il ricane. Kenshirō n’a pas parlé trop trop fort non plus, mais il n’a pas franchement cherché à chuchoter non plus. En face de lui, le Capitaine de la Quatrième Division. Ils n’ont jamais vraiment eu l’occasion de se rencontrer, mais il a passé assez de temps à deux doigts de clamser à l’hosto pour savoir à quoi il ressemblait le boug. En bout de ligne, celui de la Douzième. En le voyant, il fronce des sourcils, et continue de s’adresser à Nozomi, cette fois-ci à un volume franchement plus maîtrisé :

- Mais… il était pas mort ce con ?

Il le trouvait pas vraiment con, hein. Il l’avait bien dépanné avec ses astuces pour se camoufler en nana, ça avait fait franchement mouche. C’était plus une manière de ponctuer, hein. En tout cas très étonné de le voir là, ça faisait une paie que personne avait entendu parler de lui, à ce qui lui semblait.

Lorsqu'elle débarque à son tour, faisant disparaître son kiseru fraîchement éteint dans sa manche, Yoru jette un œil aux personnes déjà présentes. Bien entendu, diligente comme elle l'est, la Capitaine de la Neuvième est déjà sagement à sa place, droite comme un i; en revanche, plus surprenante est l'absence (pour l'instant) du ninja en chef. Impassible, elle détourne le regard, cherchant sa place. En l'espace de quelques mois, elle a assez vu ces deux-là pour toute une vie.

Pour une fois, et au vu du contexte, elle ne se fait pas remarquer, portant son long haori violet au-dessus d'un uniforme impeccablement porté; seules ses éternelles lunettes teintées cachent en partie son regard. Avisant le côté des Divisions paires - partons du principe que le Kidōshū représente une "division 14"; a-t-il seulement eu l'occasion de se voir représenté lors de ces meetings par le passé? -, elle vient logiquement se placer en bout de rangée, derrière la Capitaine de la Douzième Division, fraîchement reparue après une absence prolongée dont la Nécromancienne n'a pas vraiment saisi les raisons. La dernière fois qu'elles se sont croisées... oui, ce devait être au retour de leur petite expédition avortée dans le Yermo, qui s'est soldée par un colloque peu amical avec la population locale. D'un signe de tête, elle salue sa collègue. La scientifique est-elle au courant que Yoru, toujours au grade inférieur lors de leur précédente rencontre, mérite désormais sa place dans cette petite réunion?

Ses yeux balaient les représentants du Conseil militaire. Si elle n'est pas intimidée de voir, pour la première fois, ces légendes vivantes réunies ensemble en un seul lieu, prétendre que la solennité de la situation ne lui fait pas un petit quelque chose relèverait du mensonge pur et simple.

Enfin, pas toutes les légendes. Manquant à l'appel, son prédécesseur ne laisse pour l'instant qu'une place vide derrière lui. Voilà qui lui rappelle ses propos lors de leur récente entrevue nocturne, au cours de laquelle Yoru a été mise dans la confidence : le Yamashita serait, lui aussi, sous étroite surveillance et en passe de tomber en disgrâce.

Enfin, les suppositions, comme toujours, ne mèneront à rien. Silencieuse, elle se résout à patienter, le temps que commencent les choses sérieuses.

Cela faisait des années.
Des années depuis la dernière fois que tous les Capitaines du Gotei 13 avaient été rassemblés.
Et ce pour la bonne et simple raison que pendant un temps, le Gotei 13... n'avait plus eu de Capitaines à rassembler, la plupart d'entre eux ayant disparu dans l'ultime assaut mené contre les Datenshi et les autres ayant été promus au nouvellement créé Conseil Militaire.
Cela ne datait pas d'hier, et pourtant certaines places tardaient encore à être comblées. D'autres l'avaient été mais que très brièvement, parfois même plusieurs fois pour certaines d'entre elles. D'autres encore ne tarderaient peut-être pas à être perdues - incluant la sienne, Sora ne pouvait l'ignorer.

Cela ne l'empêcha pas de se présenter, drapé de son haori aux couleurs de sa Division, pour saluer leurs hôtes. Faire l'objet d'une enquête - ô combien risible - ne changeait pas le fait qu'il était encore le Capitaine de la Nibantai, et continuerait de l'être aussi longtemps qu'il le pourrait. Si qui que ce soit avait un problème avec cela, libre à lui de se manifester.
Toujours était-il, donc, qu'une réunion des Capitaines était un événement, plus encore qu'elle ne l'était par le passé - d'autant plus maintenant que le Gunjiseiken, de par ses cinq membres, se suffisait à lui-même en terme de concertation. Pour qu'on ait jugé utile de remettre au goût du jour cette fameuse tradition, cela prêtait évidemment à se demander quelle était l'occasion.

Dernier arrivé mais néanmoins dans les temps, il alla prendre sa place à l'emplacement qui lui était désigné, et peut-être était-ce le dernier endroit où il n'avait pas encore eu à remplir les fonctions jadis occupées par feu Soi Fon ; cela faisait-il de lui un Capitaine « complet » après six années ?

Si voir Yane Yoru être invitée à se joindre à eux est logique, il ne saurait pour autant s'en réjouir, ayant déjà beaucoup trop eu à la supporter dernièrement pour son propre bien - et le sien avec, si cela devait continuer.
Il n'en fit toutefois rien remarquer, pas plus qu'il ne se préoccupa des autres conviés, quand bien même c'était la première fois qu'il côtoyait en personne le fraîchement nommé Capitaine de la Cinquième Division.
Les bribes d'informations qu'il avait pu obtenir sur lui ne l'avaient pas impressionné, malgré les récents faits d'armes qui lui avaient valu sa promotion. Désespérait-on à ce point de combler les places encore vacantes, pour aller recruter les Capitaines de demain pratiquement sur les bancs de l'académie ?

Plutôt que vers ses pairs, c'est vers les membres du Conseil Militaire que son regard se tourna, cherchant dans leur attitude quelque indice sur les raisons de cette convocation. S'il n'était pas sans avoir relevé l'absence du Grand Maître du Kidō, il parut ne pas s'en préoccuper, préférant se focaliser sur le visage du Capitaine-Commandant.
Il n'allait pas tarder à parler.

Il se redresse, toussote un peu. Bombe même le torse, réhausse ses épaules… tout ce qu’il faut pour être plus masculin lorsque Yoru passe les lourdes portes de la grande salle. Koshirô avance même un peu sa mâchoire, façon parrain. C’est qu’il était toujours préférable pour la bonne tenue d’un plan qui lui était propre de préserver « Loona » en membre de l’association des femmes shinigami. C’est qu’il n’avait pas encore tout… tout « conclu », oui, disons-le comme cela.

Puis débarque un type avec une bonne bouille. Bon, c’est pas qu’il est mignon hein, mais c’est qu’il lui rappelle un peu la maison, d’une certaine manière. Et là il se pose la question : en voilà une panoplie d’énergumènes qui devaient pas se marrer souvent. Enfin, à part peut-être pour Yoru ; quand on en arrive à organiser une grosse virée sur terre dans le seul but de se ravitailler en lingerie, c’est qu’on est un peu porté sur le c… heu, sur la rigolade, oui, voilà.

Il se permet de jeter un œil aux membres du Conseil – ils étaient pas cinq ces glands normalement ? – et il duckface un peu, se questionnant. La Kuchiki, clairement, c’était pas la même ambiance. Plutôt glaciale la meuf, ça se flaire au premier coup d’oeil. Un autre a l’air blasé, comme si une grimace permanente prenait place sur son visage. Un autre encore, en face d’eux, crispé avec un fameux bâton dans le cul. Et au final, en bout de ligne, le Sotaichō, le roi de la classe, l’homme trop bien sappé. Bon c’était pas son style, mais le pardessus en kimono c’est stylé de fou en vrai. Il réalise un truc soudainement, soufflant à Nozomi.

- Vous êtes que trois nanas, t’as vu ? Ca en dit long sur la place de la femme si tu veux mon avis… triste époque hein, pfff, on vit dans une société vraiment.

Fait une moue entendue à sa voisine, avant d’être arraché de ces pensées futiles par la prise de parole du Capitaine-Commandant. Quand il a terminé, la première réaction de Kenshirō est de se marrer. Un relent de rire nerveux sans doute, mêlé à une sorte d’excitation.

- Héhéhé, je crois que vous avez en effet tiré le gros lot ! Il se trouve que j’ai personnellement… enfin, heu… Disons qu’une de mes subordonnées était présente sur terre dernièrement, et que j’ai personnellement recueilli son témoignage détaillé, du coup.

Pfiou, on l’avait échappé belle !

- Elle a affonté une Arrancar qui lui a parlé de l’Ultima Necat. Elle a dit, heu, que je me souvienne… un truc du genre « ciel, des Shinigami, j’aurais plutôt cru tomber sur l’Ultima Necat pardi ». Elle trouvait bizarre qu’on soit pas au courant qu’ils existent, comme ça me… comme ça lui disait rien. Comme deux et deux font quatre, moins un trois, calcul rapide… je dirais que si elle s’attendait à les trouver pour protéger Tokyo des Gillian plutôt que les Shinigami, c’est qu’il doit y avoir un groupe à Tokyo qui s’appelle comme ça. C’est quand même franchement louche qu’on sache pas ça alors que les Arrancar les connaissent… peut-être un petit groupe de chasseurs, genre des Quincy ou quoi ?

Il sait que les Quincy, ça chasse les Hollow. La base. Par contre sur le coup il fait un peu vite abstraction du fait que les Quincy sont cannés, en principe.

- Pour les Abyssaux… j’en ai encore froid dans le dos… Enfin, j’veux dire, ma subordonnée raconte trop bien. Elle a dit que des bestioles leurs sont tombés dessus, et ont attaqué autant les Shinigami que les Arrancar. Des trucs vraiment moches quoi, j’suis sûr même à la Troisième ils en ont pas des comme ça. Puis quand on les a battu, y a des types sortis de nulle part qui nous ont causé. Ils ont dit que leurs Abominations étaient trop faibles, mais que la prochaine fois ils nous feraient morfler ou un truc du genre. Il a dit qu’il était le Roi des Abyssaux, genre. Et qu’il se gênerait pas pour venir visiter nos mondes à tous… Y faisait trop flipper, vraiment, et j’suis pas une chochotte ! Même Shinjiro et Mizuki ils ont dit pareil !

Bon, forcément avec un témoin comme Kenshirō, tout n’était pas forcément limpide. Mais ça ne l’empêchait pas de regarder les autres genre « hé ouais ! J’ai fait avancer l’enquête moi ! ».

Les Capitaines arrivaient, les uns après les autres. Généralement dans le silence, excepté les saluts de rigueur. Evidemment, il se devait de toujours y avoir une exception. Et l’identité de cette dernière ne fut nullement une surprise pour Nozomi. Manque de chance pour elle, l’individu se trouvait être placé juste à sa gauche dans une telle réunion.
Au moins, cela détendait quelque peu l’atmosphère. La première prise de parole n’eut le droit à aucune réponse. Les quelques rencontres passées lui avaient permis de savoir que cela ne servait pas à grand-chose, une telle attitude était dans sa nature. Après tout, ce n’était pas une mauvais garçon, il manquait simplement un peu d’éducation.
La seconde par contre, sous son ton léger, était déjà plus intéressante, faisant légèrement froncer les sourcils en fixant l’individu, le « con » en question.

>> Disparu en mission il me semble. J’avais cru entendre parler de son retour…

La disparition d’un Capitaine était une chose dont on entendait parler. Son retour également, mais elle n’avait pas les détails. Ce genre de choses restaient cependant rares et il était évident qu’il lui faudrait se renseigner un peu. Beaucoup de choses s’étaient passées en l’absence du Capitaine de la Douzième et si elle ne soupçonnait pas de lien entre les deux points, s’en assurer ne serait pas forcément un mal.
Ces interrogations en suspens, deux visages qu’elle avait trop vu vinrent compléter la liste des présents. L’une des personnes les plus suspectes du Gotei 13 et l’autre Capitaine suspecté à tort. Leur absence aurait été étonnante. Nozomi se garda bien de les saluer plus que de nécessaire.
Après tout, leurs précédentes rencontres n’avaient pas eu lieu.

Tout le monde présent, les choses sérieuses purent commencer. Et, d’entrée de jeu, un point fut marqué. Elle n’était certes pas des plus familière du Capitaine-Commandant, mais… Cette inquiétude n’était pas vraiment habituelle de sa personne.
L’explication venant bien rapidement, la mise en danger de l’équilibre des mondes n’étant pas un sujet à prendre à la légère. Cependant, les deux termes cités ne parlèrent pas un seul instant à la Capitaine de la Neuvième Division. Qu’elle ne fut alors pas sa surprise d’entendre un rire à sa gauche. Il manquait certes de tenue, mais elle ne pensait pas un seul instant qu’un l’inquiétude des plus puissants Shinigami en fonction puisse le faire réagir ainsi.
Son regard assassin en cette direction fut d’ailleurs un bon témoin de ce qu’elle pouvait en penser. Son expression changeant alors au fur et à mesure de l’explication donnée. A la fin de cette dernière, elle fut la première à prendre ensuite la parole.

>> Des humains se serraient regroupés et les Arrancar seraient au courant avant nous ? S’il s’agissait de Quincy, nul doute qu’ils s’en seraient pris aux Hollow et n’auraient pu se cacher longtemps. Et puis, ne nous les avons pas tous exterminés ? Si d’autres humains se regroupent, cela n’annonce rien de bon…

Elle ignorait tout de leur but, et ce n’était même pas la réelle raison de cette remarque. Simplement, si leur surveillance du monde mortel était passée à côté de cela, quelles autres informations pouvait-elle avoir manqué ? L’état du Gotei n’était guère glorieux, elle en était bien consciente. Et voilà la preuve de ce que cela entraînait.
Et il y avait ces Abyssaux et Abominations. Bien trop peu d’éléments furent donnés pour réellement s’exprimer au sujet. A part que, aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir, ces termes lui demeuraient inconnus. Ce qui ne pouvaient rien augurer de bon non plus.

>> Mais des monstres qui s’en prennent autant à nous qu’aux Arrancar… Cela semble encore pire, surtout s’ils disposent d’une armée. Peut-être que cette subordonnée et les autres témoins pourraient venir, un récit complet devant l’ensemble des Capitaines étant plus parlant que face à un seul. Sauf si vous avez plus d’informations.

Son regard fut alors dirigé vers le Conseil, n’ayant pas réellement relevé le lapsus dans le discours. Cette convocation, les paroles du Sotaichō. Il serait surprenant que les seules informations à sa disposition soient le récit du Capitaine de la Cinquième Division.
D’un coup, elle en oubliait presque les problèmes internes, qui tombaient définitivement au mauvais moment si une menace externe plus importante se présentait.

Les portes se fermèrent. Tout le monde était arrivé, la réunion allait pouvoir commencer.
Enfin, tout le monde ou presque.
À l'absence déjà remarquée d'un membre du Conseil Militaire s'ajoutait de leur côté celle du Capitaine de la Onzième Division. Ce qui, considérant l'implication avérée de cette dernière dans certaines affaires récentes - tout notamment l'arrestation du dénommé Fujiwara Katsuo - avait de quoi interpeller.

Pourtant à peine nommé, le nouveau Ju-Ichi Bantai Taichō chercherait-il déjà à se faire oublier ? S'il espérait éviter les comptes à rendre en ne se présentant pas à cette convocation, il risquait d'avoir une mauvaise surprise. Ou peut-être comptait-il sur son nom prestigieux pour les faire disparaître ? Dans un cas comme dans l'autre, Sora n'était pas près de lâcher l'affaire.
Ce n'était certes pas le moment où l'endroit pour parler de tout ça, le Grand Maître du Kidō les ayant enjoint à la plus grande discrétion, mais ce n'était pas pour autant qu'il oubliait de qui il devait se méfier - fussent-ils uniquement les instruments ignorants du véritable instigateur.

Sans livrer d'explication sur ces places vides, le Capitaine-Commandan s'avança et prit la parole, déterminant l'ordre du jour. Il était question d'Abyssaux et d'un Ultima... Quelque chose. Sora n'avait jamais entendu parler ni de l'un ni de l'autre, aussi garda-t-il le silence pour prêter l'oreille à ceux qui étaient mieux renseignés.

De façon étonnante, c'est le très récent Capitaine de la Cinquième Division qui prit les devants, annonçant que l'une de ses subordonnées lui avait rapporté de précieuses informations sur ces deux sujets. Et si tout ce qu'il avait à en dire était effectivement bon à savoir, le Commandant en Chef de l'Onmitsukidō ne put s'empêcher de relever un détail dérangeant :

▬ Et peut-on savoir ce que votre subordonnée faisait sur Terre, exactement ? Le rôle de votre Division n'est-il pas de surveiller le Rukongai, aux dernières nouvelles ?

Certes, ça faisait bien leur affaire dans le cas présent, mais il n'en restait pas moins qu'il ne voyait pas pour quelle raison des membres de la Cinquième - surtout une simple Shinigami ; son Capitaine n'avait mentionné aucun Siège - iraient traîner sur Terre alors qu'ils étaient parmi ceux que leur fonction attachait le plus à la Soul Society. Ce n'était cependant pas le cœur du sujet, même si la Treizième Division aurait certainement à répondre de n'avoir rien perçu de tout ceci. N'avoir personne à leur tête n'était pas une excuse pour négliger leurs devoirs.

▬ La première fois que nous avons exterminé les Quincys, ils ont mis plus de mille ans à revenir nous demander des comptes. J'ai peine à croire qu'en à peine plus de vingt ans depuis notre dernière guerre contre eux, ils aient déjà pu remettre sur pieds une organisation suffisante pour représenter une menace, à supposer qu'il y ait le moindre rescapé. Et effectivement, nous les aurions déjà repérés.

À moins que les instruments dédiés du Bureau de Développement Technique aient été aussi peu utiles que leur Directeur dernièrement. Oh, il avait entendu parler de son retour providentiel - et n'était pas sans avoir sa propre opinion au sujet de ce à quoi ses quelques mois « d'absence » avaient pu être occupés. Sans doute l'intéressé pouvait-il s'estimer heureux que Sora ait déjà ses propres problèmes à gérer, ou le debriefing aurait été autrement plus méticuleux avant qu'on le laisse reprendre ses activités.

▬ Quand les Ryoka s'étaient introduits à la Soul Society, je crois me rappeler que leur groupe était partiellement composé d'humains dotés de pouvoirs spirituels, fit-il en s'adressant au Gunjiseiken - et plus particulièrement aux anciens Capitaines de la Huitième et de la Treizième Division -, ne sachant pas lesquels parmi ses actuels confrères avaient véritablement assisté à cette « invasion » à l'époque. Se peut-il qu'ils aient quelque chose à y voir ?

Le but de cette expédition étant à l'époque de secourir Kuchiki Rukia avant son exécution, sans doute était-elle la plus à même de les éclairer à ce sujet. Le Jūreichi s'était peut-être déplacé, mais rien n'empêchait ces fameux humains « sortant de l'ordinaire » d'en faire de même, s'ils étaient toujours en activité. Certains d'entre eux avaient - croyait-il se rappeler - péri pendant l'attaque des Datenshi, mais pas tous, et peut-être avaient-ils laissé des alliés derrière eux.
C'était, bien sûr, la perspective la plus optimiste ; au moins sauraient-ils un tant soit peu à qui ils avaient affaire plutôt que de devoir composer avec une force inconnue. Et puis, qui d'autre sur Terre était capable de tenir tête à un Arrancar pleinement formé ?
Son attention revint ensuite vers ses homologues, en particulier vers les représentants de la Cinquième et de la Douzième Division :

▬ Et a-t-on la moindre idée de ce que peuvent être ces Abyssaux ? Je suppose que personne n'a ramené un échantillon qu'on puisse analyser ?

*Visage choqué*. Incrédule, il regarde autour de lui.

- Non mais, pfff, m’enfin, quelle idée, ahah, allons, non, hein, bon.

Certaines questions des autres Capitaines avaient déjà été un poil embarrassantes. Genre, s’il fallait qu’il ramène Loona en pleine réunion, ç’allait pas la joie. Et expliquer ce que les Shinigami avaient foutu sur terre ce jour-là… Bon, instinctivement, il avait adressé un regard à la Nécromancienne, mieux placée pour répondre à cette question, mais elle s’était complètement abstenue de prendre la parole. Bah ouais, « choisir de nouveaux sous-vêtements » c’était en effet pas dingue comme justification à cette petite promenade sur terre. Mais même pas le temps de trouver un mytho à balancer, paf ! La Kuchiki vient circonscire ses possibilité de manœuvres autour de cette situation. Se sentant piéger, que faire ?

- J’aime pas ça m’habiller en nana ok ! C’était… pour la science. Oui, la science ! *Pointe Seiichi de l’index.* C’est lui il m’a bricolé une apparence de femme ! *Tourne l’index vers Yoru.* Et c’est elle elle a voulu s’acheter des petites culottes sur terre !

Mizuki allait être verte quand elle allait apprendre tout ça… C’était râpé pour l’onsen avec les filles, hé merde, tout ça pour ça.

- Barf… bon tant pis, foutu pour foutu… Oui, j’étais sur terre, déguisé en fille pour infiltrer l’association des femmes Shinigami. Oui c’était bien moi, roh, ça va… À un moment, on s’est tous un peu séparés. Je me suis retrouvé seul avec Mizuki, de la Dixième. On était là, tranquilles, à la fraiche, quand on a perçu la destruction semée par les Gillian. On s’est chargés d’en buter un, avant d’être attirés par d’autres destructions orchestrée par des Arrancar. Elle a pas dit comment elle s’appelait, mais c’était une espèce de grosse mite qui fait du feu.
Puis c’est là que les bestioles nous sont tombées dessus, de nulle part. Des espèces de très gros insectes. Y en avait trois, mais le troisième était un peu plus humain, et y volait. Un gros papillon de nuit plutôt moche. On les a buté rapidement. On n’avait pas confiance en l’Arrancar, alors on a commencé à la bastonner, et c’est là que les autres ont causé.

C’était bizarre… l’impression, j’veux dire. Vous savez, comme face à un Reiatsu trop puissant. On peut plus bouger, on perd ses moyens. C’était pareil, ou pire, je sais pas. Sauf qu’il n’y avait pas de Reiatsu. Juste… quand ils sont là, le corps y répond plus pareil. Comme si ça suffisait à foutre la trouille. Et j’suis pas le genre à avoir peur hein, pas comme les filles, je le répète c’était pour une étude sociale tout ça hein ! Les voix… c’était bizarre ! Comme si c’était juste un gars qui causait, mais avec plein de voix dedans. Le type, il avait une tenue noire, et une tête toute blanche. Et y avait comme de la fumée qui en sortait… de la fumée blanche avec des têtes dedans !

Il fait vraiment un effort pour essayer de restituer ça en mots clairs et simples. Mais il peut en effet se percevoir qu’il n’en mène pas large, et qu’il est étonnant que quelqu’un qui aime tant la gloriole se fasse si humble au moment d’évoquer ce passage.

- J’aurais dû vouloir le latter. Vraiment. Mais c’était pas possible. Comme si… comme si une partie d’moi savait que j’allais caner si j’tentais quelque chose. J’suis trop jeune pour mourir, et vous avez besoin de moi c’est clair. Je pouvais pas.

Il se tenait dans un portail, ouvert dans le ciel, avec deux gars à côté. Très moches eux aussi. Un très gros insecte-démon-queq’chose je sais pas trop comment décrire. Mais même Shinjiro il fait petit à côté, genre, une bête quoi. Il avait une grosse épée aussi grande que lui presque, et il voulait tous nous buter. Le blanc, il l’a appelé Tulosangre. Et pis ce Tulosangre, il a appelé l’autre « Collecteur », mais le blanc lui il a dit Alhambro alors… Alhambro le Collecteur, j’imagine. Ce troisième là, on pouvait pas trop voir à quoi il ressemblait. Il avait un masque. Et puis comme des chaînes bizarres sont sorties de lui, sans qu’il dise un mot, et… il a « collecté », j’imagine. Il a déchiqueté les Abominations, il a tout récupéré, « en lui ». Et puis le blanc, que les autres appelaient le roi, il a aspiré toutes les âmes mortes des environs. Elles se sont jetées sur lui, pour rejoindre sa fumée bizarre. Puis il s’est présenté. Celicanto Re, Roi aux Multiples Voix. C’est marrant… c’est comme si tous ses souvenirs avaient été super flous ces derniers jours, et là que j’en cause… j’ai jamais eu une aussi bonne mémoire j’pense… Il a dit qu’il voudrait visiter nos mondes. Nous revoir. Et nous accueillir dans ses « lueurs mortes ». Puis ils sont partis par leur portail, je sais pas où. Mais c’était un soulagement qu’ils se cassent, vraiment...

Attendez, comment ça?

De plus en plus scandalisée par les propos du Capitaine de la Cinquième Division, Yoru tend la tête pour mieux le regarder depuis sa position. C'est vrai que maintenant que la supercherie est révélée, tout dans sa carrure et ses traits lui rappelle la fameuse Loona qui les a accompagnées dans le monde des vivants lors de leur petite virée shopping.

Quant à Seiichi... La Nécromancienne la regarde du coin de l'œil. Ou plutôt, "le"? Car le Capitaine Kyôakusei vient clairement d'en parler également au masculin. Les traits fins du scientifique l'auraient donc induite en erreur? Alors pourquoi personne ne s'est jamais donné la peine de la corriger? Pire, pourquoi Seiichi lui-même serait-il complice de cette mascarade?

Pour l'heure, elle attend sagement la fin du monologue de Kenshirō. Yeux rétrécis derrière ses lunettes, lèvres pincées, elle aimerait beaucoup sortir son kiseru pour en tirer quelques bouffées et se redonner une contenance, mais les circonstances ne s'y prêtent pas vraiment.


- Messieurs... (Elle brise le silence qui s'est installé suite à ce récit, son regard alternant entre les représentants de la Cinquième et de la Douzième, appuyant sciemment sur ce mot.) Je pense qu'une petite discussion s'imposera une fois cette réunion terminée.


La situation actuelle est évidemment peu propice à ce genre de digression. Elle fait un petit pas en avant, ressortant légèrement du rang afin que tout le monde puisse la voir - après tout, elle est à l'extrémité de la file.


- Mais ce n'est ni le lieu ni le moment, alors permettez-moi d'apporter quelques informations pertinentes pour compléter le récit. J'avais réservé ma matinée pour accompagner les... "femmes"... de l'Association, et mon après-midi pour une inspection du Senkaimon côté Tokyo, ayant hérité de sa responsabilité suite à ma promotion. En ce qui me concerne, j'ai pas pu rester suffisamment longtemps pour voir par moi-même les créatures dont le Capitaine Kyôakusei vous rapporte l'existence; par contre, tout comme lui, je suis tombée sur une Arrancar particulièrement forte qui se promenait dans le monde des vivants. Pas une grosse mite, juste une espèce de gamine en poncho. Je l'ai trouée de part en part pour la renvoyer chez elle - un de plus, un de moins, ça n'a pas eu l'air de la déranger, parce qu'elle m'a quand même pulvérisée, et un immeuble avec. J'ai pu m'échapper de justesse. Le Capitaine Shunshō a peut-être eu l'occasion de voir mon dossier lorsque j'ai été admise en urgence dans sa Division pour traiter mes blessures.


Elle porte une main à son menton, songeuse.


- Une si grande activité spirituelle le même jour, dans la même ville, c'est un peu gros pour être un simple hasard. On ne parle pas de Hollows primitifs, et si les monstres décrits par le Capitaine Kyôakusei sont effectivement assez menaçants pour l'avoir paralysé, ça fait beaucoup de forces ennemies d'un coup, peu importe leur allégeance. La décision en revient bien sûr au Conseil, mais je serais d'avis de prendre des mesures pour réduire le nombre de menaces en s'occupant d'ores et déjà de celles qu'on peut identifier.


Depuis qu'elle a mis les pieds dans le Yermo, les Arrancars ne lui reviennent pas vraiment. La tâche des Shinigami est de maintenir l'équilibre; si les habitants du Hueco Mundo semblent si peu disposés à les laisser accomplir cette mission, autant commencer par les faire rentrer dans le rang.

S'inclinant légèrement, elle recule pour reprendre sa position initiale, signe qu'elle a terminé son intervention. Ce qui ne l'empêche pas de grommeler à voix basse, à peine audible par ses voisins directs.


- Loona et Seiichi, des hommes. Sans rire? Et puis quoi encore, Mihane et Mizuki aussi, tant qu'on y est?

D’autres Capitaine firent leur intervention, d’autres éléments furent apportés. Des éléments réellement intéressant en eux-mêmes. Mais tout fut bien vite éclipsé par une autre intervention. Bien plus pesante. Elle-même avait beau être de la Noblesse, son statut n’était rien similaire à la Cheffe d’un des plus grands clans du Seireitei. Peut-être était-ce pour cela qu’à la simple entente de cette voix, si froide dans son ton, Nozomi se crispa possiblement plus que tout autre.
Et elle écouta. Sans un mot. Confirmant des choses. Indiquant la raison de la présence de Shinigami sur terre. Elle ne jeta même pas un regard vers la Présidente de l’Association en question. Puis la dernière situation, le lapsus précédent lui revenant alors.

Alors, elle tourna la tête, fixant de nouveau l’homme à sa gauche. Et, une nouvelle fois, elle écouta. Avec attention également. Le discours, bien qu’étant fidèle à la façon de s’exprimer de Kenshirō, fut étrangement complet. Même lui comprenait, malgré les apparences, le sérieux de la situation, à n’en pas douter. Et sa mémoire était plus précise qu’elle ne l’aurait cru.
Les Gillian, l’Arrancar, les monstres. Elle n’aurait pas cru que quoique ce soit puisse l’affecter ainsi, même si l’absence de Reiatsu ne devait pas être quelque chose d’évident à ressentir, ou ne pas ressentir justement. Puis leurs chefs, dont la seule description ne semblait correspondre à rien de connu.
Des ennemis à n’en pas douter. Mais des ennemis dont ils ignoraient tout. Ce qui n’était en rien rassurant.

Alors la Capitaine de la Neuvième fixa cette fois la nouvelle intervenante. Une qui ne fut pas témoin de ces monstres, mais fit face à une Arrancar, une autre encore visiblement. Une capable de vaincre une Shinigami de niveau Capitaine. Une pouvant donc, immédiatement, être classée en tant que menace.
Ensuite elle nota la proposition. Sans surprise, la Nécromancienne n’était pas pour la passivité, mais plutôt pour l’assaut frontal. Sans la nommer directement, sa cible souhaité fut évidente.
Enfin, elle prit la parole.

>> Des Arrancar d’un tel niveau attaquant ouvertement le monde des vivants. Des monstres inconnus obéissants à des êtres tout autant mystérieux. Il s’agit en effet de véritables menaces auxquelles il ne faut pas laisser le temps de trop se développer. Des actions rapides semblent en effet nécessaires et un seul ennemi est clairement identité.
Mais ne serait-il pas plus important que justement le nombre d’ennemis n’augmente pas ?

Le discours du Capitaine de la Cinquième Division comme la proposition de la Commandante en Chef n’évoquaient pas un élément. Un qui fut pourtant bien présent dans ce début de réunion, même si le sujet dévia légèrement.
Et donc elle le remit en avant, ce dernier ne devant, à ses yeux, pas être ignoré.

>> Contrairement aux Arrancar, les humains ne sont pas nos ennemis. Pas par nature. Mais s’ils s’organisent, il n’est pas impossible qu’ils puissent le devenir. Je pense qu’entrer en contact et voir si une entente est possible est une priorité. Surtout que si leur monde intéresse Arrancar comme ces Abyssaux, alors peut-être y a-t-il une carte à jouer ?

Elle ne parlait pas d’alliance, il était encore trop tôt pour se prononcer. Elle ne pouvait ignorer le dernier regroupement humain auquel les Shinigami avaient été confrontés. Mais il ne s’agissait cette fois pas de Quincy, alors peut-être était-ce possible. A défaut, en apprendre plus sur eux ne serait clairement pas une mauvaise chose.

Attentif, j’écoute en silence les échanges et les témoignages de toutes les personnes présentes après la prise de parole du capitaine commandant. Pour l’heure, je n’ai moi même rien à ajouter, emmagasinant plutôt les informations données. Je ne suis au courant d’aucun de ces éléments pour l’heure, aussi, ce n’est pas moi qui pourra éclairer la situation. Au final, la conversation révèle trois faits importants à mes yeux : une recrudescence d’arrancars et de hollow à Tokyo, la présence d’une organisation nommée Ultima Necat semblant protéger la ville et… l’apparition d’une nouvelle menace se nommant eux même Abyssaux.

Mon regard s’assombrit. Abyssaux et abominations.

Les témoignages s’étoffent, les informations s’ajoutent les unes aux autres, formant un tout devenant plus visible. Des fullbringers. Une présence invisible. Et des informations moins pertinentes dans le cadre de cette entrevue officielle - mais qui n’en reste pas moins présente. J’hausse un sourcil à l’adresse de Seiichi lorsque ce dernier est pris à parti par le capitaine de la cinquième division. Une part de moi ne peut, malgré la gravité de la réunion, trouvé ce fait amusant quand bien même je me retiens d’en rire. Nul doute que je viendrai en discuter avec mon ami, à l’occasion, mais clairement pas ici.

Le second témoignage du Kyōakusei se révèle plus riche en information. Mes doigts viennent rejoindre mon menton alors que je réfléchis. Pas de pression spirituelle. Pas de détection. Des âmes aspirées. Mon regard se tourne sur mon voisin de gauche, ne prenant pas forcément la peine d’utiliser le vouvoiement souvent de rigueur dans ces réunions. « Les dispositifs de ta division ont pu détecter l’aspiration de ces âmes ? Elles ont forcément dû émettre un signal en étant collectées par ce roi aux multiples voix. Probablement plus faible mais présent. » En l’atteignant, elles auraient dû faire en sorte que cet être soit un minimum détectable et peut-être cela permettrait-il de trouver un indice. Une signature énergétique qui appartiendrait à ces abyssaux… Peut être. Je ne suis pas le spécialiste ici. Cela me semble juste improbable qu’il n’y ait aucun moyen de les détecter. Ils ont l’air d’être des êtres spirituels mais pourraient-ils être formés différemment pour ainsi n'émettre aucune énergie ? Était-elle différente de celle qu’ils avaient coutume de détecter ou bien était-ce des créatures qui auraient des habiletés liées au vide - par exemple ?

Je sais qu’il s’agit d’un travail pour la douzième division, mais je ne peux m’empêcher d’y réfléchir moi même. Un ennemi indétectable est l’une des pires menaces possibles et trouver un moyen de la repérer sera forcément une priorité.

Les récits continuent, moi même je ne fais que souffler cette interrogation à mon ami, se faisant plus parenthèse que réelle avancée dans ces différents témoignages. Et au final, ce sont les paroles de la capitaine de la neuvième division qui me font ressortir de ma réserve.

« Je rejoins la proposition de la Capitaine Tomoe. Quand bien même il serait préférable de ne pas impliquer des humains dans ces combats, force est de constater qu’ils le sont déjà. Alors autant essayer de les approcher et d’en apprendre autant que possible sur eux. » La Soul Society a toujours essayé d'éviter au maximum d’impliquer des humains dans ses attributions, néanmoins, il y avait également eu des exceptions. Notamment une majeure qui devait être présente dans tous les esprits.

« Par ailleurs, peut-être ont ils des informations supplémentaires de leur côté concernant ces menaces que nous évoquons. Si nous parvenons à nous entendre, cela pourrait être bénéfique sur ce point également. » Je ne suis pas naïf au point de croire que cela sera simple, mais nos alternatives actuelles sont plutôt minces, alors cela ne semble pas déraisonnable d’argumenter en ce sens.

La réunion allait bon train. L'avantage à être en « petit comité » - par rapport aux dix-huit personnes qu'ils auraient dû être si leur effectif avait été au complet - était que cela limitait le nombre d'interventions inutiles ; ils pouvaient donc aller directement à l'essentiel.
Bien sûr, certains semblaient avoir plus à dire que d'autres, comme l'on pouvait s'y attendre, mais ceux qui n'avaient rien à apporter avaient la présence d'esprit de ne pas poser de questions idiotes qui leur feraient perdre leur temps. Temps qui était d'autant plus précieux qu'ils avaient manifestement plus de problèmes qu'ils n'auraient pu le penser.

Car à en juger par ce qu'en disait le Capitaine de la Cinquième Division, ces fameux Abyssaux étaient clairement hostiles - à tout et tout le monde, ce qui les incluait nécessairement. Ce qu'il faisait de son temps libre importait peu à Sora ; tant mieux pour lui s'il aimait porter jupe et bas résille, surtout dans la mesure où cela s'était apparemment avéré plus productif qu'on n'aurait pu le penser.

Évidemment, découvrir ce que la nouvelle Commandante du Kidōshū faisait sur Terre n'était pas pour arranger son opinion la concernant - car si Tsubasa avait évoqué cette « absence », il ne s'était pas attardé sur sa nature -, mais à ce stade, ce n'était plus à ça près. Il jeta néanmoins un regard en direction de la Capitaine Tomoe lorsque ce détail fut mentionné, n'étant pas sans se douter qu'elle l'aurait elle aussi relevé.
D'autant plus que, du propre aveu de l'ex-détenue, cette « promenade » l'avait apparemment menée à rencontrer et à affronter une Arrancar elle aussi - mais bien entendu seule à seule dans son cas, alors que les autres, eux, étaient restés groupés. Et donc sans personne pour pouvoir confirmer ce qu'elle faisait vraiment de son côté.
Comme c'est arrangeant.
Même sans vouloir l'accuser de tous les maux, force était de constater qu'elle faisait tout pour paraître plus suspecte qu'elle ne l'était déjà.

▬ Et peut-on savoir ce que Kiryū Shinjiro faisait à une activité de l'association des femmes Shinigami ? lança-t-il néanmoins quand il en eut l'occasion, laissant le soin aux deux personnes - supposément - au courant de décider entre eux de qui allait éclaircir ce mystère. Qu'importe qu'elle vienne de l'un ou de l'autre, mais il espérait bien avoir une réponse : il y avait déjà assez de détails douteux dans cette histoire sans laisser celui-ci inexpliqué.

Quoi qu'il en soit, d'après ce rapport détaillé, les Abyssaux étaient donc au moins trois - et ils avaient même une vague idée de comment les appeler.
Leurs noms dénonçaient une origine autre que celle de leurs ennemis habituels, abandonnant toute consonnance germanique ou hispanique au profit de quelque chose d'autre. Oui, « quelque chose d'autre », cela semblait assez bien les résumer ; ils étaient... nouveaux, différents de ce qu'ils connaissaient. Et donc une menace inconnue. Et comment donc peut-on se préparer à affronter un ennemi dont on ne sait rien - ou en tout cas que trop peu ?

▬ Pour que des Arrancars se permettent de débarquer aussi librement dans le Monde des Vivants, c'est dire s'ils n'ont plus peur de nous. Car c'était après tout eux - et non cet « Ultima Necat » - qui étaient censés leur interdire l'accès au plan matériel à l'origine. On les laisse tranquilles quelques années et ils recommencent à faire n'importe quoi. On a été trop gentils avec eux...

Bien sûr, le Capitaine du Nibantai n'ignorait pas toutes les raisons pour lesquelles une éradication était inenvisageable - et qu'ils auraient eux-mêmes manqué d'effectifs pour s'en charger depuis quelques années -, mais peut-être auraient-ils dû avant cela être plus assidus dans leurs efforts pour purger les anciens laquais d'Aizen Sōsuke. Qu'il reste le moindre Arrancar digne de ce nom encore en vie après les invasions successives dont leur monde avait fait l'objet - trois en moins d'un siècle ! - pouvait étonner, mais la vermine est notoirement difficile à éliminer.

Néanmoins, avant qu'il ait pu proposer de rendre une petite visite au Hueco Mundo pour leur rappeler l'ordre naturel des choses - à savoir qu'ils périssent sous leurs lames quand ils commençaient à un peu trop la ramener -, c'est le Capitaine-Commandant en personne qui reprit la parole.
En plus d'une mise au point de rigueur sur tout ce qui avait été échangé, des ordres furent donnés. S'il fut tenté de dire qu'il lui serait difficile de collecter des informations alors qu'il ne pouvait avoir aucune confiance en ses services de renseignements ces jours-ci, il s'en abstint finalement, aborder le sujet ne pouvant aboutir à rien de positif. Et s'il lançait ce pavé dans la mare en ces lieux, il ne serait pas le seul à en être éclaboussé.
Aussi se contenta-t-il d'acquiescer.

▬ Je me chargerai de prévenir les Divisions ne disposant pas d'un Capitaine à l'heure actuelle. Son regard alla du Sotaichō à ses confrères. J'ai cependant du mal à croire que ces « Fullbringers » ne soient pas au courant de notre existence s'ils se frottent eux aussi aux Hollows, assez pour que ceux-ci connaissent le nom de leur organisation. Si nous n'avons jamais entendu parler d'eux et qu'ils n'ont pas pris contact avec nous, il doit y avoir une raison, et elle n'est pas forcément bonne. Après tout, s'ils ne font que se défendre, ils n'ont rien à craindre de nous.

Il marqua une pause, laissant le temps à chacun de réfléchir aux implications que cela pouvait avoir.

▬ Jusqu'à ce que nous en sachions davantage à leur sujet, je recommande donc de faire preuve de la plus grande prudence, et idéalement de discrétion, pour ceux qui devraient se rendre à Tokyo, quelles qu'en soient les raisons... Le gris métallique de ses yeux passa brièvement sur la Commandante du Kidōshū, en train de ruminer sur... il ne savait trop quoi ; qu'importe. ...Et bien sûr, d'éviter d'y aller pour des futilités. Mais cela, je n'ai pas besoin de le préciser.

Le Capitaine-Commandant s'exprime enfin, résumant parfaitement la situation. Yoru acquiesce de la tête en entendant sa conclusion, puis son attention se reporte sur le ninja en chef. Sa question lui fait hausser le sourcil. Comment ça, Shinjiro est venu pour l'activité de l'Association? Il y a bien une Kiryū qui s'est pointée pour faire les boutiques, mais son prénom, c'était--

Oh, c'est pas vrai.

Elle porte une main à ses yeux lorsqu'elle fait le rapprochement, soulevant ses lunettes. Il va falloir faire un sacré ménage dans les inscrites.

Mais passons. De façon étonnante, voilà au moins un sujet sur lequel elle est d'accord avec ses collègues des Deuxième et Neuvième Divisions : les Arrancars se permettent de plus en plus de choses, et l'arrogance dont ont fait preuve leurs représentants lors de la visite organisée par les Shinigami dans le Yermo, l'année passée, ne laisse qu'une place limitée au doute quant au peu de considération qu'ils ont à l'égard de leurs ennemis naturels. Peut-être serait-il bon de leur rappeler que les excursions dans le monde des vivants ne sont pas vues d'un meilleur œil qu'à l'époque, pas si lointaine, où la Soul Society a décimé leurs rangs...

Mais pour l'heure, les Abyssaux sont un tout autre problème. Si les habitants du Hueco Mundo restent relativement prévisibles, leurs capacités - à l'échelle de leur espèce, évidemment - étant assez connues, il n'en est rien de cette nouvelle menace. Ainsi, il convient de se préparer au pire. Et si le Capitaine-Commandant a évoqué la prise d'informations, nécessaire pour mieux savoir comment aborder ce nouvel équilibre précaire entre les forces des différents mondes, aucun plan de défense n'a été suggéré.

La Nécromancienne lève une main assurée, reprenant la parole à la suite de Sora.


- Si vous permettez, j'ai une inquiétude à partager.


Au vu du passé récent du Gotei, il est même surprenant que personne n'ait encore évoqué le point qu'elle s'apprête à aborder.


- Sauf erreur de ma part, le Capitaine Kyōakusei a mentionné le fait que les Abyssaux voudraient "visiter nos mondes". Il n'a pas non plus eu l'air de reconnaître le type de portail utilisé - j'imagine qu'il sait à quoi ressemble un Garganta, et nous l'aurait dit si c'en était un. J'ai beau ne pas l'avoir vue moi-même, je sais que la dernière menace extérieure à s'être intéressée à la Soul Society a pu ouvrir des passages directement à l'intérieur du Seireitei, avec les conséquences qu'on connaît bien. (Son regard s'attarde sur le Kyōraku, particulièrement bien placé pour le savoir, au vu du fardeau qui pèse depuis lors sur ses épaules.) Si la réaction - ou plutôt, le manque de réaction - du Capitaine Kyōakusei leur a mis la puce à l'oreille, alors je ne serais pas surprise de les voir prendre la confiance... aucune critique de ma part, bien sûr, c'est dur de se mettre à sa place.


Après tout, comment ont-ils interprété ce manque de résistance trop flagrant? Comme un aveu de faiblesse?


- Dans le doute, je suggère donc un effort conjoint pour adapter le protocole de défense du Seireitei à cette nouvelle possibilité. Les Quatrième et Huitième Divisions n'ont pas encore été citées et s'imposeraient pour des raisons évidentes. Le Kidōshū se porte aussi volontaire, pour développer et installer de nouveaux sceaux de protection. Dans cette optique, et pour mieux détecter une éventuelle menace, la contribution de la Douzième Division serait la bienvenue, ne serait-ce que pour partager les données concernant la signature de ces Abyssaux, une fois qu'elle aura réussi à les collecter et les isoler. J'ai conscience qu'il est peut-être un peu tôt pour se mobiliser comme ça, mais c'est justement avant de voir débarquer cette menace chez nous qu'il faut songer à se préparer. Évitons de répéter les erreurs passées...


Inclinant légèrement la tête, elle signale, par sa gestuelle, qu'elle a terminé son intervention. Pas besoin de sombrer dans la parano pure et dure pour tenter, dès maintenant, de consolider le Seireitei face à cette nouvelle inconnue. Vu le nombre de signes déjà présents, serait-il si absurde que ça de les voir débarquer un beau matin? Et si même un Capitaine s'est trouvé paralysé face à eux, qui défendrait alors la Soul Society?

Si sa proposition a droit à un soutien de la part du Capitaine de la Quatrième Division, ce fut véritablement l’intervention du Capitaine Commandant que Nozomi écouta avec attention. Cette dernière eu pour but de recadrer la conversation sur l’essentiel, ce que la noble ne pouvait qu’approuver, mais également de donner une ligne de conduite à adopter pour la suite.
Trop de points d’ombres subsistaient, mais il évoqua cependant un point paraissant des plus pertinents aux yeux de la Capitaine de la Neuvième Division. Pertinent, mais également inquiétent si bien que, une fois les interventions suivantes achevées, elle prit à son tour la parole.

>> Si la raison de l’intervention à ce moment de ces Abyssaux est en effet qu’ils savaient les forces en présence, cela signifie qu’ils ont une façon de se tenir informés. Au moins de ce qu’il se passe dans le monde des vivants, mais peut-être plus encore.

Des ennemis ayant connaissance de la moindre action de ses opposants présentaient bien entendu un véritable risque. Bien sûr, cela pouvait se limiter au monde des vivants uniquement. Après tout, c’était là qu’ils étaient intervenus. S’ils s’y cachaient, cela restait logique. Et, dans ce cas, étaient-ils réellement des ennemis de ces humains ou bien s’agissait-il simplement de sauver les apparences ?
Tant de questions se posaient et les mots du Capitaine Igarashi trouvaient tout leur sens.

>> En effet, il est nécessaire de limiter les déplacements à Tokyo. Mais je pense qu’il l’est encore plus d’en apprendre plus sur les forces en présences. Nous savons déjà beaucoup sur les Hollow et Arrancar et, au contraire, n’avons aucun début de piste sur ces Abyssaux. Par contre, nous ignorons tout de cet « Ultima Necat », mais au moins nous avons une idée d’où les chercher.

Qui étaient ces humains ? Etaient-ils vraiment sans aucun lien avec cette nouvelle menace ? Ou le fait d’apprendre leur existence en même temps n’était-il en rien un hasard ?
Elle n’aimait pas ne pas avoir les réponses à ces questions. Si elle pouvait comprendre la position de ne pas directement mêler les humains à ceci, après tout c’était aux Shinigami de protéger les mortels, et non l’inverse, rester dans l’inconnu était un risque qu’ils ne pouvaient prendre.

>> Sans parler de contact, je pense qu’il serait bon de dépêcher des Shinigami sur place afin de se renseigner, notamment les Deuxième et Treizième Division. Sauf si vous pensez pouvoir en apprendre suffisamment d’ici ?

Ses yeux fixèrent le Capitaine de la Douzième Division, plus à même de répondre à ce point, même si elle doutait que cela soit possible. Dans le cas contraire, cela voudrait-il qu’il était au courant de choses que lui, ou ses hommes en son absence, s’était gardé de partager.
En vérité, ses attributions n’ayant directement à voir avec les affaires de la Terre ou du Hueco Mundo, elle se voyait mal insister auprès du Sotaichō pour intervenir dans ces propositions, mais ce n’était pas l’envie qui manquait. Surtout que l’autre affaire d’importance lui avait été officiellement retirée, ne pouvait l’empêcher d’avoir un léger sentiment de n’avoir nul rôle officiel dans des sujets majeurs.
Seul l’orgueil personnel la retint de proposer son aide à qui en avait besoin. Seul un point nécessitait encore commentaire à ses yeux.

>> Quant aux défenses… Si je pense que cela pourrait être nécessaire, le problème est que nous n’avons nulle base sur laquelle commencer. Du moins tant que nous n’avons pas plus d’informations sur ces ennemis. Comme ces Abyssaux ne possèdent justement nulle signature, il est difficile d’analyser la façon dont ils se déplacent et de préparer les protections nécessaires.
Là encore, la nécessité d’obtenir les informations avant d’agir me semble primordiale.

Personne ne jugea bon de lui répondre concernant Shinjiro. Soit : c'était une zone d'ombre qu'il éclaircirait lui-même, sans doute au grand dam du concerné.
Pour le reste, les deux intervenantes - la Commandante en Chef du Kidōshū et la Capitaine de la Neuvième Division ; des voix qu'il avait un peu trop l'habitude d'entendre - se concentrèrent surtout sur la question des Abyssaux.

Le consensus était toutefois qu'il n'y avait pas grand chose qu'ils puissent faire en attendant d'en savoir plus à leur sujet ; il aurait donc paru judicieux de se concentrer sur la menace qu'ils connaissaient, à savoir celle des Arrancars.
D'autant que « renouer contact » avec ces derniers - de la seule manière qu'ils connaissaient ? - leur permettrait peut-être d'obtenir des détails supplémentaires sur ces autres sujets.
Ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour raviver les vieilles rancœurs, mais tout portait à croire qu'ils étaient autant voire mieux renseignés qu'eux sur ces nouvelles menaces ; ils avaient tout à gagner à aller les interroger.

Mais non. La posture choisie par le Conseil Militaire - à travers Kyōraku, qui se faisait leur porte-parole, mais les autres n'avaient pas l'air de s'y opposer - était essentiellement de « ne rien faire en attendant d'en savoir plus », et donc d'attendre de se faire tomber dessus. Merveilleux.
Quand les Shinigami étaient-ils devenus de tels pleutres ? Il avait peine à croire que le vieux Yamamoto en son temps n'aurait pas conseillé la frappe préventive. C'était après tout ainsi qu'ils s'étaient débarrassés des Quincys pour au moins quelques siècles.
Ce pourquoi il ajouta, même après que la séance ait été levée :

▬ Quel que soit cet « Ultima Necat », les forces en présence sont assez importantes pour que les Arrancars, nos ennemis héréditaires, aient plus peur d'eux que de nous. Tout porte à croire que ces « Fullbringers » défendent farouchement leur territoire de ce qu'ils considèrent comme des ennemis, et nous n'avons aucun moyen de savoir si nous ne serons pas traités comme tels. Il passa brièvement les yeux sur ses collègues, jaugeant leurs réactions - curieux de savoir qui, parmi ceux ne s'étant pas encore prononcés, serait de son côté. Je ne dis pas que nous devons y interrompre nos activités, mais la moindre des choses me semble être de rester sur nos gardes. Les Hollows ne sont peut-être pas la seule chose dont on doive se méfier une fois là-bas. Mieux vaut que nos hommes soient préparés à affronter des humains si nécessaire.

D'autant que la Treizième Division, préposée à la surveillance de l'activité terrestre, n'avait encore une fois personne pour les diriger à l'heure actuelle.
Le Gunjiseiken - et sans doute plus particulièrement Kuchiki Rukia, dont c'était l'ancienne Division - supervisaient peut-être leurs opérations, mais ne pouvaient le faire que de loin ; pas plus en tout cas qu'ils ne le faisaient pour les autres Divisions encore décapitées.
Cinq anciens Capitaines n'étaient, peu importe leurs qualifications, pas suffisants pour gérer sept Divisions, surtout avec les charges supplémentaires que leurs rôles impliquaient ; et s'ils faisaient assurément de leurs mieux, combien de choses passaient sous le radar pendant ce temps ?
Mais soit.
Il avait dit ce qu'il avait à dire, et ne pouvait qu'espérer que ce dernier avertissement. Si pas le Conseil Militaire, au moins les autres Capitaines qui l'avaient entendu. Qu'ils y repenseraient et y réfléchiraient à deux fois s'ils devaient envoyer quelqu'un sur Terre, quelle qu'en soit la raison. Mais le verdict avait été rendu, et il n'avait pas vocation à faire changer leur décision. Pas maintenant, en tout cas. Il ne lui restait plus qu'à s'en aller, sans plus rien ajouter.
Ils en reparleraient plus tard.
Quand les corps commenceraient à s'empiler.

Départ de Sora. Merci pour le RP !

Ainsi cette réunion touchait à sa fin. Le Kyōraku s’exprima une nouvelle, et dernière, fois. Approuvant certains mots qu’elle-même avait prononcé, notamment sur la difficulté à préparer une défense.
Confirmant la nécessité de se rendre chez les mortels afin d’essayer d’en apprendre plus, même si elle craignait d’avoir mal été comprises sur son affirmation de limiter les déplacements. A ses yeux, il s’agissait surtout des sorties non justifiées, comme celle de l’association des femmes Shinigami, même si cette dernière s’était au final révélée utile.
Mais cette prise de parole confirma une impression que la Capitaine de la Neuvième Division avait eu.

Le Conseil, ou en tous cas sa voix, semblait être empreint d’une certaine frilosité. Aller chercher les informations était l’ordre qui fut donné, mais cela lui semblait n’être qu’un minimum.
Si elle n’approuvait pas l’extermination des Arrancar suggérée, elle aurait pu comprendre une action sérieuse entreprise à ce sujet.
Si elle avait fait preuve de plus de retenue à sa nouvelle intervention quand sa proposition de contact fut refusée, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que cela aurait pu être profitable.
A ses yeux, la position prise en ce jour aurait pu être compréhensible quelques années auparavant. Quand le Gotei 13 était en pleine possession de ses moyens. Avant même que la trahison de Sosuke Aizen ne vienne chambouler l’ordre établi. Maintenant… Elle n’était plus aussi certaine qu’ils puissent se permettre de telles choses.

Et, sans surprise, elle n’était visiblement pas la seule. Elle avait eu bien des occasions de mieux connaître le Capitaine Igarashi. Ce dernier n’était pas du genre à attendre. Et il témoignait également d’une certaine attitude belliqueuse à n’en pas douter. Elle n’était pas à son point, mais pouvait comprendre sa position.
Mais lui au moins avait la justification pour se mettre en mouvement. Peut-être pas comme il l’entendait, mais au moins cela restait un début. Elle allait rester en dehors de cette histoire pour le moment, sa Division n’ayant nulle justification à œuvrer à ce sujet. Ce qui lui permettrait de se concentrer pleinement sur les autres sujets la concernant.
Ce qui n’était clairement pas une mince affaire non plus.

N’ayant plus de raison de s’attarder plus maintenant que les portes s’étaient de nouveau ouvertes, elle salua ceux encore présents tour à tour. Jusqu’à arriver à celui de Kenshiro.

>> Eh bien, l’on peut dire que je ne m’attendais pas à cela. Comme quoi, on en apprend tous les jours. Rencontrer cette « subordonnée » aurait pu être intéressant.

Malgré la situation des plus sérieuses, un sourire fit brièvement son apparition sur son visage. Avec un Capitaine comme lui, il y avait fort à parier que l’ennui ne serait que rarement présent. Même si elle ne pouvait s’empêcher de se dire que cela n’apporterait pas que du bon.
Puis, à son tour, elle prit congé, quittant la salle.

Nozomi part aussi, merci à vous !