Viens jouer !

Le petit Toki trépignait dans son dortoir. Il pensait que devenir shinigami serait plus rigolo que ça. Il avait même espéré être accueilli en héros. Après tout, il avait eu son diplôme à l’Académie quand même, il allait chasser les Hollows et sauver tout plein d’humains. Mais en fait, c’était trop nul, la troisième division était beaucoup trop calme. Déjà, il y avait presque personne, mais en plus personne ne voulait jamais jouer avec lui. Ils étaient tous trop occupés à regarder des ordinateurs ou à gribouiller des papiers toute la journée. Cela faisait à peine dix minutes que le vieillard était réveillé et pourtant, il s’ennuyait déjà. Il n’avait même pas envie d’aller prendre son petit-déjeuner.

D’un bond, il descendit de son lit et grimaça en sentant ses vertèbres se tasser. Ce corps de papy était vraiment nul, il se faisait tout le temps mal alors qu’il se cognait à rien. Enfin, au moins avec cette apparence, il avait pu entrer à l’académie. Les enfants n’étaient pas admis à part ceux qui étaient vraiment trop, trop, trop forts. En quelques instants, il était déjà dehors, à déambuler dans la cour de la division.

-Pffff.... Y a jamais personne...

En effet, la troisième division était particulièrement dégarnie. Depuis la grande invasion, les troupes s’étaient raréfiées et la chasse aux hollows n’était visiblement pas la priorité du Gotei. Les groupes liés au soin, au combat et à l’administratif avaient été repeuplés en premier. D’autres, comme la troisième ou la douzième avaient été de toute évidence relogées à un second plan. Résultat, les locaux n’étaient occupés que par quelques shinigamis, souvent assez peu puissants, qui faisaient leur possible pour faire tourner la boutique même si personne n’attendait grand-chose de leur part de toute façon.

Le vieil immature s’étira en faisant craquer chacune de ses articulations et se mit à sautiller. Tant pis, si personne ne voulait jouer avec lui ici, il trouverait sûrement quelqu’un ailleurs. On lui avait dit de rester à la troisième, mais il n’y avait pas de gardes, pas âme qui vive pour le surveiller alors il s’en fichait. Et puis d’abord il avait déjà vu d’autres shinigamis se balader alors pourquoi lui il aurait pas le droit ? Sans signe avant-coureur, il se lança dans une course effrénée et passa sous le tori qui marquait l’entrée de l’enceinte.

Marchant au hasard, ne connaissant absolument pas les lieux, il ne se souciait pas de se perdre. Il y allait bien y avoir quelqu’un capable de lui montrer son chemin si besoin. Et puis de toute façon, il avait besoin d’éliminer son trop-plein d’énergie alors ce genre de problématiques ne lui venait même pas à l’esprit. Le hasard finit par le mener dans un long couloir dont le sol était carrelé de plaques noires et de plaques blanches formant un motif répétitif. Il s’arrêta brusquement, sentant son instinct de survie se réveiller. Il leva une jambe lentement et sauta par dessus la dalle noire pour atterrir sur une blanche. À l’autre bout du couloir, il aperçut une femme qui s’approchait d’un pas vif.

-Attention, madame ! Il y a de la lave !

Il fallait pas qu’elle marche sur les dalles noires ! Sinon, elle était morte !

C’était le jour de l’imprimerie. Ce jour spécial où elle apportait l’exemplaire prêt à être publié du Seireitei News Magazine. Ce local ne se trouve pas au sein de la Huitième division car avant ce n’était pas eux qui avaient en charge de s’occuper de la Gazette. Pas non plus en plein milieu des rues commerciales très fréquentées. Loin, plus loin. Là où le passage est moins fréquent. De crainte que le précieux document ne soit perdu ou abîmé, c’est la Vice Capitaine elle-même qui apporte les pages soigneusement corrigées et illustrées. Et puis ainsi, pas de risque de corruption. Personne ne tenterait de négocier illicitement avec elle pour voir son article paraître parmi les autres.

Son précieux paquet livré, elle n’a plus qu’à retourner vaquer à ses occupations. C’est son objectif en tout cas et elle ne perd pas plus de temps. Même s’il n’y a pas d’urgence, elle n’est pas du genre à traîner pour rien. D’un pas pressé, elle remonte alors ce couloir carrelé de noir et de blanc. Lorsque la voix inconnue s’élève, l’avertissant, elle s’immobilise et regarde autour d’elle où il peut bien y avoir de la lave. Mais elle ne voit rien. Rien de plus que ce vieil homme un peu plus loin, à l’autre bout du couloir. Serait-il sénile ? Il porte pourtant l’habit des Shinigami alors si tel était le cas il aurait été mis à la retraite. Et puis dans ce monde, l’apparence ne faisait pas tout, elle pouvait être bien trompeuse.

« Excusez-moi, où cela de la lave ? Je ne vois pas... »

Tout en continuant à chercher, elle l’observe. Sa voix est douce et elle a l’air d’être plutôt gentille, mais cela pourrait tout aussi bien n’être qu’une impression. Par chance – ou pas – elle n’est pas sur une dalle noire. Pour le moment. Sur sa manche, son brassard de Vice-Capitaine est visible. Son nom lui n’est pas écrit sur son front, alors politesse oblige, elle se présente.

« Shugoshin Akemi de la Huitième division. Je suis en charge de la sécurité du Seireitei alors s’il y a un danger, je vais m’en occuper. »